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lundi 18 mai 2009

Littérature

posté à 12h42, par Lémi
46 commentaires

« Reclaim the Clowns » : sus au militantisme triste !
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Marre des grises réunions syndicales et du militantisme tristounet, de l’austérité made in PC, de cette extrême-gauche qui se croit supérieur parce qu’elle fait don de sa Vie à la lutte ? Vous n’êtes pas les seuls. Depuis quelques années, une nouvelle génération militante monte au créneau : des clowns, des saboteurs de 4/4, des barbouilleurs de pub, des monteurs de canulars… Revue de détails.

Militer, quoi de plus chiant ? Une hiérarchie (syndicale ou partisane) qui vous met toujours des bâtons dans les roues, des consignes absurdes, des réunions soporifiques etc, pas vraiment excitant. Idéal quand on a 50 ans et un profil de fonctionnaire grisonnant, un peu moins quand on est jeune et que les cotisations retraite ne sont pas encore au centre des préoccupations. Depuis Mai 68, le jeune s’ennuyait remisé dans les poubelles de l’histoire. La moindre velléité de rébellion était directement condamnée par de vieux barbons sermonnant : « A quoi bon ? On l’a déjà fait. En mieux. »

Et puis, Outre-Manche, quelques excités pleins d’imagination ont commencé à remettre ça en cause. Avec cette idée que les vieux cadres protestataires ne demandaient qu’à être explosés. Et qu’il fallait insuffler de la vie et de l’imagination là-dedans. Mêlant Dada, les Situs, les Diggers et leur Guerilla Theater, ils se sont lancés, ressuscitant l’agit-prop en l’affublant d’un nez rouge.

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Les premiers clowns militants datent de 2003, année de fondation de l’Armée Clandestine des Clowns Insurgés et Rebelles (CIRCA). Ils sont nés en Angleterre, manifestant contre la guerre en Irak. Proches de mouvements altermondialistes, ils ont dès le début brillé par leur imagination. Dans No Logo, Naomi Klein raconte ainsi un de leurs coups d’éclats, le jour où 10 000 militants investirent la M41, autoroute londonienne à 6 voies : « Deux personnes arborant des costumes de carnaval sophistiqués avaient pris place à 10 mètres au-dessus de la route, perchées sur des échafaudages recouverts d’immense jupes à cerceaux. La police, qui regardait sans intervenir, ignorait complètement que, sous les jupes, se trouvaient des guérilleros jardiniers équipés de marteaux piqueurs et creusant des trous dans la chaussée pour planter des jeunes arbres dans l’asphalte. »

Le but des clowns ? Tourner en dérision le pouvoir, lui opposer leur imagination et leur vie plutôt que des barres de fer. John Jordan, alias colonel Klepto, un des fondateurs du Circa le résumait ainsi (dans ce très bon article traduit chez vacarme.), dans un esprit très proche du sieur Noël Godin et de ses attentats pâtissiers : « Rien ne mine davantage l’autorité que de la tourner en ridicule. »

Les clowns ont ensuite essaimé, notamment en France avec les très efficaces membres de la BAC (Brigade activiste des Clowns, qui ont fait plusieurs apparitions sur A.11, détruisant des livres interdits ici, gazés par les flics strasbourgeois ou lançant des cerveaux sur le Ministère de la recherche ici), mais aussi avec les CRS (Clowns à Responsabilité Sociale) basés à Clermont ou avec le GIGN (Groupe d’Intervention à Gros Nez) lyonnais.

S’ils sont sûrement les plus sympathiques, il n’y a pas que les clowns à s’être appropriés cet impératif d’imagination et de détournement. Des Robins des Bois d’EDF remettant l’électricité à des foyers démunis aux Déboulonneurs s’attaquant à l’agression publicitaire, en passant par les Yes Men, sérial-piégeurs du néolibéralisme, ou les Dégonflés, s’attaquant aux pneus des 4/4, la nébuleuse nouveau-militant ne cesse de grossir. Tout ce beau monde méritait bien une étude sérieuse, c’est chose faite depuis 2008, avec le très bon ouvrage de Laurent Jeanneau et Sébastien Lernould publié par les Petits Matins : « Les Nouveaux Militants ».

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Les deux journalistes ont suivi ces adeptes de la désobéissance civile et créative, accouchant d’un livre interrogeant réellement les ressorts et problématiques de ce nouveau militantisme, notamment dans leur rapport au média et leur recherche d’efficacité politique. Cerise sur le gâteau, un entretien très stimulant avec le philosophe Miguel Benassayag et de nombreuses photos d’un certain Pierre-Emmanuel Weck complètent l’ouvrage.

En attendant que tu file le quérir chez ton libraire préféré ou le chaparder à la FNAC, voici quelques pistes soulevées par les auteurs.

Exploser les anciens cadres militants

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S’il y a une chose qui rapproche tous ces activistes nouvelle génération, c’est bien leur volonté de faire table rase des modèles. Échaudés par l’ordre hiérarchique et l’endoctrinement régnant chez leurs prédécesseurs, ils ont préféré tout envoyé bouler plutôt que de reproduire les mêmes erreurs. Pas question de rejouer le coup de l’écervelage à La Chinoise de Godard1, quand les jeunes mao se gobaient quotidiennement Le Petit livre rouge comme d’autres leurs bibles.

