ARTICLE11
 
 

lundi 30 novembre 2009

Littérature

posté à 17h54, par Lémi
13 commentaires

Visages de la torture made in Hexagone
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Une enquête impitoyable, qui fouine dans une zone de la mémoire collective qu’ils sont nombreux à tenter d’escamoter. Pour écrire Escadrons de la mort, l’école française, Marie-Monique Robin a mené un impressionnant travail d’investigation, grattant le vernis historique là où ça fait mal, en pleine barbarie coloniale. Ce qu’elle raconte n’est pas vraiment raccord avec les manuels scolaires. Bizarrement.

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«  Les erreurs dues à la bonté d’âme sont (…) la pire des choses. Comme l’usage de la force physique n’exclut nullement la coopération de l’intelligence, celui qui en use sans pitié et ne recule devant aucune effusion de sang prendra l’avantage sur son adversaire.  » (Colonel Roger Trinquier, 1968)

« On aurait pu faire autrement », crachotait le général Massu sur son lit de mort, taraudé d’un remord tardif. La vieille baderne pourrissante avait beau jeu de faire le coup de la virginité spirituelle à l’approche du grand saut – T’as vu comment que je me repens, St Pierre ? – , elle ne faisait que souligner ce que tout le monde savait déjà : l’armée française, sous l’impulsion de quelques monstres galonnés et avec le regard bienveillant des politiques en place, a eu recours pendant la guerre d’Algérie à une torture systématique, planifiée. « On aurait pu faire autrement », oui, mais on avait fait l’exact opposé, en toute connaissance de cause. Peu avant les derniers râles du général Massu, son pote ès barbarie, Paul Aussaresses, admettait aussi avoir torturé dans un ouvrage qui fit scandale, Services spéciaux : Algérie 1955-1957. La boite de pandore s’entrouvrait. Timidement.

Il a fallu attendre 2001 pour qu’un gradé de l’armée française reconnaisse, à contre-cœur, l’usage planifié de la torture en Algérie. Il faudra surement attendre longtemps pour que soit reconnue en haut-lieu cette autre vérité implacable traquée de main de maître par la journaliste Marie-Monique Robin : de spécialiste de la torture et de son usage en temps de « guerre révolutionnaire », la France est même passée, il y a quarante ans, au rang d’exportatrice en chef des techniques de torture, notamment au service de la dictature Videla en Argentine et de « sa guerre sale  » entre 1976 et 1982.

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En une enquête hallucinante sortie en 20042, la Journaliste (avec un grand J) Marie-Monique Robin plongeait dans cette période immonde, enquêtant dans les milieux les plus nauséabonds en se faisant passer pour une historienne d’extrême-droite3. Fouinant dans le corpus théorique de l’armée française des années de guerre coloniale, elle mettait implacablement en lumière le magistère de la France en matière de torture planifiée, rationnelle.

Escadrons de la mort, l’école française est un livre qu’il faut lire. Ne serait-ce que pour comprendre le recours à la torture, de l’Algérie à Guantanamo, de l’Argentine au Vietnam, partout où les écrits de quelques haut-gradés de l’armée française et leurs enseignements ont servi de bréviaire aux bourreaux en uniforme.

Les racines du mal

La généralisation de la torture comme arme de premier choix dans la guerre insurrectionnelle n’est pas tombée du ciel, barbario subito. Elle est le fruit d’une histoire mouvementée qui vit nombre de haut-gradés de l’armée française prendre peu à peu leurs aises avec les lois de la guerre et s’affranchir des conventions de Genève. Pour la plupart, les gradés qui systématisèrent et théorisèrent l’usage de la torture en Algérie avaient vécu le « désastre indochinois  » comme un affront personnel, la preuve qu’il fallait repenser la guerre. Cao Bang, Dien Bien Phu, l’indépendance de 1954, autant d’événements qui traumatisèrent les cadres de la Grande Muette hexagonale. « L’influence des ‘officiers malades de l’Indochine’ sur l’évolution de ce que l’on appelle alors les ‘opérations de maintien de l’ordre en Algérie’ est déterminante. », résume ainsi Marie-Monique Robin.

