ARTICLE11
 
 

vendredi 12 décembre 2008

Sur le terrain

posté à 10h11, par JBB
16 commentaires

FPP, radio libre en lutte : « On ne veut pas crever ! »
JPEG - 22.4 ko

Leur lutte est peu connue et à peu près pas médiatisée. Mais les radios libres, ces radios associatives non commerciales issues du combat des pirates radiophoniques de la fin des années 1970, ne comptent pas déposer le micro pour autant. Face à la décision de l’Etat d’abandonner les bandes FM pour les canaux numériques, réforme signifiant leur arrêt de mort, elles protestent et s’insurgent. Illustration avec FPP, radio libre de la région parisienne.

JPEG - 40.6 ko

Le lieu ne paye pas de mine. Non loin du métro Stalingrad, rue d’Aubervilliers, une masure en bordure d’un petit parc municipal, bâtiment un brin fatigué. Sur la porte, quelques autocollants, ceux des associations qui ont investi l’endroit et ont décidé d’en faire « une maison des médias libres ». Elles se sont installées en 2001 dans cette ancienne dépendance de Réseau Ferré de France, désormais propriété de la municipalité qui a signé une convention d’occupation avec les locataires de fait. Parmi elles, Fréquence Paris Plurielle, radio associative émettant sur 106.3.

Premier étage. Juliette, responsable d’antenne - l’une des quatre salariés de FPP -, femme de radio autant que militante1 explique longuement les raisons de la colère des radios libres associatives. Pendant ce temps, dans la pièce d’à côté, l’émission Jatra, consacrée au jazz et musiques du monde, suit son cours. Ce sera ensuite le tour de Survivre au Sida, Voy’elles, Zéro Hebdo… soit quelques-unes parmi la centaine d’émissions que diffuse FPP, véritable inventaire - mieux qu’à la Prévert - des luttes du monde, de la vie parisienne des communautés immigrées et de l’état des cultures en marges. Au hasard ? Echos de Grozny, émission bihebdomadaire sur le Caucause et la Tchétchénie, L’Envolée - les anciens prisonniers parlent aux taulards d’aujourd’hui -, Sans Toit je meurs, temps d’antenne hebdomadaire de l’association Droit au Logement, Kronikz du WallMapouChé, émission portant sur la culture et le conflit Mapuche, Visages du Kurdistan, lieu d’expression de la communauté du même nom, Iswad Program, infusion de culture reggae, ou encore Vive La Sociale, qui traite de luttes en général. Une vraie tour de Babel et le relais de bien des combats du monde. Une radio, une vraie.

JPEG - 32.5 ko

Juliette, donc. La jeune fille, qui s’est collée pour la première fois derrière un micro il y a cinq ans, est remontée. La raison de son courroux ? L’arrêt de la bande FM, prévu pour 2012, et le passage obligé des radios au numérique. Un bouleversement qui aura pour conséquence la disparition des radios associatives non commerciales, balayées par des exigences financières auxquelles elles ne pourront faire face et sacrifiées sur l’autel d’une pseudo modernité et d’une réelle course au fric.

Vous dites ?

C’est l’habituelle marche d’un monde ultralibéral qui n’en finit pas de faire taire les rares voix discordantes ?

Oui.

Mais ce n’est pas une raison.

__0__

FPP, radio rebelle

__3__

A l’origine, il y a les radios pirates. A force d’obstination et d’inventivité, celles-ci réussissent à faire tomber en 1981 le monopole d’Etat sur la radiodiffusion. Une libération des fréquences FM pour le pire - NRJ est née de ce mouvement - comme pour le meilleur. Parmi ceux qui saisissent cette chance de se faire entendre sans être perpétuellement pourchassés par les flics, quelques autonomes, anarchistes et spontanéistes convaincus que la parole doit être à la base et que le peuple doit s’approprier des moyens d’expression : ils créent Radio Tomate, média autonome à l’existence mouvementée. Portée par deux fois sur les fronts baptismaux, à quelques années d’intervalle, la radio meurt à deux reprises au cours des années 1980. Et renaît une dernière fois en 1992, sous le nom de Fréquence Paris Plurielle. Une ultime mouture. La bonne, 16 ans d’existence en sont la preuve autant que les 80 000 habitants de la Région parisienne qui constituent son auditoire. Mieux : plus de 250 bénévoles-animateurs-journalistes se succèdent chaque semaine derrière les micros.

