ARTICLE11
 
 

jeudi 27 janvier 2011

Le Cri du Gonze

posté à 20h46, par Lémi & JBB
20 commentaires

Pandémie démocratique au Maghreb - l’angoisse de la contagion
JPEG - 26.3 ko

Cela fait environ un mois que le très virulent virus V1R1 2.0, celui de la grippe démoviaire, s’est abattu sur la Tunisie et que le monde civilisé tremble : le régime de Ben Ali paraissait si sain et robuste que personne n’imaginait un tel dénouement. Maintenant que l’épidémie s’étend à l’Egypte et à l’Algérie, les pronostics les plus pessimistes semblent se confirmer : une pandémie mondiale n’est malheureusement plus à exclure.

1
-

« Scandaleux ! J’ai tiré la sonnette d’alarme et personne n’a écouté. On m’a traînée dans la boue pour avoir charitablement proposé le savoir-faire français en la matière aux pays sinistrés. Du matériel prophylactique a même été stoppé à Roissy, pour des raisons que je n’hésiterais pas à qualifier d’obscures. Et maintenant que d’autres pays sont touchés, ils viennent tous pleurer. J’ai envie de dire : qu’ils se démerdent...  »
La ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie – la première à avoir agité le spectre de la pandémie avec un certain colonel Khadafi – ne mâche pas ses mots quand on l’interroge sur la situation sanitaire au Maghreb. Alors que les États occidentaux s’avouent de plus en plus préoccupés par cette vague inédite de grippe démoviaire, MAM préconise désormais un plan « vigie-démos », seule remède à l’aggravation de la situation. « Il faut agir drastiquement, et dès maintenant, pour stopper la contagion. Les vecteurs d’épidémie, on les connaît : le contact numérique – Facebook, Twitter, etc... – et, surtout, le contact corporel lors de manifestations. Pour y remédier, il faut interdire tout rassemblement. Quant aux personnes infectées, elles doivent immédiatement être hospitalisées : si les lieux adéquats affichent complets, il ne faut pas hésiter à réquisitionner les prisons. C’est une question d’humanité. »

JPEG - 104.1 ko
Un enfant infecté brandit devant les caméras sa demande sanitaire : un traitement lacrymogène, seul à même d’endiguer le mal.

Jusqu’ici, le scénario catastrophe semblait peu probable. Le Virus R1V1 2.0, également nommé grippe démoviaire, paraissait se cantonner à un périmètre limité, immédiatement placé en quarantaine. En clair : la Tunisie était perdue, mais il y avait bon espoir qu’elle soit la seule touchée par la pandémie. Un optimisme qui n’est plus de mise, puisqu’il est désormais établi que le virus a sauté les frontières, prenant ses aises en Égypte et en Algérie. Plus que jamais, il faut donc stopper l’hémorragie. Une question de vie ou de mort (démocratique).

Epidémiologiste de renom, l’expert Xavier Rauffer explique - pour sa part - que le Maghreb est particulièrement exposé à ce types d’infection : «  Il y a plusieurs raisons à la diffusion éclair du virus dans ces régions. La présence d’agents immuno-dépresso-islamistes, qui aggravent le risque de propagation. Et aussi, le fait que le déficit en matière de personnel soignant soit criant. Pour ne rien arranger, ce dernier est insuffisamment armé pour affronter efficacement ce type de situation : matraques prophylactiques, armures de protection et gaz lacrymo-immunitaires font trop souvent défaut. On se croirait en mai 68, quand l’anarcho-virus avait le champ libre. Bref, il faut rétablir l’ordre sanitaire. Et vite ! »