Quand commence le conflit algérien, certains sont déjà convaincus qu’il faut changer d’approche face à un ennemi qui a évolué : la guerre à la papa est dépassée, voilà tout. C’est en Indochine qu’Aussarres, Bigeard, Lacheroy ou Trinquier (tous acteurs de premier plan dans l’utilisation de la torture en Algérie) se convainquent qu’il faut réinventer les lois du genre : des termes comme « guerre psychologique  », « cinquième colonne  », « guerre révolutionnaire », « quadrillage du terrain », entrent dans le vocabulaire de l’armée pour un bail indéterminé.

Le colonel Jacques Lacheroy, par exemple, futur grand théoricien de la guerre révolutionnaire, découvre en Indochine le Petit livre rouge de Mao et comprend que la guerre a changé de visage : les populations des pays en guerre sont désormais à prendre en compte, c’est elles qui décident du succès militaire d’un pays, il n’y a plus de ligne de front. Dès 1954, il écrit Action Viet-Minh et communiste en Indochine, ou une leçon de « guerre révolutionnaire ». « Guerre révolutionnaire », le terme est lâché, il va désormais s’incruster dans les états-majors au point de devenir la référence ultime pendant la guerre d’Algérie. Avec en arrière-fond ce principe de base : en situation de guerre révolutionnaire, l’ennemi est partout et il s’affranchit de lui-même des lois de la guerre. Adoncques, il ne peut plus être traité comme un simple soldat. La torture dans ces conditions s’impose comme une évidence, les exécutions sommaires itou.

Autre manuel de contre-insurrection, abondamment utilisé à l’étranger par la suite, La Guerre moderne , du colonel Roger Trinquier. On y retrouve les mêmes postulats, cette idée d’une guerre totale qui implique un changement dans l’art de la guerre, l’abandon de principes anciens. Ce même renouvellement de l’approche militaire qui lui fera écrire en 1968 : « Les erreurs dues à la bonté d’âme sont (…) la pire des choses. Comme l’usage de la force physique n’exclut nullement la coopération de l’intelligence, celui qui en use sans pitié et ne recule devant aucune effusion de sang prendra l’avantage sur son adversaire.  » Ça a l’avantage d’être clair…

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Bigeard, Massu, Trinquier, Léger, quatre des principaux inspirateurs de la Guerre Révolutionnaire, à Alger

La Guerre moderne est publié en 1961. Entre-temps, l’armée française a eu tout le temps de perfectionner les principes de cette nouvelle guerre, sur le terrain. Dès 1957, l’État Français laisse en toute connaissance de cause le champ libre aux militaires. Le 7 janvier, Robert Lacoste confie les pouvoirs de police au général Massu : la Bataille d’Alger peut commencer. Le Général Chabannes déclare ainsi : «  C’est en s’affranchissant de ces contraintes [Juridiques et administratives] que les paras ont pu réussir là où d’autres avaient échoué ; la victoire d’Alger est leur victoire ! » La gégène, le chevalet (prisonnier suspendu mains dans le dos) et la baignoire entrent dans les mœurs militaire de manière massive, se banalisent. On voit même se multiplier les cas de crevette Bigeard (prisonniers lancés à la mer du haut des hélicoptères) que les généraux argentins adapteront à leur sauce. La torture, désormais, est une arme comme les autres, souligne la journaliste :

Loin d’être le fait de sadiques – sauf à supposer qu’ils sont légion dans l’armée d’Algérie – , ces exactions systématiques sont l’expression d’une ‘révolution dans l’art de la guerre’, censée répondre à la ‘guerre totale’ menée par les rebelles par une politique de terreur dont l’enjeu est le ralliement des populations.

