ARTICLE11
 
 

lundi 22 juin 2009

Sur le terrain

posté à 09h56, par Marie-Anne Boutoleau, Lémi & JBB
43 commentaires

« Tarnac, l’arbre qui cache la forêt » : retour (en images) sur une manif vite dispersée
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Ce devait être le grand rassemblement contre les lois anti-terroristes, une réponse logique au barnum sécuritaire de Tarnac. Ça a été un peu décevant : une affluence réduite (en comparaison de la mobilisation de janvier) au rendez-vous de la Fontaine des Innocents, hier, 1 000 personnes à vue de nez, et une manif qui s’égaille rapidement dès les premières lacrymos tirées. Photos.

On se disait que ça avait un petit air de « tout est possible ». Les Halles, rendez-vous des lascars, et Beaubourg, celui des touristes : les lascars pour alliés et les touristes pour bouclier. La géographie du quartier, avec ses rues piétonnes et ses petites places blindées de monde. Un 21 juin aussi, l’atmosphère plus avinée et joyeuse qu’à l’ordinaire, fête de la Musique susceptible de constituer le plus joli des terreaux pour une manif résolument revendicatrice. Comme un condensé des promesses du rassemblement, il y avait cette fin de Deux ou trois choses que j’avais à vous dire, texte d’Yildulne Lévy paru dans Le Monde : « Certains se retrouveront à la fontaine des Innocents à Paris, ce dimanche 21 juin, à 15 heures. Toutes les occasions sont bonnes pour reprendre la rue, même la Fête de la musique. »

Soit. Mais le truc, c’est qu’on ne l’a pas reprise longtemps la rue… Quelques dizaines de minutes, à tout casser, et puis s’en va. Pourtant… les cagoules étaient de sortie, les présents à l’évidence résolus, l’ambiance façon y-a-l’Insurrection-qui-vient-je-me-demande-même-si-ce-n’est-pas-elle-qui-tourne-au-coin-de-la-rue. Mais l’ensemble n’aura pas duré au-delà des premiers affrontements avec les CRS1, quelques minutes après que le cortège se soit ébroué de la place des Innocents : la troisième ou quatrième charge des uniformes aura suffi à séparer les manifestants en plusieurs groupes, lesquels se sont rapidement égaillés. Dès lors, le quartier était aux mains des policiers, en uniforme et en civil, ces derniers - surtout - présents partout, les yeux fureteurs et l’allure louche, décidés à sauter sur le premier qui songerait à bouger le petit doigt. Fin des festivités.
Conclusion ? Pas grand chose. La manifestation aura au moins permis de se compter et de se parler. Mais on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec les camarades allemands, si bien organisés en ce type de circonstances : en cette situation très favorable, nul doute qu’ils auraient tenus le pavé pendant plusieurs heures, restant groupés, unis et offensifs. La prochaine fois ?

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Sur la place des Innocents à Paris. Une foule bigarrée qui se rassemble autour d’un concert de percussions (tonneaux, bidons). Beaucoup de cagoules et de couvre-visages divers, réponse évidente au décret de samedi
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Après un petit moment, le cortège s’ébroue. Lui, on le suivrait au bout du monde…
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Ça a le mérite d’être clair…
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Premières échauffourées. Une banderole du Tour de France pénitentier (si, si, ça existe…), apposée sur une façade, cristallise les premiers jets de bouteilles, de pierres et de boules de pétanques.
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Rapide reflux face aux lacrymos.
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Autour de Beaubourg (qui a d’ailleurs fermé à cause des affrontements), on tente de tenir un petit moment.
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Force reste à la police. Ceux qui ont de (très) bons yeux ne manqueront pas de noter la peinture rouge maculant les braves pandores. Joli attentat coloriste.
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Séparée en plusieurs groupes, la manif se disperse dans les rues adjacentes. Quelques barricades un tantinet dérisoire. Et puis, plus rien…
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Arrestation délicate d’un terroriste en puissance. Une fois la manifestation éparpillée, les civils étaient partout. Et pas spécialement bien disposés (mais alors : pas du tout…) à l’égard de ceux gardant des signes contestataires.