Deuxième point commun : ils se composent d’énergumènes qui ne sont pas vraiment le cœur de cible des partis et syndicats traditionnels. Le militantisme à la papy stal ou à la grand père CGT était finalement très uniforme, n’accueillait pas beaucoup de femmes, ni de jeunes ou de classes moyennes. Ce n’est pas le cas des mouvements estampillés « Nouveau Militant », nés dans la continuité des mouvements anti et altermondialistes. Ce que rappelle Isabelle Sommier dans « Le Renouveau des mouvements contestataires à l’heure de la mondialisation2 » : il y a dans ces nouveaux groupes militants une surreprésentation des jeunes, des femmes actives et des classes moyennes instruites, soit « une photographie en négatif des catégorie peu attirées par le syndicalisme. »

Ces agités du bocal – clowns, barbouilleurs, dégonfleurs… - ont globalement rompu avec les pratiques hiérarchiques dominantes. L’idée est de fonctionner en tant que groupe, pas de mettre un individu en avant. La chose pouvant être poussée à l’extrême, comme lorsque certains militants du CIRCA se sont vus interdire de médias, de peur qu’ils ne tirent la clown-couverture à eux : les bougres étaient trop charismatiques.
Au final, donc, une même méfiance face à l’idée de chef, de leader. Le pouvoir castrateur de la hiérarchie est dénoncé par la plupart de ces nouveaux militants qui s’en méfient comme de la peste. Ce que souligne Benassayag : « Il faut être humble : la seule chose inacceptable, c’est de se transformer en commissaire politique. »

Dernier point, tous ces mouvements sont généralement monothématiques, pour ne pas disperser leurs forces. L’Église de la Très Sainte Consommation ne mène que des actions liées au consumérisme effréné ; les Dégonfleurs de 4X4 restent concentrés sur leur cible de prédilection ; les étudiants de Génération Précaire pilonnent exclusivement la question stage et Antonin Legrand ne parle que des mal-logés et des SDF. On pourrait y voir un manque d’ambition, mais les intéressés répondent que l’attitude est dictée par l’impératif d’efficacité : en restant focalisées sur une cible précise, leurs actions gagnent en crédibilité, et donc en répercussions. Chaque action est minutieusement pensée et répétée (à l’exemple des clowns de la BAC prenant des cours de comédie), et ces nouveaux militants font preuve d’un réel professionnalisme, qui explique sans doute en partie leur soudaine popularité médiatique.

Le rapport aux médias : répulsion / attraction

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Très tôt, les nouvelles formes d’action développées par les trublions de l’engagement ont eu la faveur des médias. Quelque chose bougeait, les caméras ont suivi. Act Up est un des tous premiers précurseurs de cet aimantage des objectifs : en déroulant une capote géante sur l’Obélisque de la Place de la Concorde le premier décembre 1993, ils ont marqué le début d’une nouvelle ère, où les militants utilisent sciemment le pouvoir des médias et leur inclinaison à couvrir le Spectacle.

Depuis, Act Up a fait des petits. Au regard du nombre de militants participants aux actions (généralement très peu. Comme le soulignait ironiquement un communiqué de la BAC après une manif anti-CPE : « Ils étaient dix clowns d’après la police, dix-mille policiers d’après les clowns. »), la présence des nouveaux militants dans les médias est plutôt impressionnante. On en avait personnellement fait l’expérience lors d’une action menée par l’Appel et la Pioche appelant la chaîne Carrefour à tenir ses engagements contre la vie chère : lors de l’action proprement dite (organisation d’un pique-nique avec des produits subtilisés au magasin en impliquant les clients présents), le nombres de photographes, cameramen et journalistes dépassait largement celui des militants. Bizarre scène qui contrastait un peu avec l’idée du militantisme de base (plus qu’on est, plus qu’on agit efficacement).

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Action de L’Appel et la Pioche, Septembre 2008

La chose a culminé avec les manifestations anti-CPE. En mars 2006, les médias ne parlaient plus que de ces « Nouveaux Militants ». A Poitiers, par exemple : « Poitiers réinvente la contestation », titrait Libération, en s’émerveillant : des manifestants joyeux qui brûlent des voitures (majorettes), ont des slogans bizarres (« on est très vilains, on mange des doyens »), affublent de nez rouges leur service d’ordre et défilent en costume croisé en l’honneur du CPE, braillant « Merde aux jeunes », voilà qui changeait des habituels comptes-rendus des manifs de profs.

Depuis, ils sont partout. Les médias les aiment, ils en profitent. Augustin Legrand et les Enfants de Don Quichotte en sont sûrement la meilleure illustration, l’acteur avouant, après une immersion dans le fleuve parisien : « J’ai sauté du pont pour Dailymotion. »

Bref, tous revendiquent un rapports décomplexé aux médias : Jeudi Noir, la France qui se Lève Tôt ou Génération Précaire n’ont aucune honte à assumer l’utilisation des médias. Trop ? La frontière entre marketing et activisme se réduisant dangereusement, ils sont quelques-uns à interroger, voire à critiquer, cette immersion dans le Spectacle. Et la plupart sont d’accord pour fixer des limites à la chose, prenant l’exemple d’un José Bové débarquant sur un plateau télé sur un char à bœuf (voir vidéo ci-dessous) comme repoussoir ultime.

La désobéissance festive : de la Vie et de l’Imagination comme principes dominants

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C’est peut être ce qui est le plus encourageant : les « Nouveaux Militants » n’ont aucune intention de sacrifier leur vie à leurs engagements et conchient joyeusement l’idéal ascétique du don de soi qui est au cœur du militantisme gauchiste depuis des lustres. A l’égal d’un Raoul Vaneigem qui nous confiait3 il y a quelques mois, « Je me méfierais d’un mouvement subversif qui impliquerait l’ascétisme, le sacrifice, le militantisme » (ici), ils récusent l’idée du don de soi et de la tristesse obligatoire. Les clowns symbolisent idéalement cette joie portée en bandoulière, arme que les forces de l’ordre ont le plus grand mal à enrayer, mais ils sont loin d’être les seuls. Les clowns font les clowns, les Yes Men font preuve d’une inventivité démente dans leurs pièges aux vieilles badernes4, les faux prêtres de l’Eglise de la très Sainte Consommation mettent en place des cérémoniels mystiques pleins d’invention et les agités de Jeudi Noir font la fête dans des appartements réquisitionnés sur le tas. Tout ce beau monde agissant dans une bonne humeur pleine de sens, comme le souligne Benassayag dans l’entretien en fin d’ouvrage : « Cette joie exprime le passage du pâtir à l’agir. »