Avec une même ambition pour tous :

"L’objectif est de donner la parole à tous ceux qui ne l’ont pas, à commencer par les habitants des quartiers populaires, les précaires et les immigrés.
Par exemple, FPP a toujours réservé un quart de son temps d’antenne aux communautés immigrées. Et la radio n’hésite pas à bouleverser ses programmes en cas de conflit social : ça a par exemple été le cas pendant les émeutes de 2005 ou lors du dernier mouvement étudiant
, souligne Juliette.
Au niveau culturel et musical, il s’agit de soutenir des initiatives qui ne relèvent pas du champ commercial, de laisser le micro à des genres musicaux peu diffusés ou de parler des petites maisons d’édition indépendantes."

Une parti-pris alternatif et revendicatif qui ne se ressent pas seulement dans le ton et le sujet des émissions :

"Nous, c’est 0 % de publicité, on a toujours bataillé pour ça. On refuse même que des magasins du quartier sponsorisent nos émissions de musique… Pour nous, c’est un point de clivage essentiel.
S’y ajoute l’importance que nous attachons à l’amateurisme : il n’est pas question de se la jouer professionnel. Nous nous voyons justement comme une alternative au journalisme professionnel, dans le contenu comme dans la forme. Nous ne sommes pas là pour professionnaliser les gens, mais pour mettre à disposition de tous ceux qui le souhaitent des outils techniques et un moyen d’expression.
Bref, ici, on préfère déconstruire la parole des journalistes et faire parler d’autres personnes. On veut entendre des vraies voix, pas le ton formaté des journalistes radios, ce ton spécifique devenu si obligatoire que ces gens ne sont même plus capables de parler normalement à l’antenne. Comme un masque…
"

JPEG - 43.2 ko
Une vraie radio, faite par de vrais gens. Un truc que les radios commerciales ne peuvent pas comprendre…

__0__

Un fragile équilibre

__3__

FPP est une beaucoup trop grosse machine pour pouvoir fonctionner seulement d’amour, d’eau fraîche et de bénévolat. Il y a des trois, bien sûr, mais il faut aussi de la thune, des pépètes, de l’argent, du flouze… bref : des euros pour faire tourner la radio. L’antenne se refusant à la publicité, elle ne dépend que de quelques subsides publics.

Supérieur à celui de Radio Libertaire, le budget annuel de FPP se chiffre à 100 000 €. Un somme qui ne se trouve pas vraiment sous les sabots d’une cheval, non plus qu’en dessous d’un poste à galène :

« En tant que radio associative non commerciale (dite de catégorie A), nous recevions jusqu’à maintenant 52 000 € par an au titre du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), créé suite à la libération des ondes et abondé par une taxe sur les revenus publicitaires de l’audiovisuel commercial et public, explique Juliette. Le reste du budget provenait jusqu’à présent de l’Association pour la cohésion sociale et l’égalité des chances. »

Pas de quoi monter au plafond : il y a là assez pour payer les quatre salariés, qui sont rémunérés au Smic à temps partiel, pour assurer les dépenses de fonctionnement de la radio et pour la faire à peu près fonctionner. Rien de plus : « Au quotidien, ce n’est pas toujours facile à gérer. On fonctionne avec des bouts de ficelle en permanence, on passe d’une panne internet à un problème d’antenne, c’est la précarité perpétuelle. »

Mais qu’importe : FPP s’était trouvée un équilibre, en marge des logiques commerciales. Pas la seule : Aligre FM et Radio Libertaire à Paris, Radio Canut à Lyon, Radio Dio à Saint-Etienne, Radio Zinzine à Longo Maï ou Radio Galère dans le Sud-Est, entre autres, fonctionnent sur ce même principe.

__0__

Le grand danger de la réforme numérique

__3__

JPEG - 43.7 ko

Reprenons : les radios libres s’étaient trouvé un public ; l’intelligence, la diversité, l’indépendance et l’autonomie avaient place sur les ondes ; l’équilibre financier était plus ou moins assuré. Trop beau pour durer ?

Oui.

Le gros bulldozer de la radio numérique terrestre, voulu par l’Etat et les industriels, imposé d’ici à 2012 par une imbécile directive européenne, va chambouler tout ça. Et araser le dernier îlot d’indépendance radiophonique.

