ARTICLE11
 
 

mercredi 24 février 2010

Sur le terrain

posté à 12h31, par Grégoire O.
42 commentaires

« La vie appartient à ceux qui sont frais » : dans la jungle du Pôle Emploi…
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Embedded dans l’armée des chercheurs d’emploi, notre reporter de choc Grogain a infiltré pendant quatre jours un stage de formation du Pôle Emploi. Il en a ramené un reportage édifiant sur les étranges mœurs de ce territoire exotique gouverné par un certain M. B., autocrate farfelu. Récit d’une immersion au pays du chômage, entre flicage débile et triomphe de l’absurde.

Dans un savant mélange d’humanisme et de flicage de ses ouailles, le Pôle Emploi a inventé une formation à la Stratégie de Recherche d’emploi (STR). Celle-ci leur permet d’accompagner les demandeurs d’emploi dans leurs recherches tout en gardant un œil sur eux. Pour réaliser cette formation, le Pôle Emploi fait appel à un prestataire de service. Pour toi (et aussi parce que je n’avais pas vraiment le choix…), j’ai plongé dans la STR pendant un peu plus de trois jours. Plongée en eau bureaucratiquement profonde.

PREMIER JOUR : « Je vends des compétences, pas des enfants !  »

Tout avait pourtant bien commencé. Malgré dix minutes de retard, j’avais été accueilli à bras ouverts par le formateur. Je me suis posé à côté de Jean-Paul, la soixantaine, costume-cravate, ancien chef de produit d’une grosse boîte de distribution, et de Safa, vingt-et-un ans, hijab sur la tête, qui enchaîne les contrats vacataires comme hôtesse. En plus de la femme au foyer, de l’ex-assistante de direction, de la jeune maman spécialisée dans la mode et de la juriste en reconversion – toutes quatre biens à l’heure – nous ont rejoints la bac + 5 en économie et l’informaticien timide qui a fait craquer toute l’assemblée lorsqu’il a chuchoté de sa voix tremblante : « J’espère que vous allez m’aider à réussir les entretiens… ». En face, le formateur : « Détend-toi ! On est en famille ici. ». Et de vendre sa méthode. « Vous allez voir. Ça va être TRÈS intéressant ! ». Ah ? Oui. D’abord, il ne s’agit pas d’une « formation  » mais d’une « mobilisation  ». Et puis, nous n’avons pas été « convoqués  » mais « invités  » par le Pôle Emploi, explique t-il - faisant ainsi fi de l’article L. 5412-1 du code du travail qui stipule : «  Sont radiées de la liste des demandeurs d’emploi les personnes qui, sans motif légitime, refusent de suivre une action d’aide à la recherche d’emploi. » Notre joyeux formateur trace enfin le programme des quatre jours à venir, à grand renfort d’acronymes en tout genre. Plein d’enthousiasme, il annonce que nous allons utiliser le test de Holland, la technique « Une minute  », et beaucoup d’autres méthodes encore qui, assure-t-il, ont fait leurs preuves par le passé.

Mais au fait, qui es-tu, formateur ? Ou plutôt : devrais-je dire « coach  » ? «  Je suis un mec qui aurait adoré monter sur les planches…  » Non, j’avoue : ça, il ne l’a pas vraiment dit. Mais il aurait pu : M. B. aime se mettre en scène, utiliser des mimiques, raconter de (longues) histoires, interpeler les gens, utiliser des phrases chocs du type : « Le déficit de communication est le cancer de notre société.  » Ou encore la très belle : « J’ai une croyance : je crois au possible ».
Forcément, on n’est pas surpris quand il explique qu’il a fait de la politique dans sa jeunesse. On l’est un peu plus quand il se dit « spécialiste de la violence urbaine ». Ah ? À sa décharge, M. B. exerce aussi son activité de coach dans les prisons, préparant les détenus à leur réinsertion professionnelle. M. B. aime aussi - et surtout - se mettre en avant : dans son groupe de la semaine précédente, quatre chômeurs avaient un entretien dans la foulée ; tu ne devineras jamais ? Mais si ! Les quatre ont eu le « job  », dont - évidemment - l’une des personnes les plus renfermées qu’il ait jamais vu. « Et ça, c’est parce que je les avais préparés ! » Parce que, oui, c’est aussi ça, la formation STR. On t’explique à mots couverts que si tu es au chômage, ce n’est pas à cause de la saturation du marché du travail. Non : si tu ne trouves pas d’emploi, c’est de ta faute ! Et M. B. de distiller son premier (précieux) conseil : «  la vie appartient à ceux qui sont frais et n’aime pas ceux qui flânent  ». Le maître mot pour réussir : « être naturel ».