1 On ne s’étendra pas sur l’origine des affrontements et sur la question de savoir à qui en incombe la responsabilité. Disons que les CRS paraissaient décidés à en découdre, ainsi qu’un certain nombre de manifestants. Les premiers nous horripilent, les second ont tout notre sympathie, mais on n’ira pas jusqu’à écrire que les policiers sont seuls responsables des échauffourées.


COMMENTAIRES

 


  • « [1] On ne s’étendra pas sur l’origine des affrontements et sur la question de savoir à qui en incombe la responsabilité. Disons que les CRS paraissaient décidés à en découdre, ainsi qu’un certain nombre de manifestants. Les premiers nous horripilent, les second ont tout notre sympathie, mais on n’ira pas jusqu’à écrire que les policiers sont seuls responsables des échauffourées. _ »

    Les Crs nagent dans le bonheur, ils ont toute latitude pour latter, couvés qu’ils sont comme des zolis zoinazillons par leur mam chérie :-(

    Un certain nombre de manifestants en étaient-ils vraiment des manifestants ?

    • Oui, ce coup-ci, pas de flics infiltrés dans le cortège. Enfin, je pense.

      Il faut dire que les civils sont quand même très facile à reconnaître, même quand ils essayent de se pointer incognito.

      « Les Crs nagent dans le bonheur, ils ont toute latitude pour latter »

      Clair. En même temps, sur ce coup, c’est vraiment les civils qui foutaient les boules : après la manif, ils étaient vraiment partout autour de Beaubourg.

      • Depuis plusieurs manifs j’ai remarqué que souvent en plus ils ont une veste marron claire ou en cuir, cheveux cours et un air patibulaire.
        Bon et quand ils sortent le talki walkie là c’est cramé !

      • Oui, ce coup-ci, pas de flics infiltrés dans le cortège. Enfin, je pense.

        Ah bon ?

        Question à 2 balles : mais alors pourquoi, dans la dernière photo, le flic « en civil » de droite, qui plaque le manifestant à terre, est-il habillé en pantalon noir, pull noir, cagoule (ou capuche ?) + keffieh autour du cou ?

        Tu vas me dire : c’est un style, et ça change effectivement de l’éternel basket/jean/blouson de cuir.

        • « mais alors pourquoi, dans la dernière photo, le flic ’en civil’ de droite, (…), est-il habillé en pantalon noir, pull noir, cagoule (ou capuche ?) + keffieh autour du cou ? »

          Pour se fondre dans la manif, bien entendu.

          Mais sur ce coup, je ne suis pas sûr qu’il ait réussi, lui comme ses collègues, à faire le kakou au milieu des manifestants. D’abord parce que même avec un keffieh, il se repère facilement. Ensuite parce que leur pratique est d’évoluer par groupe de deux à trois, ce qui les rend encore plus facilement repérable. Enfin parce qu’à un moment, près de Beaubourg, cinq-six flics en civils ont essayé de s’intégrer à la manif, justement, et qu’ils se sont fait repoussés assez vivement.

          Ceci dit : oui, c’est un style :-)



  • L’avant dernière image, la dérisoire-mais-symbolique barricade, m’a rappelé une conversation ancienne avec un responsable de « l’environnement » dans une vallée pyrénéenne fréquentée par les palois. Il y a là un « plateau » facilement accessible en voiture et qui est devenu un lieu de promenade dominicale, et de pique-nique. On n’y trouvait aucune poubelle. Ce qu’il justifiait en citant une vieille étude établissant que la présence de poubelles incite à laisser ses déchets, dedans ou dehors, alors que leur absence incite à les redescendre dans la vallée.

    La présence massive des forces de l’ordre n’aurait-elle pas un effet analogue sur la génération spontanée du désordre ?

    (C’est une idée féconde, et sûrement très esthétique, d’asperger les forces de sécurité de couleurs variées... Ils sont si tristes nos pauvres bleus d’un bleu trop foncé !)

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • « La présence massive des forces de l’ordre n’aurait-elle pas un effet analogue sur la génération spontanée du désordre ? »

      Je crois que tout est dit. L’analogie est efficace et cette formule résume tout : plus ils seront là, avec leurs bataillons de CRS, leur hélico et leurs flics infiltrés partout, et plus la volonté d’en découdre avec eux sera forte.

