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mardi 9 février 2010

Entretiens

posté à 12h54, par Lémi
30 commentaires

Romain Felli : « L’écologie est devenue un facteur de légitimation de l’ordre existant »
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Tremble, écolo old school : le « Green Business » gagne du terrain. Il est même en passe de devenir le meilleur allié d’un capitalisme sur le point de virer bio. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, tant cette forme abâtardie d’écologie contemporaine n’a plus rien à voir avec une pensée contestataire. Retour sur la question en compagnie de Romain Felli, auteur des Deux âmes de l’écologie.

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Il y a eu Grenelle et le sourire niais de la Hulotte – profession, sauveur de terre1 –, benêt médiatique aux anges d’être instrumentalisé. Arthus-Bertrand et ses raids « écolo » hélitreuillés, son film « grandiose » matraqué partout. L’avènement d’Europe Ecologie et de Dany le-moins-rouge-que-jamais, désormais intronisé homme politique incontournable de ce début de décennie. La mascarade Sarkozy levant ses petits poings rageurs pour l’avenir de nos enfants. Le lancement récent de ce nouveau magazine, Green-Business, dont le nom dit tout2. La débandade de Copenhague après les annonces en cascade… Une avalanche d’épisodes tragi-comiques – et pléthore de vedettes éco-tartuffes – dont on s’échinerait en vain à faire le compte. Avec cette vérité émergeant peu à peu du barnum : le green maquillage permet au capitalisme de se racheter une virginité à peu de frais et à ses maquignons – hommes politiques & chefs d’entreprise main dans la main – de se poser en sauveurs. Finies les postures industrielles et les discours ultra-libéraux, place aux pollueurs hypocrites la bouche en cœur3, à la croissance relookée because beaucoup plus pimpante dans ce green qui désormais l’enrobe.

Le principal symptôme de cette évolution est sans nul doute ce développement durable vendu comme nouvel horizon indépassable pour une humanité soudain – c’est magique – responsable. C’était facile en fait, pas besoin de s’alarmer, il suffisait de jouer à fond les green tech. Le hic, évidemment, c’est qu’en s’accaparant le discours écologique, les tenants du développement durable ont vampirisé l’idéal écologique de l’ensemble de ses principes de base, hold-up parfait. « L’écologie est devenue un facteur de stabilité voire de légitimation de l’ordre existant », explique ainsi Romain Felli4, auteur du très instructif « Les Deux âmes de l’écologie »5.

Développement durable : le casse écologique du siècle

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On a l’impression qu’il est là depuis la nuit des temps, que déjà à l’âge de pierre des pantins lugubres s’agitaient pour te vendre leur viande de mammouth certifiée durable, bobos néolithiques. Mais non. Le concept de développement durable est relativement neuf, une vingtaine d’années. Par contre, il s’est développé et généralisé avec une telle voracité qu’il a été rebaptisé « concept-glouton » par Sylvie Brunel6, équivalent d’une sorte de Pacman lexical polymorphe qui a su s’imposer partout, sous toutes les formes, dans toutes les bouches.

À cela, il faut surtout ajouter la généralisation à tout va de l’idée de complémentarité entre croissance et écologie. Le capitalisme vert a le vent en poupe et le critiquer vous expose à être illico taxé de gros salopard cynique (ou de rêveur indécrottable). Si bien que Romain Felli en arrive à le désigner comme « horizon indépassable de notre temps ». Interrogé sur l’origine du concept, il en retrace les débuts :

L’émergence internationale de ce concept date très clairement de 1989 et du fameux rapport « Brundtland » (du nom de l’ancienne première ministre norvégienne qui dirigeait la commission ayant assuré sa rédaction) qui le définit et le propose comme fondement de la politique environnementale internationale. Ce rapport a servi à préparer le « sommet de la Terre » en 1992 à Rio.

L’opération produite par le rapport Brundtland consiste à renverser l’orthodoxie précédente qui opposait croissance économique et protection de l’environnement, en posant au contraire la complémentarité de la croissance et de la protection de l’environnement. On comprend que sur ces bases, l’écologie cesse d’être un problème, une limite ou un obstacle à l’accumulation du capital et en devient au contraire une de ses possibilités. Ce projet de « modernisation écologique » a depuis été poursuivi avec enthousiasme dans l’ensemble des pays industrialisés.