A l’idée d’un principe dominant, d’une idéologie auxquels ils sacrifieraient leur vie, ils substituent celle du mouvement enthousiaste sans code intellectuel. Ce que soulignent Miguel Bensayag et Florence Aubenas dans Résister c’est créer5 : « Aucune idéologie n’est brandie en oriflamme, aucun texte ne sert de bible, aucun régime n’est désigné comme le paradis promis. Et, loin de vivre tout cela comme des manques, les nouveaux radicaux le revendiquent comme ce qui, justement, constitue leur cœur même. »

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Pour conclure, on pourrait s’interroger sur la réelle efficacité de ces mouvements. A la question « Mais encore ? », les auteurs du livre répondent ainsi : « Pour l’instant pas grand-chose. (…) Il faut bien se rendre à l’évidence : rien de concret n’a émergé de l’effervescence médiatiques qu’ils (les nouveaux militants) ont suscitée. Non pas que les actions de ces collectifs se soient toutes soldées par un échec. »

Pas d’échec, mais rien de révolutionnaire non plus. Certes, ils réfutent la position des auteurs de « Révolte consommée », Andrew Potter et Joseph Heath, qui estiment que ces militants sont contre-productifs et détournent du vrai combat, massif et collectif. S’ils ne peuvent se substituer à «  l’établissement d’un rapport de force établi dans la durée », ces mutants politiques ont une capacité réjouissante et non négligeable à donner des « coups de pied dans la fourmillière. »Et d’ajouter, « c’est déjà beaucoup. » Indéniablement.

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Biche et clown pactisant durant le Contre-sommet de l’OTAN.


1 auquel j’ai emprunté deux images, ci dessus et ci dessous, un peu plus bas.

2 Flammarion, 2003.

3 Enfin, pas à moi, à JBB, via mail.

4 Allant jusque, lors d’une conférence de hauts responsable d’Exxon Mobil et du National Petroleum Council, faire applaudir par des professionnels du secteur pétrolier l’idée d’utiliser la combustion de corps humains pour pallier au manque de pétroles.

5 Editions La Découverte.


COMMENTAIRES

 


  • lundi 18 mai 2009 à 14h28, par jide

    Belle synthèse qui me conforte dans mon début de lecture de « résister c’est créer ». Pas d’idéologie, pas de théoriciens, pas de long discours, mais de la vie, de la vie, et encore de la vie. Le cailloux dans la chaussure ? Un mouvement qui n’en n’est pas un, plus anarcho- que communo-, qui ne se structure pas, et qui ne change pas la donne à grande échelle.
    Cultive ton jardin, le reste suivra (peut-être, s’il te reste un jardin, et si tu es autorisé à le cultiver...)

    Voir en ligne : http://jide.romandie.com

    • lundi 18 mai 2009 à 23h18, par lémi

      « s’il te reste un jardin, et si tu es autorisé à le cultiver... » Je te trouve bien optimiste. Je dirais plutôt : « s’il te reste un caillou et que tu es autorisé à le mettre dans une chaussure. »



  • lundi 18 mai 2009 à 17h11, par Liliane, fais les valises, on rentre à Paris.

    Ah, la place du rire et de la dérision dans la lutte …cela pourrait être un joli sujet. Une « nouvelle » forme de militantisme disent les journalistes ?

    Mais qu’entend-on par « nouveau » ? « différent » ? « apparu récemment sur le marché » ? Comme ces lessives « nouvelles » : elles font peut-être des bulles roses et font des « smacks » quand on les glisse dans le tambour mais elles demeurent fondamentalement de la lessive.

    « Les nouveaux militants » seraient des pourfendeurs de la noirceur et du chiant ? Evidemment, il serait assez ardu de se vendre en clamant mollement des « moi j’aime le cancer et les métastases, et, j’oubliai, vive la contrition, vive Lajoinie. »

    Je choisis ici la monade casse-burnes et je crois qu’il sera toujours nécessaire de revenir au sens des mots et aux représentations que l’on se fait de ceux-ci. Les discours, leur conditions de production et de réception en gros (cf. une discussion sur le fameux « d’où je parle » sauce Lacan).

    L’article débute joliment, la référence à Godin est juste par rapport à la question de la dérision. Mais en lisant la suite, peut-être que Noël s’étouffe dans sa tarte.

    « L’idée est de fonctionner en tant que groupe, pas de mettre un individu en avant. »

    La mise sur le même plan de la Brigade des Clowns et d’Augustin Legrand me paraît curieuse. En quoi les Enfants de Don Quichotte se distinguent de ce que l’on pourrait appeler un « militantisme traditionnel » ? Absence de hiérarchie dans le groupe, organisation horizontale ?

    Une grille de lecture empruntée à l’anthropologie politique me paraît intéressante pour comprendre un peu plus précisément la notion de « nouveauté » dans le militantisme (et sa facticité) : s’il on prend comme point de départ l’existence d’une logique d’association et une logique de dissociation par rapport à l’ordre dominant, alors la volonté de négociation avec les pouvoirs publics (réception au palais, production d’un discours via les médias traditionnels par des groupes comme les Don Quichotte) s’inscrit dans cette logique d’association. La construction même de la figure hautement médiatique du jeune homme –A.L.- semble participer de cette logique d’association. Les conditions de production du discours des Enfants de Don Quichotte ne se distingue pas fondamentalement du militantisme traditionnel : la référence à Dailymotion est en cela intéressante.

    Ou bien, dans le cas spécifique des Don Quichotte, s’agit-il d’une connaissance des conditions de possibilité d’une réception socialement acceptable de leur discours ? En gros, « je connais le jeu, je le joue. »

    Roland Barthes (rhahhh mon héros structraliste) parlait à l’époque de la production d’un discours encratique et acratique (dans un article publié dans Le bruissement de la langue) : en d’autres termes, un discours dans le pouvoir et un discours hors pouvoir. A la lumière de cet apport théorique pas totalement con, il me semble que les Don Quichotte sont des « nouveaux militants » dans le sens « dans le pouvoir » et « produits socialement acceptables apparus récemment dans le champ médiatique ».