 

Si cet épisode est plus connu que ceux composant la suite de son enquête (centrée sur l’exportation à l’étranger des techniques anti-subversives), Marie-Monique Robin en trace un portrait accablant. Il y a une véritable institutionnalisation de la torture en Algérie, une systématisation. Parmi les officiers, très peu s’en émeuvent. À signaler, le cas du général de La Bollardière qui quitte l’Algérie après avoir lancé à Massu « Je méprise ton action ». Il sera par la suite condamné à 60 jours de forteresse pour avoir dénoncé la torture dans L’Express de Servan Schreiber.

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Peu à peu, un véritable enseignement de la torture se met en place, d’abord en Algérie. En 1958, Bigeard est ainsi nommé par Chaban-Delmas à la tête du Centre d’entraînement à la guerre subversive, à Philippeville : on y enseigne les rudiments de la guerre révolutionnaire, torture incluse. Déjà, des élèves étrangers se mêlent aux recrues françaises : l’école française, école d’excellence, commence à attirer du monde…

Exporter la barbarie

Mathieu Rigouste le rappelait à Article11 dans un récent entretien, les modalités de la guerre d’Algérie transformèrent l’armée française en championne incontestée de la contre-insurrection :

Les modèles français gardent une renommée, on reconnaît à la patrie des droits de l’homme une certaine expertise pour mener la guerre dans et contre le peuple. Dès le milieu des années 1950, l’armée française a commencé à transmettre son expérience de la contre-subversion à ses armées alliées. À cette époque, elle a réellement eu une influence déterminante. La guerre d’Algérie, avec pour vitrine la bataille d’Alger, a constitué le premier laboratoire dans lequel a été réalisée la synthèse des techniques débouchant sur la mécanique contre-subversive.

Malgré tout, même avec ces éléments en tête, l’histoire contée par la journaliste horrifie : on n’imaginait pas que cette influence ait pu atteindre une telle ampleur. Car les suites de la guerre d’Algérie marquent un triomphe international de la doctrine française en matière militaire. Les déçus de l’Algérie française, les cercles les plus conservateurs et notamment l’OAS, n’entendent pas renoncer à leurs combats. Le péril communiste menace le monde, la France est désormais gouvernée par des petits bras, l’exil s’offre à eux. D’autant que, partout dans le monde, on les demande : leur statut de théoriciens de la guerre révolutionnaire en font des partenaires de choix. Certains dont Roger Trinquier s’envolent pour le Katanga (Zaire) défendre le dictateur Mobutu contre Patrice Lumumba. Le Portugal et Salazar leur font les yeux doux. Jusqu’aux ricains enlisés au Vietnam qui s’adjoignent l’aide d’un certain Aussaresses pour combattre le Viet-minh : la sanglante opération Phénix dans le Sud-Vietnam est ainsi un décalque presque parfait de la bataille d’Alger.

Et puis, en plein cœur de Paris, l’École Militaire sert également de lieu de transmission de savoirs en la matière. La doctrine française attire beaucoup de monde, notamment des Argentins qui sauront retenir l’enseignement… Dès 1957, un accord franco-argentin est signé : des cadres de l’armée française s’envolent pour Buenos-Aires où vient d’être créée une mission militaire permanente afin d’enseigner les théories de la Guerre révolutionnaire. L’accord de coopération militaire signé par Pierre Messmer est gardé secret.

Dans le même temps, l’influence de la doctrine française se généralise ailleurs qu’en Argentine : à Manaus, en pleine jungle brésilienne, des instructeurs français interviennent pour fournir leurs conseils. Aussaresses raconte ainsi à Marie-Monique Robin les liens très étroits qui existaient entre la junte militaire brésilienne et certains gradés français5. Autre lieu de réjouissance, l’École des Amériques de Panama, aussi appelée école des dictateurs tant nombre de tyrans y feront leurs premières armes ; ici aussi, des anciens de l’OAS et de la bataille d’Alger enseignent les rudiments de la guerre révolutionnaire à de futurs tyrans qui retiendront la leçon.

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Emilio Eduardo Massera, Jorge Rafael Videla et Orlando Ramón Agosti, les chefs de la première junte militaire argentine (1976-1980).

