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mardi 21 février 2012

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posté à 22h06, par Thomas Serres
11 commentaires

Violence étatique et domination postcoloniale : le « modèle » algérien

Toujours les mêmes schémas : d’abord la révolution porteuse d’espoir, puis la répression présentée comme un juste retour à la normale... Ce fut le cas dans l’Algérie postcoloniale, quand le peuple a tenté de faire entendre sa voix. Et ça l’est aujourd’hui en Égypte ou en Tunisie, où les mécanismes de répression et de violence étatique tournent à plein, comme un permanent rappel de l’ancien régime.

La violence de l’État postcolonial s’inscrit dans une quête forcenée de la soumission du sujet et de son corps. Nous en avons une spectaculaire démonstration depuis un an dans la réponse faite aux soulèvements qui les menacent pas certains régimes arabes. Son absence de retenue et sa faiblesse idéologique sont remarquables, et s’expliquent par le contexte historique qui a vu sa naissance.

L’exemple algérien peut nous éclairer sur les mécanismes qui conduisent à la reproduction d’une idéologie qui devrait avoir passé l’arme à gauche il y a une quarantaine d’années. Qu’il s’agisse du rôle des militaires dans la construction de l’État, de sa forme particulière de violence ou de la justification de son maintien en dépit de ses échecs, l’histoire d’un pays qui fête cette année ses cinquante ans d’indépendance est riche d’enseignements.

Se pencher sur le précédent algérien permet ainsi d’explorer l’évolution d’un rapport entre contestation et répression, domination et émancipation. L’enjeu de la lutte est la soumission de l’homme, l’acceptation de son statut de sujet. À cet égard, les algériens mieux que quiconque offrent l’image de la résistance et du prix à payer pour celle-ci.

De l’ordre colonial à l’ordre postcolonial.

L’ordre colonial français en Algérie était une occupation et doit être compris comme tel. La violence qu’il exerçait était donc militaire plutôt que policière, bien que légitimée au nom de la « mission civilisatrice » des puissances occidentales. La naturalisation des vices présupposés des colonisés n’en était que plus brutale, ceux-ci étant présentés comme « fainéants-nés, menteurs-nés, voleurs-nés, criminels-nés.  »1 Elle justifiait une domination totale du corps de l’indigène, afin d’apprivoiser son instinct animal (de le mater), et faisait de l’humiliation et de la soumission les techniques par excellence du maintien de l’ordre.

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Par la suite, la révolution algérienne a entraîné la constitution d’un appareil bureaucratico-militaire, l’Armée de Libération Nationale, qui allait former la base du nouveau régime. Ce sont ces composantes sécuritaires qui se sont lancées, dès avant la fin du conflit, dans une opération d’éradication des composantes politiques du mouvement indépendantiste, ceci afin de s’approprier l’État en gestation. Ainsi, plus encore que toutes les autres institutions du nouvel État indépendant, l’armée se révèle l’héritière de l’ancienne force d’occupation. Elle a hérité d’une partie de son personnel (les DAF - Déserteurs de l’armée française - et les Marsiens - ceux qui ont rejoint la Révolution après les accords d’Évian) mais aussi de ses techniques.

Le maintien de l’ordre dispose alors des moyens décuplés de la Guerre, un domaine où, pour reprendre Clausewitz, «  tout ce que la théorie exige, c’est d’avancer sans trêve sur l’ennemi tant qu’on a l’intention de le terrasser  ». La disproportion des moyens de la répression militaire, quand elle se consacre à la protection de l’ordre en place, offre l’occasion à l’État postcolonial de réclamer la soumission totale de ses sujets. Quand la contestation prend une forme révolutionnaire, fort de ses moyens décuplés, il exige la réinsertion des corps rebelles dans l’ordre mythologique qui est le sien.

En Algérie, l’intervention croissante des militaires dans la répression à partir d’octobre 1988 a conduit une rupture riche de sens. Le mouvement de contestation gagnant en ampleur, l’état de siège fut proclamé et Alger quadrillée par des chars. Le 7 octobre, à la suite d’une marche organisée par les leaders du FIS, l’armée tirait sur la foule. La répression fit plusieurs centaines de morts, auxquels vinrent s’ajouter plusieurs milliers de blessés. Dans ce cas, la violence d’État s’accompagne d’humiliations, d’outrages qui traduisent la nature d’une force que la répression révèle comme extérieure, une véritable armée d’occupation. Les atteintes faites aux corps des victimes de la répression, les viols, sont les symptômes de l’extériorité de l’État, de son absence de considération pour la population qu’il réprime. En cela, il reprend les marques de la domination coloniale, de ses atteintes à l’intégrité physiques du dominé. Mais il ne s’agit plus ici des objectifs d’antan (guérir le colonisé de sa nature fainéante ou bestiale), mais plutôt d’une démonstration de la capacité à soumettre et donc du droit à commander par l’outrage car le corps du sujet est une possession du pouvoir2.

