samedi 31 janvier 2009
Sur le terrain
posté à 22h32, par
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Saboter l’antiterrorisme ? Des milliers de manifestants se sont bougés les fesses, cet après-midi, pour participer à une journée d’action contre le sort fait aux anarcho-autonomes. Et encore davantage de CRS, postés tout au long de l’itinéraire… Une mobilisation policière impressionnante, mais pas suffisante pour mettre bas toute résistance : dans les couloirs de la station Denfert-Rochereau, un face-à-face violent a opposé des manifestants aux policiers. Images.
La mobilisation était là : plusieurs milliers de manifestants ont répondu présents à l’invitation à « saboter l’antiterrorisme » et à défiler en soutien aux inculpés de Tarnac. Ce qui fait (quand même) un paquet de fiers supporters de cette « mouvance anarcho-autonomes » qui donne des cauchemars à Michèle Alliot-Marie… Pas assez - toutefois - pour effacer la présence policière : il y avait tellement d’uniformes qu’on aurait pu penser à un mouvement de revendication des CRS… Ils étaient partout, encadrant de très près le cortège, barrant chaque avenue, chaque rue et chaque ruelle croisées. Tout était bloqué, en un déploiement de forces de l’ordre réellement impressionnant. Des CRS par-ci, des CRS par-là, des flics en civil en veux-tu en voilà, et des policiers en uniformes pour faire bonne mesure. Bref : du bleu, partout.
Pourtant… Malgré une atmosphère plutôt tendue, en dépit de l’envie évidente de certains d’en découdre, le cortège s’est déroulé sans incidents. Beaucoup de pétards et de feux d’artifice artisanaux, énormément de slogans appelant à mettre bas l’Etat policier, une proportion non négligeable de manifestants masqués, quelques jets d’objets variés sur les forces de l’ordre… Et puis rien d’autre, sinon une fin de manifestation dans la bonne humeur et en musique. Parfait ? Presque…
Aux alentours de 18 h, il ne restait plus grand monde place Denfert-Rochereau, terminus de la manifestation. Progressivement, dans le calme et sans prêter grande attention aux CRS barrant chacune des rues donnant sur la place, les manifestants quittaient les lieux, s’engouffrant dans le métro. Passaient les portillons et…
Ceux qui se sont dirigés vers le RER ont eu la surprise de tomber sur un face à face tendu entre policiers et manifestants.
Tout avait démarré quelques minutes plus tôt, quand les policiers en faction derrière les portillons de RER ont interpellé un jeune noir [Le motif de l’interpellation - pour peu qu’il y en ait un - n’est pas clair. Je pensais, comme d’autres manifestants, qu’il lui était reproché de ne pas avoir payé son ticket. Plusieurs commentaire ci-dessous soulignent le contraire - ainsi que d’autres billets de blog - , avançant que le jeune avait justement un ticket en règle. Et que seule la couleur de la peau lui a valu d’être soumis à ce contrôle d’identité]. Chez une trentaine de personnes, l’arrestation a fait éclater une colère jusqu’alors rentrée. Très vite, la pression est montée et la confrontation s’est fait plus violente, les manifestants sommant les forces de l’ordre de libérer le jeune homme, maintenu dans un coin et entouré d’uniformes. Quand deux policiers l’ont ceinturé violemment, le faisant tomber à terre et le frappant, les injures ont laissé place à des coups, échangés des deux côtés. Débordés, les policiers ont alors fait appel à des renforts, essayant de s’extraire de ce coin de couloir de métro où ils étaient bloqués par ces militants très remontés.
Pour se dégager, les flics ont copieusement usé de la matraque, peinant toutefois à se frayer un chemin et à emporter leur proie. Ils n’y seraient d’ailleurs peut-être pas parvenus sans l’arrivée d’une dizaine d’autres policiers et l’emploi de lacrymos. Un usage convaincu de la matraque et de la gazeuse qui leur a finalement permis de se libérer du petit groupe, emportant avec eux leur prisonnier et laissant flotter sur leur passage, dans les couloirs du métro, un copieux nuage de gaz. Fin de l’épisode.
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Et ? Ben… les manifestants présents n’ont finalement pas réussi à libérer le jeune homme. Mais il s’en est fallu de peu. Reste ce réjouissant sentiment que, même quand la police semble avoir le contrôle absolu de la situation, elle ne maîtrise pas tout. Et aussi cette colère sourde et massive qui monte, suffisante pour faire reculer - au moins un temps - les forces de l’ordre. C’est déjà pas mal, non ?
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[Edit, dimanche à 9 h 50.] Après cet épisode souterrain, Infozone mentionne de nombreuses arrestations dans les souterrains du métro : « Dans les couloirs non seulement la respiration est difficile, mais les policiers bousculent violemment tout ce qui bouge, sans discernement aucun. Les usager(e)s paniquent, ils ne comprennent pas ! Les chiens du capital en profitent pour procéder a des arrestations musclées sous des prétextes fallacieux comme ’outrage’ (on est forcement grossier avec du gaz plein la gorge) ou ’possession de stupéfiants’ (la dangereuse mouvance de l’ultra beuh). D’autres furent également arrêtés a l’entrée pour jet de projectiles, surement sur témoignages des policiers. 15 arrestations au total… »
Par ailleurs, Infozone explique que le jeune interpellé était un sans-papier.
1 Il me manque les photos des moments les plus violents, ainsi que de l’emploi des lacrymos. Mes maigres compétences en la matière, conjuguées à la tension du moment, m’auront fait rater ces clichés. Désolé.