Au bout d’une heure trente ( ! ) de présentation, nous passons au premier thème : comment réussir un bon entretien. M. B. en profite pour refourguer ses « trucs et astuces  » trop classes : éviter les sauces qui tâchent, les cravates Mickey et les « euh…  » lorsqu’on te donne la parole. Éviter de s’habiller trop « luxe  », aussi ; ben oui, la maladie numéro un de notre société, depuis Abel et Caïn, est la jalousie… Moi qui croyais que c’était l’absence de communication, j’ai dû mal comprendre. Passons… Sur le sujet délicat des femmes avec enfants, M. B. conseille la réplique suivante : « Je vends des compétences, pas des enfants !  ». C’est du solide ! Même si j’imagine que rien n’empêche un employeur de répondre : « Ne vous énervez pas, je veux juste avoir un avis sur vos disponibilités  »… Autre conseil : pendant les entretiens, il faut jouer, être acteur. Mais M. B., ce n’est pas toi qui nous a dit un paragraphe plus haut qu’il fallait être naturel, être soi ? Fin de la première matinée, je suis perdu.

13 h 30 ; les « clients » du Pôle Emploi - c’est l’appellation qui nous est réservée, même s’ils prennent soin d’y mettre des guillemets - sont de retour. Nous nous attelons à ce fameux test de Holland. L’idée est de répondre à plus d’une centaine de questions et de trouver notre code RIASEC : R pour réaliste, I pour investigateur, A pour artiste, S pour social, E pour entrepreneur, C pour conventionnel… À l’aide des trois premières lettres ressortant de ce test et d’un logiciel informatique, M. B. imprime pour chacun une liste de métiers potentiels. Pour ma part, j’ai le choix entre dix-sept professions allant de physiothérapeute à professeur de musique instrumentale au collège, en passant par technicien ambulancier ou dépisteur en sport professionnel. Si, si… Pour être franc, je suis perdu. Et ma voisine n’en mène pas plus large : son code RIASEC correspond à trois métiers, dont celui de marionnettiste. M. B. valide. Ou pas… Certains ont droit à cette remarque triomphante : « Vous voyez qu’il marche, ce test ! C’est exactement ce que je pensais de votre personnalité lorsque je vous ai vu arriver !  » Et d’autres : «  Étonnant… De toute façon, ce n’est pas un test fiable à 100 %  ».

DEUXIÈME JOUR : « La fleur, une image du métier que je recherche »

Comme hier, difficile de mettre des mots sur nos deux premières heures de présence. M. B. raconte quelques jolies histoires. Et nous distribue une liste de verbes pour nous aider à remplir trois documents : « Carte des compétences », « Ma personnalité, qualités et défauts » et « La fleur, une image du métier que je recherche ». Après la pause, nous passons à l’atelier « téléphone ». J’apprends notamment qu’avant chaque appel à une entreprise, la préparation matérielle est primordiale. À savoir :
- Avoir un bureau sur lequel il y a seulement les documents nécessaires à l’entretien.
- Être bien assis et calme.
- Disposer d’un bloc papier pour tout noter.
- Se munir d’un crayon.
- Avoir son planning sous les yeux.
- Suivre le plan de l’entretien.
Autant dire que je ne verrais plus le téléphone de la même manière, désormais…

12 h 30, fin de la deuxième matinée ; l’après-midi est consacrée à « l’enquête métier ». L’idée est de rentrer en contact avec une personne occupant l’emploi qui nous intéresse et de lui poser une quinzaine de questions. Une certaine latitude nous est royalement accordée : nous pouvons passer des coups de téléphone depuis chez nous ou nous déplacer directement dans l’entreprise. Je choisis mon canapé.

