ARTICLE11
 
 

lundi 15 août 2011

Le Charançon Libéré

posté à 23h22, par JBB
31 commentaires

Angleterre : tendre le Bratton pour se faire battre
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Il fait figure d’homme providentiel, voire de rempart face à la « barbarie ». En clair : les émeutiers n’ont qu’à bien se tenir. L’ancien chef de la police de New-York, Bill Bratton, consultant sécuritaire de luxe tout juste débauché par David Cameron, est le chouchou des médias et du pouvoir anglais. Peu s’intéressent, par contre, aux motivations financières et idéologiques de ce businessman policier.

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L’homme qui a gagné la guerre contre le crime : ça fait toujours bien sur un CV...

« Super cop », « le superflic américain », « l’Américain au secours de Scotland Yard », « l’homme qui va protéger la Grande Bretagne » : depuis l’annonce du recrutement de Bill (ou William, c’est selon) Bratton par le Premier ministre David Cameron, les médias (français comme britanniques) n’en peuvent plus. Tous font assaut de superlatifs laudateurs, bavant à qui mieux-mieux pour évoquer le renfort de ce consultant sécuritaire de luxe qui va enfin ramener l’ordre dans les rues britanniques. Rien de très neuf sous le soleil, en fait : Bill Bratton était déjà chouchou des médias à l’époque de ce qui reste sa grande œuvre. Soit la « pacification » de New-York, conduite de 1993 à 1996 en collaboration avec le maire de la ville, Rudolph Giuliani.

Décembre 1993 : le républicain Giuliani nomme Bratton à la tête de la police de New-York. Bill peut en effet se targuer de résultat supposément enviables obtenus dans sa précédente mission, restaurer « l’ordre et la sécurité » dans le métro de New-York - il fut chef du New-York City Transit Police Department de 1990 à 93. Cerise sur le gâteau, les deux hommes partagent une même conception de la sécurité : « J’ai choisi Bill Bratton parce qu’il était d’accord avec la théorie de la vitre cassée. »1 Soit un fumeux concept datant de 1982 et que ses auteurs ultra-conservateurs, Wilson et Kelling, résumaient ainsi : « Nous avons utilisé l’image de la vitre cassée pour expliquer comment les quartiers pouvaient être investis par le désordre et même par le crime si personne n’intervient pour les préserver. [...] Les petits désordres conduisent aux plus grands, et les plus grands peut-être même aux crimes. »

Traduction ? Frapper les petits, les pauvres, les délinquants à la petite semaine. Les poursuivre, les soumettre, les condamner avec la plus extrême gravité. Et prétendre que les résultats ainsi obtenus servent le plus grand nombre. Dans le métro de New-York, son précédent poste, Bill Bratton avait ainsi lancé une incroyable chasse aux fraudeurs, plaçant des policiers en civil derrière les tourniquets avec pour mission d’aligner tous ceux qui ne s’acquitteraient pas du billet. Montant de l’amende (revue largement à la hausse) : 100 dollars. Idée forte : tous ceux qui ne la régleraient pas se retrouveraient derrière les barreaux. Remplir les prisons pour « pacifier » le métro : il fallait y songer...

À la tête de la police new-yorkaise, Bratton applique la même méthode. En décembre 1993, il pavoise : « Nous combattrons pour chaque immeuble dans cette ville. Nous combattrons pour chaque rue. Nous combattrons pour chaque arrondissement. Et nous vaincrons. » Des accents guerriers pour camoufler une réalité bien peu glorieuse : pour première cible, Bratton choisit les squeegees, ces laveurs de pare-brise à la sauvette qui tentent de se faire un peu d’argent dans les rues de la ville. «  Le sentiment général était que personne ne pouvait faire quelque chose contre eux, expliqua-t-il quelques années plus tard. C’était une vitre cassée qui n’était pas réparée, et plus on voyait d’agressions de la part de ces laveurs de pare-brise à la sauvette, plus on avait le sentiment que la ville était abandonnée. » Pour solution miracle, Bratton passe un accord avec le procureur de la ville : tous les squeegees qui ne payeront pas l’amende infligée par des policiers spécialement mobilisés dans cette guerre glorieuse iront croupir en prison. Et Kelling de se féliciter a posteriori : « Avec un châtiment rapide et certain, le squeegeeing disparut en quelques semaines. » Tu m’étonnes...

Après les squeegees, Bratton cible les vendeurs de hot-dogs, les taxis clandestins, les mendiants et SDF, puis les petits dealers, les fêtards, les prostituées, les gens qui pissent dans la rue et ceux qui ne camouflent pas leur bière en public, les graffeurs, les voleurs à la manque... bref, tout ce qui dépasse. Les tribunaux tournent à plein et les taules débordent, à tel point qu’il faut d’urgence augmenter la capacité de la prison de Rickers Island par l’importation, depuis les Malouines, de bateaux dortoirs militaires anglais. Plus rien ne bouge...

Cette incroyable répression, Bill Bratton la conceptualise vaguement : il s’agit de punir toute atteinte à la « quality of Life » des « honnêtes gens » - les électeurs de Giuliani. Et de bannir tout scrupule au motif que « la délinquance est un choix personnel ». Une guerre impitoyable au sous-prolétariat urbain qui se double, à usage interne, d’une omniprésente culture du résultat : les flics se trouvent mis sous pression permanente, leurs officiers rendent des comptes toutes les deux semaines. Parallèlement, en cinq ans, la ville augmente son budget de police de 40 % et embauche 12 000 nouveaux policiers.
Et ? C’est tout. Voici la mensongère recette2 qui a consacré Bill Bratton star universel des médias, pour les quinze ans suivants. Et qui lui a permis de réaliser une petite fortune de par le monde, prétendu spécialiste convoqué partout et payé rubis sur l’ongle. Avec la Grande Bretagne, donc, pour dernier avatar.

