samedi 9 février 2013
Vers le papier ?
posté à 21h40, par
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Cela fait dix ans que le mensuel CQFD montre les crocs en kiosques, la bave aux babines et le drapeau noir à la patte. Dix ans qu’on le lit, qu’on le discute, qu’on le fait tourner. Mais si le journal marseillais fait partie du paysage, ça fait aussi un bail qu’il galère, finances en berne. Aujourd’hui, il en appelle à ses lecteurs. Une démarche qui se généralise dans la presse indépendante.
C’était il y a près de trois ans, en terre marseillaise, une sympathique rencontre avec une partie de l’équipe de CQFD, dans leur antre de la rue Consolat1. Ils parlaient, on écoutait, nos studieux carnets de reporters à la main. Cela avait donné lieu à un entretien publié sur A11, « Ne pas stagner, ne pas s’emmerder, ne pas ronronner ». Entre autres considérations sur la presse libre, les disciples du chien rouge y revenaient sur leurs problèmes de trésorerie, cette caisse presque toujours vide malgré les serrages de ceinture et les économies de bout de ficelle, et sur l’appel aux lecteurs à laquelle cette « pauvreté » chronique les avait contraint.
« En septembre 2008, quand on a lancé l’opération « l’abonnement ou l’abandon » pour décrocher 2 000 abonnements supplémentaires, on était un peu à bout. On fatiguait vraiment, ça faisait six ans qu’on faisait ce canard et on commençait à en avoir marre d’être dans la mouise. Bref : on avait vraiment besoin de ce soutien.
Et ça a marché. Bien marché, même : on a eu à peu près ces 2 000 abonnements supplémentaires qu’on demandait. En trois mois ! [...] À l’époque, ça nous a regonflé. Financièrement, bien entendu. Mais aussi parce que nous avons reçu pleins de mots de soutien, d’encouragements.
[...]
Mais nous n’allons pas non faire tous les ans le coup de « on arrête », ça deviendrait lassant… Ça me rappelle Politis quand j’étais gamin : à une époque, tous les six mois, ils lançaient un appel en disant « Politis va mourir ».
Le truc, c’est qu’on pense faire un canard qui n’est pas trop mal - enfin, on le voit comme ça. Et que ça a un côté désolant de constater, bon an mal an (ou bon numéro mal numéro), que nous plafonnons au mieux à 6 000 exemplaires. Ce n’est pas une question de pognon, mais plutôt d’intérêt suscité. Au fond, la vraie question est celle-ci : pourquoi n’y a t-il pas plus de gens qui s’intéressent à notre journal ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à toucher davantage de gens ? A un moment, cela aussi fait partie de la fatigue, du malaise. »
En exhumant ces lignes datant de 2010, on ne cherche évidemment pas à pinailler en les confrontant à celles qui suivent en bas de cette introduction, cet appel aux lecteurs que lance à nouveau un CQFD aux abois. Bien au contraire. Simplement, cette redite a valeur d’illustration parfaite d’une situation dépassant le cas du canard marseillais. Parce que ce qui vaut pour eux vaut pour d’autres canards indépendants, voire pour l’écrasante majorité2. Par la force des choses, ce que souligne François Ruffin dans le dernier numéro de Fakir : « C’est toute la presse qui en prend plein la tronche, ces temps-ci. Des points de vente qui ferment par centaine, d’autres d’où on est virés parce que trop petits : rude bagarre. »
Ce que dit finalement cet appel lancé par un titre emblématique, réalisé de manière bénévolo-ascétique et disposant d’un lectorat à peu près stable ? Simplement qu’il n’est quasiment plus possible de proposer sur le long terme un canard libre et radical en kiosques sans appeler de temps en temps à la rescousse son lectorat. Parce que l’indépendance ne se paye pas au prix du marché. Ni pour celles et ceux - bénévoles - qui font vivre le journal. Ni pour celles et ceux - payants - qui mettent la main à la poche pour le lire.
