ARTICLE11
 
 

mercredi 16 juin 2010

Sur le terrain

posté à 10h53, par Lémi
20 commentaires

Eurosatory : le grand pince-fesses des VRP de la mort
JPEG - 14 ko

A quoi ressemble un marchand d’armes ? Est-ce que le mal est inscrit sur ses traits, transparent ? Ou bien arbore-t-il au contraire une ganache de pékin moyen ? Question d’importance. La tenue du salon de l’armement terrestre Eurosatory (Villepinte, 14-18 juin), summum du genre, semblait l’occasion parfaite d’enquêter sur le sujet. Plongée dans l’univers boueux des VRP de la mort.

JPEG - 140.4 ko

Dans toutes les allées, les mêmes faces rubicondes et satisfaites, les mêmes uniformes – chemise blanche, costume passe-partout, coiffure bien dégagée sur les côtés et/ou dégarnie, peau luisante – , les mêmes rires gras. Un verre de champagne à la main, un attaché-case à l’autre, une naïade plus ou moins peinturlurée pendue au bras (pour les plus éminents), ils s’agglutinent devant les stands, ravis d’être là, paradant parmi leurs pairs. En grappes, ils échangent force commentaires sur les merveilles présentées, du Taser XREP/X12 à la grenade assourdissante Splinterless SV-135, en passant par les nouvelles joyeusetés balistiques made in Israël et les bon vieux Renault-trucks des familles, yeux gourmands, ravis de tant de puissance de feu.

Ils sont à la fête. C’est que le grand raout de l’armement n’est pas seulement commerce de mort, il est aussi l’occasion pour les représentants ès grande faucheuse de tous les pays de se rencontrer dans une ambiance décontractée. C’est là qu’ils discutent des nouveaux petits bijoux semeurs de morts, présentent leurs nouveautés et signent de juteux contrats. Normal, dans ces conditions, que l’atmosphère soit à la bonne humeur et à la courbette servile : il y en aura pour tout le monde. Quelques gradés – médailles et uniformes en bandoulière – déambulent l’air grave, détonnent presque dans le paysage. Les autres, qu’ils soient brésiliens, russes, français, américains, bulgares ou saoudiens, se ressemblent tous : VRP funèbres fabriqués en série, un peu minables, un peu beaufs, un peu grandes-gueules. La grande foire à la saloperie humaine ressemble à une FIAC du pauvre, voire à un salon de l’électro-ménager (si on fait abstraction des marchandises présentées, évidemment). Perturbant.

Pour le Rouletabille naïf égaré au salon Eurosatory, l’expérience est plutôt éprouvante1, voire carrément effrayante. Horreur à la mesure de nerfs de géant2 ! Difficile de s’imaginer la chose, l’ampleur du désastre : 50 000 professionnels du secteurs attendus sur quatre jours, 1 300 exposants qui tous ont placé leurs billes (ou une partie d’icelles) dans l’armement terrestre, de Dassault à Taser, de Lockhead Martin (le roi du missile) à EADS, affichant leurs marchandises rutilantes comme d’autres leurs tapis. Opulents et joyeux. Il faut dire, comme le rappelle Philippe Leymarie sur son blog du Monde Diplo (ici), qu’ils auraient tort de faire la gueule, tant leur industrie est plus que jamais florissante :

« En dépit de la crise, les dépenses militaires mondiales – toutes spécialités – ont atteint un nouveau record pour 2009, selon le rapport de l’Institut de recherche pour la Paix de Stockholm (SIPRI) publié le 2 juin dernier : 1531 milliards de dollars ont été consacrés au secteur militaire (+ 6 % par rapport à 2008, et + 49 % par rapport à l’année 2000). »