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Bill Bratton, façon flic à vision.
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Sauveur providentiel ?

À en lire les médias et à en croire le Premier ministre David Cameron, l’embauche de Bill Bratton comme consultant auprès de Scotland Yard résulte des quelques jours de (dites) émeutes urbaines3. En filigrane, ce message : l’heure est si grave, les rues si dévastées, que seul un homme à poigne, expérimenté et universellement reconnu dans sa spécialité, pourra remettre le pays au pas. Bill Bratton serait le sauveur, homme providentiel imposé par les circonstances. Entre autres, Le Nouvel Obs écrit ainsi :

Dans une interview accordée au « Sunday Telegraph », David Cameron estime que les émeutes qui ont embrasé plusieurs villes du pays entre le 6 et le 9 août, les plus violentes depuis des décennies, ont marqué un tournant. « Nous n’avons pas assez parlé le langage de la tolérance zéro. Mais le message est en train de passer », explique-t-il.

Suivant ces principes, le gouvernement a décidé de faire appel à Bill Bratton, un ancien policier américain, connu pour être spécialiste de la lutte contre les gangs, considérant qu’ils ont joué un rôle majeur dans les émeutes.

C’est là faire bien peu de cas de la chronologie des faits. En réalité, bien avant que les jeunes gens de Hackney ne songent à attaquer leur premier Foot Locker, Bill Bratton était pressenti pour prendre la tête de la Met, la police londonienne. David Cameron lui avait proposé le poste (vacant à la suite du scandale des écoutes téléphoniques du News of the World) en juillet dernier et l’intéressé avait donné son accord. Mais la promotion a finalement achoppé quand la ministre de l’Intérieur, Theresa May, a avancé que la nationalité américaine de Bratton l’empêchait d’occuper la fonction.The Telegraph en fait état en un article publié le 5 août, à la veille du premier jour des émeutes : « David Cameron wanted a former American “supercop” to become Metropolitan Police Commissioner but was overruled by Theresa May, the Home Secretary », résume le journal dans le chapeau de l’article, avant de détailler plus longuement :

M. Bratton a déclaré dans la nuit d’hier qu’il aurait « considéré comme un honneur » de postuler à ce poste.
Sa nomination aurait suivi la démission de Paul Stephenson, à la tête de Scotland Yard, plongé le mois dernier dans le scandale des écoutes téléphoniques.

[...]

M. Bratton, qui a œuvré contre le crime et les guerres de gang durant ses deux précédents mandats dans d’autres villes, a indiqué qu’il était intéressé par le poste.

Mais Mme May a rechigné à cette idée, qui aurait mis à mal cette tradition séculaire d’une police gérée par des citoyens anglais.4

Voilà pour la prétendue mission salvatrice d’un Bill Bratton seul à même de ramener le calme... Les émeutes ont - en fait - permis à David Cameron d’imposer dans le jeu sécuritaire anglais celui qu’il avait choisi depuis un moment. La chose peut sembler anecdotique, elle est au contraire très révélatrice : pour le Premier ministre ultra-conservateur, les jours de révolte ne sont pas un « drame », mais une vraie opportunité. Celle de frapper fort, dur et encore plus fort.

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Une mission bénévole ?

Le porte-parole de David Cameron a fait état vendredi du rôle désormais dévolu à Bill Pratton, relate l’AFP : « Le Premier ministre a parlé avec Bill Bratton aujourd’hui pour le remercier d’avoir accepté de se rendre à une série de réunions en Grande-Bretagne cet automne afin d’y faire part de son expérience en matière de traitement des gangs quand il était chef de la police de Boston, de New York et de Los Angeles. ». Et le même d’ajouter ensuite : « Bill Bratton, qui a de longue date des relations avec la police britannique, fournira ses avis à titre personnel et bénévolement. » Bénévolement ? C’est une blague ?

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Le même, mode homme d’affaires

Bill Bratton n’a rien - mais alors : rien - d’un bénévole : il ne rase pas gratis. Depuis son passage à la tête de la police de New-York, l’homme n’a cessé de monnayer son expérience auprès des polices de la planète, et spécialement d’Amérique Latine. Dès 1996, à peine sa « mission » new-yorkaise terminée, Bill a monté sa propre entreprise de conseil en sécurité, The Bratton Group LLC. Puis il s’est rapproché de Kroll and Associates, l’un des leaders mondiaux du genre, spécialiste du renseignement et de la sécurité. Pas vraiment une petite boîte : auparavant propriété du groupe de services de gestion du risque américain Marsh & McLennan, Kroll a été racheté en 2010 par le groupe de sécurité Altegrity pour la modique somme de 1,13 milliard de dollars. Rien que ça...

D’abord simple consultant pour Kroll5, Bill bratton en est devenu chairman - aka président - en 2010. Sa « petite » entreprise perso, The Bratton Group LLC, s’est officiellement unie à Kroll, entente célébrée ainsi par celui qui allait devenir le président d’Altegrity : « Je suis très heureux de notre nouvelle relation avec Bill Bratton et The Bratton Group. Celle-ci favorisera considérablement notre franchise en pleine croissance en matière d’expertise internationale en sécurité publique. La direction et les capacités de gestion novatrices de M. Bratton font de lui un leader de renommée mondiale du secteur de la sécurité publique et du maintien de l’ordre. Son expérience inégalée apportera à Kroll un avantage concurrentiel unique qui l’aidera à proposer les meilleurs services de ce genre dans le monde entier. » Que ces choses sont joliment dites... Plus directement, elles pourraient se résumer ainsi : davantage de maintien de l’ordre, davantage de thunes.

