ARTICLE11
 
 

mercredi 7 mars 2012

La France-des-Cavernes

posté à 20h49, par Ubifaciunt
21 commentaires

Last day, last night...

Chroniques d’un éducateur de rue dans un quartier populaire de la banlieue parisienne. Aujourd’hui, c’est le dernier jour de taf, et la dernière nuit. Alors, entre la première permission de sortie accordée à un gars incarcéré depuis plus de quatre ans et l’au revoir avec les loustics habituels, c’est peu dire qu’on n’a pas chômé et qu’il y eut quelques émotions....

C’était donc la dernière journée au taf et la perm d’Hakim avait été acceptée. De haute lutte. La dernière avait été refusée contre toute attente. Lui, vingt-quatre ans, incarcéré depuis quatre ans et demi pour stups, à six mois de sa date de libération et dont nous recevons un courrier voici deux mois pour qu’on l’aide à préparer sa sortie. C’est Hassan, un de ses potes du quartier, qui lui avait conseillé de nous écrire.

En réponse au précédent refus, on avait sorti l’artillerie lourde pour que le juge accepte finalement de laisser sortir Hakim. Non seulement les attestations de rendez-vous officielles de rendez-vous avec la Mission locale ou d’autres partenaires mais aussi une note de situation écrite à l’encre de notre énervement face à une décision abrutie.

« C’est début janvier 2012 que nous recevons un courrier de M. Hakim F. sollicitant notre Association en vue d’une aide à la réinsertion pour sa sortie de prison prévue pour juin 2012. Ce courrier fait suite à des discussions que M. F. a eues avec un de ses amis, résidant sur un quartier de Nanterre dont M. F. est originaire, et qui a conseillé à celui-ci de nous solliciter au vu de notre expérience d’accompagnement en matière judiciaire.

Nous rentrons donc en contact avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) du Centre de Détention de *** où M. Yvon L., éducateur en charge du suivi de M. F. depuis trois ans, nous indique les modalités à suivre afin de pouvoir prétendre à une autorisation d’accès pour visiter le détenu.

Nous échangeons dès lors autour de la situation de M. F. avec M. L. Celui-ci est ravi que le détenu se soit saisi de la proposition de son ami puisque le SPIP se trouvait quelque peu en difficulté dans les propositions d’accompagnement et d’aide à la sortie faites à M. F. En effet, celui-ci a pu se montrer sinon vindicatif, du moins peu conciliant quant à ses conditions de détention. Dès lors, une aide extérieure venue d’un professionnel recommandé par le réseau amical semblait tout à fait opportune.

De fait, nous rencontrons M. F. pour la première fois le mercredi 18 janvier 2012. En présence de M. L., nous expliquons les modalités de prise en charge qui peuvent être effectuées par notre service dans le cadre de la libre adhésion propre à la prévention spécialisée. Par ailleurs, nous proposons à M. F. d’intégrer un chantier éducatif mis en place par notre association consistant en une initiation à la recherche en sciences sociales autour des problématiques judiciaires. M. F. se montre enthousiaste par cette proposition qui l’amènera à travailler sur sa situation et à s’inscrire dans des structures de droit commun comme l’Université Paris X, le CNRS, et la Mission locale de Nanterre.

En concertation avec M. L., et en accord avec le projet de réinsertion de M. F. qui souhaite ouvrir un commerce à sa sortie de prison, nous prenons par ailleurs contact avec la responsable de l’aide à la création d’entreprise pour la Cité des Métiers de Nanterre et intervenant régulièrement à la Maison d’arrêt des Hauts-de-Seine afin de convenir d’un rendez-vous en vue d’une éventuelle permission de sortie. Celle-ci se montre tout à fait disposée à recevoir M. F. en entretien, de même que la conseillère professionnelle « référente justice » pour la Mission Locale de Nanterre, en vue d’une inscription qui permettra à M. F. d’enclencher des démarches d’insertion dès sa libération.

