ARTICLE11
 
 

vendredi 5 décembre 2008

Entretiens

posté à 10h12, par JBB
24 commentaires

Christian Terras, de Golias : « Le christianisme ne peut exister que dans l’insoumission. »
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Il est à la fois dedans et en-dehors… Rédacteur en chef de Golias, revue qui s’est donnée pour slogan « L’empêcheur de croire en rond », Christian Terras, plus chrétien que catholique, porte depuis des années un discours très critique sur l’église, ses bassesses et ses compromissions. Celui qui est devenu un cauchemar pour l’institution a accepté de parler aux mécréants que nous sommes. Entretien.

Un catholique sur Article11 ? Ouh-là…

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Qu’on vous rassure : on n’a pas viré calotte, non plus qu’on ne porte grande estime aux fidèles des églises, quelles qu’elles soient. Ni dieu, ni maître, c’est pas fait pour les chiens… Mais justement : Christian Terras n’est pas n’importe quel catholique. Avec sa revue contestataire et repousse-curetons, Golias, il est même le pire cauchemar de beaucoup de ses petits camarades de bénitier. L’église le déteste, les prêtres le vouent aux gémonies et l’épiscopat français a tenté de le faire excommunier. Oui : rien que ça…

C’est que la revue dont il est le rédacteur en chef et qui s’est trouvée un joli slogan, « l’empêcheur de croire en rond », n’en finit pas de dénoncer les petites compromissions et grandes bassesses de l’institution ecclésiastique. Mieux : elle n’a cessé de mettre l’église face à ses lourdes responsabilités, qu’il s’agisse de démontrer l’implication de l’épiscopat français dans le génocide rwandais - église qui ferme les yeux et accueille les curés sanglants ayant prêté main forte au génocide -, de pointer les manœuvres tortueuses et réactionnaire de Jean-Paul II et Benoît XVI, de dénoncer l’ancienne mise au pas des théologiens de la Libération et l’actuel grand retour des fondamentalistes, de dresser un peu reluisant tableau annuel des évêques les plus conservateurs et imbéciles2 ou de hurler contre les tentatives de Nicolas Sarkozy de mettre à bas la laïcité à la française. Autant de médailles d’anticléricalisme pour un homme qui se voit d’abord comme « un anarchiste chrétien » et « un insoumis ». Et qui s’est donné pour devise une citation du cathare Guilhem Bélibaste, brûlé vif en 1321 par les sbires de l’inquisition : « Notre route n’est pas celle des puissants, des rois et des évêques ; aucun d’entre eux ne connaîtra la saveur partagée d’un oignon au bord du chemin. »

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Hérétique, Christian Terras ? Pour tous les bigots à la petite semaine, grenouilles de bénitiers, exaltés de la foi et autres intégristes crétins, oui. Mais pour ceux - respectables - qui veulent croire en la beauté de la doctrine chrétienne des origines comme d’autres ont foi en la révolution, il est un compagnon de lutte. Parce que le jour où l’église catholique sera moins tragiquement idiote et imbécile (oui : on peut toujours rêver…), le monde se portera mieux.

En attendant, Christian Terras s’active. Publie sans fléchir sa revue bimensuelle sur papier et lui a même adjoint une petite sœur hebdomadaire en ligne. Ecrit des livres et publie ceux des autres aux (plutôt alternatives et contestataires) éditions Golias. Et prend même le temps de répondre longuement aux questions d’Article11, pour évoquer son combat contre une institution réactionnaire et expliquer ce qu’il faut retenir des pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI.

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Comment a débuté l’aventure Golias ?

Golias est née en 1985, à l’initiative de quatre-cinq chrétiens qui en avaient marre de cette église tournant le dos au concile Vatican II et s’orientant, sous l’égide de Jean-Paul II, vers une restauration catholique. Nous avions pris conscience que derrière l’apparente ouverture de Jean-Paul II, son style chaleureux et sa communication remarquable, se cachait un message essentiellement conservateur. Que l’impression volontairement entretenue de modernité camouflait mal l’imposture, la dérive intransigeante, voire le fondamentalisme de l’église. La meilleure des illustrations en est la véritable chasse aux sorcières qui a été organisée contre les théologiens de la Libération, l’église préférant soutenir des dictatures plutôt que les plus humains de ses représentants.