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Marchés sécuritaires : l’exemple sud-américain

Bref, Bill Bratton n’est pas un philanthrope, mais un homme d’affaire ayant su comme personne faire fructifier le capital médiatique engrangé à l’occasion de son passage à la tête de la police de New-York. Dans La Décadence sécuritaire (La Fabrique), Gilles Sainati et Ulrich Schalchli évoquent son parcours en ces termes :

À la fin de l’ère Clinton, et plus encore sous Bush junior, la propagande néoconservatrice communique au monde entier les bienfaits de ce nouvel american way of life. Rudolph Giuliani et William Bratton se transforment en superflics planétaires et proposent leurs solutions et leurs services aux pays émergents et européens. Ainsi, en Amérique Latine, moyennant finances (80 000 dollars, par exemple, à Mexico), ils interviennent ensemble pour prêcher leur catéchisme contre la délinquance. À l’escroquerie intellectuelle dangereuse s’ajoute un fond de commerce rentable.

Un fond de commerce sur lequel s’est penché le journaliste mexicain Edgar González Ruiz, en un article publié en 2004 : « William Bratton, VRP de la tolérance zéro ». Il y a détaille longuement les enviables affaires réalisées par le businessman sécuritaire à l’orée des années 2000, l’homme vendant « ses conseils à plusieurs maires de villes latino-américaines, afin de les convaincre d’adopter la « tolérance zéro », conception états-unienne d’une politique de la ville exclusivement tournée vers la répression » : « Les municipalités concernées s’achètent un arsenal idéologique pour légitimer leur traitement pénal de la misère », résume le journaliste.

Edgar González Ruiz cite pour clientes de Bratton les villes de Mexico, Lima et Caracas. Et rapporte le commentaire attristé du maire de cette dernière, Alfredo Peña, expliquant que l’activité de conseil du « superflic » avait dû été prise en charge par les grandes entreprises de la ville faute d’un budget municipal suffisant : « Caracas est l’unique ville au monde qui ne débourse pas un centime de son budget pour rémunérer les loyaux services de Bratton, alors que c’est le cas dans les villes d’Europe et d’Amérique Latine qui l’ont embauché. Les honoraires de Bratton s’élèvent à 180 000 dollars, somme à laquelle il faut ajouter le montant que coûtent les équipements de la police... » Du bénévolat, encore.

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Bill Bratton et Rudolph Giuliani en 1996.
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Un terreau idéologique

L’ascension expresse et « glorieuse » de Bill Bratton ne s’appuie pas que sur son sens des affaires : l’homme a surtout servi, pour les milieux ultra-conservateurs et pour l’industrie sécuritaire, de parfait homme-sandwich - joli mythe à refiler aux médias - et d’efficace propagandiste. Derrière lui, un réseau et des intérêts croissants, véritable offensive idéologique menée depuis le milieu des années 1980. Gilles Sainati et Ulrich Schalchli en font mention dans La Décadence sécuritaire :

« À New-York, nous savons où est l’ennemi », déclarait William Bratton [...] en 1996. L’ennemi : le pauvre, le SDF, l’immigré sans toit, le jeune en rupture familiale. Alors que l’embellie économique se faisait sentir et que, durant les années 1990, de nombreuses grandes villes comme Boston, Houston, San Diego, Dallas menaient une politique inverse (réduction des effectifs policiers, dialogue avec les citoyens, etc.) et enregistraient une baisse de la délinquance, William Bratton décréta que sa politique de fermeté était la seule solution à la délinquance urbaine. Il fut relayé et soutenu par tous les think tanks néoconservateurs américains (le Manhatan Institute, centre névralgique de la guerre intellectuelle à l’État social, l’American Enterprise Institute, le Cato Institute et bien d’autres).

Mais c’est Loïc Wacquant qui, dans un article publié en 1999 dans Le Monde Diplomatique, « Ce vent punitif qui vient d’Amérique », détaille le mieux les mécanismes alors à l’œuvre. Il revient notamment sur la genèse du discours de Bratton et Giuliani, et le rôle clé joué par le Manhatan Institute, créé par le le multimillionaire britannique Anthony Fischer :

En 1984, l’organisme fondé par Anthony Fischer (le mentor de Mme Thatcher) et William Casey (qui sera directeur de la CIA pendant la présidence de M. Reagan) pour appliquer les principes de l’économie de marché aux problèmes sociaux met sur orbite Losing Ground, l’ouvrage de Charles Murray qui servira de bible à la croisade de M. Reagan contre l’État-providence. Selon ce livre, l’excessive générosité des politiques d’aide aux démunis serait responsable de la montée de la pauvreté aux Etats-Unis [...].

Au début des années 90, le Manhattan Institute organise une conférence puis publie un numéro spécial de sa revue City sur la « qualité de vie ». [...] Parmi les participants à ce « débat », le procureur-vedette de New York, M. Rudolph Giuliani [...] qui va puiser là les thèmes de sa campagne victorieuse de 1993.[...]

C’est encore et toujours le Manhattan Institute qui, dans la foulée, vulgarise la théorie dite « du carreau cassé », formulée en 1982 par James Q. Wilson et George Kelling dans un article publié par le magazine Atlantic Monthly : adaptation du dicton populaire « qui vole un œuf vole un bœuf », cette prétendue « théorie » soutient que c’est en luttant pied à pied contre les petits désordres quotidiens que l’on fait reculer les grandes pathologies criminelles. Jamais validé empiriquement, ce postulat sert d’alibi à la réorganisation du travail policier impulsée par M. William Bratton, le responsable de la sécurité du métro de New York promu chef de la police municipale. Objectif de cette réorganisation : apaiser la peur des classes moyennes et supérieures - celles qui votent - par le harcèlement permanent des pauvres dans les espaces publics (rues, parcs, gares, bus et métro, etc.).

