ARTICLE11
 
 

lundi 17 février 2014

Entretiens

posté à 18h03, par Lémi
14 commentaires

« Je travaillais les mains dans la chimie... »

Il fut un temps où Denis Robert, petit vigneron ardéchois, ne lésinait pas sur les produits chimiques pour traiter ses vignes. Ça lui semblait un passage obligé. Logique : on ne lui avait jamais dit ou enseigné qu’il était possible de faire autrement. Jusqu’au jour où il a soudain changé son fusil d’épaule, passant de l’arsenic au bio. Entretien.

Cet entretien a été publié dans le numéro 14 de la version papier d’Article111

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Denis Robert n’a rien du gauchiste forcené. Ni hippie ni militant pur et dur, c’est un vigneron lambda, au parcours banal. Après des études de viticulture, il a repris le domaine familial, le Mas d’Intras2. 23 hectares de vignes situées à Valvignière – au sud de l’Ardèche. Pendant longtemps, il ne s’est pas posé de questions sur sa manière de traiter la vigne et ses vins, usant allégrement de produits chimiques. « Discipliné », il se contentait d’appliquer les recettes qu’on lui avait inculquées. Jusqu’au « déclic ».

Aujourd’hui, Denis est un ferme partisan de l’agriculture biologique ; il revient ici sur les différentes étapes d’une prise de conscience.

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Illustration de Gala Vanson accompagnant l’entretien dans la version papier. Pour en savoir plus sur son beau travail, cliquer ICI

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« J’ai commencé à travailler à plein temps sur l’exploitation familiale en 1986, alors que j’avais à peine 18 ans ; je sortais tout juste de trois ans de formation au lycée viticole de Beaune. Ces cours, je les avais pris très au sérieux, parce que j’estimais ne pas avoir droit à l’erreur – surtout par rapport à mes parents, peu fortunés, qui finançaient mes études et la construction de la cave qu’ils destinaient à mon frère et à moi.

Une fois le diplôme en poche, j’ai travaillé d’arrache-pied, sept jours sur sept. Nous avions en permanence le nez dans le guidon, d’autant que le domaine est vite passé de huit à seize hectares. Quand tu travailles autant, tu n’as pas vraiment le temps de réfléchir, de t’interroger sur ton métier. Tu fais comme les autres : tu écoutes les soi-disant spécialistes. En fait, tu cherches surtout à te faciliter la vie. »

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« Un petit viticulteur reçoit régulièrement la visite de commerciaux de grandes boîtes chimiques, comme Sandoz, Bayer ou BASF. Ces gars te guident, te garantissent que tel produit sera « parfait pour toi ». Alors, tu l’achètes et tu penses avoir résolu tes problèmes.

Tu n’as pas d’armes pour réfléchir autrement, parce que personne ne remet en cause ce modèle. Et puis, j’avais déjà été abreuvé du même discours à l’école. Mot pour mot ! Cette formation que j’ai suivie à Beaune avait pourtant très bonne réputation. Mais en fait d’études, j’avais surtout été matraqué de documents publicitaires édités par ces multinationales et d’incitations à recourir aux produits phytosanitaires chimiques.

Je ne l’ai compris que bien plus tard, mais nos professeurs étaient probablement aussi victimes d’un état d’esprit disséminé au quotidien et dans les colloques. J’en arrive à penser qu’ils étaient embrigadés. À tel point qu’à l’époque ils nous décrivaient les vignerons qui tentaient de faire du bio comme des hippies attardés produisant une piquette écolo. Selon eux, leur démarche n’avait aucun intérêt. En trois ans de formation, je crois n’avoir bénéficié que d’une heure de cours sur les vins bio ou biodynamiques3.

Pendant ma formation, on ne m’a jamais expliqué qu’il était possible de travailler autrement. Pire : les profs nous distribuaient des documents avec de belles photos couleur, estampillés au nom des grands labos : BASF, Bayer, Sandoz, etc. La première grappe de grenache que j’ai vue figurait sur une fiche ornée du logo de Bayer, avec au dos les indications pour combattre l’oïdium4 ou le mildiou sur ce cépage et la liste des produits à utiliser. Au cours de ma formation, j’ai dû apprendre ces éléments par cœur : ils faisaient partie intégrante des cours. »

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« J’ai longtemps été convaincu que le rapport à l’environnement relevait de la responsabilité de l’État, qui dans mon esprit surveillait les grandes firmes. Je croyais aussi que ces dernières étaient tenues de mener des études scientifiques et qu’elles se préoccupaient de la planète à ma place, en amont. Un message que leurs communicants faisaient très bien passer. Après avoir été un élève discipliné, j’étais devenu un vigneron discipliné. Et je faisais confiance au discours de la presse agricole sur les avancées de l’industrie chimique. En fait, j’étais très naïf.

