ARTICLE11
 
 

mardi 14 octobre 2008

Entretiens

posté à 00h30, par JBB
14 commentaires

Raoul Vaneigem : « Ici, les citoyens élisent le boucher qui les conduira à l’abattoir. »
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Il serait le maître à penser situationniste, nous serions les disciples… Sauf que non : Raoul Vaneigem ne mange pas de ce pain (bénit) là, lui qui abhorre les chapelles et les embrigadements. Libertaire chantant la vie, la création et la révolution, l’auteur du « Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations » continue de dénoncer les mensonges de la société marchande et les illusions du spectacle. Entretien.

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Une fois passée au tamis des erreurs, des échecs et des saloperies de tous ordres, les idéologies révolutionnaires du siècle passé ne valent pas tripette. Toutes disqualifiées, enterrées par leurs errements et dévoiements, ou coulées bel et bien, victimes de manipulateurs et récupérateurs sans scrupules. Toutes sauf une.

La théorie situationniste est à la gauche ce que la concurrence est aux tenants du marché : pure et parfaite. Parce qu’elle a touché juste en toutes choses, contemptrice des illusions de la société marchande, des mensonges du capitalisme et du mouroir aux alouettes d’une liberté de façade. Parce que ses deux principales figures, Guy Debord et Raoul Vaneigem, n’ont pas trahi, ne mettant pas plus d’eau dans ce vin qu’ils ont descendu à foison qu’ils n’ont accepté de devenir des rentiers de situation, ne cherchant ni le pouvoir de la légende ni l’illusion de la reconnaissance. Parce que, enfin, un mouvement prônant la vie et le plaisir, trop vite résumé par la formule aussi galvaudée que éternellement pertinente, « Vivre sans temps mort et jouir sans entraves », est le seul antidote efficace face à tous ces tristes sires qui contaminent nos existences.

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La théorie situationniste n’est pourtant pas un héritage. Pas plus qu’elle n’est religion confidentielle ou légende élitiste, qui verrait quelques esprits éclairés rendre hommage aux mânes d’un passé idéalisé tels des ados enfiévrés affichant leur foi en un Che Guevara porté en bandoulière. Disons qu’elle est le chemin.

Façon indicateurs de la route à suivre, il y eut deux hommes plus que n’importe qui. Guy Debord est mort, qui a décidé de mettre fin à ses jours en 1994. Raoul Vaneigem est vivant. Mieux : malgré ses 74 ans aux prunes, l’homme est combatif, résolu, clairvoyant, intègre et révolutionnaire.

Est-ce faire injure à l’auteur du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, opuscule publié en 1967 qui contribua grandement à allumer le feu de mai 68, que d’écrire qu’il n’a pas changé ? Non. Donc : il n’a pas changé. Ce qu’il dénonçait alors, cette condition de survie générée par la société marchande et les illusions du spectacle, il le dénonce toujours. Ces valeurs qu’il prônait, joyeuses vertus de la jouissance, de la gratuité et de la créativité, il les porte toujours haut et fort. Et il les précise même dans un très récent ouvrage, Entre le deuil du monde et la joie de vivre (Verticales), livre essentiel en forme de bilan personnel, de piqûre de rappel de l’actualité ardente de la théorie situationniste et d’invitation à l’hédonisme révolutionnaire.

Ces choses précieuses, Raoul Vaneigem a accepté de les énoncer à Article112. De cet entretien, nul doute que vous garderez le même sentiment que nous : la vie est pour demain. Un peu de lecture avant d’allumer ces feux que notre vieux monde mérite et de mettre en oeuvre une contestation généreuse, heureuse, joyeuse et radicale. Qu’il soit alors mort ou vivant, Raoul Vaneigem vous regardera faire en souriant.

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Votre ami Noël Godin3 nous a récemment confié ne croire que « dans l’insurrection, le débordement alcoolique et le foutre ». C’est une formule qui vous convient ?