Un lent, puissant et patient travail d’influence idéologique qui a peu à peu porté ses fruits, d’abord aux États-Unis et en Grande Bretagne, puis en Europe et dans le reste du monde. Le plus frappant est de voir combien les récentes déclarations d’un David Cameron prétendument traumatisé par les émeutes s’inscrivent parfaitement dans les éléments de langage posés il y a dix à vingt ans par ces réseaux ultra-conservateurs. « Nous n’avons pas assez employé le langage de la tolérance zéro jusqu’à maintenant, mais c’est en train de changer très rapidement », a expliqué le Premier ministre avant de feindre de s’interroger le lendemain : « Avons-nous la détermination nécessaire pour nous attaquer à l’effondrement moral à petit feu« de la société »que l’on observe (...) depuis quelques générations ? » Et d’en remettre une couche : « Pendant des années, notre système a encouragé les pires comportements dans la population, a encouragé la paresse (...) et découragé le travail. »
On est là pile-poil dans les thématiques soulevées par Charles Murray dans Losing Ground, ainsi résumées par Loïc Wacquant : « [La générosité des politiques d’aides aux démunis] récompense l’inactivité et induit la dégénérescence morale des classes populaires, notamment ces unions « illégitimes » qui seraient la cause ultime de tous les maux des sociétés modernes, dont les « violences urbaines ». » Il s’agit donc de «  réaffirmer l’emprise morale de la société sur ses « mauvais » pauvres et de dresser le (sous-)prolétariat à la discipline du nouveau marché du travail  ».

Le « dressage » est en cours depuis longtemps, mais il vient de s’intensifier après les émeutes6. Outre la terrifiante sévérité des tribunaux britanniques, tournant à flux tendus et envoyant les supposés « émeutiers » à tour de bras dans les geôles du royaume, outre les promesses de faire de la vie des supposés délinquants « un enfer », il faut ici mentionner ce souhait du gouvernement britannique que les parents d’adolescents reconnus coupables d’avoir participé aux émeutes voient leurs allocations sociales coupées, et soient expulsés de leur logement social s’ils en habitent un. La guerre (aux pauvres) sera totale. Elle l’est déjà. Et qu’elle soit menée par un David Cameron qui, alors qu’il était tout jeune conseiller ministériel, a rédigé certains des discours de Margaret Thatcher est tout sauf anodin.

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Le maître et l’élève.
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Le grand ménage

C’est donc ainsi qu’il faut comprendre la façon dont le pouvoir britannique et les réseaux ultra-conservateurs voient les émeutes de ces derniers jours : non comme une catastrophe nationale ou un drame, malgré les accents éplorés adoptés, mais comme une chance, une opportunité. De faire de l’argent - pour Bill Bratton et ses semblables. De mettre les classes populaires au pas - croupières supplémentaires taillées dans le peu qu’il reste de l’État providence, et ceci au nom de la sécurité. De gentrifier encore davantage les principaux centres urbains britanniques, sur le modèle du New-York des années 1990. Et - enfin - de « faire le ménage » à un an des Jeux Olympiques de Londres : quand les autorités, par la bouche de la ministre de l’Intérieur Theresa May, disent leur volonté de « [regarder] ce qui est nécessaire de faire » pour assurer des Jeux sans heurts, il faut y lire l’annonce de jours difficile pour tous ceux ne correspondant pas à l’image que Londres veut renvoyer. Plus haut, plus loin, plus fort ? Plus fort, juste.

En attendant, Bill Bratton n’est pas le seul à se positionner sur le segment sécuritaire anglais, même s’il a à l’évidence pris une avance considérable sur ses concurrents. Le flagrant échec britannique à contenir les émeutiers a ainsi été vue par l’industrie française de la répression comme une opportunité de vendre des techniques, des savoirs-faire et des équipements. Le Monde notait par exemple il y a quelques jours : « Reconnue, depuis les événements de mai 1968, pour son savoir-faire en matière de maintien de l’ordre en milieu urbain, la France a transmis aux Britanniques, par l’intermédiaire du cabinet du ministre de l’intérieur, Claude Guéant, une offre d’expertise pour aider à contenir les émeutiers. » Pendant les émeutes, les affaires continuent.
Et même : surtout pendant les émeutes. C’est ce que rappelait le chercheur Mathieu Rigouste il y a un an, en un entretien publié ici. Il y revenait sur la façon dont avait été « gérée » la révolte de Villiers-le-Bel, expliquant : « Villiers-le-Bel est une vitrine des méthodes françaises de maintien de l’ordre. Au sens économique du terme « vitrine » : ces techniques-là, on les vend, il existe une véritable industrie de la répression, qui implique énormément d’argent. Le fait de faire du zéro mort, de pacifier, de faire coopérer différents dispositifs policiers, de techniciser la coopération entre la police et les médias, et entre le judiciaire et la sphère politique… tout cela est mis en avant comme un savoir-faire national, un patrimoine technologique. »

La concurrence est rude. Et au sein de « ce conglomérat complexe de producteurs de contrôle et de marchand de menaces » qui constitue le capitalisme sécuritaire7, Bill Bratton a salement la cote. À côté, le très hexagonal Alain Bauer, acteur du business de la peur, faisait même bien pâle figure ces derniers jours. Pendant que le premier attirait à lui toutes les lumières médiatiques, le second parvenait tout juste à décrocher une interview dans Le Figaro pour donner à lire sa vision des émeutes anglaises. Ben alors, Alain : on comate ?



1 Rudolph Giuliani dans Time Magazine, le 15 janvier 1996.

2 Pour une très efficace mise à bas des prétentions sécuritaires de Bill Bratton et de ceux qui le soutiennent, se reporter à cet article de Loïc Wacquant paru dans Le Monde Diplomatique en 2002 : « Sur quelques contes sécuritaires venus d’Amérique ».

3 Il faudrait sans doute s’interroger sur la façon de nommer ces quelques jours d’agitation et d’affrontement. Par commodité, cet article reprend la terminologie employée par les médias. Émeutes, donc.

4 Mr Bratton last night said he would have « considered it an honour » to have been given the opportunity to apply for the post.

