ARTICLE11
 
 

mardi 12 août 2008

En Sueur

posté à 00h09, par PT
8 commentaires

Ne vous moquez pas des résultats français aux JO ; dans quatre ans, ce sera pire…
JPEG - 7.7 ko

A Pékin, La Marseillaise se joue en sourdine, alors même que Sarkozy avait donné de la voix pour électriser les troupes. Mystères en Olympie ? Pas tant que ça. En mal de financements, le sport français se meurt à petit feu. Et la petite musique présidentielle en est la principale responsable. Rendez-vous à Londres pour l’enterrement en première classe.

Il jogge autant que possible pour le bien de ses mollets, il boxe avec les mots, n’est pas loin de réclamer en duel, sabre au poing, quelque pêcheur indélicat, tout en s’épuisant à ramer à contre-courant dans les enquêtes sondagières : Sarkozy, c’est l’homme-olympique. Les JO faits président.

Au reste, on ne peut pas reprocher au petit guide du peuple une aversion pour la chose sportive. Connaisseur éclairé de tout ce qui a trait au muscle et au culte du triomphe, speedy-Sarko manque rarement l’occase d’afficher sa trombine satisfaite aux côtés des plus beaux shorts du pays (voilà ce qu’il en coûte de culminer si peu haut).

On l’a vu haranguer les troupes quinzistes en amont du Mondial de rugby, voler au secours de la victoire française contre les All Blacks pour mieux disparaître des écrans au soir de la fessée donnée par les Anglais.

JPEG - 20.8 ko

On l’a vu régler plusieurs fois le micro à bonne toise devant les footballeurs de l’équipe de France en partance pour l’Euro - où les attendait un fiasco grand format, de ceux qui alimentent pour longtemps les railleries du peuple insulté (les salauds !).

Encore tout récemment, on l’a vu manager les stars de la délégation française engagée à Pékin avec des verbes de consultant d’entreprise, profitant de ce que son court déplacement en terre dictatoriale lui laissait assez de temps pour ne pas avoir seulement à s’encombrer de professer la bonne parole (les droits de l’homme, tout ça).

Sauf que comme toujours : ça ne décolle pas.

Pas verni, le Nico : depuis son accession au trône, le sport français traîne la savate. La France qui gagne ? Non : la France qui geint. Et vous savez quoi ? C’est bien parti pour durer.

« Au coeur des réformes gouvernementales, il en est une qui ne créera jamais de manifestations : le démantèlement du système sportif français », s’est plaint avant Pékin le président de la Fédération française d’athlétisme, Bernard Amsalem. Le dirigeant pointait de l’index les promesses non tenues par Sarkozy de hisser le budget des sports à 3% du budget de l’Etat.

La proposition avait pourtant produit son effet : d’hier ou d’aujourd’hui, les dieux du stade accoururent en masse durant le printemps 2007 au soutien du candidat miracle. Avant de tomber de haut. Tant Sarkozy laisse apparaître une réelle souplesse pour réussir le grand écart entre engagements pré-urnes et agissements post-plébiscite.

32 millions d’euros dans la poche des clubs fortunés

3%, promettait-il ? Résultat des courses : 0,28%. La gauche dénonce le coup de canif porté aux crédits de la mission sports, jeunesse et vie associative. Tout en stigmatisant le tour de passe-passe destiné à faire croire à un effort d’importance en se reposant sur des chiffres incluant « la hausse des crédits du centre national du développement du sport (+30 millions d’euros), eux-mêmes subordonnées à la rentabilité des jeux de hasard et de la taxe télévisuelle », ainsi que le note le SNEP (syndicat des profs d’EPS).

Plus fort encore : l’enveloppe totale comprend une prime de 32 millions d’euros correspondant « à la compensation versée par l’Etat aux organismes de sécurité sociale pour l’exonération de charges sociales rémunérant le droit à l’image des sportifs professionnel ». Autrement troussé : le gouvernement débloque des fonds destinés à réduire l’écart concurrentiel qui sépare les clubs français de foot ou de basket du reste de l’Europe. 32 millions pour être certain de conserver Benzema à l’OL. Et d’atteindre vaillamment les 8es de finale en Ligue des Champions. Placement judicieux.

A côté de ça, les installations de l’INSEP s’épuisent faute de financements et le sport français, qui n’est pas uniquement entre les mains de clones de Jean-Michel Aulas, qui est loin de se résumer aux émoluments dodus versés aux stars à crampons, le sport français, ouais, crève à feu doux dans les cours de récré et/ou sous les toits de gymnases indignes.

On force le trait ?

Un peu.

En attendant : cinq breloques après les trois premiers jours de compète à Pékin. Champagne !

Réjouissons-nous : dans quatre ans ce sera pire.

Sur ce plan-là aussi, Sarkozy doit s’attendre à un douloureux second mandat.


Découvrez Miossec !

COMMENTAIRES