ARTICLE11
 
 

samedi 30 janvier 2010

Entretiens

posté à 21h17, par JBB
13 commentaires

Juliette Volcler : « Court-circuiter les machines à communiquer »
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Il faut bien l’avouer : sur A11, on est parfois un peu trop centrés sur l’écrit. Question d’affinités. De paresse, aussi. Du coup, quand on a la chance de tenir quelqu’un comme Juliette Volcler, fine connaisseuse des radios libres et initiatrice - avec d’autres - d’un portail consacré aux formes sonores engagées et/ou créatives sur le net, on ne laisse pas passer l’occasion : on la fait parler.

Que je te dise : Juliette Volcler est une amie. Pis, elle est aussi une contributrice d’A11 - deux billets pour l’instant, ici et , et beaucoup d’autres qui s’annoncent. Qu’importe : il ne manquerait plus que ça nous empêche de lui poser quelques questions.
À quel titre, tu demandes ?
D’abord, Juliette, ancienne directrice d’antenne de Fréquence Paris Plurielle (FPP, sur 106.3)1 et l’une des chevilles ouvrières de la Coordination des radios libres en lutte (contre le projet de « radio numérique terrestre »), connaît très bien le monde des radios libres ; elle a donc plein de choses intéressantes à dire sur la question. Ensuite, elle réalisera désormais une chronique mensuelle de critique sonore sur A11, et cet entretien est une très bonne façon d’annoncer sa rubrique, la bien nommée « Dans Tes Oreilles »2. Enfin (et surtout), Juliette a récemment lancé, avec le renfort de sept de ses amis, un agrégateur sonore : l’endroit s’appelle Le Perce-oreilles et recense une fine sélection de ce que tes esgourdes peuvent écouter de mieux sur internet, en matière de critique sociale et de création sonore. Pour quelqu’un comme moi, peu habitué à écouter la radio (même libre) et faisant rarement l’effort d’aller dénicher des productions sonores indépendantes, c’est appréciable. Très.

A mon humble avis, le mieux c’est que tu commences par lire cet entretien, puis que tu ailles fouiner sur Le Perce-oreilles, un peu comme tu vas faire ton marché : entre une longue interview de l’avocate Irène Terrel à propos des inculpés de Vincennes (FPP), un retour sur le refus des nanotechnologies (Radio Libertaire), un brûlant manifeste erroriste, la lecture d’un polar d’anticipation ou - entre autres - un entretien avec Michel Warschawski (FPP), tes oreilles (et ton cerveau) ne devraient pas trop s’en plaindre.

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Tu te définis comme une professionnelle de la radio ?

Non. Je ne ne suis pas du tout une spécialiste de la radio ; je la pratique depuis quelques années et je m’interroge sur l’outil, j’ai envie de le comprendre, voilà. Là où j’ai commencé à faire de la radio, c’est-à-dire dans une équipe sur Fréquence Paris Plurielle, et parmi les personnes qui se sont bougées autour des radios libres récemment, on retrouve d’ailleurs un même refus de la professionalisation. Avec cette idée que les radios libres sont faites par des personnes n’ayant pas de formation dans le domaine du son ou de la presse, et que c’est la principale garantie que la parole soit donnée aux gens des quartiers, aux personnes en lutte et aux cultures minoritaires plutôt qu’à des experts ou à des représentants. C’est aussi une très belle possibilité d’invention : on apprend sur le tas, on se fabrique sa propre façon de faire de la radio.

A l’inverse des autres radios associatives ?

C’est évident qu’il y a un certain ton dans les radios libres. Notamment parce qu’elles se méfient du professionnalisme et refusent la publicité. Mais aussi parce qu’elles revendiquent de faire de la critique sociale et de donner la parole à des gens, à des cultures, à des idées, qui n’accèdent que très peu aux grands médias.
À l’inverse, un certain nombre de radios associatives non commerciales3 tentent de calquer leur ton sur celui des radios commerciales. Elles essayent de faire la même chose que les grosses radios, mais sans en avoir les moyens. Elles ne font pas de la radio autrement, juste un ersatz raté du discours radiophonique dominant, celui des grosses radios.

Parce qu’il y a un discours radiophonique dominant ?