L’écologie cesse d’être un problème un obstacle à l’accumulation du capital et en devient au contraire une de ses possibilités. Tout est dit. À la suite de ce rapport Brundtland, l’idée que la croissance n’est pas incompatible avec l’écologie s’impose progressivement sur la place publique. Dans le même temps, les principes de base de l’écologie politique se retrouvent catalogués comme poussiéreux, bêtement utopiques.

Cette écologie politique, que l’on retrouve dans les thèses de Jacques Ellul ou Ivan Illich, de René Dumont ou André Gorz (entre autres), et désignée par Romain Felli sous le terme d’ « écologie par en bas  », a toujours été basée sur des principes d’autonomie, de décentralisation, de critique de la technique et de la croissance à tout prix. A l’inverse, l’écologie qui triomphe avec le développement durable est une « écologie par en haut », conservatrice. « Deux tendances se sont opposées dès l’origine et continuent à le faire. Réduire la pensée écologique au développement durable, c’est nier cette opposition et naturaliser la pratique actuelle. », rappelle ainsi Romain Felli. Dès lors que l’écologie politique, « par en bas », n’a plus le vent en poupe, c’est son pendant conservateur qui vampirise le débat :

Une forme de révolution conservatrice a été opérée par laquelle de contestataire, l’écologie devient un facteur de stabilité voire de légitimation de l’ordre existant. Il n’est plus question aujourd’hui, grâce au développement durable, de contester radicalement le capitalisme, la « société de consommation » ou l’Etat policier. Le but est au contraire de conserver ce monde existant, de le rendre durable en opérant une forme de modernisation écologique du capitalisme. On observe aujourd’hui tout une rhétorique de la « croissance verte », et de nouveaux secteurs économiques (énergies renouvelables, dépolution,...) qu’on ne peut pas comprendre si on considère le développement durable comme une forme de contestation de l’ordre social existant.

On retrouve cette position chez Paul Ariès, rédacteur du journal La Décroissance, qui caractérise le développement durable comme la « une barbarie qui vient ». Dans La Simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance7, il écrit : «  Ce projet [le développement durable] d’adapter la planète mais aussi les humains aux besoins du « toujours plus » ne pourra se faire qu’au détriment du plus grand nombre, au prix d’un clivage de l’humanité. […] Si le sarkoproductivisme peut accepter un tel projet, une gauche véritablement sociale et une écologie antilibérale ne le peuvent pas. »

Remettre l’écologie politique au centre du débat ?

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Les petits bouts d’écologie qui naviguent dans le débat politique institutionnel sont appelés à se multiplier. Rien de plus normal : le capitalisme post-crise ne peut que se féliciter de leur prolifération. Outre que ce vernis permet de se dédouaner à bon prix de tout saccage planétaire, c’est un pan économique presque vierge qui s’offre aux entrepreneurs de tous bords. Dans ces conditions, la croissance verte est partout encensée, encouragée, posée comme unique solution, chez les verts comme ailleurs. Un unanimisme critique qui équivaut à une démission.

En se diluant et en ne se positionnant plus dans une critique globale, l’écologie perd sa crédibilité, conforte le système même qu’elle est censée combattre. De critique acerbe, elle devient alliée à qui - parfois - l’on donne un os à ronger. Pour le chercheur suisse, revenir à l’écologie politique implique un renversement total de nos cadres de pensée. Il ne suffit pas de plaider la décroissance, il faut reconstruire un autre système, nous confie-t-il :

En l’état du système économique actuel, un ralentissement du taux de croissance, voire sa baisse produisent des catastrophes sociales. On aurait tort de penser, mais je crois que personne ne défend vraiment cette idée, qu’il faudrait aller vers une simple « décroissance » d’un indicateur du PIB. Un capitalisme sans croissance est une contradiction dans les termes. La critique de la croissance est donc nécessairement une remise en cause des rapports de propriété, du but de la production, du contrôle de l’économie, etc.

C’est également un rapport au savoir qui se joue, une capacité à maitriser les outils de production. L’écologie telle qu’elle s’impose dans le débat publique est de plus en plus proche de ce que Hans Jonas appelait de ses vœux : « Une tyrannie bienveillante ». Concentrée entre les mains d’experts et de groupes censés disposer du savoir, elle s’éloigne de plus en plus des idéaux d’autonomie et de la participation de la société civile. Pour Romain Felli, inverser la tendance implique de repolitiser l’écologie :

Il faut arriver à sortir de l’idée qu’il y aurait des experts qui produisent une vérité au sujet de la nature et qui proposeraient des solutions nécessaires. On ne peut pas simplement se soumettre aux « limites de la nature » mais arriver à fixer collectivement, c’est-à-dire démocratiquement des limites. Ces limites sont sociales et politiques.