La revue est née de cette prise de conscience, se situant au carrefour de l’investigation et de la réflexion. On ne souhaitait pas seulement être Le Canard Enchaîné de l’église, on voulait aussi mener une réflexion théologique. Et ainsi proposer deux niveaux d’analyse distincts contre ce que l’église s’acharne à nous refourguer. Bref, on a inventé un genre médiatique dans le champ religieux.

Vous avez un positionnement politique ?

Golias s’affirme à la croisée du religieux et du politique. C’est d’ailleurs ce qui nous différencie des catholiques de gauche qui, pour la plupart, n’envisagent pas une transformation radicale de l’église et ne dénoncent pas son côté monarchie absolue. Fondamentalement, nous sommes plutôt des anarchistes chrétiens, des insoumis. Et nous refusons de toutes nos forces cette restauration mise en mouvement par Jean-Paul II et par ceux qui veulent prendre leur revanche sur le concile Vatican II.

C’est un discours qui ne doit pas trop passer chez les catholiques…

En effet, cette critique du caractère fondamentalement conservateur de l’église peut déclencher chez eux une violence inouïe. Il arrive souvent, quand je donne des conférences, qu’une partie de l’assistance veuille me casser la gueule avant la fin…

J’ai même failli être excommunié, après avoir dénoncé dans Golias la « disparition » de subventions versées à l’église par des collectivités locales à l’occasion d’un voyage papal en Bretagne. Mgr Lustiger voulait ma peau, j’ai finalement été sauvé in extremis… Mais ça illustre bien cette violence institutionnelle que Golias peut déclencher avec ses enquêtes touchant au sexe, à la politique, au fric et à dieu.

Ça a été encore pire avec vos articles sur le Rwanda, non ?

Disons que ça a été plus ou moins la même chose. Mais c’est vrai que quand Golias a dénoncé, en 1995, l’implication de l’église dans le génocide rwandais, ça a valsé sec ! Je m’étais rendu sur place et j’avais des preuves des responsabilités de l’épiscopat français, qui a accueilli et caché des personnes ayant participé au génocide. C’est une fâcheuse habitude de l’église : elle l’avait déjà fait après la Deuxième Guerre mondiale, quand avait été mis en place un réseau pour exfiltrer les dignitaires nazis vers l’Amérique Latine3. Evidemment, nos révélations n’ont pas vraiment plu : Golias a eu droit à cinq procès, nous en avons gagné quatre et perdu un, pour une broutille juridique.

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Pour sortir cette enquête, j’avais passé un bout de temps au Nord-Kivu. Et j’avais été assez étonné de ne pas y croiser beaucoup de journaliste. En fait, la plupart de ceux qui y étaient, que ce soit pour Le Monde, pour La Croix ou pour l’association Reporters Sans Frontières (RSF), faisaient leur enquête depuis l’hôtel… Ils n’ont pas honoré le métier de journaliste, c’est le moins qu’on puisse dire.

RSF vous a même fait un procès…

Oui. A l’époque, en 1994, l’association avait remis son prix annuel à André Sibomana, un prêtre et journaliste rwandais. Nous avons été les premiers - et presque les seuls - à écrire qu’il avait une responsabilité dans le génocide, en raison d’une prose favorisant l’ethnicisme. RSF nous a attaqué en justice, mais j’étais sûr de mes informations et nous avons gagné. Depuis, Robert Ménard s’est vengé en menant contre nous une profonde œuvre de désinformation.

Ça n’a fait que confirmer ce qu’on pensait : il faut toujours aller contre l’argument d’autorité. Je pense que le christianisme ne peut exister que dans l’insoumission aux pouvoirs politique et religieux. Il devrait toujours être dérangeant, avec un message allant contre le conformisme ambiant.

Cette lutte contre le conformisme, c’est aussi de dire ses quatre vérités à une église qui ne cesse de s’enfoncer plus avant dans la réaction ?

Bien sûr. Il faut d’abord préciser qu’il y a eu une énorme hémorragie dans l’église : dans le monde, ils sont plus de 100 000 prêtres à l’avoir quittée entre 1965 et 1995. C’est ça, le dernier tabou du catholicisme : ses prêtres fuient… La plupart sont partis parce qu’ils voulaient se marier ou qu’ils ne croyaient plus à ce système. Et aussi parce que l’influence croisée de Vatican II et de l’esprit de 1968 ont fait voler en éclats leurs convictions.