L’Argentine se prépare alors progressivement à la dictature, avec l’appui de la hiérarchie catholique. Les cadres de l’armée sont convaincus, comme ceux de la religion, que la décadence communiste guette le continent, qu’il faut intervenir avant qu’il ne soit trop tard. En mars 1976, Videla parvient au pouvoir à la suite d’un coup d’État. L’état-major peut enfin utiliser concrètement les enseignements français et s’en donne à cœur joie. La répression encore plus féroce que sous Pinochet au Chili (on estime à environ 30 000 le chiffre des morts et disparus sous le règne des généraux), mais elle se fait en cachette, de manière discrète. Les enseignements de la Bataille d’Alger sont ici portés à leur comble : il s’agit faire régner la terreur dans l’ombre, de multiplier les arrestations nocturnes, de cacher les corps des milliers de disparus. La population doit trembler, les services de renseignements faire la loi.

Au cœur de cet enfer, une certitude : ces gens là ont retenu les leçons de la guerre d’Algérie, bons élèves. La journaliste l’affirme : « Tous les généraux de la junte sont des élèves des Français. » Ce que confirme le Général Bignone, bourreau à l’époque : « Ce sont les Français qui ont guidé la doctrine et les décrets militaires que nous avons appliqués ici.  » Au fil des pages, les témoignages des généraux encore vivants sont accablants, tous n’ont qu’un mot à la bouche : « Nous avons tout appris des Français. »

L’enquête de Marie-Monique Robin déroule, creuse et finit par faire émerger le rôle du gouvernement français – et pas seulement des militaires – dans la dictature argentine. Quand un de ces généraux argentins aborde le cas de Michel Poniatowski, alors ministre de la Défense, dans la traque des renseignements sur les subversifs, la boucle semble bouclée. «  La collaboration de la France avec la dictature militaire n’était pas que militaire. Elle était aussi politique  », assène la journaliste. Avant que le général Contreras, le bras droit de Pinochet, n’en rajoute une couche, expliquant le rôle des services secrets français et de la DST dans certains cas : « Elle nous prévenait quand un terroriste montait dans l’avion [pour l’Argentine]. »Blam6.

L’Amérique du Sud n’en finit pas de s’enfoncer dans l’horreur en adaptant les méthodes françaises. Le plan Condor, vaste entreprise de traque des subversifs sur tout le continent est ainsi rapidement mis en place. Un plan que Marie-Monique Robin qualifie ainsi : « Les méthodes de la Bataille d’Alger appliquées à l’échelle de tout un continent. » Manuel Contreras, l’instigateur du plan Condor, en rajoute une couche : « Nous étions de véritables admirateurs de l’OAS, c’était vraiment un modèle. »

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Pinochet et Videla

Evidemment, il ne s’agit pas ici d’exonérer les dictatures de leurs écrasantes responsabilités. Plutôt de rappeler qu’en la matière, les coups de pouce niveau organisationnel qu’ils ont reçu, plus ou moins officiellement, ont pesé lourd dans la balance. La CIA n’était pas la seule à jouer avec les régimes en place, à soutenir les pires dictateurs par intérêt politique ou géo-stratégique…

Comme il faut bien une note d’espoir après l’évocation d’événements aussi monstrueux7, il m’apparait importun de signaler que le documentaire de Marie-Monique Robin eut une conséquence inattendue. Diffusé en Argentine, l’entretien de la journaliste avec le général Diaz Bessonne provoquera une « commotion nationale  », selon le journaliste Horacio Verbitsky, qui déclara également : « C’est la première fois qu’un général de la junte reconnaît l’existence des disparus, et surtout c’est la première fois que l’un d’eux admet que la disparition fut une technique de guerre programmée et planifiée ». Bessonne se retrouva ainsi jugé par un tribunal militaire. Le plus beau de l’histoire ? Son entretien fut filmé en caméra cachée, l’ignoble se croyait en sécurité. Surement le seul passage de toute cette histoire qui prête à sourire…