Ce n’est pas la première fois que la civilisation humaine fait face à une épidémie de ce type. Personne n’a oublié les phases épidémiques des années 1960 et 1970, quand le vaccin néolibéral n’avait pas encore été inventé et que les médicaments autoritaires restaient limités. Depuis, le mal a été endigué en Europe et dans le reste du monde occidental. Mais si les nations riches ont su se mettre à l’abri, certaines parties du monde restent à la merci du virus de la grippe démoviaire. De quoi alarmer les plus hautes autorités, et jusqu’à un président Sarkozy se disant « très concerné et touché » lors d’une récente conférence de presse : «  Combien de temps allons-nous rester insensibles à la détresse des populations soumises au virus démocratiques ? Pouvons-nous rester bras ballants devant la contagion annoncée ? Non, trois fois non ! D’autant que les remèdes sont à notre portée : le cas cubain, par exemple, montre bien qu’il est possible de faire refluer le virus par des administrations régulières d’autoritarisme. M. Moubarak et M. Bouteflika peuvent donc compter sur nous : nous ferons tout pour les soutenir dans cette passe difficile.  » Jolie preuve que les basses querelles politiciennes peuvent parfois s’effacer devant l’intérêt du monde libre, l’opposition socialiste a positivement réagi à ce message fédérateur. Et à appelé, en la personne de Mme Royal, à « l’union sacrée » - rien de moins... - contre le risque de contagion : «  Pour avoir personnellement côtoyé une des récentes victimes de l’épidémie tunisienne (et non des moindres), je peux vous dire que je suis sensible à ce combat et que le PS fera tout pour lutter contre ce fléau.  »

JPEG - 57.2 ko
Précédent historique : un malade cubain en cours de traitement

Reste à savoir si les remèdes prônés - somme toute assez classiques - seront à même de faire échec à un virus particulièrement résistant et mutant. R1V1 2.0 a en effet su évoluer à une rapidité inquiétante, et la souche pathogène n’a fait que peu de cas des premiers traitements d’urgence. En Tunisie, le répit offert par la constitution d’un gouvernement fantoche, copie presque conforme de ceux (successifs) de Ben Ali, n’a été que de très courte durée : en l’espace de deux jours, les malades conspuaient déjà les hommes liges d’un pouvoir n’ayant de nouveau que le nom. Nombre de Tunisiens semblent avoir développé une forme aiguë de la maladie. Les symptômes ? Une soif grandissante de révolution, de liberté et d’égalité, le tout dépassant, et de loin, le simple rejet d’un régime corrompu. À tel point que certains experts se font alarmistes. « La pandémie a atteint un stade critique : si le virus continue à se répandre, il ne sera plus possible d’y faire échec. Il existe bien des vaccins efficaces contre l’agent pathogène de la révolte, mais aucun n’est réellement à même de mater une révolution », s’inquiète ainsi un conseiller du ministère français de la Santé. Et de conclure sur ces termes, alarmiste : « Je ne veux faire peur à personne, et il faut éviter tout mouvement de panique. Mais... les conditions d’une contagion européenne sont désormais réunies. »



1 Ce pastiche s’appuie sur un constat : l’usage récurrent par certains médias du terme de « contagion » pour évoquer la possibilité que la révolte tunisienne s’étende aux pays voisins. Un choix lexical pour le moins maladroit - voire très révélateur - puisquele mot se définit ainsi : « La contagion est le fait de transmettre une maladie de façon directe ou indirecte. » Une maladie, la révolte populaire ? C’est sans doute l’inconscient qui parle...

À preuve, ce titre de Paris-Match dans son édition électronique du 24 janvier, Maghreb : craintes et contagion, cet autre du Monde en date du 18 janvier, Les obstacles à une contagion de la contestation au Maghreb, et ce troisième par l’inénarrable Jean-Michel Aphatie sur RTL : La contagion tunisienne. Quelques exemples parmi d’autres, tant le terme a été utilisé à foison et encore bien davantage dans le corps des articles qu’en titraille. L’aspiration à la liberté est contagieuse : les journalistes et éditocrates savent décidément fort bien rappeler, à l’attention de ceux qui l’auraient oublié, dans quel camp ils se rangent...

Mais il y a pis : pour les lecteurs qui n’auraient pas saisi toute la charge péjorative contenue dans le terme « contagion », quelques gens de presse ont cru bon d’y accoler le mot « risques ». Ainsi du Parisien, qui a titré le 16 janvier sur De sérieux risques de contagion dans le monde arabe, de La Dépêche, dont l’éditorial du 17 janvier est intitulé Tunisie, des risques de contagion, ou du chercheur Pascal Boniface, dont l’entretien accordé sur le sujet au Parisien est titré Il y a un risque de contagion au Maghreb... Mais c’est Le Monde - encore lui... - qui a su le mieux dire la peur du soulèvement populaire et de son extension à toute la région, sa Une du 19 janvier résumant parfaitement les craintes et angoisses d’une petite élite face au renversement de l’ordre établi. Maghreb : les risques de la contagion tunisienne s’affiche ainsi en gros, sur deux colonnes et en tête de la première page. De quoi prendre peur, non ?

