ARTICLE11
 
 

lundi 22 février 2010

Sur le terrain

posté à 15h02, par Lémi & JBB
18 commentaires

Manifs sauvages : de l’art de réveiller les rues (pour finir au poste)
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Un peu David contre Goliath. D’un côté, quelques dizaines de manifestants armés d’une banderole et parcourant les rues en criant quelques slogans ; de l’autre, des cohortes de flics - civils et uniformes - lancées à leurs trousses. Perdu d’avance ? Pas sûr, tant ces manifs sauvages ont tout d’une grande goulée d’air frais. Retour sur deux de ces balades et sur ce qui les guide.

Face au monde tel qu’il tourne (mal), tu pourrais avoir envie de baisser les bras. Compter les forces en présence, les leurs - écrasantes - et les nôtres - rachitiques. Énumérer leurs victoires et nos défaites, mesures politiques comme autant de reculs, petite police et contrôle permanent pour paralyser nos vies. Scruter l’époque et n’y voir que noirceur et bassesse, soleil en berne, sensation que l’avenir t’échappe et que le monde par eux modelé est désormais horizon indépassable. Chercher tes alliés, et ne trouver partout que petits intérêts politiciens, médiocrités syndicales, ridicules égoïsmes et pathétiques ambitions, bourbier en lequel les forces institutionnelles dites de gauche voudraient enterrer ton envie de crier, contester, maudire.

Bref, tu pourrais lâcher l’affaire. Penser que tout est vain, il y a longtemps qu’ils ont gagné. Que rien ne sert de bouger, ils ont aussi fait main basse sur la contestation : partis et syndicats officiels à la rue au lieu de la prendre, voix silencieuses sans même avoir été étouffées. Qu’il vaut encore mieux cultiver ton jardin, te retirer en ton chez-toi et leur laisser la fange.
Tu pourrais… Sauf que le monde ne leur appartient pas. Les rues sont à toi, il suffit de les prendre. La politique - au sens noble - ne leur appartient pas ; l’espace public est à toi, les idées et les belles ambitions itou. Ce territoire est autant à toi - si ce n’est plus - qu’aux petits politiciens risibles, matraqueurs assermentés, uniformes agréés, officiels de la contestation au petit pied et autres souffleurs du clairon de l’identité et du néolibéralisme borné. Monde, politique et territoire sont à toi, et il est temps de le clamer. Si possible en te montrant plus malin qu’eux.

Rien de neuf en ce constat. Mais ils ne sont pas si nombreux, ceux et celles qui cherchent les failles, surprennent celui qu’il faut qualifier d’ennemi et reprennent l’initiative. Ils ne sont pas si nombreux, mais ils sont là et te montrent la voie. C’est réjouissant. Et quoi : en ce morose début de décennie, il n’est pas tant d’occasions de ne pas se sentir perdre, non ?

Du principe de la balade sauvage, et de ses motifs

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Depuis quelques semaines, elles bourgeonnent tranquillement. Une dizaine de « balades sauvages » se sont déjà tenues à Paris, réunissant de 20 à 80 participants, conviés par bouche-à-oreille et désireux de trouver une autre manière de clamer leurs honte et indignation face au traitement réservé aux réfugiés. Un lieu de rendez-vous dans les quartiers populaires. Une banderole. Des tracts. Des affiches. Un parcours erratique, dicté par les envies des participants et les réactions de la police. Une grande mobilité, une belle souplesse. Et une dispersion rapide, jusqu’au prochain rendez-vous.
Par d’organisation officielle, donc. Ni d’autorisation à quémander, de palabres avec la préfecture, de flics au départ de la manif (enfin, normalement…), de saucisses CGT, d’interminable cortège CFDT ou d’itinéraire imposé. Non encadrée, une manifestation redevient ce qu’elle devrait toujours être : un bras d’honneur. Un joli crachat, qu’importe le faible nombre de participants ou la maigre portée de l’événement.

Ce principe, tu peux l’appliquer à n’importe quelle (noble) revendication. Mais c’est le sort fait aux réfugiés qui a constitué le trame de celles s’étant déroulées à Paris ces dernières semaines. Parce qu’il n’est guère de combat plus juste. Que c’est là un très actif terrain de lutte souterraine, avec une belle campagne de sabotage menée contre les distributeurs des banques collaborant avec la machine à expulser1. Que le procès des « dix de Vincennes » vient de se terminer et qu’il a fourni une (énième) illustration de l’indécence d’une politique écrasant les faibles, au mépris de toute justice2. Que l’atmosphère se fait tendue autour des soutiens inorganisés (mais très actifs) aux réfugiés, certains militants ayant récemment « bénéficié » des fort peu délicates attentions de l’anti-terrorisme3. Et parce que c’est marre.

Un texte publié sur Indymédia-Nantes résume fort bien la question :

Nous ne goberons pas leurs fantasmes sur d’imaginaires « ultra-gauche » et « anarcho-autonomes » en énième ennemi intérieur, nous n’avalerons pas leurs salades sur ces dix sans-papiers de Vincennes condamnés d’avance, bouc-émissaires d’une révolte collective. L’aspiration à la liberté dans un monde débarrassé de toute domination sera toujours bien plus vaste que leurs cerveaux étroits de flics ne peuvent l’imaginer.
Détruisons ce qui nous détruit.
Liberté pour tous, avec ou sans papiers.