A cet égard, je pense qu’il faut sortir de la vieille opposition entre « classe ouvrière » et « nouveaux mouvements sociaux ». Les résistances à la crise écologique sont de plus en plus comprises comme des luttes anti-capitalistes et c’est une bonne chose. La jonction entre syndicats et mouvement écologique s’est faite dans les manifestations contre l’OMC à Seattle, par exemple. C’est quelque chose qu’il s’agit d’approfondir. Les syndicats doivent recommencer à porter un discours alternatif sur les conditions de vie, la réduction du temps de travail, l’autogestion,etc.

Rassembler, donc, et convaincre, faire jonction, voilà ce qui pourrait donner de l’ampleur à une critique anti-productiviste constructive. Face à ce principe de réalité agité partout, tout le temps - il faudrait être réaliste, regarder les choses en face et cesser de s’accrocher à des chimères écologiques - , Romain Felli répond par un éloge de l’utopie, seule manière de reconquérir des alternatives sociétales :

Le critique littéraire Frederic Jameson nous enjoint, à raison je crois, à être anti-anti-utopiste. Le monde nous semble aujourd’hui largement unidimensionnel et se refuse à toute critique. Pire, une certaine forme de catastrophisme écologiste (notamment autour de la crise climatique) en vient explicitement à dire que l’urgence écologique oblige à remettre à plus tard la critique du système existant, l’urgence étant la « survie de l’Humanité ». Au nom de cette urgence, il s’agirait de s’allier avec les grandes entreprises et d’accepter la logique du marché (éco-taxes, marché de permis de polluer) comme seules solutions à la crise. Comme le dit Jameson, il devient plus difficile d’imaginer la fin du capitalisme que la fin du monde.

Je pense que nous avons besoin d’un renouveau de la pensée utopique, c’est-à-dire de la possibilité d’imaginer un monde différent du notre, et qui, par différence, montre que ce qui est pris pour normal ou évident est en réalité spécifique à notre société. L’urgence c’est d’être capable de se représenter des alternatives.



1

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2 On en parlait ici.

3 Voir par exemple cet article de François Ruffin dans Fakir, « Votre label écolo en 10mn ». Ou cet autre d’Aurélien Bernier dans le même Fakir « Trader de vents ».

4 Dans un entretien réalisé par mail qu’il a gentiment accepté de nous accorder.

5 Editions l’Harmattan, 2008.

6 In Le Développement durable, Paris, PUF, 2004. Cité dans l’ouvrage de Romain Felli.

7 2010, Editions La Découverte/Les Empêcheurs de penser en rond.

8 Cette illustration a été empruntée au site Casseurs de pub. Que son créateur, à qui je n’ai rien demandé, en soit remercié.


COMMENTAIRES

 


  • [8] Cette illustration a été empruntée au site Casseurs de pub. Que son créateur, à qui je n’ai rien demandé, en soit remercié.

    Ce dessin me fait penser à ceux d’Andy Singer dont le très bon livre « CARtoons, le cauchemar automobile » parle avec humour et gravité en même temps de l’emprise de l’automobile.
    C’est drôle (mais pas tant que ça finalement...).



  • Excellent article, merci de sortir du politiquement correct soi disant éco-logique... Convaincu du bien fondé d’un respect plus grand de notre planète et de ses équilibres naturels, je trouve qu’aujourd’hui ce qu’on cherche à préserver c’est surtout un mode de vie, un façon d’être au monde.

    Un capitalisme à visage humain n’est pas possible, il ne s’agit que de poudre aux yeux, de tromperies ridicules et grossières.

    Le capitalisme ne peut pas être vert mais le fascisme oui.



  • Le développement durable, c’est un peu comme si on mettait en place une prime à la casse pour vous inciter à jetter votre vieille voiture qui marche bien et vous coûte rien, pour en acheter une neuve très chère à la durée de vie plus que limitée...