Je vais en parler imparfaitement, puisque j’écoute très peu les grosses antennes, publiques ou commerciales : je me concentre sur les radios associatives ou les producteurs indépendants. Mais il y a au moins un point qui me frappe à leur propos, c’est qu’elles ont toutes recours à un usage très autoritaire du langage. Nicolas Poincaré, sur France Info, en est un exemple caricatural : il donne en permanence l’impression qu’il a quelque chose à vendre et adopte réellement un ton de publicitaire. Il y a ce rythme rapide et haché où l’on passe très vite d’un sujet à l’autre, cette façon de couper la parole aux gens, ce ton autoritaire vis-à-vis des auditeurs… De façon plus ou moins marquée, c’est quelque chose qu’on retrouve sur toutes les radios dites importantes. Logiquement, la transition entre les plages de publicités et les programmes en est simplifiée : il y a tellement peu de différences de forme entre les deux…
Cela rejoint l’idée de « monoforme » théorisée, à propos des images, par Peter Watkins4. La théorie de Watkins fonctionne d’ailleurs très bien pour la radio. Pour les grosses radios, l’auditeur n’existe pas en tant que tel, il n’est que le réceptacle de la parole des experts, de ceux qui savent. Un peu comme s’il s’agissait de nous ordonner d‘écouter et – surtout – de nous taire.
Les radios libres ont sans doute beaucoup de défauts, mais les animateurs ne s’adressent jamais à l’auditeur comme s’il était un abruti. Parce qu’ils ne se placent pas dans une position de hiérarchie par rapport à l’auditeur - il n’y a pas de barrière, la frontière est poreuse : si tu es un auditeur, tu peux vite devenir un animateur.

Leur refus de la publicité te semble essentiel ?

Bien entendu. Pour moi, le ton de l’animateur et le contenu des émissions ne sont pas les mêmes selon qu’une antenne accepte – ou non – de la publicité. C’est même quelque chose qui me saute aux oreilles, que je perçois tout de suite à l’écoute, parce que ce n’est pas du tout la même manière de faire de la radio.
Je vais te donner un exemple… Une radio associative que je connais avait décidé, il y a un moment, d’accepter quelques publicités, ciblées et politiquement « sympathiques ». Mais l’expérience a tourné court très rapidement, devant les prétentions émises par les rares annonceurs. Untel ne voulait pas que sa publicité passe avant une émission anti-carcérale parce que cela faisait mauvais genre, un autre demandait à ne pas être diffusé avant l’émission consacrée au rap parce que les auditeurs de cette musique ne s’intéressaient pas à ses produits bios… C’est un exemple marginal ; mais il montre bien comment la pub influe très rapidement sur les programmes. Quand tu as deux pubs à caser sur ta grille, ce n’est pas bien grave, mais quand tu as de la pub entre chaque émission, ça lisse toute la grille.

Tu peux nous citer quelques radios qui se distinguent par leur créativité ou/et leur implication sociale ?

Je vais en donner trois, mais ce choix sera loin d’être exhaustif (je pourrais citer plein d’autres exemples). À Lyon, Radio Canut est très active sur les deux niveaux : pas de compromis au plan politique et plein d’idées en termes de création. À l’image de l’émission Megacombi, chaque lundi : l’équipe fait de la critique sociale, tout en utilisant plein de formes radiophoniques différentes, le feuilleton, le mix, le cadavre exquis, le docu, la chronique, la poésie…
À Toulouse, Canal Sud est également très intéressante : elle se base sur l’idée qu’on ne peut pas tenir un discours politique et social radical sans revendiquer une même radicalité au niveau musical ou culturel. On y trouve donc des émissions anticarcérales ou féministes (pour les décrire rapidement), et des émissions de poésie sonore ou de musiques expérimentales.
Enfin, à Montpellier, L’Eko des Garrigues se place dans la filiation des radios pirates musicales de la fin des années 1970, se montre très en pointe sur les musiques nouvelles et il y a un ton très particulier - de radioteurs - à ses émissions parlées.

Ce sont ce type de radios que vous souhaitez mettre en avant sur l’agrégateur sonore que vous avez créé ?

