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lundi 25 août 2008

Médias

posté à 20h57, par PT
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Benjamin Lancar, nouveau président des Jeunes Pop’, l’annonce : le grand soir est pour demain !
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Benjamin Lancar a réussi un fameux tour de force en se hissant ce week-end à la tête des Jeunes Populaires, la branche adolescente de l’UMP, l’antichambre des grands de ce pays. Elève discipliné, il promet le changement, la rupture, et plus encore : la révolution. Si : la révolution ! « La jeunesse qui bouge, elle est à droite et au centre », annonce-t-il fièrement. Un suppo et au lit ?

J’ai farfouillé, prospecté, lu et relu quantité de papier le concernant. Avant de me ranger à l’évidence : rien, vraiment rien de ce que je pourrais écrire à son sujet ne réussirait à restituer fidèlement la profondeur d’âme et la sincérité de l’engagement du camarade Benjamin Lancar, ci-devant nouveau président des Jeunes Populaires (prononcez : Jeunes Pop’), qui sont à l’UMP ce que les centres de formation sont aux clubs de foot – une pouponnière cinq étoiles, l’antichambre de l’élite.

C’est simple : le jeune Benjamin, c’est de la graine de crack ! Et qu’on ne vienne pas me bassiner sur l’ambiance poisseuse qui a escorté son élection (ici, ou encore ). Ni me chatouiller sur ses prétendues accointances avec L’Elysée, qui l’aurait promu. Billevesées et balivernes ! Ainsi qu’il l’a rappelé ce midi, interrogé sur Europe 1, Benjamin a vécu ce week-end « un super moment de démocratie », s’imposant malgré la horde frondeuse avec 75% des suffrages. La super classe !

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Autant le confesser : je suis envoûté.

Envoûté par tant d’aisance, de fraîcheur et de convictions. Envoûté depuis que j’ai entendu Benjamin assurer comme un grand sa première interview radio de nouveau président des Jeunes Pop’. Sans se démonter. En restant lui-même. So Benjamin. Une pointure, déjà.

J’ai cherché, beaucoup cherché, à lui rendre hommage ici-même, dans un billet. Tant ce bonheur de rencontre - cette révélation - méritait d’être partagé. Mais je me suis ravisé, l’exercice étant au-dessus de mes forces, l’émotion engloutissant chaque mot, chaque virgule. On n’écrit pas avec des larmes…

J’ai donc finalement opté pour la retranscription fidèle et quasi-intégrale de l’intervention fondatrice de Benjamin Lancar.1

Une profession de foi révolutionnaire (vous comprendrez) que je vous invite à lire religieusement, une main sur le cœur, l’autre à portée de flambeau. C’est en s’en imprégnant la rétine que le message du jeune Benjamin prend tout son souffle, toute sa verve.

Et c’est salutaire.

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Est-ce que vous êtes le candidat imposé par Nicolas Sarkozy et par l’appareil UMP ?

« Non, je ne suis pas le candidat imposé, je suis le candidat élu par 75% de nos militants. Et, euh, avec un taux de participation de 54%. J’entendais les critiques sur le taux de participation : il faut savoir qu’en deux ans, on a gagné plus de 300 à 400 électeurs, puisque le collège électoral a grandi. Hier, c’était la victoire de la démocratie. Une élection des jeunes, par les jeunes et pour les jeunes. Et au fond, 75% ça veut dire que nos militants soutiennent ce projet exceptionnel qu’on a essayé de bâtir et qu’on a proposé, que j’ai proposé en me déplaçant dans 75% des fédérations et c’est ça aujourd’hui l’enjeu principal dans les deux années à venir, c’est tout de suite être dans l’actualité. Et vous disiez tout à l’heure que vous ne saviez pas si l’automne allait être chaud ; ben avec nous, l’automne il va être très chaud. »

Oui, mais dans quel sens ?

« Ben, oui ça va être très, très chaud parce qu’on va faire des propositions qui vont vous surprendre. Sur le pouvoir d’achat des jeunes, il y a des choses comme les bourses, on va dire que le « travailler plus pour gagner plus » il faut qu’il s’applique encore plus aux jeunes. Il faut que les jeunes fassent de l’apprentissage, il faut que les jeunes fassent des stages. Sur les banlieues, on va aller chercher les jeunes qui sont dans les banlieues. Vous allez être surpris parce que les jeunes de la droite et du centre, nous allons aller dans les banlieues et on va y aller en parlant tout simplement de l’avenir de ces jeunes. Parce qu’aujourd’hui, ces jeunes ils n’y croient plus, ils ont l’impression que la droite ou la gauche ne proposent plus rien du tout. Eh ben on va leur parler de leur avenir, c’est ça le plus important. »

Mais vous connaissez bien les banlieues, vous, Benjamin Lancar ? Parce que quand on voit votre parcours, vous êtes plutôt dans l’univers des grandes écoles que dans l’univers des banlieues ?