    L’écologie est devenue un label commercial. Même Mac Beurk s’y est mis !
    Il n’est plus question que d’éthique, de durable, d’éco-compatible, d’environnement, de planète, et principalement dans la com’ des plus grands pollueurs/délocaliseurs. La dernière grande blague est actuellement la décision prise par des distributeurs d’afficher le bilan carbone des produits alimentaires sur le ticket de caisse ! si si !

    Hulot, je me rappelle de lui quand à la fin des 70’, il était le « monsieur moto » dans l’émission de Patrice Blanc-Francard le soir sur France Inter. Broum broum...



  • merci d’orthographier correctement le nom d’Ivan ILLICH (qui n’a rien à voir avec...Lénine)



  • Votre article n’est pas suffisant puisqu’il laisse entendre qu’il pourait exister une « bonne » écologie...
    En fait je ne vois dans l’écologisme qu’une série d’idées fausses ou réactionaires...
    1/ Les révolutions éclattent lorsque l’essor nécéssaire et désirable des forces productives se heurte aux rapports de production et aux formes de propriétés : donc vouloir la DECROISSANCE c’est vouloir un capitalisme raisonnable qui aurait surmonté ses contradictions.
    2/ Il est archi faux et même débile d’affirmer que la survie de l’espèce humaine ne puisse pas être garantie par des moyens techniques et industriels...Au contraire seule la technique et l’industrie peuvent nous permettre d’affronter victorieusement les forces destructrices NATURELLES qui ont bousillé les dinosaures .
    A titre d’exemple : dans moins de 1 000 000 d’années l’Afrique aura dérivée jusqu’à fermer le détroit de gibraltar ce qui transformera la méditerranée en lac endorrhéïque salé (beurk !) et la condamnera à s’évaporer trés rapidement sauf si nous intervenons avec des milliers de pipe-lines , des iles artificielles anti-évaporations...etc...
    3/ L’écologisme tartignol et moralisateur des sauveurs de planete et autres respireurs d’air pur est né à l’extrème gauche, vers la fin des années 70, de la désillusion des enfants du siècle qui ne parvenaient pas à faire leur deuil de MAI68...Aujourd’hui le principal parti écolo est une force intégré au exécutifs locaux et européens...Elle approuve toutes les dérives néolibérales ( T.C.E ) et toutes les expéditions punitives de l’empire...DEMAIN le fascisme vert sera la principale force réactionaire et répréssive comme le montre déjà l’abjecte politique d’ostracisation des fumeurs qui n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend tous...

    • bonjour
      « la survie de l’espèce » que vous dites ! si c’est juste pour la survie de l’espèce, la technique lithique suffit, mais dans le cas présent c’est d’éviter que les conditions de vie pour l’homme n’empirent davantage et ne fassent encore plus de ravages. Aujourd’hui, c’est l’abus général de la technique industrielle qui ravage la survie humaine, depuis le pétrole (« une goutte de pétrole, une goutte de sang », ça serait pas du churchill ?), en passant par tous les dérapages contre-productifs du nucléaire, ogm, nanotechnologies et autres lanternes qui sont présentées comme des solutions à la « faim dans le monde ».
      Les moyens techniques et industriels, développés comme ils le sont ne sauveront rien mais ne feront que faire empirer car, celui qui n’a pas ces moyens se fait dépasser et crève ! exemple tout con du téléphone portable : si j’en ai pas, j’ai plus de potes ! Quand elle dépasse un seuil, la technique industrielle, la technoscience devient contreproductive pour l’humanité et outil de domination pour celui qui la possède. Le mieux est l’ennemi du bien.
      Et pour l’histoire de la méditerranée qui disparait, j’en ai une plus humaine, d’apocalypse : les millions de tonnes de poubelles radioactives dans notre petit pays qui vont rayonner pendant 20 000 ans, ça c’est du puissant !
      je repompe Illich, qui ne veut pas te remettre dans ta grotte, mais qui relève l’évidence : l’histoire du seuil à partir duquel la technique est contreproductive !

    • « A titre d’exemple : dans moins de 1 000 000 d’années l’Afrique aura dérivée jusqu’à fermer le détroit de gibraltar ce qui transformera la méditerranée en lac endorrhéïque salé (beurk !) »
      Comme j’aime les scientistes ! À trop vouloir « prouver », ils finissent toujours par écrire une énorme bêtise. Car, à supposer que dans les décennies à venir l’espèce humaine n’ait pas totalement bousillé son environnement au point d’y rendre toute vie impossible (cette remarque n’est pas contradictoire avec l’article de Lémi, bien au contraire)... et bien : aucune technique humaine ne pourra venir contrecarrer ou amoindrir les effets du déplacement des plaques tectoniques, pour la simple raison que la stabilité génétique de l’espèce n’est pas telle qu’on puisse raisonnablement penser que dans un million d’années, il existera encore quelque chose qui puisse se nommer « espèce humaine ».