De 1965 à 1985, toute vitalité culturelle et intellectuelle a disparu de l’église. D’où la tentative de Jean-paul II de remobiliser ses troupes en jouant la carte du modernisme, même si, dans la pratique, il s’était engagé dans une croisade contre le relativisme : ce pape était convaincu qu’il n’y avait point de salut hors l’église catholique. Et pendant son pontificat, les fondamentalistes et autres gourous intransigeants se sont constitués en base arrière, en attendant leur heure. Pour beaucoup, ils sont su jouer plus finement que Mgr Lefèbvre, trop extrémiste pour faire semblant : ils ont reconnu Vatican II en prenant leur mal en patience. C’est par exemple le cas des moines bénédictins du Barroux, des représentants de l’ultra-droite catholique qui ont fait le pari de l’extrême-droite de dieu au sein de l’église…

De façon différente, ça a aussi le cas d’un bon nombre de fondamentalistes qui pensent que le monde doit être converti au message catholique. Ainsi des charismatiques, une déclinaison catholique des évangélistes américains : dans les années 1980, ils se sont fait discret et ont reçu des missions, des paroisses, des diocèses… Depuis une quinzaine d’années, ces “troupes de la nouvelle évangélisation” s’imposent et se davantage à visage découvert.

La responsabilité de Jean-Paul II dans cette dérive est essentielle ?

Oui. Il faut comprendre que Jean-Paul II était face à de multiples défis : il y avait le séisme Vatican II et mai 68, ces 100 000 prêtres prenant la poudre d’escampette, les fidèles qui désertaient et l’encyclique Humanae Vitae, édictée en 1968, qui disait non à la contraception au nom d’une pseudo loi naturelle. Il aurait pu changer l’église - c’était le bon moment -, mais a préféré provoquer une explosion en plein vol des volontés d’ouverture.

A l’époque, quand Jean-Paul II est devenu pape en 1978, il avait déjà Joseph Ratzinger, le futur Benoît XVI, à ses côtés : il le nomme d’ailleurs en 1981 préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Il était son homme de confiance, celui qui surveillait tout ce qui se passait au Vatican et veillait au respect de l’orthodoxie. Avec une mission claire : remettre d’équerre tous ceux qui pouvaient penser autrement. Ce qu’il a fait…

Il s’y est pris comment ?

Golias avait publié un dossier sur cette question il y a douze ans, un numéro titré La Nouvelle Inquisition : nous y faisions état du véritable laminage idéologique mené par Ratzinger. Ce dernier a condamné en personne 148 théologiens, accusés de ne pas suivre la ligne, et en a fait condamner 850 autres par l’interface des évêques. Parmi ces brebis jugées galeuses, il y avait tous les théologiens de la Libération, ceux de l’acculturation – des missionnaires qui voulaient repenser le message de l’église – et tous les théologiens de la morale et de l’église, qui se penchaient sur les questions sexuelles, familiales et de bioéthique. Résultat ? Il n’y a plus de pensée différente dans l’église. Une vrai politique de la terre brûlée, qui a permis aux groupes intransigeants et aux fondamentalistes de revenir dans la course.

Pour vous, Jean-Paul II et Benoît XVI, c’est du pareil au même ?

Ils font partie du même mouvement. C’est la logique de celui qui détient la vérité et ne tolère pas le questionnement. Joseph Ratzinger boucle simplement ce qu’avait lancé Jean-Paul II, ce qu’il avait lui-même initié à ses côtés… Le plus étrange, c’est que Joseph Ratzinger a été un théologien très progressiste dans les années 1960 et qu’il fut un des grands architectes du concile Vatican II. Mais il a pris un grand virage en 1968, parce qu’il a eu l’impression que les choses étaient allées trop loin.

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Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger.

