ARTICLE11
 
 

vendredi 12 novembre 2010

Textes et traductions

posté à 15h55, par Serge Quadruppani
24 commentaires

Riot in the UK
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C’était mercredi à Londres, sur le trajet d’une manifestation contre le triplement des frais universitaires : des milliers de jeunes s’en sont pris au siège du Parti conservateur, l’investissant et procédant à de menues dégradations. Une action d’autant plus jubilatoire qu’elle a été assumée - en un texte publié hier - par une partie des organisateurs de la manif. Traduction.

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Étudiants sur le toit du siège du Parti conservateur - image piquée au Guardian, ICI. Crédit Peter Macdiarmid/Getty Images

Ne boudons pas notre plaisir. Même s’il n’est guère dans les habitudes de ce site de publier des pétitions signées de dirigeants étudiants, celle-ci (traduite ci-dessous) mérite qu’on fasse une exception. Les responsables de syndicats étudiants britanniques (y compris les organisations spécifiques de lesbiennes-gay-bi-transgenres et de blacks) - auxquels se sont adjoints des intellos, dont Naomi Klein, des dirigeants syndicalistes et une députée du Green Party - y appellent en effet à conserver l’unité du mouvement après la grosse manifestation du 10 novembre à Londres contre le triplement des droits d’inscription à l’université. Ils affirment en particulier leur soutien aux personnes arrêtées après l’occupation du siège du Parti conservateur et la « casse » qui l’a accompagnée.

Le parallèle avec la France est ici particulièrement marquant : imagine-t-on les zombies de l’Unef appeler à soutenir les « casseurs » ou présumés tels ? Aucun risque... Eux préfèrent cadenasser les manifestations, faire donner leur service d’ordre à la moindre occasion, puis condamner par communiqué toute « violence » éventuelle.

Dernier point frappant, l’évocation par les auteurs de ce texte des mouvements en Grèce et en France. Une référence donnant le sentiment que l’Europe de la rébellion n’est plus une utopie hors de portée.1

Si vous avez - vous aussi - aimé les images de cette révolte, et les déclarations qui l’ont accompagnée, sachez que le mouvement lancé en Grande-Bretagne ne va pas s’arrêter là : d’autres manifs et « actions directes » sont prévues dans quinze jours. D’ici-là, certains préviennent : «  Vous n’avez encore rien vu. »

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Pour lire l’appel en v.o. et suivre le mouvement, c’est ici.
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Nous avons besoin d’unité

« La manifestation nationale de mercredi organisée par le NCUS/UCU2 qui a mobilisé 50 000 personnes a été une magnifique démonstration de force en réponse aux attaques sauvages des conservateurs et démocrates contre l’éducation. Les tories veulent opérer d’énormes coupes, introduire des droits d’inscription de 9 000 livres et des coupes dans l’EMA (système de financement des études N.d.T.). Ces attaques vont fermer les portes de l’éducation supérieure et de la formation continue à des générations de jeunes.

Durant la manifestation, plus de 5 000 étudiants ont montré leur détermination à défendre l’avenir de l’éducation en occupant le quartier général du parti conservateur et sa cour pendant plusieurs heures. L’humeur était à la gaieté, avec des slogans, des chants et des feux. Mais 32 personnes au moins sont maintenant arrêtées, et la police et les médias semblent sur le point de lancer une chasse aux sorcières condamnant des manifestants pacifiques présentés comme « criminels » et « violents ».

On fait beaucoup d’histoires pour quelques vitres cassées durant la manifestation, mais les vrais vandales sont ceux qui mènent une guerre contre notre système éducatif.
Nous rejetons toute tentative de caractériser l’occupation de l’immeuble Millbank comme minoritaire, « extrémiste » ou non-représentative de notre mouvement.
Nous saluons le fait que des milliers d’étudiants ont voulu envoyer aux Tories le message que nous nous battrons pour gagner. Les occupations sont une longue tradition établie dans le mouvement étudiant, et devraient être défendues. C’est ce genre d’actions en France et en Grèce qui ont été une inspiration pour beaucoup d’ouvriers et d’étudiants en Grande-Bretagne, confrontés à une énorme attaque contre l’emploi, les prestations sociales, le logement et le secteur public.

