samedi 2 août 2008
Le Charançon Libéré
posté à 11h04, par
26 commentaires
C’est la Liberté guidant le peuple. Minimum… Ils sont vingt fiers défenseurs de l’esprit des Lumières à prendre la défense de Val dans une pétition parue dans Le Monde.
Prêts à tout pour défendre ce nouveau phare de la pensée qu’est le patron de Charlie, ils ont fouillé les poubelles à la recherche de quelques saloperies. La pêche a été bonne ? C’est selon…
Dites, les enfants.
Je ne sais pas si vous avez lu cette pétition honteuse qu’une vingtaine de tâcherons sans envergure ont fait paraître dans Le Monde.
Tribune ridicule, intitulée avec grandiloquence « Pour Philippe Val, Charlie Hebdo et quelques principes ».
(Ça fait un peu gagne-petit… Je serais eux, j’aurais été jusqu’au bout de la logique et je l’aurais appelé « Pour Philippe Val, la sauvegarde du monde libre, la paix universelle et de l’héritage des Lumières ». Enfin… passons.)
Donc : oui ?
Vous l’avez lue ?
Je m’en doutais.
Ça claque, hein ?
Oui : ils n’y vont pas avec le dos de la truelle, les sagouins.
Pas aussi forts qu’Alexandre Adler, historien de peu qui se payait le luxe, il y a quelques jours dans Le Figaro, de fustiger les« pétitionnaires semi-trotskistes en faveur de l’éternel stalinien Siné », signataires accusés d’avoir « la bassesse de Drumont, de Maurras ou de Bernanos ».
(Euh… Alex, mon petit chou : tu ne serais pas un peu mou, là ? Moi, je trouve que ces salauds d’amis de Siné évoquent plutôt le croisement de Mao, de Hitler et de Staline. Minimum…)
Reste que les pétitionnaires du Monde tiennent quand même pas mal leur rang au niveau de l’ignominie collective.
Allant jusqu’à faire les poubelles de plus 35 ans de carrière de Siné pour y repêcher quelques immondices bonnes à lui balancer à la figure.
Et propres à l’enfoncer définitivement.
Et ?
Ben… ils ont exhumé leurs petites saloperies.
Qu’ils se sont empressés d’aller balancer à la Kommandantur du coin.
S’appliquant, en parfait petits Français, de ceux qui restaient éveillés le soir pour bafouiller des lettres signées « Un bon patriote » alors que les patrouilles allemandes faisaient résonner leur pas martial et viril dans les rues sombres et désertes, s’appliquant, donc, à énumérer dates et citations prouvant la forfanterie de Siné.
Classe…
On pourrait, si l’on voulait ergoter, s’étonner que l’on sorte des placards de si infâmes crimes quand il eut fallu châtier Siné lors de leur (grosse) commission. Soit en 1982 ou en 1997.
Passons.
On pourrait aussi, si l’on souhaitait mégoter, remarquer que les hommes, mêmes les plus infâmes, ont droit à l’erreur, puis à la prescription : 26 ans après, il est malaisé de pointer un faux-pas. Surtout si son auteur s’en est platement (et c’était bien le moins) excusé.
Passons.
On pourrait surtout se demander si ces braves petits signataires ont les fesses tellement reluisantes.
Et s’ils n’auraient pas eux-aussi à craindre que l’on ressorte quelques cadavres de leurs placards moisis.
Hein… On pourrait, non ?
D’ailleurs :
Alexandre Adler ?
Celui qui fustigeait en 2003 les « juifs traîtres comme les Brauman et autres », coupables d’être sensible au malheur palestinien ?
Celui qui saluait la victoire de Zapatéro en 2004 par ces mots si mesurés : « Ben Laden vient de remporter une victoire stratégique importante. [...] L’électorat [espagnol] a réagi magnifiquement, il a voté pour la trouille, pour le renoncement, pour Munich. » ?
Celui qui expliquait la même année que « L’avenir de la Russie se joue en Biélorussie à Kiev, au Kazakhstan, en Extrême-Orient sans doute - il ne se joue pas à long terme dans le maintien artificiel de nationalités barbares du Caucase qui ne sont en réalité pas dignes , comme le prouve quotidiennement leur comportement, de faire partie de la civilisation russe . » ?1
Oh non, pas cet Alexandre Adler-ci ?
Ben si.
Pascal Bruckner ?
Celui qui a soutenu en 2003 l’invasion américaine en Irak ?
Celui qui a eu en 2006 ces mots pleins de grâce et de délicatesse pour commenter le durcissement des lois anti-immigration en Suisse : « La Suisse montre la voie à l’Europe. C’est une question de bons sens. Commençons par intégrer nos immigrés, par [...] en faire de vrais Suisses, de vrais Français ou de vrais Espagnols, avant d’en laisser entrer d’autres. » ?
Celui qui, toujours en 2006 et cité par Sébastien Fontenelle a assimilé les opposants aux guerres de Bush à des collaborateurs nazis en puissance : « Si le débarquement de 1944 avait lieu aujourd’hui, l’oncle Adolf jouirait de la sympathie d’innombrables patriotes et radicaux de la gauche extrême au motif que l’Oncle Sam tenterait de l’écraser. »
Oh non, pas ce Pascal Bruckner-là ?
Ben si.
Jean-Claude Gayssot ?
Celui qui, conseiller régional de languedoc-Roussillon en 2006, a refusé de dénoncer les propos de son président, Georges Frêche, qui assimilait à des « sous-hommes » les harkis : « Si j’avais eu le sentiment que Frêche avait tenu des propos racistes, expliquait Jean-Claude Gayssot, alors moins sourcilleux sur les morts et leur valeur, j’aurais quitté immédiatement sa majorité. Mais je le connais bien. En disant »sous-hommes« , il pensait à une personne »qui n’a pas de couilles« , c’est-à-dire à une femmelette, et non pas aux Untermenschen des nazis. »
Oh non, pas ce Jean-Claude Gayssot-ci ?
Ben si.
Mais foin de ces méthodes…
On ne va pas s’abaisser à ça, non ?
On n’est pas comme ça, nous, les « pétitionnaires semi-trotskistes »…
Ps : Les enfants, je voulais vous dire : content de vous revoir.
Vraiment.