ARTICLE11
 
 

lundi 12 octobre 2009

Le Cri du Gonze

posté à 11h04, par Lémi
23 commentaires

De l’exclusion en avant-garde : Breton Vs Debord, le combat des papes
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Je te vois venir. Tu vas commencer par t’offusquer d’une analyse comparée qui sabre Breton pour mieux prendre la défense de Debord, son fils illégitime. Puis tu fulmineras devant une quasi apologie de l’exclusion sauce Debord. « Quel abruti ce Lémi », grogneras-tu. Normal. Ceci dit, tu auras parcouru quelques pages plutôt méconnues de l’histoire des avant-gardes. Tu concluras, bon joueur : c’est mieux que rien…

Ça colle à sa postérité comme le goudron et les plumes à la peau des tricheurs dans une aventure de Lucky Luke. Poisseux et odorant, limite sans remède. Prononcez le nom de Guy Debord dans une conversation et illico les mêmes conclusions reviennent, le même constat désabusé : mégalomanie, « exclusionnite », néfaste folie des grandeurs. Comme si le bilan global du principal inspirateur des avant-gardes lettristes et situationnistes1 se devait d’être ramené avant tout à une certaine manière de fonctionner et de pratiquer « l’épuration ».

En la matière, André Breton, petit père des peuples surréalistes, a précédé Guy Debord et lui a indirectement transmis un héritage. Dogmatisme, postures de gourou, anathèmes vengeurs, ratiboisement de tout ce qui dépassait ou menaçait son magistère… Avec le recul, il est difficile de nier que Breton se soit laissé emporter par sa soif de reconnaissance et de puissance. Cette avant-garde vive et créative qu’était le surréalisme des débuts est devenue - avec son autorisation, voire ses encouragements - un groupe sectaire et dogmatique, épuisé de s’être trop déchiré.
Quand Debord débarque en terre parisienne en 1951, le couteau entre les dents, le surréalisme n’est quasiment plus qu’un tas de cendres froides et bourgeoises, ragout d’histoire morte qui n’a même pas eu la présence d’esprit de se dissoudre tant qu’il était encore temps. Décevant Dédé les amourettes (surnom de Breton chez les lettristes) qui après guerre (la deuxième) se fait bête de salon, mondain grisonnant. Qu’il se fasse étriller par le nouveau-venu et ses comparses n’a alors rien d’étonnant.

Les avant-gardes du XXe siècle ont rarement dérogé à la règle de l’homme providentiel, du chef omniscient. Dada, pour ne pas y avoir souscrite, a sauvé son âme, mais a vite été dépassée, récupérée, désossée. Le futurisme italien, pour y avoir plongé sous la houlette d’un certain Marinetti, fasciste en puissance, s’est rapidement dissout dans la nullité. Le cas des surréalistes, des lettristes et des situationnistes est plus compliqué. Le surréalisme aurait-il pu accoucher de tant de fulgurances sans la mainmise du très horripilant André Breton ? Les lettristes ne seraient-ils pas restés un petit nombre d’agitateurs lettrés repliés sur eux-mêmes (ce qu’ils étaient de 1946 - date de naissance du lettrisme propulsé par Isidore Isou - à 1951 - date d’arrivée de Debord dans le groupe et de la création de l’Internationale Lettriste (IL)) sans le renfort de Debord ? Et les situs ? Quid des situs sans Debord ?
Ces questions, je ne prétends pas y apporter de réponse (tu m’as bien regardé ?). Mais les poser permet d’interroger les logiques de création et de domination à l’œuvre dans une avant-garde qui se prétend révolutionnaire. Il y a différentes manières d’être un pape. Diverses façons de guider ses troupes. Les rôles de meneur que se sont confectionnés Breton et Debord en sont une parfaite illustration. Deux gourous, deux papes, deux monstres froids capables d’une méchanceté terrible, écharpant sans pitié, sans prévenir, ce que hier encore ils portaient au pinacle. Mais également deux stratèges bataillant pour leur cause avec des visées différentes.

Pour les besoins de ce billet, j’ai choisi de distinguer deux formes d’exclusion : celle, stérile, basée sur une obligation d’adhésion à un dogme peu évolutif ; et celle qui se targue de refuser l’immobilisme, de toujours faire rebondir un mouvement dans une direction féconde. André Breton serait le parangon de la première ; Guy Debord se situerait entre les deux. La réalité, évidemment, est plus nuancée, mais tu ne vas pas chipoter, non ?

Le surréalisme : modèle ès exclusion et père à tuer

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Il fallait tuer cet aïeul encombrant. Les lettristes s’y sont employés. Par d’incessantes attaques contre le père surréaliste, cadavre à profaner tout en le pillant allègrement, ils annonçaient la couleur situationniste : il s’agissait de remplacer une vieille garde récupérée et bourgeoise par une autre, irréductible et diablement plus provocante.

Il suffit de parcourir les trente numéros de Potlatch3, un des organes de l’IL, pour comprendre le rôle de répulsion/attraction qu’exerçaient encore les surréalistes sur Guy Debord, Gil J. Wolman ou Michèle Bernstein, nouvelle garde lettriste. Surnommé « Dédé les Amourettes », Breton s’y fait régulièrement étriller, en compagnie d’une jeune garde surréaliste qui n’a pas grand chose à voir, question fulgurances, avec celle qui l’accompagnait dans les années 1920 et 1930. En réponse à un tract surréaliste les dénonçant comme provocateurs à la solde de Moscou, les scandaleux lettristes publient ainsi, lourdement ironiques, cette « Petite Annonce  » :

Breton, jeunes compagnons de Bretons, faites un bon mouvement – un beau geste : envoyez-nous un exemplaire du tract où vous nous insultez. N’ayez pas peur, on ne vous battra pas. C’est seulement pour rire. Nous aimons bien votre style…

À l’inexorable embourgeoisement surréaliste, devenu art mondain et sénile, la nouvelle garde répondait par la provocation et l’invective. Mais si les lettristes, puis les situs, cherchèrent si fort à se détacher des surréalistes, affichant une prédilection marquée pour les provocations de Dada, ils n’en gardèrent pas moins de très fortes similitudes avec ceux qu’ils aimaient tant haïr. Ainsi des théories de la Dérive, déjà présentes à l’état embryonnaire dans Nadja de Breton ou dans Le Paysan de Paris d’Aragon. De la croyance en une révolution salvatrice. Ou… de la pratique de l’exclusion comme stratégie de survie.

L’histoire du surréalisme est jalonnée de ruptures, plus ou moins violentes. Dès 1923, Breton se brouille avec Philippe Soupault, un des surréalistes « historiques ». Dans les cercles surréalistes, ils sont alors beaucoup à voir en Soupault quelqu’un qui se prépare à une « carrière », à un rôle littéraire. Un traitre en puissance. Dès mai 1923, Breton écrit dans Littérature, sous le titre « Philippe Soupault », un article pour le moins sommaire censé résumer la contribution de son ami au mouvement durant les quatre années passées. On lit : « Les champs magnétiques4 » , puis… suivent quatre pages blanches. Le message est clair5, le procédé un tantinet malhonnête, Soupault dégouté, débouté. Antonin Artaud est évacué dans le même temps, avec les autres tenants de « L’art pour l’art ». Suivront, en ordre dispersé, Tazara, Eluard, Max Ernst, Aragon, Matta (exclu en 48 pour « disqualification intellectuelle et ignominie morale. »)…

Signalons également la disgracieuse exclusion, en 1930, de Robert Desnos, dont Breton supportait mal le talent lumineux. Comme l’écrit Patrice Delbourg (ici), avec une hargne somme toute réjouissante :

Mais au cœur de la turbulente famille surréaliste, on se souvient que l’excommunication suit de près le dithyrambe. En 1930 le gommeux pape André Breton (“ce palotin du monde occidental”, “ce lion châtré”) toujours avide d’un tribunal de salut public, exclut Desnos du mouvement surréaliste avec cet épouvantable ton de greffier : “signifiant à l’impétrant que nous le groupe n’attend absolument plus rien de lui et le libère de tout engagement à notre égard”.