La preuve ? CQFD n’est pas le seul à demander à ses lecteurs un petit effort financier. De loin. Il y a un an tout juste, c’était les amis de La Brique qui lançaient un appel au soutien (titré « Pour 3 000 dollars de plus » et relayé notamment sur A11). « La Brique publie aujourd’hui un appel à souscription, forcée de constater que les dernières soirées de soutien ne lui ont pas permis de rentrer dans ses frais. Concrètement, notre vilain petit canard a besoin de 3 000 euros pour poursuivre ses activités », écrivaient les Lillois, désolés d’en arriver à une telle extrémité. Et de souligner : « Dans notre fonctionnement, seules les ventes du journal nous financent, garantissant ainsi notre indépendance éditoriale. Mais on a beau vendre presque 1 000 exemplaires du canard à chaque numéro, entre les 30 % que nous prennent Prestalis et les frais d’impression, les factures téléphoniques et l’abonnement internet, le compte n’y est pas : les ventes ne sont jamais suffisantes pour payer nos impressions. »
Semblable problème pour Le Tigre, qui sonnait le tocsin auprès de ses lecteurs en décembre 2011 : « Actuellement, 90 % des recettes du Tigre proviennent de ses ventes, les 10 % restants émanant de subventions publiques (aide aux revues de la Région Île-de-France et du Centre national du livre). Journal sans publicité, sans mécène et sans fortune personnelle (loto, héritage), ces trois « sans » étant revendiqués, Le Tigre ne compte que sur ses lecteurs. Pour combler le trou qui s’est creusé et notamment payer son imprimeur chez qui il a, comme la Grèce, une dette conséquente, Le Tigre doit réunir 20 000 euros. »
Et la revue de rééditer l’appel en décembre 2012, les mêmes causes appelant les mêmes remèdes (sinon que Le Tigre n’a pas demandé de subventions cette année-là) : « L’année 2012 se termine, et, à vue de nez, il semble presque impossible de tenir sans subvention, en restant évidemment dans une économie de combat (il n’y a qu’un demi-salaire en tout et pour tout au Tigre). Tout étant dans le « presque » : il nous manque un peu moins de 10 000 euros pour finir l’année. Comme l’an passé à la même période, nous nous tournons donc à nouveau vers nos lecteurs, anciens lecteurs, futurs lecteurs, pour leur demander de nous soutenir. »
Jusqu’à L’Impossible qui, après des débuts en fanfare, disait ses problèmes d’argent il y a moins d’un mois. Son fondateur, Michel Butel, dressait alors letableau de ses doutes éditoriaux et interrogations pécuniaires :
« Les difficultés de trésorerie du journal constantes, les terribles soucis quotidiens, les inquiétudes diurnes et nocturnes de dirigeants d’une petite entreprise, à peine créée, créée avec peine, les questions que même des proches doués d’empathie n’imaginent pas mais qui alarment nos vies depuis le 14 mars 2012 : tiendrons-nous jusqu’au mois prochain ? paierons-nous les sommes dues en fin de mois ? pourrons-nous rémunérer les dix personnes qui ont associé aux nôtres leurs savoir-faire, leurs qualités, leurs compétences, leur imagination, leurs énergies, leurs disponibilités, souvent leur gaieté, leur état d’esprit enclin aux principes « moraux », leur folle passion pour L’Impossible ? comment faire ? que faire ? comment approcher puis convaincre un mécène, un sponsor, un actionnaire, voire plusieurs ? comment repousser le diable tentateur et ses multiples venins sucrés : « un peu de publicité peut-être ? un peu de normalité peut-être ? un renoncement peut-être ? » »
Ces différents appels à l’aide recouvrent - il est vrai - des situations différentes. Si Le Tigre demande parfois des subventions lui permettant de plus ou moins boucler son budget, ce n’est pas le cas de CQFD. Si L’Impossible a fait le choix (très ambitieux) de payer ses collaborateurs, ce n’est pas celui de La Brique qui, de même qu’Article11, ne pourrait pas se le permettre une seconde - mais L’Impossible, même quand la revue n’est pas au mieux de sa forme, vend plus d’exemplaires que La Brique ou Article11 réunis. Enfin, si La Brique, CQFD et A11 fonctionnent sur une base associative, L’Impossible est - lui - une entreprise. Reste qu’une même ambition réunit ces titres : se débrouiller seuls. Trouver ce fragile équilibre où les seules ventes financent la survie. Et c’est cela même qui ne fonctionne pas.