JPEG - 26.2 ko

Au moins, les choses sont claires...


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 28 janvier 2011 à 01h40, par thé

    Oui, espérons ou pandémie ou contagion.
    Sinon, je ne sais pas les autres,
    mais j’ai du mal à suivre les divers intervenants
    On répond à une intervention, mais ça peut être aussi général
    Je dis ça, je dis rien.
    ça a l’air de vous convenir
    C’est peut-être moi



  • vendredi 28 janvier 2011 à 07h11, par jo2a

    Cela fait bien longtemps que j’ai été contaminée par ce virus et que je peux constater ses effets toxiques. C’est terrible ! Il m’arrive de contaminer les gens que je croise simplement en leur parlant. La maladie se développe assez lentement au début mais finit par envahir tout votre organisme. Une fois atteint, le malade développe de drôles de pathologie : il a du mal à regarder la télévision ou à écouter et lire les grands médias sans ressentir une grande colère, parfois de la rage, il ne supporte plus les réactions des gens sains, particulièrement ceux qui sont en charge de traiter la maladie. En fait il voit le mal partout. Quand les autorités disent blanc, il comprend noir. Les remèdes appliqués ne font qu’empirer les choses, même si sur le moment, cela semble calmer la maladie. J’ai constaté que la maladie touchait plus particulièrement les jeunes ce qui explique qu’il se propage plus vite dans les pays où il y a 70 % de jeunes, et devrait mettre les pays occidentaux à l’abri d’un tel fléau. Enfin il faut espérer car certaines personnes âgées ont été atteintes dans leur jeunesse et peuvent malheureusement faire une rechute. Mais il ne faut pas désespérer, des cas de guérisons définitives ayant été constatées partout dans le monde. Évidemment ces personnes là ont eu la chance d’avoir un traitement particulièrement efficace ( un mélange spécial de notoriété, argent, pouvoir, et administration d’un puissant annihilant de conscience) .
    La maladie a un autre effet pervers : on ne veut pas guérir, pire, on veut contaminer tout le monde !!!!



  • vendredi 28 janvier 2011 à 08h22, par Hypercondriaque

    Après « l’épidémie de suicides » chez France Télécom, voici la pandémie démocratique ! C’est dingue ces maladies qui se propagent autour de nous sans qu’on ne puisse rien y faire...

    • vendredi 28 janvier 2011 à 11h05, par HN

      N’oublions pas le syndrome dévastateur qui a touché les « marchés », puisque nous avons dû passer des heures à leur « chevet », afin de « guérir » les économies « malades », « victimes » d’un virus dont on a de vagues idées de l’origine (on a des pistes vers d’éventuels financiers, mais rien n’est sûr encore...).
      Il faut « rassurer » les marchés, qui ont développé des troubles paranoïaques et schizophréniques dès lors qu’on annonce que tel pays va être en défaut de paiement ou voit sa population s’éveiller et refuser les magouilles passées avec ses dirigeants.
      Un pet de travers et c’est la « dépréciation » par les agences de notation (la mauvaise note au mauvais élève) ou la spéculation (la fameuse schizophrénie) si on ne les rassure pas très vite en leur « injectant » le remède (du pognon... et pas par dizaines de milligrammes...).

      A mon avis, y a un médecin qui s’est recyclé en prof à la CFPJ...

      Cdlmt



  • vendredi 28 janvier 2011 à 09h52, par Soisic

    L’origine de la pandémie est toujours la même : le Mexique !

    Le cochon mexicain avait disséminé son virus grippal en 2009 ; le Mexique ayant fêté le centenaire de sa révolution, c’est à présent la « fièvre révolutionnaire » qui gagne le monde entier : viva Zapata !



  • vendredi 28 janvier 2011 à 11h45, par fred (du boulot)

    Bien vu le retour de la rengaine hygiéniste !