The move followed the resignation of Sir Paul Stephenson, the head of Scotland Yard, last month amid the phone hacking scandal.

...

Mr Bratton, who was praised for cutting crime and gang warfare during his time in both cities, signalled he would be interested when he was approached.

But Mrs May was uncomfortable with the idea, which would have ripped up the centuries-old tradition of British citizens serving in the police.

5 Le terme exact est : « Senior Consultant to Kroll Public Services Safety Group and Crisis and Consulting Management Group ».

6 Pour un parfait résumé de cette vengeance de classe, lire ce texte de Frédéric Campagna, traduit par l’ami Serge sur Les Contrées magnifiques.

7 Étudié par Mathieu Rigouste dans son dernier livre, Les marchands de peur, éditions Libertalia.


COMMENTAIRES

 


  • mardi 16 août 2011 à 13h11, par un-e anonyme

    vous y étiez à peyrelevade ?



  • mardi 16 août 2011 à 17h13, par wuwei

    Encore un à qui le couvre-chef semble avoir trop serré une boite crânienne passablement dépourvue du moindre neurone. Le Figaro perd la main, il pourrait demander son avis à Aussaresse car sur le problème du maintien de l’ordre en milieu urbain je trouve le ricain nettement tiède sur les moyens utilisés pour arriver à ses fins. Sur ce sujet qu’en pense la Droite Populaire , aka le chainon manquant entre UMP et FN ? En tout cas certains propos de Lionel Lucas me laisse penser que pour eux c’est TINA.
    « Vous pouvez nous appeler la droite dure ou la droite de fer. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’est pas des invertébrés, des émasculés. On a des discussions d’hommes. Enfin… même avec les femmes. »

    • mercredi 17 août 2011 à 19h04, par JBB

      « Le Figaro perd la main, il pourrait demander son avis à Aussaresse »

      Clair. En voilà qui ne fait pas les choses à moitié. Et puis, une si jolie tronche : ça donne envie...

      Pour le reste, la Droite Populaire doit être en vacances : on ne les entend plus. C’est bien, ça repose.

      Mais on peut préjuger - sans trop se tromper - ce qu’ils en diraient. Il y a un peu plus de deux mois, Myard et Luca avaient ainsi réagi à la proposition d’envoyer l’armée dans les banlieues. Tout en finesse, évidemment.

      Lionnel Luca : « Je pense qu’il faut utiliser des armes lourdes, je vous rappelle que l’été dernier des armes lourdes ont été utilisées par des gangsters. Quand on vous tire dessus à la kalachnikov c’est difficile de répondre à la sarbacane. On doit avoir des unités professionnalisées, militaires. »

      Et Jacques Myard : « On est dans un phénomène d’émeute, on est dans un phénomène de guerre civile. Il est tout à fait légitime que si la police reçoit des balles, malheureusement il faut répliquer. »



  • mardi 16 août 2011 à 18h14, par fred

    hello Jb, je vois que tu as bien récupéré des nuits du 4/08 ! Mais je n’en dirais pas plus....

    Alain Bauer se fait bouffer l’herbe sous le pied avec sesréférences en bois d’arbre aux « jacqueries » et sa recette de « pot-au-feu ».

    Laurent Mucchielli (2002)
    La politique de la « tolérance zéro » : les véritables enseignements de l’expérience new-yorkaise”.
    (article paru dans Hommes & Libertés, 2002, n°120, p. 38-40)

    amitiés

    • mercredi 17 août 2011 à 18h34, par JBB

      Eheh...

      « Mais je n’en dirais pas plus.... »

      Je t’en sais gré, camarade :-)

      « Alain Bauer se fait bouffer l’herbe sous le pied »

      Mais aussi, c’est qu’il n’a pas de bel uniforme avec lequel poser, le pauvre. Un crâne chauve, ça ne vaut pas des médailles clinquantes et un flingue à la ceinture pour faire le beau devant les caméras et les objectifs.

      « amitiés »

      Tout pareil.



  • mardi 16 août 2011 à 18h44, par Quadruppani

    Je n’ai pas l’habitude de faire de la retape, mais :
    http://quadruppani.blogspot.com/201...
    pour avoir une idée de l’étendue des infâmies perpétré par le pouvoir britannique, appuyé par une partie de sa population, aux dépens des misérables qui ont grapillé quelques miettes au banquet des riches de l’obèse Albion.
    Il serait temps qu’un peu de solidarité se manifeste…

    Voir en ligne : http://quadruppani.blogspot.com/

    • mardi 16 août 2011 à 20h49, par un-e anonyme

      ici Bauer2

      stopeu stopeu stopeu

      cet article fait une fixation sur l’industrie securite.

      or, toutes les industries, après avoir liées quantité et rentabilité sont passées à qualité et rentabilité.

      c’est ça l’économie aujourd’hui, dans son ensemble.

      les British se sont toujours crus inégalables, c’est pourquoi ils ne sont jamais allés au front se battre contre des blacks pour verser leur propre sang.

      donc rien de neuf au pays de la vache folle !

      • mercredi 17 août 2011 à 03h12, par H2

        Le pauvre papi, il va se faire bouffer tout cru !

        Y’a pas à dire, à force, le petit Cameron, c’est plus une émeute, c’est carrément la révolution qu’il va déclencher s’il continue à faire n’importe quoi et à inviter n’importe qui.

        Les gueux s’invitent au bal des faux-culs, ça va twister !

        Si j’étais reine d’Angleterre, je préparerais mes valises pour aller voir à Dubaï si j’y suis parce que ça va pas durer éternellement cette comédie bouffonne.

        Quand les trois fleuves vont se rejoindre, ça va faire mal.

        Fleuve n ° 1 : La jeunesse prolo-étudiante paupérisée
        Fleuve n ° 2 : La jeunesse prolétaire déjà depuis longtemps paupérisée
        Fleuve n° 3 : Les restes du peuple après le passage des banquiers et des Hyènes et ce qu’il en restera après austérité globale. De la peau et les os.