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Au final, dès l’après-guerre, Breton est presque seul, « pape » isolé remâchant ses désillusions. D’avoir trop aimé les procès6, il végète en compagnie bien peu stimulante.

De l’exclusion comme possible combustible

Si l’Internationale Situationniste (IS) d’après 1968 s’est peu à peu ramené à une forme de sectarisme contre-productif frôlant le stalinisme, si les déclinaisons situationnistes contemporaines semblent menacées du même écueil, il convient de rappeler que l’exclusion ne procédait pas chez Debord d’une volonté d’enfermement mais d’un désir d’ouverture. Au début, en tout cas. Il s’agit de ne pas s’enfermer dans une direction, de rebondir ailleurs, quitte à renier ce qui avait été aimé le jour d’avant. Pas d’idéologie (pour Debord, on ne pouvait parler de situationnisme, simplement de situationnistes), pas de doctrine, simplement une volonté de dépassement permanent adossée à un sens critique hypertrophié. En ce sens, une stratégie avant-gardiste basée sur l’exclusion n’est pas forcément synonyme de rigidité intellectuelle et de dogmatisme. La vie et la création peuvent courir dans les veines d’un mouvement pratiquant l’exclusion, même (surtout ?) quand cette dernière est violente et teintée d’irrationnel.

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Exclure par automatisme, par souci du règlement, la chose manque singulièrement de panache. Breton, prophète auto-proclamé frappait d’anathème quiconque ne se conformait pas aux devoirs du bon surréaliste. Ainsi de Crevel exclu pour « sexualité déviante ». Par contre, telle qu’elle se pratique dans les premiers cercles lettristes, l’exclusion est plutôt synonyme de création. Certes, on y retrouve toujours la patte de Debord, stratège en chef, mais elle s’enrobe d’humour, de provocation. Et d’une méchanceté gratuite assez jubilatoire8. Dans un numéro de Potlatch daté d’aout 1954, le malheureux Conord est ainsi évacué :

A.F. Conord dont la maladresse du style ne parvenait pas à dissimuler l’indigence de la pensée a été définitivement exclu le 29 aout sous l’accusation de néo-bouddhisme, évangélisme, spiritisme.

Sévère mais jubilatoire autant qu’absurde. De même, le numéro 8 de juin 54 présente les raisons de l’exclusion de quelques lettristes importants. Titré « à la porte », il est surmonté de cette indication : « l’Internationale Lettriste poursuit depuis novembre 1952 l’élimination de la « vieille garde ». Suit une liste égrenant les exclusions du mois dont Mension9 accusé d’être «  simplement décoratif » et Langlais expédié d’un lapidaire « sottise  »…

Autre exemple, tiré du numéro 27 de Potlatch : « Fillon et Wolman ont été exclus de l’IS le 13 janvier. On leur reprochait depuis assez longtemps un mode de vie ridicule, cruellement souligné par une pensée chaque jour plus mesquine et plus débile. Wolman avait eu un rôle important dans l’organisation de la gauche lettriste en 1952. Fillon n’avait rien fait. »

Fillon n’avait rien fait. En une seule phrase, tout est dit. Méchanceté, gratuité de l’attaque, refus de s’appesantir sur ce qui désormais est passé. Celui-là n’est plus des leurs, désormais ils sont ailleurs. Horrible comportement, mais aussi ferment à création. Par cette idée « d’élimination de la vieille garde  », dans laquelle on pourrait lire une tentation stalinienne, il s’agit surtout de ne conserver au sein de l’IL, puis de l’IS, qu’un noyau limité d’acteurs, d’éviter la dispersion. En 1957, les participants à la décisive conférence de Cosio di Arroscia, celle qui enfanta officiellement de l’IS, n’étaient que huit (voir ci-dessous le portrait des participants, moins un, Ralph Rumney, qui prenait la photo). Jusqu’en 1968, le noyau de participants réels à l’IS dépassa rarement la quinzaine de personnes. La balistique situationniste ne pouvait s’encombrer d’un personnel trop fourni. Stratège accompli, admirateur de Clausewitz, Debord ne cherchait pas la puissance, la gloire, seulement la configuration optimisée, changeante au gré des circonstances, d’une avant-garde souhaitant défaire le monde et bien décidée à s’en donner les moyens. Par tous les moyens.

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Quand Isou, le fondateur du lettrisme, se voit exclure de son propre mouvement en 195210, c’est suite à son refus de cautionner un tract agressant joyeusement l’une des icônes de l’époque, Charlie Chaplin, alors de passage à Paris. Ce tract, intitulé Fini les pieds plats, ne fait certes pas dans la demi-mesure, mais il correspond totalement à l’esprit irrévérencieux revendiqué par les lettristes, punks avant l’heure. Isou, répondant platement à cette provocation qu’il condamnait en parlant d’ « Amertume de la jeunesse » souligne d’ailleurs involontairement ce qui désormais lui fait défaut : le gout de la provocation absolue. Dès lors sa place n’est plus avec ceux qui dynamitent tout sur leur passage. Comme l’écrivit Gil J. Wolman : « Il est inutile de revenir sur les morts, le bloom s’en chargera. »

On mentionnera également l’éviction du peintre Ralph Rumney, en retard dans sa livraison d’un guide psycho-géographique de Venise et joliment exclu par un texte d’Internationale Situationniste intitulé « Venise a vaincu Ralph Rumney » :

Voilà que la jungle vénitienne a été la plus forte et qu’elle se referme sur un jeune homme plein de vie et de promesses, qui se perd, qui se dissout parmi nos multiples souvenirs.

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L’autre face de l’exclusion sauce Debord

Michèle Bernstein, un temps sa compagne, a souvent souligné que les véritables raisons des exclusions commanditées par Debord étaient bien souvent éloignées du motif officiel. Simples parures pour maquiller la vérité. Ralph Rumney, témoigne ainsi dans Le Consul, livre d’entretien publié en 199911 :

Les mobiles d’expulsion publiés dans Potlatch et dans l’IS n’ont aucun rapport avec les véritables raisons. Il y avait deux critères antinomique d’exclusion. La nullité et l’inefficacité, souvent tolérées jusqu’à leur manifestation ostentatoire, d’une part - l’égalité proclamée qui cachait le fait que Guy se savait plus égal que les autres – , et d’autre part, au contraire, un esprit trop brillant : je ne citerais que Dufrêne et Wolman. (…) J’ai à ce propos une anecdote exemplaire : un jour, François Dufrêne a rencontré Guy dans la rue. Il lui a tendu la main pour lui dire bonjour. Guy, ignorant la main, lui a dit : « A partir d’aujourd’hui, je ne te parle plus. » Il ne lui a plus jamais adressé la parole et ne lui a pas donné d’explications12.

