ARTICLE11
 
 

jeudi 18 juin 2009

Le Charançon Libéré

posté à 15h15, par JBB
11 commentaires

Morne 18 juin en sarkozye : les feuilles mortes se ramassent à l’appel…
JPEG - 25 ko

Je ne sais pas vous. Mais moi : j’attends. Quoi ? L’appel, le nouveau et vibrant appel du 18 juin qui, en toute la France, fera se lever une armée de résistants face aux attaques gouvernementales contre les valeurs fondamentales de la République et le modèle social à la française. Soit : ce n’est peut-être pas demain la veille… Mais tout vient toujours à point, non ?

JPEG - 25.4 ko

La radio libre FPP m’a gentiment proposé de faire une petite chronique hebdomadaire, le jeudi à 12 h 30. Comme je ne recule devant rien, je vous la copie-colle ici.


Je ne vais pas vous raconter d’histoire.

Ça me fait tout drôle de me retrouver devant un micro aujourd’hui.

Dans une radio libre !

Un 18 juin !

Avec la latitude de dire ce que je veux !

Sûrement, ça doit rappeler des trucs à ceux d’entre vous qui ont déjà ouvert un livre d’histoire.

Et de mon côté, ça me donne grave envie de lancer un vibrant et solennel appel.

Un de plus, en somme, puisque chaque 18 juin - depuis que De Gaulle a lancé la mode il y a 69 ans, en 1940 - les appels se ramassent à la pelle.

JPEG - 81.7 ko

Je vous dis ça.

Mais je ne suis pas le seul à ressentir l’appel de l’appel.

À avoir envie de froncer les sourcils, à rêver de prendre une voix grave et à ambitionner de me lancer dans un long discours à base de France Libre, de flamme de la résistance et de destin du monde.

Et je sais que Jezabel1, par exemple, assise à côté de moi, ne rêve que de ça, elle qui aimerait tant porter des épaulettes et prendre un ton martial, se tenir bien droite dans son uniforme et parler avec une voix de majesté en invoquant l’État, la France, oui la France, Môsieur, celle qui n’est jamais vraiment vaincue même quand elle s’est faite ratatiner la gueule par ces féroces soldats qui font rien tant que mugir dans nos campagnes et venir jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes.

Et Jezabel n’est pas la seule à se sentir transportée.

Ness - aussi - est chaud bouillant.

A tel point que je crains à chaque seconde qu’il ne prenne, depuis sa console technique, le contrôle de mon micro pour lancer son appel à lui, c’est logique, 18 joints ça le fait triper, il est en train de les compter dans sa tête et de se dire que De Gaulle était en fait un petit rigolo, que 18 pétards en une seule journée ce n’est pas si extraordinaire que ça et que ça ne vaut pas le coup de continuer à en parler 69 ans après2

Bref, il règne une drôle d’ambiance dans le studio.

Et nous sentons flotter entre nous le fantôme de ce brave général, comme un parfum d’histoire, un souffle du mythe, le poids du passé qui s’insinue partout et nous regonfle les épaules et la cage thoracique.

JPEG - 47.7 ko

Mais voilà.

Et puisqu’on en parle.

Il faut bien avouer qu’il n’est pas, aujourd’hui, des masses de résistants pour se dresser face à la barbarie moderne, celle qui porte aux nues les puissances de l’argent, légalise le vol et la rapine au profit des patrons et du gouvernement, se donne un mal de chien pour faire renaître les privilèges et refonder l’aristocratie, mène une guerre de tous les instants contre notre système social et ce qui faisait le modèle français, s’entête à prétendre réformer la France pour mieux la mettre en coupe réglée et - de façon globale - légitime l’écrasement des faibles par les puissants.

Et il n’est pas de meilleur exemple de cette déréliction constante que le sort qui est fait par l’actuel gouvernement au programme du Conseil national de la résistance, programme adopté en mars 44, en partie mis en pratique à la Libération et qui comportait quelques mesures essentielles, dont :

 × La pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ; la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères.

 × L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie

 × Le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques

 × Un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État

Autant de mesures qui filent de gros boutons à Sarkozy et sa clique.

À l’image de ce brave Denis Kessler, ancien vice-président du Medef qui, dans le magazine Challenges en octobre 2007, énonçait tout haut ce que ses camarades de l’UMP et du syndicat patronal pratiquent tout bas, expliquant qu’il « faut défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance » avant de préciser : « Le gouvernement s’y emploie. »

Voilà : « Le gouvernement s’y emploie. »

Méthodiquement.

Tranquillement.

Petit bout par petit bout.

Et sa dernière proposition, celle de faire passer l’âge de la retraite à 67 ans, est dans la droite ligne de ces attaques qu’il n’a cessé de porter contre le modèle social français depuis l’élection de 2007, soit deux ans d’offensives constantes, si massives et frontales qu’elle feraient passer la percée des chars allemands dans les Ardennes, en 1940, pour un joyeux pique-nique sans envergure.

Je ne suis pas gaulliste, de très très loin.

Mais j’attends toujours - et je suis sûr que Jezabel et Ness aussi - j’attends toujours, donc, ce nouvel appel du 18 juin, celui qui verra se dresser en toute la France des résistants contre l’œuvre détestable de ce gouvernement.

Si quelqu’un peut s’y coller, ce serait cool.



1 Jezabel et Ness sont deux des permanents de la radio. Vous pouvez leur faire coucou. Hop : coucou !

2 Mais puisqu’on en parle, je suis sûr que vous n’ignorez pas que se tient aujourd’hui la 18e édition du rassemblement de l’appel du 18 joint et qu’il s’agit de demander à ce que se tienne - enfin - un débat national sur la question de la dépénalisation du cannabis. Pour les Parisiens, ça se passe à la Villette :

JPEG - 103 ko

COMMENTAIRES