Le pouvoir né de l’indépendance face son peuple.

On touche là à la nature contradictoire du pouvoir postcolonial. Celui-ci s’appuie sur une mystification : l’union des dirigeants ayant récolté les fruits de l’indépendance et du peuple dont ils se prétendent les défenseurs. En vérité, les premiers ont réduit le second à l’état d’objet dont ils usent pour justifier leur mainmise. En Algérie, cette mystification est résumée dans la devise du quotidien étatique El Moudjahid : « La révolution par le Peuple et pour le Peuple. » L’ancien organe du FLN continue de proclamer ce slogan, ignorant opportunément les évolutions survenues depuis l’Indépendance. À l’observateur, il apparaît en fait que le « peuple » est loin d’avoir été le principal bénéficiaire de la Révolution.

Les propos d’Abdelaziz Bouteflika, alors jeune Ministre des Affaires Étrangères, tenus quelques jours après le putsch de 1965 aux dépens de Ben Bella, illustrent cette aspiration des dirigeants à apparaître comme l’unique émanation du peuple, et les exécuteurs légitimes de sa volonté. Il déclarait alors au journaliste français venu l’interroger :

« Dans ce pays, il n’y a pas une seule famille qui n’ait eu un fils, un père, un parent dans l’Armée de libération nationale. C’est vous dire que nous sortons des entrailles du peuple, nous appartenons profondément à ce peuple, et que rien ne nous séparera de ce peuple. C’est dire aussi que le terme putsch est un terme tout à fait impropre. »3

Mais la mystification se révèle brutalement quand les dirigeants se retournent contre la population dont ils jurent défendre les intérêts. Prétendument populaires, ils ont en fait intériorisé de longue date les comportements de la force d’occupation : spoliation des ressources économiques nationales, profanation du corps, naturalisation de la condition mauvaise du sujet, politique de terreur pour réaffirmer l’ordre. Entre 1988 et 1992, la brutalité du réflexe coercitif de l’État qui vacille marque la rupture définitive du simulacre algérien, l’invalidation du rapport entre le régime et le peuple-objet. Le choc est à la hauteur de la démystification brutale qu’il sous-entend. Ainsi, pour de nombreux habitants des quartiers défavorisés des villes, l’utilisation avérée de la torture et des viols, lie désormais l’image des services de sécurité à celle des tortionnaires coloniaux.

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L’usage d’une violence visant à profaner le corps du sujet (et non du citoyen), est le propre d’un État qui n’entretient aucune espèce de considération pour les manifestants qui contestent ses choix. Il n’exige que la soumission, et démontre son pouvoir par sa capacité à disposer du corps au-delà même de la simple souffrance physique. La torture, le viol, la mutilation sont les arguments de la démonstration du droit au commandement qui repose sur cette dichotomie : soumission ou massacre. On retrouve sans surprise le même genre de comportement dans la répression mise en œuvre par l’État-milicien de Ghaddafi en Libye, l’appareil bureaucratico-militaire syrien, et le Conseil Supérieur des Forces Armées en Égypte au cours de l’année 2011.

C’est probablement dans cet acharnement des forces de sécurité et de l’armée à l’égard du corps de leurs victimes que la nature postcoloniale du régime algérien s’est révélée avec le plus de crudité, et avec elle son complet désintérêt pour son peuple. Après cette démonstration, l’accusation à son égard d’être le représentant du Hizb al-França, le parti de la France, n’en a fait que davantage sens. Quand le mythe de l’identification de l’État au Peuple est rompu, les dirigeants sont à leur tour rejetés du corps national. Symboliquement, cela s’exprime par le changement du drapeau qu’ils avaient autoritairement choisi pour le pays, ainsi que par les accusations de trahison portées à leur encontre une fois leur déchéance acquise.