      « Au contraire seule la technique et l’industrie peuvent nous permettre d’affronter victorieusement les forces destructrices NATURELLES qui ont bousillé les dinosaures . »
      Hi hi hi hi hi... Quoi que je rigole moins en pensant que des gens comme vous ont laissé, avec leurs sottises technicistes, grande ouverte la porte aux pseudo-écologistes du genre de ceux si finement et si justement analysés dans cet article.

      • Les dinosaures ont disparu suite a la collision entre la TERRE et une comète... Si ce scénario devait se reproduire nous aurions les moyens techniques d’enfiler 10 ou 12 missiles nucléaires dans le t...d.c.. de la menaçante comète qui s’effriterait et irait polluer l’infini espace intersidéral de ses déchets radioactifs...

        • la comète ! voilà l’ennemi contre lequel lutter pour faire cohésion (tous ensemble tous ensemble ouais ouais ouais), avec des techniques de pointe ! la comète, ça a plus de gueule que le péril islamiste ou le réchauffement climatique et puis ça permet aussi de croire que l’avancée technique est la solution. qui veut me vendre ses actions Areva, je sens que ça remonte avec l’approche de la comète !
          « créer la peur de l’apocalypse dans le coeur de chacun et vendre ses solutions » ça a commencé aux alentours de 1400-1500 par chez nous et ça marche toujours aussi bien pour garder le pouvoir.

          • BRAVO...« les fanatiques de l’apocalypse » décrits par Norman KOHN sont aussi appelé des « millénaristes »...La fin du monde était d’abord prévu pour l’an 1000...
            On peut lire sur switzerland indymedia l’article « taxe carbone et baratin sur le réchauffement climatique » et le débat que cet article provoque...

    • Réponse à Sporri georges. On aura compris que pour vous seul compte sur la Terre (ou même dans l’univers entier ?) la vie humaine. Humour en passant, c’est aussi le point de vue de l’Eglise catholique romaine ! Pour d’autres personnes, comme moi, la vie des autres êtres vivants a une importance considérable, non seulement en tant qu’espèce mais aussi en tant qu’individus sensibles en ce qui concerne les animaux, surtout les plus proches de nous (mammifères, invertébrés, etc). Ce que nous faisons subir à ces bêtes pour nos besoins pas toujours vitaux, loin s’en faut, est pour nous proprement abject. Nous sommes encore bien minoritaires, mais nous n’abandonnerons jamais. A ceux qui nous insultent, nous pouvons leur répondre qu’ils sont des êtres aveugles ou sans pitié (au choix). (voir les horreurs des élevages concentrationnaires, des abattoirs, des chasses, des corridas et autres loisirs sadiques, des laboratoires de torture, des pêches, etc).

      • Respect de la faune, de la flore, de la biodiversité, des équilibres naturels, oui. Mais à condition d’être crédible, rationnel, et réaliste. C’est ainsi que je méprise les « anti-viande » ( végétariens/végétaliens ), les anti-chasseurs ( il y a des chasseurs respectueux de la Nature, hein ), etc... C’est de la sensiblerie, du « Brigitte Bardotisme », c’est typique de l’homme occidental, allez voir ce qui ce passe ailleurs, dans d’autres cultures du monde, chez les peuples traditionnels par exemple qui pourtant vénèrent la faune et la flore.
        Et c’est ainsi pour la chasse aux phoques par exemple, qui n’est en rien une menace, ni pour le phoque, ni pour l’écosystème local. Les Inuits la pratiquent depuis des millénaires, elle fait partie de leurs traditions, de leur culture, et pourtant en interdisant, l’année dernière, l’importation de tous les « dérivés » provenant de cet animal, les sbires de « BB » et autres tarrés du genre mettent en danger la survie des Inuits.
        Bref, ce n’est qu’un exemple parmis tant d’autre. Et, je pense sincèrement, que parmis les écolos ( urbains bien sûr, votre experience de la Nature se limite à votre potager, voir à la campagne française, ce qui n’a rien à voir avec les régions sauvages de Russie, d’Afrique, de l’Alaska... ) il y a de plus en plus d’intolérants, d’extremistes, de tarrés, etc... Et je crains que cela vire à l’intégrisme religieux.
        Deux liens, pour ceux à qui cela intéresseraient :
        http://horreurecologique.blogspot.c...
        http://www.politis.fr/En-condamnant...,7025.html

        • Manuel, vous en êtes réduit aux insultes. Je vous laisse à votre aveuglement spéciste.