D’une manif sauvage l’autre : balade, puis interpellation

Mardi dernier, métro Château-Rouge, 18 h. Exceptionnellement, le rendez-vous avait été annoncé - appel à manifestation publié sur Indymedia - pour marquer le coup face à la vague d’arrestations tout juste conduite par l’anti-terrorisme. Sur place, 80 personnes patientant dans un climat tendu et une atmosphère méfiante. Les flics sont partout, des dizaines de fourgons garés dans les rues adjacentes, des civils disséminés aux alentours. Un déploiement de forces si impressionnant qu’il en deviendrait presque paralysant, l’impression de ne pas pouvoir bouger le petit doigt sans se faire sauter sur le râble dans la seconde par des centaines de cartes tricolores. Pression…
Mais voilà : une telle machine policière peut impressionner, elle se révèle surtout crétinement inadaptée. De bouche à oreille, discrètement, passe la consigne : quitter les lieux l’air de rien, par petits groupes, prendre le métro et se retrouver un peu plus loin, à Strasbourg-Saint-Denis. Chose faite.
Nouvelle sortie de métro, restent une cinquantaine de personnes. Début de la véritable manif, déploiement d’une large banderole appelant à la destruction des centres de rétention et occupation de l’espace public. On enquille les rues, rapidement, cortège résolu et désormais joyeux. On gueule, slogans repris à tue-tête. Les lieux sont à nous, les uniformes - contraints de se réorganiser - à la ramasse. Cela ne durera pas : au bout d’un quart d’heure, ils sont sur nos traces, courant en nombre derrière nous. On trottine, on court aussi, on gueule encore un peu. Puis, on se disperse. Fin de la balade : les manifestants sont déjà à dix stations de métro que les matraques et boucliers arpentent encore les rues du quartier, à la recherche d’un « anarcho-autonome » à se mettre sous la dent.

Samedi, métro Place de Clichy. Rendez-vous secret, mais les civils sont quand même dans la place, surveillant du coin de l’œil notre rassemblement informel d’une cinquantaine de personnes. Qu’importe : hop, métro ! Le groupe se reconstitue à La Chapelle, mais n’a pas semé les civils. Tout en tractant et collant quelques affiches, banderole de sortie, on pense les perdre en enquillant quelques petites rues entre La Chapelle et Stalingrad.
Las, eux ont à cœur de prouver qu’ils ne sont pas si idiots qu’on croit… Cinq minutes de balade et un fourgon apparaît au bout de cette longue rue qu’on remonte, parfaite souricière, immeubles d’un côté, voies ferrées de l’autre. Quelques-uns passent en courant, tandis que les autres font demi-tour pour s’échapper de l’autre côté. Dix secondes, et puis : trois autres fourgons stoppent au fond de la rue, barrant toute issue. Joli piège.
Un dernier demi-tour. Au pas de course, une tentative pour l’honneur, quelques cris :
« Allez, on force ! On passe, on passe ! »
Et les flics en face, matraque dans une main, la gazeuse dans l’autre, brandissant les deux d’un air hargneux :
« Quoi, tu passes ? Vas-y, essaye, essaye ! »
Finalement : on ne passe pas… Des deux côtés, les CRS referment la souricière, nous rassemblent en un coin, eux tout autour. De vagues effarouchées, avant qu’on ne prenne acte de la défaite. Fouille, contrôle, transvasement dans les fourgons, traversée de Paris avec le gyrophare, re-fouille, re-contrôle, nos identités soigneusement notées sur de petits carnets. Deux heures d’attente dans le parking d’un commissariat du 11e arrondissement, puis : « Allez, cassez-vous ! » Notre groupe de 25 personnes retrouve la liberté, gardant le sentiment un brin amer de s’être fait avoir comme des bleus. Un partout, balle au centre.

La partie continue, partout et toujours

De telles « balades » ne changeront pas grand-chose. Même : ne changeront rien. Mais pour toi, pour nous, c’est important. Preuve qu’on ne baisse pas les bras. Et qu’il reste des modes d’action à utiliser, des voies à emprunter, des interstices où s’engouffrer. Rien n’est jamais perdu, il faut juste éviter les pièges trop évidents, les rues sans issue. La partie continue et tu devras en être. D’ailleurs, tu en es déjà.

Pour parfaite conclusion, cet extrait de TAZ, livre légendaire d’Hakim Bey :

Nous ne cherchons pas à vendre la Zone d’autonomie temporaire (TAZ) comme une fin exclusive en soi, qui remplacerait toutes les autres formes d’organisation, de tactiques et d’objectifs. Nous la recommandons parce qu’elle peut apporter une amélioration propre au soulèvement, sans nécessairement mener à la violence et au martyre. La TAZ est comme une insurrection sans engagement direct contre l’État, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d’imagination) puis se dissout, avant que l’État ne l’écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l’espace. Puisque l’État est davantage concerné par la Simulation que par la substance, la TAZ peut « occuper » ces zones clandestinement et poursuivre en paix relative ses objectifs festifs pendant quelque temps. Certaines petites TAZs ont peut-être duré des vies entières, parce qu’elles passaient inaperçues, comme les enclaves rurales Hillbillies au Sud des États-Unis - parce qu’elles n’ont jamais croisé le champ du Spectacle, qu’elles ne se sont jamais risquées hors de cette vie réelle qui reste invisible aux agents de la Simulation.