C’est un bon début. Je me méfierais d’un mouvement subversif qui impliquerait l’ascétisme, le sacrifice, le militantisme. Je pense aussi qu’il convient d’aller plus avant. Il faut être curé pour parler d’amour sans foutre mais si foutre sans amour a le mérite d’assouvir un besoin, ce n’est souvent qu’une forme de prédation ou une variante de ce consumérisme hédoniste où le désir, en perdant son authenticité, nous replonge dans un monde de falsification et de profit, dont nous ne voulons plus. Une passion qui ne s’affine pas s’inverse en cette pulsion de mort qu’est le réflexe de prédation, moteur de la survie et d’une économie fondée sur l’exploitation de l’homme par l’homme.

Vous écriviez dans le Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations : « Survivre nous a jusqu’à présent empêché de vivre. » Votre constat serait-il encore plus sombre aujourd’hui ?

Un constat, c’est ce qui sert à évaluer l’adversaire, non à se résigner, quelle que soit la puissance apparente qu’il présente. Pendant des décennies, on a imaginé une armée soviétique capable de fondre sur l’Europe et de l’envahir. On a su très vite que cette armée rouge était rongée par l’intérieur et inopérante mais cela arrangeait les démocraties occidentales. Exagérer le péril leur permettait d’occulter leur corruption et leur propre pourrissement. L’immense empire stalinien est tombé poussière en quelques semaines, révélant ce qu’il était depuis longtemps : un éparpillement de bureaucraties mafieuses.

Aujourd’hui, c’est l’empire des multinationales qui implose sous nos yeux, et la plupart continuent à se lamenter plutôt que de mettre en place une société où la solidarité et le bien commun seraient restaurés. Il s’agit de rompre avec un système qui nous détruit et de bâtir des collectivités et un environnement où il nous sera donné de commencer à vivre.

Les années 60 étaient celles du surgissement de la vie, de l’emballement militant, des excès d’une génération pensant s’approprier le monde. Le siècle s’amorçant semble bien morne, gris et vide en comparaison. Que diriez-vous à un jeune idéaliste pour lui remonter le moral ?

Que le monde marchand craque de toutes parts, qu’il est en train de s’effondrer en entraînant tous ceux qui s’attachent à lui, même en le combattant. Je veux dire qu’au lieu de rabâcher les mêmes critiques désespérées, il est temps de jeter les bases d’une société nouvelle, de construire l’autogestion en nous emparant des énergies alternatives et en les mettant au service des collectivités refusant d’avoir des comptes à rendre aux gestionnaires de la faillite mondiales et aux escrocs dont le pouvoir n’a d’autre soutien que la passivité et la résignation des masses. Ce que nous devons redécouvrir c’est notre propre inventivité, c’est la conscience de notre richesse créative. Il faut cesser de geindre sur ce qui nous déconstruit et rebâtir notre vie individuellement et collectivement.

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Dans Entre le deuil du monde et la joie de vivre, vous citez notamment l’expérience libératrice de la guerre d’Espagne. Vous étiez à Oaxaca en septembre 2006 : était-ce aussi l’un de ces moments de grâce et de vie ?

En dépit de la répression meurtrière, des exactions et des tortures, la résistance n’a pas cessé à Oaxaca. Le feu est entretenu sous la cendre. Le mouvement des barricadiers, des libertaires et des communautés indiennes s’est débarrassé des ordures gauchistes – lénino-trotskysto-maoïstes – qui prétendaient récupérer le mouvement. Les choses sont claires et quand le combat reprendra, il sera sans crainte et sans ambiguïté.

En revanche, en Europe, où l’on ne fusille plus personne, ce qui domine c’est la peur et la servitude volontaire. Le système financier s’écroule et les gens sont encore prêts à payer leurs impôts pour renflouer les caisses vidées par les escrocs qu’ils ont portés à la tête des Etats. Ici, à la différence d’Oaxaca, les citoyens élisent le boucher qui les conduira à l’abattoir.

Dans le même esprit, que pensez-vous des textes d’Hakim Bey, cette idée que la liberté ne se trouve plus que dans des « zones d’autonomie temporaires » crées pour un temps sur internet, dans des manifs ou lors de fêtes illégales. L’homme libre d’aujourd’hui est-il un pirate occasionnel, surgissant quand l’occasion se présente ?