Oui. Le (modeste) objectif du Perce-oreilles est d’être un site qui dégourdit les oreilles, à la fois en termes politiques et sociaux et en termes de créations sonores. Il fonctionne comme un portail, référençant les productions des radios associatives pour contribuer à les rendre visibles.
Tout part d’un constat : ça me désole un peu quand j’entends des gens dire qu’ils se calent chaque jour sur l’émission de Daniel Mermet ; non pas parce que je ne l’aime pas - son émission est très bien et c’est une très bonne chose qu’elle existe - mais je regrette que ces gens n’aient pas la curiosité d’écouter autre chose, de s’intéresser non pas seulement aux résistances qui existent à l’intérieur des grosses machines, mais aux alternatives à ces grosses machines, à commencer par les radios libres. Il y a tant de choses à découvrir… C’est comme si, au niveau de la presse écrite, tu te contentais de lire le Monde Diplo...
L’idée du Perce-oreilles est donc de court-circuiter les machines à communiquer, de mettre en avant ceux qui ne sont pas dans une logique de communication et qui font des choses très intéressantes. C’est un outil en évolution, dont l’objectif de relayer ce qui est inventif et radical, au niveau social et sonore ; autant la critique sociale que la poésie, la phonographie ou l’art sonore. Le Perce-oreilles se veut une plate-forme pour rendre visible tout cela, et pour faire se croiser (modestement) des univers sonores qui ne se connaissent pas forcément.

Il existe nombre d’agrégateurs d’articles sur le net, mais aucun pour le son jusqu’à présent. Internet ne serait pas un média de son ?

Je crois que le son a pâti de trois choses sur le net. Il faut l’écouter en temps réel, contrairement à un texte qu’on peut survoler : ça demande donc plus d’attention et de patience. Il n’y a pas d’image aussi, alors qu’on est dans une culture massivement orientée sur le visuel (c’était d’ailleurs l’un des objectifs de la transition vers la « radio numérique terrestre » (RNT), qui a du plomb dans l’aile : ajouter l’image à la radio). Enfin, le son est en réalité très présent sur le web, mais dans sa forme principalement musicale.
Mais c’est un constat à nuancer. On assiste en ce moment à l’émergence de la critique sonore sur internet, avec la récente création de Syntone, un très bon site de critique radio, ou avec le lancement d’une rubrique sonore par un site comme La Revue des ressources. En Espagne, aussi, il y a d’excellents sites d’activisme sonore, comme Artesonoro.

Tu trouves ce recours au net encore trop timide ?

Pourquoi donc ? La radio est l’un des seuls médias relativement bien diffusés (sur la bande FM, les radios associatives se retrouvent au même niveau que des grosses radios), où des personnes n’ayant pas accès aux grand médias peuvent être entendues. Loin de ce discours moderniste qui voudrait bien en finir un peu vite avec les radios, ou les reléguer uniquement sur le web…
Il faut dire aussi qu’un certain nombre de ceux qui participent aux radios libres sont un peu déconnectés du net. Soit qu’ils n’y connaissent pas grand-chose. Soit qu’ils s’y refusent, par « revendication hertzienne » ou refus de la technologie. Pour eux, la radio est vraiment un prolongement de la rue, tandis que le web leur paraît moins accessible, plus individualiste, et plus distant des luttes. Ce qui peut se comprendre : après tout, et pour reprendre l’expression d’un ancien d’une radio aveyronnaise, « les radios libres, c’est une utopie qui a réussi ».

Pas besoin d’internet, alors ?

Je n’ai pas dit ça… Il est évident que le web est un très bel outil de diffusion et de création, qui permet notamment à des personnes qui ne font pas partie d’une radio de mettre leurs productions en ligne. Et la démocratisation des outils techniques de prise de son et de montage offre une grande souplesse et une grande liberté : tu ne demandes la permission à personne pour faire ton émission, ton docu ou ton mix. Mais je ne crois pas que ce recours au net doive se substituer aux radios, c’est un outil complémentaire ; en termes de diffusion, les radios hertziennes font d’ailleurs déjà de la webradio (elles ont un streaming).
Il ne faut pas oublier qu’il y a encore de nombreuses personnes - habitants des quartiers, personnes âgées ou analphabètes - qui n’utilisent pas internet ; par contre, elles ont un bon vieux transistor. Les prisonniers non plus n’ont pas accès au web – mais ils peuvent écouter des émissions anticarcérales (par exemple) sur la bande FM. En théorie, du moins : selon un copain de Radio Canut, la radio ne passe plus dans la nouvelle prison high-tech de Lyon. C’est un vrai problème en terme d’accès à l’information comme pour la circulation des infos : à travers la radio, les taulards peuvent d’ordinaire écouter les messages de leur famille et communiquer par lettres avec les auditeurs et animateurs de l’émission.
Enfin, contrairement au web, les radios sont des espaces physiques de rencontre : dans un studio radio, tu croises des gens très différents, tu discutes, tu fais des réunions, tu échanges des infos... C’est un espace collectif qu’il est essentiel de le préserver.