    « ils se composent d’énergumènes qui ne sont pas vraiment le cœur de cible des partis et syndicats traditionnels. »

    Précisément, pour ce qui est de l’Appel et la pioche mentionné dans l’article, il s’agit d’une sous-branche funky cool du NPA. Pourquoi le NPA soutient le genre d’actions entreprises par A&P ? Ce groupe procède certainement d’un double phénomène bien connu dans le champ politique qui s’appelle « l’intégration des marges » et la « réappropriation par les partis des formes d’actions qui se dérobaient sous eux ». L’apparition de l’Appel et la pioche témoigne de la volonté du parti d’inclure des groupes de type « asso » ou « collectifs » qui permettent d’assurer la fonction « image/représentation de la société civile » au sein du parti. (On notera au passage le choix même du nom du groupe. Un ch’ti jeu de mots, pour un sous-groupe d’un parti, c’est cool. Plus vendeur que « désirs d’avenir ».)

    Once again, le but d’un parti est le maintien au pouvoir ou son accès, et dans le cas spécifique du NPA, l’accroissement de son nombre d’adhérents. Le terme de « marketing politique » s’applique aussi au NPA et il est certain que capitaliser sur le sinistre n’est point opérant. Vous savez, il existe aussi des agences de communication qui s’appelle Molotov… La création de l’Appel et la pioche au sein du NPA, c’est cette histoire : « la politique n’est pas une affaire de professionnels ; nous le sommes de fait, incluons donc des jeunes premiers sympathiques qui paraissent à la ramasse… »

    Et le NPA tourne en dérision ceux qui souhaitaient tourner en dérision …
    Voici oui un joli, non pas détournement, mais retournement de l’histoire des luttes.

    Après la question des conditions de production du discours, la réception. Blam. Peut-être pourrait-on se demander pourquoi les « nouveaux militants » « ont la faveur des médias ». Les faux-nez sont encore recevables. La question centrale selon moi : la définition de la « violence » et les luttes pour sa définition. Le « nouveau militantisme » participe de la même logique qu’une agence de comm’ : le rigolo comme nouveau mode de discours politique. Socialement acceptable. Cosmétique. Non défini comme « violent » par l’ordre dominant. Donc recevable. Intégré.

    « Nouveaux militants » ou plutôt « nouvelles figures médiatiques socialement acceptables et recevables ? » Groupes de pression « rigolo » ? (Tout ceci me fait penser à l’apparition du terme « créatif » pour désigner les enflures qui pondent des slogans aussi creux que la faille de San Andrea, dans les agences de comm’.)

    La question qui sert de conclusion à l’article, à savoir celle de l’ « efficacité » de ces actions « nouvelles » pourrait à mon sens être précisée par une interrogation sur l’efficacité… des logiques d’intégration des marges via le discours du « nouveau militantisme ».

    « Je me méfierais d’un mouvement subversif qui impliquerait l’ascétisme, le sacrifice, le militantisme » Vaneigem.

    Oui, soit, mais encore faut-il s’entendre sur le sens de la « subversion ». Qui en produit la définition ?

    • lundi 18 mai 2009 à 23h40, par un-e anonyme
    • mardi 19 mai 2009 à 12h21, par lémi

      @ Liliane, je fais mes valises, Paris y’en a marre

      Ouaip, mon message d’hier n’a pas été pris en compte, je remets la main à la patte, chère anti-mollusques, en plus raccourci, c’est la machine qui m’a mis des bâtons dans les roues, cette grande catin.
      Enfin bon, je serais plutôt d’accord avec tes critiques. Samedi soir sur la terre avec son lot de viennoiseries en bouteille, du coup dimanche mollusque et cerveau à plat pendant la rédaction de la chose, déroulement sans interroger vraiment et lundi on balance parce que c’est comme ça.
      Je plaçais assez peu de convictions personnelles dans cet article, reprenant surtout le propos des auteurs. Clairement, la volonté de « tout mettre » m’a détaché d’une analyse plus poussée. De vouloir mentionner tout le monde, je n’interroge plus grand chose. Plus tour d’horizon (qui a son intérêt aussi, nope ?) que plongée dans les entrailles. Enfin bon. Heureusement que tu es là pour donner un peu de corps à tout ça et fouiner critiquement là où je ne le fais pas. Smiley leçon tirée.

      « Ah, la place du rire et de la dérision dans la lutte …cela pourrait être un joli sujet. » : Je shoote très fort dans la balle. Avec un peu de chance, elle tombera dans ton camp...

      • mardi 19 mai 2009 à 18h32, par Liliane, fais les valises, on rentre à Paris.

        ... Well done.

        La balle de Coco Lapin est dans mon camp (smiley orthodontie) et l’ASPTT Mollusques prépare la saison.

        (Ceci ne constitue en aucune façon un message de Radio Londres)



  • lundi 18 mai 2009 à 21h27, par Rabat Joie

    Merci pour ce billet qui décrit ces formes de militantisme. Difficile de mettre dans le même panier, sous le nom de « militantisme festif » tous ces mouvements : ils n’utilisent pas « l’humour » dans les mêmes buts, ce n’est pas le même humour.

    Par exemple, on peut remarquer que « les enfants de Don Quichotte » sont interviewés dans les médias, récupérés par des people et des politiques de gouvernement, l’Appel et la pioche moins, mais ils sont interviewés dans les médias aussi, aucun média (de grande diffusion) n’a interviewé de clown à Strasbourg.
    Certains sont plus irrécupérables que d’autres.

    Et puis, « je choisis le sacrifice par opposition à la satisfaction et la cruauté par opposition à la complaisance. Je me ferme à tout, sauf à la plus étroite gamme de messages, et ces messages je me les répète indéfiniment, je les intègre au plus profond de moi-même(...)La volonté planifiée, ritualisée sera la ruine de la contingence. » (extrait d’une description de l’avant garde par le groupe Retort), ça a aussi son charme.

    • mardi 19 mai 2009 à 08h29, par lémi

      « Certains sont plus irrécupérables que d’autres » : J’espère bien. Parce que si tous se mettent à la jouer Augustin Legrand, il va vite falloir les détester en bloc.