      « C’est une idée féconde, et sûrement très esthétique, d’asperger les forces de sécurité de couleurs variées... »

      Je trouve aussi. Je serais curieux de voir comment ça a été fait (j’ai raté cet épisode), parce que les CRS étaient aspergés de manière plutôt régulière et sur une vaste largeur. Un pistolet à peinture ? Des capotes remplies de rouge vif ?

      • « Je trouve aussi. Je serais curieux de voir comment ça a été fait (j’ai raté cet épisode), parce que les CRS étaient aspergés de manière plutôt régulière et sur une vaste largeur. Un pistolet à peinture ? Des capotes remplies de rouge vif ? »

        Si vous alliez voir le lien ci dessous ? Ça a été inventé pour marquer le bétail :-))))
        Moi ce que j’en dis, hein............ c’est juste pour vous donner des idées - smiley sifflottant dans sa cambrousse

        Voir en ligne : http://http://www.paintball-france....

        • Crotte, le lien merdouille…

          Mais je crois que j’ai une petite idée de ce à quoi tu fais allusion. Et d’ailleurs : c’est une très bonne idée. :-)

        • Vraiment malin de proposer d’utiliser de quoi jouer au paintball, l’engin ressemblant de loin à un vrain flingue. Comme si les flics n’avaient pas assez de prétextes. Avec ça, ils pourront dire que les manifestants terroristes étaient armés...

          Pour mémoire, un braquage à main armée avec un pistolet à eau, même peine qu’avec un vrai gun. Je ne serais pas étonné que l’équivalent existe en cas « d’échauffourées » ou « d’actions séditieuses ».

          Mais bon, si t’assumes d’apporter des oranges et de payer l’avocat, à moins que tu ne sois un provocateur de la police ?

          • C’est ça, ouais, les méchants terroristes d’ultra-gauche ne manquent pas un commentaire de ce blog et y piquent toutes les idées d’actions qu’ils n’ont pas réussir à avoir par eux-même… Et c’est clair qu’ils risquent bien davantage à balancer de la peinture sur des boucliers de CRS que des boules de pétanques sur leur gueule…

            Je ne suis pas un provocateur de la police, mais toi t’es clairement un crétin.

            • « ils risquent bien davantage à balancer de la peinture sur des boucliers de CRS que des boules de pétanques sur leur gueule »

              Ça ne me surprendrait pas :

              « Décret n° 95-589 du 6 mai 95 Titre Ier Chapitre llTitre lll 7° catégorie Paragraphe II » Sont classées en armes de 7e catégorie les armes dont le projectile est propulsé par des gaz ou de l’air comprimé lorqu’elles développent à la bouche une énergie supérieure à dix joules autres que celles classées en 4e catégorie. "

              « Par application du paragraphe 1 du ll de la 4e catégorie de l’article 2 du décret du 6 mai susvisé, les armes de poing automatiques dont le projectile est propulsé par des gaz ou de l’air comprimé avec une énergie à la bouche supérieure à 4 joules sont classées en 4e catégorie. »

              « 

              LA MODIFICATION D’UNE LANCEUR DE PAINTBALL AYANT POUR BUT DE RESSEMBLER A :
              Une arme automatique de guerre relève de la 4° Catégorie !!!

               »

              pour info :

              « 7e catégorie : armes de tir, de foire ou de salon, et leurs munitions.
              Ex. : paintball, pistolet gomme-cogne (balles en caoutchouc) etc...

               »

              et

              « 
              4e catégorie : armes à feu dites de défense et leurs munitions.
              Ex. : revolver de calibre 357 magnum, pistolet automatique de calibre 7.65 etc... »

              Sans compte le risque de se prendre une rafale d’une vraie arme en « légitime défense »....

              Brèfle il vaut mieux en rester aux procédés traditionnels...

