ARTICLE11
 
 

mardi 10 février 2009

Sur le terrain

posté à 12h39, par JBB
63 commentaires

RATP : pour frauder dans les transports en commun, créez votre mutuelle !
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La gratuité des transports en commun ? Une revendication vieille comme le métro… Si de rares municipalités l’ont mise en place, l’écrasante majorité s’y refuse. Pas grave : mobilisés depuis 1998, les militants de la gratuité poursuivent le combat, notamment en créant des mutuelles, et luttent contre ce laboratoire répressif que sont devenus les transports. Manue et Gildas, du Réseau pour l’abolition des transports payants, l’évoquent pour Article11.

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Le propre de la société en place est de nous faire croire qu’il n’existe pas d’alternative, qu’il ne serait pas possible d’aller contre un principe de réalité érigé en dogme. Une certitude si ancrée qu’elle fait passer ceux qui pensent autrement pour de doux utopistes, incapables de voir plus loin que le bout de leurs rêves enfumés. Ou - au mieux - pour de gentils agitateurs dont il serait salvateur qu’ils n’aient pas le pouvoir de mettre en place les ruptures qu’ils prônent. Tous discrédités, donc. Y compris les militants de la gratuité des transports, mot d’ordre popularisé depuis les mouvements sociaux de 1998 mais très rarement mis en application. Pourtant…

Une utopie ? Mon oeil !

La gratuité des transports publics n’est déjà plus une utopie en quelques communes privilégiées. A Châteauroux, la municipalité l’a mise en place depuis 2001, partant du constat que le paiement du ticket par les usagers ne représentait qu’un pourcentage marginal du coût total des transports :

"La billetterie rapportait (…) environ 366 000 €, ce qui ne représentait que 14 % du coût du réseau. Bien que cette somme ne soit pas négligeable, cette entrée d’argent ne représentait pas un apport significatif, ni une manne indispensable au fonctionnement de notre réseau. Dans notre réflexion sur le passage à la gratuité, des solutions alternatives permettant d’équilibrer nos comptes sans ces recettes ont été étudiées, explique ainsi Jean-François Mayet, maire de Châteauroux, en une interview donnée au Mague.

Avant le passage à la gratuité, il n’était déjà pas fait appel à la fiscalité locale. Il n’y a donc pas eu de hausse des impôts. La suppression des recettes a été compensée par une augmentation du Versement Transport de 0,55 % à 0,6 % (taxe prélevée sur la masse salariale des entreprises de plus de 9 salariés installées sur l’agglomération). Ajoutez à cela la réduction du coût des prestations, concédée par la société exploitante du réseau."

Châteauroux n’est pas seule. La ville de Compiègne pratique la gratuité des transports depuis 33 ans, celle de Vitré s’y est mise plus récemment. Enfin, la communauté d’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Etoile s’y colle en ce début d’année : « Les élus relèvent que les recettes de la billetterie représentent moins de 9 % sur un budget annuel des transports de 9 millions d’euros. Sans oublier le coût de l’émission des billets, de leur contrôle… Au final, le surcoût de la gratuité est estimé à 700 000 €, une somme que l’agglomération est prête à assumer », relève le site Carfree France..

Juste la preuve que c’est possible. La gratuité des transports n’a rien d’une utopie, mais relève d’une simple question de priorité des collectivités. Et là où elle n’est pas mise en place, il appartient à chaque citoyen de la pratiquer. En clair : vive la fraude !

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Quand l’exemple vient d’en haut…

Frauder ? Ok, mais avec une assurance…

Frauder ? C’est bien gentil… Mais encore faut-il s’en sortir gagnant, le montant des amendes n’excédant pas celui du coût des tickets qui auraient dû être réglés. Là, guère de solution, sinon compter sur la chance, sur sa capacité à courir vite pour échapper aux contrôleurs ou… sur une mutuelle. Le principe ? Contre le paiement d’un forfait mensuel par ses membres, une mutuelle de fraudeurs prend en charge les éventuelles amendes. A Paris, elles sont quatre à fonctionner sur ce modèle, la plus importante, celle du Réseau pour l’abolition des transports payants (RATP), comptant une quarantaine d’adhérents.

« Le collectif RATP a été créé en 2001 par des militants - surtout issus de la Fédération anarchiste et du groupe No Pasaran du Scalp, mais aussi d’AC, d’Alternative Libertaire et de la CNT - qui s’étaient saisis depuis les mouvements des chômeurs de 1998 de la question de la gratuité des transports en commun. Il s’agissait d’abord de revendiquer cette gratuité pour les précaires et les chômeurs, puis pour tous les usagers, explique Gildas. Histoire de faire connaître ce mot d’ordre, nous avons organisé des opérations portes ouvertes, en distribuant des faux tickets et en ouvrant les portillons aux usagers du métro. Des opérations qui ont très vite popularisé nos revendications. »

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La sauce a pris, en partie relayée par les médias et par les usagers. Et n’est sans doute pas étrangère à la décision de la région Île-de-France de mettre progressivement en place - à compter de 2006 - la gratuité des transports pour les chômeurs et bénéficiaires de minimas sociaux. Pas question, par contre, d’étendre cette gratuité à tous les utilisateurs des transports en commun. Une réalité qui a poussé les militants du RATP à trouver un biais pour la mettre réellement en pratique :

« On a lancé la mutuelle en 2005, avec cette volonté de montrer qu’on pouvait mettre en place un outil permettant la gratuité, même à petite échelle. Pour nous, c’était une application concrète, histoire de montrer que notre revendication pouvait être mise en œuvre tout de suite. C’est surtout une pratique collective et solidaire, quelque chose de très important dans une société où chacun essaye de fuir et de se débrouiller dans son coin », souligne Manue.

Il s’agit « d’assumer collectivement l’illégalité, précise Gildas, et de permettre aux fraudeurs d’assumer le non-paiement du ticket en donnant un sens politique à leur geste ». Pas si anodin que ça, nombre d’usagers des transports en commun se refusant à frauder par peur des contrôles : « Savoir qu’ils ont un collectif derrière eux aide certains usagers à sauter le pas. Ce n’est pas si facile, tant certains vivent très mal la hantise des contrôles et l’humiliation de la verbalisation. » Logique.

Dans la pratique ? Le Réseau pour l’abolition des transports payants a institué un rendez-vous1, histoire que les membres se connaissent, fassent le point sur les actions et règlent leur écot du mois à la mutuelle. Le montant ? Sept euros par mois, cotisation permettant à la structure informelle de ne pas faire de déficits et de pratiquer des tarifs réduits à l’intention de ceux qui ont des moyens limités. Une assurance risque qui couvre les contraventions émises dans les bus, métros et RER d’Île-de-France.

Facile à mettre en place, ce type de structure pourrait essaimer partout. « Il suffit d’une vingtaine de membres pour qu’une telle mutuelle fonctionne. Un réseau de potes peut suffire, comme à Montreuil où une mutuelle s’est créée entre amis, assure Manue. Notre principal objectif est que les gens s’organisent. Plus il y aura de mutuelles, plus les transports payants verront leur légitimité menacée », confirme Gildas. En un mot : bougez-vous les fesses !

Une affaire de ticket ? Pas seulement.

Pour les adhérents du RATP, le combat s’est élargi : il ne s’agit pas seulement de lutter pour la gratuité des transports, mot d’ordre social et écologique, mais de combattre un certain modèle de société, en pointe dans les couloirs du métro, les gares ou les stations de bus. « Les transports en commun sont devenus un lieu d’expérimentation des politiques répressives et comportementalistes », regrette Manue.

Un mouvement initié de longue date. Mais définitivement enclenché avec la Loi de sécurité quotidienne (LSQ), législation votée par les tartuffes de la gauche plurielle deux mois après les attentats du 11 septembre 2001. Dans ce pack tout-répressif, une augmentation du contrôle d’internet, des pouvoirs accrus aux uniformes de tous poils (agents de sécurité privés ou policiers), l’interdiction des rassemblements dans les cages d’escalier, la criminalisation ridicule des free-parties et… la création du délit de fraude par habitude dans les transports en commun, lequel punit d’un maximum de 7 500 € d’amende et de six mois de prison ceux qui se seraient fait verbaliser plus de 10 fois dans l’année pour défaut de paiement du titre de transport et n’auraient pas réglé leurs contraventions. En ligne de mire, les pauvres, les chômeurs et les fraudeurs, qui se sont retrouvés en masse au tribunal et pour certains derrière les barreaux2.

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Criminalisation des fraudeurs d’un côté, extension du contrôle de l’autre : avec leurs caméras partout et leurs armadas de gros bras, les gares et couloirs du métro sont devenus le lieu privilégié des pratiques répressives. « Il y a la police nationale, l’armée, les contrôleurs, la police ferroviaire… on assiste à une espèce de confusion des forces répressives, toutes unies pour faire la chasse aux sans-papiers ou aux fraudeurs », souligne Manue. Point d’orgue de cette surveillance constante sacrée par le plan Vigipirate, le pass Navigo, la puce RFID qui y est intégrée gardant trace de tous les déplacements de son propriétaire au détriment du droit des usagers à se mouvoir anonymement. « Il y a un certain nombre des adhérents de la mutuelle qui nous ont rejoints parce qu’ils refusaient le traçage du pass Navigo et qu’ils cherchaient un moyen de se déplacer anonymement », termine Gildas. Sans pass, pas de puce ; sans puce, pas de traçage. Simple.

Au final, un constat : puisqu’ils ont fait des transports en commun un laboratoire des politiques répressives, c’est là aussi que les mouvements sociaux doivent porter le combat. Hop : mutualisez-vous !



1 Pour rejoindre la mutuelle du Réseau pour l’Abolition de Transports Payants de l’est parisien, envoyez un mail à mutuelleratp@riseup.net et vous recevrez les infos sur la prochaine réunion mensuelle.

2 Le cas de François Thonier, militant associatif et Rmiste, est resté emblématique : l’homme a eu droit à deux procès pour délit d’habitude et fut notamment condamné à 2 mois de prison ferme, 800 € d’amende et 769,40 € de dommages à la SNCF par la Cour d’Appel de Bordeaux le 4 novembre 2004.


COMMENTAIRES

 


  • mardi 10 février 2009 à 13h10, par anonymettetrèsfurax

    Eh c’est gentil la proposition , mais pour frauder faut pouvoir passer en sautant les portillons dans le metro et dans de nombreuses gares, c’est pas toujours possible de se glisser derrière quelqu’un. Alors comment font les vieux pour frauder malgré arthrose, rhumatismes etc qui empêchent de jouer les acrobates ? hein z’y avez pensé à ça ?



  • En tant qu’ancien fraudeur acquis au principe de la trangression, j’ai toujours quelques réticences au principe de gratuité - d’abord parce que ça dévalorise toujours ce dont on jouit - en ce sens là, la gratuité du ouebe du blog pose quand même problème - je me souviens de l’abbé Pierre disant que là où il débarquait dans la famille la plus misérable qui soit, il demandait ou acceptait toujours un café - le plaisir d’offrir ou de donner quelque chose étant une marque de reconnaissance - une manière de ne pas nier l’autre -

    désolé encore d’insister avec mes exemples cathos (alors que je suis carrément agnostique mais bon...) Soeur Emmanuelle disait à peu prés la même chose

    quand elle créait des écoles en Egypte elle demandait toujours aux enfants d’apporter une pièce, le plus petit centime de la monnaie locale - Elle raconte comment elle les voyait arriver en tenant fièrement leur petit sou entre les doigts. Une forme d’engagement dans la scolarité car ce minuscule sacrifice donnait du sens et marquait le respect mutuel.

    C’est le principe d’ailleurs de la psychanalyse et en cash s’il vous plaît

    En ce sens je pense que tout le monde devrait participer à l’impôt - même très modestement même très symboliquement - une manière de considérer que chacun est un citoyen à part entière et participe à la communauté à la hauteur de ses moyens.

    on sait tous combien le pire public au théâtre par exemple est le public invité, critique, non ponctuel et mal élevé

    je ne parle évidemment pas de la gratuité dans les relations humaines, de l’acte désintéressé et gratuit mais le risque de la gratuité c’est toujours de laisser penser que ce dont on profite ne vaut rien, que le travail de l’autre ne vaut rien, que l’outil de travail de l’autre n’a pas de prix. Or il en a toujours un.

    maintenant il y a sûrement mieux à faire que de transformer tous les agents de la RATP en flics de substitution à surveiller et verbaliser des m^mes qui sautent au dessus des tourniquets.