  • lundi 18 mai 2009 à 21h45, par Luc

    N’oublions pas les éteigneurs de vitrines qui restent allumées la nuit pour rien alors que l’interrupteur est tj accessible depuis la rue. Y a même des groupes facebook pour se coordoner, donner des conseils... la classe !

    Voir en ligne : http://http://www.facebook.com/grou...

    • mardi 19 mai 2009 à 01h23, par Gagou

      « C’est peut être ce qui est le plus encourageant : les « Nouveaux Militants » n’ont aucune intention de sacrifier leur vie à leurs engagements et conchient joyeusement l’idéal ascétique du don de soi qui est au cœur du militantisme gauchiste depuis des lustres. »
      Mais Ils se retrouveront en prison et en garde à vue comme les autres...
      Comme disait un camarade argentin à un débat , à propos du militantisme festif : « quand tu deviens dangereux, ils tirent ! » (vous savez que les milices d’extrême droite en Colombie apprennent à démembrer les opposants vivants ?)

      • mardi 19 mai 2009 à 08h25, par lémi

        @ Luc
        Ouaip, l’action est en soi pas antipathique, mais ça devient un peu léger si on commence à fonder des groupes pour éteindre les lumières...

        @ Gagou
        Attention, le livre parle d’une situation française quand même difficilement comparable avec le régime d’Uribe. Et le refus de l’« ascétisme » et du « don de soi » (plus largement que dans ce seul cadre des « nouveaux militants ») n’est pas à mes yeux incompatible avec la radicalité ni la capacité de réaction, juste le refus de mettre en parenthèse sa vie présente pour un modèle de contestation imposé. Pas forcément la preuve d’un manque de détermination.



  • mardi 19 mai 2009 à 07h25, par Anne

    Voui, d’ailleurs ces messieurs tellement sérieux ont évidemment ’oublié’

    Voir en ligne : La Barbe



  • mardi 19 mai 2009 à 07h30, par Nadine

    Aaaaahhhh, c’est frais, ça fait du bien ! Je suis pile dans le coeur de cible du militantisme triste (fonctionnaire, 50 ans depuis quelques mois), mais totalement adepte de la résistance festive. Merci pour votre billet sur ce livre, que je vais lire dès que possible ;-)



  • mardi 19 mai 2009 à 11h07, par Olympe

    Traditionnel outil du monde militant...
    Bon, ok, il y a les chorales qui portent la main au cœur, le regard vers l’horizon en chantant « l’appel du Komintern »... Mais il y en a aussi un tas d’autres qui ne prennent au sérieux que le rouge, le vert et le noir qu’ils défendent et chantent à tue-tête à travers les rues leurs combats. Belle manière de diffuser le message et nettement moins ennuyeuse que le traditionnel tractage du dimanche matin sur le marché.

    Les Joyeux Mutins de Lille : http://www.dailymotion.com/video/x7...

    La Bande à Rosa d’Amiens :http://labandearosa.over-blog.com/

    La Choral’ternative de Rouen : http://www.myspace.com/choralternative

    Évidemment, la Compagnie Jolie Môme en Seine Saint Denis : http://www.cie-joliemome.org/

    La Chorale des Sans-Nom de Nancy :http://www.nancy-luttes.net/Chorale...

    Et bien d’autres encore...

    • mercredi 20 mai 2009 à 07h33, par Lémi

      C’est bien beau tout ça, mais face aux « Chœurs de l’Armée Rouge », ça vaut pas tripette.
      Mais, sinon, j’agrée : chanter, c’est déjà sortir un peu de la torpeur. Et merci pour tous ces liens.



  • mardi 19 mai 2009 à 13h08, par un-e anonyme

    Remarque non-constructive :

    Idéal quand on a 50 ans et un profil de fonctionnaire grisonnant

    Pourquoi, le fonctionnaire est prédisposé à l’immobilisme et au conservatisme ?



  • mardi 19 mai 2009 à 14h46, par joshuadu34

    la principale critique a ces groupes, du moins, à certains, puisque j’excluerai volontairement les clowns, a parfaitement été synthétisée par Liliane plus haut... Nous sommes totalement dans une logique de spectacle, dans une logique d’acceptation, même, de la société de consommation dont il faudrait, soi-disant, gommer les excès...

    Malheureusement pour eux, cette logique a déjà été démontée maintes fois ! Debord, notamment, la décrit parfaitement dès 1968... Et l’image du militant propre sur lui et bien intégré, acceptable et assimilable existe depuis longtemps, même si elle a maintes fois été dénoncée à juste titre !

    Il y a quelques années (une vingtaine, ça me rajeunit pas, ça), critiquer « SOS Racisme » était un crime au yeux de ses militants, c’était faire le jeu du fascisme rampant, selon leurs dire, et ce mouvement prévisageait, selon eux toujours, de ce que serait (et devait necessairement être) la contestation... On a rapidement vu que « l’absence » de politisation telle qu’elle était présentée alors n’était qu’une vaste fumisterie ! Aujourd’hui, la plupart de ceux qui participaient sont bien entrés dans le moule !

    Encore une fois, pas mal de ces mouvements, par une absence de conscience évidente, ne font que jouer le jeu (involontairement ou pas) du cloisonnement, de la récupération et de la canalisation de la colère. Choisir même une unique cible, souvent considérée comme un abus de la société de consommation, c’est volontairement taire, voire excuser, le système lui-même, laissant croire que les abus ne seraient qu’exception alors qu’en fait, c’est le système lui-même qui est un abus ! Mais à ne pas vouloir critiquer le système entier, à se fondre en lui, on transforme sciement les militants en bons petits soldats futurs intégrés au système !

    Pas étonnant, dès lors, de voir la complaisance du pouvoir lui-même, et de ses médias, intéressés par le rôle exultoire de ces mouvements à une période qui pourrait laisser exploser un vraie colère !

    Alors, j’ote les clowns de cette critique parce que, si on peux dénoncer l’inéficacité évidente de leur action, et si on peux avoir des divergences concernant les idées portées, force est de constater que la plupart d’entre eux n’ont pas une vision réductrice mais portent, au contraire, une réelle contestation contre l’ensemble du système !

    Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

    • mardi 19 mai 2009 à 19h04, par nono

      parfaitement d’accord avec toi joshua mais moi je n’ote en rien les clowns !ils sont ridicules,absolument pas subversifs ni droles.bref ce sont des clowns.M’étonne pas qu’ils aient choisi ce symbole.

      • mercredi 20 mai 2009 à 07h54, par Lémi

        @ Joshua du 34 :

        Ouaip, Liliane a bien résumé cet aspect du problème. Je pense quand même que parfois, le « coup du pied à la fourmilière » reste positif. Ok, ils ne s’inscrivent pas dans une remise en cause radicale - pour la plupart - mais au coup par coup, certains restent parfois crédibles. Hormis les clowns qui, comme toi, ont largement ma préférence (avec les Yes Men, mais qui ne sont pas vraiment un groupe, plutôt 2 gars géniaux), je pense que ce qu’ont pu faire des assos comme RESF sur les sans papiers ou les déboulonneurs sur la pub reste positif, sans qu’ils ne se soient non plus totalement compromis. Après, c’est l’éternel débat : est-ce qu’on peut remettre en cause le système sans le renier absolument, sur tous les points ? Lilianne et toi répondez non. J’aurais tendance à vous suivre. Mais voilà, certaines actions qui ne sont pas dans ce schéma peuvent garder ma sympathie. Est-ce que les collectifs de sans pap desservent leur cause ? Est ce que les déboulonneurs aggravent le problème de l’agression publicitaire ? Est ce que les Robins des Bois sont contre productifs ? J’aurais tendance à penser que non, voire à les estimer grandement pour ce qu’ils font. Sans me voiler la face non plus. De la même manière que je pourrais regarder positivement le travail d’un élu local sans adhérer une nano seconde aux thèses de son parti.

        @ Nono
        Tout à fait d’accord avec la remarque d’Ubifaciunt plus bas. De les avoir vu à l’œuvre plusieurs fois, j’ai un profond respect pour eux. Et je n’aime pas ce ton péremptoire. Qui n’aime pas les clowns n’aime pas les hommes.

        • mercredi 20 mai 2009 à 10h06, par joshuadu34

          On est pas loin l’un de l’autre... héhéhé...

          Les résos de sans papiers, j’ai connu, j’ai donné, j’ai bougé et j’ai vu arriver le PS dans ces réseaux... Gros coups de gueule à la clé et même plus sans affinités... A une époque ou on ouvrait les appart vides pour les placer, ou on faisait le blocage, à une dizaine, dans les cages d’escalier pour empêcher les expulsions, etc... L’arrivée de ceux qui, aujourd’hui, dirigent (bah, que je n’aime pas ce mot) ces mouvements a aussi sonné le glas des vraies actions qui étaient alors entreprises ! Tout ne passe plus que par l’image, par la canalisation, par le fait de se « servir » du système et des médias... Mais qui se sert de l’autre ? Les réseaux qui pensent avoir la sympathie des médias ou le système qui, grâce à ces pseudos mouvements, canalise la colère ?

          Alors, mal nécessaire, que ce morcèlement ? Parlez-en avec ceux qui ont un peu plus de bouteille et qui entendent ce discours depuis qu’ils luttent ! Ce morcèlement n’a, de tous temps, aboutit qu’à une chose : la mort du mouvement sans réelle victoire, si ce n’est celle du système qui, même s’il a dû, certaines fois faire des concessions, en est toujours sortit victorieux et renforcé ! Renforcé parce que ce qu’il avait dû donner, le système l’a rapidement reppris, poussant même jusqu’à laisser une situation encore pire que celle d’avant, et le tout sans réelle resistance !

          Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

        • mercredi 20 mai 2009 à 12h19, par Alain Grizzly

          Pourquoi tous ces cloisonements ????
          Je vous lis tous et vous raisonnez comme si un clown n’était qu’un clown ou un débouleneur qu’un débouleneur ? En fait la plupart des ami(e)s que je connais sont à la fois tout ça : nombreux sont ceux et celles qui sont activistes et militants à la fois, provocateurs et conscients aussi, clowns et adhérents à des syndicats ou partis (CNT, NPA ...), objecteur de croissance et fonctionnaire etc ...
          Il y a une multitude de vases communiquants entre tous ces mouvements, dans l’espace comme dans le temps. Ce type d’article me rappelle les livres adresseé aux parents à propos des looks de leurs adolescents, très réducteur.
          OK pour faire l’inventaire de toutes ces actions mais pas pour caricaturer les acteurs ou leurs motivations profondes.

          • mercredi 20 mai 2009 à 18h01, par lémi

            Merci Mister Grizzy, je trouve cette intervention plutôt bienvenue. Allez savoir pourquoi le sujet déchaîne autant les passions que les simplifications (chez moi itou). Déjà qu’on en oublie que le degré de putasserie (rapport aux médias) de tous ces groupes est quand même très variable. Temps de regarder les choses en dépassionnant un tantinet.
            Salutations

          • lundi 25 mai 2009 à 10h45, par joshuadu34

            avant même ta question, Alain, je lui donne une réponse... Pourquoi taper sur ces mouvements ? Tout simplement parce qu’ils sont en parfaite opposition non pas avec le système, puisqu’ils s’en accomodent, préférant un « moratoire » à un réel changement (illusion, quand tu nous tiens, tout le monde il est beau, tout le monde il a un peu de gentillesse en lui... Et les pôvs capitalistes aussi, doivent avoir un peu d’humanité... Bein voyons, suffit d’ouvrir les yeux sur ce que font Total et Cie pour l’appercevoir, leur humanité !!!), mais avec le renversement nécessaire de cette pourriture, qui ne peux être partiel !

            Et contrairement à ce qui est dit, ces mouvements n’ont rien de nouveau ! Non seulement ils ont déjà maintes fois montré qu’en cloisonnant, qu’en morcelant, ils étouffent et tuent la contestation, livrant les contestataires au système (voir les anars espagnols en 36-38), mais, de plus, ils démoralisent les militants devant l’ineficacité démontrée de leurs mouvements !!!