Ce qui est frappant aussi, c’est qu’il ne voulait pas devenir pape, n’avait pas cette ambition-là. Il a même régulièrement donné sa démission à Jean-Paul II quand il travaillait avec lui. Et il était loin d’être d’accord avec tout ce que faisait Jean-Paul II : Ratzinger avait ainsi le dialogue inter-religieux en horreur, pour lui c’était la pire des choses - une fois devenu pape, il l’a d’ailleurs dit dans le discours de Ratisbonne.
Mais il était fidèle, peu ambitieux et faisait la loi au Vatican : tout passait par lui, il était incontournable. Il faut se souvenir que l’agonie de Jean-Paul II a duré sept-huit ans. Pendant ce temps, en coulisses, c’était une castagne d’une violence inouïe. Le seul qui supervisait réellement les choses et empêchait l’ensemble de partir en quenouilles, c’était Ratzinger. Et quand l’heure a sonné, que cinq à six candidats se disputaient encore, il est apparu comme un recours ultime face au chemin de croix médiatique et dégoulinant de Jean-Paul II, cette agonie dont on ne nous a rien caché.

Ce mouvement de réaction à l’œuvre dans l’église rejoint-il la laïcité positive prônée par Sarkozy ?

Oui. Il est évident que la laïcité est en danger à partir du moment où on commencer à bricoler un adjectif autour. Un mois avant l’élection de Nicolas Sarkozy, Golias avait sorti un sorti un dossier soulignant combien le rapport au religieux du candidat était dangereux, notamment parce qu’il avait trois fondamentalistes dans ses bagages. Soit Emmanuelle Mignon, Thibaud Collin et le dominicain Philippe Verdin, tous trois surnommés “la trinité infernale”. Ce sont eux qui ont écrit le discours du Latran et ils sont très représentatifs de cette vision intransigeante qui s’impose aujourd’hui au sein de l’église.

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Il faut d’ailleurs noter que ce discours a failli passer comme une lettre à la Poste, dans une sorte de consensus mou porté par des gens comme Guy Gilbert, le pseudo curé des loubards, ou Max Gallo… Il marque pourtant l’acte fondateur d’une nouveau rapport entre la religion et l’Etat français4. Et il risque d’être lourd de conséquences si on ne se montre pas vigilant.
C’est incroyable : la laïcité française est un modèle dans le monde, mais ici on lui taille un short parce qu’elle serait l’expression de l’hostilité de la société envers la foi et l’église. Elle finance pourtant la restauration des lieux de culte, la sécurité sociale du clergé… Il faudrait peut-être arrêter de se foutre de la gueule du monde…

Vous avez un discours très critique. Pourtant, vous croyez encore que l’église peut changer ?

Oui, car je pense que c’est un système qui touche ses limites, un peu à l’image du PS… Benoît XVI va boucler la boucle de l’intransigeance. A moyen terme, la chape de plomb pèsera encore davantage ; mais à long terme, nécessité fera loi. L’église ne pourra pas remédier à la crise des vocations, même en faisant venir les charismatiques, ainsi que des prêtres d’Europe de l’Est, d’Afrique et du Brésil. Et la nouvelle organisation de l’église française, avec un prêtre de campagne qui se retrouve responsable de 10 à 25 clochers, ne tiendra pas longtemps.

Au fond, tout bute sur deux point essentiel : le refus du mariage des prêtres et de l’intégration des laïcs. Le premier conduit à une profonde hypocrisie, avec 40 % des prêtres français qui mènent une vie maritale clandestine et 20 % une vie homosexuelle clandestine. Mais quand ses dernières forces vives, à qui on demande de se cacher et de se dissimuler honteusement, auront déserté l’église, il faudra bien mettre autre chose en place. C’est pour ça que je reste optimiste.

Ce n’est pas un optimisme béat, hein…Je suis réaliste, je connais très bien ce monde et ses perversions. Et je sais que ça va continuer encore un bon moment – on en a encore une illustration avec la nomination du nouvel évêque de Bayonne, à la fois intégriste et charismatique -, mais tout concourt souterrainement à l’émergence d’une nouvelle manière de se sentir chrétien. Il faut juste attendre que l’église fasse son aggionarmento.



1 Peinture de Matthias Grünewald : Le Christ aux outrages.

2 C’est le désormais connu trombinoscope des évêques, premier véritable succès d’audience d’une revue jusqu’alors plutôt confidentielle

3 Il s’agit du tristement célèbre réseau Ratlines, mis en place par le Vatican et qui permit à d’immondes criminels de guerre, tels Adolf Eichmann, Josef Mengele, Erich Priebke, Aribert Heim, Ante Pavelic, d’échapper (au moins pour un temps) à la justice.