TROISIÈME JOUR : Synchronisation « geste-pensée-dire »

La matinée est consacrée à l’analyse de nos enquêtes métier. M. B. est fantastique, il connaît chacun de nos métiers : il a toujours un mot à dire dessus, une expérience à raconter. Quel formateur d’exception ! Suit un rapide atelier CV, puis un après-midi consacré à la gestion de conflit : M. B. souhaite nous préparer à la vie en entreprise. Mais entre deux conversations téléphoniques et des digressions sur la différence entre hommes et animaux, il s’égare un brin. L’ex-assistante de direction le recentre sur les problèmes qu’elle a pu rencontrer avec la hiérarchie. Ouf… nous voici de nouveaux sur les rails. Deux par deux, M. B. nous invite alors à improviser des scènes de conflit en entreprise et commente. Il affirme qu’il lit en nous, observe, prévoit nos réactions. Avant de se relancer dans de (trop) longues histoires… Nous apprend t-il réellement la synchronisation « geste-pensée-dire », comme il le prétend ? Avons-nous avancé sur la route de la STR ? Je dois être trop critique, je n’en suis pas vraiment convaincu…

QUATRIÈME JOUR : « Je ne pense pas qu’il y a un élevage de crocos en France  »

Ce matin, Jean-Paul a dit : « Je ne pense pas qu’il y a un élevage de crocos en France.  » Je ne trouve rien d’autre à raconter de cette première heure et demie. La formation s’achevant ce matin, nous en arrivons au bilan. Dans son dernier monologue, M. B. insiste sur la nécessité du « culot » dans la vie, puis distribue une fiche d’évaluation à lui remettre en mains propres - le formateur remplira également un rapport sur chacun d’entre nous, destiné au Pôle Emploi. En se grattant la tête, ma voisine m’affirme : « Finalement, ça permet d’échanger »… Plus convaincu, Jean-Paul dit son souhait de prendre rendez-vous avec M. B. pour discuter d’un projet de création d’entreprise. Safa et sa voisine, quant à elles, créditent - sans grande conviction - le formateur de leur avoir appris de petits exercices de présentation orale : ceux-ci les auraient aidées à combattre le stress. Et moi, ce que j’ai appris ? Euh… Disons : à éviter de faire des taches de gras sur mes cravates Mickey ?


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 24 février 2010 à 15h28, par Blaise Lapoisse

    Une question à l’auteur : « Ils » ne t’ont pas proposé de faire un stage pour devenir « conseiller emploi » ? dans leur boite of course, histoire que la brebis malicieuse revienne à la saine réalité économique ; hurler avec les loups plutôt que leur servir de brunch .
    Si tu veux continuer ton enquète tu peux t’interesser aux stage bénéficant de mesures d’âge visant les moins de 27 ans et les plus de 45 ans les deux catégories se voyant accorder les mêmes « avantages de réduction des cotisations » . Les sociétés qui mettent en place les formations destinées à qualifier au métiers du diagnostic immobilier pratiquent ouvertement une discrimination à l’embauche en refusant de présenter des candidats de plus de 45 ans aux employeurs qui leur ont explicitement, disent-elles, demandé des stagiaires de moins de 27. Ces « diagnostiqueurs » espèrent ainsi éviter la concurrence qui risque plus d’apparaitre sous la forme d’adultes de 45 ans que le « marché » rejette et qui songent à « l’auto emploi » que de jeunes gens déja dans la crainte de l’avenir et qu’on aura eu le temps de « former » aux règles maison .



  • « la vie appartient à ceux qui sont frais et n’aime pas ceux qui flânent »

    Sans aucun doute, c’est un digne successeur d’oss 117 !!! Ah ! les stages, les suivis de trois mois pour rien. Je ne les compte plus... Le dernier en date que j’ai fait a servi à rien comme les autres. Je l’ai fait uniquement parce que j’étais menacé de ne plus recevoir le RSA si je n’y participais pas. J’ai averti l’agence qui sous-traite dès le départ, je le fais uniquement pour des raisons de pression et maintien... Sans parler de ceux, celles qui te renvoient le psy dans la gueule, histoire de bien te faire comprendre que le problème c’est toi.

    La question à se poser est celle-ci : à partir de quel moment les pressions d’un système social qui infantilise, menace (si vous n’actualisez pas mensuellement, plus d’assedic ! si vous ne faites cela, on réduit votre rsa ! Autrement dit : si tu n’es pas gentil, on te fâche... et, le pire, ce comportement infantilisant est approuvé par les textes de loi) déclenchent-elles dans une personne une souffrance ou le rappel d’un souvenir douloureux (interne, propre à l’histoire d’une personne) qui, en conséquence, vient justifier la notion d’échec chez la personne en question ?



  • mercredi 24 février 2010 à 17h58, par Sébastien.M

    Excellent, j’en fais de suite la promotion sur notre blog.

    Voir en ligne : http://interim.over-blog.com



  • mercredi 24 février 2010 à 18h54, par un-e anonyme

    « L. 5412-1 du code du travail qui stipule ». Il ne « stipule » pas, il « dispose ». Ce qui a valeur contractuelle stipule, ce qui a valeur législative (et apparentée) dispose.