    « Alger craint la contagion tunisienne » Libération - ‎23 janv. 2011‎

    « Les régimes arabes craignent la contagion » Le Figaro - ‎16 janv. 2011‎

    « Tunisie : les USA doutent d’une contagion régionale » TF1 - ‎21 janv. 2011‎

    Question prophylaxie, il faudrait demander au Dr Alfredo Astiz, de l’Escuela de Mecánica de la Armada et à notre eugéniste français A. Carrel afin de soulager ces manifestants incurables.

    amitiés



  • vendredi 28 janvier 2011 à 12h11, par wuwei

    Roseline n’a rien prévu comme vaccin ? On devrait demander à Servier si dans son arrière boutique de pharmacien ya pas un vieux médoc à recycler d’urgence.
    Ce matin sur Rance-Tuture notre grand prédictologue Adler nous faisait par de son inquiétude quant à la situation égyptienne, tant les Brothers -Islamistes sont méchants, pas bien et tout et tout. Mais disait-il (ce grand spécialiste du tout et du rien) : « Le peuple égyptien semble aimer son président et les risques de contagion restent limités ». Il me semble qu’il y a peu lui et quelques autres remparts contre l’islamo-gauchisme prétendaient que le sieur Ben Ali était bon, aimé et respecté par les Tunisiens.
    Il est fort Alex !



  • vendredi 28 janvier 2011 à 18h30, par wuwei

    Cela semble se préciser. Putain que c’est bon !

    « Le fils Moubarak et sa famille auraient déjà quitté l’Egypte. Alaa et Gamal Moubarak, les fils d’Hosni Moubarak, président d’une Égypte en pleine crise politique, sorte de réplique du séisme tunisien, et la famille du chef d’Etat auraient fui l’Egypte, et se seraient envolés vers la Grande Bretagne, d’après la presse britannique. »

    http://lachute.over-blog.com/ext/ht...



  • vendredi 28 janvier 2011 à 21h51, par spleenlancien

    Perso, je souhaite que la « contagion » traverse la Méditéranée et fissa !...



  • samedi 29 janvier 2011 à 04h59, par Alunk

    Docteur c’est horrible, mon virus a muté de democratus à revolutionnarus. Non seulement il provoque des symptômes graves de rejet de tous les tyrans, mais aussi de la tyrannie du capital et du spectacle. Tous les traitements, non seulement sont inefficaces, mais auraient plutôt tendance à raffermir les germes. Craignez vous qu’il soit contagieux, une partie de mon entourage semble bien atteinte ?



  • mardi 1er février 2011 à 20h44, par un-e anonyme

    L’utilisation de métaphores médicales de ce type est une vieille lubie des milieux anticommunistes militants. Ainsi en Indochine, ou en Algérie, la « rébellion » était comparée par nos brave officiers à une « tumeur », que l’armée « le chirurgien » devait extraire du corps social « infecté » par le « virus » marxiste ou nationaliste. Ce discours a comme avantage, pour ceux qui l’utilisent, de ramener la répression à un acte médical neutre, de la vider de son sens politique et de présenter ceux qui la mènent comme des spécialistes « scientifiques » posant des diagnostic et opérant . Un bombardement devient ainsi un acte chirurgical et non plus un acte de guerre, fruit d’une décision politique. Pas étonnant de voir la prose journalistique reprendre ces vieilles lunes avec entrain. Magie des mots...

    Voir en ligne : La métaphore médico-chirurgicale dans le discours militaire de la « guerre révolutionnaire »

    • lundi 7 février 2011 à 20h36, par Frédéric

      ramener la répression à un acte médical neutre

      Mieux que neutre, positif : même s’il vous fait du mal, comment en vouloir à son médecin ?

    • samedi 26 février 2011 à 20h15, par Miguel Enfoiros

      Les évènements qui se multiplient, et cette impression d’accélération de la rotation de la Terre fait dire à ces incorrigibles rêveurs que sont les démocrates qu’une « Révolution » se propagerait de dictature orientale en république bananière, doivent nous conduire à rappeler, à l’instar d’éminents éditorialistes comme Ivan Rioufol ou Eric Zemmour, qu’un sursaut démocratique des peuples arabes n’est pas du tout pour arranger nos bidons. Mais alors pas du tout.

 Brave Patrie a déjà évoqué le risque de choc migratoire tectonique qui menace l’Europe. Sans parler du fantasme anarchiste qui trouve là une nouvelle vigueur. Mais la déstabilisation impacte aussi directement certaines de nos traditions démocratiques.