        Ce dernier fleuve n’a pas encore vraiment compris la partie qui est en train de se jouer. Il va pas tarder à comprendre. Un peu dur de la feuille les vieux......

        • mercredi 17 août 2011 à 19h21, par JBB

          @ Serge : de la retape ? Que dalle, c’est de l’info. Merci :-)

          Et c’est clair, cette hystérie vengeresse est si brutale qu’elle en devient ahurissante, d’autant plus choquante qu’elle est appuyée par une partie de la population et par les médias (sur ce point, la façon dont une vidéo, celle du jeune homme blessé et qui s’est fait piquer le contenu de son sac, a fait le tour de la planète, devenue l’une des plus vues à propos des « émeutes » est révélatrice : pas un site qui ne l’ait reprise...). Pour dernier avatar,les quatre ans de taule infligés pour des prétendus appels à l’émeute sur Facebook.

          Frédérico Campagna a parfaitement résumé le truc : « Cameron avait annoncé qu’il n’y aurait pas de pitié, et la pitié a décidé avec obéissance de s’enfoncer dans le ventre de la terre »

          @ anonyme : euh... oui ?

          @ H2 : « Si j’étais reine d’Angleterre, je préparerais mes valises pour aller voir à Dubaï si j’y suis parce que ça va pas durer éternellement cette comédie bouffonne. »

           :-)

          (En espérant que tu aies raison. Mais là, ils frappent si dur et fort en mode répression qu’il n’est pas sûr qu’il y ait encore grand monde debout, une fois l’attilesque vague de condamnation terminée)

          J’aime bien l’image des trois fleuves. Pourvu qu’ils soient suffisamment puissants pour emporter tous les barrages.

          • mercredi 17 août 2011 à 20h08, par un-e anonyme

            ben oui, JBB

            tu vois, y’a rien pour canaliser les émeutes à Londres, c’est bien dommage.

            alors Cameron s’en occupe.
            Qu’est-ce que tu veux, c’est la réalité.

            c’est comme Madame Le Pen qui s’occupe des petits cons d’arabes avec son instinct maternel à elle.,
            vu que Chérèque il le fait pas.

            Alors, les petits émeutiers, ils ont voulu passer à la télé, ils sont passés à la télé.
            Voiilà.
            Les étudiants, les médias leur avait évité ça, c’est à dire le pire, mais pour les pauvres mecs, pas de cadeaux, comme d’hab.

          • jeudi 18 août 2011 à 09h32, par fred

            hello

            concernant les 4 ans de taule :

            Mais malgré leurs excuses, la sentence du tribunal de Chester est sans appel : 4 ans de prison pour l’organisation de « troubles graves ». Une sanction certainement dissuasive puisqu’aucun de ces deux évènement n’a eu lieu.

            Maintenant il faut des armes...

            amitiés

            • jeudi 18 août 2011 à 10h18, par un-e anonyme

              tu te calmes, Fred.

              Ma grand-mère, au temps des boches, elle a su balancer un grand coup de pompes dans les fusils que les soldats avaient regroupés devant un bâtiment pour l’empêcher de rentrer.

              alors, tu nous bassines pas avec les armes.

              Merci.

              • vendredi 19 août 2011 à 09h31, par fred

                à anonyme de 10:18

                Le « Maintenant il faut des armes » est en référence à Blanqui, mais j’ai oublié de le préciser.

                Sans manquer de respect à l’action de résistance de ta grand-mère, il me semble qu’il en faut un peu plus pour faire avancer les choses.

                Nos démocraties européennes, avec leur sagesse coutumière, ont pris le temps d’observer comment se passaient les émeutes Tunisienne et l’insurrection Libyenne avant de proclamer haut et fort leur soutien tout en réajustant leur politique étrangère et fourguer leur armement pour « la bonne cause ».

                Par contre, ces mêmes démocraties sont moins bienveillantes avec les émeutiers quand cela se passe en Europe (surtout de l’Ouest). On le voit bien sur le terrain depuis quelques années où chaque mouvement de manifestation doit faire face à une répression policière violente et une justice de classe « pour l’exemple ».
                De Joachim Gatti à perdu un œil à Montreuil à Patrick Dubreucq qui a pris 1 mois de prison ferme pour l’arnaque de Poitiers où la flicaille a semé tout le long du chemin marteaux et cailloux jusqu’au squat, et permettre ainsi à Brice Hortefeux de demander la dissolution des « groupuscules »...

                La conscience ne peut pas inciter à l’inconscience. On ne va pas à l’émeute, on s’y trouve.

                et l’arme de la critique ne remplacera jamais la critique par les armes.

                • vendredi 19 août 2011 à 12h04, par un-e anonyme

                  Fred

                  j’apprécie vraiment la qualité de ta réponse.

                  c’est vrai ce que tu dis, ces démocraties là, faut toujours que ça aille dans leur sens.

                  • samedi 20 août 2011 à 14h33, par fred

                    à inconnu de 12:04

                    Merci.

                    Il y a deux ans je postais :

                    Ce que je trouve toujours paradoxal avec nos démocraties du G20 décomplexées, c’est qu’elles ne se privent pas de défendre la « Liberté » à grand coup de bombes hors leurs murs et de flash ball intramuros, usant donc de « violences nécessaires », quitte à promulguer des lois et « forcer » des alliances sous prétexte d’amener ou « restaurer » la paix,le tout « couvert » par les médias, le verbe « couvert » prenant ici tout ses sens.