Quand je suis sorti de l’école, j’étais paré : je me débrouillais un peu en chimie et je connaissais sur le bout des doigts ma liste de molécules. Mon père voyait ça d’un bon œil, puisque ce même discours lui avait été rabâché par les représentants de tout poil. Quand je parlais d’utiliser un produit chimique, il m’encourageait : « Tu as raison, c’est ce que j’aurais fait. » Résultat, on utilisait des pesticides, des désherbants, des produits contre le mildiou et contre l’oïdium. Et parfois des insecticides ou des anti-pourriture. Je ne me posais même pas la question de m’en servir ou non : c’était une évidence. On m’avait par exemple appris qu’une saison viticole devait comprendre entre huit et douze traitements contre le mildiou ; en bon soldat, je m’exécutais.

Tous ces produits chimiques agissent de manière différente. Il y a des produits de couverture – qui se déposent sur la feuille. Et aussi des produits pénétrants, qui se fixent dans la feuille et protègent la plante de l’intérieur. Et encore des produits systémiques qui, eux, rentrent dans la plante et sont véhiculés à l’intérieur par la sève. Après utilisation, nous étions censés attendre 21 jours avant de récolter. Mais ça ne veut pas dire grand-chose. S’il ne pleut pas pendant ces trois semaines, les produits chimiques restent forcément sur le raisin, et finissent dans la cuve. À l’école de viticulture, on t’apprend que ce n’est pas grave, que l’incidence sur la santé humaine est limitée. Et les représentants chantent le même refrain. Tous s’appuient sur des études plus ou moins sérieuses censées avoir démontrer leur non-nocivité. Alors, tu y crois...

Dans ce formatage, l’entourage joue aussi un rôle. Quand tu es bête et discipliné comme je l’étais, tu fais confiance à tes ainés. Ces derniers m’assuraient que le chimique était anodin : pourquoi ne pas les écouter ? Voilà comment je me suis retrouvé à projeter de l’arsenic sur mes vignes, comme nombre de vignerons à l’époque5. »

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« Pendant six ans, ça a continué ainsi : je travaillais les mains dans la chimie, sans me poser de questions, comme l’avait fait mon père. Pris d’un doute, j’ai d’abord acheté des masques (à l’utilité contestable), puis un tracteur équipé d’une cabine avec filtre. Comme ce filtre était lui aussi d’une efficacité douteuse, ma confiance a commencé à vaciller. Il y a finalement eu un déclic – ou plutôt une détonation : en 1998, malgré ces précautions, j’ai souffert d’une sévère allergie à un insecticide.

J’étais allé voir un représentant pour lui parler d’un problème : des araignées s’attaquaient à mes vignes. D’ordinaire, je n’aimais pas trop recourir aux insecticides, mais ça semblait cette fois s’imposer. Le commercial m’a alors proposé un produit un peu plus cher, censé être écolo. Sur la boîte, il y avait même un petit logo orné d’un oiseau vert, avec la mention « Respecte l’environnement ». Comme je ne voulais pas m’empoisonner, je l’ai choisi. Et pourtant, à la fin de ma journée de pulvérisation, je me suis senti mal : j’avais des maux de tête violents, la tête toute rouge, ainsi que les bras et les jambes. Pendant une semaine, j’ai dû me recouvrir de pommade à la cortisone. Rien de dramatique, mais ça m’a soufflé. Je me suis dis : « C’est quoi, ces conneries ? Pourquoi je leur fais confiance ? ». En me renseignant, je me suis rendu compte que je connaissais cette molécule et que je savais qu’elle était nocive : je m’étais laissé abuser par le packaging.