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

    • Assez d’accord avec toi pour refuser la gratuité sans aucune contrepartie. C’est d’ailleurs (entre autres) l’une des choses qui ont contribué à couler les free-parties et la motivation de ceux qui les organisaient, se rendre compte que les teufeurs considéraient qu’ils n’avaient aucun effort à fournir en échange d’une pseudo-gratuité (qui n’en était pas vraiment une, puisqu’il y avait invitation à participer à la donation). D’où des comportements je-m’en-foutistes, notamment manque de solidarité et passivité générale, quand la plupart des organisateurs ambitionnaient d’encourager les participants à la responsabilité et à l’autonomie.

      Mais quand même :
       × Dans le cas des transports, la gratuité peut être vue comme l’un des services publics que tout citoyen finance en payant ses impôts. La contre-partie existe belle et bien.
       × La gratuité totale n’est pas forcément génératrice de mauvais comportements. Celle que tu pratiques sur ton blog, par exemple, comme sur des dizaines de milliers de sites du réseau est plutôt créatrice d’engagement, de solidarité, d’ouverture sur les autres et d’échange.
       × Les adhérents de la mutuelle de la RATP paient un forfait mensuel et partagent un corpus politique justifiant la fraude. Là-aussi, on est loin de la gratuité.

      Par-delà ces remarques, et en ce qui me concerne, je suis un partisan total de la gratuité des transports. D’abord parce que ça ne coûterait pas si cher à mettre en place (voir l’exemple des municipalités qui l’ont fait) et que ça changerait la vie de beaucoup de monde. Et ensuite parce que le jour où elle adviendra sera signe que notre société aura radicalement changé.

      • c’est vrai qu’il y a la contrepartie des impôts

        mais souvent les citoyens n’ont aucune conscience que les écoles les subventions diverses les routes sont leurs impots - comme edf d’ailleurs - assez symptomatique la pub qui disait « devenez propriétaires d’EDF » alors qu’ils l’étaient déjà - et c’est d’ailleurs pour cela que les taxes le français moyen les appelle - des charges.. - (bien relayé par JP Pernaut faut dire)

        y’a une sacrée éducation populaire à faire à ce moment là. que le citoyen se sente propriétaire et donc responsable de ses moyens de transports

        Il est certain que la gratuité des transports ne coûteraient quasiment rien - vu d’ailleurs le coût élevé de la lutte contre la fraude -

        on peut effectivement considérer que le transport est un service vital comme l’eau l’énergie la santé...mais imaginons un instant la gratuité de l’eau ?

        je n’ai pas di’idées arrêtées sur tout ça je me méfie un peu par expérience des idées généreuses qui paraîssent évidentes et puis... les effets pervers...

        je ne demande qu’à parier sur le sens de la responsabilité de chacun - bref la douce anarchie mais...

        déja les adhésions a certains partis politiques à 15/20 euros me paraissent éminemment suspectes enfin ç ’est un autre débat

        P’tain qu’est ce que je suis bavard ces temps çi....faut que je me calme :=)

        en tout cas merci d’ouvrir les débats et tant mieux qu’on ne soit pas toujours tous d’accord - vive la dialectique

        Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

        • « y’a une sacrée éducation populaire à faire à ce moment là. que le citoyen se sente propriétaire et donc responsable de ses moyens de transports »

          Ça peut changer très rapidement. Ça me fait penser au très bon bouquin de Daniel Hérard et Cécile Raimbeau, « Argentine rebelle » (éditions alternatives), qui revient sur quelques expériences populaires de récupération et autogestion après la mise en faillite de l’Argentine, en 2001. Il montre magnifiquement comment les habitants, pas tous politisés, ont pris en main certains services (par exemple : de bus) que l’Etat n’assurait plus. Et prend notamment l’exemple d’une compagnie de bus relancée par une mutuelle d’habitants dans un quartier très populaire de Jose C. Paz, qui a très vite proposé un service plus adapté et à moindre coût. On s’éloigne du sujet, sinon que l’exemple montre bien que l’investissement des citoyens est question de circonstances.

          « en tout cas merci d’ouvrir les débats et tant mieux qu’on ne soit pas toujours tous d’accord - vive la dialectique »

          Pas de quoi. :-) Si on arrête de discuter, autant adhérer à l’UMP…

        • Bonjour,

          Je me joins à cette intéressante discussion qui fait suite à un article sur une super idée :-)

          mais souvent les citoyens n’ont aucune conscience que les écoles les subventions diverses les routes sont leurs impots - comme edf d’ailleurs - assez symptomatique la pub qui disait « devenez propriétaires d’EDF » alors qu’ils l’étaient déjà - et c’est d’ailleurs pour cela que les taxes le français moyen les appelle - des charges.. - (bien relayé par JP Pernaut faut dire)

          J’ai souvent remarqué en participant à plein de mouvements, associations et groupements divers, que l’on se sent impliqué quand on fait quelque chose, et pas quand on paye. D’ailleurs, l’argent est reconnu pour casser le lien pouvant se créer suite à des échanges/dons ...

          Et, que si on pouvait participer aussi au service public, à la place d’une partie des impôts, aller travailler quelques heures pour la poste, sncf, écoles, hopitaux, routes ... on serait plus investis dedans et Pernaut pourrait toujours parler de charges, mais les participants sauraient que cela vient d’eux. On perdrait en efficacité, c’est sûr, et on ne pourrait ainsi tout faire, mais on y gagnerait tellement en échange et en participation collective.

          Je parle bien d’un travail à faire par chacun, riche ou pauvre, quelques heures à donner à la colelctivité, en tournant ou pour une activité donnée ...
          Ce serait un sacré truc à organiser :-) Mais, alors reprendre ainsi en charge physiquement nos malades, nos morts, nos routes, nos enfants ... et ne plus le faire par délégation en donnant du fric laissant aux experts le soin de définir ce que doit être la santé, l’éducation, le transport ...

          Et, puis, en voyant tout ce que les gens sont prêts à donner par internet, dans tous ces réseaux d’entraide au niveau cuisine, bricolage, informatique n’en parlons même pas vu le succès du libre, je pense que pratiquement chacun participe, donne à un moment et consomme à d’autres, mais que le consommateur absolu est très très rare.

          Et pour les free-party : peut-être victime de leur succès : trop de monde avec trop peu de connaissances de ce qui est possible d’offrir/apporter ? et donc replié en petits groupes ? et peu de retour vers les organisateurs ?

    • J’ai également quelques réticences aux transports « gratuits ». Pourquoi ?

      Parce que voyager, se faire transporter par un transport en commun n’est pas gratuit. Cela a un coût énergétique, et un coup écologique (ou environnemental).

      C’est là qu’il faut faire la différence entre bon usage et le mésusage au sens ou Paul Ariès l’entend.

      Si tous les transports en commun sont gratuits, alors - à l’extrême - certains en abuseront et rendront la société non durable. Il faut donc arriver à différencier le bon usage (gratuit) et le mésusage (payant, et taxé). Ce qui différencie le bon usage du mésusage doit être un choix de société, un choix fait en commun, un choix politique.

      Mon propos n’apporte aucune réponse précise, n’est ni une critique ni un plaidoyer pour cette initiative de mutuelle, mais replace cette initiative dans un cadre un peu plus large.

      Ce qui est gratuit n’a pas de prix, mais a pourtant une valeur (énergétique et écologique).

      • « Parce que voyager, se faire transporter par un transport en commun n’est pas gratuit. Cela a un coût énergétique, et un coup écologique (ou environnemental). »

        Attention : on parle là de transports en communs gratuits. Je vois mal comment la gratuité du train, du métro ou du bus peut accroître beaucoup la dépense énergétique. Il me semble même que ce ne peut être que l’inverse, en dissuadant certains automobilistes de prendre leurs voitures.

        « Si tous les transports en commun sont gratuits, alors - à l’extrême - certains en abuseront et rendront la société non durable. »

        Je ne suis pas tellement d’accord : si le métro était demain gratuit, je le prendrais pas plus souvent, ou pratiquement pas. Et si le train l’était, je ne me ferais pas pour autant tous les deux jours l’aller-retour Paris-Marseille.

        • mercredi 11 février 2009 à 00h01, par dogbreath

          J’ai ENORMEMENT de mal avec votre discours sur la gratuité déresponsabilisante.

          S’attacher à croire que ce qui a de la valeur a un coût est tout à fait symptomatique de notre culture capitaliste.

          Je déteste l’idée de me prendre en exemple pour étayer mon discours, mais ça me permet d’argumenter sans faire de recherches :

          Je suis musicien et développeur. J’ai choisi de diffuser ma musique sous licence libre. J’ai aussi choisi de développer des logiciels en licence libre dès que je le peux (hors profession, puisque dans ce cas là, on ne me demande pas mon avis).

          Je passe sur le distinguo licences libres-gratuité. Ici, on s’intéresse à la gratuité, je ne m’étend pas.

          Alors pourquoi ce choix ? Parce que j’estime (cas de la musique) que la culture n’est pas un produit et que le plus grand des bénéfices qu’on puisse souhaiter est l’accès universel et sans privilège aux savoirs et aux culture. Le bénéfice pécunier de quelques-uns n’est pas moral face à ce concept.

          Concernant le développement libre, il est aussi question de partage, d’une société évoluée où les besoins ne sont pas fixés par le niveau de vie mais où l’émancipation serait à la portée de tous.

          JAMAIS je n’ai ressenti d’attitude malsaine de la part des utilisateurs de logiciels libres ni de la part des mélomanes. Au contraire. Il arrive (parfois) de recevoir des dons... mais surtout des retours. Les gens ne se sentent plus devant un produit déshumanisé mais plutôt devant une production partagée dont ils se sentent acteurs : ils ont souvent envie d’intervenir, d’apporter leurs idées, leurs critiques.

          Tant que nous réagissons en termes d’échanges de monnaie, il y aura toujours des gagnants et des perdants. Et aujourd’hui, la seule façon de contourner cette injustice reste de renoncer à en retirer un bénéfice en argent. C’est carrément dommage. Tout travail mérite salaire (sauf société sans pognon). Il serait plus efficace et plus juste de construire une société autogérée dans laquelle tout service ne serait pas marchand.

          Le poncif qui consiste à dire que le patient du psy et le peuple sous-développé ne peuvent guérir qu’en participant financièrement à leur thérapie me fait gerber. Comme par hasard, ce sont les psy et les pays riches (c’est à dire ceux qui bénéficie du marché) qui diffusent ces conneries. C’est ni plus ni moins qu’une justification de leur autorité et certainement une compréhension judéo-chrétienne de la charité. Beurk.

          S’agissant de services publics, chacun doit pouvoir se sentir acteur et non client. Je crois qu’il faudra un jour dépasser le poncif « anar = doux rêveur ». Je ne rêve pas, je ne suis pas optimiste, je n’ai pas « foi » en l’homme. Mais j’observe l’histoire. Je constate que ça fonctionne. Et surtout, que tous les arguments qui vont à l’encontre de tels projets sont ceux de l’autorité, de celui qui perdrait au partage. Désolé, mais lorsque je lis « doux rêveur », j’ai envie de rétorquer « esclave volontaire ». Si j’exagère (un poil), c’est parce que j’ai pas envie que l’enfant caché de BHL et Val ait la moindre considération pour moi.

          Sinon, l’idée des transports rendus gratuits par la solidarité, j’adore.

          • Chapeau, je suis absolument d’accord avec toi.

            Une petite précision sur ce point :

            « Et aujourd’hui, la seule façon de contourner cette injustice reste de renoncer à en retirer un bénéfice en argent. C’est carrément dommage. »

            Je pensais pas forcément à une question d’argent. Mais plutôt à un engagement du participant en contrepartie, n’importe quoi prouvant qu’il n’est pas passif mais concerné. Par exemple, dans l’exemple des free-parties donné plus haut, un sourire, un bouquet de fleur, un peu d’aide au moment de ramasser des déchets, un nez de clown ou le partage d’une bouteille.