      Il faut s’inquiéter de la chute de ceux qui furent le plus souvent nos amis. Ben Ali savait recevoir, les roues des avions officiels français faisaient un si beau bruit sur le tarmac de l’aéroport de Tunis. Moubarak aussi (qui évoque aujourd’hui ces parties fines entre diplomates occidentaux et faucons israéliens dans les palais du Caire ?). Ceux que nous clouons aujourd’hui au pilori, ceux que la bien-pensance et les droitdel’hommistes accusent de crimes contre l’humanité et de tortures pluridécennales, sont aussi le dernier rempart contre l’Islamisation Planétaire des Prieurs de Rue.

      « C’est un peu une chasse à l’homme, comme il existe ici des chasses à courre.
      Sauf que c’est moi qui joue le rôle du cerf. Je subis une sorte de lapidation médiatique
      assez impressionnante. Tout cet acharnement, c’est fait pour tuer
      . » Col. Kadhafi, 22 février 2011

      Ensuite, et plus profondément, nous devons comprendre que la démocratie n’est pas la panacée pour les Arabes. Ni ici, ni chez eux. Ici, la démocratie n’est pas de mise pour les populations barbares qui prolifèrent en périphérie de nos cités, comme leur expliquent à mots couverts nos ministres de l’Intérieur et de l’Identité Nationale depuis bientôt 10 ans. Mais en Arabie, quelle démocratie ? A chaque fois que des élections s’organisent, des barbus hystériques défilent. La démocratie, c’est grec, c’est européen, c’est occidental, désolé. Comme le dit Maurice Dantec, le Ivan Rioufol de la littérature française, « La civilisation arabe, on la met KO rien qu’avec les yeux », même.

      J’ai eu l’honneur de rencontrer le Colonel Kadhafi à plusieurs reprises en 2002, et je peux vous assurer qu’il s’agit d’un grand homme. Sa gestion politique, ferme et habitée, d’un pragmatisme bienheureux face aux hordes islamistes et à la tentation migrante qui caractérise tous ces peuples des rives sud de la Méditerranée, est un modèle dont certains en Europe pourraient s’inspirer. Je pense notamment à la virulence des mouvements sociaux grecs actuels, qui auraient bien besoin d’un Ben Ali ou d’un Kadhafi. Je pense aussi au strict contrôle migratoire pratiqué par ce général (on ne compte plus les brillants hommes d’état qui furent d’abord et avant tout « général »).

      La France ne mesure pas vers quelle pente diabolique cette mode de la transparence l’entraîne : si MAM ne peut plus tranquillement proposer aux dictateurs amis le concours de nos experts de la contre-insurrection, si elle ne peut entretenir la moindre relation, amicale ou commerciale peu importe, avec de courtois hommes d’affaires étrangers, si nos ministres et haut-fonctionnaires ne peuvent plus vacances passer sous des ciels exotiques en compagnie des satrapes orientaux... bientôt, nos élites ne pourront plus non plus mener leurs marchés noirs avec les autocrates africains ! Nos dirigeants ne pourront plus détourner de marchés publics en faveur de leurs amis industriels ! Nos députés ne pourront plus voter de législations en faveur des banques ou des lobbies !

      Il faut être moderne. Quelques idéalistes importuns ont beau jeu de déplorer que nous soyons « à l’heure où des préfets se piquent de diplomatie, où les « plumes » conçoivent de grands desseins, où les réseaux représentant des intérêts privés et les visiteurs du soir sont omniprésents et écoutés », mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui, les relations internationales se pensent en termes de gouvernance, de marchés et de « financements innovants ». L’idée de realpolitik n’est pas neuve, soyons un peu sérieux.

      Madame Alliot-Marie, Ministre des Affaires Etrangères et Européennes, proposait d’ailleurs aux gouvernements tunisien et algérien de bénéficier du « savoir faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permettant de régler des situations sécuritaires de ce type ». La proposition, d’une noblesse ébouriffante, d’un humanisme débridé, consistait justement à permettre aux régimes de ces deux pays de réprimer la contestation civile et sociale avec un peu moins d’effusions de sang tout en élargissant les commerciaux pour nos fabricants de Tazer et de Flashball… Encore un marché perdu à cause des gauchistes, voilà. Alors même que nos troupes de choc ont maintes fois prouvé la finesse de leurs techniques contre-insurrectionnelles, que les préfets sous l’impulsion de Brice Croixdefeux savent maîtriser n’importe quel apéro Facebook, et que nos leaders réformistes ont maintes fois montré qu’il était possible d’enculer régulièrement plusieurs dizaines de millions de personnes au gros sel sans que ça leur pique le dos.