Nous sommes aux côtés des manifestants, et de quiconque subit une répression à cause de la manifestation. »

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Intermède musical



1 Note Article11 : il nous reste à nous mettre au diapason : n’y a t-il pas un siège de parti politique rue de la Boétie ?

2 Note du traducteur : « officer », ça veut juste dire qu’ils occupent des fonctions dirigeantes dans le syndicat. NUS : Syndicat étudiant national. NEC : Comité nationale exécutif. ULU : Syndicat de l’université de Londres. UCU : Syndicat des universités et « colleges » - enseignement supérieur, rien à voir avec le collège français.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 12 novembre 2010 à 17h43, par wuwei

    les zombies de l’Unef

    Sauf qu’un zombie se tient encore debout ! Tandis que pour les caciques de l’UNEF ?

    En tout cas je ne boude pas mon plaisir de voir que Outre-Manche il y en a qui ont encore la capacité de se révolter. Parce que depuis cette Salope de Thatcher et les larves de Major,Blair et Browm j’avais l’impression que plus rien ne se passerait chez eux.

    • vendredi 12 novembre 2010 à 18h00, par un-e anonyme

      ah OK

      l’music c’est pour réveiller l’UNEF,

      ça m’étonnait aussi que SQ écoute ça.



  • vendredi 12 novembre 2010 à 19h28, par un-e anonyme

    « Aaron Porter, président du Syndicat national des étudiants (NUS), a été prompt à se démarquer des fauteurs de trouble, en déclarant »condamner totalement les violences« survenues à l’issue de »la manifestation pacifique« . »

    Voir en ligne : http://www.google.com/hostednews/af...

    • vendredi 12 novembre 2010 à 19h54, par un-e anonyme

      normal
      ils vont pas se laisser emmerder par les rassemblements Halloween, non mais alors !

    • vendredi 12 novembre 2010 à 21h00, par un-e anonyme

      Effectivement, sur la page officielle du NUS (ici), Aaron Porter le président se désolidarise totalement des « fauteurs de trouble ». Par ailleurs, les indications concernant de qui provient cette page se déclarant solidaire ne sont pas claires du tout.

      En fait, les anglais sont comme nous, les élus ne sont absolument pas prêt à mouiller la chemise et à risquer leur carrière pour défendre les intérêts de ceux qu’ils sont censés représenter.



  • vendredi 12 novembre 2010 à 21h04, par namless

    “Avec cette culture du blocage, ne craignez-vous pas d’être la risée de l’Europe ?” demanda le larbin cathodique.
     × eh ben, non ! Suffit de regarder ... et d’écouter. Même les slogans sont repris en français dans le texte !

    Bien, l’intermède musical ...

    • vendredi 12 novembre 2010 à 22h32, par Quadru

      Oui, le grand chef du syndicat, un adhérent du parti travailliste (ça nous rappelle quelque chose, comme des dirigeants de l’Unef adhérents du PS…) s’est totalement démarqué. Il y a un article rigolo dans le Guardian, où le journaliste raconte que pendant qu’il déclarait devant les télés que l’occupation de la Milbank était le fait d’une minorité, on voyait derrière lui la foule de milliers d’étudiants qui envahissaient la tour et quand on le lui a fait remarqué, le moulin à parole s’est bloqué quelques instants. voir ce très intéressant article r :
      http://www.guardian.co.uk/politics/...
      L’important est qu’un bon nombre de responsables étudiants et de syndicalistes ont affirmé leur soutien aux gens poursuivis et la nécessité de l’unité. Voyez la liste des signatures sur le site indiqué.

      Voir en ligne : http://quadruppani.samizdat.net/ ht...

      • samedi 13 novembre 2010 à 08h15, par un-e anonyme

        les dirigeants de l’UNEF adhérents au PS devraient prendre exemple sur Gérard Filoche.

        Est-ce que Gérard Filoche s’occupe de son parti, lui ?

        absolument pas.

        • samedi 13 novembre 2010 à 11h25, par sabotage@beastie.eu

          UMP rue de La Boétie, le pauvre Etienne, doit se retourner dans sa tombe... inversion des valeurs et des symboles afférants quand tu nous tiens...

        • mercredi 17 novembre 2010 à 12h22, par un-e anonyme

          je ne sais pas...par contre, je sais qu’il a engendré une bonne portée de petits bureaucrates, Germain ou Léa, qui squattent l’UNEF...