            « S’agissant de services publics, chacun doit pouvoir se sentir acteur et non client. (…). Je ne rêve pas, je ne suis pas optimiste, je n’ai pas ’foi’ en l’homme. Mais j’observe l’histoire. Je constate que ça fonctionne. »

            Je n’aurais pas pu mieux exprimer ce que je ressens. Autonomie et responsabilisation, c’est possible. Il faut juste que les circonstances soient assez favorables pour que les gens se détournent un temps de leurs veaux d’or. Et ensuite : hop !

        • Je pense avoir été mal compris. Je parle du coût énergétique et écologique. Si le transport est gratuit, comment retranscrivez-vous ce coût auprès de l’utilisateur ?

          Si le train est gratuit et que vous habitez Marseille et vos parents à Lyon, vous pensez vraiment que vous n’irez pas un peu plus souvent les visister que si le trajet coûtait 2000 euros ? Vraiment ? Et si on ne vous prend pas VOUS en exemple, mais le Français moyen ? Qu’adviendrait-il ?

          Vient ensuite les exemples liés à la musique et au développement informatique. Ces 2 exemples ne s’appliquent pas dans le sens où ce sont des biens immatériels, des produits de l’esprit, on peut les copier et les dupliquer à volonté sans en priver personne.

          Dans le cas des transports, le coût écologique et énergétique est ponctionné sur une quantité d’énergie produite finie, et sur une empreinte écologique maximale finie. Tout transport consommé en prive donc les autres usagers potentiels (je me positionne ici à grande échelle).

          Ce que j’essaie de dire c’est qu’il faut différencier le coût économique, et le coût écologique et énergétique. Le coût écologique et énergétique n’est pas nul et ne le sera jamais. Le coût économique dépend de nos politiques économiques, et peut être « gratuit » si une politique de transport le décide. Mais comment alors retranscrire le coût écologique et énergétique dans cette politique économique ? Qui paye au final ? Soit l’usager paye au trajet, soit il paye via ses impôts, mais il paye de toute façon. Et quelle est le meilleur moyen de contrôler la quantité de transport proposé, et donc l’impact écologique global d’une politique de transport ?

          Y’en a-t-il un qui, avant de me répondre, s’est renseigné sur la notion de bon usage et de mésusage, proposée par Paul Ariès ?

          • mercredi 11 février 2009 à 14h30, par dogbreath

            Concernant l’écologie :

            Comme JBB, je conçoit mal que le transport public soit plus gourmand en énergie que le transport individuel. Il me semblait que c’était plutôt le contraire.

            Si on parvenait à mieux remplir les trains et désengorger les autoroutes, je crois très sincèrement que l’écologie s’en trouverait bien aise.
            L’éventuel sur-usage du transport public ne compenserait pas, je pense, l’énorme gâchis des aller-retours en bagnole chez papa-maman, au boulot, au bistrot (sans compter qu’il faut rentrer bourré)...

            L’avantage d’un vrai service public auto-géré, c’est ... l’autogestion :

            Si, comme tu l’envisages, les trajets Marseille-Lyon explosaient, il suffirait de réguler par la quantité de trains. Lorsqu’on explique au gens que consommer des sacs plastique c’est désastreux, ils comprennent, lorsqu’on leur explique que le vélib est une alternative non-polluante, ils comprennent... leur expliquer que les transports collectifs doivent obéir à des contraintes écologiques, ça devrait être faisable. Un équivalent avec les transports individuels ?... inimaginable.

            La décroissance, c’est aussi arrêter les usines ultra-polluantes de l’automobile (je m’empresse de préciser que de tels choix ne doivent pas peser sur les travailleurs de ces usines, mais c’est un autre sujet).

            Bref, je n’ai toujours pas compris ton point de vue. Mais je reste ouvert à tes arguments.

            Concernant la musique et les logiciels.

            Comme tu le dis, la dématérialisation des œuvres de l’esprit permet techniquement un partage sans déchet. Mais la vraie question, selon moi, c’est qu’on est arrivé à proposer une autre façon d’organiser les échanges. Matériels ou pas, intellectuels ou pas, le travail des uns est aussi estimable que le travail des autres. C’est ici que se situe le modèle.

            Il ne s’agit que d’une piste, mais quel coup de pied au culs aux tenants du libéralisme-naturel.

            @JBB :

            Par exemple, dans l’exemple des free-parties donné plus haut, un sourire, un bouquet de fleur, un peu d’aide au moment de ramasser des déchets, un nez de clown ou le partage d’une bouteille.

            Nous sommes encore dans une société marchande. Exclusivement marchande. Les comportements sont ... marchands.

            « Si tu me donnes, c’est que j’y ai droit »... navrant, mais très attendu.

            Dans un tout autre contexte, celui que tu gardes derrière l’oreille, le quidam qui ne participe pas s’exclut de fait. Ou je n’ai rien compris ?

            Bon, bref, je me calme... les discussions avec vous m’enthousiasment, je risquerait d’être trop long.

            • @dogbreath :

              Tu compares, comme JBB, les transports en commun avec les transports individuels. Mais je ne situe pas le débat à ce niveau là tellement c’est évident, et tellement il est claire que le transport individuel est à banir (hors vélo et marche à pied).

              Je situe le débat au niveau de l’empreinte énergétique et écologique des transports en général, qu’ils soient en commun ou individuels. Et même en rêvant, en supprimant tous les transports individuels pour les remplacer par des transports en commun, on se déplacerait encore trop. Comment veux-tu alors limiter la *quantité absolue* de déplacement pour ne pas dépasser l’empreinte écologique maximale ?

              Tu penses qu’on peut facilement expliquer aux usagers qu’ils doivent limiter leurs déplacements pour éviter de dépasser leur empreinte écologique maximale ? Tu connais beaucoup de gens qui ont simplement *conscience* de l’empreinte écologique maximal et de comment elle se traduit en terme de transport ? Et tous ceux qui s’en foutent et veulent simplement voyager comme ils l’entendent ? (ceux qui en ont les moyens, et ceux qui le feraient si les transports étaient gratuits, enfin, payés par les impôts, donc selon le mécanisme de répartition des impôts)

              Concernant la limitation par la quantité de train, j’en parle dans un autre commentaire un peu plus bas (recherche : Mérès). C’est un peu la loi de la jungle que tu proposes ?

              Et pour revenir à la musique et aux logiciels libres (que je développe aussi), c’est fondamentalement différent car chanter une chanson 10 fois ou 100 fois n’obéis pas aux mêmes contingences énergétiques et écologiques.

              Donc même si je suis d’accord avec toi sur le nouveau paradigme des oeuvres de l’esprit. Les contraintes des transports ne sont pas économiques mais écologiques et énergétiques... Ce n’est donc pas une histoire de travail, mais d’énergie. Et je ne vois pas en quoi la gratuité des transports en commun apporte une réponse à cette problématique.

              Une petite visite sur le site de Jean-Marc Jancovici s’impose...

              • @ Dogbreath : au contraire, ne te calme pas, l’échange est toujours salutaire. :-)

                Il ne s’agit pas de donner un droit unique à ceux qui participeraient et d’exclure les autres, quel que soit la nature de « ce droit à participer » (sourire, quelques euros ou trois fleurs en bouquet). Mais de constater que la gratuité sans prise de conscience peut faire autant de mal que de bien. Selon moi, elle doit appeler en retour un échange, quel qu’il soit. Et il ne s’agit pas de relation marchande, mais d’ouverture à l’autre.

                Exemple : si je récupère sur le web l’un des logiciels que tu mets gentiment en libre-service, il serait souhaitable que j’ai une petite pensée pour toi qui l’a réalisé. Il ne s’agit pas de te dire merci, mais de constater qu’il est chouette que des gens se donnent du mal sans rien espérer en retour. Bref : je suis conscient que tu as fait quelque chose pour moi, comme je suis conscient qu’il existe des milliers de personnes qui sont prêtes à faire de même parce qu’elles croient à la générosité et au partage. En un mot, je ne me contente pas d’utiliser ce logiciel en parfait « consommateur » qui ne se pose pas de questions, je sais que sa mise à disposition répond à certaines valeurs.

                C’est ça pour moi, la nuance importante : même quand il s’agit de gratuité, il est des gens qui se comportent en simples consommateurs, justes pressés d’en tirer le maximum et se foutant du reste. Si on aspire à un quelconque changement de société, c’est cet état d’esprit qu’il faut changer, transformer - d’une façon ou d’une autre - le consommateur en acteur.

                @ Merès : je n’avais pas compris les choses ainsi. Et vous êtes clairement beaucoup plus radical que moi sur la question écologique. Notamment quand vous écrivez : « Et même en rêvant, en supprimant tous les transports individuels pour les remplacer par des transports en commun, on se déplacerait encore trop. »

                Vous avez sans doute raison dans l’absolu, mais il me semble quand même qu’une généralisation des transports en commun serait déjà un sacré progrès. Au moins par rapport à la société telle qu’elle existe.

                Par contre, je ne crois clairement pas qu’une gratuité des transports en commun entraînerait une sur-consommation de leur part. Si vous prenez mon exemple, j’ai suffisamment de choses à faire, qui me demandent du temps (ce site à alimenter, quelques occupations professionnelles, des amis à voir, des engagements divers, une relation amoureuse…) pour ne pas pouvoir me permettre de traverser la France tous les trois jours. Et je pense qu’il en est de même pour une majorité de personnes.

                • Si vous prenez mon exemple, j’ai suffisamment de choses à faire, qui me demandent du temps (ce site à alimenter, quelques occupations professionnelles, des amis à voir, des engagements divers, une relation amoureuse…) pour ne pas pouvoir me permettre de traverser la France tous les trois jours. Et je pense qu’il en est de même pour une majorité de personnes.

                  Vous n’êtes qu’un exemple, mais vous croyez sincèrement qu’en rendant tous les transports gratuits, le volume global de passagers n’augmenterait pas ? Je suis pour ma part persuadé que ce volume aurait tendance à augmenter. Alors bien sûr, il n’augmenterait pas à l’infini, car rien n’est infini (à part peut-être la connerie humaine et l’univers) mais augmenterait.

                  Et je rappelle que la question n’est pas de savoir si on voyage plus ou moins qu’avant, mais bien de savoir si on voyage plus ou moins que le quota autorisé.

                  • mercredi 11 février 2009 à 18h14, par dogbreath

                    Je crois que j’ai trouvé où se situe le quiproquo : après m’y être intéressé, je ne pense plus que l’univers soit infini. Mentalement c’est compliqué à imaginer, mais pour aider on peut comparer le volume univers à un cylindre dont les deux extrémités se rencontre sans que ce cylindre soit ’tordu’.
                    ... hum...

                    Bon, sérieusement. Je crois que nous sommes tous les trois dans l’anticipation.

                    La question posée par les mutualistes fraudeurs est la suivante : agir pour la gratuité des transports aujourd’hui, est-ce un projet humaniste ? Je réponds oui. La plupart des arguments sont dans l’article de JBB.

                    Nous avons gentillement glissé vers une autre question : on se refait le monde entre potes, comment on organise les transports ? Bon, ben ... on constate qu’en regardant tous à peu près dans la même direction, la solution n’est pas évidente.

                    Je comprends mieux tes arguments, Mérès, mais j’ai du mal à imaginer une société qui renoncerait à un droit fondamental, celui de se déplacer. Sauf sous le joug d’une dictateur vert. Et ça ... très peu pour moi.

                    Les trains à la place des voitures, des bus, des camions, des avions... je voyais ça comme un énorme progrès. Bon, ben, je m’a gouré :-)

                    • agir pour la gratuité des transports aujourd’hui, est-ce un projet humaniste ?

                      Sauf que la prétendue gratuité n’est qu’un leurre, c’est juste un déplacement du mode de paiement : par l’impôt (ou la mutuelle), par le ticket de transport.

                      C’est donc une question politique de comment réparti-t-on le coût du transport. Quel mode de facturation ?