La naturalisation des maux humains et la justification de l’Etat

Sans l’assumer de manière aussi claire que son ancêtre colonisateur, le régime postcolonial reprend à son profit les théories sur la nature de l’indigène. Les franges de la population qui contestent sa mainmise sur les ressources se voient à nouveau dotées de caractéristiques essentielles. Parmi celles-ci, la malhonnêteté, l’indiscipline, la fainéantise ou la violence figurent en premier plan ; à force d’être répétés, elles contaminent la représentation que la population se fait d’elle-même. C’est la nature même de toute forme d’ordre ou de système que d’essayer de rendre naturel son existence et ses mécanismes4. Franz Fanon démontrait ainsi de quelle manière la naturalisation de l’essence mauvaise des colonisés justifiait jadis l’entreprise de « pacification » coloniale :

« La non-intégration des lobes frontaux dans la dynamique cérébrale explique la paresse, les crimes, les vols, les viols, le mensonge. Et la conclusion, c’est un sous-préfet - aujourd’hui préfet – qui me la donnait : « À ces êtres naturels, disait-il, qui obéissent aveuglément aux lois de leur nature, il faut opposer des cadres stricts et implacables. Il faut domestiquer la nature, non la convaincre. » Discipliner, dresser, mater et aujourd’hui pacifier sont les vocables les plus utilisés par les colonialistes dans les territoires occupés. »5

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En Algérie, les composantes guerrières de l’État en gestation se sont très tôt appropriés cette thématique. L’entreprise de justification des structures policières et de la bureaucratisation passait par la mise en avant de l’indiscipline du peuple. Ainsi, le ministre de l’intérieur du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérien), Lakhdar Ben Tobbal, justifiait déjà en 1960 l’exigence d’unité et de discipline à l’intérieur du mouvement indépendantiste par la tendance naturelle des Algériens à l’anarchie6. Par la suite, tant la crise économique continue que la guerre civile ont contribué à renforcer la représentation péjorative de la nature algérienne. Le mythe de l’arabe voleur et coupeur de gorge a contaminé les représentations et déformé le réel. James McDougall souligne le décalage entre une vision caricaturale de la violence des Algériens, et la réalité de leur rapport à celle-ci. Là où la caricature pousse à naturaliser la violence des années 90, que ce soit du fait des observateurs étrangers ou de la part des autorités algériennes elle-mêmes, à en faire une manière d’« être » nationale corrompue, ces conceptions s’avèrent étrangères à la plupart des Algériens7. Ceux-ci ont des représentations bien plus banales - et censées -, où la violence est vue comme génératrice d’un danger, synonyme de perte, et donc évitée et condamnée.

Or, face à la perte de confiance, la crainte du vol ou de l’agression, l’impératif d’un pouvoir policier nécessaire à la sécurité s’affirme. La nature mauvaise des Algériens, mystification plus pernicieuse encore que l’identification de l’État au Peuple, sert de justification à l’ordre. De manière plus remarquable, elle nourrit le premier mythe, car elle justifie la violence massive et le désintérêt des dirigeants pour leur population en rappelant que si l’État est mauvais, c’est parce qu’il partage la nature du Peuple dont il est issu.

L’émancipation par la soustraction

Le pouvoir postcolonial persiste donc à revendiquer la soumission de ses sujets, pour leur bien et au nom de la nature. Devant le caractère insupportable de la domination et le déséquilibre des forces, la fuite apparaît alors comme le meilleur moyen de soustraire son corps au poids de la sujétion. On retrouve là les termes de la dialectique maître/esclave8. Mais il ne s’agit pas pour autant d’abandonner toute forme de lutte contre l’oppression : La fuite permet à la fois de prendre une distance à l’égard de l’État, de son potentiel destructeur et corrupteur, et dans le même temps de chercher ailleurs les moyens de la lutte révolutionnaire. Comme le remarquait Gilles Deleuze, il s’agit ici de « fuir, mais en fuyant, chercher une arme. »

Entre 1988 et 1992, alors que la militarisation de la répression battait son plein en Algérie, les quartiers populaires ont tout particulièrement été les cibles du harcèlement et des exactions des composantes sécuritaires de l’État. En réponse, ils ont logiquement fournit les guérillas islamistes en jeunes sous-prolétaires radicalisés. Les victimes et témoins des exactions quotidiennes des forces de police, des outrages verbaux et des profanations physiques, ont trouvé dans la fuite au maquis un moyen de s’émanciper d’une domination devenue insupportable. La répétition de l’hégire prophétique offrait ainsi au sujet fatigué de l’oppression l’occasion de combattre par les armes le tyran étatique. Dans le même temps, l’idéal de pureté véhiculé par l’Islam s’avérait une réponse adéquate aux profanations passées et présentes. Les jeunes combattants, purifiés par leur ablutions et parfois maquillés de khol, puisèrent alors dans un passé mythique et chevaleresque des représentations afin de reconstruire leur intégrité physique et morale.