            Doit-on se drapper dans l’oubli du passé et accepter que ce qui se renouvelle aujourd’hui avec ces mouvements qui font peu de cas de l’histoire ? Doit-on, ainsi, accepter ce qui ne manquera pas d’arriver ?

            Alors, accepter l’honnèteté de certains militants de ces causes, bien entendu ! Mais accepter le discours de salops qui veulent faire croire en des chimères dont ils connaissent parfaitement l’inutilité et les conséquences, je ne vois pas ou est la démarche anarchiste dans une telle acceptation ! Ni dieu, ni maitre, ni même de reconnaissance décérébrée de ce qui est affirmé alors que tout prouve le contraire ! Et l’honnêteté est, justement, de relever ces « oublis » volontaires !



  • mardi 19 mai 2009 à 15h33, par CaptainObvious

    Sauf que quand on regarde le bilan, le militantisme chiant a plusieurs révolutions à son actif, le militantisme festifs quelques happenings....

    • mercredi 20 mai 2009 à 07h59, par Lémi

      « Le militantisme chiant a plusieurs révolutions à son actif » : des exemples ? (si la réponse est 1789, 1830 ou 1848, j’aurais du mal à associer ça à « militantisme chiant », je te préviens tout de suite)

      • mercredi 20 mai 2009 à 09h55, par CaptainObvious

        Que je sache les révolutionnaires de 1870 (Commune de paris), 1917 (Révolution Russe), 1919 (Révolutions Allemande et Hongroise), 1931 et 1936 (Révolutions Espagnoles) (etc, etc) ne se baladaient pas avec un gros nez rouge.

        • mercredi 20 mai 2009 à 17h56, par lémi

          bon la discussion a pas des masses d’intérêt. On joue avec les mots. Je pourrais te répondre que La Commune ou 36 en Espagne, ça me semble à des années lumières de ce que je désignais par le « militantisme triste », dans leur épanouissement en tout cas, mais on repartirait pour un tour...



  • mardi 19 mai 2009 à 15h58, par Gilbert

    Posez-vous la question : pourquoi, en ce moment, les médias dominants ne cessent de consacrer des reportages à ces fameux « nouveaux désobéissants » ? Comme quelqu’un l’a évoqué plus haut : c’est parce qu’ils font partie du spectacle.
    Et rien ne remplacera jamais la mobilisation de ceux au nom de qui ils « agissent ».

    Serge Halimi a très bien expliqué ce petit jeu malsain qu’entretiennent les « nouveaux militants » avec les médias :
    http://www.acrimed.org/article1309.html

    Je ne saurais trop recommander de voir le film « Bové ou le cirque médiatique ».
    Critique ici :
    http://www.acrimed.org/article2843.html

    Voir en ligne : Contestation des médias ou contestation pour les médias ?

    • mercredi 20 mai 2009 à 08h07, par Lémi

      Merci pour le lien. comme d’hab, Halimi frappe juste. « La stratégie de médiatisation conduit à sacrifier un travail de fond, de critique et d’éducation populaire. Elle risque de dénaturer le mouvement anticapitaliste, de détourner les militants de l’action collective. » Pour le reste, j’en reviens à ma réponse Joshua 34, un peu plus haut. J’ai conscience du problème, mais ne peux m’empêcher d’avoir une certaine sympathie pour certains de ces groupes et leur action (clowns en tête).



  • mardi 19 mai 2009 à 19h12, par ubifaciunt

    Les actions « guérilla kit » dont parle Halimi dans le joli lien du dessus (merci Gilbert !) sont, à mon goût, encore plus tristes qu’un brasero CGT un jour de 1er mai, ou tout comme.

    Trop prévisible tout ça, trop facile.

    A part les clowns, ’fectivement, qui se doivent d’improviser en permanence.

    Et qui, faut-il le rappeler, ont un vrai rôle au sein d’une manif (et vazy que j’y vais avec mon plumeau pour détourner l’attention du flic face au Black Bloc un peu plus loin -de même que ce dit BB protège aussi des agressions des forces de l’ordre les manifestants lambda-)

    Si, à la limite, Legrand plantait ses tentes pendant que des gusses éteignaient les lumières, que les grafeurs graffaient, les émeutiers émeutaient, les clowns paradaient, et que la CGT fournissait le ballon gonflable, les merguez et la Kro tiédasse, tout ça en même temps dans la même manif, ouaissssss, graaaave que ça aurait de la gueule !

    Maintenant, les nobles chimères de l’unité des luttes, grrrrr.

    • mardi 19 mai 2009 à 23h51, par NaOH

      Pour la Kro, mais bien fraîche, il vaudrait mieux demander au medef... Je suis sûr qu’il accepterait (c’est pas cher payé, pour la paix sociale)...

      (bon d’accord, je suis un peu cynique, mais ça rejoint quelques autres commentaires).

      • mercredi 20 mai 2009 à 00h25, par ubifaciunt

        le medef, ils peuvent quand même fournir le champ’ !!! pas des pisse-froids, chez eux !!!

        • mercredi 20 mai 2009 à 08h14, par Lémi

          @ Ubi
          Voilà enfin une remarque constructive (pas comme l’autre, là, Lilianne, qui fait rien qu’à chercher des poux - qui sont effectivement là, mais ne faisaient de mal à personne). Ok, ça fait un peu Yves Duteuil (« si tous les enfants se tenaient par la main »), mais pour un grand sentimental comme moi, l’idée est plaisante. Tu te charges de coordonner les actions de tout ce beau monde, moi je prépare le plan média et notre accroche marketing...

          @ NaOh
          Cynisme bienvenu. Par contre je rejoins l’ami Ubi : si le Medef paye sa boutanche, on peut quand même viser plus haut que la Kro, non ?

          • mercredi 20 mai 2009 à 12h36, par NaOH

            Ah ! On pourrait aussi remplacer les merguez par les petits canapés au caviar...

            On envie déjà les patrons et on aimerait être à leur place ?