  • mercredi 24 février 2010 à 19h12, par un-e anonyme

    Ceux qui disent que ce genre de formation constitue une opportunité pour les sectes n’ont pas tout à fait tort... Par son caractère obligatoire, cela peut être l’occasion d’imposer n’importe quel type de formation ! Par exemple, soumettre les candidats à un électropsychomètre... et qui sait à quoi cela peut ensuite aboutir ? Surtout que ce sont uniquement des personnes en difficulté, vulnérables, etc. et qu’elles seraient presque prêtes à tout.

    C’est celui qui choisit (ou qui contrôle, si contrôle il y a) ces formations qui va décider ce qui va s’imposer à d’autres et que cela pourra complètement détruire une vie entière, voire même toucher la famille ou les proches... tout ça avec l’appui d’une bureaucratie forte et implacable...



  • mercredi 24 février 2010 à 20h28, par le BK

    Tout d’abord, pour les personnes qui sont soumises aux convocations arbitraires du pôle-emploi, sachez que vous n’êtes pas seules en cas de radiation abusives, il y a des possibilités de recours, bien loin des éventuels conseils distillés au compte-goutte par les acteurs de votre chute : les conseillers pôle-emplois, question de quotta....
    Je me permet de vous placer ici : http://www.recours-radiation.fr/obs...

    Ce petit site qui m’a été fort utile alors que je ne m’étais pas présenté lors d’une convocation atelier, je vous épargne les détails de leurs méthodes dignes des riches heures de Vichy, que du bon-heur.

    Généralement, ces charmants petits ateliers sont animés par un ancien RH, qui se fait passer pour un psychologue du travail et qui n’en mène pas trés large lorsque que l’on parle de bilan de compétence agrée, en association avec un commercial à la langue bien pendue, c’est un duo redoutable. Ces personnes, souvent d’une grande sympathie mais aussi d’une réelle incompétence, ont tout simplement décidés de s’organiser en prestataire de service pour le pôle-emploi, en voyant les sommes confortables allouées pour faire de l’occupationel pour chômeurs désœuvrés.
    On signe chaque demi-journée une feuille de présence et ce papier justifiera à lui seul notre présence sur la prestation sensée nous aider pour un retour à l’emploi, le truc indispensable, le truc mâ-gi-que !.
    Pour mon cas, on avait tout signé d’avance, histoire de ne pas être embêté en cas d’absence...tu parles ! au bout de deux jours les gens se barrent de dépits, restent les flippés, les dépressifs trop heureux de se faire des camarades, ceux qui y croient, et ceux qui trouvent confortables les salles de réunions chauffées louées à la petite semaine.

    Une prestation comme celle ci, d’une durée de Quatre à Huit jours, coute approximativement 150€/ chômeur ( une douzaine en moyenne), et par jour ! donc, (12x150)x4 =7200€ à 14400€

    Avec un appel d’offre comme celui-ci, on comprend l’investissement tout emplis de compassion et de camaraderie des formateurs. Avec le secrétariat, et le loueur de meuble, ça fait 4 personnes qui bossent au moins, c’est toujours ça.

    • mercredi 24 février 2010 à 23h16, par Grogain

      Eh bien ! Je ne savais pas que je valais 150€ la journée ! (d’où provient cette estimation si ce n’est pas indiscret ?)

    • jeudi 25 février 2010 à 15h21, par un-e anonyme

      c’est carrément ça ! parfait comme un carré, égalité des côtés, juste pour ceux et celles qui sont serviEs.
      Calcul et gestion, plus rien d’autre ne compte et surtout pas toi LA / LE STAGIAIRE. Et faites tournez !
      La machine économique bat son plein, les prestataires s’en mettent plein les fouilles et toi tu restes sur le carreau....... jusqu’au prochain stage. Heureusement, entre temps tu fais d’autres choses, tu milites, tu aides tes concitoyenNEs dans la mouise, tu t’éclates dans la zic, le théâtre ou toute autre chose qu’il est plus dur de monnayer car ces activités sont méprisées ou pas reconnues dans ce système de merde.
      Je sens pour ma part que je vais être bien emmerdée quand ils vont lire mon refus de l’offre de travail de 35h pendant 6 mois. Au passage, je leur apprends que je bosse depuis novembre 2009. Seulement à raison de 5 heures/semaine, je ne les ai pas déclarées de peur qu’ils me suppriment le Reste Sans Argent de 400e. Je suis formatrice en français pour des gens de niveaux différents. Et c’est pas un petit job quand on veut le faire bien, en tout cas du mieux que je peux. Mais aussi j’avais une bonne raison de ne pas le déclarer car je n’ai toujours pas vu le moindre Kopec, de ce dispositif mis en place par 2 favoris en l’espèce (de voyoucratie) le ministre de l’éducation nationale et celui de l’immigration. Bref, le retour de manivelle risque d’être lourd de conséquences, pour ça je leur fais confiance.
      C’est eux qui choisissent et nous qu’on dispose !