Babylone prend ses abstractions pour des réalités ; la TAZ peut précisément exister dans cette marge d’erreur. Initier une TAZ peut impliquer des stratégies de violence et de défense, mais sa plus grande force réside dans son invisibilité - l’État ne peut pas la reconnaître parce que l’Histoire n’en a pas de définition. Dès que la TAZ est nommée (représentée, médiatisée), elle doit disparaître, elle va disparaître, laissant derrière elle une coquille vide, pour resurgir ailleurs, à nouveau invisible puisqu’indéfinissable dans les termes du Spectacle. A l’heure de l’État omniprésent, tout-puissant et en même temps lézardé de fissures et de vides, la TAZ est une tactique parfaite. Et parce qu’elle est un microcosme de ce « rêve anarchiste » d’une culture libre, elle est, selon moi, la meilleure tactique pour atteindre cet objectif, tout en faisant l’expérience de certains de ses bénéfices ici et maintenant.

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Et aussi…

Pour la forme.
Quand les CRS nous encerclaient et en attendant de passer à la fouille, nous avons discrètement pris quelques clichés (mal cadrés et ratés). Au cas où… Cela n’a pas échappé aux uniformes, lesquels n’aiment rien tant qu’effacer des cartes-mémoire quand ils en ont l’occasion. La carte en question a donc été filée à une amie4, qui l’a dissimulée en un endroit où les fliquettes ne pourraient pas aisément aller la chercher… Et qui - aussi - a envoyé paître les officiers s’étant rendus compte du manège, quand ceux-ci ont exigé qu’elle leur remette la carte.
Adoncques et même si ces photos n’ont pas un grand intérêt, voici trois des clichés en question. Parce qu’il ne faut jamais se refuser le plaisir d’un bras d’honneur, fût-il des plus modestes.

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On ne passe plus…
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Tout autour, des boucliers : nous voilà bouclés.
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Un à un, les 25 manifestants sont passés à la fouille, avant de rejoindre le panier à salade.


1 Une centaine de distributeurs de billets de banque ont été détruits en plusieurs mois, à la masse ou à la glue. Par ailleurs, tu trouveras ICI une chronologie des dernières actions menées contre la machine à expulser.

2 Tu peux lire à ce sujet ce billet sur A11. Et tu ne manqueras surtout pas d’aller lire l’épatant compte-rendu du procès publié sur son blog par la camarade Antimollusques, laquelle a assisté à la totalité des audiences.

3 Soupçonnées d’avoir participé aux actions de sabotage des distributeurs, une dizaine de personnes ont été perquisitionnées, placées en garde-à-vue et longuement interrogées ; quatre d’entre elles ont finalement été inculpées et placées sous contrôle policier. Sur l’inanité de ces perquisitions-interpellations, il faut lire le billet de L’Escalier qui bibliothèque et celui de Rebellyon(qui revient) sur l’activisme récemment déployé par les guignols de l’anti-terrorisme.

4 Si tu passes par là, Co : merci.


COMMENTAIRES

 


  • Merci, vous deux.



  • lundi 22 février 2010 à 19h27, par Christine

    De vagues effarouchées c’est joli ;-)



  • C’est un rare article où l’on considère les forces de l’Ordre, comme appartenant à l’Ennemi. C’est un tournant important que beaucoup n’osent pas franchir, car on considère que finalement, ceux qui sont de l’autre côté sont comme nous. Mais ce n’est pas vrai, sur toute la Terre, nous sommes tous pareils, cependant, il faut bien voir clairement qu’il y a NOUS qui voulons vivre sans Bouffer les autres, au-contraire, en les aidant, et ceux qui nous enferment, qui nous contraignent, qui nous endiguent en chantant qu’on est des vilains, des terroristes et peut-être des assassins, alors qu’il n’y a qu’eux qui sont cela avec grande évidence et dévotion. Les flics sont des pauvres qui vont à la sécurité du ratelier pour taper sur les pauvres et rien qu’eux, pauvres qu’ils s’empressent d’assimiler à la Racaille. Cela s’appelle une haute trahison. En temps de guerre on ne fait pas de quartier pour ces gens-là !

    Dans la Vie, il y a des choix. Et il y a des choix qui font que l’un devient l’Ennemi de l’autre. Un ami qui vous tourne le dos pour prendre son élan afin de vous mettre un grand coup de pied dans les reins, libre à tous les crétins de le considérer avec honneur et égalité et même de lui demander de recommencer... !

    Oh ! J’ai bien lu que cet « Ennemi », il fallait bien l’appeler « Ennemi ». On sent une certaine réticence. C’est dommage, car c’est vraiment l’ennemi autant que les financiers et tout les nantis qui nous écrasent.

    Moi, je trouve cet article important car il dit que dans les consciences se fait un tournant et je crois qu’il faut applaudir et ne plus hésiter à s’engager... car aujourd’hui, tout le monde parle de résistance, il y a une immensité de Blogs qui en parle, mais, en fait, personne ne fait rien. Un emBlème : EVA-Résistance en vient à convier tout le monde à s’acheter un petit terrain et un mobil-home pour se regrouper et vivre en Bulle... Comme si ces Bulles ne seraient pas les premières cibles des chiens hurlants de la Police et de leur Ministère...

    Non ! Merci JBB et Lémi ! De nous dire qu’il faut y aller !
    Je souhaite que vous soyez largement entendus...

    • mardi 23 février 2010 à 00h55, par ZeroSpleen

      Hakim Bey, de sa villa d’universitaire bourgeois américain, a réussi le coup de maître formidable de conceptualiser et théoriser l’alternative militante du XXIe siècle à partir d’un état de faits (merci l’honnêteté intellectuelle) : la destruction des formes de militantisme traditionnel de « masse » par les nouveaux apparats du capitalisme. Il a transformé une modalité d’action en une composante organique de l’être réfractaire. Précarité et éphémère sont les deux nouveaux mots d’ordre des actions de révolte : l’éjaculation précoce, stérile et virale de la lutte politique et sociale. Merci à Lui.