Souvent, l’IL puis l’IS laissent dans leur sillage des hommes incapables de comprendre ce qui a bien pu motiver leur exclusion. Ainsi de Piet de Groof, croustillant situationniste belge rencontré par votre serviteur et qui ne cesse de remâcher sa désillusion, plus de 40 ans après l’évènement. L’article que je lui avais consacré (ici) disait ceci :

Encore maintenant, quand Piet de Groof aborde la question, l’incompréhension reste totale. Penché sur son passé, vitupérant contre ce Trafalgar personnel, il cherche à élucider un mystère qui l’obsède : pourquoi s’être débarrassé de lui alors qu’il venait de prendre tellement de risques pour la cause situationniste ?

Incompréhension, accusations de mégalomanie… Les choses vont en s’aggravant à mesure que l’IS conquiert des disciples. Après que Debord se soit débarrassé de la composante artistique de l’IS (Asger Jorn, Ralph Rumney, le peintre italien Pinot Gallizio etc.) pour focaliser son action sur un champ uniquement politique, l’IS se désagrège dans l’après-68 au moment même où ses idées explosent au grand jour. Devenue chapelle, lieu de communion pour Pro-situs en mal de bréviaire politique, l’IS ne fonctionne plus qu’en regard de son gourou Debord, qui se brouille également avec Raoul Vaneigem et se retrouve ainsi - tel Breton - isolé au sein même de son propre mouvement, sans véritable répondant intellectuel. Roi sans sujets de valeur.

Si bien qu’on peut s’interroger sur l’opportunité d’exclure des esprits aussi brillants que Gil J. Wolman, Raoul Vaneigem, Asger Jorn, François Dufrêne… La route tracée entre 1951 et 1972 par les avants-gardes lettristes et situationnistes sous la houlette de Debord est jalonnée de cadavres d’amis & camarades exclus en chemin, délaissés malgré (voire pour) leur talent. La stratégie, un temps, a fonctionné. Mais n’enfante plus que rancœurs et incompréhensions quand les idées situationnistes se font populaires. On relira avec profit ce portrait tracé dans le Nouvel Observateur du 22 mai 1972 et cité par Debord dans Panégyrique13, en se demandant si il faut y voir un éloge :

L’auteur de La Société du spectacle est toujours apparu comme la tête, discrète mais incontestable… au centre de la constellation changeante des brillants conjurés subversifs de l’I.S., une sorte de joueur d’échec froid, conduisant avec rigueur… la partie dont il a prévu chaque coup. Agrégeant autour de lui, avec une autorité voilée, les talents et les bonnes volontés. Puis les désagrégeant avec la même virtuosité nonchalante, manœuvrant ses acolytes comme des pions naïfs, déblayant l’échiquier coup par coup, s’en retrouvant enfin seul maitre, et toujours dominant le jeu.

Au final, il se peut que cette longue démonstration s’égare. Que l’exclusion pratiquée par Debord n’ait pas eu de grandes différences avec celle pratiquée par Breton. Reste cette certitude : d’avoir su dissoudre son mouvement dès 1972, alors même que tous s’en réclamaient, d’avoir tout fait pour que les idées situationnistes ne se galvaudent pas, Debord a au moins su faire passer les intérêts de son mouvement avant les siens. Ce dont Breton, pape ridé du surréalisme agrippé à son spectre, fut furieusement incapable.


On avait abandonné depuis un moment ce thème situationniste ayant donné lieu à un commencement de série sur A11. On y revient et c’est l’occasion de rappeler les trois premiers opus déjà disponibles en librairie (sachant que d’autres ne devraient pas tarder à faire leur apparition) :

1 : Rencontre avec Piet de Groof : Docteur de Groof et Mister Korun : Une histoire belge
2 : Entretien avec Raoul Vaneigem : « Ici, les citoyens élisent le boucher qui les conduira à l’abattoir »
3 : Application des principes psycho-géographiques à la plus belle ville du monde : Des théories situationnistes en territoire exotique : Valparaiso, ville « Dérive »

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1 Pour mémoire, rappelons que le lettrisme fut fondé par Isidore Isou en 1946 mais ne se regroupa sous le terme d’Internationale Lettriste (IL) qu’à partir de 1951 et sous l’impulsion de Debord. L’IL sévit jusqu’en 1957, date à laquelle elle laissa la place à l’Internationale Situationniste (IS). L’IS fut dissoute en 1972.

2 André Breton par Victor Brauner.

3 Regroupés dans Potlatch. 1954-1957, éditions Allia, 1996.

4 Un des premiers textes automatiques, écrit ensemble par Breton et Soupault.

5 Soupault, hors collaboration avec Breton, n’aurait rien fait…

6 Lire à ce sujet l’excellent Procès surréalistes, publié aux éditions Jean Michel Place.

7 Guy Debord à l’époque de son premier film lettriste (1952), Hurlements en faveur de Sade.

8 La même qui caractérisait Potlatch. Et faisait rédiger par ses rédacteurs des télégrammes du genre de celui-ci, envoyé à Francis Ponge : « AH PONGE TU ÉCRIS DANS PREUVES, CANAILLE NOUS TE MÉPRISONS. »

9 Dont tu liras avec profit le témoignage publié aux éditions Allia sous le titre La Tribu, 1998.

10 Et non 1954 comme écrit précédemment. Merci au commentateur anonyme qui a rectifié.

11 Aux éditions Allia. Recommandé.

12 Plus loin, Rumney explique que François Dufrêne considérait alors Debord comme « son meilleur ami ». Chaude ambiance…

13 Editions Gallimard, 1989.

14 Ce détournement d’une BD de Manara est une création de l’ami Tristan, cheville artistique d’Article11, utilisé pour illustrer un entretien avec Raoul Vaneigem. Tu peux aussi retrouver son travail sur son site, hop !


COMMENTAIRES

 


  • Debord continuera de fréquenter Asger Jorn après l’avoir exclu. Vrais amis. L’IS en recomposition permanente vers la pointe noire de la théorie politique.

    De fait, que reste-t-il ?

    Les films et les textes de Debord, la peinture de Jorn. Autre chose ? Superbe peinture chez Jorn, parmi les plus beaux textes de la littérature française chez Debord, très grand cinéaste - In Girum se hausse à mon sens aux meilleurs Orson Welles ; et je pèse mes mots.

    « It is a particular society, not a particular technology, that has made the cinema like this. It could have consisted of historical analyses, theories, essays, memoirs. It could have consisted of films like the one I am making at this moment. » (pas le texte original à portée de main :http://www.bopsecrets.org/SI/debord.films/ingirum.htm).

    Panégyrique, son œuvre la plus belle, les conceptions baroque et classique de l’écriture évoquées dans sa pratique hédoniste de l’alcool, etc.

    Les Commentaires de 1988, immense œuvre d’analyse politique, chausse-trapes à tous les étages, les rapports de Washington au nucléaire iranien, etc.

    Ma qué sé bo.

    • J’ajouterais les écrits psycho-géographiques de Chtcheglov, les Mémoires de Debord, les tableaux et installations de Wolman (peu connu mais magnifique), la théorie de la dérive et ses applications etc. etc.
      Je plussoie frénétiquement pour la peinture de Jorn et Panégyrique...