Alors, d’un stand à l’autre, c’est le même spectacle : champagne et petites pépées, rires et claques dans le dos. Les affaires tournent, l’heure n’est pas à la sinistrose. Dehors, un petit train touristique3 permet aux plus impotents d’aller jeter un coup d’oeil à la ribambelle de tanks s’étalant sur un parking immense, chenille vicieuse. Pas loin, une escouade d’officiels allemands s’engouffre dans un gigantesque véhicule blindé, visite guidée ponctuée d’exclamations enthousiastes. Allée F4, des yeux égrillards suivent les croupes des hôtesses d’accueil, quelques blagues fusent en polonais. Devant un stand, un type à l’accent belge, manifestement bourré, s’adresse à son interlocuteur japonais dans un anglais hésitant : « Cette roquette, mon vieux, elle te défonce un tank d’un claquement de doigt. Notre grande fierté. » Un temps. « Bon, on va la boire cette bière ? » À deux pas, un ricain excité, l’air ado, s’empare des mitraillettes d’un stand, l’une après l’autre, méthodiquement, pour les soupeser et mimer l’assaut furieux, l’œil en érection. Plus loin, les représentants de Taser tentent de m’expliquer que jamais au grand jamais l’on n’a pas pu faire état d’un lien direct entre un décès et l’utilisation d’une de leurs merveilles. Litanie déprimante.

De cette plongée de quelques heures dans le raout des marchands de mort, je ne retiendrai finalement pas grand chose. Quelques instantanés mentaux saisis au vol. Quelques photos parlantes (ci-dessous). Une impression de dégoût omniprésent – gerbe en embuscade. Et, en fond neuronesque, ce vieux refrain sur la « banalité du mal  » qui tambourine à l’esprit. Vus comme ça, ils ont presque l’air normaux. Est-ce vraiment une excuse ?


JPEG - 88.3 ko
JPEG - 104.6 ko
JPEG - 107.1 ko
JPEG - 101.5 ko
JPEG - 110.2 ko
JPEG - 91 ko
JPEG - 106.2 ko
JPEG - 133.1 ko
JPEG - 115.9 ko
JPEG - 93.8 ko
JPEG - 122.2 ko
JPEG - 122.1 ko
JPEG - 94.5 ko


1 En fin de journée, on le ramassera à la petite cuillère.

2 Malcolm Lowry, in Au-dessous du volcan.

3 Disney Reich, again :

JPEG - 133.6 ko

.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 16 juin 2010 à 11h40, par le varan des khlongs

    Ouais, convaincant (et terrifiant). Article fouillé, merci pour le sacrifice ! Cet Eurosatory, surement de quoi transformer plus d’un joyeux fanfaron en nihiliste convaincu (organisé du 14 au 18, ils l’ont fait exprès ou quoi ?).

    Me rappelle des copains thaïlandais que j’aimais bien, qui se sont sympathiquement reconvertis dans l’achat d’armes pour le compte de l’armée de leur pays. Ils étaient peut-être présents à l’évènement d’ailleurs.

    • mercredi 16 juin 2010 à 12h23, par Remugle

      Bravo !

      Et bien sûr, il reste Bob Dylan à écouter et regarder ici

      Salud !

    • mercredi 16 juin 2010 à 15h00, par Moh

      Pour ma part, ça me rappelle mon passage en 98, lors de mon service militaire.

      Je n’ai pas de souvenir de la présence d’hôtesses girondes, juste de costards cravates sur pattes et de conscrits faisant courir le bruit qu’un stand US distribuait des canettes de coca à l’œil.

      Chiant comme un salon d’exposition d’aspirateurs.

      • jeudi 17 juin 2010 à 10h24, par Lémi

        @ Varan des Khlongs

        Pour l’instant, je n’ai pas encore eu l’occasion de voir des amis ou connaissance s’orienter dans cette joyeuse spécialité. Je croise les doigts... (notons quand même que connaitre des marchands d’arme peut constituer un bon coup de pouce le jour de la révolution - qui ne saurait tarder. Quelques Eurocopter nouvelle génération pour effrayer les pandores, et hop, emballé c’est pesé)

        @ Remugle

        You that never done nothin’
        But build to destroy
        You play with my world
        Like it’s your little toy

        Argh, comment ai-je pu ne pas y penser de moi-même (surement la chanson de Dylan que j’ai le plus écoutée...)