Les rencontres hebdomadaires que nous avons avec M. F., ainsi que les entretiens téléphoniques réguliers avec M. L. nous font voir l’évolution extrêmement positive d’un jeune auparavant en grande délicatesse avec l’institution. M. F. se montre de plus en plus impliqué dans son projet de réinsertion. À ce titre, la demande de permission de sortie pour le 22 février 2012, consistait exclusivement en un entretien avec Mlle Laetitia C. une doctorante en sciences sociales participant au chantier éducatif mis en place par notre Association, en un entretien à la Cité des métiers afin d’envisager au mieux le projet de création d’entreprise et en un rendez-vous en vue d’une inscription à la Mission locale de Nanterre.

Dès lors, nous ne pouvons que déplorer que cette permission ait été refusée, faisant courir le risque à un jeune retrouvant peu à peu confiance dans l’institution de retomber dans ses travers, ses ressassements et ses aigreurs.

Il est enfin à signaler que, dans le cadre du chantier éducatif, M. F. produit des textes d’un intérêt indéniable, marqués non seulement de son expérience personnelle, mais d’une qualité de réflexion et de maturité développée après ses cinq années de détention et de sa volonté de ne pas reproduire les erreurs qu’il a pu effectuer par le passé.

Il résulte de tous ces éléments que nous soutenons fortement toute demande de permission de sortie qui pourrait être accordée à M. F. dans la perspective de sa réinsertion. »

Si avec ça, ils n’acceptaient pas la nouvelle demande de perm, on était bons pour changer de boulot ou pour tuer un juge.

Ils acceptèrent, de 10 heures à 19 heures.

Réveil à 6 heures du matin. Rendez-vous à 8 heures 30 avec Laetitia, histoire de faire les cent bornes qui nous séparent du centre de détention ensemble. On stresse un peu dans la bagnole, on s’interroge. Comment ça peut faire de passer une journée dehors quand ça fait plus de quatre ans qu’on a pour horizon les murs de la prison ? Comment ça fait de retrouver les bruits qui ne sont pas ceux du cliquetis des clefs et des serrures, des odeurs autres que celles renfermées par les murs de la taule ?

Hakim sort à l’heure. Selon l’usage, je signe le papier de prise en charge du détenu pour la journée. Comme d’habitude, une attestation est remise au détenu en cas de contrôle d’identité. Pour ma part j’ai bien lu le formulaire qui stipule que si le détenu n’est pas de retour à l’heure, je serai considéré comme « complice d’évasion ».

Une heure de bagnole avant d’arriver à la Mission locale pour le premier rendez-vous. Hakim, passé le premier moment d’excitation, est plutôt mutique. On le laisse tranquille après avoir débité les banalités habituelles. Au milieu du trajet, je lui fais quand même cette remarque. «  Bon, juste pour te rappeler les choses qui fâchent. T’es toute la journée sous ma responsabilité, donc je ne te quitte pas d’une semelle.  » Il se raidit. « Ouais putain, c’est bon, tu me connais ! Je suis pas un gamin, t’inquiète, il me reste trois mois à faire, je ne vais pas m’évader. Si je te dis que j’ai besoin d’être seul une heure, c’est bon, quoi...  » Sauf que ce ne sera pas possible. Essayer de ne pas trop le brusquer maintenant. « S’il se passe quoi que ce soit, ça sera pour ma pomme, Hakim, et ça, tu sais bien que c’est pas possible... » Il grommelle bien qu’il ne se passera rien et se renfrogne, se tait.

Arrivés à Nanterre, il retrouve les rues, voit les travaux qui ont changé sa ville, m’indique la route pour aller à la Mission locale, comme si je ne la connaissais pas. Le rencard se passe bien, Hakim, avec son art consommé de la vanne, indique qu’il a eu une grande expérience en commerce international, mais pas de diplôme. Gestion des stocks, acheter au meilleur coût, revendre, relation clientèle, paiement des engagements, ça le connaît, pas de souci. Alors, pour ouvrir son épicerie, ça ne sera pas dur, il faudrait juste qu’on l’aide à remplir les dossiers...