Résonances contemporaines

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Marie-Monique Robin a depuis réalisé un autre travail d’enquête sur la torture, Torture Made in USA8 (à voir ici, très recommandé). Un autre réquisitoire accablant, consacré au recours massif à la torture dans le deuxième conflit irakien, avec la bénédiction de l’administration Bush. Cette fois-ci, plus question de dénicher l’influence française (même si les spécialistes français de la guerre révolutionnaire prodiguèrent également leurs conseils aux États-Unis, à Fort Bragg), seulement de montrer comment, encore une fois, les principes les plus élémentaires furent ensevelis sous le prétexte de la raison d’État et de la lutte anti-terroriste.

En visionnant cet autre reportage, écœuré derechef, on frémit de voir qu’encore une fois les mêmes lignes de défense sont invoquées par les responsables de la Terreur : l’ennemi s’est placé de lui-même en dehors des règles du droit, il ne mérite pas qu’on respecte les Conventions de Genève… D’Aussaresses à Dick Cheney, de Massu à Jack Bauer, toujours les mêmes discours, la même horreur planifiée. On aurait pu faire autrement ? On aurait pu…

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1 Cette photographie est tirée du film La Bataille d’Alger, tourné par Gilles Pontecorvo en 1966 et, triste ironie, souvent utilisée dans leurs cours par ceux qui plus tard enseigneront la torture car terriblement réaliste.

2 Un film documentaire de la même Marie-Monique Robin a précédé la chose, en 2003. Synthèse en images de son enquête, il est visionnable sur Youtube. Première partie ici.

3 C’est ainsi qu’elle parvint à faire cracher le morceau à plusieurs généraux argentins qui n’avaient jusqu’alors jamais reconnus leurs exactions.

4 Idem que note 1.

5 Rappelons que le Brésil a considérablement aidé Pinochet dans la préparation du coup d’état du 11 septembre 1973 qui mit fin au gouvernement Allende.

6 Ceci dit, l’enquête de M.M. Robin ne donne aucune certitude au sujet de la collaboration étatique. Simplement l’impression que, derrière le vernis diplomatique consistant à s’offusquer des droits de l’homme, certains avaient de solides sympathies pour les tortionnaires sud-américains.

7 A noter, je n’ai évidemment abordée que certains aspects du livre. L’enquête n’en finit pas de dénicher des pistes, d’enchaîner les entretiens et les recherches. Pas question ici de tout résumer, de se pencher sur les organismes religieux ultra-conservateurs comme la Cité de Dieu ou les filières d’extradition en Argentine des ex de l’OAS, il y a trop à dire. Si le sujet t’intéresse, je t’enjoins à illico te plonger dans le livre, tu en sortiras très nauséeux mais un peu moins bête.

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COMMENTAIRES

 


  • lundi 30 novembre 2009 à 19h58, par De Guello

    Marche pas la vidéo Mediapart :(Torture Made in USA [8] (à voir ici, très recommandé).

    Ce qui est choquant aussi,c’est que l’on essaye de nous habituer au pire:torture,humiliation,considérer l’autre comme un sous- homme,mépris de l’autre,culte du gagnant.

    • mardi 1er décembre 2009 à 00h03, par lémi

      Bah, je viens de faire l’essai et chez moi ça marche. Suffit de cliquer sur « ici », normalement.

      « Ce qui est choquant aussi,c’est que l’on essaye de nous habituer au pire » : ouaip, et pas seulement sur ce sujet. D’ailleurs, le pire d’aujourd’hui ressemble un peu à l’inimaginable d’il y a peu, il me semble...



  • lundi 30 novembre 2009 à 22h11, par Moh

    Je suis arrivé à ce livre par la lecture de celui de Patrick de St Exupery sur le génocide rwandais. En effet, il est quasiment flagrant que ce génocide est la conséquence de l’enseignement par l’armée française du concept de Guerre révolutionnaire aux futurs tueurs. Glaçant.