Je pense aussi que l’avenir de la radio consistera, en terme de production (et non de diffusion), en une multiplicité de personnes faisant du son de manière indépendante. À Radio France, la machine de production est très lourde : il faut caler deux jours de montage, déplacer une équipe où chacun a un rôle très précis (preneur de son, producteur…), ne pas effectuer trop de rush, etc… Rien à voir avec ce qu’on voit aujourd’hui, soit des gens possédant leur propre matériel, pouvant passer le temps qu’ils veulent sur la préparation et se montrant beaucoup plus souples pour aller prendre le son.
Je crois que l’avenir de la radio réside aussi dans les coopératives ou les collectifs de producteurs radiophoniques. À l’image de l’association Faïdos Sonore, qui réalise des documentaires radios et anime des ateliers, donc qui ne dissocie pas le travail de création d’un engagement social et de la transmission. À l’image aussi d’un collectif comme Sons en luttes, destiné à permettre des échanges de sons militants entre radios libres et à monter des formes d’actions collectives.



1 Sur FPP, Juliette anime toujours l’excellente émission L’Intempestive, les 1er et 3e jeudis du mois de 17 à 18 h, rediffusée le mercredi d’ensuite de 10 à 11 h. Tu peux aussi retrouver ses émissions sur son site, ICI.

2 Premier acte, la semaine prochaine, avec une enquête - approfondie, passionnante et répartie sur quatre volets- sur l’usage du son comme arme.

3 Les radios associatives non commerciales correspondent à la catégorie A du paysage radiophonique, tel que défini par le CSA. Si cette catégorie peut paraître homogène à première vue, rassemblant toutes les antennes qui tirent leurs principales ressources de subventions privées ou publiques, elles recouvrent des réalités différentes : entre les radios se réclamant de l’héritage contestataire des radios pirates, les radios locales et les radios religieuses, entre celles qui refusent catégoriquement toute publicité et celles qui ont fait le choix (comme les y autorise le CSA) de tirer 20 % de leurs recettes totales des revenus publicitaires, il y a un monde…

4 Si la monoforme n’évoque rien pour toi, je te renvoie à ce billet sur la question publié ici-même par Benjamin.


COMMENTAIRES

 


  • dimanche 31 janvier 2010 à 09h38, par wuwei

    ...puis que tu ailles fouiner sur Le Perce-oreilles, un peu comme tu vas faire ton marché

    Les produits son appétissants, alors hop sur mon marque-page !



  • dimanche 31 janvier 2010 à 15h58, par pièce détachée

    Superbe.

    Charançon & Perce-Oreilles, vive l’Internationale des insectes gniaqueux !

    • Oh que oui.

      Ensemble, tout devient possible, pour nous les nuisibles. C’est l’Internationale des mandibulates !

      • dimanche 31 janvier 2010 à 20h29, par pièce détachée

        Fais gaffe quand même : les perce-oreilles se cachent dans des grappes à grains serrés pour s’enivrer de jus de chasselas bien mûr, avant de venir vibrionner en rigolant dans la salade de fruits du jardin (celle qui fait fuir définitivement les imbéciles).

        Ça ne marche pas avec les charançons : une fois cuite la farine, les pauvres ne rigolent plus du tout, et les imbéciles s’incrustent (« hmm... ces petits fruits secs, c’est bio, non ? »).

        — Qu’est-ce que tu dis ? Des charançons qui aspireraient le jus de la treille ?...