                      Et dans ce cadre-là, il faut juste aller un peu plus loin en déterminant que si on mutualise le coût du transport par l’impôt ou la mutuelle, comment répartir l’offre de transport équitablement étant donné que nous ne pouvons pas outrepasser les limites écologiques et énergétiques ?

                      Je comprends mieux tes arguments, Mérès, mais j’ai du mal à imaginer une société qui renoncerait à un droit fondamental, celui de se déplacer. Sauf sous le joug d’une dictateur vert. Et ça ... très peu pour moi.

                      C’est là qu’intervient le second volet de la problématique : si on n’y renonce pas volontairement, on sera par la suite contraint d’y renoncer soit quand on aura plus d’énergie, soit quand les bouleversements écologiques auront détruit notre structure sociale (chaos social par exemple).

                      Alors, on essaie d’anticiper ou on fraude dans le métro en attendant qu’il n’y en ait plus ?

                      Les trains à la place des voitures, des bus, des camions, des avions... je voyais ça comme un énorme progrès. Bon, ben, je m’a gouré :-)

                      C’est un progrès certes, car le rendement d’un train est meilleur que celui d’une voiture ou d’un avions. Et encore, si c’est un train électrique, tout dépend de la manière dont est produite l’énergie électrique. L’électricité n’est pas une énergie primaire et elle est aussi propre que l’énergie ayant servi à générer l’électricité.

                      Mais le fait d’améliorer le rendement global ne garanti pas qu’on se retrouve en deçà des limites physiques que notre environnement nous impose...

    • mercredi 11 février 2009 à 10h27, par Fabien P.

      Je trouve cette initiative géniale.

      J’ai vécu à Châteauroux durant mes études et je confirme que la gratuité des transports est possible. J’ajouterai même qu’une fois que l’on y a gouté, elle est indispensable. En effet, le cout humain, économique et écologique de l’impression des billets, de leur vente (sans parler de la multitude de déclinaison abonnement, tarif étudiant, tarif chômeur, etc) avec en incontournable les coûts qu’ils engendrent (guichets, contrôleurs, agent de sécurité, etc...) représentent une somme conséquente économisée grâce à la gratuité des transports.

      Entre nous, on parle toujours de la honte à se faire verbaliser, mais les contrôleurs, ils doivent en avoir marre de saouler les pauvres gens ! Et le chauffeur du bus il est beaucoup plus détendu à conduire son bus s’il n’a pas à rendre la monnaie et gérer sa caisse. Non vraiment je ne vois pas d’arguments contre la gratuité (L’école est gratuite, vois t on les enfants détruire leurs salles de classes ?).

      De plus, comme beaucoup d’entre vous l’on souligné, les transports, ont les finance en amont à travers les impôts.

      Enfin, après le grenelle de l’environnement, où soit disant tout le monde avez de bonne idée pour sauver la planète, la gratuité des transports n’est elle pas une solution incitative pour abandonner la voiture (lorsque j’étais à chateauroux, j’avais un véhicule qui me servait uniquement au trajet hors de la ville... pourquoi dépenser de l’argent dans l’essence lorsqu’il existe déjà un moyen de transport où l’on peut en plus faire des rencontre et éviter le stress de la conduite). Plutôt que de taxer les pollueurs (que nous sommes tous) pourquoi ne pas développer ce type de solutions qui laisse le choix à l’individu, en partant du principe que l’être humain n’est pas idiot.



  • On pourrait envisager la gratuité de tous les transports en commun dans toute la France (et d’ailleurs) si on mettait à contibution ceux qui ont plus d’argent qu’il n’en faut pour vivre bien :

    Le pouvoir d’achat des salaires des dirigeants de société anonyme a gagné 55 % sur la période 1998-2006, dix fois plus que la plupart de leurs salariés. […] Ils ont gagné 2 000 euros de plus par mois, le salarié moyen une centaine d’euros. » […] « les 0,01% des plus hauts salaires ont augmenté de 69% (…). Soit un bonus de 34 000 euros l’an, ou + 2 835 euros tous les mois ! À ce niveau, le bulletin de paie affiche 83 000 euros mensuels… […] De l’autre côté, en moyenne, les salaires des 90% les moins bien payés ont crû de 0,9 %, soit 11 euros.

    http://www.marianne2.fr/-69-pour-le...

    On pourrait aussi envisager d’utiliser l’argent de l’UE mal dépensé. Un exemple :

    Il y a eu 2,4 milliards d’euros dépensés en 2008 pour la propagande de l’UE.

    http://www.marianne2.fr/Union-europ...

    Enfin l’air (presque) pur ! Que d’économies en énergie et en dépenses de santé !

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com/

    • Tout d’accord avec toi, c’est juste une question de priorités.

      On pourrait enfin, pour continuer ta liste, décider de ventiler autrement les budgets des ministères. Bye-bye, la défense, voilà des économies massives !

      (Merci pour le lien sur l’UE, c’est édifiant)



  • Au delà de la seule gratuité dans les transports en commun c’est à une gratuité plus beaucoup plus large à laquelle il faudrait tendre, car elle est un des moyen les plus sur de foutre en l’air le capitalisme et ses larbins, pour qui elle est l’ennemie absolue. C’est bien d’ailleurs pour cela que ce mot, pourtant si porteur de sens, à définitivement disparu du champ social pour être remplacé par le charity-business cher à la grande bourgeoisie . Mais bien sur il est nécessaire de commencer par quelque chose et cette action est déjà un très bon début.

    Quant aux « tartuffes de la gauche plurielle » il est toujours bon de rappeler leurs trahisons et vilenies successives, y compris lorsqu’ils se substituent à la droite la plus dure en matière de répression.

    • « C’est bien d’ailleurs pour cela que ce mot, pourtant si porteur de sens, à définitivement disparu du champ social pour être remplacé par le charity-business cher à la grande bourgeoisie »

      Bien vu. Pour la peur de la gratuité, je viens de lire un billet bien foutu sur Nuesblog, qui rejoins par la bande ce que tu dis. J’’en copie-colle une partie :

      "Il est des formes de contestations, urbaines et parfois violentes (d’autres fois pacifistes et d’autant plus efficaces) et des biais nouveaux d’activisme, en réseau. Pas de centre, plus de contrainte par l’argent, plus de dépendance au pouvoir, une audience qui prend aux médias traditionnels (télé et presse en tête) et redistribue les baffes sans ambages. (…)
      La campagne européenne commence ce week-end. L’Europe c’est, depuis un certain référendum, le terrain de chasse privilégié d’un prolétariat ulcéré par les iniquités et le tout à l’égo de pouvoirs (politiques, financiers, médiatiques) qui sont les plus mal placés pour se remettre en cause. Le temps des réseaux est entamé. Avec lui l’alternance pourrait devenir alternative.
      La télématique, l’hyper-local, le collaboratif, l’open-source, le Creative Commons le nomade et les NBIC (…) vont chambouler un monde dont les dirigeants seront plus métissés et la hiérarchie bousculée."

      Tout le billet ICI.

      • Merci pour le lien, j’aime beaucoup. Réseaux, communes...tout ce qui est bon se libérer du capitalisme et le miner par la non-action, qui est l’action par excellence, est bon pour nous.

        • Oui, la lecture de ce billet remonte le moral.

          • A celles et ceux qui pensent que la gratuité n’est pas possible éthiquement parlant, j’espère que dès demain vous serez prêts à payer chaque bout de trottoir que vous utilisez car ils ne sont pas tombés du ciel, ils sont entretenus et nettoyés ; que vous donnerez de l’argent à chaque enseignant qui donne un cours pour permettre la valorisation de celui-ci. D’ailleurs, ce serait bien que les sans domicile paient pour les bancs qu’ils utilisent car moi je ne m’en sers jamais et je paie des impôts (ah, ah !)
            Le must serait qu’on paient aussi les flics à chaque fois qu’ils nous contrôlent pour valoriser leur pugnacité à réprimer.
            Voilà, en attendant y en a qui vont en taule et je ne crois pas qu’à un seul moment ils aient mis la société en danger (ça c’est pour ceux qui trouvent une utilité sociale à la prison et dont je ne suis pas)

            • Ce que je trouve curieux c’est que les pires détracteurs de la « gratuité » des transports en commun acceptent Les système comme le véli’b ou vélo’v qui sont eux aussi gratuit ou presque.
              C’est pas du transport « en commun » soit .
              Mais c’est « mis » en commun.
              L’argument massue pour refuser cette gratuité dans les transport en commun est : ce qui est " gratuit n’est pas respecté et donc il y aura des dégradations donc il faut payer . point barre
              Mais avec le vélo’v ou véli’b point de raisonnements similaires de la part de ces tristes personnages.
              Pourtant les dégradations sont quotidiennes et visibles sur ces systèmes coûteux et qui sont de toute façon payé ( cher) par le con-sommateurs indirectement.
              Je remarque que ce système de Véli’b ou vélo’v mis en place par les canailles Decaux et consort avec des mairies qui « roulent à gauche » et qui promeut finalement une forme de transport « gratuit » n’a jamais été imaginé ni mis en place même dans les systèmes « communistes » les plus avancés.
              Va comprendre Charles.

              • @ Bubu : méfie-toi. En ces temps de sarkozysme triomphant, ce type d’idée pourrait bien ne pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Suffirait qu’un quelconque fonctionnaire ministériel passe dans le coin pour que tes « propositions » soient mises à l’étude.

                « Le must serait qu’on paient aussi les flics à chaque fois qu’ils nous contrôlent pour valoriser leur pugnacité à réprimer. »

                Il me semblait que c’était déjà presque le cas. :-)

                @ Reveric : « L’argument massue pour refuser cette gratuité dans les transport en commun est : ce qui est ’gratuit n’est pas respecté et donc il y aura des dégradations donc il faut payer.’ »

                Ce qui est en effet contredit par les faits. A voir l’interview de Mayet, le maire de Châteauroux qui a mis en place la gratuité des transports en commun et est cité dans le billet : il explique que « Etant donné que le nombre des voyages par an est passé de 1 526 000 environ en 2001 à plus de 3 600 000 en 2005, il était inévitable que certaines petites dégradations (tags sur les sièges...) se produisent plus souvent. Toutefois, cette augmentation, pour réelle qu’elle soit, n’est pas significative. »

              • mercredi 11 février 2009 à 10h31, par Dominique

                Les systèmes mis en place par JCDecaux (Velov, Velib, VeloCité) ne relèvent pas de la gratuité, mais d’un bon vieux système capitaliste de base : la location privée et l’attribution de marchés publics. Contre la mise en place de vélos en accès prétendument libre, les villes concédantes permettent au publicitaire d’obtenir encore plus d’emplacements publicitaires sur la voie publique, de plus grande taille et à un tarif plus bas. C’était déjà le principe pour du mobilier urbain gratuit (les abribus de marque déposée par JCDecaux, les bancs, les nouvelles colonnes Morris ou les sucettes avec plan de la ville ou déroulé des activités de la cité) ou bien payant (les sanisettes autre marque déposée qui ne s’ouvrent que si l’on a mis les pièces pour le service). Ces services sont financés par d’autres moyens comme la publicité que l’on paye en achetant un autre produit. Ensuite, pour avoir accès à un vélo en libre service (et non libre), il faut s’acquitter du prix du transport en achetant un forfait à l’avance et en justifiant de son identité, de son domicile : que je sache, je ne donne pas ma carte d’identité et une quittance de loyer ou d’EDF lorsque je veux prendre le bus ou le train. Ce qui est gratuit selon les villes, c’est la première demi-heure ou l’heure, de manière promotionnelle, mais pour cela il faut trouver un autre point de dépôt proche et ils ne sont pas nombreux ou ils sont vides ou archi-combles. Les dégradations proviennent de personnes qui ne sont pas utilisatrices du service, puisque celui-ci est à l’air libre : c’est comme si l’on parlait de dégradations sur des parcmètres et de téléphones publics où pourtant on est bien obligé de mettre ses pièces ou sa carte à puce ! JCDecaux gagne de l’argent par ses vélos malgré leurs mauvais traitements, cela s’explique très bien par le fait qu’il est dans un modèle financier où il fait de la fausse gratuité (comme dans le cas des offres cadeaux de supermarché, deux achetés le troisième à 50 %), qu’il se paye sur les forfaits, sur la pub que vous payez comme tout un chacun en achetant (plus quelques subventions ou réductions municipales que vous payez encore par vos impôts locaux). Enfin, il y aurait beaucoup à dire au sujet du personnel employé pour la maintenance du parc de vélos prétendument libres : contrats précaires renouvelés au lance-pierre, harcèlement, bas salaires, taux de rotation très élevé même par rapport à McDonald’s, absence totale de syndicats et de comités du personnel. La fausse gratuité se paye aussi par la misère sociale ! Libre, cela ne veut rien dire quand la pub est reine, que le patron est divin et que le consommateur paye sans le savoir ou sans vouloir le voir. Vous confondez économie non capitaliste et économie capitaliste prétendument libertaire.

                Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

            • jeudi 12 février 2009 à 13h41, par M’ENFIN !

              Excellent, je suis entièrement d’accord avec tout ce qui est dit dans ce billet.

              En ce qui me concerne, c’est plutôt le fait de me faire racketter pour avoir le droit d’emprunter les transports publics qui me donnerait envie de taguer partout et de pisser dans la machine à valider les tickets.

              En tout cas, depuis qu’ils sont passés à la carte Big Brother à Bruxelles, je ne paie plus. Payer pour se faire fliquer, on y est déjà en fait.



  • Ici en Australie, dans plusieurs villes les lignes de bus du centre ville sont gratuites, et ça semble juste tout naturel. Evidemment ça ne concerne que le centre ville mais quand même déjà ! A Perth par exemple toute une partie de la ville est dans une « FTZ », Free Transit Zone, ou on peux prendre les bus comme on veux dans cette zone de gratuité, tant qu’on n’en sors pas. A Adelaide, il est possible de traverser la ville (« Terrace to Terrace ») en tram, gratuitement.

    A Dijon, en France donc, même principe il y a une navette de bus au centre ville qui circule gratuitement. Ce n’est pas suffisant, il faut étendre la gratuité à tous les transports en communs, partout. Mais c’est déjà un pas bien pratique pour les usagers qui n’ont pas à se poser la question de combien je dois payer, où je dois payer, etc.

    Quand je vais retourner à Paris je serais je pense intéressé par cette initiative de mutuelle, car avec la fin de la carte orange je ne compte pas prendre de pass navigo, même anonyme. Payer les amendes je peux déjà le faire individuellement, mais collectivement, on est plus forts et l’initiative est toujours plus intéressante.



  • J’ai une théorie qui vaut ce qu’elle vaut : plus la taille de la communauté de référence de l’individu est grande plus la déresponsabilisation civique est forte.
    En gros à Paris on a un responsabilité de 1/6 millionnième contre 1/200 milliième à chatauroux (à vue de nez). Donc sur Paris, il est fort probable qu’à court terme il y ait proportionnellement plus de dégradations que l’augmentation du traffic ne le laisse prévoir.

    Je ne pense pas qu’on puisse nier la déresponsabilisation individuelle dès qu’un bien ou service devient « public » : c’est à dire qu’il appartient à tous. On s’est tous retrouvé un jour, quel que soit notre niveau d’engagement citoyen, à laisser un mégot tomber par terre en se disant « De toutes façon tout le monde le fait »...
    Le nier serait risquer l’échec et justement favoriser les partisans du payant.

    De plus, la passage au gratuit, surtout dans les services urbains, est une vision nouvelle. Les citoyens sont donc très influencés par des décennies de logique marchande (1)qui valorise les produits et services en fonction de leur prix, et (2) qui a créer des consommateurs sur-exigents (que ce soit pour les offres payantes, publiques, voire même pour l’offre politique...) qui veulent tout tout de suite, prêt à consommer sans avoir à participer à la réalisation du service... (sauf chez McDo bizzarement, où ils rapportent leurs plats...)

    ça demandera forcément un temps de transition pour changer de logique et cette transition n’ira pas sans dysfonctionnements, il faut le prendre en compte pour que ça marche.

    Donc il faut accompagner cette transition via de la communication !! Avec des messages réfléchit, sympa, humains, créatifs, peut-être fait pas les usager eux-même, à placarder sur les mur du métro plutôt que les pubs à la con qu’ils nous imposent sans rien nous demander...

    Quant au Psy payant, il faut faire un psychanalyse pour voir à quel poins l’engagement financier permet un meilleur engagement et moins de déni...

    a+

    Voir en ligne : http://blog.bouddhas-egoistes.net/

    • Je partage en partie votre théorie : pour moi, il ne peut y avoir de réelle implication de citoyens libres et conscients qu’à de très petites échelles. Et il faudrait que se multiplient partout en France de petites communes (au sens de la Commune, pas des municipalités) autonome, dans lesquelles les citoyens auraient un réel pouvoir et seraient invités à se prononcer sur des choses les concernant directement. Bref, autonomie et autogestion à petite échelle, plein de centres de pouvoir décentralisés, voilà la seule voie !

      Quant à la nécessité d’être créatif et original pour faire passer des messages et réveiller les gens : tout d’accord.

    • jeudi 12 février 2009 à 13h53, par M’ENFIN !

      « Quant au Psy payant, il faut faire un psychanalyse pour voir à quel poins l’engagement financier permet un meilleur engagement et moins de déni... »

      Si on a les moyens, pourquoi pas ?
      En ce qui me concerne, j’ai dû choisir entre les séances chez mon psy et la bouffe dans mon frigo. C’est du déni, ça, Dr Freud ?

      Cet engagement financier est surtout un beau racket organisé, à mon humble avis. Mais bon, si les clients ont trop de sous et s’ils sont consentants... C’est pour leur bien, n’est-ce pas ?



  • mercredi 11 février 2009 à 10h45, par Leverbal

    Autre exemple de priorité politique en matière de transports : la gratuité de certaines autoroutes en Ile de France...

    • Au risque de passer pour un affreux réac, la gratuité absolue pour toutes et tous me semble majoritairement risquée. J’entends par là que les gens perdent de plus en plus un comportement juste respectueux et que pour l’instant cela reste minoritaire, mais cela gagne toutes les catégories d’age et catégories sociales. Vu que même des gens qui payent un service ne respectent ni les gens, ni le matériel, il y a un travail de réapprentissage de la vie en société à faire.

      Le coup de la mutuelle, même si il est bien vu par bien des aspects (sociabilité, respect, etc...), n’est finalement qu’un paiement d’un service de transport en commun (TC). Au lieu de payer cher la RATP, ils payent des copains. Moi je veux bien, mais j’appelle pas ça des transports totalement gratuit, par contre effectivement je préfèrerais payer des potes que la RATP. C’est un choix, comme choisir de fabriquer un EPR, un char d’assaut ou de financer l’école public et l’hopital public.

      Encore faut il être également en adéquation avec le reste des idées et méthodes politiques des porteurs de la démarche. Personnellement je ne suis pas sur que seuls les anards soient intéressés à la question de la gratuité des TC et que du coup cette initiative étant plutôt issue de cette mouvance là, cela exclue de fait des gens que la gratuité intéresse mais qui ne sont pas des anards.

      • @ Leverbal : même si je partage ce qui est sans doute votre sentiment sur le racket des autoroutes, les entreprises concessionnaires se faisant un max d’argent, je ne verrais pas cela comme une priorité. Au contraire, même : tout ce qui peut nuire au règne de la voiture est bon à prendre.

        @ Jeannot : « Au lieu de payer cher la RATP, ils payent des copains. »

        Qu’ils payent beaucoup moins cher, quand même.

        « cela exclue de fait des gens que la gratuité intéresse mais qui ne sont pas des anars. »

        Sans vouloir parler à leur place… Il me semble qu’il n’est nul besoin de certificat politique ou de se sentir anar pour adhérer. Par contre, partager certaines valeurs, dont une volonté de changer le système et de refuser le tout-répressif déployé dans les transports, sans doute.

        • mercredi 11 février 2009 à 20h19, par Leverbal

          Désolé JBB, mais on ne s’est pas compris : il existe en Ile de France des sections d’autoroutes sans péage, dont l’entretien est payé par l’Etat. Ce qui constitue bien un investissement publique dans un moyen de transport qui, ailleurs, a été privatisé. De la même manière, la Mairie de Paris pourrait taxer l’entrée dans Paris pour les voitures, comme c’est le cas dans certaines capitales.

          Il n’est donc pas simplement question de priorité dans les dépenses de l’état mais aussi de priorité entre différents modes de transport : la France est particulièrement dépendante de l’industrie automobile (15% des emplois y sont liés, cf encore le Canard Enchaîné de la semaine dernière), et privilégie son développement au détriment de celui de moyens de transport moins individualiste que l’automobile, voire même de leur disparition, comme ça été le cas du tramway à Paris ou des lignes ferroviaires en Bretagne.

          Donc l’enjeu de la gratuité des transports en commun n’est pas simplement une question de priorité, c’est aussi une question de soutien d’une industrie concurrente d’une autre...

          • mercredi 11 février 2009 à 20h54, par Dominique

            Bon... Un exemple dans mon département : la région et le département financent largement et grassement des entreprises de transport en commun (dont la SNCF). On se retrouve alors avec des cars qui circulent quasiment vides sur des dizaines de kilomètres en zone rurale ! Je le sais, je les ai utilisés. Il y a comme cela, dans mon seul département, plus de cinquante lignes pluri-quotidiennes qui ne doivent pas avoir cent passagers chacune par semaine. Le billet n’est pas cher, il est subventionné par le département, mais on trouve des contrôleurs alors que l’achat du billet se fait auprès du chauffeur et on comprend alors qu’il s’agit d’abord de contrôler le chauffeur. Pourtant, un car de dix ou vingt places au lieu de cinquante ferait une sacrée économie, et puis on pourrait supprimer carrément le prix du billet puisque dans l’immense majorité des cas, cela ne paye même pas l’heure de transport par le chauffeur ou l’essence. Cet archi-subventionnement au nom de la lutte contre l’enclavement rural se fait surtout au profit d’une très grande entreprise de transports publics, Veolia, qui bénéficie ainsi d’une rente de situation parce qu’elle pourra toujours parler des deux étudiants, trois retraités et quatre chômeurs qui auraient dû prendre un taxi ou faire du stop sans cela. Le passage au tout-gratuit en milieu rural et à des formules de transport plus légères ne poserait aucun problème en matière de coûts, mais voilà il y a une entreprise privée qui entend faire des bénéfices sur les impôts locaux.

            Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • jeudi 12 février 2009 à 14h07, par M’ENFIN !

      Très mauvaise idée.

      Les autoroutes belges sont gratuites et éclairées aux frais des contribuables, même s’ils n’ont pas de voiture.

      La première bande est partout creusée d’ ornières vertigineuses à cause du flot ininterrompu de camions qui traversent le pays.

      C’est le couillontribuable belge qui finance le transport international routier, alors qu’il y a dans le pays un très beau réseau de canaux et d’écluses toujours vides.

      Gardez vos péages, mais nationalisez-les. Que la taxe autoroutière serve à financer des projets d’énergie verte au lieu d’engraisser des sociétés privées.



  • Bonjour. Je suis en accord avec cet article qui propose à mon sens une alternative très intéressante. Cependant, je ne suis pas mateux, mais j’aimerais savoir vraiment ce qu’il en est de vos comptes, parce que je ne vois pas comment avec 40 participants à 7 euros par mois, les 3000 euros par an suffiraient à payer les amendes. Elles sont à 35 euros minimum, 25 si le ticket n’est pas oblitéré, 75 si on paye pas tout de suite etc. Si on fraude en permanence et si on prend le rer,métro bus tous les jours, on peut tabler sur une amende par semaine, ou tous les quinzes jours (raisonnablement), multipliée par 40 et par mois. 80 amendes par mois, à 50 euros en moyenne ? ça fait plus de 4000euros....
    Car il est difficile tout de même de passer au travers quotidiennement, alors je m’étonne que vous parveniez à suivre financièrement parlant avec les 7 euros d’adhésion.
    Mais il est certain que pour le moral du fraudeur, il est beaucoup moins stressant d’agir ainsi avec une collectivité et une solidarité derrière soi, plutôt que d’affronter régulièrement en individuel les faces sinistres de la flicaille ratpiste. Si vous voulez bien répondre à mes interrogations je vous remercie.

