ARTICLE11
 
 

lundi 24 mars 2014

Textes et traductions

posté à 16h52, par Charles Reeve
7 commentaires

Bosnie : une autre recette

Alors que le pire des scénarios se met aujourd’hui en place en Ukraine, les échos du mouvement social commencé en Bosnie-Herzégovine au début du mois de février peinent toujours à se faire entendre. Il y a partout beaucoup d’enseignements à en tirer, estime Charles Reeve. Voire même : une grande bouffée d’espoir.

La perspective d’un énième affrontement nationaliste aux portes de l’Europe, en Ukraine, ne semble pas déplaire aux maîtres du monde et à leurs plumitifs. La fièvre patriotique s’est en effet progressivement imposée, de Maïdan à la Crimée, et elle a détourné et étouffé le peu d’aspirations émancipatrices qui s’étaient manifestées dans cette révolte populaire contre un système de pillards corrompus. Ce scénario en partie prévisible est devenu inévitable, redoutable.

Il en va tout autrement, en tout cas jusqu’à maintenant, de la révolte qui agite la Bosnie-Herzégovine. Son déclencheur ? Des manifestations de travailleurs contre les conséquences des privatisations et l’augmentation du chômage, en février dernier. Celles-ci se sont déroulées à Mostar et surtout à Tuzla, ville industrielle à l’esprit contestataire, forte d’une tradition de lutte qui remonte à l’époque « socialiste » (Tuzla fut l’un des rares endroits où, même aux pires moments de la guerre des années 1990, la folie nationaliste fut peu suivie).

Concernant ces premières manifestations, un témoin notait qu’ « on [y] retrouve, au coude-à-coude, travailleurs pauvres ou en attente de versements de salaires, grévistes occupants des entreprises dont la direction est partie avec la caisse, beaucoup de chômeurs et quelques étudiants en attente de chômage, auxquels se joint d’évidence et en première ligne toute la jeunesse en colère »1. La révolte a ensuite gagné d’autres villes, pour finalement embrasser toute la Bosnie-Herzégovine – quelques manifestations de solidarité se sont même tenues en Croatie, en Macédoine et en Serbie. Une contamination porteuse d’espoir. Car si le scénario ukrainien semble conforter ce vieux déterminisme bourgeois selon lequel toute révolte mènerait à de nouvelles oppressions, l’exemple de la Bosnie-Herzégovine montre, a contrario, que c’est le contenu social d’une révolte qui limite ou élargi ses possibles.

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Depuis bientôt deux mois, les mobilisations, grèves, occupations et expériences d’auto-organisation fleurissent ainsi dans cette région des Balkans2. Ce mouvement déterminé et créatif a essentiellement porté sa critique en actes sur le nationalisme, sur la classe politique en place ainsi que sur la recherche de formes de représentation nouvelles. Des objectifs intimement liés. La réorganisation de la vie sociale est en effet une nécessité répondant à ce long processus de destruction de l’économie locale et d’appauvrissement de la société que la novlangue néolibérale nomme « politique de privatisations ».

En Bosnie-Herzégovine, cette politique a débuté vers 1989, sous les auspices du FMI et de la Banque mondiale – rappelons que l’économiste en chef de cette dernière était alors Joseph Stiglizt, aujourd’hui recyclé en « maître à penser » d’une gauche en manque de maîtres. Privatisations et restructurations ont ainsi mis sur le carreau des centaines de milliers de prolétaires, transformés dans la foulée en proies faciles de la boucherie inter-ethnique des années 1990.
C’est en 1995 que les accords de Dayton ont mis un terme au massacre, scellant le processus de dépeçage du pays en entités nationales, aussi faciles à gouverner qu’à piller pour les différents clans nationalistes érigés en nouvelles classes dirigeantes. Le tout sous la protection de centaines de bureaucrates et fonctionnaires internationaux, et de milliers de représentants d’ONG, tous chargés d’assurer l’honorable « business de la paix ». L’État bosniaque est devenu un protectorat du capitalisme occidental, à tel point qu’un fin observateur de la situation locale n’hésite pas à écrire que l’instauration d’une « économie prédatrice ne fut pas un effet collatéral de la guerre, mais son but même »3.