        @ Moh

        Ah, un connaisseur... Chiant comme un salon d’exposition d’aspirateurs. Pas faux. Je rajouterais : et urticant comme un salon de plantes vénéneuses.

        • vendredi 18 juin 2010 à 22h29, par Varan des khlongs pour l’instant sans armes

          Hehe, j’aime bien l’idée...j’vais voir ce que je peux faire, on se recontacte avant la révolution !
          (je crois qu’au point ou on est, même une tatchanka ou un bon vieux blindé de la révolution espagnole ferait l’affaire).



  • mercredi 16 juin 2010 à 15h25, par Docteur Ska

    C’est terrible, on dirait un salon du jeu vidéo, rayon « counter strike ».

    Canons en plastique, fusils disproportionnés, manequins souriants avec masques de paint ball...

    Un Disneyland pour identitaires de tout poil... (ici ceux de par chez moi)

    http://www.vlaams-huis.com/article-...

    • jeudi 17 juin 2010 à 10h26, par Lémi

      Oui, il y a de ça, un côté jeux vidéos, totalement désincarné. L’idée est surement de cacher la réalité du truc, l’usage réel, pour que ces monsieurs et mesdames continuent à garder leur bonne conscience aussi blanche qu’un cul de nonne. Ca, des engins de mort ? Mais non, c’est fun...



  • mercredi 16 juin 2010 à 17h17, par sl

    devenez-vous même merde !

    • jeudi 17 juin 2010 à 10h28, par Lémi

      Eux le sont déjà devenus. Mais j’espère bien que par cet article de propagande, je convertirais certains lecteurs à ce doux et nécessaire commerce, afin qu’eux aussi deviennent eux-mêmes.



  • mercredi 16 juin 2010 à 17h51, par fred

    Merci de nous tenir informé de ce qui se trame dans ce genre de kermesse à la gloire des Action Joe et Barbie Commando...

    Le rayonnement français... pour que le consom-acteur pacifiste bienpensant puisse jouir du Spectacle de l’action des soldats de la Paix sur écran plat écolabélisé, tout en surveillant consciencieusement son taux de cholestérol.

    la France – pays-hôte – figure naturellement en tête (400), devant les Américains (123), les Allemands (118), les Britanniques (88) et donc les Israéliens (58).

    ...

    Des mesures drastiques sont en cours, de l’Espagne au Royaume-Uni en passant par l’Allemagne. En France, le gouvernement cherche 5 milliards d’euros d’économie sur trois ans et les industriels redoutent que les coupes importantes affectent les achats d’équipements plutôt que le budget de fonctionnement des armées.

    ...

    La priorité est « d’éviter les effets domino qui remettraient en question des programmes internationaux de défense », prévient Louis Gallois. Le président exécutif d’EADS se dit « prêt au dialogue » avec les gouvernements européens afin de se coordonner pour « limiter les dégâts ».

    Personne n’a entendu crier : « Qui veux mon A 400 M - Il est beau mon A 400 M » ?

    « Les ventes d’armes françaises sont en augmentation constante mais, contrairement à ce qu’affirme Hervé Morin [2], le contrôle effectif lui ne progresse pas. Le rapport annuel au Parlement demeure opaque, et systématiquement publié avec des mois de retard, sans aucun débat parlementaire sur le sujet. Surtout, la loi française demeure insuffisante et deçà de nos engagements internationaux », souligne Nicolas Vercken d’Oxfam France.