              • J’oubliais un point très important :

                « Brèfle il vaut mieux en rester aux procédés traditionnels... »

                Cher monsieur de la police qui passez par la (et cher éventuel juge), par procédés traditionnels, je parlais bien sur des méthodes de projections de peinture, pas de boules de pétanques (de toutes façon ce ne sont pas des procédés que j’endosse et je ne connait pas Julien Coupat non plus)

                • Bien vu pour la recherche : j’ignorais qu’il put exister des textes encadrant la modification d’un paintball, le législateur a vraiment pensé à tout. :-)

                  « Cher monsieur de la police qui passez par la (et cher éventuel juge), par procédés traditionnels, je parlais bien sur des méthodes de projections de peinture »

                  Eheh… trop tard, tu en as trop dit. Ton compte est bon !

            •  × « les méchants terroristes d’ultra-gauche ne manquent pas un commentaire de ce blog et y piquent toutes les idées d’actions qu’ils n’ont pas réussir à avoir par eux-même[s]… »

              Je vois que Dieu nous parle lui-même. C’est beau l’omniscience.
              Je dis juste que proposer des idées idiotes, c’est idiot... ou de la provocation.

              Au passage, reprendre la réthorique du pouvoir en place, c’est déjà un début de collaboration. Ce n’est pas par hasard si les mots signifient quelque chose... Vous avez oublié « autonome ».

               × « Je ne suis pas un provocateur de la police, mais toi t’es clairement un crétin »

              Le pouvoir en place peut dormir tranquille, au vu des arguments utilisés pour défendre son point de vue. Il y a des chances que les actions envisagées pour changer le monde soient du même tonneau (par exemple, un pistolet de paint-ball ?).

              Accessoirement, on est toujours l’imbécile de quelqu’un. La différence, c’est que certains font tout pour le montrer.

              • La réponse s’adressait à Isatis, pas à JBB.

                Mais comme on dit, qui se sent morveux se mouche...

                • Si tu veux savoir ce que je pense des leçons faciles des mecs qui postent en anonyme, hein…

                  Pour le reste, c’est une polémique à deux balles. T’étonnes juste pas de te faire traiter de crétin si tu viens servir ici l’injure de « provocateur de la police ». Quant à ton baratin à deux francs six sous sur la reprise de la phraséologie du pouvoir, il serait sans doute plus efficace si t’avais réussi à saisir l’ironie de mon commentaire.

                  Bye.

                  •  × « Si tu veux savoir ce que je pense des leçons faciles des mecs qui postent en anonyme, hein… »

                    Pour l’anonymat, soit on le propose et l’on ne se plaint pas de le voir utilisé, soit on ne le propose pas. L’idéal étant de rester cohérent.

                    2+, « JBB », à qui cela parle-t-il ? Vos connaissances et vous ? Bien. Pour moi c’est comme une marque de lessive, ça ne signifie rien de plus que « JBB » ou « DTC » par ex.

                     × « Pour le reste, c’est une polémique à deux balles. T’étonnes juste pas de te faire traiter de crétin si tu viens servir ici l’injure de « provocateur de la police ». Quant à ton baratin à deux francs six sous sur la reprise de la phraséologie du pouvoir, il serait sans doute plus efficace si t’avais réussi à saisir l’ironie de mon commentaire. »

                    Puisque l’on se tutoie...

                    Tu es un bon politicard : tu réponds à coté, comme tous les autres.
                    Et toujours avec des supers arguments : « attention les gars, humour inside ». Rhétorique de merde : si c’est de l’humour, alors on ne peut rien dire qui aille contre parce que sinon c’est juste être un pisse froid... et nous les joyeux lurons, on ne parle pas aux pisse-froids. Donc les pisse-froids ont tort et les joyeux lurons ont raison. CQFD. Elle est belle la pensée !

                    Tu es bien dans l’air du temps sarkozyste : avec moi ou ennemi. La confrontation des points de vue (par exemple démonter les arguments à deux balles avec mes arguments que je peux défendre) c’est pour les calendes grecques. Et puis c’est un peu intello, c’est chiant non ?

                    N’oublie de pas continuer à creuser quand tu auras touché le fond.



  • Comment ? et aucun de nos grands journalistes pour s’indigner des attaques contre les manifestants et des atteintes à la démocratie ! La prochaine fois, faites venir des opposants iraniens et vous aurez droit à des envolées « figaresques », des indignations « mondaines »et des dégouts « libératoires ».