Deux décennies plus tard, la situation est catastrophique : économie exsangue, démolie et pillée par un État en faillite et corrompu, sous le regard protecteur et complice des démocraties occidentales. Dans ce scénario de désolation, le clientélisme ethnique tient lieu d’État social et « la soumission aux ségrégations ethniques existantes se présente comme la seule stratégie de survie »4. Résultat : « Ceux qui vivent [aujourd’hui] en Bosnie connaissent le sens du marché libre bien mieux que n’importe quel étudiant occidental en sciences économiques »5. Et c’est précisément cette connaissance concrète, quotidienne, qui anime la révolte actuelle.

Au moment même où une bonne partie des Ukrainiens se laissent séduire par des discours identitaires et patriotiques, le mouvement essaimant en Bosnie-Herzégovine pose au contraire le rejet du nationalisme comme point central de la lutte. Dix-neuf ans après la fin d’une guerre ayant causé plus de 100 000 morts, le nationalisme se trouve ainsi ouvertement dénoncé comme une tactique justifiant l’éclatement et le pillage de la société, de ses infrastructures, usines et autres forces productives, au profit des nouvelles bourgeoisies issues de la mutation bureaucratique du « socialisme réel ». C’est que la construction d’identités nationales, ethniques, a largement contribué à affaiblir les résistances aux privatisations. Ce qui a livré les travailleurs, « au travers des reconstructions nationales qui leur promettaient un avenir meilleur, à leurs pires ennemis »6. En d’autres mots, la privatisation n’est ici que la continuation de la guerre par d’autres moyens.

Dans une société qui a très chèrement payé la soumission aux valeurs mortifères du nationalisme, il est remarquable que cette construction se soit aussi rapidement fissurée. Ainsi que le constate l’auteur du texte « Retour de Bosnie », tout indique que « cet aspect ’’ethnique’’ [...] a perdu sa dynamique et s’épuise, même s’il survit comme un champ de cicatrices plus ou moins enfouies selon les situations régionales »7. Dans la Bosnie d’aujourd’hui, les gangs nationalistes sont clairement vues comme des mafias capitalistes locales qui mettent la main sur les diverses branches de l’économie, en complicité avec les grands groupes capitalistes occidentaux.

Trois exemples témoignent de la clairvoyance sur cette question du mouvement essaimant actuellement en Bosnie-Herzégovine :
 × Le premier renvoie à la date du 5 mars. Ce jour-là, des manifestants de la zone Est de Mostar, dite « zone musulmane », tentent de se joindre à ceux de la partie Ouest, dite « zone croate ». La police les en empêche en bloquant le pont reliant les deux zones de la ville8. Ce même pont qui, pendant la guerre, a été bombardé pour couper la ville en deux se trouve ainsi bloqué par la police pour empêcher l’unification des luttes. On ne saurait mieux souligner le lien entre guerre et politique.
 × Le deuxième exemple provient à nouveau du texte « Retour de Bosnie ». L’auteur y rapporte en effet les propos d’un travailleur intervenant dans un Plenum de Mostar et réagissant à « une intervention valorisant la multi-ethnicité du pays ». À cela, l’homme répond : « Tes histoires multi-ethniques, on n’en a rien à foutre. Avant la guerre, on ne savait pas qui était qui et on s’en portait mieux. »
 × Pour troisième illustration, les événements lourds de sens qui se sont produits, tout au début de la révolte, le 7 février, à Mostar, « la seule de ces villes en éruption qui se trouve à cheval sur les zones croate et musulmane »9. Ce jour-là, les manifestants s’en prennent d’abord aux bâtiments du gouvernement, qu’ils incendient. Puis ils attaquent ceux des mouvements politiques nationalistes, mettant le feu au siège du HDZ (le parti nationaliste croate) et à celui du SDA (le parti nationaliste musulman). Joli brasier.