Midi, l’heure d’aller manger chez la maman. C’est qu’il a faim Hakim, et la perspective du couscous familial le fait saliver. Le comité d’accueil est impressionnant, frères, sœurs, oncles, tantes, cousins, cousines, et de la marmaille qui court partout. On met une dizaine de minutes à dire bonjour à tout le monde. Hakim embrasse ses neveux qu’il n’avait jamais vus et dont il avait seulement entendu parler. «  Mais oui, c’est lui, c’est Tonton, tu peux lui faire un bisou !  »

Très vite, comme une légère gêne, entre sa maman et lui. Les voix s’élèvent un peu. On commence à manger et il quitte la table. Revient. Puis repart, on entend la porte d’entrée qui claque. La maman nous ressert, alors que nos portions étaient déjà pharaoniques. «  Faut manger, hein, regardez, vous êtes tout maigres, allez, encore peu de semoule, j’ai passé la matinée à la faire et j’ai pris ma journée de travail, alors faut manger, hein... »

Que faire ? Descendre alors qu’il a dû partir voir des potes à la cité, attendre ici en mangeant ? Attendre un peu, voir dans combien de temps il va revenir... La maman en profite pour nous remettre deux bonnes louches de couscous.

Un quart d’heure plus tard, Hakim rapplique. « Hakim ! Faut que tu manges, hein, regarde, t’avais envie d’un couscous et t’as rien mangé ! Et reste un peu avec nous, arrête avec les copains, regarde, y a toute la famille qui est là pour toi et toi, tu vas avec eux... »

Il s’assoit, picore une bouché de couscous, se relève, passe un coup de fil. « Bon, je file, là. J’en ai pour juste une heure. Je vais faire des courses à le Défense... À tout de suite.  »

Je me lève. «  Attends, Hakim. Je t’accompagne. On fait comme on avait dit. » C’est le moment où tout va se jouer, sans doute. Toutes les conversations ont cessé, je le regarde dans les yeux et je sens que dix paires d’yeux nous regardent. « Non, non, tranquille, t’inquiète. J’en ai juste pour une heure, il ne se passera rien.  » Je profite du fait qu’il y ait du monde dans le salon et balance l’ogive, en forçant un peu le trait. « Non, Hakim, je te l’ai déjà dit, ce n’est pas possible. Je suis responsable de toi, c’est grâce à moi que tu sors, il suffit d’un contrôle de flics, d’un accident, de je ne sais quoi, et c’est moi qui prends. Et si je prends, ça veut dire que l’Assoce elle coule, que je n’ai plus de boulot, et que je suis condamné.  » Murmures dans le salon. La daronne embraye direct. « Hakim ! Écoute ce qu’il te dit, l’éducateur, allez, tu vas avec lui, et la fille, elle reste là avec nous... Allez-y tous les deux, de toute façon, c’est que pour des habits, hein... » Les oncles et tantes opinent. De guerre lasse, Hakim balance que oui, allez, on y va.

En bas de la tour, en attendant son pote qui doit passer nous prendre en bagnole, une 307 roule doucement et trois gueules de cons nous dévisagent salement. Forcément, la BAC. « Ah c’est des jeunots, je les connais pas, ceux-là... Ils ont dû arriver depuis moins de cinq ans... » lance Hakim. Son pote arrive ; la trentaine, bien sapé. Hakim lui dit de ne surtout pas s’inquiéter, que c’est son éducateur, qu’il est obligé, tout ça... Pas de souci pour Djamal.

À la Défense, c’est courses de vêtements pour Hakim. En speed, un t-shirt, une veste, un jeans, des baskets. Et deux-trois potes à voir aussi, toujours en speed, des anciens codétenus. Au magasin de sport, il demande à un vendeur le rayon « piscine ». Je lui demande ce qu’il va bien pouvoir faire d’un maillot de bain ou...