4 L’un des premiers à l’avoir fait, Christian Terras l’analysait le 1er janvier dernier dans une interview donnée au Contre-journal, reprise par Le Grand Soir. A lire ICI.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 5 décembre 2008 à 11h14, par Françoise

    C’est la logique de celui qui détient la vérité et ne tolère pas le questionnement.

    C’est le problème de tous les intégrismes, religieux et même politiques. Avec ceux qui ont « La Vérité » il n’y a aucune discussion possible, il n’y aucun pas d’autre recours que de toujours dénoncer leurs vilenies.

    Merci JBB, et merci à Christian Terras dont il faut admirer le courage et l’énorme travail d’information.

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com/

    • vendredi 5 décembre 2008 à 18h11, par JBB

      « C’est le problème de tous les intégrismes, religieux et même politiques. »

      J’ai longtemps eu tendance à penser que c’était le problème de la religion en général. Mais c’est vrai qu’il existe - heureusement - des exceptions, à l’image du rédacteur en chef de Golias. C’est plutôt rassurant.

      « Merci JBB, et merci à Christian Terras dont il faut admirer le courage et l’énorme travail d’information. »

      Je suis d’accord : merci à lui. :-)



  • Décidément, ce qu’on trouve sur ce blog me plait bien !
    A propos de religion, et particulièrement de christianisme, même si je suis moi-même un adepte du Ni Dieu Ni Maître, le message christique m’intéresse. Parce Jésus a dit non, parce que contrairement aux autres religions, il ne porte dans son message aucun atome de violence... Donc, deux raisons de s’y intéresser.
    C’est en lisant Bernanos, qui était profondément catholique, que j’ai eu un peu plus de respect pour les catholiques, les vrais, ceux imprégnés d’un esprit de partage et d’égalité. J’ai souvenir d’ailleurs d’une communauté anarchiste brésilienne fondée par un prêtre (communauté écrasée dans le sang, bien sûr). A lire « La France contre les robots ».

    Voir en ligne : http://www.politique-jeunesse.com

    • vendredi 5 décembre 2008 à 18h19, par JBB

      « Décidément, ce qu’on trouve sur ce blog me plait bien ! »

      Cool. :-)

      Pour le reste, il me semble quand même que toutes les religions peuvent compter leur maigre quota de gens intelligents, indépendants et modérés. Je vous rejoins par contre sur « ceux imprégnés d’un esprit de partage et d’égalité » : ça me fait penser à Graham Green ou à la théologie de la Libération. Clair qu’il y a eu des catholiques très classes.

      • samedi 6 décembre 2008 à 12h07, par Isatis

        théologie de la Libération.

        Comment peut-on être libre en trainant un boulet théologique ? Ça m’a toujours étonné ce paradoxe........comprends pas que ça plaise ce genre de soumission.

        • samedi 6 décembre 2008 à 14h12, par JBB

          Je comprends fort bien tes réticences, j’ai les mêmes.

          Simplement : j’ai 100 fois plus de sympathie pour les tenants de cette doctrine marxisante de l’église et pour les potes de l’archévêque Oscar Romero que pour l’immense masse des catholiques. Ça ne signifie pas une seconde que j’adhère (bien bien au contraire), mais que je respecte leur souci d’aider le petit peuple et leur discours critique sur l’institution.

          Un peu comme l’UMP, si tu veux : je n’éprouve pas (et de loin) les mêmes sentiments pour Etienne Pinte que pour Brice Hortefeux.



  • vendredi 5 décembre 2008 à 18h49, par pièce détachée

    Un très grand merci à Article XI pour ce billet magnifique.

    Il y a des choses dont on ne parle pas spontanément : ridicule ! Qui cela pourrait-il bien intéresser ! Avec toutes les horreurs planétaires quotidiennes et répétées, on a bien assez à faire ! Qu’ils se débrouillent entre eux, les curés !

    Ici, vers le centre désertique de la France, les derniers vieux curés sont tous morts à la tâche, certains nonagénaires et cancéreux. Courant d’une messe de Noël à l’autre dans de belles églises de village classées et glaciales. Confessant leurs ouailles au volant de leur vieille 4 L (« une auto, c’est comme un confessionnal, mais que Dieu me pardonne ! on ne s’y glace pas les genoux comme dans l’église où l’eau affleure les dalles de pierre »). Perdus dans un presbytère (XVIIIe siècle, ma chère) en pleins champs. Dépendant des fidèles pour se nourrir correctement.