J’ai alors pris conscience, peu à peu, qu’il existait d’autres manières de fonctionner. Je me souviens d’une discussion avec un copain vigneron qui n’utilisait jamais d’insecticides ni de désherbants. Après avoir goûté un de mes vins pas encore mis en bouteille, un Cuvée d’Alphonse 1999, il s’est étonné que je veuille le filtrer (pour éviter les dépôts) et ajouter de la gomme arabique (pour la couleur), ainsi qu’un peu d’acide métatartrique (contre le dépôt de tartre). Il n’en démordait pas : « Ton vin est bon comme il est ! Il n’y a rien à ajouter ! » Je l’ai pris au mot. Après coup, je me suis senti beaucoup mieux, d’autant que le vin était bon. J’ai alors décidé de systématiser cette façon de faire, de ne plus utiliser de produits chimiques dans mes vins et, petit à petit, d’en faire autant sur mes vignes. »

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« Cela s’est fait progressivement, avec la peur d’aller au casse-pipe. Mon père s’arrachait les cheveux, d’autant qu’on a fait des erreurs qui auraient pu couler l’exploitation.

On a commencé par arrêter les herbicides. Il a fallu semer de l’herbe, puis labourer - pour te passer de ce type de produit, tu dois choisir quelle herbe va pousser de manière à ne pas affaiblir la vigne. Au début, faute d’expérience, nous avons tâtonné. En 2003, par exemple, on a beaucoup souffert de la sécheresse : l’herbe asséchait encore davantage un sol déjà très sec. J’avais trop semé, et l’’herbe accaparait l’eau des rares averses, qui n’arrivaient jamais aux racines de ma vigne. Ça a été dur, la récolte fut maigre.

Mais ça en valait la peine ! Dans le cas de l’arrêt du désherbant, tu vois vite la différence : une symbiose se créé entre les différentes plantes. C’est justement cela que tu perds quand ton terrain est tout nu, désherbé chimiquement : plus rien ne pousse. Il n’y a plus aucune vie, pas la moindre racine pour aérer le sol. Jusqu’à la terre, qui est tassée à cause des passages du tracteur, et n’absorbe pas l’eau lors des orages. »

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« Outre les résidus de pesticide qu’ils contiennent, les vins industriels sont totalement aseptisés, transformés par les ajouts : gomme arabique, anti-oxydants, acide citrique, acide métatartrique, etc. Dans les cas extrêmes, il n’y aurait même plus la place d’inscrire le cépage s’il fallait énumérer sur la contre-étiquette l’ensemble des produits utilisés... Pour l’instant, seule la mention des sulfites est obligatoire ; le reste est invisible. C’est une exception dans l’agro-alimentaire, qui tient à la puissance du lobby français du vin « non bio ».

En appliquant les principes productivistes, on perd la qualité du vin, sa spécificité. Par exemple, l’étiquette de ce Carignan que nous sommes en train de boire indique « levures indigènes ». Cela signifie que nous n’avons pas ajouté de levures à celles présentes naturellement sur la peau du raisin. Et c’est contraire à la manière dont la plupart des exploitants font aujourd’hui leur vin. Eux ajoutent des sulfites pour tuer la levure indigène, avant de la remplacer par de nouvelles, cultivées en laboratoires, plus maîtrisables et qui permettent de tout planifier.
Un discours très normatif accompagne cette façon de faire – on te persuade qu’il n’y a pas d’autre choix pour maîtriser l’arôme. Tandis que recourir aux levures indigènes, c’est accepter que l’arôme d’une cuvée évolue d’une année sur l’autre. Cette cuvée Carignan sent la cerise, mais ce ne sera pas forcément le cas de la prochaine. C’est la règle du jeu. Certains vins industriels sont tellement rectifiés par les produits chimiques qu’ils restent toujours les mêmes au fil des années et des lots. C’est pratique pour le consommateur sans curiosité et qui n’aime pas être surpris, mais c’est une dénaturation. Et je ne pense pas que ce soit bon pour la santé. »

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« Tout à l’heure, j’évoquais mon déclic après l’allergie. J’en ai connu un second le 27 janvier 2011, quand j’ai appris lors d’une réunion d’information que les industriels du gaz de schiste projetaient de forer dans mon village, à Valvignères. Pire : ils avaient déjà les permis nécessaires ! De nouveau, je suis tombé de haut. Moi qui n’étais pas spécialement militant, je me suis retrouvé à défiler avec des gens de tous bords et, dans la foulée, à fréquenter beaucoup de gens engagés. Ça m’a ouvert des horizons - je me suis documenté et j’ai découvert que ces forages étaient complètement irresponsables.