    • Je ne fais pas partie de la mutuelle. Mais les deux membres que j’ai rencontrés affirment parvenir à l’équilibre avec cette cotisation mensuelle de 7 € par membre. En gros, ils comptent une contravention mensuelle pour cinq membres.

      Cela m’apparaît cohérent, tant les contrôleurs ne sont pas si nombreux que ça. Sans adhérer à une mutuelle, je suis moi-même fraudeur : sur ces six derniers mois, en prenant le métro à peu près quotidiennement, je n’ai eu à payer qu’une seule amende. Mais évidemment : si j’habitais à Saint-Lazard, où les contrôleurs sont très souvent présents, je ne m’en tirerais pas aussi bien…



  • mercredi 11 février 2009 à 15h11, par oh bah ma foi

    L’idée paraît séduisante et constructive, même si je partage le doute formulé par un précédent commentateur quant au caractère suffisant d’une cotisation à 7 euros... Des précisions de ceux qui pratiquent seraient ici bienvenues...

    S’agissant de la déresponsabilisation, il me semble qu’elle peut tout autant être induite par la transformation de l’usager en consommateur que par celle du consommateur payant en consommateur gratuit. Le facteur déterminant tient ici davantage à mes yeux au fait que l’on se perçoive ou non comme un consommateur.

    L’individualisme ou au contraire le fait de se sentir intégré dans un ensemble collectif n’a a mon sens que peu à voir avec le fait de payer son écot à une boîte dont la fonction consiste surtout à mettre des flingues sur les quais pour contrôler les corps et des émetteurs/récepteurs bluetooth dans les panneaux de publicité pour aliéner les cerveaux...
    Pourquoi celui qui fraude en ayant le sentiment de ne faire que se débrouiller face à un système qui ne lui veut pas spécialement de bien, notamment en l’empêchant de se déplacer, respecterait-il le matériel ? Seul le respect suscite le respect authentique.

    Quant à l’encouragement aux comportements écologiquement inconséquents, et même si je salue la pertinence de la notion de mésusage, j’ai du mal à admettre que de voir le prix comme le seul moyen de prévenir les comportements abusifs. Ne risquerions-nous pas sinon de restaurer les capitalistes dans une légitimité qu’ils auraient souhaité conserver au-delà du 19e siècle ? Faudrait-il admettre que les plus riches puissent voyager à leur gré tandis que les plus pauvres en seraient empêchés ?

    Voir en ligne : http://velo2.blogspot.com/2007/12/l...

    • Dans la notion de bon usage et de mésusage, où est la notion capitaliste ? Où vois tu que « les plus riches puissent voyager à leur gré tandis que les plus pauvres en seraient empêchés » ? C’est tout l’inverse. Le bon usage est gratuit pour tout (et financé par l’impôt), le mésusage est taxé (et financé par l’usager).

      Ce n’est donc pas une notion de prix, mais une notion de « rationnement » de la quantité de trajets. L’empreinte écologique permet d’assurer 1000 trajets par an, il y a 100 habitants, chacun peut faire 10 trajets gratuits par an.

      Après si tu veux aller plus loin, tu peux aussi faire le choix de ne PAS vendre de trajets supplémentaires. Toute personne voulant faire un onzième trajet devra alors l’acheter à une autre personne n’ayant pas encore effectué ses 10 trajets. On revient alors à une notion d’échange et de commerce, avec le capitalisme en toile de fond.

      Tu décides alors de laisser tous les transports gratuits, pour tout le monde, tout le temps. Il semble gratuit mais est en réalité financé par tous, par l’impôt (donc selon le mécanisme de répartition de l’impôt). Comment alors garantir qu’on ne fait pas plus de 1000 trajets par an ?

      En limitant le nombre de train (ou de tram) ? Mais alors c’est la jungle, les premiers arrivés les premiers servis ? Ou alors les plus forts jettent les plus faibles hors du train ?

      Bref, en tenant compte des contingences écologiques et énergétiques, comment limitez-vous la quantité de trajets effectués ?

      • mercredi 11 février 2009 à 16h30, par oh bah ma foi

        Je suis globalement d’accord avec l’analyse que vous développez. Il me semble néanmoins que c’est votre commentaire qui mobilisait l’argument du prix payé en suggérant que la gratuité serait mécaniquement nocive d’un point de vue écologique.

        Cela étant, je considère que la question de l’empreinte écologique devrait être approchée globalement et s’appuyer sur un questionnement fondamental de notre organisation sociale actuelle. Cela reste abstrait, mais je jugerais plus juste d’opérer les grands choix de société en fonction du déterminant de l’équité écologique et de n’envisager un contingentement des attitudes individuelles que dans un second temps. Autrement dit, avant de condamner l’hypermobilité sous toutes ses formes, encore conviendrait-il de susciter un véritable questionnement au sein de la population. Nul doute qu’à l’heure de l’exigence de flexibilité imposée aux « ressources humaines » cela supposerait notamment de pouvoir remettre en question la place du « travail » non libre dans la légitimité de l’existence sociale (sans parler des facteurs mercantilo-culturels qui ont permis l’avènement du culte du tourisme ni de ceux, plus politiques, qui ont permis aux populations de se rendre complices, en toute ingénuité, du désastreux développement des vols low-cost).

        Concrètement, la gratuité absolue et inconditionnelle de l’usage des transports urbains collectifs financés par l’impôt me paraît tout à fait défendable dans le monde actuel, spécialement si on y accole un dispositif fiscal véritablement redistributeur. Elle me paraît même relever d’une bonne administration - pour autant que celle-ci demeure soucieuse du bien-être des administrés - dans des grandes villes qui, pour celui qui ne peut assumer la redevance exigée en contrepartie de son déplacement, ressemblent sinon à une simple juxtaposition de zones de confinement. La limitation de l’utilisation de l’avion est une toute autre question, qui me semble devoir également être disjointe de celle de la manière de parcourir les longues distances.

        La question est complexe et je reconnais qu’il serait abusif de se positionner uniquement « pour » ou « contre » la gratuité. Au moins pouvons-nous convenir du caractère inéquitable d’une simple limitation par le prix.

        Voir en ligne : http://velo2.blogspot.com/2007/12/l...

        • Je suis globalement d’accord avec l’analyse que vous développez. Il me semble néanmoins que c’est votre commentaire qui mobilisait l’argument du prix payé en suggérant que la gratuité serait mécaniquement nocive d’un point de vue écologique.

          Je me suis peut-être mal exprimé, mais je voulais mettre en avant que l’argument du prix n’apportait aucune réponse à la problématique énergétique et écologique.

          et s’appuyer sur un questionnement fondamental de notre organisation sociale actuelle.

          Autrement dit, avant de condamner l’hypermobilité sous toutes ses formes, encore conviendrait-il de susciter un véritable questionnement au sein de la population.

          Et c’est pour ça que je me permet d’insister : je ne vois pas en quoi cette pseudo gratuité pourrait amener à un « questionnement fondamental de notre organisation sociale actuelle ».

          La limitation de l’utilisation de l’avion est une toute autre question, qui me semble devoir également être disjointe de celle de la manière de parcourir les longues distances.

          Je ne crois pas qu’il faille différencier autant les différents mode de transport. Certes, je conçois que les différents mode de transport n’ont pas le même impact écologique, ni le même usage, ni la même consommation énergétique, ni les mêmes alternatives. Ceci dit, la problématique concerne le transport en général, son coût énergétique en général, et son coût écologique en général. Il faut donc apporter une réponse générale à cette problématique. On peut vouloir faire 1000 km en train, ou 100 en voiture, ou 10 en avion, pourquoi ne pas laisser le choix à l’usager, du moment que l’impact final est conforme à « sa part » ?

          Au moins pouvons-nous convenir du caractère inéquitable d’une simple limitation par le prix.

          Voilà, vous posez ici la vraie question : quel facteur limitatif équitable prendre en compte ? Le prix n’est certes pas idéal, mais que proposer de mieux ? Le débat est ouvert...

          Je continue dans un autre commentaire plus bas.



  • @dogbreath, @JBB, @oh bah ma foi

    Je me permet de commencer un nouveau billet, permettant de fédérer les discussions entamées avec chacun d’entre vous. Que l’on me pardonne cette entorse à la netiquette (il aurait d’ailleurs été plus indiqué de déplacer ces discussions dans un forum plutôt que dans les commentaires).

    Je vais cependant essayer de recadrer un peu mon propos, car la qualité de mes correspondants m’aide à clarifier ma pensée (soyez-en remerciés).

    L’objectif de l’article et de l’initiative proposée est de dénoncer un mode de facturation des transports en commun, c’est à dire la facturation au trajet, au ticket, au prétexte que la gestion de la facturation au trajet coûte cher, à peu près autant qu’elle ne rapporte. L’article dénonce également un manque de démocratie et l’impossibilité de faire entendre une autre opinion : la facturation au forfait, à travers les impôts. Ce n’est donc pas la gratuité qui est prônée ici, mais bien une mutualisation des coûts entre les citoyens (au niveau de l’impôt) au lieu d’un facturation au trajet (avec les désagréments et les coûts associés : contrôles, suivi des trajets de chacun, oubli de la carte de transport...).

    Devant l’impossibilité de faire entendre cette autre opinion (la facturation au forfait, pas l’impôt), l’auteur de l’article propose la désobéissance civile avec constitution d’une mutuelle de paiement des amendes. A défaut de pouvoir instaurer une solution de mutualisation des coûts à l’échelle d’un pays, d’une commune ou d’une communauté de commune, l’auteur propose la mutualisation des coûts au niveau d’un groupe de personne partageant la même vision.

    Cette solution apporte certes une solution - partielle - à la problématique posée en introduction, mais pourrait être confronté à des limitations liées aux notions juridiques de récidive, de responsabilité pénale.

    Pour dépasser cette problématique strictement économique, j’ai tenté d’élargir le débat en indiquant que la « gratuité » des transports en commun n’est qu’illusion et que ça n’est en réalité qu’un autre mode de paiement. Cette proposition ne change rien à la véritable problématique des transports : on se déplace trop, avec des moyens de transport trop polluant, mais surtout on se déplace trop !

    Même en remplaçant tous nos moyens de transport individuels par des moyens de transport collectifs peu polluant et optimisés, on se déplacerait encore trop.

    Il importe donc de limiter nos déplacements. Cela passe avant tout par une prise de conscience de chacun (Pourquoi limiter mes déplacements ? Quelle limite pour quel moyen de transport ?) puis par de grand changement de société (genre l’instauration de la taxe carbone proposée par Jean-Marc Jancovici).

    Mais l’incorporation des coûts de transport dans les impôts revient de fait à rendre illimité le nombre de trajets possibles, ce qui va clairement à l’encontre des limitations imposées par les contingences écologiques et énergétiques.

    Quel serait alors le facteur limitant ? Un quota par personne, comme des tickets de rationnement (ça rappellera la guerre à certains), un prix économique reflétant le coût écologique et énergétique (c’est ce que vous combattez), une limitation de l’offre de transport (j’ai l’impression que vous prônez plutôt l’inverse).

    Bref, si le paradigme était « voyagez autrement, voyagez en transport en commun » et qu’il devient « voyagez moins », la problématique change du tout au tout et la question du financement des transports par l’impôt devient alors inadéquate et même contre-productif.

    Il faut que l’usager connaisse ou sois mis au courant du coût énergétique et écologique de chaque transport qu’il fait. Le prix économique peut-être un moyen de lui transmettre cette information. Il y en a peut-être d’autres mais j’ai du mal à voir lesquels...

    Cet article propose donc une réponse économique à une question économique. Mais la réponse économique devient inadaptée à la question écologique et énergétique.

    • mercredi 11 février 2009 à 18h07, par oh bah ma foi

      Je suis d’accord avec vous pour l’essentiel, à quelques raccourcis près, du type « on se déplace trop ». Qui est « on » ? Quant à la fixation d’un quota énergétique, pourquoi pas, mais encore conviendrait-il de pouvoir tout y intégrer, le tout sans défavoriser les plus faibles (cf pbs de pollution des logements/véhicules les moins onéreux à l’achat) et sans en faire en carcan dont seuls les nantis pourraient s’affranchir !