  • lundi 12 octobre 2009 à 12h35, par Le Monte-en-l’air

    À lire également la croquignolesque « Histoire désinvolte du surréalisme » de J.-F. Dupuis (pseudonyme de Vaneigem)...

    • lundi 12 octobre 2009 à 15h20, par André Chenet

      Je n’ai guère le temps de vous répondre, absorbé par mille et unes difficultés plus épuisantes les unes que les autres. Je suis un lecteur assidu d’articles XI, dont je goûte, jusqu’aux excès de langage, les furieuses invectives contre la veulerie ambiante. Mais cette fois-ci vous dérapez complètement avec cet article et salissez la mémoire d’André Breton, dénaturez sous un éclairage complètement « sectaire » le sens de l’action et la hauteur de pensée qui furent les siens et conduisirent des milliers d’artistes et poètes de toutes nationalités sur les routes d’une liberté inimaginable en son temps. Alors que Debord n’avait à gérer que l’alliance d’une petite poignée d’individus, qu’il avait déjà bien du mal à contenir , Breton, lui, avait en charge d’harmoniser ( sans l’uniformiser) et de préserver toute une armée sans chefs constituée de bataillons dispersés sur plusieurs pays et continents. De plus, vous confondez les époques, les circonstances, les défis à relever. Votre article démontre une méconnaissance à peu près totale du « grand jeu surréaliste ». Les bourgeois que vous dénigrez ne furent, à l’écart du mouvement, que des têtes d’affiches de la société marchande. J’ai bien connus quelques vieux rescapés du surréalisme et tous vouaient une admiration sans la moindre trace d’idolâtrie, à André Breton, envers l’homme d’écoute attentive qu’il était mais surtout pour l’ami clairvoyant... En réf/ vous citez Vaneigeim , je doute qu’il vous suive (à moins que je l’aie mal lu...) dans votre raisonnement arbitraire teinté de vieilles idéologies et de partis pris nauséabonds. Vous divisez en sections l’ensemble d’un même arbre libertaire dont la tradition remonte à St Simon et à Fourrier, pour ne remonter qu’à ces deux ancêtres. Vous faites même plus que diviser, vous fracassez à la hache l’une des plus grande figure du XXe siècle. Sans lui, nous n’aurions sans doute jamais vécu, pensé, écrit avec cette verve libertaire. sans lui la poésie sentirait le vieux caleçon abandonnée au pied d’un lit sans passion , sans lui des centaines d’artistes auraient été enterrés de leur vivant sous les décombres d’une culture avilissante, sans lui vous ne seriez pas en train de cracher comme vous le faites sur un homme qui a su soulever trois générations de « révoltés fiers » hors des ornières de la médiocrité ambiante. Et j’en passe... Vous êtes non seulement décevant mais con, complètement con. Vous vous comportez comme ces journalistes de peu de conscience que vous pourfendez. Comme quoi la « prise d’audience » régulière et assidue dans un média finit par corrompre les meilleurs d’entre nous. Votre prise de position provocatrice et infantile (humeur d’enfant gâté ?) ne fait qu’ajouter une cendre épaisse au feu qui nous dévore. Debord fut ce que le poète Alain Jouffroy nommait un pré-voyant, dans la mesure où il a décortiqué et explicité la machinerie monstrueuse qui nous dépeçait sur la table de vivisection des pertes et profits, tandis que Breton fut ce mage que réclamait Rimbaud, capable de tracer des voies multiples à travers les constellations d’une nuit qui n’a de cesse de se rendre plus obscure par la volonté écrasante des cénacles clos qui mettent en place les « élus des peuples ». Aujourd’hui, alors que le moindre regroupement de seulement une dizaine ou une vingtaine d’individus réunis par des affinités électives éclate dès les premiers obstacles, vous voudriez nous faire croire que Breton a failli ? Qu’il ne fut que le représentant inexorable d’un classe bourgeoise ? Qu’avez-vous fait, vous, pour affirmer cela, petit pape de vos propres prétentions à éclairer le monde ? Aragon, qui fut exclu du mouvement surréaliste a dit : « il nous faut une guépéou... », Desnos qui fut lui aussi exclu, pour des raisons moindres relevant dune entreprise marchande, a dit juste avant de mourir : « Vous saluerez de ma part André Breton ». Lisez donc « L’ode à Charles Fourrier » et les entretien d’André Breton avec André Parinaud. Dans ce dernier ouvrage, il s’explique avec une sincérité désarmante et une impeccabilité souveraine sur ses motivations, sur les choix et décisions qu’il dut prendre dans l’urgence d’une époque au moins aussi troublée que la notre. Le surréalisme n’a jamais été un parti pas plus qu’il n’a été une congrégation. Je n’ai pas pris la peine d’aller jusqu’au bout de votre article qui n’est après tous qu’un torchon de plus jeté dans la déchetterie qu’est devenu l’existence humaine. Cependant, je ne vous quitterais pas sans vous saluer avec tout le respect qui vous est du, en espérant que « vous prendrez le temps » de réfléchir et surtout, de vous replonger dans le brasier surréaliste qui n’est pas près de s’éteindre malgré les les imprécations baveuses d’un Isidore Isou, lettriste de son état, qui conspua dans un livre indigne, les acquis du surréalisme. Lui non plus n’aurait jamais existé sans André Breton. Mais que voulez-vous, l’ambition est humaine et lui se prenait pour un chef de file. Le lettrisme n’a été qu’une expérience de petits lendemains qui déchantent, sans envergure avec beaucoup de bruit pour si peu d’effets. Sachez que je laisse toujours une chance à l’amitié, en dépit des désaccords en apparence irréconciliables. A bon entendeur, salut. André

      Voir en ligne : André Breton/Debord

      • @ Le Monte-en-l’air :
        C’est noté, je ne connaissais pas.

        @ André Chenet (Furibard) :

        « Je n’ai guère le temps de vous répondre » : On ne dirait pas. Mazette, quelle intervention ! Et quelle verve, ce sacrilège vous a déplu, ne mentez-pas, je le sens... (par contre, je suis comme vous, guère le temps de vous répondre, vous pardonnerez donc, j’espère les éventuelles fautes d’orthographes ainsi que les raccourcis)

        « Vous êtes non seulement décevant mais con, complètement con.  » : Pas « con », « abruti ». « Lémi est un abruti », voilà qui rime mieux. Et s’accorde mieux itou avec le chapeau de mon billet.

        « Vous dénaturez sous un éclairage complètement »sectaire« ... » : c’était le but de cet article, en même temps, non pas « dénaturer », mais étudier comment les stratégies de domination et de contrôle du groupe s’appliquaient dans ces avant-gardes. Je ne juge aucunement des réalisations artistiques de Breton dans cet article, encore moins de celles du groupe surréaliste, seulement d’une manière de conduire une avant-garde. Et, ne vous en déplaise, cette opinion négative de Breton pilotant les surréalistes comme un roi-soleil pilotant son royaume jusque des rivages de moins en moins scintillants, reste très largement répandue. Et me semble correspondre à la réalité. Je vous l’accorde, la tâche était tout sauf aisée.