      Les (néo-)libéraux de gauche comme de droite doivent jouir au possible de voir quelques poignées de guignols échoués faire un footing de nuit à une centaine, un freeze au pied du Sacré Cœur ou une soirée « brille-brille » dans un squat Place des Vosges avec la bénédiction de la mairie de Paris et dont tous les gamins présents ont des parents qui votent UMP, au mieux MoDem... Merci à Lui.

      Contre le choix, il existe les déterminismes et ces derniers s’accoutument assez bien des ennemis des ennemis. Ils vont même les ronger jusqu’à la moelle. La victoire idéologique est totale. Merci à Lui.

      En fait ce « Lui », c’est Nous, ceux - bouffés par l’idéologie dominante - qui combattent un système qu’ils désignent par ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire libéral. Éliminés déjà par la sémantique. un vecteur idéologique comme une tonfa plantée dans le cul d’un militant en garde-à-vue, bouc émissaire supplémentaire... Do It Yourself - oui, fais-le tout seul, au mieux avec tes potes -, tonton Ronald et tata Margaret s’en amuseront, notamment cette dernière qui a si justement donné le La aux révoltés en 1980 : La société n’existe pas, il n’y a que des individus.

      Critique, oui. Alternatives solides, encore plus ! A quoi est-ce que ça sert d’interviewer M. Benasayag ?

      • mardi 23 février 2010 à 11h41, par Dr Maboul

        Si je puis me permettre Benasayag est aujourd’hui, et depuis une trentaine d’années, « un universitaire bourgeois » (certes français et pas américain), alors qu’Hackim Bay n’a même plus le téléphone depuis au moins vingt ans et vit totalement reclus, en accord avec ses idées.

        Par rapport à ce que vous écrivez, oui on peut déplorer que le militantisme se fragmente, se compose d’une myriade de groupuscules... Mais à qui la faute ?
        Ils sont où les communistes des générations précédentes, serrés en rang derrière leur rêve de lendemains qui chantent, prêts à se battre pour l’Humanité toute entière ? Eh bien, soit ils se sont embourgeoisés et ont aujourd’hui un cul trop gras pour se bouger, à s’empiffrer avec la gauche caviar on pouvait s’en douter. Soit ils sont « trop vieux pour ces conneries » et ne cherchent pas d’alternative à leurs vieux crédos, trop peu nombreux, trop découragés. Ils n’ont pas su, ou pas voulu, transmettre la fougue militante de leur jeunesse à notre jeunesse. Ils leur ont, au contraire, appris à courber l’échine.
        (Les socialistes, n’en parlons pas c’est mieux.)

        Ils ne restent parmis les jeunes contestataires guère que les déçus des partis, ceux qui croient que dans chaque organisation il y a une loi proportionnelle entre le pouvoir qu’un individu peut obtenir et sa capacité à se corrompre, à privilégier ses propres intérêts.

        Mais une myriade de groupuscules aux idées fraîches et claires, dirigés par des gens intègres ne vaut-elle pas mieux qu’un mastodonte qui, s’il arrive à se lancer, écrase tout sur son passage puis reconstruit dans son sillage un ersatz de la société qu’il vient de détruire ?

        Ne sous-estimez pas l’intelligence collective, l’intelligence des réseaux. Car c’est aussi elle qui vous permet d’affirmer que vous pensez quand finalement vous ne faites que compiler des influx électriques dont la signification individuelle est bien différente du sens que vous leur donnez ensuite.


        (Si cela vous intéresse, regardez comment un algorithme informatique modélise efficacement et pourtant simplement un réseau de neurone, par des chemins privilégiés dans une forêt, plus ou moins empruntés et donc plus ou moins rapides à traverser. Ce simple algorithme pourra apprendre énormément de choses différentes comme : reconnaître des gens sur des photos et des caractères manuscrits, classer des ADN animaux, maintenir la trajectoire d’un robot en environnement imprévisible... ce qu’il est quasiment impossible de faire avec des algorithmes déterministes classiques, c’est à dire des fonctions informatiques prévues pour remplir uniquement tel rôle et être appelées dans tel ordre, il faudrait tout prévoir. (Pour la reconnaissance de visage qu’on peut faire uniquement sur des caractère biométriques : écartement des sourcils, longueur du nez... il faut en premier lieu que l’algorithme identifie le nez, les yeux... ce qui est extrêmement compliqué avec un algorithme déterministe, alors qu’un réseau artificiel vous les trouve immédiatement et ne nécessite pas une programmation longue, fastidieuse et souvent coûteuse en ressources.)

        De plus si une partie de votre mémoire informatique grille, l’algorithme devrait toujours arriver à tourner, il aura juste besoin de réapprendre pour redevenir aussi performant. Avec un algorithme classique si une partie de la mémoire grille, c’est au minimum une fonctionnalité qui ne marchera plus jamais, au maximum tout l’algo qui est foutu.

        On pourrait faire l’analogie avec les réseaux de groupuscules opposés à une grosse organisation classique. Et en déduire que le réseau de groupuscules est plus adapté dans les cas imprévisibles notamment. On pourrait si on résonnait par analogie, mais sur article XI, il n’y a que des gens biens et rigoureux qui ne se permettraient jamais de tels fantaisies démagogues. ;-) )


        PS : Merci JBB et Lémi pour cet article bien écrit, comme d’habitude, qui redonne un peu d’espoir, on en a moins l’habitude.