Pour autant, si la violence de l’État contribue à radicaliser encore ses victimes, elle vise aussi, dans la durée, à les isoler. En Algérie, l’enclavement dans les cités puis l’exil dans les maquis s’est doublé de la taxation des populations sous le contrôle des émirs, puis par le déploiement à leur dépens d’une violence sans cesse croissante. Le terrorisme islamiste à répondu au terrorisme d’État, avec l’usage privilégié de l’arme blanche et des formes les plus horribles de mutilation9. Les anciens libérateurs reproduisent les pires formes d’exploitation et d’exaction. Dans le même temps, par le biais de la surenchère violente, de la transformation de la contestation en nouvelle coercition, c’est toute la thématique du drame, du péril national et de l’union chère aux dictatures militaires qui se trouve légitimée. En somme, le pourrissement de la situation a induit deux conséquences favorables à l’État algérien : le renforcement de la thématique de l’ordre et la transformation de la contestation en une force répressive discréditée. Une fois coupés de leurs racines populaires, les anciens contestataires se trouvent encerclés par un pouvoir qui dispose de ressources largement supérieures, et qui tire de surcroît une légitimité de leur résistance. Réduit à n’être plus qu’une infime fraction, ils ont le choix entre la reddition (synonyme de contrition) et une fuite dans l’irrationnel qui les isole un peu plus.

Mais même au-delà de la guerre civile, le caractère décidément insupportable de la domination de l’État postcolonial continue bien souvent à alimenter le désir de fuite du sujet. En Algérie, les désordres économiques, politiques et sociaux nourrissent l’idée d’un ailleurs, même si celui-ci s’avère largement fantasmé. Le but n’est de toute façon pas de rejoindre un Paradis, mais de quitter une situation vécue comme un Enfer. La mort est alors intégrée comme relevant d’un risque acceptable tant la vie est rendue proprement invivable. C’est là la terrible morale de ce slogan des harragas algériens : « Plutôt mangés par les poissons que par les vers de terre.  »10 Les risques considérables pris par ces jeunes qui défient la mer sur des embarcations de fortune révèlent une quête forcenée de l’émancipation. Braver la mort permet de revenir à la vie, de revendiquer son droit à exister librement et indépendamment d’un pouvoir profondément aliénant, d’un ordre qui n’offre comme perspective qu’un déni d’existence, qu’une longue agonie dans l’ennui. C’est sans compter sur l’appétit de domination de l’État algérien et la complicité de ses homologues européens. Les harragas sont capturés en mer et criminalisés par la loi. La soumission du sujet se répète alors par son enfermement dans une cage à ciel ouvert.



1 Franz Fanon, Les Damnés de la Terre, édition électronique de l’UQAC, 2002 (1961), p 287.

2 Achille Mbembe, « Provisionnal Notes On the Postcolony », Journal of the International African Institute, Vol. 62, No. 1, 1992, pp. 3-37.

3 Propos retransmis dans un reportage de la télévision française, le 25 juin 1965. Archive vidéo consultable sur le site de l’INA, ici.

4 Pierre Bourdieu, Esquisse d’une théorie de la pratique, précédé de trois études d’ethnologie kabyle, Droz, Genève, 1972, p 164.

5 Franz Fanon, Les Damnés de la Terre, édition électronique de l’UQAC, 2002 (1961), p 293.

6 Mohamed Harbi, Les archives de la révolution algérienne, Éditions Jeune Afrique, Paris, 198, p 290.

7 James McDougall, Savage Wars ? Codes of Violence in Algeria, 1830s-1990s, Third World Quarterly, Vol. 26, No. 1, 2005, p 119.

8 Grégoire Chamayou, Les chasses à l’homme, La fabrique éditions, Paris, 2010, p 93.

9 Abderahmane Moussaoui, « La violence en Algérie. Des crimes et des châtiments », Cahiers d’études africaines, Vol. 38 n°150-152. 1998. p 254.

10 En dialectal, « Yakoulna l’hout wa la adoud ».


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 22 février 2012 à 10h54, par ZeroS

    Chouette article qui remet bien en perspective les récentes révolutions arabes, et les réactions qui s’ensuivent. Et puis l’Algérie, on n’en parle pas trop, finalement.