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Funérailles du gouvernement à Tuzla

Après cette première phase de colère, les manifestants optent pour la dérision, se moquant des gouvernements locaux, du pouvoir politique et des politiciens en général en organisant des « funérailles publiques des gouvernements », happenings de masse joyeux dans les rues10. Et ils initient surtout la création d’espaces de discussion et de débats, puis d’assemblées ouvertes : les Plenums. La première de ces assemblées s’est réunie à Tuzla le 11 février à l’initiative de grévistes, d’étudiants et de quelques activistes politiques ; les suivantes ont rapidement vu le jour dans d’autres villes et bourgades.

À l’origine, les Plenums se sont donnés pour rôle de collecter, discuter et présenter des revendications aux différents pouvoirs politiques. Mais rapidement, malgré la répression policière, les revendications se sont radicalisées ; dans le même temps, le rapport de force se faisait de plus en plus favorable à ce mouvement s’organisant avec une détermination tranquille. Désormais, les membres des Plénums réclament la libération des manifestants arrêtés, l’alignement des salaires des politiciens sur ceux des travailleurs, la fin des privilèges et primes de la caste politique, ou encore la démission des politiciens corrompus (qui constituent la quasi-totalité de la classe politique). Et de fait, nombreuses sont les localités où les politiciens démissionnent, pour être remplacés par des responsables « sans parti », élus dans les Plenums. Quant aux représentants des travailleurs (qu’ils soient en grève, qu’ils se plaignent de salaires versés en retard ou qu’ils aient été mis à la porte à la suite des privatisations), ils utilisent les Plenums pour créer une synergie de solidarité et bâtir un réseau de luttes. Des voix se font entendre, qui posent la question de l’autogestion des entreprises et qui attaquent les syndicats associés au pouvoir politique. Le mouvement s’enracine ainsi socialement et au début du mois de mars, une coordination fédérale des Plenums se met en place. Les travailleurs n’y sont pas seuls, et de loin : les assemblées se caractérisent par un véritable mélange des générations et par une forte présence de femmes, signes d’une vague de fond qui balaye toute la société. Tous s’accordent sur un même rejet du nationalisme - la banderole ornant la salle du Plenum de Mostar clame ainsi : « La liberté est notre nation ».

Mieux encore, la contamination gagne et la solidarité saute les frontières récemment créées. On manifeste à Belgrade (Serbie), à Zagreb (Croatie) et à Skoplje (Macédoine), derrière des slogans hier encore inimaginables : « Les nationalistes sont les valets des capitalistes » ; « Hooligan bosniaque, je t’aime » ; « Entrepreneurs=esclavagistes, Travailleurs=esclaves » ; « Contre le nationalisme, le népotisme et la corruption » ; « Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes. Une seule classe, un seul combat ». Mieux encore : fin février, 2 000 anciens combattants serbes défilent à Banja Luka (la zone serbe de Bosnie-Herzégovine) pour protester contre la poursuite des privatisations et ses conséquences sociales. Leurs représentants reconnaissent le principe du Plenum et envoient un délégué élu auprès du gouvernement de Sarajevo. Un geste fort, compte-tenu de la virulence de la propagande anti-bosniaque dans les zones serbes11.

