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lundi 13 septembre 2010

Le Cri du Gonze

posté à 17h55, par Lémi
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Triomphe de la bien-pensance : Sarkozy renonce (temporairement) à brûler la Déclaration de 1789
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Lundi dernier, le président Sarkozy annonçait sa volonté de faire un geste fort, lié aux questions d’immigration et d’insécurité : brûler l’exemplaire original de la Déclaration des Droits de l’homme. Une décision saluée comme il se doit dans les rangs de la majorité. Euphorie de courte durée : il a finalement décidé de suspendre son geste, le gain électoral d’un telle action restant incertain.

« Les droit-de-l’hommistes et autres bolchevistes nous pourrissent la vie depuis trop longtemps  », postillonnait Frédéric Lefebvre lundi dernier, sur Europe 1, « on ne peut plus tolérer qu’ils nous mettent des bâtons dans les roues à chaque fois que nous voulons faire avancer la France. C’est pourquoi le président a décidé d’accomplir un geste symbolique fort : lundi prochain, devant les grilles de l’Assemblée Nationale, il brûlera l’exemplaire original de la Déclaration des Droits de l’homme de 1789. Qu’importe ce qu’en diront les bien-pensants et les donneurs de leçons, le président ne bavasse pas, il agit. » Une cérémonie était également prévue, avait ajouté le porte-parole de l’UMP, au cours de laquelle deux cents exemplaires de la Déclaration seraient brûlés par une délégation auvergnate d’enfants nés libres et égaux en droits, car blonds, sans accent déplaisant et peu suspects de sympathies envers le Coran. Le tout en présence du pasteur américain Terry Jones, précurseur de la lutte contre la bien-pensance.

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Marianne en a ras la casquette des miasmes droit-de-l’hommistes

La déclaration avait suscité quelques réactions négatives dans l’opposition, notamment dans les rangs du Parti Socialiste. « C’est peut-être un peut tôt pour ça  », a mollement protesté Ségolène Royal sur France Info mercredi, « les électeurs ne sont pas prêts à cautionner une politique qui brûle les étapes à ce point. Attention à ne pas mettre la charrue avant les bœufs.  » Manuel Valls était alors intervenu pour critiquer les errements d’un parti « incapable de se débarrasser des oripeaux du passé. Après tout, à qui profite la Déclaration de 1789 ? Aux assistés, aux clandestins et aux criminels. Pas du tout le cœur de cible du PS. Comme d’habitude, la Madone retarde d’une guerre ». Atmosphère.

C’est finalement un sondage Opinion-Way (réalisé auprès d’un échantillon labellisé français de 100 personnes) qui a fait reculer le président. À la question : « Dans une logique d’épuration efficace, vaut-il mieux envoyer l’armée pour saccager les roulottes/BMW et les mosquées des envahisseurs, ou bien s’attaquer par les flammes aux textes fondateurs de la législation comme la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 ? », seulement 14% des Français ont répondu « Brûlons ces paperasses inutiles, fissa », tandis que 32% disaient ne pas connaitre le texte en question (la Déclaration des quoi ?). Le reste optait pour la première solution (en cours).
Au vu des résultats, le président a sagement décidé de repousser son geste. «  On a d’autres trucs sur le feu (hin hin) en ce moment, vous savez, Brice est débordé. C’est pas comme si on ne s’activait pas sur ce front-là, hein. D’ailleurs, j’en profite pour faire passer un message aux moralistes de tout poil : votre règne est terminé  », déclarait-il en conférence de presse, déclenchant ensuite les rires des journalistes présents en se mouchant dans un exemplaire de la Déclaration en question. Poilade dans la salle.

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Agents provocateurs non-auvergnats fêtant cette énième victoire du terrorisme intellectuel

Ce n’aurait pourtant pas été un coup d’essai pour le gouvernement du président Sarkozy, pasteur politique parfois sujet aux emportements d’ordre théologico/politique. Après avoir brûlé le Code du travail et dansé sur ses cendres à de multiples reprises (gestes salués par les syndicats eux-mêmes), il semblait logique que le gouvernement français poursuive sur sa lancée. Les terroristes de la bien-pensance étaient donc les prochains sur la liste, en première ligne pour essuyer l’ire présidentielle. Gageons qu’ils ne perdent rien pour attendre.

Du côté de Ripostes Laîques et du Bloc Identitaire, on tire franchement la gueule : «  c’est malin, la fête est gâchée », bougonne l’un des organisateurs du rassemblement pinard/saucisson de samedi dernier. «  On pensait pouvoir se marrer entre potes, profiter de l’occasion pour brûler quelques drapeaux algériens, voire ratonner de-ci de-là, mais la bien-pensance l’emporte encore. Rageant. » Même son de cloche du côté du FN, qui note quand même dans un communiqué que l’idée était belle.

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La fête est gâchée

Quant aux déclarations affolées de l’ONU, de l’Union européenne et du Vatican, elles n’émeuvent pas outre-mesure le gouvernement. Le président a d’ailleurs tenu à remettre les pendules à l’heure à ce sujet : «  De quoi se mêlent-ils ? C’est ça, le rôle des institutions internationales ? S’immiscer dans la politique d’un état souverain ? Les Français décideront eux-mêmes de leur politique, c’est une règle basique de la démocratie. D’ailleurs, je crois avoir assez prouvé mon attachement aux questions des droits-de-l’homme à l’occasion de l’affaire Sakineh. Que veulent-ils de plus ? La France n’a pas vocation à accueillir tous les droits de l’homme du monde ! »

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Jusqu’à nouvel ordre, la Déclaration de 1789 sera donc scrupuleusement respectée

Ps : ce billet est dédié au maître Jean-Pierre Martin, comme il se doit.


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