« Non, des claquettes. Deux paires, une pour moi et une pour un pote.
- Putain Hakim, désolé, mais ça brise un peu le mythe... Un mec qui sort pour la première fois depuis cinq ans, il s’achète des claquettes !
- Ben oui, mais j’en ai besoin... 
 »

La daronne n’arrête pas d’appeler. Et quand est-ce que tu rentres, et t’as vu l’heure, et t’as acheté des gels-douche, et tu rentres quand, et t’es où et avec qui ? Hakim joue un peu le jeu, juste un peu. On rentre, le temps de se changer, de s’engueuler vite fait avec la maman – quoi, tu ressors déjà ? – et c’est reparti pour la tournée des cités, histoire de saluer les anciennes connaissances.

Quelques bises appuyées, le plus souvent des poignées de main, Hakim a le bonjour sélectif. À peine le temps de rester cinq minutes avec chacun et de passer au café boire un crème dont il rêve depuis cinq ans. Au bar, il s’allume une clope. Tout le monde le regarde avec des gros yeux. «  Ah oui, c’est vrai, merde ! J’avais entendu à l’époque qu’on n’avait plus le droit mais ça date d’après que je sois tombé... » On finit en terrasse.

Dans la bagnole du retour, c’est projets sur projets. La liberté, la sortie, la prochaine perm qu’il demandera, trois jours pour voir sa famille, les conneries où ne surtout pas replonger, la liberté. On arrive avec cinq minutes d’avance sur l’heure de retour imposée. Ça sera bon pour la prochaine demande glisse Hakim au surveillant de l’entrée.

La lourde se referme.

Encore une heure de route pour revenir à Nanterre. Ça s’est bien passé pour Laetitia à la maison avec les femmes. Elles ont pas mal discuté avec la maman. Celle-ci a même avoué qu’elle stressait pour la sortie du fiston. «  Au moins, là où il est, ils le tiennent bien. Mais quand il va revenir... Non, franchement, je préfère le savoir là-bas... »

À la cité, encore dans la bagnole, on tambourine à la fenêtre. C’est Najib, un de ceux qui participe à l’écriture du bouquin. «  Wesh Ubi, bien ou bien ? Ah, t’es là aussi Laetitia ? Bon alors, il est sorti ? Parce qu’on n’a pas réussi à le voir mais d’autres à la cité, oui... Vous étiez là à quelle heure ? Et vous faites quoi là, vous partez ? »

On raconte un peu la journée et on dit que non, on va s’envoyer quelques verres pour fêter le dernier jour au rade portugais puis qu’on fera un petit tour du quartier pour saluer ceux qu’on voit. « Ah ouais, le rade portugais... Moi à part ses entrecôtes du midi, vous risquez pas de m’y voir... »

Chez Dos Santos, le premier blanc de la soirée – un super vinho verde – a un goût trop rapide. Il en faut un deuxième. Dans une heure ou deux, c’est fini tout ça. Une clope dehors en regardant les tours dans la nuit. Troisième verre, on refait les sept ans qu’on a vécus avec le patron et quelques habitués. Dos Santos finit par ne plus ranger la bouteille. « Bon, ben, tu te sers, hein... »

À la porte entrouverte, la tête de Najib dépasse. « Hey, c’est la combientième bouteille ?  » rigole-t-il en entrant.

« Tu prends quelque chose ?
- Non, merci. Je passais juste dire bonsoir vite fait. Et à bientôt.
- Merci, m’sieur ; à bientôt. 
 »

La boutanche est bientôt finie.

« J’te dois combien, chef ?
- Bon, on va dire trois verres à deux euros, allez, cinq euros pour ce soir... 
 »

Il doit être vers les 21 heures et c’est parti pour la tournée des halls. Dire au revoir aux gars, et que s’ils ont un quelconque souci, ils peuvent passer d’ici un mois dans mon futur bureau puisque je deviens référent justice pour un organisme public.

«  Et ça consiste en quoi ?
- Ben je serai deux jours par semaine à la maison d’arrêt, essayer de trouver aux gars des formations, des boulots, je ne sais quoi pour qu’ils puissent sortir plus vite, et dans mon bureau, je recevrai les sortants, pareil, pour trouver des formations ou voir ils en sont dans leurs sursis mise à l’épreuve.
- Super, Ubi, on est contents pour toi. T’inquiète, s’il y a quoi que ce soit, on te dit.
 »

Sur le parking du centre commercial, c’est la foule des grands soirs. Une bonne quinzaine de jeunes de vingt à vingt-cinq ans. Ceux avec lesquels on avait bien galéré deux ans avant de commencer à pouvoir bosser.