Je n’ai jamais confondu révolte et révolution, et moins encore émancipation et prédation. Le défoulement est un hommage au refoulement. L’émeute est un exutoire, la révolte est toujours récupérable. Les collectivités autogérées ne le seront pas. Nous ne sommes ni des pirates, ni des en-dehors, ni des marginaux, nous sommes au centre d’une société solidaire à créer et, que nous le voulions ou non, il faudra bien que nous apprenions à opposer une démocratie directe à cette démocratie parlementaire, clientéliste et corrompue qui s’effondre avec les puissances financières qui la soutenaient et la dévoraient.

A lire votre dernier ouvrage, on comprend que la solution ne peut être globale, mais trouvée en chaque individu. N’est-ce pas un élitisme trompeur, tant les hommes se révèlent plus souvent décevant qu’enthousiasmant ?

Quel homme ? L’arriviste, l’homme de pouvoir, le crétin autoritaire, assurément. Mais ceux qui veulent vivre humainement ne constituent pas une élite, ils ne sont pas des exceptions. Certes, les informations n’en parlent pas, le spectacle les ignore, mais il y a un autre monde que celui de la publicité et de la propagande journalistique, non ? Partout des collectivités se forment. Ce qui s’esquisse là, parfois avec maladresse et confusion, c’est un mode de vie véritablement humain, en rupture totale avec le monde marchand.

Une relecture du dernier livre vous le confirmera : pour moi, la solution ne peut être que globale et locale, collective et individuelle. Le bonheur d’un seul est solidaire du bonheur de tous. Le désespoir est la meilleure arme de nos oppresseurs.

Vous écrivez : « Je ne prophétise pas une brusque détente du vivant trop longtemps comprimé, je mise sur une échéance secrètement apprêtée, j’aiguise par avance cette conscience qui, en dépit d’interminables régressions léthargiques, lui imprimera son sens humain. » Est-ce à dire qu’il va nous falloir prendre notre mal en patience encore longtemps ?

Le désir d’une vie autre est déjà cette vie-là. Survivre, c’est prendre son mal en patience. Mais tenter de vivre le plus heureusement possible est ce qui assure le plus sûrement de dépasser la survie. Il ne s’agit pas consommer du bonheur de supermarché, mais de créer pour soi et pour tous un espace et un temps affranchis de l’emprise de la marchandise. Le bonheur est un combat, non une denrée.

Ne jamais adhérer, ne jamais abdiquer, seulement vivre la tête haute et le coeur en paix, est-ce là le seul mot d’ordre ?

Donner un mot d’ordre, c’est faire peu de cas de l’autonomie et de l’intelligence individuelles. Ce que je souhaite, c’est une prise de conscience de nos propres capacités, c’est une volonté de miser sur ce qu’il y a en nous de vivant et d’humain

Le situationnisme a t-il jamais été plus actuel qu’aujourd’hui ?

En guise de réponse, je vous communique un petit tract rédigé lors des commémorations que vous savez :