  • mercredi 24 février 2010 à 20h31, par un-e anonyme

    j’aimerais rencontrer MB, qu’il me donne quelques tuyaux pour briller de part le monde, résoudre des conflits, sentir la rose en entretien, scintiller d’intelligence. Il est sur Facebook ?
    Merci et bravo à Grogain pour ce très beau reportage.



  • mercredi 24 février 2010 à 21h56, par x in box

    C’est devenu le Club Med’ les « accompagnement à l’emploi ».
    En revenant quelques années en arrière, nous étions en plein dans la campagne présidentielle et dans la « chasse aux fraudeurs ». (Voir à ce sujet les programes télé la semaine précédent l’élection). En ce temps là, (voilà que je parle comme un demandeur d’emploi de longue durée), les méthodes étaient plus musclées. J’ai entendu certains « accompagnateurs » affirmer :
    « si vous n’avez pas trouvé d’emploi à la fin du stage, vous serez radié ». Ce qui est faux bien entendu.
    N’empèche, vous avez connu un « groupe » avec un niveau de compétences élevé. Imaginez les abus sur un groupe entièrement constitué de personnes fragilisées.

    Encore avant la « chasse aux fraudeurs », ces pratiques n’intéressaient personne, c’était le temps du « Far-West » : ni foi, ni loi et personne pour défendre les plus « désorientés ».

    Là aussi il y a eu des suicides ...

    • mercredi 24 février 2010 à 23h08, par Grogain

      Merci pour ce témoignage intéressant venu d’un autre temps.

      • jeudi 25 février 2010 à 03h32, par un-e anonyme

        La grève des chômeurs signifie trois choses.

        Premièrement, s’organiser pour empêcher l’application des politiques gouvernementales de gestion du chômage et de la précarité, qui se traduiront notamment par la suppression de tout revenu aux chômeurs qui refuseront deux offres dites raisonnables ou la moindre « action » prescrite par le Pôle Emploi, ou encore rateront un rendez vous. Cela implique qu’à chaque problème « individuel » de dossier, il soit répondu promptement et efficacement par l’action collective, et non par d’interminables et le plus souvent inutiles recours.

        Deuxièmement, agir collectivement contre les voleurs de temps, les exploiteurs de l’attention que sont Pôle Emploi, mais également toutes les entreprises privées qui prospèrent de la saturation préméditée de ce dernier : il s’agit des boîtes d’intérim, de placement privé, de coaching et de consulting, des associations d’insertion, qui disposent également d’un pouvoir souverain sur les revenus des chômeurs.

        Troisièmement, affirmer une idée positive, politique du travail, par laquelle nous cherchons à nous organiser de manière égalitaire et coopérative pour accroître notre autonomie à l’égard du marché, en renforçant nos liens avec les travailleurs en lutte, tant à partir de la réappropriation commune de gestes de travail que de gestes politiques.

        Telle est du moins la proposition formulée par le Le Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes et d’autres collectifs.

        Bon, comme chez les prestataires en fin de journée, je résume, et même, allez ! je simplifie à outrance : comme l’unedic et son Pôle emploi sont une zone de non droit, reste pas toute seule chômeuse, et toi pareil, précaire !



  • jeudi 25 février 2010 à 07h28, par un-e anonyme

    Le discours et les attitudes de MB, bien croqués dans cet article, me font irrésistiblement penser à ceux d’un gourou en herbe. D’ailleurs, les stages de formation, remotivation, etc, sont les terrains de chasse privilégiés des organisations sectaires...



  • Je rejoins pas mal de monde pour applaudir ce billet plein d’humour. Je ne peux m’empêcher de citer ici un livre de science-fiction allemand qui n’aura pas mis dix ans à se réaliser, à priori. Il s’agit du formidable « Chômeur academy » de Joachim Zelter.