Les nouvelles du jour et d’Hakim que certains ont vu. Hassan, celui qui lui avait conseillé de nous écrire, vient me voir.

«  Bon, c’est dommage mais le principal c’est que ce soit bien passé, je le verrai à sa prochaine perm...
- Ah, au fait Hassan, ça tombe bien, je voulais te dire...
 »

Je lui raconte le futur boulot. Il est enchanté. Faut dire qu’Hassan, c’est un peu le référent justice du quartier. Au courant de toutes les histoires, de tous les avocats, de toutes les peines, il file autant de coups de main qu’il peut aux mecs qui sont dedans. Et il nous a conseillé à deux de ses potes. Hakim, donc, et ses cinq ans, puis Mehdi, qui fait appel des sept ans qui lui ont été donnés en première instance. Là aussi, pris pour stups. Et ça se chiffre en sacré nombre de kilos.

« Tu gardes le même 06 ?
- Oui, oui, Hassan, pas de problème.
- Non, parce que les deux-là, ça va, c’est réglé. L’autre, il a eu sa perm ; et l’avocat de Mehdi, il a bien reçu les papiers que vous lui avez faxés. Mais y a une autre histoire que je voudrais t’envoyer...
- Pas de souci...
- Oui, mais celle-là, c’est du sérieux. Et le gars n’est pas encore prêt. Je te tiendrai au courant... 
 »

Du sérieux ? Il m’envoie des mecs chopés avec trois kilos de coke, cinquante mille ecstasys, tombés pour sept et cinq ans. Mais la prochaine, c’est du sérieux ?

Hassan se retourne vers les autres. Prend une voix de stentor. «  Bon maintenant, messieurs, on dit tous au revoir à Ubi ! »

Les gars sourient, agitent les bras, hurlent «  Au revoir ! ». Limite haie d’honneur. Et que j’ai intérêt à revenir aussi, sinon ça va barder...

Ne pas se retourner. Les larmes montent. Je débite quelques banalités à Laetitia, que j’ai de la chance, qu’ils sont vraiment bien, que... La voix se serre. Garder ces moments-là, de douleur et de joie, bien enfouis. La vérité ne se fait que sur les tombes.

De retour à la maison, j’espère qu’Hakim dort bien dans sa cellule. Moi, je vais avoir un peu de mal.


COMMENTAIRES

 


  • jeudi 8 mars 2012 à 13h31, par morphino

    Salut Ubi,

    Suis également dans ta partie mais pas dans la prèv, et j’te dis merci pour ces textes. Super.

    ++++++++++++++++++++++++++++++++++Par contre arrête de nous faire chialer stp pacque ici nous on vient aussi chercher du réconfort, ok ?)+++++++++++++++++++++++++++++

    Blague à part il y a encore plein de trucs possibles dans les quartiers, faut lutter encore et encore...

    Donner les moyens aux gens de s’organiser, structurer les réseaux entre quartiers et villes, utiliser les politiques publiques sans en être esclave, jouer le jeu à moitié, être déviants tout en étant au cœur du système,

    +++++++++prendre en compte de+++++++++++++++++++++façon++++++pragmatique
    +++++les réalités des+++++++++++++++++++quartiers
    +++++++++++++++++++populaires.

    Chercher des solutions à une échelle ultra locale, organiser des communautés d’habitants formés et informés, concernés et prêts à défendre leurs intérêts pour autant qu’on leur donne la parole... etc etc.

    On est ensemble et on lâche rien !

    • jeudi 8 mars 2012 à 22h11, par Ubifaciunt

      Merci morphine !

      j’aime beaucoup ton passage et ton idée sue le « jouer le jeu à moitié et le fait d’être déviant au coeur du bordel »

      Oui, beaucoup...