Mise au point

Au silence qui, pendant près de quarante ans, a maintenu l’Internationale situationniste dans l’ostracisme a succédé le vacarme de sa récupération mondaine. Le situationnisme triomphe. Il a son marché, ses modes, ses thuriféraires et ses contempteurs. Son histoire est partout exposée, dans les amphithéâtres de la culture, comme une dépouille inanimée mais, par un piquant renversement, ce sont des cadavres qui l’examinent et le contemplent.
Dès le début, les situationnistes ont mis en garde contre le situationnisme, idéologie, catégorie spectaculaire, mensonge du vivant arraché à sa radicalité. De sorte que le situationnisme a réussi à être partout dans le spectacle, alors que les situationnistes n’y sont nulle part. C’est toujours aussi clandestinement que la somme des pensées mises à jour par les situationnistes commencent à se frayer un chemin et à effleurer les consciences en brisant peu à peu l’obscurantisme dominant.
Quel est l’état du monde ? Le nihilisme est la philosophie des affaires et du profit à court terme. Le vieux capitalisme n’entreprend plus rien, mieux, il sacrifie à la spéculation boursière l’industrie et les services publics qu’il se glorifiait hier de promouvoir. Le fétichisme de l’argent établit, plus qu’une complicité, une communion d’esprit entre l’abruti qui agresse les pauvres, brûle une école, une bibliothèque et la brute affairiste qui accroît ses bénéfices en détruisant le bien public. Moins le travail est utile, plus il a d’affidés. Les démocraties corrompues sont obsédées par le despotisme oriental colmatant ses lézardes avec la peur de la femme et les hantises du patriarcat aux abois. Sous le pressoir oecuménique de la marchandise, les religions se vident de leur substance dogmatique et rythment de leurs soubresauts une danse macabre partout réorchestrée pour galvaniser les adeptes de la mort. Il n’y a plus ni idées ni croyances qui ne se trouvent dénuées de sens, éviscérées, réduites à cet état de charogne emblématique, à quoi se rallient si aisément les foules galvanisées par la haine, le désespoir, l’ultime prédation, la quête frénétique d’un emploi d’esclave sur le marché du travail… Et si néanmoins la volonté de vivre soudain balayait de sa vague ces ruines où végète amèrement l’inexistence ?
La pensée situationniste n’est pas un défi mais un pari, elle qui a proclamé : c’en est fini de l’exploitation de la nature, c’est est fini du travail, de l’échange, de l’appropriation, de la séparation d’avec soi, du sacrifice, de la culpabilité, du renoncement au bonheur, du fétichisme de l’argent, du pouvoir, de l’autorité hiérarchique, du mépris et de la peur de la femme, de la subornation de l’enfant, de l’ascendance intellectuelle, du despotisme militaire et policier, des religions, des idéologies, du refoulement et de ses défoulements mortifères !

La vie a tous les droits, la prédation n’en a aucun.



1 Ce détournement d’une BD de Manara est une création de l’ami Tristan, cheville artistique d’Article11. Vous pouvez aussi retrouver son travail sur son blog, hop !

2 Cet entretien s’intègre dans une série de billets qu’Article11 est bien décidé à livrer sur le situationnisme et son actualité. Après Piet de Groof, Raoul Vaneigem donc. La suite dans quelques jours ou quelques semaines.

3 L’entarteur belge s’était longuement confié à Article11. Ceux qui n’auraient pas lu son interview peuvent la consulter ici.


COMMENTAIRES

 


  • mardi 14 octobre 2008 à 02h27, par Le pithécanthrope

    Excusez moi chère charançon, moi qui ai lu Vaneigem plus que mon saoul (vous savez, il est un peu et même beaucoup de chez nous) j’ai à présent l’humeur hargneuse, ou chagrine… Non, je ne sais pas.

    Voyez-vous, c’est que hier, le 12 octobre 2008, un jeune homme c’est pendu. .

    Ce jeune homme était enfermé dans un centre de rétention à 10 minute en voiture de mon domicile (d’ailleurs, c’est stupide ce que je dis, qu’il ai été enfermé à quelques kilomètres de chez moi ou à des milliers, cela ne change rien du tout).

    Un de plus, là ou ailleurs, c’est un de plus.

    En fait, j’éprouve une sorte de dégout, un sentiment de… Je ne sais pas.

    Pourtant, j’ai souvent signalé ce genre de fait sur mon blog, vous savez, lorsque qu’une envie ou plutôt une rage vous prend aux tripes et que ce tremblement incontrôlable vous pousse à révéler ce que les larmes ne pourrait exprimer…Ce qui est devenus si banal, si normal, si immonde… Si banal.

    Raoul Vaneigem a dit : « Ce sera maintenant ou jamais ».

    J’aimerai tant philosopher à coup de citations, mes tiroirs débordent de citations.
    Mais « maintenant », maintenant, si cela ne cesse pas, si cette mort dégueulasse ne cesse pas, si cette mort qui jour après jour … Chaque jours plus dégueulasse ne cesse pas, en quoi voulez vous que « maintenant » ou « jamais » m’intéresse.