    "Chômeurs Academy dénonce, sous la forme du roman, avec une sourde et effrayante jubilation, les méthodes et les abus d’un certain totalitarisme économique.
    Humiliation, volonté de « reformater », infantilisation..." (ça, c’est juste pour donner envie de le lire)

    Pas mal d’entre nous ont, vis à vis de feu l’ANPE, quelques histoire Ubuesques à raconter... La sectarisation, la culpabilisation de la victime (c’est bien connu, c’est en culpabilisant la mouette qu’on empêchera la pollution maritime), l’endoctrinement sont des ficelles d’un système à la con qu’il faut foutre en l’air !

    Quand à la cravate mickey, franchement, quel manque de tact ! Quoi que, en y réflechissant, la tâche SUR la cravate ne dépareille surement pas par rapport à celle qui est DESSOUS, dans le cas de cet animateur...

    Voir en ligne : http://nosotros.incontrolados.over-...



  • Bonjour,

    Articles très intéressant et tellement parlant pour moi qui vient de vivre ce genre de stage ; « Poussé » par ma conseillère, je me retrouve également dans ce stage cadres. Bravo, conseillère, tu as augmenté d’un point ta stat stage SRE !! La même variété de parcours s’offre à moi et paralyse complètement notre seul « non-diplômé ». Ce technicien qui a gravi tous les échelons pour devenir responsable de son service n’a aucun diplôme et souffre visiblement d’un complexe d’infériorité parmi tous les autres participants, titulaires pour la plupart d’un bac +5. Je m’interroge à ce moment sur la non-réflexion pour composer ces groupes et sur les conséquences que cela peut engendrer chez ce gars-là : « Même les bac +5 trouvent pas...Je vais être en compétition avec ces jeunes diplômés , j’ai aucune chance »etc...Bien vu Pôle Emploi ! N’est-on pas assez nombreux pour pouvoir établir des groupes avec un minimum de cohérence ?Le stage se déroule quasiment de la même manière et chaque jour qui passe me fait me demander pourquoi me propose-ton ce stage au bout de x mois de recherche et également « ne serai-je pas mieux chez moi à rechercher activement un emploi comme tous les jours ? » En effet, après avoir subi tous les poncifs de ce cabinet de recrutement(très cheap à vrai dire) : pas de cravate Mickey(ah bon ?), avoir un CV attrayant(ah bon ?), préparer son entretien(merde j’y avais jamais pensé) etc... je retiens plein de choses intéressantes : la discrimination homme/femme existe réellement et la formatrice(un peu moins club med que MB mais pas loin) nous avoue clairement préférer une homme à une femme pour certains de ses clients...Merde alors ! Que faire pour ces dames... En fait ce que je retiens c’est que malgré toutes nos compétences , cela ne suffit plus. La recherche d’emploi s’apparente à un « concours de beauté » où le « feeling »(sic) est « décisif »(sic !!) dans un entretien de recrutement. Autant dire que tu peux être le plus compétent dans ton domaine tu n ’es pas sûr d’avoir le poste. Et enfin, cerise sur le gâteau, cette charmante dame nous narre une merveilleuse anecdote : "Une fille postule à un poste de manager avec un profil commerciale et aucune expérience de management. Mais, dans ces hobbies, elle a mis qu’elle faisait du cheval. Bingo ! feeling avec la recruteuse qui monte également et vas-y que jte donne le poste...Je vous laisse donc méditer, j’attrape ma bombe et ma cravache, j’ai un entretien d’embauche qui m’attend...



  • jeudi 25 février 2010 à 09h22, par cultive ton jardin

    Erreur sur les crocodiles, il y a bien un élevage en France : à Pierrelatte, dans une serre réchauffée par la centrale nucléaire voisine.
    Possible qu’ils embauchent, il faut nourrir les crocos deux fois par semaine en présence d’une floppée de touristes ébahis.
    Après, je sais pas s’ils servent pour des sacs à main, pour les restos du coin ou pour les deux....

    • Exact ! Ça s’appelle la ferme aux crocodiles et c’est effectivement chauffé par la centrale nucléaire de Civaux. Les mecs de la centrale ont essayé de nous faire croire lors d’une visite que ce projet était écologique puisque c’était de la cogénération (chaleur récupérée sur les 4 mètres cubes d’eau douce de la vienne qui s’évaporent chaque seconde). On lui a répondu qu’il fallait s’interroger sur la pertinence de construire une ferme à crocodiles sous un climat tempéré...