  • tiens, c’est étrange il me semble que Teheran je reconnais - pourtant je n’y ai jamais mis les pieds

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr





  • « Ça a été un peu décevant »

    Bah au vu de la suite du texte, c’est pas étonnant. Je previens, je commente mais ça va pas être consensuel.

    « Les lascars pour alliés et les touristes pour bouclier. »

    Bon déjà la tactique c’est zéro :
    Espérer utiliser des passants comme bouclier c’est nul à la fois politiquement (ça fait des manifestants des laches manipulateurs) et stratégiquement (les touristes vont se casser au premiers lacrymo)

    De plus, faire une manif en espérant que des gens non mobilisé et qui se sentent probablement pas plus concernés que le reste de la population se mobilisent, c’est naif au mieux. En plus l’emploi de terme ’lascar’ laisse penser que ce n’était pas les habitants qui étaient attendus mais une fraction capable (et parfois désireuse) de violence. Ce qui n’est pas très malin stratégiquement sauf si bien sur c’était la violence l’objectif réel de la manif. Ce qui vu le thème : “rassemblement contre les lois anti-terroristes”, “réponse logique au barnum sécuritaire de Tarnac” est complètrement ridicule et suicidaire puisque ça justifie justement le sécuritaire...

    « les camarades allemands, si bien organisés en ce type de circonstances : en cette situation très favorable, nul doute qu’ils auraient tenus le pavé pendant plusieurs heures, restant groupés, unis et offensifs. »

    Peut être que oui, mais encore une fois alors quel était le but de la manif ? affronter les flics ? casser les vitres des banques ? Vous êtes sur que c’était une bonne idée ?

    « Une banderole du Tour de France pénitentier (si, si, ça existe…), apposée sur une façade, cristallise les premiers jets de bouteilles, de pierres et de boules de pétanques. »

    Ben voilà, c’est vraiment pas malin, à part faire passer la manif pour un rassemblement de casseurs. Et même dans ce cas, vu les niveaux tacticiens et les moyens techniques respectifs des CRS et du manifestant, c’était l’échec assuré (sans même compter le prix à payer en fric, en énergie et en temps pour défendre les gens qui se sont fait arrêter).

    • « mais ça va pas être consensuel. »

      Cool. J’aime pas le consensuel.

      « la tactique c’est zéro »

      Non mais, y avait pas de tactique. Ou alors : elle n’est pas de moi, je ne suis qu’un simple manifestant. Simplement, j’ai rarement vu une manif autorisée ces derniers temps se prêter autant à un éventuel dérapage : les Halles + quartier touristique + fête de la musique, ça mettait les forces de l’ordre dans une position bien différente qu’un fin de cortège syndical à Nation.

      « en espérant que des gens non mobilisé et qui se sentent probablement pas plus concernés que le reste de la population se mobilisent, c’est naif au mieux »

      Sur ce point, je revendique la naïveté. Je reste convaincu qu’il suffit d’une étincelle pour que des événements se déclenchent, quelque chose qui choperait une envergure particulière, en tout cas supérieure à quelques affrontements avec la police. Je ne m’intéresse pas à la violence, ne la souhaite pas. Par contre, je crois au débordement, à un souffle de folie qui donnera quelque chose de plus.

      « Ce qui vu le thème : ’rassemblement contre les lois anti-terroristes’, ’réponse logique au barnum sécuritaire de Tarnac’ est complètement ridicule et suicidaire puisque ça justifie justement le sécuritaire... »

      C’est tout un débat. Je ne suis pas sûr qu’un gentil défilé est la seule réponse à apporter face aux dérives d’Etat et à la criminalisation de la contestation. Pas sûr du tout même. Ça a un petit côté tendre l’autre joue en espérant que les choses changent qui - au moins en regard du régime sarkozyste - me paraît être d’une utilité relative.

      « Vous êtes sur que c’était une bonne idée ? »

      Eheh… je ne suis sûr de rien. :-)

      Mais dans tous les cas, cette idée était présente chez une partie des présents.

      • « C’est tout un débat. Je ne suis pas sûr qu’un gentil défilé est la seule réponse à apporter face aux dérives d’Etat et à la criminalisation de la contestation. »

        Je ne possède malheureusement pas la solution à ce problème, mais honnêtement, si on veut convaincre les gens qu’il y a criminalisation de la contestation et dérives autoritaires de l’état (et les convaincre de lutter contre), je pense qu’il faut éviter de commencer par casser les vitrines au bas de leurs immeubles, histoire de ne pas donner le baton pour se faire battre.

