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mardi 5 août 2008

Le Cri du Gonze

posté à 19h23, par Lémi
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Ultimate Fight : les Combats du Siècle, voire plus. 1) Bernard Henry-Lévy VS. Siné
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Jeux du cirque relookés, adaptés aux aléas de l’époque, les Combats du siècle, voire plus© visent à redonner un peu de gniaque à une info soporifique. En sortant les poings, on sort le sang. Et en sortant le sang, on redonne un peu de couleur aux pâlichonnes saillies médiatiques de l’actualité endormie. Et surtout –merci qui ?–, on met fin à des débats menaçant de s’éterniser ad nauseum. L’avenir de l’info ? Le punch.

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A main gauche, Bernard Henry Lévy, dit La Mèche en colère, puncheur d’abysses devant l’éternel, jambes carénées pour la fuite, gauche trompeuse, carrure de loup sur la défensive, spécialiste des coups tordus et des retournements de situation, esquive, feinte la droiture, triche, gigote, pétitionne pour désarçonner, endort par verbiage. 32 victoires dont 27 avant la limite par narcose hébétée. Huit défaites (une certaine incapacité à faire face aux attaques pâtissières) Coqueluche des médias, sa mèche le vaut bien.

A main droite, Siné, dit Pieds dans le plat, le reste itou, teigneux, maitrise mal l’esquive, une gauche du tonnerre, une droite inexistante. Spécialisé dans les uppercuts à l’emporte pièce, parfois inconsidérés. Autrefois très entouré, il s’entraine désormais seul. Considéré comme has been par les spécialistes, pratiquerait une boxe d’un autre âge, trop frontale. 23 victoires (13 KO au Pastis), huit défaites (trois consécutives alors qu’il était entrainé (de loin) par le très surestimé Dieudonné)

Lieu du combat :
Les locaux d’un célèbre journal autrefois satirique (mais ça date…).

Pesée :
Trois kilos de mèche en trop pour Henry-Lévy et un surplus indéniable de flagornerie éhontée ; le verdict est sans appel, il est rétrogradé en catégorie Très Lourd.
Siné s’en sort mieux niveau capillaire, quelques réparties peu fines l’ancrant néanmoins en Plutôt Lourd, l’âge sûrement.

Arsenal :
Après tirage au sort, Henry-Lévy a le choix des armes. Fidèle à ses habitudes, fin tacticien, il choisit le défilé d’Ego en zone médiatique.

Le combat :
Henry-Lévy est le premier à entrer sur le ring, sur l’air de La Marche héroïque. Il porte un peignoir John Galliano, en poils d’hermine métissés d’antilope afghane. Poings levés, il tourne sur lui-même pour faire admirer la finesse du tissu et l’inscription qui orne son armure de soie : « philosophe un jour, maitre à penser toujours ». Hurlements du public.
Siné le suit de près, peignoir noir, barbe de trois jours, haleine chargée, litron au bras, pas d’accompagnement musical. Silence hostile dans le public.

Le début du combat est à sens unique. Alors que Siné cuve dans son coin, grommelant tout seul, Henry-Lévy tourbillonne hardiment sur le ring, esquissant des poses aussi diverses que maitrisées : Le Penseur de Rodin, Le Porteur de sac de riz de Kouchner, Le Phare de la pensée de Finkielkraut, Le pointeur d’antisémites de Val & Joffrin. Maîtrise et grâce, Henry-Lévy déroule ses classique, le public brame son amour.

Au septième round, l’affaire semble pliée : Henry-Lévy, sans prévenir, empoignant sa mèche d’une main, son cœur de l’autre, exécute une interprétation si parfaite du Jack Lang est un chic type, pourquoi cracher sur lui ?, mélodie composée par l’intéressé, toute en œillades et poses suggestives, que le public se répand en ovations amoureuses. Au premier rang, Arielle Dombasle pleurniche d’émotion. A ses côtés, Jack Lang en personne se pâme, ému.
Siné, toujours apathique, semble dépassé par le rythme de son adversaire. En fait, il dort.

Henry-Lévy continue son récital, mime martialement son comportement héroïque à Sarajevo, rappelle de quelques entrechats lumineux son statut de penseur indépassable, se roule avec joie dans l’auto-onanisme le plus outrancier. Princesse d’Abyssinie sous les feux de la rampe, il rayonne. La victoire semble acquise.

Dernier round, et soudain, c’est le drame, glorieuse incertitude du sport. Un reflet dans les lunettes de Siné attire l’œil d’Henry-Lévy. Se penchant, La Mèche en colère scrute son adversaire, soudain désarçonné. Il semble en pâmoison. Son propre reflet. L’œil tressaute alors qu’il se mire. La Mèche pâlit, vacille, et s’écroule au pied de son adversaire, terrassé par la perfection de sa propre image. On l’entend râler, à terre, une dernière fois : « Bordel, que c’est beau. Que c’est beau. »

Le commentaire du pro :
"Henry-Lévy allait bien au début, il maniait la pose servile avec habileté, se pavanant comme rarement je l’ai vu faire. Il était bien dans son rôle. A côté, Siné semblait très solitaire, pataud. Il faisait pâle figure. On aurait dit Gainsbarre : trop bourré, trop empâté, trop populo. A l’opposé du style Gonzague de St-Bris d’Henry-Lévy.
Mais Siné a bien manœuvré. Il a laissé Henry-Lévy se prendre à son propre jeu. A su attendre le moment opportun. Et là, il a foncé. Une tactique parfaite et une victoire méritée dans un combat très Lutte des classes.
"
Janus Lumignon, Ultimate Intellectual Fighting Mag, août 2008

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