Ce combat m’a aidé à ouvrir définitivement les yeux sur mon parcours, sur toute cette période où je fonctionnais au chimique sans me remettre en question. L’embrigadement psychologique pour utiliser ces produits m’est alors apparu sous un angle nouveau. J’ai compris que les principes de ces grosses boîtes de type Bayer ont tout noyauté. Si le principal syndicat agricole, la FNSEA, fonctionne sur des schémas qui m’apparaissent maintenant périmés, c’est en partie parce qu’il applique les mêmes raisonnements. Leurs dirigeants préconisent le chimique, ils poussent au productivisme, font la course à la taille de l’exploitation. L’exact inverse de ce que j’essaie de faire maintenant, soit une approche raisonnée, économiquement et écologiquement durable, à échelle humaine. »

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Aux lecteurs qui auraient envie de creuser le sujet : les éditions Futuropolis ont sorti en 2011 une très bonne bande-dessinée d’Étienne Davodeau, intitulée Les Ignorants6 et évoquant longuement le travail d’un certain Richard Leroy, vigneron passionné et ne transigeant pas - lui non plus - avec le chimique.

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Édit 18 février

Denis Robert tient à évoquer le cas d’Emmanuel Giboulot, vigneron bio convoqué au tribunal pour avoir refusé de répandre un insecticide dangereux pour les abeille. Pour en savoir plus et éventuellement signer la pétition, se rendre sur cette page.



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2 Pour en savoir plus, consulter le site du domaine : http://www.masdintras.fr.

3 En agriculture, la biodynamie vise à intensifier les échanges entre une plante et son environnement naturel.

(Cette définition sommaire, plus ou moins piochée sur Wikipédia, a suscité les critiques d’un lecteur d’A11 qui dans un mail tenait à remettre les pendules à l’heure. Voilà ce qu’il disait (et de quoi lancer le débat) : «  Dans le dernier N°. P 27, vous écrivez que « la biodynamie vise à intensifier les échanges entre une plante et son environnement ». Cette phrase non seulement ne veut rien dire, mais surtout, je pense que vous confondez bio et biodynamie : car cette dernière, pseudo-théorie mystique de Rudolf Steiner, est en pleine contradiction avec vos idées et les miennes. Il s’agit de vanter des cycles lunaires, un ordre moral, une pensée magique dispendieuse en temps pour les agriculteurs qui s’installent, et des méthodes moisies (regardez la médecine anthroposophique par exemple), sous couvert d’un personnage particulièrement racialiste. J’ai remarqué que beaucoup de gauchistes dont je suis font l’amalgame, alors qu’il suffit d’ouvrir un livre de Steiner pour s’en rendre compte. Quant aux preuves pour montrer la pertinence de sa méthode, elles n’ont jamais existé - ce qui est étonnant pour de telles prétentions. Alors prudence, car en voulant sortir des exploitants du Charybde de l’agriculture intensive, vous prenez le risque de les faire plonger dans le Scylla de l’agriculture mystique inefficace et profondément de droite. »)

4 Maladie de la vigne proche du mildiou et causée par des champignons.

5 L’utilisation de l’arsenic a depuis été interdite (en 2001).

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COMMENTAIRES

 


  • lundi 17 février 2014 à 20h05, par Denis

    Je réponds ici au lecteur d’Article 11 qui n’aime pas la biodynamie. Bien que ne pratiquant pas la biodynamie de manière assidue, je trouve qu’elle a quand même l’avantage de pousser le vigneron (l’agriculteur) à se poser encore plus de questions sur ce qu’il fait, sur son environnement, sur les interactions entre ce qu’il fait et sa vigne ou son vin. On peut effectivement pousser cette réflexion plus ou moins loin, avec plus au moins de largesse d’esprit, mais on n’est pas obligé de l’appliquer comme une doctrine trop restrictive. Globalement, je trouve que les vignerons qui la pratiquent m’offrent un vin agréable à boire, et que ce sont des vignerons intéressants à fréquenter. Je trouve leur approche très positive, et je pense qu’elle est un prolongement intéressant de la démarche bio « de base » et certifiée. Il est difficile de savoir si ces pratiques ont des conséquences directes sur la vigne et le vin, mais adossées à l’attention générale du vigneron pour son sol et son raisin elle ne peuvent avoir qu’un effet positif supplémentaire ou à minima un effet neutre ; je pense qu’il ne faut donc pas jeter le bébé avec l’eau du vin, et je continuerai volontiers à m’intéresser - avec discernement - à la biodynamie et à ceux qui la pratiquent.
    Denis ROBERT, le vigneron de l’entretien.