    Je n’ai que faire du « demain ». Je n’ai que faire du « c’en est fini de… »

    Maintenant ? C’est maintenant que je veux que cela cesse… Comprenez-vous ? Bien sûr que vous me comprenez, tout autant que les lecteurs de ce site…Nous nous comprenons tous… Rien n’est fini face à la haine… quelque soit la manière … Rien n’est fini.

    E.P

    • Vous dites fort bien ces choses si tristes. Et je comprends votre dégoût, votre colère, votre patience fatiguée. Votre rage, plutôt.

      Mais…

      Si même Raoul Vaneigem ne peut vous insuffler un peu d’espoir, je ne sais quoi vous dire. Lui croit encore à l’homme et à l’espoir (je ne vous apprends rien puisque vous avez lu ses textes à satiété). Mais j’imagine fort bien qu’il est des moments où il devient de plus en plus difficile de penser que les choses arrêteront d’empirer.

      Je vous dirais bien de retrouver confiance, mais rien ne m’y autorise. Je vous suggérerais bien des actions explosives, mais ce serait une erreur. Alors ? Relire Vaneigem en descendant une bouteille de vin.

    • mardi 14 octobre 2008 à 18h18, par pièce détachée

      Sylvie l’avait recueillie en bas du nid, toute petite, et baptisée Paula. Paula la pie posait dans nos cheveux des miettes de pain, de tabac, de coppa des montagnes corses, pour les picorer à son aise. Elle ne détestait pas jouer avec les chats, ni tremper le bec dans un verre de Monthélie ou une coupe de cerises à l’eau-de-vie. Elle dormait dans les plis des rideaux et parlait du haut des arbres. Elle parlait aussi aux voisins.

      Certains n’ont pas aimé cela. « C’est que, voyez-vous », dirent les patrons du gîte rural, « nos clients paient un certain prix pour prendre le petit déjeuner en paix sur la terrasse ». — « C’est que », répondait Sylvie, « il est si rare dans la vie d’avoir un ami oiseau ».

      Paula a été assassinée d’une volée de plomb à bout portant.

      « Un certain prix », l’ami oiseau. « Avoir la paix », à bout portant.

      Un jeune homme s’est pendu.

      C’étaient deux vies très différentes ; une même haine cherche ses prochaines cibles.

      Le boucher.

      La boucherie.

      Le boucher.

      Le mouroir aux hommes, aux pies, aux alouettes.

      Non, ça n’est jamais fini.

      • mercredi 15 octobre 2008 à 13h28, par JBB

        J’ai rarement lu mots si bien tournés pour dire ces horribles choses-ci. Ce ne serait sur un sujet aussi grave, je céderais à l’enthousiasme et vous applaudirais. Mais là, ce serait de très mauvais goût.



  • Putain c’est trop bon de lire ça ! Merci.

    • mardi 14 octobre 2008 à 13h39, par JBB

      Je trouve aussi. Merci à lui.

      • mardi 14 octobre 2008 à 18h31, par pièce détachée

        Excusez-moi : j’ai mal placé mon commentaire ci-dessus, ce qui fait que celui de wuwei semble en faire l’éloge. C’est bien sûr E.P. que nous nous remercions tous.

        • mercredi 15 octobre 2008 à 11h43, par Le Pithécanthrope

          Bonjour.

          C’est à moi de vous remercier tous.

          @ JBB, pour ce qui est du bon vin, je compte suivre votre sage conseil dés ce soir et lèverai mon verre à votre santé ainsi qu’à celle d’Article11 (Même si, je l’avoue, je suis un peu jaloux de la superbe photo en pied du vieux Buk sur votre page d’accueil !)

          @ Pièce Détachée, votre texte est très beau.

          Merci encore et à bientôt.
          _ E.P

          • mercredi 15 octobre 2008 à 13h26, par JBB

            Nous trinquerons symboliquement ensemble, alors.

            (La photo a été trouvée par Lémi, qui a le chic pour dénicher ces choses-là. Quant à Hank, je suis heureux de voir que vous l’appréciez à sa juste valeur. Ce vieux salopard était le meilleur.)

