ARTICLE11
 
 

mercredi 8 avril 2009

Le Charançon Libéré

posté à 12h28, par JBB
27 commentaires

Et si le temps virait à l’émeute ?
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C’est une question centrale, affleurant largement dans le débat sur la séquestration des patrons ou sur les manifestations de Strasbourg et de Bastia. C’est surtout une question qui va devenir de plus en plus essentielle, tant l’autisme du gouvernement et l’exaspération croissante ne laissent guère entrevoir d’autre issue. Alors : bientôt un, deux, trois, cent émeutes ?

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Vous sentez ?

Non ?

Mmmhhh…

Vous ne voyez rien monter ?

Non plus ?

Mmmhhh…

Vous êtes bouchés à l’émeri ?

Pas à votre connaissance ?

Mmmhhh…


Ok, reprenons rapidement.

Des salariés qui décident de faire prisonnier - un temps seulement, mais prisonnier quand même - leurs patrons, à tel point que Sarkozy s’est cru obligé d’y aller de son avertissement : « Qu’est ce que c’est que cette histoire d’aller séquestrer les gens ? On est dans un Etat de droit, je ne laisserai pas faire les choses comme ça », a tonné l’incontinent, doublé sur sa droite par un Jean-François Copé qui s’est dit « scandalisé » par le séquestration des patrons.

Des étudiants qui investissent leur université, à Rennes, Strasbourg et Orléans, ou s’invitent au Crous, à Paris.

Des barres de fer et des cocktails molotov qui ressortent de sous les manteaux, en Alsace ou en Corse.

Des forces de l’ordre qui pètent les plombs, usent de moyens disproportionnés et illégaux, laissent libre court à leur goût de la violence et se comportent en moins que rien, à Bordeaux, Strasbourg ou Bastia.

Un présidentiel meneur de revue qui a perdu tout contact avec ce peuple qui est censé l’avoir choisi comme représentant, seulement capable de pavoiser dans des sommets internationaux mais pas foutu de se déplacer en son royaume autrement que derrière une armée de policiers et de gendarmes, à tel point que même le très modéré journaliste Jean Quatremer constate qu’il y a un problème : «  La République tchèque vient, à distance, de donner une bonne leçon de démocratie à la France. Alors que Barack Obama s’est déplacé durant deux jours dans une ville fantôme quadrillée par 10 000 policiers et vidée de ses habitants, il a pu se faire sans problème acclamer par 30 000 personnes à Prague, ce matin (…). Les Tchèques ont fait la tranquille démonstration que l’on peut assurer la sécurité d’un président américain sans décréter l’état de siège, comme les autorités françaises l’ont fait à Strasbourg pendant le sommet de l’OTAN. »

Des jeunes pour cibles de toutes les politiques étatiques, eux qui sont promis au chômage une fois sur le marché du travail et sont victimes d’un véritable harcellement législatif - qu’il s’agisse de les empêcher de picoler ou de télécharger - , certitude que la fracture générationnelle est désormais telle qu’elle ne pourra se régler autrement que dans la rue.

Et un président qui fait l’autiste, seulement capable face au chômage et à l’augmentation de la misère de dire son refus de toucher au paquet fiscal - « Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts, moi (…) moi, j’ai été élu pour réconcilier la France avec l’entreprise et avec l’usine » - et de prôner de nouvelles déductions pour les imposés à l’ISF, au prétexte que « ça va bien au-delà de la gauche, de la droite, c’est du bon sens ».


Je sais, je sais : vous connaissez cela aussi bien que moi.

Et il n’y avait nul besoin de ce récapitulatif pour vous convaincre que les choses vont de mal en pis et vous persuader que l’exaspération finira bien par se trouver un exutoire.

Mais quand même : un petit résumé n’est jamais inutile.

Tant mettre bout à bout ces données ne laisse guère entrevoir d’autre horizon que celui de la colère et de l’émeute.

Un avenir sombre et ardent qui conduit à relativiser largement tout le bruit soulevé - ces temps-ci - autour de la question de la violence, celle des black blocks, des Corses ou des ouvriers licenciés.

Puisque ce n’est qu’un début.

Que ce sera pire, forcément.

Et qu’il faut se rendre à l’évidence : jamais grand changement ne s’est opéré avec des petites fleurs et de douces paroles.

Bref, ce ne sera au fond que justice si, à la violence du gouvernement - dans sa police ou sa politique - , répond un jour celle des opposants.

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COMMENTAIRES

 


  • mercredi 8 avril 2009 à 13h16, par yelrah
    • mercredi 8 avril 2009 à 18h54, par JBB

      Le songe est plutôt brutal… :-)

      J’en avais entendu parler. Mais l’article que tu mets en lien a l’immense avantage d’en apporter la preuve.