    • mardi 18 février 2014 à 17h07, par wuwei

      Mon voisin est viticulteur « biodynamique » depuis 40 ans et si son vin est excellent, l’homme ne l’est pas moins. Moi-même je pratique dans mon jardin la biodynamie sous certains de ses aspects, plus pour son approche respectueuse de toute forme de vie que par certitude quant à son efficacité. Je respecte d’autant plus votre démarche puisque je connais grâce à mon voisin viticulteur « Demeter »les difficultés et les contraintes que nécessitent un tel engagement sans pour cela en retirer des bénéfices matériels évidents.



  • mardi 18 février 2014 à 15h57, par fileasse

    Dommage que l’explication sur la biodynamie ne fasse l’objet que d’une remarque en fin de page.
    La biodynamie est une escroquerie qui a plus a voir avec l’astrologie et l’homéopathie qu’avec la viticulture.
    On ne fait que remplacer une escroquerie par une autre...
    Le bio lui est plus intéressant même si il n’est pas parfait (l’utilisation du cuivre qui fini par stériliser les terres)

    • mardi 18 février 2014 à 16h59, par wuwei

      Sauf que les produits « biodynamiques » sont très peu onéreux n’engraissent aucune multinationale et que personne n’est obligé d’y croire et encore moins de la pratiquer. Quant à la bio elle est devenue un tel « fourre-tout » qu’il est préférable de bien connaître le producteur avant d’avaler sa production.

    • mercredi 19 février 2014 à 01h56, par Tss

      Si vous n’aimez pas le vin biodynamique, n’en buvez pas, mais n’en dégoûtez pas les autres. Et on s’en fout de Steiner !

      • jeudi 20 février 2014 à 10h55, par un-e anonyme

        Réponse intéressante est ce que j’ai le droit de l’appliquer à toutes les autres pratiques culturales :
         × si tu n’aimes pas les OGM n’en dégoûte pas les autres.
         × si tu n’aimes pas le roundup n’en dégoûte pas les autres.

        Je préfère pas, surtout que je n’ai pas critiqué le vin biodynamique qui produit son quota de bon vin et de piquette comme d’autres techniques vinicoles et que j’ai plutôt tendance à juger sur pièces.
        La critique portait uniquement sur la croyance en la biodynamie qui relève comme toutes les autres croyances d’une logique où on demande à un sujet d’abandonner sa raison pour la céder à un gourou qui pense à sa place.
        Avant le gourou s’appelait BASF, aujourd’hui il s’appelle Steiner mais la raison n’a pas plus sa place.
        L’avantage du Gourou Steiner et de ses descendants (qui vendent des formations, des livres, des calendriers ... tout cela n’est pas gratuit) c’est qu’ils sont moins chers et moins polluants. Et en plus ils sont à la mode chez les clients et les journalistes.
        Mais un jour la mode passera, et le gourou changera de nom et sera peut être moins inoffensif. Sauf si entre temps on arrête d’attendre des solutions miraculeuses (venant de la chimie ou de l’astrologie).

        • vendredi 21 février 2014 à 13h51, par Tss

          « est ce que j’ai le droit de l’appliquer à toutes les autres pratiques culturales » > oui, vous avez le droit, libre à vous de préférer les OGM arrosés au Roundup.



  • mercredi 19 février 2014 à 09h48, par B

    Il est très gentil Denis Robert, même avec ses profs du Medef. Il dit que ils sont « embrigadés » mais à mon avis, faut arrêter de dire qu’ils ne sont pas responsables car
    ils le sont bel et bien.



  • mercredi 19 février 2014 à 12h43, par un-e anonyme

    Ce qui est épatant ici c’est d’accepter de raconter son histoire et ce changement tout de même assez radical, ça veut donc dire qu’on a le droit d’évoluer et de profiter des expériences des autres ? chouette !
    Et de rompre avec ce productivisme qui éloigne du plaisir de cultiver le meilleur, en respectant la terre, en comprenant aussi le fait que tout ne peut être argent, raison, science, quantifiable. Que la biodynamie soit une croyance, on s’en moque un peu, c’est d’abord une pratique d’humilité et d’observation qui de fait permet de reconnaitre que nos connaissances du vivant sont réduites. Le paysan en biodynamie accorde du mieux qu’il peut cet espace inconnu du mouvement global, terrestre, lunaire et solaire, tout comme le musicien doué joue du silence dans la musique.