            • mercredi 15 octobre 2008 à 13h57, par pièce détachée

              @ E.P. Ce que « mon » texte peut avoir de « très beau », il le doit au mouroir aux alouettes de JPP qui, conjugué à votre propre texte, a fait frémir le souvenir de Paula la pie au corps plumeux. « Écris ! » m’a dit Paula.

              Tout cela s’est croisé en un point qu’il n’est finalement pas si mal d’appeler « pièce détachée ». Tout cela repart fureter, un verre à la main. Tchin !

              • mercredi 15 octobre 2008 à 14h03, par pièce détachée

                Pas JPP. JBB, bien sûr.



  • jeudi 16 octobre 2008 à 22h43, par Guy D.

    Pour découvrir l’IS et son parcours, lisez par exemple « La critique situationniste ou la praxis du dépassement de l’art », à lire en ligne ici :

    https://infokiosques.net/imprimersa...

    Et à télécharger en PDF imprimable là :

    https://infokiosques.net/IMG/pdf/Cr...

    Voir en ligne : https://infokiosques.net/situationnistes_et_apparentes

    • jeudi 23 octobre 2008 à 13h59, par herr grimaud

      Merci bien, cher ami

      Je connaissais pas ce site, il est très bien, notamment dans les thèmes et les fiches pratiques, il y a des trucs tout à fait intéressants.

      Amicalement



  • Que les oppresseurs le croient et s’emploient à le faire accroire aux opprimés, c’est évident : du « Rendez-vous, vous êtes cernés ! » au tristement célèbre « Nous avons les moyens de vous faire parler », c’est en persuadant les opprimés qu’ils n’ont rien à espérer que le pouvoir étouffe le plus sûrement toute révolte dans l’œuf. Mais on parle d’autre chose ici. Révoltes, émeutes sont, dit Raoul Vaneigem, des exutoires, qui comme le carnaval mettent l’espoir aux abris : une parenthèse s’ouvre, un cri collectif est proféré, la parenthèse se referme et on regarde ce que ça a changé. Dans la révolte, on se garde bien de tout mettre en jeu, on préserve ses arrières, on donne encore une chance aux oppresseurs de comprendre, à l’avenir de s’amender. En situation révolutionnaire, on n’en est plus là.

    Et c’est précisément quand une population n’a plus rien à perdre, plus rien à espérer, qu’elle peut se jeter à corps perdu dans une lutte totale visant au désordre maximal. Qu’il y ait dans toute révolution des individus pleins d’espoir, de visions d’avenir et d’ambitions personnelles, certes. Mais les masses que les Danton, les Desmoulins, les Robespierre mettent en branle en sont arrivées à ce point de désespoir où n’importe qui pourrait se jeter à l’eau d’un bateau qui coule, ou par la fenêtre d’un gratte-ciel en flammes. Prendre d’assaut la Bastille, s’attaquer aux lieux et symboles du pouvoir, renverser le tyran (« meurtre du père »), c’est clamer qu’il n’y a plus rien à sauver. Que dans ces circonstances des personnalités se révèlent pour donner un sens historique à ce qui ressemble à un suicide collectif*, c’est peut-être ce qui transmue l’agitation généralisée en révolution. Mais celle-là n’est pas possible tant que les foules continuent d’espérer tant soit peu.

    Heureusement, les oppresseurs sont idéologiquement moins armés pour se prémunir d’une révolution que pour étouffer les révoltes. Tuant l’espoir partout où il fleurit, ils préparent sans le savoir le grand jour où il n’y en aura plus nulle part !

    Allégorie du poussin qui casse sa coquille, du fœtus qui perce le placenta : qui saura lire dans ses « pensées » à l’instant où, étouffant au cœur du système qui l’a nourri et protégé jusque-là, il entreprend de le briser ? Où est le moteur ? Dans l’espoir d’un ailleurs inimaginable, ou dans le désespoir suicidaire du « plus rien à perdre » ?


    * Du même ordre, mais conduits par des visions d’illuminés, les suicides collectifs du Temple solaire, de Raël et autres sectes dont j’ai oublié le nom. Voir comment tout espoir individuel est préalablement proscrit dans ces structures.

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