Alors ? La presse libre, morne plaine ? Ces réguliers appels à l’aide comme le signe de la fin des haricots, de l’incapacité de nos canards à s’adapter à l’air du temps, à trouver des solutions ? Peut-être, diront les Cassandre. Mais d’autres, et ils auront (au moins en partie) raison, y verront l’inverse : contre vent et marée, alors que les les conditions économiques qui leur sont faites (impression et distribution) devraient avoir précipité leur mort depuis longtemps, les titres de la presse libre tiennent bon. Parce qu’ils ont des lecteurs et lectrices, même si ceux-ci ne sont que quelques milliers. Et parce que ce lectorat les apprécie tellement qu’il est disposé à mettre la main à la poche, même en temps de crise, même quand la multiplication des demandes de soutien pourrait commencer à le lasser.
Que cela plaise ou non, c’est cela qui aujourd’hui fonde la presse libre : l’adhésion de son lectorat. Signe qu’elle ne s’époumone pas en vain, malgré les bâtons dans les roues. Et cela vaut tous les bilans comptables positifs, tous les bénéfices du monde. À sa manière, c’est ce qu’écrit l’ami Ruffin dans Fakir : « J’en suis convaincu, [...] des canards comme le nôtre [...], c’est pas par le fric qu’on crève. Les journaux normaux, oui. France-Soir, La Tribune, Libération, les pépètes de la pub ne rentrent plus, ça fait des plans de licenciement et la boutique s’écroule. Nous pas. »
Une fois ceci dit, voici - juste ci-dessous - l’appel aux lecteurs de CQFD. Alors, c’est vrai, les copains voient grand (mazette, 100 000 euros ! Z’allez racheter Libé ?). Mais nul doute qu’ils y parviendront. Parce que CQFD doit vivre. C’est comme ça.
***
CQFD, dix ans, toutes ses dents mais plus un rond !
« Il reste 217 dollars dans les caisses de l’État zimbabwéen », annonçait récemment le site d’informations d’un journal de banquier. Voilà qui nous situe à peu près sur l’échelle globalisée de la fortune : CQFD est aussi riche, à quelques dizaines de dollars près, que le trésor public du Zimbabwe. Les sous qui nous restent ne suffiront même pas à payer l’impression du prochain numéro. Si nous vivions dans un monde raisonnable, les Zimbabwéens se la couleraient douce, les banquiers feraient la manche au feu rouge et CQFD triompherait. Mais nous vivons dans un monde déraisonnable où les flibustiers de la presse libre crèvent la gueule ouverte. CQFD, qui ouvre la sienne depuis dix ans, risque bien cette fois de devoir la fermer, et pour de bon.
En mai 2003, quand nous avons lancé notre premier numéro depuis la tanière marseillaise qui nous sert de vaisseau amiral, nous étions raisonnablement convaincus de ne pas faire de vieux os. Notre idée, c’était de faire le journal qu’on avait envie de lire, un journal sans chefs ni patrons, sans comptes à rendre ni bailleurs à cajoler, un canard d’expression directe pour les insoumis chroniques, les passe-frontières têtus, les aventuriers des minima sociaux, les déserteurs du marché salarial, les artistes de la grève, les bricoleurs de solidarités épiques, les réfractaires à l’ordre des choses. Une équipée collective de débrouillards impécunieux mais gourmands d’utopies, une exploration sociale menée au rire et à la sueur contre les vents dominants. Forcément, un tel journal n’était pas fait pour durer. Dix ans plus tard, pourtant, on est toujours là. Certains ont quitté le navire, d’autres sont montés à bord. On a bravé le mal de mer, le scorbut et les requins. On a tangué, on a morflé, on a tenu bon. On a vu du pays, tissé des réseaux, élaboré un savoir-faire, perfectionné l’art de produire un journal exigeant avec des bouts de ficelle et de belles rencontres. Bref, on y a pris goût. C’est vous dire qu’on n’a pas l’intention de lâcher l’affaire.