        • mardi 23 février 2010 à 15h29, par JBB

          @ Amaru : « C’est un rare article où l’on considère les forces de l’Ordre, comme appartenant à l’Ennemi. »

          Au sens large, c’est clairement le cas. Cela n’empêche pas qu’il puisse y avoir des flics plus humains que d’autres, des gendarmes moins cons que leurs collègues. Mais ils sont franchement dans le camp d’en face, opposé. Adoncques, inutile de prendre de gants : le camp d’en face, c’est celui de l’ennemi.

          « On sent une certaine réticence. C’est dommage, car c’est vraiment l’ennemi autant que les financiers et tout les nantis qui nous écrasent. »

          Tu as l’œil : cette réticence existe en partie.
          Non pas que je ne pense pas qu’ils soient les vassaux de l’ordre existant, ceux qui le protège. Mais justement : ils ne sont que cela. J’ai davantage de haine pour ceux qui profitent du système, pour ceux qui sont en haut de la pyramide ou de la hiérarchie sociale. Ils ne sont que des exécutants. Zélés et détestables, mais exécutants quand même.

          « il dit que dans les consciences se fait un tournant »

          De ce point de vue, oui, sans doute : face à une police créditée de tous les pouvoirs et tous les droits, une partie de la population rechigne de plus en plus, proteste et ré-endosse un certain esprit gouailleur et anar. C’est appréciable, en effet.

          « EVA-Résistance en vient à convier tout le monde à s’acheter un petit terrain »

          En même temps, la dame est une porte-voix de l’antisémitisme. Mieux vaut ne pas prêter une seconde d’attention à ce qu’elle écrit.

          « Merci JBB et Lémi ! »

          De rien :-)

          @ ZeroSpleen : je te trouve bien sévère pour Hakim Bey. Dr Maboul a très bien répondu, juste en-dessous, alors je ne vais pas m’étendre.

          Juste : « Les (néo-)libéraux de gauche comme de droite doivent jouir au possible de voir quelques poignées de guignols échoués faire un footing de nuit à une centaine, un freeze au pied du Sacré Cœur ou une soirée »brille-brille« dans un squat Place des Vosges avec la bénédiction de la mairie de Paris et dont tous les gamins présents ont des parents qui votent UMP, au mieux MoDem... Merci à Lui. »

          Je vois mal comment on peut rendre Hakim Bey responsable des freeze, du footing de nuit ou des soirées bling-bling dans des squats semi-branchouilles. Ces choses que tu évoquent sont aux TAZ ce que la bière sans alcool est à la binouze : même pas un ersatz.

          « A quoi est-ce que ça sert d’interviewer M. Benasayag ? »

          Ben, justement : à varier les voix, à chercher, à mélanger, à confronter. Je ne suis - comme les autres contributeurs du site - d’aucune chapelle, ni d’aucun mouvement. Et je crois que nous partageons tous cette idée qu’il n’est pas de vérité unique, mais qu’elle naît de la confrontation de vérités différentes, de sources distinctes même si d’une même famille. Bref : non à l’uniformité.

          @ Dr Maboul : rien à ajouter, grand merci à toi :-)
          (et pour les gentillesses, aussi)

          • mardi 23 février 2010 à 22h08, par Lucette

            Hakim Bey…
            On lui attribue aussi Overcoming Tourism.
            Je ne sais pas si c’est Wilson l’auteur des deux textes, mais les deux sont attribués à Bey.

            Il ne faut pas avoir peur de la transcendance. Ni de l’objectivité (Monsieur le Juge -Hakim Bey, en turc), ni des valeurs pures : le vrai et faux – les siennes fatalement -.
            Selon lui, l’image n’est pas une expérience, la photo de voyage s’apparente à la bêtise ; et la rencontre interculturelle à l’erreur de jugement –d’accord pour la rencontre, mais après une longue initiation - et encore, si t’es sage.
            Ce n’est pas le premier à se poser en juge, avec un discours de Vérité transcendante et un rejet de l’image comme mimesis fallacieuse et mensongère.
            En sus, il propose des catégories de gens et des stéréotypes culturels (le touriste à fleur, le short en bandoulière - le guerrier, le pèlerin, le marchand). Overcoming Tourism a son « bon sauvage » : le soufi d’antan.

            « L’écran » non plus, il n’aime pas. L’écran, c’est le mal, le faux, l’illusoire.
            Entre Kant, Platon et Adorno, il se pose là. Avec sa vérité et sa culture supérieure, sa bonne façon de faire, de penser, de vivre. Son mystère et ses illuminations.
            Qu’il partage sa fascination, d’accord, mais qu’il conspue le reste du bas peuple avec dédain… (Si l’on rentre dans son jeu catégoriel, sociologiquement parlant, le pèlerin qui part faire le tour du monde en tongs, à dos d’autruche pendant 1 an, est souvent issu de la bourgeoisie. Le touriste en short qui « dévore comme un fléau » les monuments en une semaine, ça sent la classe laborieuse qui devient riche, l’ancien pauvre qui s’achète des souvenirs merveilleux. Quel manque de distinction).
            Comme s’il redoutait la bâtardise, ce Monsieur le Juge (justice nique sa, hum), le mélange, la rencontre farfelue, les gaffes culturelles, en un mot l’impureté. Pire, le changement (drame affreux). Est-il nostalgique de je ne sais quel passé lointain - qu’il semble d’ailleurs bien connaître, tellement il en parle avec certitude. Soit il a une bonne bibliothèque d’écrivains bien renseignés, soit il a vécu au 19e et il connaît tout le monde. Incollable en Histoire, ce Bey.