  • mercredi 8 avril 2009 à 15h58, par un-e anonyme

    Désolé mais ils s’y préparent aussi...
    lire lien : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

    Voir en ligne : RAPPEL DES RESERVISTES DE LA POLICE NATIONALE AVANT LE 30 JUIN 2009 !!!



  • mercredi 8 avril 2009 à 17h57, par Moh

    Et l’Etat réagira avec une violence et une brutalité inouïes tandis que les intellectuels médiatiques cracheront leur haine du peuple dans les journaux : ça fera un remake de la Commune je le crains.

    • mercredi 8 avril 2009 à 18h57, par JBB

      Clair qu’il est difficile d’être optimiste.

      Même si : qui sait ?

      • mercredi 8 avril 2009 à 20h04, par Merachlor

        « Et l’Etat réagira avec une violence et une brutalité inouïes tandis que les intellectuels médiatiques cracheront leur haine du peuple dans les journaux »

        Et quand le premier corps tombera, alors, ils sauront. Et le peuple grondera ... vraiment, et les choses basculeront alors, et c’est là que la peur les saisira ...

        Avant de tirer, les bleus lancent deux ou trois sommations ?
        Parce que nous en avons donné une le 29/01. La seconde a eu lieu le 19/03. Quand tirons nous ? ...

        PS (pouarkkk) : Amitiés au taulier ;-)

        Voir en ligne : http://merachlor.blogspot.com/

        • mercredi 8 avril 2009 à 23h11, par JBB

          « Quand tirons nous ? »

          S’il faut se contenter des sommations syndicales, je crains que cela reste des pétards mouillés…

          [HS : Amitiés itou, je te balance un mail demain. Mais : oui, c’est toujours d’actu. :-) ]



  • mercredi 8 avril 2009 à 18h45, par Guy M.

    La référence à la Commune m’est venue également en écoutant les réactions de membres du Parti dit « socialiste » après les événements survenus à Strasbourg « en marge du sommet de l’OTAN », comme on dit dans le journal.

    Il y a avait un tel empressement à condamner les destructions, avant même de dire quoi que soit, et avant même que le journaliste ne pose une question, et une telle application à répéter cette condamnation vigoureuse en incise dans toute réponse, que je me suis posé la question de la place occupée par la Commune dans la mémoire, dite « socialiste », d’un membre du parti « socialiste ».

    Je digresse peut-être, mais ça me turlupine...

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • mercredi 8 avril 2009 à 19h07, par JBB

      « Je me suis posé la question de la place occupée par la Commune dans la mémoire, dite ’socialiste’, d’un membre du parti ’socialiste’. »

      Au PS au moins, les choses semblent sans ambiguïté : la Commune est aussi présente dans la mémoire collective de ce parti que le Manifeste du Parti Communiste l’est dans celle de l’UMP. Autant dire : pas des masses…

      En tout cas, je suis comme toi : j’ai trouvé presque indécent l’empressement des responsables socialistes et communistes à dénoncer les heurts.

      • mercredi 8 avril 2009 à 22h17, par un-e anonyme

        Le PS est bien trop occupé à empêcher tout débat sur le protectionnisme dans ses rangs !

        http://www.lemonde.fr/elections-eur...

        Ce parti est incapable de chasser à coup de massue dans le fion les mecs de droite qui l’infiltrent ( Valls, Lang, Dray, Boutih... ), alors c’est beaucoup trop lui demander d’être de gauche.

        Dans la mémoire de la deuxième gauche, qui n’est rien d’autre qu’une droite, la Commune et le Front Populaire sont jetés dans les poubelles de l’Histoire. Suffit de jeter un coup d’oeil aux vomissures de BHL, Joffrin ou Val : pour eux, l’Affaire Dreyfus a plus d’importance pour leur gauche que le Front Populaire. Car l’Affaire leur permet de transformer le peuple en populace, et d’insister sur leur marotte, l’antisémitisme.

        Rien à espérer du côté du PS, je le crains.

        • mercredi 8 avril 2009 à 23h20, par JBB

          « Car l’Affaire leur permet de transformer le peuple en populace, et d’insister sur leur marotte, l’antisémitisme. »

          C’est plutôt très bien vu. L’affaire est en effet la seule qui reste dans la mythologie socialiste. Même Jaurès, ils l’ont tellement abandonné que n’importe qui peut le récupérer, Sarkozy ou même le FN. Suffit de se baisser…

          « Rien à espérer du côté du PS, je le crains. »

          Ce n’est même plus une crainte, mais une certitude. Ils sont tombés tellement bas qu’il n’y a plus aucun espoir de remonter la pente.