      Mais comme vous le faites remarquer, cette ferme peut représenter une opportunité : on peut proposer aux chômeurs « winners » de nourrir les crocodiles avec les corps des « losers » qui n’auront pas fait preuve de suffisamment de motivation pour décrocher le poste. Et on pourrait diffuser le tout sur TF1.
      A raison de 58 réacteurs nucléaires en France, je pense que le problème du chômage peut-être résolu avant 2030, délais de chantier de fermes à crocodiles compris.

      • jeudi 25 février 2010 à 13h38, par un-e anonyme

        Pour les crocos chauffés au Nuk :
        La ferme des crocos c’est à Pierrelate dans la Drome.
        Pour Civaux dans la Vienne c’est tout nouveau (2008) et c’est planète crocodiles....

        Pour revenir à Pôle Emploi et à l’ envoyé spécial d’article 11 :
        Cette entreprise a pour fonction de marchandiser le chômage. Tout le fric qui pourrait être attribué aux chômeurs va à des entreprises qui surfent sur ce nouveau marché qu’est le chômage .
        Faut il rappeler que le capitalisme veut marchandiser tout ce qui existe dans la nature depuis la nuit des temps jusqu’aux derniers gadgets à la mode.
        Le chômage qui est à la base une création du capitalisme ,se doit donc d’être marchandiser et la marchandise est bien entendu l’être humain .
        Là encore on retrouve le ficelles de la domination que sont la peur ,la terreur, la menace .Toute ces saloperies peuvent être regroupées sous la notion de maltraitance
        Il faut bien insister sur cette notion de maltraitance ,la même que l’on rertouve dans le monde du travail ou dans le monde tout court quant l’état jette à la rue des gens qui survivent dans des habitations non occupées . Cette maltraitance institutionnalisée et dont les représentants sont les ministres et autres salopards mandatés qui sévissent en terre calaisienne par exemple .
        En quelques années les chômeurs victimes sont devenus les chômeurs coupables .
        Qu’il n’y ait pas de boulot ils s’en fouttent ce qu’il leur faut c’est que les gens cherchent du boulot et surtout qu’ils vivent la trouille au ventre !
        A noter que tous les salariés de pôle emploi ne sont pas tous des collabos de la maltraitance .
        Alors face à cela il n’y a pas d’action possible en dehors de l’action collective comme à Rennes ou ailleurs . Sur Paris :http://www.collectif-rto.org/
        Pour finir il est sur que si les syndicats n’était pas dans la collaboration il n’y aurait pas cette « coupure » entre le salariés et les chômeurs

        Voir en ligne : http://http://www.collectif-rto.org/



  • Merci de ce reportage, qui est drôle et c’est du vécu.
    Si on oublie pas que le but du pays est quand même de battre le record de chômage toutes catégories (en nombre et en durée), c’est un objectif qui pourra être atteint facilement avec de tels coaches.
    Le pire c’est que le même genre de stages existe dans les lieux de travail (entreprise, administration) dans le cadre des méthodes de management, ce qui montre que des 2 côtés de la barrière du travail on croise les mêmes « formateurs » tarés qui traitent le bétail de la même façon.



  • Excellent cet article. Beaucoup d’humour. C’est un bon travail d’enquête immersive au pays du chômage. J’espère que ce son de cloche permettra à Pôle Emploi d’améliorer sa formation à la Stratégie de recherche d’emploi...

    Pour les conseils, trucs et astuces sur comment réussir son entretien d’embauche, je vous recommande simplement de visiter ce site :

    http://www.reussir-entretien-embauche.com

    Voir en ligne : Conseils, trucs et astuces sur comment réussir son entretien d’embauche



  • Je n’était pas très enjouée a l’idée de participer a ce « stage » lorsque ma conseillère me là annoncer. Pour ne pas trop stresser a l’avance, ce qui en l’occurrence se produit relativement vite pour ma part, je décide de me renseigner sur ce qu’allait être mon calvaire. Je vous remercie je suis encore plus terrifier mais mieux renseigner même si je pensais bien que j’allais devoir subir le genre de bêtises cité... Si je survie au trois jours et demi, je viendrais vous faire part de mon vécu.

    Bon courage a tous



  • mardi 5 octobre 2010 à 17h18, par un-e anonyme

    Je viens de finir mon 2e jour d’une str ou chaque heure parait une journée.....ou il ne se passe rien. L’animatrice est bien sympa quand même quand elle ne passe pas la moitié des demi-journée au téléphone ou à nous raconter des histoires totalement hors contexte. En dehors de ça je doute qu’on puisse finir le « programme » prévu du pole emploi car nous quittons tjs au bout de 2 heures d’ennui total.
    Autant le dire tout de suite , il n’y a pas de stress a avoir pour ce stage , on n’y fait quasiment rien. Ce qu’on apprend a la fin de ce stage (obligatoire pour ceux qui posaient la question) , c’est qu’on vient de perdre 3 jours et demi voila tout. Merci pôle emploi pour cette aide ô combien precieuse, autant envoyer l’argent par les fenêtres ca reviendra au même.