      Je maintiens au surplus que des villes de la taille de Paris ne sont vivables qu’à condition de pouvoir s’y mouvoir sans trop de difficultés. Il me semble qu’il s’agit d’une problématique distincte, même si connexe, de celle que vous mettez en avant. Sauf à vouloir raser pareilles métropoles, les transports en commun gratuits combinés à des voies rendues pour l’essentiel aux bicyclettes, le restant étant réservé aux véhicules d’urgence et autres utilitaires strictement nécessaires me paraissent constituer une orientation souhaitable, beaucoup plus en tout cas que le maintien et le renforcement d’un système justifiant la présence d’hommes en armes et alimentant l’antagonisme entre citoyens et représentants de leurs institutions.

      Voir en ligne : http://velo2.blogspot.com/2007/12/l...

      • @ Mérès : bravo, vous avez parfaitement posé le débat et clairement mis les enjeux sur la table. Je ne peux que vous tirer humblement mon chapeau, c’est un excellente synthèse. Vraiment.

        Et vous avez raison : nos points de vue divergent sur l’accès qu’il convient de laisser à des transports en commun gratuits. Sur ce point, je pense résolument que c’est de la liberté - et donc d’un accès total et sans restriction - que peut naître la responsabilité et l’attention des citoyens aux enjeux écologiques. Bien entendu, cela implique une autre société que la nôtre, soit une organisation sociale qui mettrait le citoyen au coeur, prônerait réellement la solidarité et la décroissance, encouragerait les alternatives et les utopies. Enfin, il me semble qu’il est d’autres points que les transports en commun qui doivent d’abord être visés par l’enjeu écologique : la consommation de masse, les produits superflus, l’industrie lourde, etc… Mais la liberté de voyager, parce qu’elle permet la rencontre, l’ouverture et la découverte, me semble être essentielle.

        @ Oh bah ma foi : « Je maintiens au surplus que des villes de la taille de Paris ne sont vivables qu’à condition de pouvoir s’y mouvoir sans trop de difficultés. Il me semble qu’il s’agit d’une problématique distincte, même si connexe, de celle que vous mettez en avant. »

        Tout d’accord avec vous. Et cette nécessité est encore plus prégnante dans les zones rurales, où l’absence de déplacement aisé devient mortifère et contre-productive.

        • Bonjour,
          je n’ai pas lu tous les messages concernant cet article, j’espère donc que je ne ferai pas trop de redites. Je voulais juste revenir sur les inquiétudes de certains quant à l’impact environnemental d’une gratuité des transports. Aujourd’hui les transports sont très chers, pourtant je vois difficilement comment plus d’avions pourraient décoller des aéroports en Ile de France notamment, à moins de se percuter. Je ne prends pas souvent l’avion, car je suis opposée à ce type de transport excessivement polluant, mais la dernière fois que cela m’est arrivé celui que j’ai pris était à moitié vide !! Idem pour pas mal de trains que j’ai eu l’occasion de prendre.
          Je me dis que si la gratuité d’accès (il faut bien préciser que nous parlons de gratuité d’accès à partir du moment où le reste est pris en charge par une participation collective en amont) existait pour le métro, les bus, les trains cela permettrait peut-être de les remplir davantage des nombreux pauvres qui sont quasiment assignés à résidence (énormément de gens ne partent jamais en vacances).
          Car une chose est sûre, si les transports aujourd’hui sont payants c’est bien pour reléguer ceux qui dérangent et pour qu’il ne viennent pas traîner leur basques là où bon leur semble.
          La réalité actuelle est que nous payons les transports pour être contrôlés !!!

          Après les problèmes liés à la concentration des populations dans les supermégapoles, à l’hyperconcentration des moyens de transports qui tous convergent vers Paris (en banlieue c’est l’horreur, et ne parlons pas de la campagne), au choix qui sont faits concernant les modes de production, les productions elles-mêmes et les technologies utilisées, les modes de vies tournés sur la consommation sont évidemment à prendre en compte mais considérer que la cause de ces problèmes serait la gratuité des transports en commun (notamment les métro, les bus et les trains) c’est oublier la réalité actuelle et faire encore payer les plus pauvres.

          • Bonjour,

            Je constate avec plaisir qu’on a réussi, sinon à être d’accord sur toute la ligne, au moins à exposer clairement nos points de vue et à voir où se situent nos divergences. Je vais réagir à vos derniers commentaires pour aller encore plus loin et aborder l’aspect lié à l’urbanisation. Mais on est déjà loin de la problématique initiale de l’article...

            @oh bah ma foi

            Je suis d’accord avec vous pour l’essentiel, à quelques raccourcis près, du type « on se déplace trop ». Qui est « on » ?

            Réponse de Normand : l’impact global du déplacement des Français est trop important (on pourrait en dire autant des terriens dans leur ensemble. En fait, je ne fais ici pas de différence entre les riches et les pauvres, alors qu’ils ont bien évidemment un impact différent.

            Je maintiens au surplus que des villes de la taille de Paris ne sont vivables qu’à condition de pouvoir s’y mouvoir sans trop de difficultés.

            Autre question, est-ce Paris est une métropole durable ? Personnellement, je pense que non. Son étalement rend nécessaire l’utilisation de transport en commun et la rendent par là-même non durable. Un exemple ? Prenez un habitant de Paris, trouvez le maraicher le plus proche de chez lui, mesurez la distance qui les sépare. Même en relocalisant au maximum l’économie, il n’est pas pensable que cette personne achète chez légumes aussi loin de chez lui. Conclusion, cette métropole n’est pas viable, n’est pas durable.

            @JBB

            Mais la liberté de voyager, parce qu’elle permet la rencontre, l’ouverture et la découverte, me semble être essentielle.

            Tout à faire d’accord avec vous, mais je parlerais plutôt de la liberté de circuler, c’est à dire de se mouvoir sans entrave. Ce qui est gênant et couteux c’est de voyager loin et vite. On peut voyager lentement, à pied, en vélo, en âne ou à cheval, certains font même le tour du monde avec ces moyens de transport (avec un peu de bateau aussi). Mais le problème est d’aller loin (comme en avion) ou vite (comme en voiture) c’est cela qui pollue.

            Un avion est à peu près aussi polluant qu’une voiture (rapporté aux personnes transportés). La seule différence c’est que l’avion parcours des milliers de kilomètres en quelques heures. C’est donc bien la distance qui est le problème ici, et non la pollution engendré par kilomètre parcouru (avec un bémol du fait que l’avion pollue dans les hautes couches de l’atmosphère, ou ses gaz sont beaucoup plus destructeurs).

            Ce qui est problématique, ce n’est pas de rejoindre Marseille depuis Lille, c’est de le faire en moins de 2 heures en avion !

            Et cette nécessité est encore plus prégnante dans les zones rurales, où l’absence de déplacement aisé devient mortifère et contre-productive.

            On revient à la même problématique que Paris, la trop grande densité démographique est non durable tout autant que la trop faible densité démographique. A la différence près c’est que les zone rurale ont en général un niveau d’autonomie un peu plus élevé (un jardin, des gens bricoleurs qui vont un peu moins dans les magasins).

            Bref, quelle serait la solution idéale ? De petites agglomérations, avec une économie locale et le moins de transport possible (puisqu’on a tout à disposition peu loin). Car si je ne l’ai pas mentionné avant, acheter des produits venant de l’autre bout de la terre engendre aussi des déplacements. On utilise son quota de déplacement en utilisant les transports mais également en achetant des produits venant de loin. D’où la difficultés d’affecter un quota précis à chacun.

            @Manue
            Cette répartition du quota n’a pas pour but de favoriser les riches aux dépends des pauvres. Il ne doit pas être un moyen de sélectionner par l’argent qui a le droit de voyager ou non. Au contraire, un quota par rationnement donnerait a priori les mêmes droits à chacun, quelle que soit sa fortune (avec toutes les problématiques de marché noir que cela engendre cependant).

            Une solution proposée par Jean-Marc Jancovici est la taxe carbone (article ici) : intégrer dans le prix (du produit, du transport) le véritable coût écologique et énergétique de la prestation fournie. On revient alors à une notion de prix, donc difficilement mutualisable par l’impôt (ou alors la taxe carbone ne sert à rien).

            Aujourd’hui les transports sont très chers

            Je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi Manue. Aujorud’hui, les transports te semblent très chers. En vérité, n’est-ce pas phénoménal de pouvoir prendre l’avion, de s’envoler dans les airs (alors que l’appareil pèse des dizaines ou centaines de tonnes) et d’atterrir sans encombre à l’aéroport désiré ? N’est-ce pas phénoménale de pouvoir prendre une autoroute parfaitement plane d’un bout à l’autre de l’Europe ? A-t-on oublié avec quelle facilité on voyage aujourd’hui comparé à il y a même pas 50 ans ?

            Et pourquoi est-ce si simple, si facile et si peu cher ? A cause de nos esclaves énergétiques que l’ont tire du pétrole (article ici). Vraiment lisez cet article et vous verrez que les transports ne sont pas chers, pas chers du tout. Ils nous semble chers parce qu’on s’est habitué très vite à eux.

            Comme nous le voyons dans le graphique ci-dessus, c’est le transport qui concentre l’essentiel de nos esclaves modernes. Quelques chiffres additionels permettront de cerner un peu mieux cet aspect :

            Si nous remplaçons un moteur de voiture par des esclaves pédalant fort, la plus modeste Twingo, avec ses 42 kW de puissance (soit environ 60 CV), consomme autant que 90 bonhommes en train de pédaler comme des forcenés, et en terme de puissance mécanique fournie, compte tenu du très mauvais rendement de la machine humaine (de l’ordre de 10%, alors que le moteur a un rendement atteingnant presque 50%), c’est environ 500 cyclistes en train de pédaler que cela représente ! Un autre parallèle peut être utilisé : sachant qu’un cheval de puissance représente réellement un cheval attelé en termes de consommation, cela signifie que le moindre smicard, aujourd’hui, a les moyens de se payer un attelage de 60 chevaux pour le prix de 6 à 8 mois de salaire. Et l’énergie vaudrait cher (bis ou ter) ?

            Un vol en avion, c’est 1 kWh pour 2 km en moyenne (par personne, bien sûr !). Un aller-retour Paris-Rome, aujourd’hui à la portée du premier venu, représente 2.240 km de distance parcourue, soit 1.100 kWh de consommés par passager, en chiffres ronds. Un seul vol en avion en Europe consomme donc autant (par personne) que la puissance mécanique de 6 paires de jambes d’un bon sportif qui tourneraient en permanence 10h sur 24 sur une année...

            Même une pétrolette de 50 cm3, avec ses 2 ou 3 kW de puissance de moteur, représente déjà l’équivalent de 15 à 20 êtres humains en train de pédaler....

            Aujourd’hui, nous disposons d’une énergie quasi gratuite : le pétrole. Mais celui-ci est en train de s’épuiser et nous n’aurons alors plus cette énergie gratuite. Tout le château de carte que constitue notre économie actuelle s’écroulera alors car il n’existe aucune énergie alternative à la hauteur des enjeux. Le nucléaire et les renouvelables resteront anodins (voir encore les articles de Jean-Marc Jancovici), le pétrole et le gaz sont en voie d’épuisement, reste le charbon : l’énergie la plus polluante de toute...

            Et quand il n’y aura plus de pétrole pas cher, les transports en commun s’arrêteront et seuls les riches pourront continuer à voyager. Il faut donc imaginer un système alternatif avant que ce problème ne se pose, le temps presse ! Sinon, qu’on le veuille ou non (volontaire ou contraint), le système deviendra de fait inéquitable !

            Que proposez-vous pour rendre le système plus équitable à long terme ?

            J’ai bien une réponse : tout le monde à pied et à vélo ! Pour les villes : interdiction de tout transport individuel (plus de voiture, mais exception pour les vélos) et financement commun (par l’impôts) des transports en commun.

            • jeudi 12 février 2009 à 20h00, par oh, bah ma foi

              « J’ai bien une réponse : tout le monde à pied et à vélo ! Pour les villes : interdiction de tout transport individuel (plus de voiture, mais exception pour les vélos) et financement commun (par l’impôts) des transports en commun. »

              Nous sommes donc effectivement d’accord... même si la question de la détermination de la ressource fiscale reste entière, par ces temps de bouclier fiscal.