Mais, pour que l’aventure continue, on a besoin de vous. Et surtout de vos euros ! Oui, amis lecteurs fidèles ou épisodiques, compagnons d’escale ou camarades au long cours, vous avez bien entendu : le sort de CQFD est suspendu à vos poches, aussi dégarnies ou trouées soient-elles – et, peuchère, elles le sont vraisemblablement autant que les nôtres…
Comment une publication aussi rodée à la mouscaille en arrive-t-elle à la pénible extrémité d’appeler ses lecteurs à la rescousse ? Le cri de détresse pour journal sur la paille va-t-il devenir un genre à part, une discipline enseignée dans les écoles de journalisme, avec ses figures de style et ses trémolos savamment dosés ? Pourquoi la « crise de la presse », cette crise d’affairistes vaniteux et pleurnichards, ébranle-t-elle aussi à des degrés divers la quasi-totalité des journaux non marchands, dits « petits » ou « alternatifs », CQFD parmi tant d’autres ?
Il y a plusieurs explications. La première tient à la démobilisation des lecteurs. Depuis notre campagne d’abonnements de 2008, le nombre de nos abonnés n’a cessé de s’effriter, passant de quatre mille à deux mille en cinq ans. Nos ventes en kiosques ont suivi une pente à peine moins rude, avec deux mille exemplaires écoulés aujourd’hui contre trois mille en 2008. Imputable sans doute aux effets cumulés de la lassitude, des fins de mois longues et difficiles et d’une désaffection générale pour la presse papier, cette dégringolade s’avère d’autant plus funeste pour nous que CQFD – encore heureux ! – ne dispose d’aucune ressource publicitaire, capitalistique ou népotique. À la différence d’une feuille moribonde comme Libération, qui peut toujours se blottir dans le giron moelleux d’un Rothschild, biberonner les subventions publiques (2,9 millions d’euros en 2012) ou éditer un sac à pubs en guise de supplément, le mensuel au chien rouge ne peut compter que sur ses lecteurs. Plus précisément : ses lecteurs payants. Car l’audience de CQFD s’étend évidemment bien au-delà de son carré de fidèles solvables, grâce à ses abonnements gratuits pour les détenus et, surtout, à la mise en ligne gracieuse de ses articles sur son site Internet, auprès duquel des foules innombrables viennent avidement s’abreuver chaque mois. Et c’est très bien comme ça. Mais ce serait mieux encore si nos lecteurs sur écran franchissaient le pas jusqu’au kiosque, au bulletin d’abonnement ou à la bibliothèque municipale, au besoin pour exiger haut et fort que CQFD s’y trouve en bonne place, et en plusieurs exemplaires, s’il vous plaît.
La raréfaction des lecteurs « papier » n’a pas qu’une incidence économique. Elle assèche aussi le terreau social dans lequel un journal comme le nôtre puise sa force. C’est parce que ses exemplaires circulent de main en main que CQFD peut multiplier les rencontres stimulantes, obtenir des informations, s’ouvrir des pistes, être là quand ça chauffe, se faire engueuler, trouver de quoi réfléchir, parler, agir, écrire, dessiner, photographier. C’est pour ça qu’on y tient, à notre version papier : pas question de se recroqueviller sur Internet, outil ô combien précieux mais qui dématérialise et finalement dévitalise le rapport d’un journal à sa matière organique. Sans compter que le vacarme des imprimeries et l’odeur du papier, nous, on aime bien.