    Voir en ligne : Joue la comme Beckham

    • jeudi 17 juin 2010 à 10h30, par Lémi

      Personne n’a entendu crier : « Qui veux mon A 400 M - Il est beau mon A 400 M » ? On en était pas loin, par moments. D’autant qu’à l’heure de la fermeture, certains étaient pas mal éméchés et perdaient leur rigidité froide. Entre deux tapages dans le dos (tous dans la même famille), le colportage semblait se faire de plus en plus rudimentaire. Quelques verres encore et j’aurais pu repartir avec un joli tank dégriffé payé avec un chèque en blanc...



  • mercredi 16 juin 2010 à 22h00, par namless

    C’est sidérant l’attitude des exposants sur leur stand, ils ont exactement la même posture que s’ils vendaient des panneaux solaires ou des voitures. Ils sont là pour vendre, certes, mais quand on voit le stand avec les roquettes, c’est effrayant ! Celui avec les canons n’est pas mal aussi dans son genre, le type avec sa sacoche négligemment posée sur celui qu’il vient d’acheter, téléphonant à sa femme « oui, chérie je vais pouvoir prendre le train de 18h15 finalement ... oui je prends le pain en passant ... bises ».

    La vie continue, quoi...

    • jeudi 17 juin 2010 à 10h33, par Lémi

      Ouaip, déni absolu de la réalité de leur fonction. Vont pas s’emmerder à se poser des questions existentielles, quand même... D’ailleurs, je suis sûr que chacun connait par coeur son petit mantra défensif : « tu sais, nous on ne fait que vendre. Après, les fautifs, c’est ceux qui en font usage. On n’y est pour rien. Ah, la folie des hommes... » Immondices.



  • jeudi 17 juin 2010 à 10h06, par tiétienne 3000

    Génial, formidable, la France qui gagne : ahaaahaahh (rire de chef, fort et satisfait) Ah, ça mon brave, on est pas des ploucs. Je rêve d’une armée de photographes qui prennent les portraits de tous ces bisounours de vendeurs de mort pour faire un bon gros fichier à diffuser sur internet, avec le fichier des pandores, matons et autres vilains qui sont la honte de la patrie.
    Sinon, affreux ce salon, la seule satisfaction c’est que ces affreux sont déjà tous des zombies, lobotomisés et bisounoursés mais bien plus puissants que nous, pauvres patriotes inorganisés.

    • jeudi 17 juin 2010 à 10h35, par Lémi

      Pas con l’idée du fichier à diffuser. Le problème, c’est qu’ils ont tous la même ganache dépersonnalisée. Signes distinctifs, zéro. Ils ressemblent tous aux zombies que tu croises à la sortie des bureaux vers La Défense. Ca risquerait de faire des victimes innocentes (enfin, plus innocentes...).



  • jeudi 17 juin 2010 à 14h37, par Isatis

    Ces pesteux de mort nient comme nie l’aficionado qui doit se convaincre que le taureau ne soufre pas pour continuer à jouir de l’horreur.


    Il était une fois, un trentenaire bien mis qui vint demander conseil chez un grossiste en produits synthétiques.

    Il a un souci bien ennuyeux le jeune cadre dynamique ; il travaille chez Thomson-CSF (avant que Juppé ne dise que l’entreprise vaut à peine un franc symbolique, c’est vieux !) et la mine anti-personnel -quel nom de négation encore !- qu’il a mis au point prend un peu l’humidité. C’est gênant, il voudrait un produit qui étanchéïfie le mécanisme parce que : « vous comprenez, ces objets sont en forme de papillon et sont déployés au sol pour attirer les enfants, si le mécanisme est humide, il ne fonctionne pas surtout dans les pays tropicaux, c’est vraiment très très ennuyeux, il faudrait qu’on ait une solution rapidement »

    Le grossiste se sent un peu seul sur ce coup et puis fini par demander au trentenaire s’il a des enfants. Ce sémillant monsieur répond « oui, deux enfants, pourquoi ? ». il est parti sans avoir compris le pourquoi de la question ; impressionnant et fort déprimant.