          • « Manuel, vous en êtes réduit aux insultes »
            Ha bon ? Des insultes ? Lesquelles ?

            « Je vous laisse à votre aveuglement spéciste. »
            Bien au contraire, je méprise l’anthropocentrisme autant que les nouveaux écolos ( bobos urbains ) qui, j’insiste, sont complètement à côté de la plaque. J’éprouve un profond respect pour la faune et la flore, et la biodiversité de façon plus générale. Mais j’essaye de rester réaliste, rationnel, pas de verser dans de la sensiblerie à deux balles et de l’intolérance ou de l’intégrisme.

    • @Sporri Georges

      Vous semblez faire partie d’une catégorie de gens qui m’a toujours intrigué, à savoir ceux qui ont une grande capacité de rédaction - ce qui dénote une intelligence certaine - mais une très faible capacité à raisonner de façon cohérente. La seule explication que je puisse trouver à cet apparent paradoxe est qu’il s’agit de personnes qui laissent leurs émotions prendre le pas sur leur intelligence. Permettez-moi donc de relever quelques grosses failles dans votre discours :

      1/ vous affirmez que « vouloir la DECROISSANCE c’est vouloir un capitalisme raisonnable qui aurait surmonté ses contradictions » sous prétexte que « Les révolutions éclattent lorsque l’essor nécéssaire et désirable des forces productives se heurte aux rapports de production et aux formes de propriétés » : autrement dit, le fait que les forces productives se révoltent est la preuve nécessaire et suffisante qu’elles veulent le capitalisme ? Permettez-moi de m’asseoir un moment, il y a quelque chose qui m’échappe... En attendant la fin de ma pause, pourriez-vous chercher la réponse à ces deux questions : 1° comment le capitalisme pourrait-il être raisonnable ? 2° comment le capitalisme pourrait-il être décroissant ? Merci d’y réfléchir.

      2/ vous illustrez votre défense de la technique et de l’industrie (en bref, la technologie) par l’exemple de la Méditerranée qui se fermera dans 1 million d’années. Passons sur le fait qu’il n’a jamais été dit qu’il fallait se passer de la technologie pour en venir à ceci : en suivant votre logique je pourrais tout aussi bien vous dire que cette technologie nous donne - aujourd’hui, pas dans 1 million d’années - les moyens de nous auto-détruire, et qu’il faut donc s’en débarrasser de toute urgence. Je ne le ferai cependant pas, car contrairement à ce que vous insinuez, il ne s’agit pas de diaboliser la technologie mais de se poser la question de son utilisation. L’outil technologique étant au service de celui qui s’en sert, je pense pouvoir affirmer - dites-moi si je me trompe - que dans notre système il est tout entier tourné vers la maximisation des profits, or par les temps qui courent, l’intérêt des possédants diverge malheureusement de plus en plus de la recherche du bien commun.

      3/ vous reprenez ici exactement la thèse de l’article. Pourquoi vous donner la peine de le critiquer si c’est ensuite pour l’approuver ? A trop vouloir démontrer...



  • Deux liens sur le rapport de l’ETC Group, qui a suivi ce retournement de veste de la part des grosses multinationales pétro chimiques. Edifiant.
    http://www.etcgroup.org/en/issues/geoengineering
    La traduction en cours de ce rapport ainsi qu’une interview de Pat Mooney sont disponibles sur le blog de Supahumandignity.
    http://supahumandignity.blogspot.com/2010/01/retooling-planet.html
    Juste histoire de se rendre compte que la question du recyclage des déchets, c’est du pipi de chat. Jusque dans vos tripes on ira à coups de nanotechnologies vous adapter à la pollution !
    Un cooling Coca ???

    Voir en ligne : Retooling the planet



  • Ah, ça fait du bien, le coup de pompe au derche des faux du même séant qui nous jouent du pipeau........ voire même de la flûte à bec :))))))))) genre vie le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver et gnagnagna....gnagna.......gnagnagnananère.