      • vendredi 9 mars 2012 à 13h53, par pièce détachée

        J’aime bien moi aussi cette idée de morphino. Enfin, « j’aime bien »... En fait, une alternative est soit de s’écraser dans le système, soit de s’inventer des (pseudo-)bulles hors-sol de micro-utopies très élitistes, il faut bien le dire, à la René Riesel ou à la TAZ (voir aussi ici). Hors de cette alternative, « jouer le jeu à moitié et être déviant au cœur du bordel » : oui cent fois. Même si ça implique d’être constamment en porte-à-faux, d’être un suspect facile pour (presque) tous, de sentir des tenailles nous mordre le cœur.

        Bon. J’étais pas venue m’essayer au lyrisme douloureux... Arf.



  • jeudi 8 mars 2012 à 14h27, par pièce détachée

    Du mal à dormir... C’est sûrement le vinho verde qui fait ça, Ubi...

    • jeudi 8 mars 2012 à 22h11, par Ubifaciunt

      oui, oui, les très fines bulles, ça monte à la tête...



  • jeudi 8 mars 2012 à 16h10, par Fablyon

    Le truc c’est que l’émotion, Ubi, tu la passes, et très bien. Elle est là, elle fait ce petit truc au fond du ventre qu’on aime bien ressentir parfois.

    Reste qu’il y a encore de quoi faire, quand on regarde la réalité en face, sans se mentir, qu’on ne prend pas ses utopies pour réalités, mais qu’on transforme la réalité en utopie de l’instant.

    Merci encore, pour tout ce que tu as fait, pour tout ce que tu feras et pour ce que tu passes dans chaque ligne.

    • jeudi 8 mars 2012 à 22h12, par Ubifaciunt

      Yep Fab,

      Parfois, d’autant que tu sais que cette fois est la dernière, et qu’il en faut en jouir d’autant plus, et continuer à être là...



  • jeudi 8 mars 2012 à 18h28, par isatis

    Last vinho verde aussi alors…
    Je ne sais quoi inventer d’autre qu’une blague à deux balles - et encore chuis généreuse - pour saluer ce beau rendu de fin de partie, merci.

    • jeudi 8 mars 2012 à 22h13, par Ubifaciunt

      Hey, mais c’est très bien le vinho verde !!!
      Et merci pour le discret hommage à Beckett.

      • vendredi 9 mars 2012 à 11h51, par isatis

        Pour sûr que c’est bon ! Le vin c’est plus facile à boire qu’à envoyer :-))
        Merci pour Beckett, je cherchais ce que me rappelait ma propre phrase, arf…
        isatis gâteuse

        • vendredi 9 mars 2012 à 12h11, par Ubifaciunt

          Le grand Sam est toujours là quand il faut.
          Il faut continuer...



  • jeudi 8 mars 2012 à 22h59, par .William

    En lisant la lettre je me suis dit « ça doit pas être la partie qu’il préfère dans son métier les notes administratives vu comme il écrit ».

    Comme que je ne suis pas régulier avec le journal (oui...) j’ai raté une ou deux chroniques, ça fait plaisir de les retrouver ici. D’autant que j’ai eu la bonne surprise de voir que le « blogue » était de nouveau en ligne récemment.
    Il me tarde de lire le bouquin, bon courage pour la suite.

    • vendredi 9 mars 2012 à 11h23, par Ubifaciunt

      Dear William,

      Paradoxalement si, je m’éclate de plus en plus à ce genre de courrier administratifs qui peuvent infléchir la position d’une quelconque autorité...

      Et à très vite pour d’autres aventures !

      • samedi 10 mars 2012 à 01h13, par .william

        « Comme que je »...Ah con de moi, ça m’apprendra à brancher mon ordinateur après avoir ouvert une bouteille avec des amis..!
        Pour être plus clair,
        ça fait bizarre de lire le style protocolaire quand on a l’habitude de te lire régulièrement mais c’est sûr que si une missive administrative permet de faire tomber des murs pour certains, ça change la donne.
        Je rajoute que j’ai comblé une lacune en ouvrant Calaferte après avoir relu un de tes textes...Calaferte après Leprest, je suis reconnaissant pour un bout de temps !
        J’espère que tu trouveras d’autres Calaferte auquel t’accrocher dans ton prochain boulot, qui te donne envie de continuer, toujours.
        On est bien sympa derrière l’écran mais on serait bien incapable de faire ce travail avec autant de pédagogie et surtout de sensibilité.
        A bientôt !