      • samedi 13 novembre 2010 à 12h32, par un-e anonyme

        Moui bon, c’est des syndicats... où est la surprise ? On trouve des authentiques révolutionnaires à la CFDT, on trouve des membre de l’UMP à la direction de certaines sections de FO. Et les pratiques des directions respectives n’ont encore rien à voir. Encore une fois : depuis quand attend-on quelque chose des directions syndicales ? Évidemment que les syndicats anglais sont liés au parti travailliste, encore plus qu’en France d’ailleurs et pour une simple raison : les syndicats ont fondés le parti travailliste ! Mais c’est pas la question centrale, et il serait temps d’arrêter de s’en étonner à chaque fois.

        La question centrale c’est : voilà la base étudiante qui se réveille. Doucement, très doucement, mais elle se réveille. Surtout en Grande-Bretagne, ça a quelque chose d’assez exceptionnel (il faut avoir discuté avec des militants étudiants britanniques pour se rendre compte du désert politique dans lequel ils évoluent, et l’impossibilité de mobiliser qui que ce soit en temps normal), et ça fait chaud au cœur. Maintenant, sincèrement, les étudiants qui se mobilisent aujourd’hui en Grande-Bretagne, c’est pas vraiment ça qu’on attend avec le plus d’urgence, et ça reste hyper-minoritaire. C’est bien... mais faut pas que ça cache trop la réalité.

        Que font les travailleurs et les chômeurs face aux mesures du gouvernement s’approchant des travaux forcés ? Que font les travailleurs et les chômeurs face à la suppression de 500 000 postes dans la fonction publique (en particulier locale) ? C’est là qu’on peut s’inquiéter du manque de réaction (pas aidé certes par les directions syndicales qui, comme en Espagne, appellent à une manif’ six mois après l’annonce du plan de rigueur...). Et ça me semble en l’état bien plus important que ces quelques « images de révoltes », qu’on a pu « aimer » (mmh miam, on en reprendrait derrière l’écran). Enfin bon, observons, mais ne voyons pas les choses plus belles qu’elles ne le sont réellement.

        • samedi 13 novembre 2010 à 13h03, par Quadru

          En réponse au message de 12:32
          J’imagine que tu ne me prêtes pas d’illusions sur les syndicats et les syndicalistes, cependant le fait que des responsables aient pris cette position est suffisamment inattendu pour être signalé.
          Tu as raison, l’essentiel est dans le réveil d’une combattivité du côté étudiant. Mais nous n’avons sûrement pas le même point de vue sur la place des étudiants dans la société d’aujourd’hui, pour que tu trouves ça, somme toute mineur. Tu as raison aussi : pour l’instant, l’inertie du reste de la société britannique devant l’offensive des conservateurs est préoccupante, mais comme il semble que les images grecques et françaises aient réveillé les étudiants anglais, on peut se prendre à espérer qu’elles réveilleront la combattivité d’autres catégories. Ce qui circule qui incite à la révolte, ce n’est pas seulement des idées, des théories, c’est aussi des images : n’en déplaise aux sectaires post-situs, l’image dans le monde contemporain a un statut et un rôle ambiguë, elle n’est pas toujours simple « spectacle », incitation à la passivité. A travers les milliers d’images de révolte qui circulent se construit AUSSI le récit de l’insubordination mondiale.
          Je n’invite personne à consommer passivement de la révolte derrière son écran, comme tu as l’air de le suggérer, j’invite juste à ne pas se refuser le plaisir de constater qu’il y a de la rébellion ailleurs et de voir que c’est beau. Marmonner « moui bon… » avant de dévider la liste des limites de la lutte pour laquelle d’autres ont eu la mauvaise idée de s’enthousiasmer, c’est une réaction que je connais par coeur, c’est celle des milieux « ultrgauches » et « radicaux », ça fait partie des raisons pour lesquelles je m’en tiens désormais à distance raisonnable. Je pense qu’on doit pouvoir s’enthousiasmer tout en gardant son esprit critique et sa lucidité. L’esprit critique qui jamais ne s’enthousiasme, c’est typique d’un certain radicalisme en pantoufle qui trouve que rien n’est jamais assez radical pour que ça vaille la peine de s’y mêler - mais je ne dis évidemment pas que c’est ton cas, je ne te connais pas !

          Voir en ligne : http://quadruppani.samizdat.net/ ht...