        • Ce n’est pas qu’il aspire le jus de la treille, le charançon, c’est qu’il le gobe littéralement, qu’il le slurpe avec un appétit si débordant que la treille elle-même passera par le gosier, avec poutres et branchages. A côté, le perce-oreille fait pâle figure, lui et sa consommation sereine, un peu de vin et un peu de fruit, insecte sportif et équilibrant son alimentation.

          Bref, le charançon est un bon vivant, un vrai, oui Madame !



  • dimanche 31 janvier 2010 à 19h51, par tOrdrELoRDRe

    Super (be) initiative pour les dessineux gameur comme moi qui peuvent en même temps se remplir les étiquettes de tas de bidules passionnants j’naviguais déjà entre epsilonia/libertaire-ACR/france cul-alligre fm-mermet-wne-radio404 et bien sur arteradio donc j’suis heureux donc merci !...à votre service pour du visuel.



  • dimanche 31 janvier 2010 à 20h30, par Ubifaciunt

    Bien hâte de lire ses billets....

    Hu hu (smiley malin qui y croit !)

    • lundi 1er février 2010 à 17h19, par Le Sot

      Bonjour,

      Tout d’abord bravo pour Le Perce-oreilles, d’ors et déjà indispensable, ne serait ce que pour ça http://cnt.es/node/1703 ,au hasard, bien sûr.

      Contenu impressionnant, bon courage et un grand merci à tous les collaborateurs de l’aventure, il va falloir s’accrocher !

      Pour le reste de l’article, un peu plus réservé.

      De la bonne vieille tartiflette du refus de la professionnalisation, qui n’a jamais été une quelconque assurance de qualité du produit, ni en marche avant ni en marche arrière, à Internet qui ne serait pas vraiment un média de son...

      Lorsque je lis Article 11, je ne me demande pas si ces valeureux cuisiniers sont de quelconques professionnels en je ne sais quoi, je leur suis néanmoins reconnaissant de nous offrir un média qui indépendamment du fond (il semblerait que ce soit des « jeunes » de tendance dite « libertaire », ce n’est pas très grave, en vieillissant la plupart deviennent capitaines d’industrie) proposent une forme agréable à consulter, qui est bien écrit, sans fautes, pas comme moi, avec un peu d’ images, en couleur et en noir et blanc, et même quelque fois des images qui bougent, un peu fatiguées il est vrai, comme le son qui les accompagne d’ailleurs, mais bon.

      Ont a même eu droit quelque fois à un texte accompagné d’une bande audio, c’est quoi comme média ça ?
      C’est donc le net, qui est juste un média de sons, d’images, de textes, tout cela bien mélangé et avec une bonne sauce d’interactivité la dessus, pas toujours très digeste, et cela ne fait que commencer.

      Concernant le son sur le net en 2010, on se contentera juste de remarquer qu’il se permet, petit à petit, de mettre au tapis l’industrie musicale mondiale, et puis après viendra le tour des télévisions dites hertziennes pour les images animées, pour les journaux papiers c’est en cours, merci.

      Il n’est pas pour autant prouvé que l’équipe rédactionnelle d’Article 11 contrôlera l’ensemble de ces nouveaux médias, l’avenir nous le dira (voir capitaines d’industrie plus haut).

      Concernant justement l’avenir des radios, libres ou pas, elles ont intérêt à courir vite, les jeunes d’aujourd’hui, devraient, si je ne m’égare pas, être les vieux de demain matin et alors là, la pauvre vieille radio hertzienne a du soucis à se faire (pas non plus s’affoler, juste se transformer, forcément).
      Et puis Le Sot aujourd’hui, un peu isolé il est vrai, si il veut entendre de la radio « libre », grâce au Perce-oreilles, il à intérêt à aller sur le net parce que sinon que couic, donc.

      J’attends avec intérêt les 4 actes concernant les armes, Le Sot aussi s’intéresse ces temps ci à ce genre de munitions, c’est bon signe !