    Avec la branlée militaire en rase campagne, la guerre révolutionnaire fait également partie de notre identité nationale finalement, et les deux mènent à la défaite, l’une plus honteuse que l’autre.

    • mardi 1er décembre 2009 à 00h06, par lémi

      Oui, encore un manque flagrant qu’il faudra réparer, tu n’es pas le premier à m’évoquer ce livre. J’y viendrais tôt ou tard.

      « Les deux mènent à la défaite » : Ouaip. Et je suis sûr qu’il ne faudra pas attendre tant que ça pour qu’une troisième doctrine se joigne à la danse, histoire que vraiment notre belle histoire resplendisse de toutes parts...



  • lundi 30 novembre 2009 à 22h52, par Marvin Flynn

    Bonsoir,

    Sur ce même thème de la France et de ses pratiques en matière de torture, je conseille à tous la lecture d’un article d’Olivier Verdun sur la Révolution en Charentaises : Le bon Dieu sans confession : quand la France exporte ses pratiques de torture

    Bonne lecture

    Voir en ligne : Le bon Dieu sans confession : quand la France exporte ses pratiques de torture

    • mardi 1er décembre 2009 à 00h10, par lémi

      Article passionnant en effet, et qui complète bien le propos. Et puis, un article qui commence par une longue citation de Proudhon ne peut pas être mauvais.
      Merci pour le lien



  • mardi 1er décembre 2009 à 10h30, par Okatarinétabela chichi

    Il ne faut pas oublier dans quel état sont revenus nos bidasses(appelés d’Agérie)ils ont vu et certains ont pratiqué la torture.
    Des jeunes de 21 ans qui participent à des meurtres,des viols. Des types ordinaires qui deviennent des bouchers psychopathes.

    Le livre de Benoist REY :Les Egorgeurs à lire pour compléter votre article.

    • mercredi 2 décembre 2009 à 00h28, par Lémi

      Cela rejoint ce que dit M.M. Robin : Loin d’être le fait de sadiques – sauf à supposer qu’ils sont légion dans l’armée d’Algérie – , ces exactions systématiques sont l’expression d’une ‘révolution dans l’art de la guerre’. L’impulsion venait de l’état major. Cela n’excuse pas tout (pour participer à un viol, par exemple, même avec l’impulsion de l’état major, j’estime qu’il n’y aucune, aucune, aucune excuse), mais explique beaucoup de choses.

      Ce livre que vous me conseillez, je tourne autour, mais je le garde pour un jour où vraiment j’aurais la force d’encaisser...

    • mercredi 2 décembre 2009 à 14h48, par un-e anonyme

      Oui ca m’évoque une brève que je viens de lire dans La Sociale (journal anar lillois), si ce décompte macabre est juste, les soldats ricains meurent plus en se tuant eux mêmes que par leur ennemi :

      Quand le prédateur devient
      la proie. Aux Etats-Unis, 6.256
      vétérans se seraient suicidé en
      2005, soit 17 par jour. Environ
      300.000 anciens combattant-es
      d’Irak et d’Afghanistan sont atteint-
      es du syndrome de stress
      post-traumatique et de dépression,
      dont la moitié ne reçoit
      aucun soin. Plus de 18,5% des
      1.500.000 soldats déployés
      dans les 2 pays souffriraient de
      dépression ou de troubles
      anxieux. Le Pentagone indique
      quant à lui 141 suicides dans
      l’armée de terre au premier semestre
      2009. Si l’on considère
      que depuis le début de l’invasion
      irakienne 2,34 soldats
      meurent au combat chaque
      jour, alors il y a 7 fois plus de
      militaires et d’anciens militaires
      qui se suicident qu’il n’y en qui
      se font tuer au combat.

