samedi 23 octobre 2010
Invités
posté à 18h26, par
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Il est des occupations plus symboliques que d’autres. Celle de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration - pompeusement installée en 2007 dans les murs de l’ancien ministère des Colonies - par 500 sans-papiers en lutte est un joli pied de nez à la peu glorieuse histoire française. Une mise en abîme, parfaitement saisie par l’ami Jérôme Barbosa : reportage photographique.
Incipit A.11 : Ça fait un moment qu’on le connaît, l’ami Jérôme. Et on est aussi très au fait de sa manière de procéder en matière photographique. Là où d’autres débarquent pour quelques heures, appareil numérique sous le coude, lui s’immerge plusieurs journées - voire semaines - dans les sujets dont il veut rendre compte. Joli travail d’immersion, fonctionnant à l’empathie et au respect des personnes concernées, dont tu auras un aperçu en visitant son site, ici.
Ces derniers jours, Jérôme a passé beaucoup de temps à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI), occupée depuis le 7 octobre dernier par environ cinq cents travailleurs sans-papiers en quête de régularisation. Dans ce lieu étrange, situé Porte Dorée (12e arrondissement parisien) et hanté par les stigmates d’un passé colonial encore d’actualité (le bâtiment, ancien lieu d’aisance du ministère des Colonies, a été construit à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931 et est décoré à l’avenant), les symboles s’entrechoquent. Fresques Ya’bon et instrumentation politique du Musée (lancé en 2007) composent un parfait décor à ce qui se joue. Derrière la vie quotidienne des travailleurs sans-papiers en lutte, baladés de mensonges en humiliations, le poids d’une histoire mal digérée.