Seulement le papier coûte cher, de plus en plus cher. L’encre, les rotatives, tous les coûts de fabrication : hors de prix. Et puis, il y a Presstalis. Le géant de la distribution de presse en France, qui taille à grands coups de serpe dans ses effectifs et impose aux kiosquiers des conditions de vente si retorses qu’elles clochardisent littéralement toute une profession. La « crise de la presse » a bon dos. Les ventes s’effondrent, d’accord, mais la faute à qui ? Outre l’indigence de l’immense majorité des publications dont les Unes malodorantes dégueulent au nez du piéton, la stratégie d’étouffement appliquée aux titres à faible tirage rend de moins en moins attractif le détour par le marchand de journaux. Le cas de CQFD est parlant. En vertu d’une politique commerciale consistant à évincer les petits pour donner encore plus de place aux gros, Presstalis « répercute » sur nous une avalanche de frais dont les modes de calcul écœureraient un capo de la mafia new-yorkaise. Il y a deux ans, nos ventes en kiosques nous assuraient une recette astronomique de deux milles euros par mois, de quoi couvrir les frais d’impression du numéro suivant. Aujourd’hui, à volume égal, ces ventes ne nous rapportent plus que six cents euros. Même pour nous, c’est peu. Quand tous les canards indépendants auront été virés du circuit, quand les kiosques auront été remplacés par des boutiques Relay exclusivement dédiées aux programmes télé, aux DVD sous blister, aux cours de la Bourse, au péril islamique, aux régimes minceur et aux éditos de Christophe Barbier, sûr que la presse française aura fait un grand pas vers la « sortie de crise ».
D’autres facteurs concourent à notre débine actuelle. L’affaiblissement temporaire des mobilisations sociales se traduit mécaniquement par une chute des ventes militantes, lesquelles, à d’autres périodes, nous revigoraient en petite monnaie et bons moments. Si on ajoute à cela la suspension des regrettées éditions du Chien rouge et des revenus annexes tirés de la vente de nos livres, la faillite de notre diffuseur en librairies, Court-Circuit (huit mille euros dans la vue), et les coups de mou qui résultent inévitablement d’une pareille série rose, on comprendra que nos coffres sonnent creux.
Pour nous renflouer à un niveau opérationnel, il nous faut réunir cent mille euros (oui, 100 000 euros). Pour relancer la machine, repartir à l’abordage et éditer de nouveaux livres. C’est jouable avec seulement quelques milliers de chèques de cinq, dix, vingt euros... Par ici la monnaie, souquez les euros ! Abonnez-vous si ce n’est déjà fait. Réabonnez-vous si vous hésitez encore. Incitez vos cousins, vos frangines, vos voisins de comptoir et vos compagnons de bordée à faire de même. Nous comptons sur vous. Gros comme une maison que votre élan de solidarité va encore nous saboter notre droit à la paresse pour les dix prochaines années !
L’équipe de CQFD, le 4 février 2013.
Pour le soutien : CQFD- BP 70054- 13192 - Marseille cedex 20 - Chèques à l’ordre de Rire/CQFD
2 À deux exceptions notables, Fakir et La Décroissance. Eux s’en tirent mieux, avec des chiffres de vente plus conséquents. Et semblent avoir trouvé un équilibre permettant même de rémunérer les contributeurs. Si c’était le cas de La Décroissance depuis longtemps, c’est une nouveauté pour Fakir, explique François Ruffin dans un article titré « Âme, es-tu là » : « Pour la première fois depuis la naissance de Fakir, la rédaction va être mal payée, mais payée. On change de local, on s’installe ces jours-ci dans une grande baraque tout confort. Les questions de sous, avec les impôts, l’Urssaf, etc, se posent avec plus d’acuité. Et un conseil d’administration se réunit tous les mois pour discuter de tout ça, pour encadrer une gestion jusqu’ici à la trop bonne franquette. » Si tout ne fait pas rêver dans ce tableau (Urssaf, conseil d’administration ? Quels vilains mots !), il faudrait sans doute se pencher sur le modèle Fakir. Comprendre ce qui permet à ce titre de gagner des lecteurs, quand tous les autres canards stagnent ou en perdent. Ce n’est par contre pas l’objet de ce billet.