    • lundi 25 octobre 2010 à 10h31, par Grogain

      Ce message confirme mon intuition que, malheureusement, quel que soit l’organisme de formation et le formateur, ces stages n’ont aucun intérêt...



  • vendredi 17 janvier 2014 à 18h16, par cupidons50

    Eh bien mois je suis pas tout a fait d’accord avec vous.

    Ce n’est pas parce que certains ont une mauvaise expérience sur des STR, que c’est une prestation nul.

    Même si il existe un cahier des charges que les prestataires de Pôle Emploi doivent respectés, après c’est au centre de formation et a l’animateur de faire en sorte que ce cela ,devienne vraiment instructif, car le but d’un STR c’est de fournir un nouvel outil de recherche d’emplois et pas de nous trouver du travail.

    Après il y a aussi animateur et animateur et ce que font les personnes de l’outil qu’on leur donne.

    Quand je parle d’animateur, je m’insurge contre les personnes qui se disent formateurs ou conseillés en insertion et qui n’ont jamais eu a chercher du travail ou il y a longtemps comment peuvent ils êtres crédibles.

    Il faut bien comprendre que l’on est dans une période ou la manière de chercher du travail n’est plus celle d’il y a 5, 10 ou même 20 ans, donc celle que l’on nous donne n’est pas facile a s’approprier, car c’est comme apprendre a marcher il faut d’abord tenir sur ses jambes.

    Ce qui fait que les résultats ne sont pas tout de suite palpables, car il faut du temps plus ou moins court selon chaque personne.

    Moi je peut dire que personnellement cela m’a apporter beaucoup de faire un STR, j’ai pu me remettre en question sur mes choix de boulot a un moment ou je pensais n’être plus bon a rien suite à des problèmes physiques m’interdisant tout travail manuel.

    Ce qui m’a amener faire une formation FPA (Formateur Pour Adulte) dont j’ai obtenu le titre.

    Et maintenant je suis formateur vacataire (contrat de travail à la vacation salariale, c’est adire demandeur d’emploi et salarié CDD) en insertion.

    C’est mon choix, car je ne me voie pas dépendre toute ma vie d’un même patron et ne faire que la même chose et de plus comme cela je choisi avec qui je travail et a quel salaire.

    Inconvénient, je cherche tout les mois de nouveaux contrats de travail et parfois je n’ai rien donc je touche mes allocations, mais ce ci représente maximum 2 mois dans l’année.

    Avantages, j’applique ce que l’on apprends dans un STR et je n’ai pas a m’en plaindre puisque ça marche et de plus je peut prouver ce que je dis a mes stagiaires.

    Car une de mes prestations et de travailler de temps a autres pour des centres de formation sur des STR, ou même des ateliers Pole Emploi, des formations bureautiques...

    Si les centres de formation me rappellent pour ce genre de prestation c’est parce que parmi mes stagiaires il y a un taux de réussite d’environ 3 sur 10 dans la semaine qui suit et sur les 7 restants encore 3 dans les 5 à 6 mois après le STR.

    Mais comme je dis toujours, il y a aussi des métiers qui sont bouchés dans certains départements ou régions et pas d’autres, donc a un moment donné il faut pas être buté et se poser de bonnes questions :

    1- Si je veut rester dans ce boulot est ce que je suis prêt à changer de département ou région.

    2- Si je préfère rester dans le coin quels sont les boulots qui recrutent et qui me sont accessibles.

    Maintenant, que vous me croyez ou pas, moi quand j’anime un STR, je donne de ma personne et en aucun cas je demande a mes stagiaires de mentir, de ce faire passer pour quelqu’un d’autre ou de s’habiller de tel façon ou de d’avoir un vocabulaire qui n’est pas le leur.

    Le retour des stagiaires que j’ai souvent c’est « vu le programme, j’avais peur de m’ennuyer et que le temps passe pas, mais au contraire j’ai pas vu les 4 jours passés et au moins j’ai appris quelque chose et on a bien rigolé ».

    Pour moi un stage ou une formation ne dois pas être seulement utile, mais elle doit aussi ce faire dans une bonne ambiance.

    Voila ce que je voulais dire.

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