            « We have asked ourselves whether or not we desire a means to discover the art of travel, whether we want and will to overcome « the inner tourist », the false consciousness which screens us from the experience of the Wide World’s waymarks. »

            « The tourist seeks out Culture because -in our world-culture has disappeared into the maw of the Spectacle culture has been torn down and replaced with a Mall or a talkshow- because our education is nothing but a preparation for a lifetime of work and consumption-because we ourselves have ceased to create. Even though tourists appear to be physically present in Nature or Culture, in effect one might call them ghosts haunting ruins, lacking all bodily presence. They’re not really there, but rather move through a mindscape, an abstraction (« Nature », « Culture »), collecting images rather than experience. All too frequently their vacations are taken in the midst of other peoples’ misery and even add to that misery.”

            Nous qui avons tous, ô damnés, cessé de créer, dans notre monde sans culture, comme autant de fantômes éthérés...
            Mais où vit-il ? Forclus dans quel bunker ?
            [j’ai pour sa défense, ceci dit, de l’avoir beaucoup admiré, ceci explique cela]

            • mardi 23 février 2010 à 23h56, par ARNAK

              Super cet article, pour changer (ironie inside-patapé jtiens juste à préciser). Comme d’hab, les réactions sont toujours aussi interessantes, toujours aussi instructives... Bon, Je vais me faciliter la tâche et réagir point par point, ca sera toujours plus facile pour exprimer mon point de vue, voire de l’étayer. (et vu que je pense réagir à trois messages de forum ca risque d"être long)

              @ Amaru C’est un rare article où l’on considère les forces de l’Ordre, comme appartenant à l’Ennemi.[...] Est ce que se constituer de son plein gré en ennemi intérieur est une démarche très constructive ? Les ennemis en tant que tels sont ils légion ? Les passifs et les forces d’ interposition, c’ est certain, mais voir les choses d’ une façon aussi manichéenne ne me semble pas très positif - les amis de mes ennemis sont ils mes ennemis ? Si le champs du social est une guerre, c’est une guerre larvée, une guerre froide et de longue haleine, ou le désespoir et l’attente d’une « bataille » décisive n’ont peut être pas leur place. Autant rêver d’un grand soir ou de la fin de l’histoire. De mon point de vue les choses ressemblent plus a une partie de Risk (tm :), ou il n’y a pas d’alliance, uniquement des intérêts communs (diviser..). Pas de « bataille », mais différents fronts. Et des tas de tactiques, chacune plus ou moins adaptée aux différents cas de figure. Des coup de pieds dans les reins tu dis ? mais il ne faut pas sous estimer le pouvoir de la défiance. Prouver qu’on est là, quel que soit l’équilibre des forces, qu’une action est possible et que les idées priment sur l’ Etat de faits.

              Où est le problème avec le fait de vivre en bulle ? c’est une forme de résistance passive, un socle, au même titre que nombre d’autres alternatives. Même, en cas de « renversement », chose qui me semble « assez » lointaine, sans expérience réelle de l’émancipation et de l’autogestion, ce ne serait pas s’ouvrir à des tas de formes de récupérations ? Je pense que l’ Anomie, la période de chaos qui suis le renversement du pouvoir selon Bakounine, c’est maintenant. L’homme n’est pas né dans une société structurée par des millénaires de jeux des dominations, mais dans le chaos ; les sociétés dans lesquelles nous vivons ne sont que des organismes sociaux ayant survécu et évolué depuis la création. Le fascisme, le capitalisme financier, la démocratie par le monopole des idées ne sont que des évolutions logiques, conditionnées par des étapes de l’évolution du processus historique. Ce que nous recherchons, n’est ce pas une évolution consciente de la société ? Un renversement brutal sans prise de conscience d’une majorité n’exposerait il pas à un nouveau « coup du sort » de l’histoire. Revenons à nos moutons. Les bulles sont parfois très perméables, peuvent se structurer en réseaux, n’excluent pas forcément l’ association avec des urbains (qui ne vivent pas forcément moins en bulle)... Ce qui les crève, par contre, c’est sans doute l’isolement, qui les expose aux « chiens hurlants » par des broutilles, pour les instrumentaliser. Mais qu’est ce qui est le plus dangereux, Big Brother, ou la peur qu’ il suscite ?

              (après relecture : les flics ne sont ils pas aussi des pôvres petits prolétaires aliénés comme tout l’monde ?)

              @ ZeroSpleen Tu l’ as dit, Lui, c est nous. Mais un truc sur lequel je ne suis pas d’accord, c’est le fait d’assimiler une manifestation spontanée ou sauvage à un happening. Le happening est une réponse au spectaculaire, mais reste un moyen de transmettre un sentiment subversif ô combien précieux face à cette idéologie dominante. Une manif est un moyen d expression, de réaction, un crachat d’ une autre portée qu’ un simple happening. Les TAZs, dont ces deux pendants semblent être des déclinaisons intéressantes, enfin qui soulèvent mon intérêt, peuvent être une arme de subversion massive
              éminemment puissante, selon l’usage. Car la subversion a un petit côté « viral », envahissant, mais parfois aussi bénin qu’ une grippe, mais elle peut être à l’origine d’ alternative durable, non ? (YIP YIP YIP hurra)

              D un autre côté, je sens un autre problème. Le virus de la subversion me fait penser à Pestes, du type qui a écrit Fight Club (Attention mini-SPOIL). Le bon Chuck nous y parle notamment du fait que certains évènements où les rôles peuvent s’inverser, où le réel bascule, peut légitimer la place du puissant et que des évènements comme le carnaval (merci tietienne) ou la fête des morts peuvent, d’une certaine façon, légitimer l’ordre des choses (ou un certain journal satyrique, pourquoi pas, allons-y). Une sorte de contre-pouvoir factice, en somme. Mais je ne classerai pas dans ce type de défouloirs « stériles » les manifs sauvages qui sont, elles, revendicatrices. Et ces garde-fous peuvent être très sympa, des parenthèses de bon aloi si elles ne se substituent pas à un engagement autre que, comment dire.. épisodique et évenementiel(là je parle des happenings [par happening je désigne freeze et autres mobs]).