Fin de l’analogique, donc. Pour laisser place nette aux opérateurs de téléphonie mobile et de navigation aérienne, les radios ont obligation d’abandonner les fréquences de la bande FM et d’user d’une nouvelle norme de diffusion numérique, le T-DMB. Vidéo avant que d’être audio, cette norme (développée pour la TNT sud-coréenne, personne ne l’utilise en Europe…) a été choisie contre toute logique par des industriels se pourléchant les babines des profits supplémentaires - notamment publicitaires - qu’ils vont pouvoir générer en joignant l’image au son. Les mêmes n’ont pas manqué de calculer les montants astronomiques induits par le renouvellement matériel : les transistors actuels ne fonctionnant pas avec le numérique, chaque famille devra - à terme - changer les six postes qu’elle possède en moyenne sous son toit. Soit un sacré paquet de flouze, d’autant que les récepteurs numériques sont vendus beaucoup plus chers que les analogiques.

« C’est complètement absurde : le système de la bande FM fonctionne bien, ne coûte pas cher et les gens peuvent utiliser le même poste qu’il y a cinquante ans, s’emporte Juliette. Avec le numérique, tout change, la logique financière s’impose à tous les niveaux. »

Si Juliette s’énerve, c’est que ce choix purement industriel, qui n’entraînera aucune amélioration de service (ni pour la qualité du son, ni pour le maillage du territoire), sonnera le glas des radios associatives non commerciales. Elles ne pourront en effet assumer les surcoûts liés au passage en numérique, lourde addition constituée d’investissements massifs en matériel et de l’obligation de la double diffusion (en analogique et en numérique) pour un nombre d’années indéterminé. Sans que l’Etat n’entende une seconde les aider à passer cet insurmontable cap financier. Au contraire :

« Avec la fin de la publicité sur les chaînes publiques, le budget du Fonds de soutien à l’expression radiophonique devrait baisser de 30 % : notre dotation connaîtra la même réduction. Et les subventions que nous touchions de l’Association pour la cohésion sociale et l’égalité des chances vont aussi être largement réduites : le budget de cette association vient d’être amputé de 60 % au profit du ministère de l’Identité nationale, résume Juliette. Toutes les radios libres sont dans ce cas : pour nous comme pour elles, c’est l’assurance d’une lente agonie à courte échéance. »

Oui : il y a de quoi l’avoir mauvaise…

« La réalité des radios sans publicité ni profit est tout simplement ignorée dans ce passage au numérique - il en va d’elles comme, par exemple, des minimas sociaux, de certaines prises en charge médicales, ou de la recherche fondamentale : ce qui n’est pas rentable pourrait aussi bien disparaître », remarque un communiqué du collectif des radios libres en lutte.

JPEG - 50.9 ko

__0__

A nouveau pirate ?

__3__

Tout est perdu ? Pas encore : les radios libres ne comptent pas rendre les ondes sans s’être battues. Elles se sont constituées en collectif pour se faire entendre, tentent de médiatiser leur combat, en appellent au sursaut de leurs auditeurs et font notamment signer une pétition. Elles se remuent, même si toutes n’ont pas la même conception de la façon dont il faut mener le combat. Si FPP a décidé de répondre à l’appel à candidature2 pour le passage au numérique lancé par l’autorité de régulation, le CSA, d’autres ont préféré n’en rien faire :

« Radio Canut n’a pas répondu. Nous, on a renvoyé un dossier de candidature, mais il était presque totalement vierge. Ils nous demandaient un plan de financement sur cinq ans, qu’est-ce que tu voulais qu’on mette ? On leur a juste répondu de s’adresser au ministère de la Communication… Dans tous les cas, c’est biaisé, souligne Juliette  : soit ils refuseront de nous donner un canal parce que nous n’avons pas de plan de financement, soit ils nous l’accorderont mais nous ne pourrons pas l’exploiter… »

Les radios libres en sont surtout réduites à souhaiter que la réforme, bien mal emmanchée et très mal menée, finira le bec dans l’eau. Avec le ferme espoir que l’échéance de 2012, fixée par la directive européenne pour le passage au tout numérique, ne puisse être tenue, même par les industriels.

Sinon ? La conclusion pour Juliette :

« Il est temps que les radios libres se remettent à ouvrir leur gueule. Il est temps de prouver qu’on mérite ce bel héritage des radios pirates et de montrer que faire de la radio libre est un acte politique. Certains l’ont oublié, qui se sont laissés porter par le train-train, sont devenus gestionnaires d’antenne. »

Pour FPP, l’avenir s’annonce aussi flou que la photo qui suit. Mais qu’importe : les occupants du vieux bâtiment de la rue d’Aubervilliers comptent bien ne rien lâcher. Mordre et tenir, comme dirait l’autre3.