  • vendredi 9 mars 2012 à 01h14, par Tiravuturavidévi

    ça fonctionne cette machine stupide les grossistes/les quartier/les keufs/la taule/les éducs chacun fait plus ou moins sa maille ça vend de l’argumentaire politique qui fait frissonner l’électeur de droite comme il faut, faudrait surtout pas qu’ils légalisent sinon c’est la cata.
    Vont avoir du mal a y comprendre quelque chose les archéologues dans mille ans.

    • vendredi 9 mars 2012 à 11h26, par Ubifaciunt

      Bon, ben, c’est pas si mal si tout le monde (et surtout les gosses) y trouvent leur compte, non ? T’échangerais une journée de dehors ou t’es pas sorti depuis quatre ans contre combien de prisons brûlées ?
      Quand à la maille que chacun se fait, c’est plutôt du prolo partout et pour les quelques gosses qui dealent, du lumpen-capitalisme...

      • vendredi 9 mars 2012 à 13h02, par Tiravuturavidévi

        bonne question l’échange, qu’est-on est près à échanger ? C’est bien les chroniques de boulot, c’est des réalités qu’on connait plus ou moins mais mises à plat ça fait réfléchir, celle du gars à l’usine dans CQFD est bien aussi. J’espère que tu vas continuer dans ton nouveau taf.

    • dimanche 15 avril 2012 à 21h41, par fred

      Vont avoir du mal a y comprendre quelque chose les archéologues dans mille ans.

      Je valide :-p



  • vendredi 9 mars 2012 à 11h43, par Oiv

    C’est marrant moi quand je te lis j’imagine les ados de l’itep qui font partie de ma vie depuis un an. Dans ta dernière chronique papier je me suis vue râler dès qu’un jeune monde dans la voiture pour mettre le dernier tube de r’n’b (à fond) en disant « laisse laisse elle est trop bien celle là » alors que j’essaie de baisser le son...
    Et là, ton départ, le couscous, les larmes aux yeux, le vin blanc et ta collègue, eux qui te disent aurevoir bin putain ça me fait dire que moi aussi, je vais peut-être avoir besoin de l’écrire mon départ dans une semaine. Et pas sûr que j’arrive à dormir. Tant mieux.

    • vendredi 9 mars 2012 à 12h11, par Ubifaciunt

      Eh, eh ! C’est que ça sent le vécu, tes débuts d’histoire, Oiv... Hésite pas à écrire comment que ça se passe, la chro est ouverte pour le canard...

      Courage et joie !



  • samedi 10 mars 2012 à 14h33, par rom

    Merci Ubi.
    Ca fait un boutt’ que je suis tes chroniques. Au début je me disais que c’était chouette de savoir qu’il n’y avait pas que des gens ultra normatifs qui bossaient dans le social. Et puis je me demandais si tu ne ressentais pas avoir le cul entre deux chaises : celle du garant de la paix social induit par le métier d’éducateur et celle de la personne qui veut mettre un peu d’humain et teinter de rouge et de noir des lieux habituellement gris comme le béton.
    Et aujourd’hui, alors que j’ai pris la casquette d’éducateur je me retrouve totalement dans tes positions. Parce que j’ai aussi gardé ma casquette d’activiste ainsi que mon poing serré prompt à se dresser. Et parceque j’ai conservé ma méfiance vis à vis des éducastreurs et autres flicaillons de tous bords en me gardant de dériver dans cette direction.
    Enfin, je n’ai pas oublié que la vérité sort de la bouche des enfants, que les révolutionnaires seront des enfants ou ne seront pas, que les révolutions seront un jeu d’enfant ou ne seront pas... (merci Jules Celma !)
    Et toi, continue de nous donner plaisir à te lire. Vivement la suite !

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