        « Je n’ai pas pris la peine d’aller jusqu’au bout de votre article qui n’est après tous qu’un torchon de plus jeté dans la déchetterie qu’est devenu l’existence humaine. » Là, je vous trouve un peu léger. Pas pour la qualification de « torchon », mais parce qu’une telle véhémence se serait mieux accordée avec une lecture intégrale de l’article en question (en même temps, à lire votre réaction, je ne crois pas que la suite vous aurait davantage plu...)

        « Sans lui, nous n’aurions sans doute jamais vécu, pensé, écrit avec cette verve libertaire. sans lui la poésie sentirait le vieux caleçon abandonnée au pied d’un lit sans passion , sans lui des centaines d’artistes auraient été enterrés de leur vivant sous les décombres d’une culture avilissante, sans lui vous ne seriez pas en train de cracher comme vous le faites sur un homme qui a su soulever trois générations de « révoltés fiers » hors des ornières de la médiocrité ambiante. Et j’en passe...  » : eh bien. N’en jetez plus, il va ressusciter des morts...

        « Comme quoi la « prise d’audience » régulière et assidue dans un média finit par corrompre les meilleurs d’entre nous. » : Z’en faites pas un peu trop, là ? Vous croyez vraiment qu’on peut voir une tentation d’attirer l’audience dans cet article ? Que j’obéis à une démagogie en publiant un long billet sur d’obscures batailles d’avant-garde, billet que beaucoup auront lâché avant même la fin ? Ce n’est pas vraiment un créneau porteur, savez-vous...

        Tout ça est également questions d’affinités, peut-être même de génération (sans vous manquer de respect, évidemment). Votre réaction épidermique (et fort bien argumentée) en est la preuve. Personnellement, je n’ai jamais lu quelque chose de Breton (hormis Nadja) que je ne trouvais pas pontifiant. Même son Anthologie de l’humour noir, si elle montre une capacité de chercheur d’or impressionnante, me semble transpirer de cette vanité que j’associe au personnage. Ce n’est pas forcément objectif, je vous l’accorde, question de ressenti. D’où, un certain « forçage de trait  », c’est vrai. J’avoue également être plus familier des situationnistes que du surréalisme, en ce qui concerne les modalités de fonctionnement en tout cas (vous aurez peut être noté que mon billet s’attarde beaucoup plus sur les lettristes et les situs que sur les surréalistes).

        Au final, le surréalisme ne résonne pas à mes oreilles en tant que groupe, mais en tant qu’individualités, dont énormément me touchent beaucoup (Eluard, Artaud, Desnos...) et d’autres moins (Breton, Aragon). Le groupe surréaliste en lui même m’a toujours semblé pontifiant, parfois stupide (l’excitation autour de l’occultisme, les procès quasi staliniens, la provocation vite éteinte), au contraire de nombre de ses animateurs. Rien que d’avoir pris la suite de Dada en éteignant peu à peu son fracas, j’ai du mal à lui pardonner. C’est irrationnel, je vous l’accorde, mais voilà, c’est ainsi que je le perçois.

        Que j’amalgame les époques et les contextes, je suis bien obligé de reconnaître que c’est partiellement vrai. Mais voilà, comment résumer tout cela en un seul billet (qui déjà s’étirait dangereusement...) ? Forcément, il m’a fallu raccourcir. Je n’écris pas une thèse vous savez, simplement une opinion voire une histoire. Libre à vous d’en ajouter d’autres versions (et je vous suis reconnaissant de le faire, sincèrement).

        « Lisez donc »L’ode à Charles Fourrier« et les entretien d’André Breton avec André Parinaud » : c’est noté.

        « Sachez que je laisse toujours une chance à l’amitié, en dépit des désaccords en apparence irréconciliables » : Moi itou. D’autant que votre réaction transpire la sincérité.

        Salutations

        • lundi 12 octobre 2009 à 23h26, par un-e anonyme

          De toute évidence, votre réponse n’est pas celle d’un « con », mais il me fallait, veuillez le comprendre, forcer le passage sur un terrain assez glissant. D’autant plus, ainsi que je l’avais pressenti, et vous le reconnaissez bien volontiers, vous n’avez pas bien lu Breton, qui lui-même, dès les années cinquante, avait dissous symboliquement le mouvement, laissant à la jeune génération le choix de continuer ou non. (il existe d’ailleurs de nombreux groupes disséminés dans le monde, et, à ma connaissance, un en France dont la radicalité, fidèle aux positions de Breton ne serait pas pour vous déplaire http://surrealisme.ouvaton.org/ ) : Debord n’ignorait pas cette « occultation » du surréalisme par André Breton lui-même. Je vous conseillerais de lire « Position politique du surréalisme » de André Breton (1935), vous serez certainement très surpris.
          « Le problème primordial des rapports de l’art d’avant-garde et de la révolution prolétarienne. Il est au centre des articles, conférences, déclarations de André Breton qui constituent ce volume. C’est lui qui éclaire les prises de positions politiques de Breton, de son attaque du stalinisme et de son horreur de la bourgeoisie, à la nécessité de créer une situation nouvelle, totale, de l’humanité. Il montre combien André Breton, loin d’être un rêveur, à une époque où menaçait le fascisme, fut, au contraire, un théoricien lucide et un homme d’action. »
          Lisez ces articles parus dans Le Libertaire, Le Monde libertaire, dans Combat (accessible sur internet)... Ce n’est pas parce que d’anciens surréalistes revanchards ont passé leur existence à dénigré, jusqu’à la nausée, celui qui cherchait l’or du temps (et non la gloire comme vous le pensez) qu’il faut reprendre les mêmes refrains. La plupart des surréalistes exclus (mis à part les stals) ont gardé avec Breton des relations très cordiales par la suite (une fois l’orage dissipé)."

          En ce qui concerne Debord devant la critique je vous renverrai à ce texte de Barthélémy Shwarz
          http://barthelemybs.wordpress.com/2...
          qui se termine ainsi :
          Guy Debord convient que les situationnistes, à part lui qui tient le monopole de l’information historique autorisée sur elle, n’ont jamais parlé de l’Internationale Situationniste après l’avoir quittée. Alors que André Breton a connu de son vivant des surréalistes repentis qui ont pu l’insulter (Un cadavre, 1930), Debord reconnaitque l’Internationale Situationniste n’a rien connu de tel. “Deux ou trois imposteurs sous-médiatiques ont parfois prétendu m’avoir connu autrefois, mais ils n’avaient naturellement rien à dire. Et moi naturellement rien à répondre à ceux-là, me réservant pour nuire à un authentique qui oserait un jour s’essayer à ce jeu. Aucun de ceux dont les noms avaient paru dans l’Internationale Situationniste n’est jamais venu rien révéler clairement depuis”. La question est de savoir ce qui, pour Guy Debord, et aujourd’hui, constitue de la désinformation ou du témoignage. Presque tous les surréalistes ont parlé du surréalisme d’André Breton, quelques uns pour diffamer le mouvement après s’être brouillés avec Breton, mais la plupart simplement pour apporter leur témoignage. Aucun situationniste ne s’est risqué à parler de l’Internationale Situationniste. L’un d’eux s’y risquerait, cela ne pourrait être de toute façon, on l’a deviné, que “propos médiatiques”.

          Vous me dites que vous ne voyez voyez davantage des ’individualités" qu’un groupe, cela me révèle votre méconnaissance totale des attaques et des actions menées par ce groupe qui s’est continuellement transformé depuis sa création jusqu’à sa dissolution.