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Plénum de Sarajevo

La vitalité du mouvement d’auto-organisation, la redécouverte et la pratique de la démocratie directe constituent les forces principales du mouvement, les sources de son énergie et de sa créativité12. Pour autant, cette pratique de la démocratie directe n’a rien d’évidente : elle est parsemée de pièges et de fausses routes. Pour fonder une reconstruction de l’activité politique, on avance à tâtons, on se méfie de la politique, des formes de représentation non contrôlées et donc incontrôlables, on cherche à limiter la délégation de pouvoir comme on peut. Prenons ce passage sur le déroulement d’un Plenum à Sarajevo, le 17 février, repris du riche témoignage direct déjà cité : « Le point à l’ordre du jour est le suivant. En résumé, ’’personne ne peut représenter le Plenum, mais nous devons choisir qui portera physiquement nos doléances/revendications aux autorités. Treize volontaires se sont proposés, nous avons convenu, auparavant, d’une délégation de sept personnes pour ne pas être trop nombreux… Il va donc falloir décider qui ira, qui n’ira pas […]. Les treize citoyens volontaires vont se présenter à vous un par un.’’ [...] Les treize personnes se présentent très sobrement - nom, prénom, activité et deux trois remarques. [Il s’agit] en majorité de chômeurs, quelques prolos en activité, quelques retraités, deux travailleurs émigrés revenus en Bosnie, l’un de Suède, l’autre de France. Dans mon souvenir, il y avait trois femmes. (Les femmes étaient nombreuses dans l’assistance et largement présentes, plus généralement, dans les interventions). Une fois que tout le monde s’est présenté, la fille qui tenait le micro a fait repasser les ’’citoyens’’ un par un pour les exposer aux décisions de l’assemblée. Les deux premiers se sont fait siffler direct, puis les autres ont été retenus ou rejetés selon une procédure un peu aléatoire et mouvante, mais toujours très démocratique. La question posée était […] ’’Est-ce que vous en voulez ou est-ce que vous n’en voulez pas ?’’, sans ordre très précis dans les questions. Ceux qui étaient rejetés l’étaient [...] toujours après plusieurs tours de questions. Certains, connus, étaient acclamés et élus dans la foulée. Au bout de cette séance qui dura un certain temps, sept personnes furent choisies. Puis, une fois ce choix fait, l’un des ’’élus’’ prit le micro à la fille qui dirigeait les débats et dit : ’’Écoutez, [...] j’ai été choisi, ce n’est donc pas pour faire changer la décision pour moi-même que j’interviens, mais pourquoi on n’y va pas tous ?’’ Acclamation. La fille reprend le micro et met la proposition au vote. Il est ainsi décidé que tous les volontaires participeraient à la délégation. »13

Au début du mouvement tout au moins, « l’invocation de la démocratie réelle ou participative est permanente »14. Puis, au fur et à mesure que le temps passe, des ambiguïtés, faiblesses et limites apparaissent. Il semble en fait que deux courants coexistent, se soutiennent ou s’affrontent dans le mouvement.
Le premier ne va pas au-delà d’une critique de la politique corrompue, cherchant au contraire à revaloriser la politique et les institutions. À l’en croire, ces dernières ne seraient pas en cause – il faudrait juste qu’elles soient prises en main par de « bons » politiciens/dirigeants. En clair, on reste dans le champ de la politique comme activité séparée, comme spécialisation. Laquelle trouve sa concrétisation dans la proposition qui semble s’imposer dans les Plenums d’un « gouvernement des experts », justifié par le souci de l’efficacité. À coup sûr, cette voie convient aux professionnels de la politique. Elle est d’ailleurs soutenue par des organisations politiques préexistantes, y compris par les anciens partisans du vieux parti communiste, ainsi que par des représentants d’une nouvelle gauche qui est présente et active dans les Plenums15. Faut-il y lire le signe que, portées par le mouvement lui-même, de nouvelles couches de la moderne classe moyenne cherchent leur place dans la vie politique en remplacement des vieux gangs nationalistes ? Ce n’est pas à exclure – c’est même inévitable. Mais le fait que ces professionnels de la politique avancent masqués, sous le couvert de l’anonymat, montre que la légitimité des Plenums repose sur cet esprit de « la démocratie réelle ou participative » et sur l’énergie de luttes autonomes. La manipulation politique n’a d’autre choix que d’avancer prudemment.
Le deuxième courant présent dans ce mouvement est probablement plus minoritaire. Échaudé par les expériences du passé, attentif aux manipulations et imprégné du manque de crédibilité des politiciens, il revendique une autre façon de gouverner les affaires de la collectivité, donnant la priorité aux principes de la démocratie directe et insistant sur le contrôle de la délégation de pouvoir. Très critique à l’égard des institutions et du pouvoir central, ce courant tend à rester prisonnier d’un localisme qui limite la force de sa critique.
Cette profonde divergence de visions ne se manifeste pas seulement au sein des Plenums. Elle semble au contraire s’étendre, plus ou moins directement, à l’ensemble de la société et peut-être même, dans les entreprise en grève et occupés, aux comités de grève16.