                    Notre gouvernement proposait fin 2010, en la personne de Jean-Marie Bockel, un repérage des troubles du comportement dès l’âge de 2-3 ans. Mâter les libertaires et râleurs au berceau, leur plus grand projet !
                    Étouffer les prémices de la contestation dans l’œuf, pour le bien de la liberté...de consommation et de la petite propriété.

                    amitiés

                    • samedi 20 août 2011 à 18h15, par un-e anonyme

                      je réfléchis à ce que tu me dis, Fred,

                      et je trouve que c’est bien dommage que la dernière personne dont tu me parles ne s’appelle pas Auguste.

                      ( ça aurait fait un type de clown )



  • mercredi 17 août 2011 à 08h01, par a.

    Pourtant, les Britanniques ont une riche expérience de la répression à grande échelle, par exemple la Malaisie (déplacement de la population chinoise dans des « villages stratégiques », années 1950). En tout cas ça fait plaisir ce dépassement de la « préférence nationale » par les classes dominantes mondiales.

    Aussi, rapport à certains passages en anglais dans le texte et non traduit, on est pas tous censés comprendre.

    merci pour l’article.

    • mercredi 17 août 2011 à 19h25, par JBB

      « En tout cas ça fait plaisir ce dépassement de la »préférence nationale« par les classes dominantes mondiales. »

      J’avoue, je n’avais pas vu les choses ainsi :-)

      « certains passages en anglais dans le texte et non traduits »

      Promis, ça ne se reproduira plus.



  • jeudi 18 août 2011 à 22h43, par Spleenlancien

    Londres brûle. Causes et conséquences une perspective anarchiste publiée par Workers Solidarity Movement d’Irlande. Un groupe anar irlandais.

    Première partie : http://liberationirlande.wordpress....

    Deuxième partie : http://liberationirlande.wordpress....

    • vendredi 19 août 2011 à 10h52, par fred

      Merci pour l’info qui a du mal à traverser la Manche.

      Encore une bavure policière :

      Mark Duggan did not shoot at police, says IPCC

      IPCC releases initial findings of ballistics tests in police shooting of Mark Duggan, whose death sparked London riots

      Mark Duggan, whose shooting by police sparked London’s riots, did not fire a shot at police officers before they killed him, the Independent Police Complaints Commission said on Tuesday.

      Releasing the initial findings of ballistics tests, the police watchdog said a CO19 firearms officer fired two bullets, and that a bullet that lodged in a police radio was « consistent with being fired from a police gun ».



  • vendredi 19 août 2011 à 22h26, par espoir chiapas

    Mumia Abu-Jamal propose un essai présentant ses réflexions sur les émeutes qui ont secoué l’Angleterre la semaine dernière. Mumia, surnommé « la voix des sans voix » est un activiste militant condamné à mort depuis 1982.

    Mumia Abu-Jamal propose un essai présentant ses réflexions sur les émeutes qui ont secoué l’Angleterre la semaine dernière. Mumia, surnommé « la voix des sans voix » est un activiste militant condamné à mort depuis 1982.

    LONDON CALLING (Essai de Mumia Abu-Jamal)

    Après des décennies de trahison politique du parti travailliste et l’effronterie des « Tories » (le Parti Conservateur Britannique) contre la classe ouvrière surge une classe furieuse pleine de rancœurs qui a secoué ce qui fut le centre de l’empire Global : Londres.

    Les incendies se sont étendus à Birmingham, Croydon, Bristol, Liverpool et Tottenham, la mèche a pris par le même type d’agression qui avait suscité les explosions des années 60 et 90 : la violence policière — cette fois employée contre un père de 20 ans avec ces 4 fils, Mark Duggan.

    Mais bien que la violence policière fût l’étincelle, cela ne signifie pas que ce fut la raison principale. Les années de coupures budgétaires, chômage, baisse drastique d’opportunité éducative, et la pire mesquinerie politique face aux pauvres, aux dépossédés, aux migrants et autres marginalisés, ont laissé beaucoup de gens avec une saveur amer dans la bouge, spécialement dans une ville converti en centre financier de l’Europe, où d’aucuns vivent une vie d’excès et d’abondance.

    Comme nous pouvions l’attendre, les politiques se sont rués sur les microphones et ont débité des phrases qui apportent à l’esprit des prétextes que leur cousin américain au pouvoir dans les années 60, ou les justifications pour exonérer les policiers qui ont violenté Rodney King, dont la sauvage raclée avait amené à l’embrasement du sud de la Californie en 1992.

    « Ce sont des délinquants, rien de plus. On ne parle pas des conditions sociales ! »

    « Ce sont des durs. Ce sont des voleurs, rien d’autre que ça ! » (la dernière fois je me rendis compte, les voleurs ne brulent pas les lieux qu’ils volent).

    Les incendies sont des tentatives de destruction. Point : !

    Durant le tumulte des années 60 le révèrent Dr. Martin L. King, Jr, dit : « Dans le fond, un émeute est le langage de ceux que l’on écoute pas ».

    Jusqu’à aujourd’hui, ceux qui sont au pouvoir en Angleterre n’ont rien écouté !

    Depuis le Couloir de la mort, c’est Mumia Abu-Jamal

    10 Aout 2011.

    Audio Gravé par Noelle Hanrahan www.prisonradio.org
    Collectif de soutien fr : www.mumiabujamal.com
    Publié par : http://espoirchiapas.blogspot.com/2011/08/london-calling-essai-de-mumia-abu-jamal.html


    + d’infos :
    Le blog de libération Irlande propose un texte très informé et construit sur le mouvement émeutier en Grande-Bretagne, écrit sur le vif par le Workers Solidarity Movement d’Irlande.

    1* Partie
    http://liberationirlande.wordpress....

    2* Partie
    http://liberationirlande.wordpress....

    Voir en ligne : http://espoirchiapas.blogspot.com/2...



  • samedi 20 août 2011 à 12h39, par spleenlancien

    Emma Goldman avait raison quand elle disait qu’une révolution où on ne danse pas, c’était pas sa révolution...

    Voir en ligne : http://http://www.youtube.com/watch...