      Cordialement,

      Voir en ligne : http://www.lesot.net

      • lundi 1er février 2010 à 18h00, par Karib

        Il est tout de même agaçant de retrouver ici ce cliché éculé des « libertaires qui finiront capitaines d’industrie », car les gens de la gauche bien pensante, eux, ne risquent pas de finir ainsi : ils le sont déjà. A ma connaissance, il n’y a qu’un seul libertaire connu à avoir tourné casaque, c’est Daniel Cohn-Bendit, devenu, il est vrai, comme un allégorie du reniement. Mais la place manquerait pour dresser la liste des trotskystes et des staliniens devenus petits marquis de l’appareil d’Etat, rentiers de l’action culturelle ou conseillers du prince.

      • lundi 1er février 2010 à 18h23, par Juliette

        Hé hé, le Sot, j’attendais ta réaction, vu que je connais, depuis « les Abeilles », ta défiance vis-à-vis des radios libres ;) (soit dit en passant, j’ai récupéré, depuis, un vieil exemplaire de Burroughs chez un bouquiniste de l’autre bout de la planète...)

        Que le terme de « radios libres » en agace plus d’un, c’est un fait - on le revendique parce qu’on ne veut pas oublier l’histoire des radios pirates, et l’explosion incroyable que ça a été - après 1981, la légalisation, les subventions qui sont allées avec, un autre ton a commencé à s’installer. L’idée, ce n’est pas de faire appel à un passé héroïque, mais déjà, de se rappeler d’où on vient, et ensuite que ça ouvre des pistes pour là où on veut aller, parce que la question se pose...

        Le refus de la professionnalisation, je suis bien d’accord avec toi que ce n’est pas une garantie de qualité : certains s’en servent pour faire du café du commerce, d’autres pour se prendre pour les derniers purs - ce pour quoi on le revendique nettement, c’est que c’est aujourd’hui un vrai point de clivage au sein des radios associatives : et les plus fervents défenseurs de la professionalisation sont aussi ceux qui réclament davantage de pourcentage de pub ou qui demandent à leurs animateurs de se plier aux règles du « bon journalisme » - et pourquoi pas, d’avoir une formation dans le domaine. On est loin de médias qui essayent autre chose, avec d’autres personnes : on est juste dans la reproduction du modèle dominant. Le refus de la professionnalisation, c’est un refus des hiérarchies imposées ou des expertises, c’est de dire que la parole doit être à tous et pas à ceux qui sont autorisés à l’avoir, et payés pour l’avoir.

        Le web « pas un média de son » : j’ai tenté de faire plus nuancé que ça... C’est bien pour ça qu’on a lancé le Perce-oreilles : parce qu’il y avait matière à alimenter un bazar comme ça. Ce que je constate, c’est que beaucoup d’animateurs radio sont très distants d’internet, certains le revendiquent clairement, d’autres ne sont tout simplement pas à l’aise avec cet outil. Par rapport aux quantités d’émissions, de mixs, de docus, produits sur les radios associatives, seule une infime partie est archivée sur le web actuellement. Et quand tu discutes avec des amis sur leur pratique du web, très peu disent qu’ils vont y chercher du son. Dans les radios assos, très peu vont écouter les productions archivées sur le web. Ca évolue, je suis moi-même assez prosélyte en matière d’archivage d’émissions sur internet, mais quand des copains me disent qu’il y a autre chose que le web dans la vie, et qu’ils mettent l’énergie ailleurs, je trouve ça tout à fait compréhensible.

        Oui le web est un espace de contournement des grosses industries - encore une fois, bien d’accord avec ça. Encore une fois, sans le web, on n’a pas d’outil pour rendre visible les petites productions - ou bien on va avec ses flyers dans les bars du quartier, mais c’est sans doute moins efficace. Et que de nouvelles formes de diffusion de la radio émergent, c’est assez certain (quelque chose d’un peu mieux pensé que la RNT, ce qui se fera sans mal). Mais dans l’état actuel des choses, le web ne suffit pas à tout, et on ne peut pas prétendre, parce que la partie la plus aisée ou la plus technophile de la population y a accès sans mal et l’utilise pour à peu près tout, que cela vaut pour tous. Dans 20 ans, c’est sûr, les personnes âgées seront des quinquas d’aujourd’hui (mes excuses aux quinquas), tout à fait familiers du web. Dans 20 ans, les taules auront évolué aussi, peut-être que dans aucune on ne captera même la FM. Peut-être aussi, on peut rêver, que les taulards auront droit de surfer un peu. Mais en attendant on vit là.

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