  • jeudi 20 février 2014 à 10h24, par B

    Et pendant ce temps là, sur le front de l’alcool, le Canard de cette semaine cite les échos du 13/2
    La France manquera de vin à l’export en 2014 en raison de la faible récolte alors que l’Espagne et l’Italie ont battu des records de production.
    Du coup le président du syndicat des exportateurs de vin français préconise de compenser la perte de volume par une hausse des prix.

    alors les fils à papa, qu’est-ce que vous dites de ça ?



  • jeudi 20 février 2014 à 20h03, par Soisic

    « Pendant ma formation, on ne m’a jamais expliqué qu’il était possible de travailler autrement. Pire : les profs nous distribuaient des documents avec de belles photos couleur, estampillés au nom des grands labos : BASF, Bayer, Sandoz, etc.  »
    C’est finalement exactement comme pour la formation médicale continue, assurée par les grands groupes pharmaceutiques...
    Que pensez-vous de la « mésaventure » d’Emmanuel Giboulot qui est poursuivi pour ne pas avoir traité ses vignes bios ? Voir lien suivant
    http://www.passerelleco.info/articl...

    • vendredi 21 février 2014 à 14h05, par B

      Le vin n’étant pas indispensable, continuez à emmerder le préfet, je pense que logiquement il va envoyer aux viticulteurs leur OQTF( obligation de quitter le territoire français).



  • vendredi 28 mars 2014 à 10h22, par .PILLOT

    Je pense, comme je l’ai observé lors d’une conversion bio d’une partie de mon vignoble, que ce passage se traduit inéluctablement par une explosion des maladies du bois. N’est ce pas le cas chez vous ? Je pense que ce passage souhaitable vers le bio ne pourra pas se faire sans un retour au traitement avec l’arsénite de soude, distribuée une fois tous les trois ans (ce qui paraissait suffisant avant son interdiction pour contenir cette maladie), sur des cépages aussi noble que le Cabernet et le Sauvignon. Cette distribution devrait être faite non pas par les viticulteurs mais par des entreprises spécialisées avec des pulvérisateurs à tunnels. Quant à l’arsenic lui même, vous ne pouvez pas l’assimiler à la « Chimie » ; il a toujours existé dans la nature et au cours de son évolution, l’homme a toujours été en contact avec lui à des doses infinitésimales. Nous savons qu’il donne des cancers de la peau à des doses plus élevées et uniquement chez les asiatiques (sans en comprendre la raison), et devient poison à doses substantielles (souvenons nous de Cléopâtre !). Quand j’étais jeune étudiant en médecine on soignait la syphilis avec l’arsénobenzol et la tuberculose avec la liqueur de Fowler, où le principe présumé actif était l’arsenic...Son recours dans des conditions d’utilisation stricte faciliterait sans aucun doute un passage vers le bio en viticulture.
    J.PILLOT, Professeur honoraire à la Faculté de médecine de Paris, Ancien expert de l’Organisation Mondiale de la Santé.

    • mercredi 18 juin 2014 à 18h02, par Denis ROBERT (le vigneron interviewé)

      Les maladies du bois sont effectivement devenues un gros problème.
      Mais je pense surtout qu’il faut revenir à des clones (ceps) moins sensibles, car nous utilisons maintenant des pieds de vigne trop « stérilisés » ou inadaptés au sol ou aux régions.
      Pour le peu que je commence à comprendre de la biodynamie, et par l’expérience acquise petit à petit dans mon vignoble, il me semble que plutôt que de chercher à lutter par un produit dangereux (chimique ou naturel), il faille plutôt réfléchir à l’adéquation cépage-sol-milieu-pratiques-culturales afin d’avoir des ceps en bonne santé qui perdent donc leur sensibilité à ces nécroses du bois.
      Donc réfléchir en amont, afin de ne pas avoir l’apparition de ces maladies du bois... mais sur une parcelle déjà plantée, c’est difficile. Et quand le principal (ou le seul) cépage d’une AOC présente ces problèmes, ça devient difficile.
      Je n’ai pas de réponse toute prête, mais à mon avis la solution à long terme est de tendre vers une meilleure harmonie entre tous ces éléments, un peu comme un être humain doit limiter les sucres s’il ne veut pas grossir ou doit limiter son exposition au soleil pour ne pas prendre un coup de soleil... mais pour une vigne, plus on attend, plus ça prendra du temps de revenir à cet équilibre.

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