        De même la police a suffisamment l’occasion de latter du manifestant sans commencer à lui chercher des poux dans la tête quand elle se tient tranquille (je dit pas que c’était le cas la). Et ce d’autant plus qu’on est incapable, et de loin, de s’imposer lors d’un rapport de force avec la police.

        • Arf, le commentaire précédent est de moi bien sur.

        • Et ce d’autant plus qu’on est incapable, et de loin, de s’imposer lors d’un rapport de force avec la police.

          Là en l’occurence d’accord, mais ca n’est pas impossible. De plus, ce n’est pas parce que il serait « impossible de s’imposer à la police » qu’il ne faut rien faire (« et tendre l’autre joue »).

          Apres le débat peut porter sur les méthodes, oui, mais j’avoue qu’il y avait plusieurs idées diaboliquement sympathiques :) (voir des crs débarquer sur une place armés jusqu’aux dents et couverts de « sang » ou pointer et tirer un grosse fusée sur un hélicoptère par exemple)

          • @ CaptainObvious : « on est incapable, et de loin, de s’imposer lors d’un rapport de force avec la police. »

            Là-aussi, c’est toute la question. Je pense que ce rapport de force peut/doit advenir quand on ne s’y attend pas forcément. L’épisode de la gare du Nord, par exemple, en est une jolie illustration : il a suffi d’un rien pour que les policiers se trouvent complètement dépassés.

            @ Sexylion : tout d’accord, c’est pas parce que ça paraît tendu qu’il ne faut pas tenter le coup.



  • Note purement orthographique : je pense que vous voulez dire « la manif s’égaille » (se disperse) et non « s’égaye » (s’amuse).
    Cordialement.



  • « Qui ne dit mot consent » et le silence de ce qui ose s’appeler encore « la gauche » devant ce décret anti-cagoules est assourdissant. C’est dans la suite du communiqué de Marie George Buffet à la suite des manifestations de Strasbourg, qui était un vrai appel pour que le gouvernement passe ce genre de loi. Quand l’Humanité a traité cette loi, au début, c’était en interviewant... un syndicat de la police qui le trouvait « inapplicable » et « contre productif »...c’est ce qu’il faut regretter, selon eux.

    Hazan a raison de dire que l’anti terrorisme n’a rien à voir avec le terrorisme, mais que c’est une méthode de gouvernement, qui est en fait approuvée par une bonne partie de la gauche.

    • c’était le 17/9/1985, mais je m’en rappelle comme si c’était hier. Dans le cadre du travail j’étais avec un collègue dans le bureau de Frêche, à la mairie de Montpellier. Et fallait voir comme il enrageait, le socialo, à cause de l’affaire du Rainbow Warrior. Pas du tout à cause de ce sabotage, qui avait même coûté la vie à un photographe. Mais parce que les exécutants s’étaient faits prendre :

       × baaaaande de congues... avecque moi, ça aurait pas traîné cinque minutes...

      • @ et ils sont où ? : clair, Buffet avait été pathétique, sur ce coup. Dans la droite ligne de la compromission des communistes avec le pouvoir, enclenchée depuis trop longtemps pour qu’il soit encore possible d’en sauver quelque chose. Et je mettrais la façon indigne dont la CGT a viré les sans-papiers de la Bourse du Travail dans le même sac.

        @ Fernand : ce qu’il y a de bien avec les socialistes comme avec Frêche, c’est qu’on n’est jamais déçu. :-)

        • jeudi 25 juin 2009 à 15h30, par fernand

          un malicieux hasard aura voulu que quelques heures à peine (!) après mon post, le Monde daté 26/6 publie cette importante info dans sa rubrique « Elles&ils » :

          Georges Frêche

          Le président de la région Languedoc-Roussillon vient de prendre la présidence de l’eurorégion Pyrénées-Méditerranée, qui réunit les régions Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Catalogne, îles Baléares et Aragon (...).

          Il ira loin, celui-là !