            (puisque le cynisme est bienvenu)



  • mercredi 20 mai 2009 à 09h12, par Isatis

    Hébé ! ça fait causer les clowneries............. je rajoute ma couche,

    « L’expérience historique concrète de tous ceux qui ont essayé d’instrumentaliser les médias de masse à des fins critiques, subversives et révolutionnaires, rappelait Christopher Lasch, est que de telles tentatives sont vouées à l’échec. Les militants politiques qui cherchent à changer la société feraient mieux de se consacrer au travail de longue haleine que suppose l’organisation politique plutôt que d’organiser un mouvement en se fiant à des miroirs [4]. »

    C’est le passage cité ci dessus qui me parait le plus important.

    On a chacun(e) notre rêve de société et bien heureusement personne n’a le même exactement ; chacun(e) doit pouvoir trouver le sujet, le lieu et la forme de sa lutte sans perdre de vue les potes qui font autrement sur d’autres sujets en d’autres lieux. L’important n’est surtout pas la rose (hinhin) mais que chacun(e) se retrouve au moment ou la mayonnaise aura pris et que ça débordera du bol dans les grandes largeurs.

    Néanmoins, il ne faudrait pas que le nez rouge nous empêche de travailler aux théories acceptables pour créer de nouvelles méthodes du vivre ensemble. Et ça c’est le plus rude.

    Enfin, s’il est légitime de se poser la question des opérations médiatiques et de leur force, leur impact, leur utilité, il ne serait pas malsain non plus de se poser la question de pourquoi la majorité des populations râleuses reste chez elle au lieu de descendre dans la rue et de s’y exprimer un bon coup, sgrogneugneu !

    • mercredi 20 mai 2009 à 21h25, par NaOH

      Pourquoi personne ne bouge ?

      Précisément parce qu’il n’y a pas de ligne directrice, pas de rêve commun, pas de vision du monde...
      C’est aussi ça, la « fin des idéologies »...

      Parce que bouger pour bouger, sans même savoir si le voisin a des chances de bouger avec, c’est très décourageant...

      Ça l’est d’autant plus si c’est pour une lutte ponctuelle, où l’on sait très bien qu’en fin de compte on ne fait, au mieux, que coller un peu de sparadrap (c’est évidemment utile) mais sans toucher aux causes-mêmes du problème...

      • jeudi 21 mai 2009 à 00h27, par rabat-joie

        « Pourquoi personne ne bouge ? »

        Il y a une caractéristique, si on prend ceux du travail, c’est que les conflits en ce moment sont locaux et ils restent locaux parce que les syndicats et les partis politiques font tout pour qu’ils ne s’étendent pas.

        Ensuite, ils sont traités localement et un certain nombre de gens obtiennent gain de cause, suffisamment pour désamorcer, puis le conflit désamorcé se termine.
        C’est la tactique suivie qui doit être valable pour toutes les luttes.



  • jeudi 21 mai 2009 à 09h06, par isatis

    @ rabat-joie

    Vous touchez juste bien sûr mais..... justement ........ Pourquoi donc ces manipulés ( nous tous à divers degrés) ne se bougent pas l’oignon en cadence ? P’tête bien qu’on n’est pas encore au fond du fond de l’ignominie économico-financière........

    @ NaOh

    UNE ligne directrice, UN rêve du monde, etc...... c’est ça qui me trouille un tantinet ; UNE vie pour des millions et enfilons joyeux les habits de bure d’Utopia, oups. Nous avons moult armes intellectuelles pour faire bien mieux mais là aussi, il faudrait que la mayo veuille bien monter.

    De plus on s’éloigne du sujet, aïe.....j’le f’rais plus m’ssieur :-))

    • jeudi 21 mai 2009 à 12h41, par NaOH

      @isatis :
      « Nous avons moult armes intellectuelles pour faire bien mieux... »

      J’attends de voir.

      Que chacun croit pouvoir vivre dans son petit monde à lui, fait tout exprès pour lui, est bien le mythe le plus paralysant que le capitalisme a inventé (sans préjudice de la réalité qui ne correspond en rien à ça : 8 h/jour à être le plus compétitif possible, 40 ans de sa vie, voilà le lot du commun des mortels !).

    • dimanche 24 mai 2009 à 09h21, par rabat-joie

      « P’tête bien qu’on n’est pas encore au fond du fond de l’ignominie économico-financière........ » oui, complètement d’accord.

      En ajoutant la force des syndicats et des structures politiques réformistes (les partis politiques institutionnels dits « de gauche » et leurs relais) qui pèsent de tous leurs poids depuis plusieurs mois (l’exemple de la Guadeloupe les a inquiétés) pour maintenir l’essentiel du système en place, parce qu’ils n’ont aucun intérêt à le changer. Ce sont eux les soutiens les plus efficaces du gouvernement en ce moment. La traque de tout ce qui est -même peu- hors système, qui augmente depuis quelques mois, est faite pour faire peur et renforcer cette impression de contrôle total.



  • samedi 23 mai 2009 à 23h36, par un-e anonyme

    « If I can’t dance I don’t want to be part of your revolution. » disait déjà, parait-il, Emma Goldman.

    Et le mouvement clownesque me semble réapparaître régulièrement, sans avoir vraiment eu d’interruption depuis les 70’s, au moins. Je me souviens par exemple de happenings déguisés de vélorutionnaires à Paris dans les années 90, où les anciens semblaient pratiquer la chose depuis fort longtemps.



  • dimanche 24 mai 2009 à 17h38, par krop

    J’aime tous les « cons » de la planète ! Ne rien faire est écouter l’eau qui

    Coule et le soleil se lever « si ont peut encore l’écouter » c’était peut être ça le

    Changement ! La seul lutte efficace est là lutte armée ! Dans la mesure

    ou les banques sont des voleurs de feux, je me doit être l’eau …

    Clowns ou pas ?! pour un bien qui n’existe pas .

    Sauf celui d’abolir l’argent roi !

    Quitte à être « pauvre » et c’est un choix .

    Merci à l’état pour ton R.S.A .



  • vendredi 3 juillet 2009 à 23h30, par Fanch

    Déjà en 1898 !

    Voir en ligne : Nul, l’anarchiste et le citoyen Chonoc

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