« Ben vous savez, j’ai été arbitre de football pendant cinq ans, de 15 à 20 ans. Donc j’allais en banlieue tous les week-ends, et deux fois par week-end même. J’ai arbitré dans des endroits … j’ai arbitré des derbys entre Noisy-le-Sec et Aulnay-sous-Bois. Donc la banlieue j’y suis allé souvent, et j’y suis aussi allé pendant ma campagne. Je suis allé trois fois en banlieue. Et à chaque fois, les jeunes m’ont dit : écoute, moi j’en ai rien à foutre d’être de droite ou de gauche, ce que je veux c’est que tu me parles de mon avenir. Eh ben on va leur répondre, on va réfléchir. Une idée par exemple : est-ce qu’on ne peut pas réfléchir à l’idée de la carte universitaire en Ile-de-France ? Est-ce qu’on ne peut pas se dire que ce n’est pas normal qu’un jeune qui est au lycée dans le 93 soit condamné à aller à Villetaneuse. Ben nous, on pose la question ; et on va essayer d’y répondre. Et puis on va faire une grande convention au mois de décembre sur ce thème-là, où on va aller chercher les jeunes avec les dents, dans les cages d’escalier, dans les lycées, dans les marchés, et c’est comme ça que ça va marcher, qu’on va fonctionner pendant deux ans. »

Vous prenez vos conseils auprès de qui ? Patrick Devedjian ?

« Ben… non, parce qu’on a une vraie liberté de ton, donc c’est ça qui est génial. Quand on parle de l’université, je donne un exemple : oui l’autonomie on soutient, mais on va aller plus loin, on pose la question du financement, on pose la question de la sélection. On prend nos consignes nulle part. Nous ce qu’on veut, c’est avoir cette liberté de ton, c’est être cet aiguillon de la majorité présidentielle, et c’est finalement montrer qu’être jeune de la droite et du centre aujourd’hui, c’est être révolutionnaire. Parce qu’on pense que la jeunesse qui bouge, elle a changé de camp. Elle est plus à gauche, elle est à droite et au centre. Et elle est du côté du président de la République. »

Et les jeunes UMP sont révolutionnaires ?

« Ben moi je vous le dis : y a pas besoin d’avoir une faucille et un drapeau rouge pour être révolutionnaire, il suffit d’être à l’UMP, d’être à droite et au centre, parce que voilà, sur plein d’idées, sur l’immigration ben nous on propose par exemple qu’il y ait encore plus d’étudiants étrangers qui viennent en France pour que la France reste ce pays où, voilà, on est au cœur du monde intellectuel. Voilà clairement des propositions qui décapent. Et vous allez être surpris, et on va vous surprendre, et avec nous l’automne va être chaud et pas que l’automne. »

Vous avez dit hier, Benjamin Lancar, que vous vouliez devenir d’ici deux ans le poil-à-gratter de l’UMP ?

« Ouais ben l’idée c’est tout simplement d’avoir cette liberté de ton. Bon après on utilise la formule qu’on veut, poil-à-gratter ou aiguillon, mais l’idée elle est simple : c’est d’avoir cette liberté de ton, c’est de mettre les jeunes au cœur du débat politique. Nicolas Sarkozy, il a mis la politique au cœur de la société. Ben nous on veut être, les jeunes de l’UMP, au cœur de la société, au cœur de la politique et au cœur de l’UMP. Et comment ça marche : ça marche avec cette liberté de ton, avec un travail immense parce qu’on va aller partout : dans les facs, dans les grandes écoles, dans les BTS, dans les IUT ; on va aller dans le monde associatif, dans les entreprises ; on va changer notre image ; on va montrer tout simplement qu’on est porteurs du changement. »

Je vous laisse reprendre votre souffle ou soulager vos côtes.

C’est fait ?

Parfait. Voici, quelques questions plus tard, la fin de l’entretien. Un vrai bouquet final…

Tout à l’heure, Thierry Wojton disait que vous ne représentiez pas grand-chose, vous n’étiez que 30 000. C’est peu en effet…

« Ben vous savez, on est le premier mouvement politique jeune de France. C’est quand même huit fois les Verts. C’est pas mal. Vous savez quel est le pourcentage de jeunes qui s’engagent en 2008 dans un parti politique ? 1%. Donc évidemment, on part d’un constat qui est terrible. Parce qu’un jeune qui ne s’engage pas, c’est un jeune qui n’y croit plus. Il croit pas en la capacité de son pays de lui offrir de meilleures conditions que ce qui était celles de ses parents. Pour nous, on veut que ce soit terminé. On veut que les jeunes s’engagent. Et au fond, avec toutes les forces politiques jeunes, notre but c’est de redonner l’envie à la jeunesse. Moi, je suis le porte-parole d’une génération à qui un pape a dit »N’ayez pas peur« et à qui un président de la République a dit »Je ne vous comprends pas« . Ben moi en 2008, on a encore un peu peur et parfois on a l’impression de pas être compris. »

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Big up, Benjamin ! A de telles énormités, il n’y a rien à ajouter, non ? Non…



1 L’intégralité de l’interview, conduite par l’ineffable Jean-Marc Morandini et deux de ses comparses, est à écouter sur le site d’Europe 1, après 1 h 30 d’émission. Mais faut du courage (et pour Lancar, et pour Morandini…).


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