  • « Ça a été un peu décevant : une affluence réduite (...) au rendez-vous de la Fontaine des Innocents, hier, 1 000 personnes à vue de nez »

    Y’en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    (...)
    Ils ont tout ramassé Des beignes et des pavés
    Ils ont gueulé si fort
    Qu’ils peuvent gueuler encore
    Ils ont le cœur devant
    Et leurs rêves au mitan
    Et puis l’âme toute rongée
    Par des foutues idées

    Y’en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    La plupart fils de rien ou bien fils de si peu
    Qu’on ne les voit jamais que lorsqu’on a peur d’eux
    Les anarchistes
    Ils sont morts cent dix fois
    Pour que dalle et pourquoi ?
    Avec l’amour au poing
    Sur la table ou sur rien
    Avec l’air entêté
    Qui fait le sang versé
    Ils ont frappé si fort
    Qu’ils peuvent frapper encore

    Y’en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    Et s’il faut commencer par les coups d’ pied au cul
    Faudrait pas oublier qu’ ça descend dans la rue
    Les anarchistes
    Ils ont un drapeau noir
    en berne sur l’Espoir
    Et la mélancolie
    Pour traîner dans la vie
    Des couteaux pour trancher
    Le pain de l’Amitié
    Et des armes rouillées
    Pour ne pas oublier
    Qu’y’en a pas un sur cent et qu’ pourtant ils existent
    Et qu’ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
    Joyeux et c’est pour ça qu’ils sont toujours debout



  • J’arrive un peu tard, mais une question me taraude : pourquoi s’en prendre physiquement à beaubourg ?

    S’en prendre à ce symbole international de l’art moderne et contemporain, c’est : 2 options de lecture :

     × dans le contexte resserré et actuel, s’en prendre au marché de l’art et à son élitisme ; s’en prendre au système artistique institutionnel et consensuel qui écrase les autres initiatives de création (squatts, friches, free, graffs, arts de rue...) [et là je doute que péter un vitre de musée ait un impact sur cette question mondiale, aussi mondial soit ce musée]

     × dans un contexte historique plus général, s’en prendre à la culture et à l’art. Ce qui en soi, n’a jamais été que la marque des mouvements fascistes. [et là on tombe dans un souci conceptuel de message et de but]

    Symboliquement, je ne pense pas qu’un tel choix puisse susciter autre chose que de la méfiance (voire de l’effroi). La WW2 a laissé des balafres et s’attaquer à l’art, à la culture, de façon violente, y renvoie obligatoirement (même si en france on vit encore plus ou moins dans le mythe de n’avoir jamais été un pays nazi). Ce n’est pas parce qu’hortefeux a des problèmes avec cette histoire que tout le monde doit le suivre dans son délire.

    Certes, la préfecture est moins accessible que beaubourg. Pourtant le nœud du problème est quand même plus à chercher de ce côté là qu’à beaubourg. L’éducation, la santé, la culture, aussi imparfaits et iniques soient-ils (surveiller & punir), ne constitueront jamais de bonnes cibles pour des actions. On les réfléchit, on les adapte, on les rend plus ouverts et accessibles, mais on ne les attaque pas physiquement sans risquer de se faire (non sans raison historique) taxer de faf.

    Les collègues allemands.. Oui. Mais il faut dire qu’ils sont particulièrement scrupuleux dans le choix de leurs actions. Il ne s’agit pas pour eux de faire un remake des casses de SA et SS. L’art dégénéré, les autodafés et les destructions culturelles, ont déjà eu lieu en allemagne. Je ne suis pas h24 ce qui se passe outre Rhin, mais j’ai pas le souvenir, dernièrement, d’attaque à l’arrache au Hamburger Bahnhof de Berlin, au ZKM et autres. Parce que ça fait ’un peu’ chemises noires et peste brune, quand même.

    Mon interrogation reste entière. La CGT vire les sans-papiers à grands renforts d’une grosse vingtaine de cars de CRS (j’ai cru qu’il y avait une alerte terroriste à CDG ^^) (!), et les anarchistes s’en prennent aux musées ? Y’a un souci là. Le gouvernement excelle dans sa stratégie guerrière de division, on dirait. Faudrait voir à pas se tromper ni de combat, ni d’adversaire :)

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