          Le mouvement dada est mort parce qu’il n’avait plus rien à proposer qu’un bruit de fond et du tapage. N’avez-vous pas remarqués qu’une grande partie des dadaïstes (Picabia, Soupault, Tzara lui-même assez brièvement) ont rejoints le groupe surréaliste nouvellement créé ?

          Vous êtes plus tendre avec Debord qui pourtant n’a pas « ménagé » ses « fidèles ».

          Lorsque j’ai dit que je n’avais pas été au bout de votre article, je voulais dire qu’à partir d’un certain point, je n’avais fait que le survoler.

          Je m’aperçois qu’il me faudrait écrire un livre pour vous répondre, d’autres l’ont fait beaucoup mieux que je ne le pourrais et si vraiment vous le désirez, vous les trouverez. Disons que j’ai tenu à poser quelques jalons pour votre édification. Et si vous n’avez pas le temps, prenez au moins celui de lire les Entretiens.

          Une dernière chose : l’iconoclaste que je suis accepte sans coup férir le terme de sacrilège dans la mesure où il lui permet de rendre hommage à un homme, qui n’a « jamais démérité de l’amour ni de la poésie », selon les propres mots d’André Breton.

          Après cette mise au point trop rapidement effectuée, je me permets de vous tendre la main bien amicalement, André

          Voir en ligne : Breton/Debord

          • Vous m’excuserez, j’ai très peu de temps, je ne peux vous répondre comme je le voudrais, je rebondis simplement sur deux de vos remarques,

            « Vous me dites que vous ne voyez voyez davantage des ’individualités » qu’un groupe, cela me révèle votre méconnaissance totale des attaques et des actions menées par ce groupe qui s’est continuellement transformé depuis sa création jusqu’à sa dissolution.«  : Là dessus, on ne s’est pas compris. Je connais évidemment nombre des actions collectives menées par les surréalistes. Cependant, ce n’est pas ça que je retiens, qui me parle. Subjectif, peut être, mais c’est ma perception. »Le mouvement dada est mort parce qu’il n’avait plus rien à proposer qu’un bruit de fond et du tapage. N’avez-vous pas remarqués qu’une grande partie des dadaïstes (Picabia, Soupault, Tzara lui-même assez brièvement) ont rejoints le groupe surréaliste nouvellement créé ?« Là, je ne vous suis pas. D’ailleurs, les trois noms que vous me donnez ont donné leur meilleur en tant que Dada, pas en tant que surréalistes. Soupault et Tzara n’y firent qu’une brève apparition. Et Picabia, je le considère comme un dada (parfois, j’ai mes propres classifications). Et pour Dada dans son ensemble, j’ai une vision très différente. Dada est mort de trop brûler, trop provoquer. Et le bruit qu’il fit, en Allemagne surtout, peut-être tapage, m’apparaît comme une musique beaucoup plus révolutionnaire et pertinente (historiquement parlant itou) que ses prolongations surréalistes. »Après cette mise au point trop rapidement effectuée, je me permets de vous tendre la main bien amicalement", je l’accepte avec grand plaisir.

            Sinon, pourriez-vous m’envoyer votre adresse mail à la mienne, lemi.article11@gmail.com ? J’ai une proposition à vous faire.

            Amicalement,
            Emilien



  • mardi 13 octobre 2009 à 12h39, par un-e anonyme

    Vous accordez sans doute une bien trop grande confiance aux témoignages de Ralph Rumney ou de Michel Mension, qu’il faut plutôt considérer ici comme des faux témoins intéressés – chacun s’ingéniant à cacher les motifs de son exclusion et en quoi ils étaient fondés.
    Et plutôt que de relever ici ou là quelques erreurs (par exemple la rupture Debord-Isou a eu lieu en novembre 1952 et non en 1954), il est préférable de livrer à la réflexion des lecteurs cet extrait parfaitement explicite d’une lettre de Guy Debord à Asger Jorn en date du 23 août 1962 :

    « Je n’ai jamais voulu, jusqu’ici, jouer personnellement le jeu de l’organisation unitaire et hiérarchisée (et si je l’avais voulu, il me semble que j’aurais été assez intelligent pour m’y prendre plus efficacement). C’est assez effrayant de voir Estivals [auteur de L’Avant-garde culturelle parisienne depuis 1945], avec sa lourdeur “sociologique” (et en prenant toujours ses références, sauf 3 sur des détails infimes, avant juillet 1957 et la formation de l’I.S. dont l’expérience m’a tant apporté en théorie et en pratique) m’attribuer les buts d’Isou – ou ceux de Breton – avec seulement un plus grand réalisme, ou plus de modernisme. Mais c’est entièrement faux.

    On peut relever superficiellement beaucoup de traits d’“autorité” de ma part (en oubliant que j’ai tout de même été tout le temps dur avec le monde extérieur, et quelquefois seulement à l’intérieur du mouvement). Mais je crois que j’avais, dans presque toutes les périodes, les moyens d’user d’une autorité beaucoup plus grande (et, certainement, d’en tirer quelques avantages). La pratique de l’exclusion me paraît absolument contraire à l’utilisation des gens : c’est bien plutôt les obliger à être libres seuls – en le restant soi-même – si on ne peut s’employer dans une liberté commune. Et j’ai refusé d’emblée un bon nombre de “fidèles disciples” sans leur laisser la possibilité d’entrer dans l’I.S., ni par conséquent d’être exclus.

    Je l’ai déjà dit – écrit : je ne veux travailler qu’à un “ordre mouvant”, jamais construire une doctrine ou une institution. Ou, pour reprendre les termes de Keller [i.e. Asger Jorn lui-même] cités dans I.S. 7 (p. 30), il s’agit de “créer de véritables déséquilibres, point de départ de tous les jeux”.

    De Simondo aux spuristes, toutes les fractions situationnistes en appelaient à la liberté, mais en réalité c’est clairement leur position qui était un choix restrictif excluant la masse des possibles de notre recherche, alors que la position que j’ai défendue n’excluait même pas leur position. Mais seulement des gens devenus spécialistes d’un seul but. (Sans vouloir distinguer ici entre ceux pour qui le but unique était “noble”, et ceux pour qui il était visiblement plus mesquin.)

    J’espère bien que je montrerai à l’avenir que mon rôle tend effectivement à ceci. Et non à m’attribuer “la gloire” d’une étiquette – qui, d’ailleurs, grâce au meilleur de nos efforts, est restée longtemps très peu connue. » (Guy Debord, Correspondance, volume 2.)

    • mardi 13 octobre 2009 à 18h23, par lémi

      Merci pour cet extrait très éclairant. Il est clair que ma démonstration, forcément sommaire et incomplète, appelle de plus amples investigations. Il s’agissait surtout pour moi de mettre en lumière deux itinéraires divergents, deux manières de se frotter à la complexe position qu’avaient endossé ces deux personnages fondamentaux. Après, connaître le véritable motif des exclusions, les histoires personnelles, les non-dits et les rancœurs, faire le tri dans les différentes versions des choses, est, avouez-le, difficile. Il me semble ne pas avoir donné le mauvais rôle à Debord, dans cet article. D’ailleurs, ce qu’il écrit à Jorn, « je ne veux travailler qu’à un “ordre mouvant”, jamais construire une doctrine ou une institution », c’est une dimension que j’ai mise en avant, ou essayé en tout cas.