JPEG - 33.3 ko


1 Sur FPP, Juliette anime L’intempestive, consacrée a(ux) histoire(s) & Lutte(s), le vendredi de 17 à 18 h et le lundi de 11 h à midi. Ses émissions sont aussi archivées sur son très bon site internet, où elle tient à jour l’histoire des radios libres et leur lutte, ICI.

2 Oui : en plus, le nombre de places est limité…

3 Copyright Vive le Feu.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 12 décembre 2008 à 11h01, par Françoise

    L’objectif est de donner la parole à tous ceux qui ne l’ont pas, à commencer par les habitants des quartiers populaires, les précaires et les immigrés.

    Et "en face l’objectif est de les faire taire. On ne va quand même pas laisser les gueux parler de leur gueuserie tout de même ! Ceux qu’on n’entend pas n’existent pas, c’est bien mieux comme ça n’est-ce pas, dans notre merveilleux monde mo-der-ne.

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com/

    • vendredi 12 décembre 2008 à 16h24, par JBB

      C’est exactement ça.

      Juste une voix s’entêtant à faire parler ceux dont TF1 et Martin Bouygues n’ont rien à foutre. Autant dire peanuts dans une société qui n’a de cesse de sauver les parts de publicité de la Une et des autres amis du présiment…



  • vendredi 12 décembre 2008 à 12h49, par wuwei

    Les cons aussi, s’ils parlaient de Carla plutôt que de Rosa Luxembourg sûr que Monsieur Bruni (ses chemises semblent de plus en plus tendre vers cette couleur si à la mode dans l’Allemagne des années 20 et après) se démènerait pour leur sauver la mise. Faudrait leur en toucher deux mots ?

    • vendredi 12 décembre 2008 à 16h27, par JBB

       :-)

      Ben oui… C’est toujours pareil avec les intellectuels, les militants et tous ceux qui rêvent d’un monde meilleur : ils s’obstinent à ne pas acheter les bonne boîtes de soupe…



  • vendredi 12 décembre 2008 à 14h06, par toots

    Tout changement technologique n’est pas inéluctable, même quand l’Etat utilise la Loi pour forcer le changement.

    A mon avis, la radio numérique sera une énorme panade pour plusieurs raisons :

    * contexte économique : demander de changer son équipement en temps de crise c’est l’échec assuré. A ce compte, le blue ray est très surement deja mort né, ainsi que peut etre la TV HD. Ici c’est encore pire puisque 90% des gens (source : institut national de pifométrie) n’ecoutent la radio que dans leur voiture. Quand on sait la panade du secteur automobile, ça fait bien rire sur le taux de renouvellement le jour on on basculera...

    * contexte technologique : la radio numérique arrive bien trop tard. Internet et les radios webs existent depuis un bout de temps, coutent bien moins cher à opérerer. De plus, le maillon le plus crutial, la possibilité d’écouter des radios web en dehors de devant son ordi est enfin comblé, puisque les terminaux mobiles peuvent maintenant etre connectés d’a peu près n’importe où. La PSP et le iPhone, pour ne citer qu’eux sont deja completement capables d’écouter des radios web.

    En définitive, il faut espérer que la radio web soit le terrain à conquérir et que la radio numérique n’ait été en fait qu’un gigantesque gouffre financier pour investisseurs avides de profits :)

    Et bon courage à FPP, j’écoute souvent et j’ai toujours apprécié la qualité et la varieté des émissions !!

    • vendredi 12 décembre 2008 à 16h31, par JBB

      « A mon avis, la radio numérique sera une énorme panade pour plusieurs raisons »

      Ils sont beaucoup à espérer que tu aies raison. Et le verrou financier, obstacle conséquent à l’équipement des ménages, pourrait bien en effet jouer un rôle.