  • samedi 19 juin 2010 à 23h16, par Lou

    3 août 2006

    Selon Reuters : " Le manque de succès militaire décisif soulève des questions sur un marché de l’armement dominé par des exportations israéliennes de plus de trois milliards de dollars par an, et sur les stratèges qui considèrent la puissance aérienne comme une garantie de supériorité sur tout ennemi.

    “Nous parlons du saint Graal des combats futurs, et Israël a fait un travail considérable en fabriquant des systèmes d’armements de pointe qui étaient censés avoir fait leurs preuves au combat”, déclare Robert Hewson, rédacteur en chef de l’hebdomadaire spécialisé Jane’s Air-Launched Weapons".

    “Cela va certainement amener des gens à contester un peu plus les vendeurs, parce qu’il semble qu’au moment où on en a besoin ce matériel ne fonctionne pas aussi bien qu’on l’a prétendu.”

    Sinon, sur le plan orthographique :
    Il faut choisir :
     × soit « en grande faucheuse »

     × soit « ès grandes faucheuses »



  • dimanche 20 juin 2010 à 00h15, par rana

    « Et, en fond neuronesque, ce vieux refrain sur la « banalité du mal » qui tambourine à l’esprit. Vus comme ça, ils ont presque l’air normaux. »
    Voilà, tout est dit. C’est là le grand point d’interrogation.

    A l’époque où j’ai « fait l’armée », j’ai tenu en mains un pistolet mitrailleur au stand de tir. Je me souviens bien de l’impression de puissance que j’ai ressentie en le tenant. Et tout de suite, ma pensée s’est détournée de ce que je ressentais, car je savais ce que signifie cet instrument, comme je savais qu’il n’était pa possible de l’utiliser sans faire abstraction de l’essentiel. L’essentiel, ce n’était pas une vague notion d’humanité, une sorte de bon sentiment, c’était l’autre, celui qui tôt ou tard se trouverait en face, celui qui serait la cible visée par cet instrument, et dont la silhouette est déjà présente.

    D’aucuns prétendent qu’il faut du courage pour tirer sur « l’ennemi ». Moi, il me semble encore aujourd’hui que non. Ce n’est pas du courage, parce qu’il faut se fermer à l’essentiel, au vrai réel. C’est plutôt une forme d’abnégation, de fuite hors de soi, qu’il faut. Il faut, en quelque sorte, être mort à soi.

    Le vrai courage, selon mon sentiment, c’est celui qu’ont montré certains soldats US en Irak, comme bien des soldats dans bien des conflits : le refus. Le refus, c’est aussi quelque part une sorte de pacte avec la mort : pas avec la mort de l’autre, mais avec la sienne propre. Ou peut-être plutôt un pacte avec la vie.

    Il ne peut pas, je crois - je ne fais qu’exprimer ma subjectivité - il ne peut pas y avoir de banalisation ni de normalité dans cette affaire de fabrication, de vente et d’usage des armes sans perte essentielle. Je crains que cette « normalisation » ne soit sans retour.



  • mercredi 23 juin 2010 à 11h30, par Sed

    Y avait pas une manifestation cette année ?

    Je me rappelle d’une année où on s’était retrouvés à quelques-uns à leur gueuler aux oreilles à ces gros batârds (si je puis me permettre).

    Ce serait bien qu’un jour on se bouge bien le cul pour les faire chier un maximum.

    Des milliers de manifestants contre tous les vendeurs d’armes, ça aurait une putain de gueule. Sûrement complètement inutile et inefficace, mais au moins on aura tenté le coup, hein ?

    Après ceux qui vont pleurer devant des images de guerre... ils feraient mieux de gueuler avant que les massacres se fassent. Quelle gerbe...



  • jeudi 14 octobre 2010 à 11h49, par un-e anonyme
  • Répondre à cet article