     ;-)



  • Ah que voilà un papier sur l’écologie comme on aimerait en lire plus souvent ! la tartufferie du green-washing et de ses apôtres médiatisé est vraiment à dénoncer et vous le fîtes parfaitement bien, comme sur tant d’autres sujets abordés ici.



  • Comme à l’habitude, Lémi nous gratifie d’un bel article. Merci.

    Juste une petite remarque, il semblerait que « Dany le-moins-rouge-que-jamais » se soit légèrement réempourpré, mais il est possible que ce soit juste une effet d’annonce pour les régionales :

    Discours de Cohn(-Bendit) lors de l’investiture de Barroso

    Il n’est pas encore rubicond, mais au moins il pousse une gueulante au parlement européen et dis « ta gueule » à un euro-député (que je n’ai pas reconnu si quelqu’un peut m’aider, ça serait gentil), ce dont on rêve tous.

    Ça n’a pas suffit à m’acheter ma voix aux régionales non plus, mais ça fait du bien d’entendre un politicard pousser une gueulante quand c’est pour de bonnes raisons, même si le Dany a de beaux côtés hypocrites lui aussi.

    « le sourire niais de la Hulotte »

    Un clin d’oeil à cette Hulotte là qui est une initiative totalement amatrice qui survit depuis des décennies avec des bouts de ficelle. Je vois que, pour une fois, on a les même lectures (parce que les autres livres de Lémi avec plein de pages, des mots compliqués et pas d’images, c’est dur pour moi... ;-) ).



  • Salut
    Le développement durable est une tartufferie capitalo-écolo-oxymorique apparue à Kyoto suite au rapport de Brundtland.(oxymore : deux mots ayant des sens opposés et aboutissant à une image contradictoire)
    Il fallait que les Maitres récupèrent la pensée écolo qui est à l’origine contestataire pour la dissoudre afin de la resservir aux peuples ,vidée de sa substance . Les collabos à la manoeuvre ne manquent et le milieu en est infesté !. Ils sont tous médiatisés à l’opposé des Dumont ,Illich, Gorz , Ellul... On a l’embarras du choix ! Des noms ?
    Pour compléter,la notion’écologie sociale de Murray Bookchin (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89...) me semble répondre à pas mal de nos préoccupations .
    Comme bouquin entre autres : Une société à refaire ,pour une écologie de la liberté de Murray Bookchin aux éditions de l’Atelier Libertaire.
    Nous sommes dans un système qui pratique la lobotomisation des masses afin de mieux les domestiquer et force est de contaster que ça fonctionne pas mal .
    Sur la domestication entre autres : Du progrès dans la domestication de René Riesel chez l’encyclopédie des nuisances.
    Merci de nous avoir fait découvrir ce livre de Romain Felli mais j’aurais préféré : « Leur écologie est devenue un facteur de légitimation de l’ordre existant » parce qu’il s’agit de leur vision capitaliste de toutes choses

    Amicalement



  • mercredi 10 février 2010 à 19h24, par pièce détachée

    Pour compléter : René Riesel & Jaime Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Encyclopédie des Nuisances, 2008.



  • Merci pour l’article.
    Je travaille depuis quelques mois dans l’antre de la bête capitaliste verte : chez un « consultant en environnement » à Bruxelles. J’ai donc l’insigne honneur d’entendre quotidiennement les propos feutrés de la Commission Européenne sur le sujet. Et ils en balance partout les bougres, ils s’y accrochent comme des désespérés en pensant sauver les meubles.

    Les politiques de l’UE sur le sujet sont assez révélatrices, malheureusement il est très difficile de se faire une idée vraiment claire, les grands programmes de financement sont à inscrire dans des cadres plus larges genre « stratégie de Göteborg » et autres textes mal connus, ils s’interpénètrent et sont en plus rédigés dans un langage typique des institutions européennes qui personnellement me fait mourir de rire (D’un autre côté j’aime les blagues sur les bébés morts et le cancer).

    Quand on arrive finalement à décoder, on se rend compte que l’UE cherche à faire du chiffre, toutes les entreprises, de la minuscule PME au grand groupe doivent se faire certifier pour leur «  »« Système de management environnemental »«  » (normes ISO14001 et EMAS), mais on est loin d’un truc un peu classe : Brawn GP Formula One Team, l’ancienne écurie de F1 Honda est certifiée :-)



  • jeudi 11 février 2010 à 19h48, par Marie-Louise Duboin, auteur, entre autres, du livre “Mais où va l’argent ?”, (...)