    Il y a dix ans, j’ai assisté à la première messe de l’un des « nouveaux ». Un Tchèque, très beau, tout séduction et Gauloises à la chaîne, qui dormait dans une chambre de bonne au-dessus de l’évêché en attendant la réfection d’un logement plus proche de son ministère. Parachuté dans ce trou perdu, il exprimait sans le dire, de toute sa personne, à quel point il apprécierait la compagnie. Je n’ai pas osé.

    Mon père chantait les cantiques et s’occupait encore, il y a cinq ans, du vin de messe que les curés venaient goûter et sanctifier à table le dimanche. Pouilly fumé, Chablis, Meursault... La piquette ? Quelle insulte aux Vignes du Seigneur ! Et reprenez-moi du canard aux pêches, mon Père, disait ma mère onctueuse. La boîte à hosties traînait parfois chez mes parents. Venue de Belleville en visite, toute mécréante et voyoute, ça me faisait drôle... jusqu’à ce que le vieux curé raconte sa jeunesse d’aumônier des prisons. Des propos à faire frémir Hortefeux et Lefevre. J’ai fermé ma grande gueule pour l’écouter. Je souhaite que son Dieu l’ait en sa garde.

    Un autre hurlait à l’apocalypse de « Marx, Nietzsche et Freud », et ne se calmait que pour chuchoter des trucs pornos. Habité par ses diables, quoi. Mon père était un peu sourd, mon onctueuse mère a juré n’avoir rien entendu.

    Ces six dernières années, le curé de « mon » coin était un Asiatique. Il sifflait le whisky comme un autre et ignorait le Carême (« le quoi ? », disait-il en attaquant sa côte de bœuf arrosée de Pinot noir). Durant son ministère, certaines paroissiennes fraîches et rebondies avaient les joues plus roses. Il est parti je ne sais où, remplacé par un Africain tout frais.

    Et puis, il y a très, très longtemps, le Père Joulin : « Ma vocation ? M’emmerdez pas avec ça ! C’est ses oignons à Lui, le Voisin-du-dessus ! ». Tiens... un oignon au bord du chemin...

    Quel drôle de bordel, ces curés...

    • samedi 6 décembre 2008 à 14h08, par JBB

      Juste une chose : un grand merci à toi pour ce commentaire magnifique.

       :-)

    • jeudi 15 janvier 2009 à 07h41, par Michel Bellin

      Outre une interview bien sentie du valeureux Christian Terras (Golias), j’ai déniché hier sur le site Article XI ce texte d’une internaute délurée autant qu’acidulée qui se cache sous le plaisant pseudo « pièce détachée ». Bizarrement, son témoignage m’a touché : se penchant sur la France catholique profonde, il révèle une réalité ecclésiastique si pathétique, si dérisoire, si absurde ! Avec une bonne sous-couche d’hypocrisie qu’il m’est effectivement arrivé de côtoyer durant mon court ministère sans jamais m’en accommoder ni y céder - et c’est bien mon seul mérite, avant celui d’avoir pris la fuite. Merci à toi, chère « pièce détachée » ! Et un bon conseil : pour faire redémarrer la machine humaine…

      La suite sur mon blog littéraire à la date du 15/01/2009 : http://www.michel-bellin.fr/

      Voir en ligne : « Quel drôle de bordel, ces curés ! »



  • Merci à toi pour ce petit coup de projecteur sur ces cathos assez fréquentables (je connais la revue et ses positions depuis longtemps) au moment où l’AGRIF réattaque Charlie Hebdo pour son son numéro spécial pape...

    Tiens, je vais me (re ?)mettre à soutenir Val ?

    Voir en ligne : Kprodukt, blog actif et militant(?)



  • Vraiment rafraichissant ! Un grand merci à toi de nous le faire connaître.



  • samedi 6 décembre 2008 à 19h27, par Chompitiarve

    Je me suis parfois promené chez Golias.

    Son site me rappelle un peu ce que pouvait être le journal Témoignage Chrétien dans les années 70.

    J’ai eu la chance de croiser un curé magnifique, dans ma jeunesse.

    Il ne m’a jamais converti à rien, si ce n’est au goût têtu de parier sur l’humain.

    C’ était un colosse, un peu buveur, un peu baiseur, aussi, et plutôt proche de l’eprit du catharisme,

    justement, enfin bref, un amoureux fou de la vie et des gens,

    le type qui échappe radicalement à tout ce que l’institution peut donner envie d’étriper.