      Quand à la rupture avec Isou, elle date peut être de 1952 mais ne fut officialisée dans Potlatch qu’en 1954, numéro 2.

      • mercredi 14 octobre 2009 à 19h36, par un-e anonyme

        L’extrait cité n’était pas une critique de votre texte mais un élément (important) de réflexion.

        Quant à la rupture Debord-Isou, le premier texte qui l’officialise est le premier numéro d’Internationale lettriste qui date de novembre 1952 et que vous pouvez trouver reproduit dans Œuvres de Guy Debord éd. Quarto, Gallimard, pp. 84-86. Tout le numéro ne parle exclusivement que de la rupture de l’I.L. avec Isou et Debord y signe le texte Mort d’un commis voyageur. En juin 1954, le numéro 2 de Potlatch répertorie les exclus (huit) de novembre 1952 à mi-juin 1954.

        • mercredi 14 octobre 2009 à 21h35, par lémi

          « L’extrait cité n’était pas une critique de votre texte mais un élément (important) de réflexion. » : C’est bien comme ça que je le prenais, mais comme ça interrogeait ma propre réflexion sur le sujet, je vous en faisais part. Je parlais tout haut en quelque sorte...
          Merci pour les précisions



  • mardi 13 octobre 2009 à 13h55, par un-e anonyme

    Comme l’écrivit Gil J. Wolman : « Il est inutile de revenir sur les morts, le bloom s’en chargera. » Cette citation réside sur une coquille, il fallait lire : « Il est inutile de revenir sur les morts, le blount s’en chargera. » (cf. édition Potlatch, préfacée par Debord, 1985). Le blount était un système de fermeture automatique des portes de vestibule d’immeuble assez communément installé à Paris. Aragon le cite déjà dans son poème Front rouge (1931) : « Ne fermez pas la porte le Blount s’en chargera. »

    • mardi 13 octobre 2009 à 17h46, par lémi

      Et bien non. Moi j’ai bien « Le bloom s’en chargera », je viens de vérifier, numéro 2 de Potlatch, 29 juin 54, dans le volume rassemblé par Allia. Étonnant, ces deux versions. A mes yeux, l’utilisation de Bloom faisait écho à sa résurgence contemporaine du terme, notamment chez le Comité Invisible et Tiqqun...

      • mercredi 14 octobre 2009 à 19h03, par un-e anonyme

        Eh bien, l’édition Allia se trompe, voilà tout (et ce ne sera pas la première fois que ces éditions commettent des coquilles, elles en sont truffées !). Si on consulte les deux éditions (éd. Gérard Lebovici, puis Folio) de Potlatch présentées par Guy Debord lui-même (qui semble ici plus autorisé qu’un Gérard Berréby), c’est la bonne version que j’indique… même si d’aventure l’original contenait cette coquille. D’autre part, s’il faut le croire, Tiqqun et le Comité invisible ont donc bâti une théorie sur une coquille… c’est amusant ! A ma connaissance, le seul sens que pourrait avoir le Bloom a un rapport avec l’Ulysse de Joyce.

        • mercredi 14 octobre 2009 à 21h48, par lémi

          Joli titre. Pour le reste, je vais me renseigner, suis sûr qu’il y a un moyen de mettre un point final à cette histoire (car je ne suis toujours pas convaincu, et que je fais, de mon côté, plutôt confiance à Allia questions sérieux), anecdotique certes, mais quand même... Sinon, j’aime bien itou l’idée d’une théorie bâtie sur une coquille. Mais, à vrai dire, je parlais de « faire écho » (dans ma tête) pas de « donner naissance »...

          • mercredi 14 octobre 2009 à 22h51, par un-e anonyme

            Allez-y voir vous-même si vous ne voulez pas le croire : http://chocolateandzucchini.com/mob...

          • jeudi 15 octobre 2009 à 20h22, par George Weaver

            C’est une coquille dans l’original reproduit à l’identique chez Allia par Berréby (qui a le souci du fac-similé : cf. sa réédition des Lèvres nues), corrigée par Debord lors de la réédition (antérieure à celle d’Allia) chez Lebovici puis folio. Quant à imaginer les artisans de Tiqqun fonder leur théorie sur cette seule occurrence du mot bloom… faut quand même pas les prendre pour de telles billes, même si l’idée est plaisante (un peu à la manière des mésaventures posthumes du Chevalier de la Palice, qui s’il n’était mort ferait/serait encore envie/en vie).

            Boris Vian a écrit cette jolie chose, je ne sais plus où :

            « Retirez le Q de la coquille : vous avez la couille, et ceci constitue précisément une coquille... »

            Bon, je compte revenir un peu plus sérieusement et tard sur cette histoire d’exclusions papales. Pas le temps, là.

            Voir en ligne : http://lexomaniaque.blogspot.com/

            • samedi 17 octobre 2009 à 19h51, par Lémi

              @ Georges Weaver

              « Quant à imaginer les artisans de Tiqqun fonder leur théorie sur cette seule occurrence du mot bloom… faut quand même pas les prendre pour de telles billes, même si l’idée est plaisante ». On est bien d’accord. J’écrivais « faire écho », au sens où ça me faisait penser à ça et que j’y voyais une certaine logique. De là à en faire l’acte de naissance de l’utilisation de la notion de Bloom chez Tiqqun, il y a un gouffre que je n’aurais pu franchir même avec la meilleure volonté du monde (j’ai une détente minable).

              Merci d’avoir résolu cette énigme, on y clapotait sans issue...



  • samedi 17 octobre 2009 à 13h47, par un-e anonyme

    « J’ai à ce propos une anecdote exemplaire : un jour, François Dufrêne a rencontré Guy dans la rue. Il lui a tendu la main pour lui dire bonjour. Guy, ignorant la main, lui a dit : « A partir d’aujourd’hui, je ne te parle plus. » Il ne lui a plus jamais adressé la parole et ne lui a pas donné d’explications… », dit Rumney à propos de la rupture Debord-Dufrêne. Sans s’appesantir sur le fait que Ralph Rumney répète une anecdote dont il ne fut pas le témoin direct, la raison de cette rupture n’est ni mystérieuse ni incompréhensible et encore moins arbitraire. Revenons en février 1953. François Dufrêne, qui codirige avec Mar,O. le magazine lettriste le Soulèvement de la jeunesse, signe un article (Tuteurs à gages), dans le numéro 4 de la revue surréaliste Médium. Ce rapprochement d’une fraction des lettristes avec les surréalistes ne peut alors être vu par Debord et ses compagnons de l’Internationale lettriste que comme totalement insupportable. Un article (Vagabondage spécial) dans Internationale lettriste no 3 expose la position des lettristes internationaux :

    « Ecœurants et fornicatoires comme un couple d’inspecteurs en civil, Dédé Breton et le Soulèvement de la jeunesse continuent un flirt assez poussé. Cela avait commencé par un article d’un certain François Du… dans le bulletin d’informations surréalistes ; cela doit continuer par la collaboration de Dédé-les-Amourettes au Soulèvement.

    Quand Beylot remplace Nadja, le voilà l’amour fou… En 1927, les surréalistes demandaient la liberté de Sacco et Vanzetti ; en 1953, ils se commettent avec une publication qui tire ses subsides des Renseignements généraux et de l’Ambassade américaine.