      Voir en ligne : la revue

    • samedi 24 avril 2010 à 09h32, par orang putih

      Loin de vouloir la justifier, on va nous faire croire que la torture en Algérie ou dans les autres guerres de décolonisation était unilatérale : les méchant impérialistes contre les « braves mouvements de libération nationales » indépendants et spontanés. Il s´agit d´une simplification voire d´une manipulation historique résultant d´une lecture marxiste très dirigée de l´histoire. Ce n´est plus du manichéisme, c´est de la propagande.
      Cette radicalisation des méthodes de guerre répondait à la guerre « révolutionnaire » exportée partout dans le monde par les communistes, incluant infiltration, disparition, guerilla ... et l´inévitable torture. En matière de guerre sale, la France n´a rien inventé, même si elle a exporté des techniques, comme les communistes ont exporté la révolution et ses méthodes.



  • mardi 1er décembre 2009 à 17h57, par un-e anonyme

    Nauséeux ,tu dis Lémi... Le bouquin je l’avait feuilleté quand j’étais tombé dessus et puis comme j’avais arrété de lire les égorgeur de Benoit Rey,je ne l’ai pas pris et je ne le lirai pas . Toute cette histoire occultée, digne du nazisme . Putain de pays des droits de l’homme !!! L’envers de la médaille vaut vraiment le coup !Je ne sais pas si il y a au monde un pays plus faux cul que la France . Ce que je sais c’est qu’on est vraiment bien placé.
    ¨Pour revenir au concret et à cette culture de la torture si j’en crois les agissements de l’armée intérieure ,présentement ça fonctionne pas mal . Les gardes à vue ont l’air d’être particulièrement « sympa »mais plus fort encore Il y a régulièrement des victimes qui s’appellent Mohamed, Abdel ,Lamig....Ils montent dans des fourgons de police et ont des crises cardiaques.
    C’est peut être juste l’histoire qui continue mais cette histoire là elle me fout vraiment la gerbe.
    Je crois que la police française est particulierement bien« notée » par Amnesty.
    En tout cas merci à Marie Monique Robin même si je ne lirais pas son bouquin.,pour ce travail de journalisme

    • mercredi 2 décembre 2009 à 00h30, par Lémi

      Je comprends bien ce sentiment de gerbe. Moi-même, pour tout te dire, je ne me sens pas vraiment au top de la motiv après un livre comme celui-ci. Euphémisme...

      • mercredi 2 décembre 2009 à 17h54, par Karib

        Ceux que la guerre d’Algérie intéresse devraient absolument lire les quatre tomes d’Yves Courrière. Souvent critiqué sur des points de détail par des historiens professionnels chichiteux, Yves Courrière nous donne un récit absolument extraordinaire de ces années-là. Doué d’une empathie peu commune, il nous fait vivre comme de l’intérieur, les événements, les décisions, les conflits internes des différents camps en présence. Qu’on n’attende pas de grandes interprétations géostratégico-marxistes (la dimension internationale est d’ailleurs quasiment absente de ces récits), mais par exemple, en ce qui concerne la bataille d’Alger et l’action des parachutistes, la description est minutieuse, le décor planté de façon magnifique, et cela jusqu’au « projet » politique de certains parachutistes, dont Courrière montre bien qu’il allait parfois à l’encontre de la vision qu’avait cette couche de grands propriétaires et industriels pieds-noirs, les seuls pour lesquels il ne montre aucune sympathie. Car si Courrière ne défend évidemment ni l’armée en général ni les parachutistes en particulier, il démonte bien l’engrenage dans lequel ce corps particulier a été pris, avant que ses méthodes ne se généralisent au reste de l’armée française. Passionnant de bout en bout.
        Cela remet d’ailleurs à sa juste place toutes les niaiseries pleurnichardes sur la démocratie, les droits de l’homme, le progrès, etc. Courrière ne tirait évidemment pas ce genre de conclusion, mais force est de le constater : dès que ses intérêts vitaux sont menacés, la bourgeoisie s’assied sans le moindre scrupule sur tout le bataclan à usage des gogos dont elle fait grand usage le reste du temps : justice, droit, respect des règles, traitements humains, dignité de la personne, etc.

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