    • jeudi 12 février 2009 à 14h32, par M’ENFIN !

      Il ne faut pas oublier le nombre de gens qui prennent leur voiture pour le moindre déplacement.

      Si les transports publics étaient gratuits et, pourquoi pas, entièrement financés par une taxe sur les carburants, ils réfléchiraient peut-être un peu - à leur échelle étriquée, on ne peut malheureusement pas demander à tout le monde d’être responsable et altruiste.

      Si l’avenir de la planète les indiffère, que ne feraient-ils pas peu de « pouvoir d’achat » en plus ?
      Ils pourraient même se résoudre à fréquenter le bas peuple pour se déplacer.



  • vendredi 13 février 2009 à 04h59, par pièce détachée

    Ce billet et sa discussion sont un grand moment d’Article XI (qui est déjà, il va sans dire, grandiose chaque jour que ses dieux font).

    Les commentaires semblant tous, sauf celui de Dominique, émaner de Paris ou d’autres métropoles, j’aimerais juste décrire la situation d’un désert de province (frange nord du Centre).

    L’offre : ici, les transports en commun se réduisent à un énorme autocar quasi vide (comme chez Dominique), dont les horaires et la desserte misérables sont calés sur ceux de la SNCF, au réseau sinistré, qui sous-traite ces cars ; l’arrêt le plus proche est à 3 km. La nouvelle équipe municipale de mon village a tenté d’organiser un transport par mois, un seul, pour nous relier... à la foire régionale, distante de 15 km ; mais même ça, « ça coûte trop cher » (impossible de savoir pourquoi ni comment). Pour les besoins médicaux récurrents, pas d’offre : toutes les vieilles mammographiables prennent rendez-vous quatre mois à l’avance pour le même jour chez le radiologue, et quelques-uns se dévouent pour le voyage (70 km AR). Idem (120 km AR) pour accoucher, se faire ôter une limaille de l’œil, etc. : tout le monde le même jour (ou nuit). La « nouvelle » équipe municipale n’en parle pas. Le projet de transport à la foire était destiné, dixit le maire, à « pouvoir siffler des canons de Pouilly sans se soucier des pandores au retour » — autrement dit, à rentrer chez soi, gratos ou presque, en compagnie d’un bon tiers de viande saoule qui braille. J’aime mieux payer l’essence de mon AX vingtenaire qui pollue grave pour me marrer avec des vieux qui en savent tant et mieux. L’ennui, c’est que, de plus en plus, les besoins et urgences de tout ordre sont pris en charge, concrètement, par des voisins éventuellement valides, bienveillants, disponibles et motorisés — sachant que le SAMU, si vous êtes en état de l’appeler puis de répondre, vous interrogera durant des dizaines de minutes précieuses sur le bien-fondé de votre agonie. Ça met bien des discours à distance.

    Jusqu’en 2004 ou 2005, je ne sais plus, les « aides à la mobilité », délivrées en tickets RATP à Paris, l’étaient ici par la prise en charge, par le Conseil général, des réparations d’automobile jugées « vitales » (pas les pneus). Cette prise en charge a disparu avec le transfert aux départements de la gestion du RMI : département sinistré ? mobilité sinistrée. Rien.

    L’énergie : ici, chaque personne en âge de conduire a une voiture, ou même deux (souvent une berline plus un 4×4) : un véhicule motorisé par personne, ce n’est pas toujours — quoique souvent — indispensable, mais c’est un signe extérieur de richesse. Et chacun prend le sien, même pour un aller-retour de 4 km à une réunion où l’on retrouvera trente voisins qui habitent à deux pas. Tracteur, voiture, moto, quad, tronçonneuse, tondeuse, banc de scie... on laisse tourner des demi-heures durant tout ce qui fait vroum, le temps de tailler le bout de gras en hurlant pour surmonter le bruit de la machine (c’est aussi un signe de richesse, de même que la télé, éventuellement l’ordinateur, allumés tout le temps dans la pièce où l’on n’est pas).

    La gratuité : on aurait tendance ici à se ruer dessus, pour être le-premier-à-en-avoir-le-plus, « puisqu’on y a droit ». Pas facile de faire comprendre la différence entre le fait d’avoir un droit et la nécessité ou non de l’exercer. L’exercice de cette gratuité n’est envisagé que dans les rapports marchands (la bonne affaire : trois chaussettes pour le prix d’une). Sauf si c’est une pratique culturelle (les champignons, qu’on ramasse par dizaines de kilos pour jeter le surplus une fois le record battu), le glanage et la cueillette sont des « trucs de pauvre ». L’écrasant supermarché du coin (il n’y a plus rien d’autre, merci de votre visite), vend très bien, en hiver des filets de vingt trognons de bois innommable (7,95 €), en septembre des mûres en mini-barquettes de plastique perforé importées par camion-frigo de la vallée du Rhône (25 € le kilo), etc. Arrêter le moteur pour ramasser en abondance, à l’orée des forêts, des fagots de charme et des petites branches de chêne (les deux meilleurs bois de chauffe), s’installer avec la jatte de crème devant un buisson de mûres en face de chez soi, ramasser des pommes véreuses et succulentes, non : sans la pancarte « super promo », ce n’est pas considéré comme gratuit. Ça sent le pauvre, incapable de monnayer en billets de banque ses désirs et ses forces, incapable de repérer une « bonne affaire ».

    Pour Mérès, qui écrit : « les zones rurales ont en général un niveau d’autonomie un peu plus élevé (un jardin, des gens bricoleurs qui vont un peu moins dans les magasins). » Oui et non. On est fier de ses caves, dans lesquelles c’est un privilège d’être reçu pour admirer en toutes saisons les étagères de bocaux, les tonneaux alignés, les congélateurs en rang : tout montre qu’on sait dompter la limace des fraises, l’évolution du ratafia, la perdrix, le sanglier, et les effets de la tempête qui font tout fondre. Cette accumulation ne suffit pas : les chariots du supermarché sont bourrés de trucs industriels à hauteur de 150-200 € par semaine pour deux personnes : la peur de déchoir, peur de manquer, peur du vide, aboutit à des réserves vouées à la ruine. Dans ce même supermarché, on voit des gens qui ont un jardin, tout leur temps, et pas d’argent, acheter des barquettes de carottes râpées à 6 € le kilo. On voit aussi, dans les conteneurs à déchets « tout venant », les bocaux jetés tout pleins de l’aïeul fraîchement décédé : ses réserves vouées à la ruine seront remplacées par des « produits du terroir » transportés d’ailleurs et payés cher — c’est ce qui fait leur valeur — sur les marchés de nos provinces gastronomes. Mélange dégoulinant de verre cassé, caoutchouc des bocaux, cornichons, confitures, prunes et cerises à l’eau-de-vie. Poubelles collectives en fermentation des peurs de manquer, vouées à la ruine.

    Pareil pour les « bricoleurs » de Mérès : là où l’on savait remettre en marche un Solex de récup’ avec des bouts de tôle, des ficelles électriformes et de confortables chiffons de selle, maintenant il y a foule devant d’énormes camions-magasins, annoncés par prospectus épais sur la place des villages, pour acheter à prix cassé un outil qui va forcément se casser (fer de hache dans la tronche, merci de votre visite). Les outils centenaires qui tiennent bien en main, eux, sont exposés au-dessus de la cheminée, ou sur la pelouse rase, à côté du barbecue bradé à prix déglingue.

    Aux Restaus du Cœur du coin, il faut insister pour recevoir des yaourts nature et des légumes que ne fournit pas le potager (mais qui n’intéressent personne) ; batailler pour refuser les sachets de soupe frelatée (double emploi cradingue avec les légumes frais) et les gâteaux industriels (double emploi artificiel avec tout ce qu’il faut pour en faire de très bons soi-même). Les saucisses-lentilles amylacées, les « terrines » à base de peaux de volaille (sic, « don de la CEE »), les « produits laitiers goût citron »... rien à préparer, rien à créer, rien à toucher... tout le monde en veut : « j’y ai droit, j’en prends ». — Et toi qu’en veux pas, tu veux quoi à la place ? puisque tu y as droit ?

    Dire NON, dire AUTREMENT à tout ça, et faire comprendre pourquoi sans être accusé de « la ramener » ? Les gars les filles, y a du boulot.

    • vendredi 13 février 2009 à 10h01, par oh bah ma foi

      Juste, me semble-t-il, éloquent et drôle (ce serait même hilarant si ça ne décrivait pas notre époque). Bravo !

      « Dire NON, dire AUTREMENT à tout ça, et faire comprendre pourquoi sans être accusé de « la ramener » ? Les gars les filles, y a du boulot. »

      Il manque juste un pas à pas illustré, mais, dans l’idée, j’en suis.

      On commence par quoi ?

    • Ce que vous raconter montre que dans les zones rurales (comme dans les villes), les consommateurs (les citoyens ?) font preuve d’une attitude non durable, très liée à l’énergie (par les déplacements, mais aussi par les produits achetés, industriels et venant de loin).

      Cette attitude sera mise en défaut d’ici quelques années, petit à petit, lorsque le coût de l’énergie rendra l’équation actuelle impossible. La prise de conscience que vous évoquez, en la désirant, sera volontaire... ou contrainte (planifiée... ou chaotique) !

      Je conclue de votre commentaire, que zone rurale ou citadine, mêmes problèmes, même combat...

      • @ Pièce Détachée : coucou :-)

        « Ce billet et sa discussion sont un grand moment d’Article XI (qui est déjà, il va sans dire, grandiose chaque jour que ses dieux font). »

        Marx m’est témoin, la deuxième partie de ta phrase me fait rougir. Par contre, j’adhère totalement à la première. Et je voudrais tout à la fois rendre grâce aux commentateurs pour ce débat de très haute tenue et m’excuser de ne pas y participer davantage, faute de temps. Mais qu’importe : vous vous passez évidement très bien de moi.

        « Le projet de transport à la foire était destiné, dixit le maire, à ’pouvoir siffler des canons de Pouilly sans se soucier des pandores au retour’ »

        La classe… On accueille les émigrants parisiens par chez toi ? Une commune avec un vrai projet de société éthylique, je veux en être…

        Pour tout le reste de ton très classe commentaire, je ne peux qu’approuver. Originaire des Vosges (qui sont pourtant loin d’être ce « désert de province » où tu habites), je reconnais une bonne part des travers et évolutions par toi décrits. A commencer par l’omniprésence de la voiture, bien obligée, tout au moins tant qu’une réelle offre de transport ne sera pas (re)mise en place. Dans le bourg (4 000 habitants) où j’ai passé mon enfance, le réseau ferré a été supprimé il y a une quinzaine d’années, la voie de chemin de fer transformée en piste cyclable. Le réseau de bus qui est censé avoir pris sa place était d’abord assuré par la SNCF, qui l’a récemment confié à un concessionnaire. Résultat ? Les bus ne passent plus qu’une à deux fois par jour, et pratiquement jamais pendant les vacances scolaires et les week-end. Et hors la voiture, il n’est plus de salut.

        Quant à l’évolution des garde-mangers, je prendrai garde à ne pas me prononcer. D’abord parce que c’est un domaine que je ne maîtrise pas, juste préoccupé d’avoir chaque jour que Marx fait mon stock de bière et de pâtes. Et ensuite parce qu’après un texte aussi joliment troussé, il n’est rien à ajouter. Sinon : merci.

        @ Oh bah ma foi : « On commence par quoi ? »

        Bonne question. Comme dirait l’autre - enfin… je crois - la tâche est lourde et la pente est rude. Bref, il y a l’embarras du choix.

        @ Mérès : je penche pour la contrainte. Les habitudes ne changeront que quand la majorité n’aura d’autre choix que de s’y résoudre. Quitte à ce que ce soit trop tard…



  • dimanche 19 avril 2009 à 02h32, par un-e anonyme

    Faut pas non plus faire de misérabilisme sur les vieux. Il y en a qui se débrouillent pas mal, et les autres, ça les rajeunit un peu.

    Voir en ligne : موقع

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