          • samedi 13 novembre 2010 à 20h13, par un-e anonyme

            oh putain
            y’a censure ici

            eh dis Sergio, en fait, t’attends gentiment l’exctinction de l’espèce, c’est ça ?

            • samedi 13 novembre 2010 à 20h27, par JBB

              Censure que dalle.

              Si tu n’es pas capable de t’exprimer sans traiter ton interlocuteur de « larve », c’est évident que ton commentaire saute. Ça me paraît juste normal.

              Sur ce...

              • samedi 13 novembre 2010 à 20h39, par un-e anonyme

                bonsoir JBB

                bien reçu ton magazine.

          • mercredi 17 novembre 2010 à 19h11, par 12:32

            T’as bien raison sur l’essentiel des critiques que tu me fais, Serge. Mon message est un peu expéditif. Tant pis. Bon, quelques petites choses. Je crois pas que les étudiants jouent un rôle « mineur » (même s’il ne peut être central à mon sens...), mais je notais juste qu’aujourd’hui ça reste très minoritaire, y compris parmi les étudiants. Ça n’en est pas moins hyper intéressant, vu de là où on part (j’ai déjà dit ça). Disons que je te répondais pas forcément à toi en particulier, je rebondissais plus largement... parce que j’en entendais déjà certains qui voyaient les étudiants britanniques se soulever en masse (les mêmes qui croient faire vivre un mouvement étudiant en étant 40 mobilisés jour et nuit dans la seule optique de bloquer une fac entière - parce que l’énergie qu’on peut déployer a des limites aussi, et bloquer c’est crevant -, sans se demander pourquoi on se retrouve à 40, et sans accepter de repousser le blocage pour le moment ou on sera nombreux, et commencer par rameuter et convaincre du monde). Bref, pas d’illusions. Ce qui n’empêche pas de soutenir le bordel ! Sur les images, t’as raison sans doute, j’y ai jamais vraiment réfléchi, mais je croyais justement que par ici on aimait bien tout ce qui était situ, spectacle, etc. Du coup je trouvais rigolo de le soulever rapidement, mais bon c’était plus de la provocation qu’autre chose. Pas malin peut-être. Quand même, je crois pas que les « images grecques et françaises » aient réveillées quoi que ce soit, même si ça doit faire du bien au moral partout où elles passent.

        • jeudi 2 décembre 2010 à 18h04, par Captain NEMO

          Et si tout bonnement les travailleurs et les chômeurs n’avaient plus envie de se bouffer la vie ou tout au moins qu’une bonne partie tentent de se fabriquer un ailleurs ,sans grands discours ,dans la débrouille ,comme ca le nez en l’air.

    • samedi 13 novembre 2010 à 11h21, par sabotage@beastie.eu

      Ils saccagent nos vies, saccageons les ! Au siège de l’UMPS et du MERDEF et leurs organes de propagandes, TF1, M6, France 2,3 etc etc etc, Europe 1, RTL et j’en oublie !! Des exemples à suivre ces Anglais, assurément !!

      • samedi 13 novembre 2010 à 16h27, par H2

        RMC tu as oublié RMC avec « les Grandes Gueules d’extrême droite » qui pisse leur venin 5 jours sur 7.



  • samedi 13 novembre 2010 à 12h50, par un-e anonyme

    Dommage de ne pas donner de liens vers le site alternatif Indymedia Londres (très bien fait à la différence des Indys francophones), qui contient de nombreuses photos, vidéos et résumés de la situation : voir notamment Millbank Occupied as 50,000 Protest Education Cuts.

    • samedi 13 novembre 2010 à 17h50, par Quadru

      Merci pour le lien, effectivement indispensable, pour les infos et les images. On y apprend que des flics ont dit à un journaliste que les jeunes avaient raison et qu’un employé de la Millbank a ajouté « ce n’est qu’un début », en français dans le texte.
      On y apprend aussi (en tout cas je l’ignorais) qu’il y a eu un mouvement semblable en Irlande le 2 septembre, avec grosse manif et occupation du ministère des Finances par 3000 étudiants.



  • mercredi 17 novembre 2010 à 18h27, par Miss Bretzel

    En passant : un rassemblement est prévu demain 18h place de la Sorbonne en solidarité avec le mouvement étudiant brit’ : plus d’infos ICI

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