              Bon, je vais essayer d accélérer le rythme. Des parents au mieux Modem, et alors ? la «  »crise d adolescence«  » peut susciter des vocations.. :oD
              La société n’existe pas, il n’y a que des individus. Selon mon humble personne aux chevilles bien enflées tous les points de vue peuvent être bons à prendre, ça évite les oeillères. Ce que dit Benasayag aussi est intéressant, voire capital, mais si ce blog-webzine-autre ne publiait qu’un seul point de vue, ce serai de la propagande. A des lieux de la critique, donc..

              Sinon J’aime bien la forme du commentaire de ZeroSpleen, et le fond n’est absolument pas négligeable. Je dois sembler être un salopard de donneur de leçon mais si je commence à me poser trop de questions je vais me taire...

              @Doc Maboul Moi j’aime bien les fantaisies démagogiques alors... sur le reste, Eviv Zorglub (ma façon à moi de dire que j’ aime bien). Les vieux ne se sont-ils pas un peu trop pris les pattes dans des institutions qui n’ont pas pour but un renversement, d’aucunes façons que ce soit ? Un parti peut-il être révolutionnaire ? les syndicats ne sont-ils pas là pour « faire tampon », une force d’ interposition de plus, au final ? En rendant le monde « à peu près vivable », chose nécessaire, les communistes, politiciens et syndicalistes n’ont ils pas un peu perdu de vu l’objectif de leur mouvement ? Vais-je m’arrêter à un moment ou un autre d’aligner des questions purement rhétoriques ? Est ce qu’un espace troll va se constituer sur A11 ? Est ce qu’un ou des bons articles sur les échecs du communisme sont disponibles sur la toile ? (ouf)

              (Après relecture, quel devrai être le but des syndicats ? S’approprier les outils de productions, non ?)

              Bon, Deux semaines sans internet c’est dur (pas toujours mais là oui), Article onze m’a un peu manqué. Ravi de vous retrouver, je ne ferai pas de pavé à chaque article que je n’ai pas eu le temps de lire, promis. Et un jour je m’ferai un blog, juré-craché (ça m’ évitera de déverser un trop plein dès que je commence à écrire trois ligne).

              @Lucette je n’ai jamais compris non plus les gens qui sont contre le voyage.. Il a l’ air d’ être intéressant, même si il a tourné cureton par la suite... Les TAZ et le terrorisme poétique, c’était pas mal, non ?

              • vendredi 26 février 2010 à 13h02, par graffitix

                Superbe article, et commentaires passionnants. On entre dans le vif du sujet.
                Arnak, tu écris :

                « Est ce que se constituer de son plein gré en ennemi intérieur est une démarche très constructive ? Les ennemis en tant que tels sont ils légion ? Les passifs et les forces d’ interposition, c’est certain, mais voir les choses d’ une façon aussi manichéenne ne me semble pas très positif - les amis de mes ennemis sont ils mes ennemis ? Si le champs du social est une guerre, c’est une guerre larvée, une guerre froide et de longue haleine, ou le désespoir et l’attente d’une »bataille« décisive n’ont peut être pas leur place. »

                Je partage ton point de vue sur ce point, mais je tenais à faire observer que cette perception des choses n’est pas si répandue (elle me semble même ultra-minoritaire mais j’espère me tromper).

                Ca nous renvoie aux conditionnements qui structurent les comportements sociaux, la pression de l’économie sur l’installation et l’ancrage de ces conditionnements.

                Flics, militaires, bras armé du pouvoir économique, sont donc payés pour nous taper dessus en vue de décourager toute sédition.
                Leur lien de subordination est purement économique.
                Il me semble que dans l’Histoire des Révolutions, il y a un moment où peuvent enfin basculer le rapport des forces en présence.

                Les agents salariés du pouvoir ont parfois été contestataires.

                Parfois mécontents, ils peuvent servir avec plus ou moins de zèle et de maladresse... ils attendent le moment où quelque chose se passe, où une fraction décisive (ou influente) de la population commence à emboîter le pas aux avant-gardes.

                Si le pouvoir peine à tenir ses troupes (et dans tous les domaines, pas seulement l’ordre urbain, mais aussi l’ordre économique et comportemental), la perception de ce pouvoir, l’estimation des risques, peuvent changer très vite.

                Machiavel a bien souligné la difficulté de conserver le pouvoir par l’utilisation de mercenaires (privatisation des fonctions dites régaliennes des états : armée et polices sont déjà sur la voie).

                Pour résumer, il me paraît plus que probable que l’ordre dominant va se désagréger, même si on ne sait pas quand et guère comment.
                Les conséquences de l’insolvabilité des monnaies peuvent jouer un rôle capital en faveur de la subversion, pour rendre les esprits perméables au doute, accréditer l’idée que ce système est un château de cartes.