    Au-delà des questions relatives à la place et au rôle de l’État (postcolonial), je m’interroge sur les formes concrètes et la composition sociale des résistances et des mouvements populaires, et ce qui fait qu’à un moment ça bascule ou pas.

    Sans prêcher pour ma paroisse, je trouve que les questions soulevées par Alain Hugon pour la révolution napolitaine de 1647-1648 sont éminemment d’actualité (même s’il s’agit d’une société d’Ancien Régime - de toute façon la scansion pré-moderne/moderne/postmoderne est une connerie inouïe affrontée à une observation pas trop niaise et éthérée de la réalité).



  • Quel tableau !



  • mercredi 22 février 2012 à 15h25, par wuwei

    « C’est sans compter sur l’appétit de domination de l’État algérien »

    Comme tout état il n’échappe pas à la règle qui veut qu’un jour ou l’autre, plus ou moins rapidement et avec plus ou moins de violence il se retourne contre son peuple.

    Aujourd’hui, comme toujours, que ceci soit notre devise : À bas les capitalistes et les gouvernements, tous les capitalistes et tous les gouvernements.

    Vivent les peuples, tous les peuples.

    Errico Malatesta, 1916.



  • mercredi 22 février 2012 à 19h11, par Pouvoir Assassin

    « À mon avis, l’Algérie passera par d’autres types de secousses. Il y a une classe au pouvoir qui a bloqué les issues. Les richesses accaparées sont énormes, sans compter celles qui ne sont pas exploitées. Les forces sociales ne sont pas constituées, les élites sont segmentées et le pouvoir a la possibilité d’incorporer des forces d’opposition successivement, moins pour régénérer le pouvoir que pour démobiliser les dites forces. Tout est balayé successivement. La révolte de 1988, les émeutes de Kabylie de 2001, de tout ça, il n’en reste rien. Le pouvoir digère tout. » commentait l’historien et témoin de la décolonisation Mohammed Harbi à propos la situation algérienne.
    L’Etat algérien n’a eu de cesse de tout verrouiller, de tout récupérer. Depuis 10 ans, il a compris l’usage qu’il pouvait faire de l’islamisation (construction massive de mosquées sous contrôle, répression de toutes les attitudes non-hallal) pour maintenir la paix sociale.
    Autre problématique insoluble, la question berbère. Les Kabyles, qui sont une des forces principales de changement du pays, souffrent de leur particularisme supposé. Quand ils bougent, le reste de l’Algérie les boudent et réciproquement. L’Etat algérien sait aussi profiter de ces divisions.



  • dimanche 26 février 2012 à 12h09, par Bozo

    « fuir, mais en fuyant, chercher une arme. »

    Le mot n’est pas de Deleuze, mais de Georges Jackson (« Les Frères de Soledad ») !

    A tout seigneur, tout honneur....

    • dimanche 26 février 2012 à 17h59, par A.S.KERBADOU

      Merci de gratter là où ça me démangeait !

      • jeudi 1er mars 2012 à 01h43, par Amedhyaz

        La même....Merci pour ton article !



  • samedi 3 mars 2012 à 04h20, par un algerien de nanterre « ubi friend »

    BIEN TENTEZ !!! MAIS IL FAUT ETRE ALGERIEN POUR COMPRENDRE L’ALGERIE. faite attention comme meme ...

    • mercredi 7 mars 2012 à 12h53, par Thomas Serres

      Sérieusement ? Bizarre tout de même que la plupart des chercheurs algériens qui étudient leur pays aillent pour une raison ou une autre le faire dans un autre pays. Et puis merci pour Fanon.

      Enfin, merci pour votre mise en garde, je pourrais tomber dans les escaliers...



  • Sans doute, les Algériens sont mieux placés pour témoigner sur leur pays et le comprendre. Ne dit-on pas qu’il y a autant d’avis sur l’Algérie que d’Algériens. Je comprends que nous soyons chatouilleux quand les Français parlent de notre pays. Maintenant, pour prendre une parabole clinique, ce n’est pas parce qu’on est malade qu’on est forcément spécialiste de la maladie (attention je dis pas qu’être Algérien est une maladie mais vous aviez compris). Par-exemple, il y a d’excellents experts anglo-saxons qui comprennent mieux la situation politique de France que bien des Français eux-mêmes.

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