      Mais qu’on se le tienne pour dit : aux yeux de notre irréprochable République, une « aspiration démocratique », une « revendication sociale », sont des situations sécuritaires qu’il convient de régler. C’est du moins le message de bon sens que MAM a tenté de faire passer, en vain. La presse n’aura retenu que ses voyages d’agrément et ses affaires familiales.

      « Je n’ai pas de palais, pas d’argent, je n’ai même pas d’avenir.
      J’ai consacré ma vie à la révolution. Je suis prêt à mourir en martyr,
      mais ce sera un bain de sang.
       » Eric Woerth, 30 août 2008

      Ces lynchages médiatiques, ces cabales gauchistes que sont les « affaires » Woerth et Alliot-Marie menacent gravement nos traditions républicaines. On ne s’étonne pas d’ailleurs de voir ces mensonges repris aussi largement au sein de la « gochosphère » théorisée par le brillant Benjamin Lancar. On ne s’étonne pas de voir la boue étalée par l’insolent Canard Enchaîné. Il est grand temps de faire taire cette presse gauchiste. L’enjeu n’est rien moins que LES CONTRATS, par exemple, que Nicolas Sarkozy va chercher avec les dents auprès des tyrans orientaux ou asiatiques, donc la compétitivité de nos entreprises, donc nos profits. Qu’allons-nous faire si la disparition du secret bancaire et la mode démocratique empêchent les juntes dictatoriales d’investir dans les projets de nos fleurons industriels ? Les satrapes orientaux sont économiquement justifiés. Et puis, une fois par décade, on en écarte un (Saddam) pour illustrer la thèse démocrate-libérale et faire jouir l’industrie de l’armement.

      Et puis, ça fait déjà un moment qu’on explique que le capitalisme amène nécessairement la démocratie, bordel de merde. Et puis même si ça n’est pas le cas, la conclusion qu’il faut oser en tirer, c’est que quand on a une bonne « gouvernance », on n’a pas besoin de démocratie.

      Dans cette ambiance de chasse aux sorcières et avec cette mode médiatique de la libération des peuples barbares, comment Valéry Giscard d’Estaing aurait-il pu offrir des diamants à Anne-Aymone ? Comment Roland Dumas aurait pu s’acheter ses pompes ? Qu’aurait fait de sa vie Jean-Charles Marchiani ? Comment Charles Pasqua aurait financé sa retraite ? Comment monsieur et madame Balkany partiraient en vacances ?

      Et puis merde, aujourd’hui, foutons enfin la paix à l’élite sarkozyste. Quand on a tant oeuvré pour la France, pourquoi ne pourrait-on pas savourer son statut d’élite planétaire au cours d’un bunga bunga Berlusconien ou d’une orgie en compagnie d’Hosni Moubarak ? Il est temps de mettre fin à cette hypocrisie : oui nos leaders méritent le luxe. Les voyages en Tunisie, après tout, font partie de la dolce vita

      Et au-delà, loin des larmoyants discours sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la démocratie qui ferait tache d’huile, sachons nous interroger avant tout sur l’afflux d’immigrés et la hausse du baril que les turbulences du monde arabe vont provoquer, sans coup férir. Sachons voir l’hydre islamiste en conquête, sachons voir le titan migratoire foncer vers nous, et réfléchissons à deux fois avant de condamner, fût-ce du bout des lèvres, les politiques sécuritaires de nos meilleurs partenaires commerciaux d’Orient. La chute des dirigeants maghrébins provoquerait un tsunami migratoire contre lequel même la campagne électorale de Marine Lepen pourrait ne pas suffire. Que même le rempart sécuritaire-identitaire du sarkozysme décomplexé ne pourrait arrêter.

      Voir en ligne : Avec les nimages et les liens : J’écris chaque jour un mail de soutien à Michèle Alliot-Marie.



  • lundi 7 février 2011 à 22h23, par un-e anonyme

    En France aussi la revolution a commencé, mais de facon beaucoup trop discrete, mais ça progresse, ça progresse...

    http://2ccr.unblog.fr/2011/02/06/en...

  • Répondre à cet article