                Avant l’heure, c’est prématuré. Après, c’est trop tard.

                Il n’en reste pas moins que ces systèmes (contructions étatiques et autres) ne tiennent, que tant qu’ils sont capables de garantir à leurs agents, les promesses par lesquelles ils les ont engagés.

                Si l’ordre monétaire s’effondre, la force armée elle-même ne peut plus être une arme, elle peut même se retourner contre ceux qui croyaient la tenir.

                Je laisse tout ça en vrac.
                Au cas où.



  • Bah, vous fatiguez pas à faire des sprints en ville. Je suis invitée à rencontrer des PG, NPA, PC et autres carpes zé lapins de la liste des élections régionales pour le Languedoc-Roussilon, z’allez voir, tout va s’arranger, arf.............

     :-)

    • mardi 23 février 2010 à 12h30, par tietienne

      salut, et un p’tit carnaval sauvage sans revendication autre que de sortir de ce putain d’hiver, de se réveiller et de brûler la vieille ? t’auras pas un vieux grincheux avec toi, t’auras pas les revendiqueux, qui veut y vient, qui veut prend la rue, qui veut te suit et c’est déguisement obligatoire, impossible de te reconnaître. après ça tu brûles ton caramantran et ton masque. et le carnaval c’est pile le moment, avant d’entamer ton carême.

      • mardi 23 février 2010 à 15h00, par JBB

        @ Isastis : yeah, on est sauvés !

        (Qui sait, si tu les fais tous tomber dans l’escalier…)

        @ Tietienne : carnaval ? Justement, je peux pas : j’ai carême… :-)

        (J’ai bien aimé, à ce propos, la mise en avant par Indymedia-Nantes des carnavals, et de leur esprit frondeur et contestataire. Il faudrait que cela redevienne ça, partout)



  • wouesh vouz’êtes aussi sur ultaHD...p’tain le monde virtuel et vraiment petit, finalement...vivement qu’on se retrouve un de ces 4 dans le monde réel !

    • « vouz’êtes aussi sur ultaHD »

      J’avoue, je ne connaissais même pas.

      « vivement qu’on se retrouve un de ces 4 dans le monde réel ! »

      Bien d’accord. Rien de mieux qu’une bonne bière (et plein d’autres) et une discussion de vive voix.

      • mercredi 24 février 2010 à 20h23, par ZeroSpleen

        J’ai déjà participé à des manifs sauvages de nuit, à l’investissement d’une TV locale pour finir au poste quelques heures, bla-bla-bla, etc. Oui, M. Benasayag est un (intellectuel) bourgeois ; en fait, comme la majorité des militants (i.e. Nous)... en fait les différentes formes de résistances sont certainement complémentaires... de masse, situationnistes, etc. Mais, peut-être, avant tout, il reste important de ne pas prendre des vessies pour des lanternes. Et, par exemple, la notion de réseaux (en tant que concept, organisation sociale, etc.) est déjà totalement intégrée dans les cadres de pensée de l’entreprise ou de l’Institution (cf. la prolifération des réseaux associatifs)... et, la fameuse horizontalité, cache parfois des formes de hiérarchies plus pernicieuses que ce que l’on peut trouver dans des centrales syndicales ou partisanes à l’organisation fédérative, verticale et ouvertement hiérarchisée. Enfin, si Hakim Bey joue sa notoriété sur l’anonymat, la vie d’ermite, une imagination dbordante, ses qualités d’écriture, des élucubrations socio-historico-anachronique qui ne s’appuient sur aucun travail empirique, etc., c’est cool pour lui et ceux qui aiment. Tant mieux, il a sa fan base. Quand certains en fond une référence incontournable, c’est à peu près la même chose que quand Arte le transforme en crypto-intellectuel « radical-chic » pour reprendre les termes d’un article sur A. Badiou dans la revue d’Agone...



  • jeudi 25 février 2010 à 12h40, par un-e anonyme

    Lu sur Indymedia Grenoble

    Sur l’intérêt des manifs sauvages - Exemple de quelques balades parisiennes contre la machine à expulser
    (déc. 2009 - fév. 2010)

    PDF 4 PAGES A5 A TELECHARGER

    Depuis quelques temps s’organisent des petites manifestations “sauvages” contre la machine à expulser et en solidarité avec les inculpés de la révolte de Vincennes.

    Le principe est de faire tourner de bouches à oreilles (c’est-à-dire en évitant les moyens de flicage modernes que sont internet et le téléphone portable) un lieu et une heure pour partir se balader. S’en suit pendant une heure ou deux une déambulation de plusieurs dizaines de personnes dans les quartiers populaires : banderole, occupation de la chaussée, mégaphone, slogans, diffusion massive de tracts et discussions avec les voisins et les passants, collage massif d’affiches, nombreux tags venant redécorer les murs...

    On peut rapidement s’apercevoir que d’être même une petite vingtaine seulement donne une force non négligeable. La flicaille, même si elle comprend plus ou moins rapidement ce qui se passe, a de grandes difficultés à intervenir du fait qu’elle ne peut souvent pas mettre en place le dispositif adéquat rapidement. La détermination des manifestants ne l’aide pas non plus. A l’opposé, quand on voit les dispositifs qu’elle est prête à déployer lors de manifestations annoncées publiquement — autorisées ou non —, on peut se dire que le mode d’action “balade offensive” est peut-être intéressant à reproduire et à se réapproprier en toutes occasions...

    Reprenons la rue !

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