    Les Lettristes écrivaient déjà en 1947 : « … d’ailleurs Breton n’a jamais prétendu être un bon stratège : il s’est offert, lui et sa génération, à toutes les croyances, à tous les espoirs, à toutes les boutiques. On n’a pas su le prendre et il est resté ».

    Mais les faits et gestes du vieux beau sur le retour ne nous intéressent plus. Il n’est pas question de mettre en cause le Surréalisme de l’âge d’or. Il faut seulement séparer certaines valeurs déjà historiques de l’activité sénile du partisan chauve du mac-carthysme, de l’actionnaire de l’assassinat des Rosenberg. »

    C’est donc dans ce contexte précis qu’intervient l’anecdote rapportée par Rumney. On notera à ce propos que, quelle que soit l’époque, les exclus lettristes ou situationnistes jouent presque toujours le jeu de l’incompréhension de ce qu’il leur arrive – c’est un fait que l’on peut constater tout au long de la vie de Guy Debord. Et c’est à cela qu’on reconnaît celui qui a été exclu pour des causes honorables ou non…

    Cf. François Dufrêne, Archi-Made, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, 2005 et Guy Debord, Œuvres, Quarto, Gallimard, 2006.

    • samedi 17 octobre 2009 à 16h46, par Alexis

      Oui, sans doute, mais il semble qu’au moment où les lettristes internationaux réagissent (en août 1953) contre le rapprochement Dufrêne-Breton, ils vomissent déjà le Soulèvement de la jeunesse de François Dufrêne et Marc’O (Marc-Gilbert Guillaumin) puisqu’ils regrettent même que les surréalistes, en 1953, « se commettent avec une publication [i.e. le Soulèvement de la jeunesse] qui tire ses subsides des Renseignements généraux et de l’Ambassade américaine » ! *

      La rupture de Debord avec Dufrêne a donc dû intervenir aussi pour cette raison et donc plus tôt puisque le premier numéro du Soulèvement de la jeunesse date de juin 1952.

      * C’était effectivement le cas sous l’impulsion de Marc,O, et François Dufrêne n’en prend véritablement conscience qu’en décembre 1953 : il rompt avec Marc,O quand celui-ci réalise avec des capitaux américains son film Closed Vision, présenté au Festival de Cannes 1954 par Cocteau et Bunuel.

      • samedi 17 octobre 2009 à 19h53, par Lémi

        @ Inconnu & Alexis
        Pas le temps de vous répondre, je dois filer. Cependant, je suis ravi de voir ces excroissances documentées se développer en ces lieux. Finalement, je finirais par récolter toutes les sources bibliographiques & autres qui me faisaient encore défaut sur la question... Mes hommages



  • dimanche 18 octobre 2009 à 18h49, par Tristan

    « On mentionnera également l’éviction du peintre Ralph Rumney, en retard dans sa livraison d’un guide psycho-géographique de Venise », écrivez-vous. Dans le cas de Rumney, il ne s’agit pas de « retard » mais bien de quasi-disparition pendant de longs mois alors même que Rumney s’occupait par ailleurs de sa petite carrière artistique de peintre. Aussi les situationnistes actifs lui adressèrent-ils l’ultimatum suivant le 13 mars 1958 :

    « Cher Ralph, Nous nous avisons soudain que nous n’avons pas de nouvelles de toi depuis assez longtemps ; que tu n’as encore fait aucun réel travail avec nous ; et que, cependant, tu n’hésites pas à faire mention de ta collaboration avec l’Internationale situationniste à propos de ton exposition “apaisée” de Milan.
    Nous te trouvons bien sympathique, c’est entendu, mais tu peux penser qu’il n’est pas dans nos habitudes de prolonger longtemps la négligence en certaines affaires, auxquelles tu as choisi, comme nous, d’être mêlé.
    Nous allons donc dissiper promptement l’équivoque :
    Dans le cas où tu voudrais participer encore à ce que nous faisons, il te suffira de nous envoyer avant la fin du mois de mars
    1° – Le texte destiné à notre revue, qui est sous presse.
    2° – Une relation satisfaisante sur tes activités dans ces derniers mois.
    Après le 31 mars, c’est inutile : la revue indiquera précisément les participants à notre action. Cordialement, Jorn, Debord. » (Correspondance de Guy Debord, volume 1)

    A quoi, si l’on en juge par la lettre de Guy Debord adressée à Pinot-Gallizio le 4 avril 1958, « Ralph Rumney a répondu gentiment que ses travaux ménagers, et ses ennuis avec Pegeen [Guggenheim], l’empêchaient de collaborer effectivement avec nous mais qu’il espérait que, peut-être, plus tard, cela irait mieux. Par conséquent Rumney n’a plus rien de commun avec les situationnistes, et nous le notifierons officiellement dans notre revue ».

    Dans le communiqué sur son exclusion que vous reproduisez, il était précisé à propos de son projet Psychogeographical Venice : « L’entreprise se développa d’abord favorablement. Rumney, qui était parvenu à établir les premiers éléments d’un plan de Venise dont la technique de notation surpassait nettement toute la cartographie psychogéographique antérieure, faisait part à ses camarades de ses découvertes, de ses premières conclusions, de ses espoirs. Vers le mois de janvier 1958, les nouvelles devinrent mauvaises. Rumney, aux prises avec des difficultés sans nombre, de plus en plus attaché par le milieu qu’il avait essayé de traverser, devait abandonner l’une après l’autre ses lignes de recherches et, pour finir, comme il nous le communiquait par son émouvant message du 20 mars, se voyait ramené à une position purement statique. »

    Cet attachement à un milieu qu’il avait essayé de traverser – le milieu artistique autour de Pegeen Guggenheim (fille unique de la richissime collectionneuse Peggy Guggenheim) –, Rumney en parle lui-même en 1999 dans Le Consul : « J’ai été comme ça amené à rencontrer beaucoup de gens que je n’aurais sans doute jamais pu avoir la chance de connaître sans elle. J’ai connu Malraux, John Cage, Stravinsky et Jean Cocteau. Quand Pegeen fut enceinte, Cocteau s’est proposé comme parrain de notre fils. »

    Pour qui sait lire, la raison (superficielle) de l’exclusion de Rumney (retard dans la « livraison » de ses travaux psychogéographiques) n’est que la partie visible de l’abandon – en huit mois – de ses positions proclamées lors de la fondation de l’Internationale situationniste en juillet 1957.



  • mardi 17 novembre 2009 à 14h10, par Max Vincent

    Votre article reprend tous les lieux communs que l’on peut lire depuis belle lurette sur le sujet.
    Parmi les nombreuses inexactitudes relevées je n’en signale qu’une, mais de taille : Jorn n’a jamais été exclu de l’IS !
    Vous auriez pu au moins faire l’effort de lire les « Tracts et déclarations surréalistes » et la Correspondance de Debord. Cela vous aurait évité d’écrire des âneries.
    Toutes les exclusions du groupe surréaliste étaient justifiées, à l’exception de celle (en 1967) de Jehan Mayoux qui ne fut pas étrangère à la dissolution du groupe deux ans plus tard. Je l’explique avec tous les détails, nuances et réserves nécessaires dans un texte sur le surréalisme mis en ligne sur le site « L’herbe entre les paves ».
    Toutes les exclusions au sein de l’IS étaient justifiées. Mais je ne vais pas reprendre une histoire que vous ne connaissez manifestement pas.

    Voir en ligne : l’herbe entre les pavés

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