      Pour le webradio, je te copie-colle un passage de l’entretien avec Juliette que j’avais pas retenu dans le billet. Elle ne partage pas trop ta vision des choses :

      "Nous ne voulons pas devenir des webradios, nous résistons de toutes nos forces. Ça étonne les gens, qui nous demandent souvent : pourquoi pas ? Mais ici, on voit la radio comme un espace où on discute, où on avance, où on apprend. Ça n’a rien à voir avec deux passionnés qui produiraient des émissions sur le web depuis leur salon.
      Il faut qu’on se parle, qu’on puisse se voir. En poussant les radios associatives à devenir des webradios, c’est ce lien social qu’on casserait, cette notion d’outil collectif. Notre radio, c’est ça. C’est l’immigré iranien qui vient faire son émission hebdomadaire, la jeune passionnée de reggae qui passe une fois par semaine, notre stagiaire italienne ici pour six mois…
      "

      • vendredi 12 décembre 2008 à 17h33, par Dominique

        Il n’y a pas seulement l’obstacle financier. La suppression de la modulation de fréquence devrait se faire en moins de trois ans. Or il a fallu à peu près dix ans pour que la majorité des ménages s’équipent de lecteurs de CD, à peu près autant pour les lecteurs de DVD, les magnétoscopes continuent d’ailleurs à fonctionner comme les bonnes vieilles platines à vinyls, et après 10 ans d’Internet grand public nous sommes encore à moins de 60 % d’équipement informatique et d’accès à Internet. Placer une date butoir aussi proche et imposer une marche forcée sont une erreur : le passage de la télé en noir et blanc à la télé couleur s’est effectué sur une longue durée (il y avait encore 1 % de postes en NB il y a dix ans). Quelles vont être les personnes sanctionnées ? Bien sûr les personnes à faible revenu, mais surtout les personnes âgées qui sont issues d’un milieu social modeste ou qui ont un niveau d’éducation peu élevé. Or cela voudra dire remplacer non seulement les postes de radio en une fois, mais aussi les postes de télévision puisque le passage à la TNT est irréversible pour tous ceux qui sont hors câble, satellite ou haut-débit. Ce sera l’incompréhension face à cet événement qui n’est pratiquement pas préparé dans l’opinion, j’ai déjà prévenu ma vieille mère mais pour les personnes âgées isolées ? Comment va-t-on répondre à une demande massive en quelques mois puisque la campagne de promotion n’est pas encore montée en puissance (les articles grand public sont rares) et que cela n’arrivera qu’au dernier moment ? Il risque d’y avoir pénurie de matériel et de main d’œuvre (sans compter un gros problème écologique de recyclage massif). Cela pourra donner un coup de fouet au commerce intérieur et à la consommation, mais au détriment de la balance du commerce extérieur puisque presque tous les fabricants ne sont pas français... Cest un faux calcul du point de vue de ce qui sera ressenti par l’opinion (l’Etat nous rackette) et du point de vue économique. Imaginons si l’on décidait du jour au lendemain de ne plus faire rouler de voitures à essence en trois ans...

        Dans ma bonne ville, il y a trois stations hyper-locales. Une commerciale, avec une programmation très mainstream de la FM, des animations beaufs. Elle est passée au numérique puisqu’elle est dans un grand réseau. Une catho, elle aussi dans un réseau, or l’Eglise possède des sous et des fidèles ayant des sous. Elle est d’ailleurs déjà en numérique. Reste la troisième associative proposant des émissions citoyennes ou des musiques alternatives. Sa seule possibilité de survie est en effet le Web vu le manque de moyens puisque tout repose sur des cotisations, des subventions et des concerts, mais cela veut dire se couper de la moitié de son public. Le local pourra donc toujours exister, mais à deux vitesses différentes : la visibilité qui existe sur un poste de radio par le balayage des fréquences aura disparu et il faudra refaire de la publicité pour diffuser l’URL, comme au temps du début des radio libres qui multipliaient les flyers et stickers.

        Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

      • vendredi 12 décembre 2008 à 17h58, par toots

        Je vois deux idées dans cette réponse :

        * La web radio est l’affaire de deux passionés dans leur salon

        * L’usage d’équipement informatique casse le lien naturel entre auditeurs et radio

        Le premier argument ne me paraît pas suffisament solide pour mériter d’être réfuté. Après tout, les premières radio libres étaient aussi des histoires de passionés dans leur salon. La respectabilité est venue après, il faut toujours un temps pour les pionniers et un temps pour les choses « sérieuses ».

        Le deuxième en revanche et tout à fait justifié. Il mériterait une analyse plus approfondie sur le rapport des auditeurs à la radio et sur la gamme de méthodes et matériels disponibles pour l’écouter sur le Web.
        En revanche, à première vue, il me paraît assez correct d’affirmer que, dans l’hypothèse de la disparition totale de la FM en 2012 (moi aussi j’en doute), la solution d’équipement web radio est moins couteuse et limitative pour l’auditeur aussi.