    Merci à Lémi pour cette analyse, je vais lire le livre de Felli en pensant que je vais y retrouver des échos à ce que nous affirmons depuis si longtemps dans notre mensuel La Grande Relève (http://economiedistributive.free.fr).

    Felli écrit que l’urgence c’est d’être capable de se représenter des alternatives, que nous avons besoin d’un renouveau de la pensée utopique, c’est-à-dire de la possibilité d’imaginer un monde différent du nôtre. Or c’est ce que nous faisons dans nos publications, mais en attaquant le mal à sa racine : l’argent.
    Nous pensons que rien ne pourra vraiment changer tant que sera en circulation la monnaie bancaire, cette monnaie privée qui est créée (sous forme de crédits) par des entreprises privées, et afin de mettre l’économie au service de quelques gros intérêts privés, au détriment de tout le reste.

    Pour mettre fin au règne de la finance, qui aujourd’hui décide de tout, nous soutenons que seule doit subsister une monnaie légale, émise par les pouvoirs publics et dans l’intérêr général.
    Et nous allons plus loin dans nos réflexions. Je les résume en quelques mots, sans entrer dans les détails : notre utopie c’est de croire à la nécessité que la monnaie ne soit plus transférable, pour qu’elle ne puisse plus être “placée” dans le but de rapporter des intérêts : il faut une monnaie qui ne soit qu’un pouvoir d’achat ne circulant pas, qui s’annule, comme un timbre ou un billet de bus, quand son titulaire l’utilise pour acheter ce qu’il veut. Alors la masse monétaire, créée et détruite au même rythme que la production, peut être un flux qui équilibre le flux des richesses produites. Ce n’est plus la main invisible du marché qui décide des investissements, il devient possible de décider démocratiquement, en tenant compte des besoins et des moyens, de ce qu’on va produire ensemble, comment, avec qui, et en quelles quantités.

    C’est donc toute l’idéologie du marché que nous remettons ainsi en question, en même temps que la nécessité capitaliste de la croissance à tout prix. C’est même celle de l’obligation, pour avoir accès au droit d’exister, de décrocher un salaire, quel que soit le but de l’emploi correspondant !

    Une telle audace fait évidemment peur aux conservateurs de tout poil. C’est sûrement la raison pour laquelle, même quand Lémi évoque les thèses des utopistes “connus”, il cite André Gorz mais omet Jacques Duboin. Il devrait donc lire l’ouvrage collectif publié l’an dernier à La Découverte et intitulé “André Gorz, un penseur pour le XXI ème siècle”. Il y verrait la similitude des thèses pour l’après capitalisme défendues par ces deux auteurs, mais Duboin précéda Gorz d’une quarantaine d’années, car c’est la crise de 1929 et des années 30 qui l’avait amené à réfléchir au rôle joué par la finance sur l’avenir de l’humanité.

    Mais la question est de savoir jusqu’où Felli, Lémi et les autres sont prêts à aller dans l’utopie qu’ils affirment pourtant nécessaire ?

    Voir en ligne : http://economiedistributive.free.fr



  • N’importe quoi !
    Ah les approximations, sans elles écrirait-on des livres de nos jours ?



  • Salut

    Pour compléter bien tard certe, le sujet je mets en ligne cet article de Claude Guillon qui remonte encore plus loin que le rapport de Brunland concernant le developpement durable.
    En tout cas ce concept créé pour relancer l’économie sert et va servir à la domestication des jeunes et moins jeunes esprits :
    http://claudeguillon.internetdown.o...

    Voir en ligne : http://http://claudeguillon.interne...



  • Je suis en train d’écrire mes essays qui servent de ma dernière exigence pour mon cours de sciences humaines de ce terme. Ses semaines depuis que j’ai commencé à écrire cela et je suis vraiment un moment difficile dans la partie où je parle sur les symboles que les organisations ou d’autres groupes utilisent dans leurs plaidoyers. Je suis heureux d’avoir trébuché sur ce site, cette page en particulier car j’ai trouvé des illustrations et des autres types d’outils qui montrent ce que vous travaillez pour. Ils sont vraiment impressionnants et je me demandais si ses ok si je l’utiliser comme exemples pour mon étude.

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