    Ça existe.

    Pour les gens de la région de Caen, si y’a des vieux « d’aucuns » qui nous lisent, hein :

    il s’appelait Joseph Félicité

    (non, Môssieur, je n’invente rien ! )

    Je continue à nidieunimaîtrer imperturbablement,

    mais je sais où sont mes ami(e)s,

    et 20 ans après sa mort, il en est encore ... _ :-)

    • samedi 6 décembre 2008 à 19h59, par JBB

      Toi et Pièce Détachée, vous commencez à m’énerver à laisser des commentaires si classes que je ne peux que bramer mon approbation. :-)

      Donc : je brâme…

      • samedi 6 décembre 2008 à 23h00, par pièce détachée

        Tu n’es pas gentil pour les autres commentateurs. Tous et toutes miroitent autour des billets d’Article XI pour former un kaléidoscope assez sociable, je trouve.

        T’énerve pas ! Tes petits camarades et toi, écrivez plutôt des billets glauques qui n’inspirent personne et n’appellent pas les rebonds et cabrioles... Pour paraphraser le Révérend Zgur, « fallait pas nous inviter ! ». :)

        • samedi 6 décembre 2008 à 23h36, par JBB

          On est d’accord : l’ensemble des commentateurs de ce site, hormis quelques très rares trolls, touchent au sublime à chaque fois qu’ils pianotent sur leur clavier pour laisser céant quelques mots.

          (Et Zgur a une très mauvais influence… )

      • samedi 6 décembre 2008 à 23h39, par Chomp

        "Sans la liberté de brâmer ...

         ;-DD

    • « Son site me rappelle un peu ce que pouvait être le journal Témoignage Chrétien dans les années 70. » Juste un mot : Témoignage chrétien continue son chemin. Le style de « TC » est moins imprécateur que celui de Golias, mais le ton critique est bien là (voir leur numéro au moment du dernier voyage du pape en France...). Surtout : Témoignage chrétien est plus généraliste que Golias : on y parle de bien d’autres choses que des petites histoires de l’institution catho : de religion en général (bien sûr), de politique, de culture...

      Apparemment, les deux journaux se tirent la bourre, question de style, je pense, mais j’avoue que, sur le fond, je ne comprends pas très bien pourquoi...



  • mardi 9 décembre 2008 à 15h58, par Alain Grizzly

    Bonne interview, bien à sa place dans ce bon blog ! Il est bon de repèrer partout, dans tous les milieus socio-cul., ceux et celles qui peuvent pousser la charue dans le même sens que nous : Dieu reconnaitra les siens, heu ... pardon ... Ni dieu ni maître !
    Moi, j’habite à côte de l’Eglise du village, et j’en croise des catho « Moi d’abord », qui ont de belles paroles mais qui me louchent de travers. Et bien, quand je discute avec un de ces moutons très à droite (65% de Le Pen dans mon village, je n’ose donner le score pour Sarko), j’arrive toujours à leur placer la phrase qui les fige sur place :« de toutes façons Jésus Christ c’était le plus grand anarchiste de tous les temps, dommage que son histoire ait été réécrite par l’Eglise Impériale Romaine ». Essayez, vous verrez, succès assuré, plus efficace que « Ni dieu ni maître ». Tiens, ça me fait penser à Jacques Ellul qui, de son temps, essayait déjà de placer des passerelles entre les cathos à la Golias et les anarchistes, notamment dans son ouvrage « Anarchisme et christianisme », faudra que je le retrouve d’ailleurs, pour le prêter aux p’tits jeunes ...



  • dimanche 19 juillet 2009 à 17h42, par laurent lun

    Je trouve Golias en général et Christian Terras en particulier, courageux et sympathique, et je crois sincère, mais pourquoi vouloir conserver « l’église », donc le clergé, les dogmes, etc. ? Je ne vois pas la réponse...

    Il me semble que des assemblées pour l’évangile peuvent refleurir n’importe où, dans une église comme sur la place publique ou dans les caves des cités, quand deux au moins sont réunis pour les hommes comme pour Dieu - et qu’il n’y en a pas un au-dessus de l’autre.
    Bien fraternellement

    Voir en ligne : http://anarchieevangelique.wordpres...

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