  • vendredi 12 décembre 2008 à 16h00, par Guy M.

    Merci de parler de ce problème des radios... que certains bavards vont passer sous silence.

    (FPP diffuse aussi les émissions de RESF, ainsi que j’avais eu l’honneur de dire dans un billet sur Karim et Hélène...)

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com/2008...

    • vendredi 12 décembre 2008 à 16h33, par JBB

      « Merci de parler de ce problème des radios... »

       :-) Tout le mérite en revient à Juliette, aussi intarissable que passionnante sur la question.

      RESF y tient en effet micro le mercredi, de 15 à 16 h.



  • vendredi 12 décembre 2008 à 22h50, par skalpa

    En provincial de l’étape, j’en profite pour rebondir sur les difficultés rencontrées par les deux radios associatives rouennaise, HDR, une radio implantée sur les Hauts de Rouen qui prône le mix des culture et Radio RC2 « pédagogique, éducative et culturelle. »

    Voilà, c’est fait...

    Et internet, quand c’est qu’il sera réellement et réactionnairement réglementé, calibré, aseptisé, publicité, sans plus aucun espace de liberté ?
    J’espère dans le plus long, loin temps...
    J’ai du mal à y croire pourtant...
    Pourtant...

    Tiens un petit morceau que tu apprécieras sûrement...

    les frères misère ; Il ne suffit pas !

    Voir en ligne : mon blog : Kprodukt, blog actif et militant(?)

    • samedi 13 décembre 2008 à 10h59, par Dominique

      HDR et le problème de la RNT dans Eclectik de Rebecca Manzoni ce samedi. On peut réécouter l’émission toute la semaine sur le site de France Inter.

      Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

      • samedi 13 décembre 2008 à 14h11, par JBB

        @ Skalpa : « quand c’est qu’il sera réellement et réactionnairement réglementé, calibré, aseptisé, publicité, sans plus aucun espace de liberté ? »

        Ça finira bien par arriver. Le délai de prescription de la diffamation, étendue sur internet, et l’agitation de Nadine Morano en sont sans doute les premières étapes.

        « Tiens un petit morceau que tu apprécieras sûrement... »

        Merci :-)
        Mano Solo, j’adore déjà. Mais dans sa version punk, je trouve qu’il confine au génie (bon… je m’enflamme un peu)

        @ Dominique : je vais m’écouter ça, merci.



  • samedi 13 décembre 2008 à 12h49, par Philippe Edmond

    Il ya un paradoxe dans le projet de cette radio.
    Contester la société, et la publicité, tout en étant subventionnée par l’Etat

    Voir en ligne : Signature

    • samedi 13 décembre 2008 à 14h03, par JBB

      Le paradoxe n’est qu’apparent.

      La très grande part de l’argent allouée, le FSER, est prélevé sur sur les revenus publicitaires de l’audiovisuel commercial et public. Ce qui change grandement la donne, je trouve.



  • vendredi 19 décembre 2008 à 16h47, par Carole

    Bonjour,

    Dites moi un truc que je n’ai peut être pas bien compris ! Bon déjà, merci au fameux mythe du progrès : On découvre encore une fois son étendue impressionante dans la mentalité des gens du pouvoir, tellement lié au pouvoir industriel !
    J’ai toujours cru que, certes il y a le mythe du progrès, qu’il y a des abrutis pour acheter le dernier Iphone, mais que jamais je ne serai forcé à quoi que ce soit...
    Mais avec cette loi, je me rends compte qu’ils y vont même par la force ! Alors c’est pourquoi je m’interroge et peut être pourriez vous m’aider :
    Est ce que nous serons vraiment obligé de passer a leur TNT pour écouter la radio ? La bande FM sera-t-elle complètement fermée ? Ou ceux qui le voudront pourrons continuer à écouter nos radios (associatives) sur cette bande ?

    Et que dire d’internet ? Serait-ce impossible pour les radios associatives de continuer à diffuser sur internet ?

    Merci de m’éclairer. Et surtout ne pas baisser les bras, même si toutes ces réformes commencent réellement à devenir de plus en plus incohérentes avec notre liberté, que ce soit d’expression, de militantisme, de santé, d’éducation et j’en passe... Vivement une révolte générale !

  • Répondre à cet article