Il faut donc se garder de trop voir les choses en rose. Le pouvoir de l’État reste entier (d’autant qu’il est soutenu par les démocraties occidentales), malgré sa crise, ses peurs et fragilités. Quant à la contestation, elle ne mobilise qu’une minorité active de la société. Tout se jouera en réalité dans l’aptitude du mouvement à garder un contrôle sur ses organes, ainsi que dans sa capacité à se protéger du nouveau personnel politique qui aspire à exister. Avant tout, il s’agit de contrôler ce soi-disant « gouvernement d’experts », dont la première mesure sera très probablement de vider de toute substance le pouvoir des Plenums. Lequel repose en large part dans le lien qu’elles entretiennent avec les collectivités en lutte, les comités de grève et les entreprises occupées.

Suite à la publication d’un précédent texte sur l’Ukraine, un commentateur remarquait qu’ « il y a [en Ukraine] une tradition de leader, pas de débats ». Voilà le fond du problème. Dans les années 1920, des révolutionnaires critiques de la forme parti d’avant-garde que Lénine et ses amis cherchaient à imposer à l’ensemble du mouvement européen dénonçaient ses « principes d’éducation de base : autorité inconditionnelle du dirigeant, centralisation sévère, discipline de fer, dressage continu des opinions, combativité et dévouement, disparition complète de la personnalité dans l’intérêt du parti »17. Ils avaient évidemment vu juste, les huit décennies suivantes de stalinisme et d’exploitation d’État centralisé l’ont suffisamment prouvé. Que cet étrange « socialisme totalitaire » ait ensuite accouché d’un capitalisme sauvage tout aussi totalitaire n’a pas changé grand-chose à l’affaire : ces principes sont restés les valeurs dominantes de ses sociétés.

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Ce que les populations de l’ancien bloc soviétique subissent aujourd’hui est largement inscrit dans la nature de cette nouvelle forme d’oppression étatique et dans le culte des chefs. Mais les événements actuels agitant les territoires de l’ancienne ex-Yougoslavie constituent une dérogation à cette règle. Le retour du passé dans le conscient collectif prend une forme dissidente, s’exprimant dans la critique du totalitarisme nationaliste et dans la quête à tâtons d’un auto-gouvernement des hommes.

Richard Schuberth le souligne à juste titre : « La situation en Bosnie n’est pas qu’un problème local, elle est le reflet local d’un contexte plus global. »18 La révolte en cours en Bosnie-Herzégovine dit ainsi beaucoup de l’état de nos sociétés contemporaines. Comme un jalon de plus, posé dans la continuité de ces mouvements récents qui voyaient se manifester concrètement l’aspiration à un monde différent et la recherche d’un auto-gouvernement pour l’émancipation sociale. Le mouvement des luttes et des Plenums ouvre vers l’avenir. Il affirme sa proximité avec Occupy et les Indignés espagnols. Et s’inscrit en faux face à l’excitation nationaliste de Maïdan ou de la Crimée, qui puise son énergie dans les irrationalités et haines du passé tout autant que dans la bêtise du présent. La voie bosniaque est ainsi porteuse d’un espoir précieux. Preuve que, même après la barbarie guerrière et des massacres fratricides ayant causé plus de 100 000 morts, le retour de l’humain est toujours possible. Un message enthousiasmant, alors qu’on désespère souvent trop facilement de l’état du monde. Castoriadis aimait rappeler que le genre humain peut mieux faire. De toute évidence, aujourd’hui en Bosnie-Herzégovine, on n’a pas désappris à apprendre.