  • samedi 20 août 2011 à 16h05, par wuwei

    “les masses, sans attendre que les chaises soient disposées autour du tapis vert, n’écoutent que leur propre voix et se mettent à tout incendier".
    Frantz Fanon

    Il fait un assez chaud en ce moment. Un temps propices aux incendies mais j’ai l’impression que les culs sont encore un peu trop lourds



  • mardi 23 août 2011 à 15h43, par N1tio

    Je viens tout juste de découvrir votre site et vous êtes navrant... vous souhaitez imposé VOS idéologies, alors que la très grosse majorité des citoyens français n’en veulent pas, vous savez comment on appelle sa ? Du fascisme.

    Haine envers le policier, pro-immigrationisme et j’en passe... Vous êtes une belle caricature des anarchistes... C’est pour cette raison que je me demande... Vous êtes des trolls hein ?

    • mardi 23 août 2011 à 18h00, par wuwei

      « ...alors que la très grosse majorité des citoyens français n’en veulent pas »

      Si atlantico m’était conté ! En 1940 la très grosse majorité des Français étaient de fervent supporter du Maréchal, adoraient la police de Vichy, la milice, et détestaient déjà tout ce qui n’était pas franchement gaulois. C’est qui qu’ont eu l’air de gros connards fachos en 1945 ?

      • jeudi 25 août 2011 à 00h14, par N1tio

        Parce que nous somme dans le même contexte que les années 40, avec le système du régime de Vichy ? j’en doute énormément... qui c’est le peuple persécuté ? huum... le peuple natif européen, mais sa faut pas le dire, ça risquerait d’offusqué toutes les âmes bien-pensantes gauchistes et scandés au racisme.

        Et là dans ce que tu as écrit, j’ai un petit sourire « supporter du Maréchal, adoraient la police de Vichy, la milice, et détestaient déjà tout ce qui n’était pas franchement gaulois »
        - Sarkozy n’est plus autant aimer qu’à ses débuts ;
        - La Police n’est guère apprécié par la moitié de la population ;
        - Des milices, il n’y en a strictement pas à notre époque ;
        - On en fait plus pour les immigrés et pour les autres pays que pour nos citoyens et notre pays.

        • jeudi 25 août 2011 à 06h29, par un-e anonyme

          Mon cher N1tio, le Docteur t’avait fait une prescription, et je vois que tu ne prends plus tes gouttes !

          Alors je te re-precise : 20 gouttes le matin, 15 gouttes le soir ....

          tu sais qu’il est très important pour toi de bien suivre ton traitement....

          tes amis qui t’aiment

        • jeudi 25 août 2011 à 11h17, par wuwei

          « les âmes bien-pensantes gauchistes »

          Tu ne sais pas encore que le gauchiste n’a pas d’âme !

          « Et là dans ce que tu as écrit, j’ai un petit sourire »

          fais gaffe le gauchiste sournois commence par dérider l’innocent facho et vite fait celui-ci se retrouve à lire Marx, Proudhon, et autres blasphémateurs à la place de la sainte lecture de Gérard Devilliers ou Jean François Revel. En fait pour ta stabilité extrème-droitière tu devrais éviter ce lieu insalubre où pullule l’anar et sévit le gauchiste.

          • jeudi 25 août 2011 à 13h26, par un-e anonyme

            Je parie que tu t’es crû hilarant avec ton commentaire sur les gouttes... Mais ne t’en fais pas, je n’ai aucunement besoin d’un traitement contrairement à d’autres qui sont mentalement malade, qui souhaitent l’anéantissement de notre Patrie, que l’on oublie l’Histoire de France, ce qui fait notre peuple et notre identité en tant qu’Homme parmi les autres Hommes.

            Me retrouver à lire Marx, Proudhon et autres, j’ai commencé à les lires dans ma jeunesse ou j’étais dans le brouillard (au JC si tu préfères) et lorsque j’ai fini par comprendre que ses gens ne servaient que leurs propres intérêts, j’ai préféré arrêter dans cette voie, et j’ai fini par trouver mieux ailleurs.
            Et ne t’inquiètes pas, j’ai trouvé par pur hasard ce lieu insalubre d’anarcho-malades, j’ai juste laisser un petit commentaire et répondu à ta réponse, je n’y reviendrai jamais.

            A bon entendeur très cher, au plaisir de te croisé dans une manif !..



  • dimanche 18 septembre 2011 à 18h49, par Greg

    Comme d’accoutumée j’ai tiqué sur un protagoniste secondaire de l’article, le maire de Caracas, Alfredo Peña. Une très belle trajectoire quand même dont je vous fais la courte biographie.

    Le type sort de la fac de journalisme ya 30 ans de ça, commence à bosser pour le journal du Parti Communiste Venezuélien, avant d’aller bosser à Venevision, chaine privée (de droite). En 1998 il se rallie au chavisme, devient un temps secrétaire de la présidence et participe même à l’assemblée constituante.
    ET, c’est là que ça devient drôle. Comme beaucoup, il prend peu à peu ses distances avec le chavisme, critiquant son inaction dans le domaine de l’insécurité. C’est sûr que « la vitre cassée » n’est aps exactement la manière de faire de la police caraquègne. Finalement, il rompt définitivement avec le pouvoir quelques mois avant le coup d’Etat de 2002. C’est là qu’il s’illustrera notamment en ordonnant à la Police Metropolitaine d’attaquer les chavistes tentant d’enrayer le coup d’Etat. Autre de ses faits d’armes : l’ordre d’expulsion et de fermeture de canal de la télévision communautaire Catia TVe en 2003.
    Le type est aujourd’hui à Miami et est toujours recherché par la justice vénézuelienne pour son rôle dans le coup d’Etat de 2002. ET il ne reviendra au Venezuela « qu’une fois que sera rétablit l’Etat de droit ». Parole.

    (source : wikipedia.es)

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