        • jeudi 9 avril 2009 à 12h40, par Etiam Rides

          « Ce parti est incapable de chasser à coup de massue dans le fion les mecs de droite qui l’infiltrent ( Valls, Lang, Dray, Boutih... ), alors c’est beaucoup trop lui demander d’être de gauche. »

          Quand je regarde les forces en présence (18,52% avant le congrès de Reims pour la motion Hamon, dont une bonne partie s’est barrée au PG), je me dis que c’est plutôt les mecs de gauche qui font figure d’infiltrés au PS.

          Etiam Rides

        • vendredi 10 avril 2009 à 14h31, par le tapir

          Suffit de jeter un coup d’oeil aux vomissures de BHL, Joffrin ou Val : pour eux, l’Affaire Dreyfus a plus d’importance pour leur gauche que le Front Populaire. Car l’Affaire leur permet de transformer le peuple en populace, et d’insister sur leur marotte, l’antisémitisme.

          C’est pas un très bonne idée, si je me souviens bien, une bonne partie des socialistes de l’époque étaient, au début de l’affaire, contre Dreyfu. Antisémitisme et socialisme faisaient très bon ménage au XIXe siècle, même si c’est l’« Affaire » qui a modifier la position des socialistes pro Dreyfus puis des autres face aux Juifs.



  • mercredi 8 avril 2009 à 19h35, par carmagnole

    On voit assez clairement ce qu’il va se passer : après une nouvelle manifestation regroupant des millions de personnes, le gouvernement ,le nain et les principaux dirigeants qui ont ruiné le pays vont comme ça a été fait en Ukraine et en Argentine s’enfuir en avion, de nuit.

    Ce sera courant mai. Une élection organisée rapidement dans la foulée, pour éviter le chaos, et couplée avec les européennes mettra au pouvoir un président modéré, mais honnête.

    Celui restera par la suite dans l’histoire comme « le Kerensky français ».



  • mercredi 8 avril 2009 à 23h00, par Zgur

    A mon avis, la référence qu’il faut prendre n’est pas la Commune (1871).

    Mais la révolution (ou plutôt les révolutions) de 1848.

    Je lis en ce moment un livre1848, la révolution oubliée - par Maurizio Gribaudi et Michèle Riot Sarcey (ed. La Découverte) un livre à la fois beau et intéressant, dont j’ai déjà parlé sur le blog de Paul Jorion.

    Je trouve des parallèles étonnants entre la situation pré révolutionnaire d’avant février 1848 et la la situation actuelle.

    Par exemple, les discussions hors médias dominants qui sont menées notamment sur les blogs me font penser au système des banquets mis en place par les oppositions au régime de Louis Philippe suite à l’interdiction des rassemblements publics et pour pouvoir parler librement de tout ce qui n’avait pas droit de cité dans la presse muselée.

    C’est d’ailleurs l’interdiction d’un banquet qui fut l’étincelle de la révolution de février 1848.

    Qui a dit Hadopi dans la salle ?

    ...

    Malheureusement, la révolution de 1848 s’est mal terminée en juin.

    A ce sujet, j’ai trouvé aussi sur le blog très intéressant de Jean-Louis Roche une phrase tellement vraie qu’elle fait peur

    « Les révolutions ont toujours été violentes. Elles ont en général échouées, non du fait de la violence - qui a pris souvent une ampleur disproportionnée avec les but révolutionnaires initiaux – mais parce que la violence de la « contre révolution » a été bien supérieure. »

    L’équipement et l’armement des forces de “maintien de l’ordre” actuelles semblent avoir bien anticipé les désordres potentiels à venir. Et ce n’est pas le lien donné par Yelrah qui va me faire croire le contraire.

    Arf !

    Zgur

    Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr/arch...

    • mercredi 8 avril 2009 à 23h57, par JBB

      Comme d’habitude, ton commentaire me laisse admiratif et avec le sentiment d’avoir encore beaucoup à lire avant de pouvoir l’ouvrir sans trop exposer mon inculture. J’avais un brin étudié 1848 il y a quelques années, mais j’ai tout oublié depuis.

      Le parallèle banquets-blogs est aussi percutant que convaincant. Quant aux autre causes de la révolution de 48 (merci Wikipedia), affairisme et crise sociale, on les retrouvera sans problème dans la sarkozye d’aujourd’hui.



  • jeudi 9 avril 2009 à 12h05, par Martin P.

    mais fo pas se faire d’illusions

    et puis fo pas oublier qu’après mai 68 il y a eu juin

    Voir en ligne : SAUCE

    • jeudi 9 avril 2009 à 16h33, par JBB

      Allons : un brin de rêve et d’utopie, même à contre-courant des réalités de l’histoire, ça ne peut pas faire de mal.



  • jeudi 16 avril 2009 à 05h57, par Monsieur Poireau

    Pour l’émeute, ça dépend s’il pleut et surtout de la baisse continue des programmes de TF1.
    Si ces deux facteurs là s’associent, là oui, ça risque ! _ :-))

    Voir en ligne : http://monsieurpoireau.blogspot.com

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