1 « Retour de Bosnie », à lire ICI. J’ai largement puisé dans ce riche texte, le plus fin que, jusqu’à présent, il m’ait été donné de lire en français sur les événements récents.

2 Voir ce site. Il s’agit de la source la plus riche qui soit disponible sur le net, avec des textes en anglais..

3 Voir ce texte de Richard Schuberth, « Bosnia as a medecine », 6 mars 2014.

4 Ibid.

5 Ibid.

6 Extrait du texte « Retour de Bosnie », précédemment cité.

7 Ibid.

8 Ibid.

9 Ibid.

10 Voir ce texte.

11 Ibid.

12 Voir notamment cette vidéo.

13 « Retour de Bosnie », op. cit..

14 Ibid.

15 Sur le sujet, lire cette interview du dirigeant de Lijevi (La Gauche) sur le site du NPA.

16 Les informations disponibles sont pour l’instant trop parcellaires pour émettre sur ce point un avis un peu tranché.

17 Otto Ruhle, Fascisme brun, fascisme rouge, p. 44, Spartacus, 1975.

18 « Bosnia as a medecine », op. cit.


COMMENTAIRES

 


  • lundi 24 mars 2014 à 20h53, par Vive la révolution ukrainienne

    En fait ce M. Charles Reeve croit qu’il peut faire son marché parmi les insurrections : celle-là est trop nationaliste, et bonne pour les goujats ; celle-ci par contre, est plus à notre goût, on s’y sent chez soi ; quant aux Arabes, à la Syrie, Al Qaida, islamistes, caca, pouah, il n’en est pas question ; etc. Quelqu’un pourrait-il lui rappeler que ni les Ukrainiens, ni les Bosniaques, etc., ne se révoltent pour recevoir les bons ou mauvais points distribués par Monsieur le connaisseur ? Vieux con !

    • mardi 25 mars 2014 à 15h46, par axel

      Et histoire de bien comprendre, toi t’es le mec grossier qui distribue les mauvais points à ceux à qui tu reproches de distribuer les mauvais points, c’est ça ?



  • lundi 24 mars 2014 à 22h37, par Mohammed

    Bien dit !

    • mardi 25 mars 2014 à 09h29, par Anonymus quadruppanus

      Messieurs Mohamed et Vivelarevolutionukrainienne, ce serait sympa de ne pas encombrer les discussions avec vos obsessions personnelles. Quel rapport entre ce texte et « les Arabes » ? Quel rapport entre « les Arabes » en général et l’organisation de fascistes bigots Al Qaeda qui a tué tant d’arabes ? Est-ce que vous êtes capables de comprendre qu’on peut avoir une évaluation critique de mouvements sociaux sans distribuer des bons ou des mauvais points ? Le choix ne serait qu’entre l’adulation écervelée ou la pose du maître d’école ? Jeunes crétins ! (que vous n’aimiez pas les vieux, c’est bien le signe que vous êtes d’une époque jeuniste, et que vous n’aimiez pas le con, c’est bien le signe que vous êtes des crétins)

    • mardi 25 mars 2014 à 13h10, par Ali

      L’émancipation humaine, si tant est qu’un jour elle se réalise, ne passera ni par le nationalisme, ni par le communautarisme identitaire ou religieux pour la simple raison qu’ils sont forcément exclusifs de ceux qui n’appartiennent pas à leur entité.



  • mardi 25 mars 2014 à 06h33, par SamFantoSamotnaf


  • jeudi 27 mars 2014 à 16h03, par zola colo

    L’histoire de l’émancipation humaine est toujours en cours.Malgré les coups d’arrêt incessant, la lutte des peuples suit son cours. L’important consiste a voir clair le principal ennemi. Les illusions communautaristes et racistes ne peuvent pas toujours s’imposer aux opprimés(es). Car avec le temps, on finira toujours a identifier les ennemis du bien être collectif. C’est ce que je comprends dans la dynamique en Bosnie.

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