ARTICLE11
 
 

mercredi 22 juillet 2009

Le Cri du Gonze

posté à 10h56, par Lémi
26 commentaires

Du busard en politique : le martyre sans fin de Claude Allègre
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Ils n’ont pas encore trouvé avec Sarkozy cette place de choix qui leur revenait de droit. Et n’ont toujours pas croqué dans ce gâteau que dévorent leurs camarades. Ils piaffent d’impatience, les pauvres. A.11 ne pouvait rester insensible à cette détresse. D’où cette série d’été, en soutien à de fidèles soutiers de la majorité (ou apparentés) qui le valent bien. Aujourd’hui, Claude A.

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Pourquoi le cacher ? Ce jour-là, il y a trois semaines environs, j’ai eu terriblement mal pour lui. Je l’ai imaginé seul dans son bureau, guettant le téléphone comme la hyène le bébé phacochère, convaincu que c’était pour aujourd’hui, que ce foutu combiné allait sonner pour lui transmettre la bonne nouvelle, que ça ne pouvait pas se passer autrement, on ne s’humilie pas autant pour que dalle, cette malédiction devait cesser, allait cesser. Au mur, une pendule fatiguée qui dit oui qui dit non, enfin surtout non, et ses doigts nerveux sur le bureau qui pianotent sans cadence, cherchent à s’occuper, à faire passer le temps jusqu’à ce qu’enfin, je vous en prie, faites-vite, une sonnerie brise l’insupportable tension. J’ai serré les poings avec lui, solidaire, conscient de sa torture. Ca n’a rien changé, bien sûr. Il est resté à son bureau, pâle et perdu, un océan d’humiliation solitaire. Funeste 23 juin 2009.

Je l’ai senti au plus profond de moi, ce moment où tout était perdu, où il l’a su. Je l’ai senti vaciller intérieurement, l’ex-ministre en devenir, perdre la foi. Moment terrible, le Requiem de Mozart à 240 DB dans le cerveau, les pensées qui cherchent un dérivatif, vite, vite !!!, les doigts boudinés qui fouillent en tremblant dans le tiroir, sortent un Lexomil, non deux, et les quelques rasades goulues de Calva pour faire passer la chose. Le regard vide de celui qui a tout perdu, dignité et situation. Le pauvre homme laissant échapper un barrissement désespéré : plus rien à faire, le mammouth est dans les sables mouvants, trop tard pour sortir du piège la tête haute. La boue arrive jusqu’aux oreilles. Claude Allègre s’enfonce. Derechef.

Ce jour-là, gris et sordide, jour de remaniement ministériel, Claude Allègre DEVAIT être à la fête. La messe était dite, il en était convaincu, trop longtemps qu’il faisait tout pour ça, qu’il avait emmagasiné avec une constance impressionnante humiliations et génuflexions. Tous ceux qui en avaient fait autant, ses compères convertis aux joies du « pragmatisme socialiste », étaient depuis longtemps au gouvernement. Besson, Bockel & co avaient encaissé vite fait la récompense de leur revirement. Mais lui ? Pourquoi ça ne donnait rien ? Pourquoi ?

Ce jour là, pas si lointain, je me le suis promis, j’écrirais une élégie sur Claude Allègre, martyre politique. C’était bien le moins que je puisse faire. Dont acte.


Pour comprendre sa détresse, la ressentir profondément, il est nécessaire de revenir sur la carrière récente dudit Allègre, empilement effarant de déconvenues. Par souci de clarté, pour ne pas tomber dans le pathos, j’ai choisi de me concentrer sur trois moments clés qui resteront toujours attachés à sa personne, comme le bout de scotch sur le pouce du capitaine Haddock. Trois humiliations politiques piochées subjectivement mais permettant de cerner tout particulièrement sa condition de looser opportuniste.

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C’est cela qui m’intéresse chez lui, cette capacité à tout faire pour trahir son camp tout en se ramassant lamentablement. Les dents rayent le parquet, mais elles se cassent et entravent la course. Toujours, Allègre fournit le bâton pour se faire battre, avec mode d’emploi traduit dans toutes les langues. Pauvre homme.

Déclarations malheureuses, vol. 1

Cela date d’une lointaine époque, les environs de l’an 2 000, quand les socialistes approchaient encore parfois le pouvoir. Voire, s’y maintenaient (ouaip, moi aussi ça me fait bizarre). Des grèves, maladie française, secouaient l’hexagone ; les profs, toujours les profs, ces assistés. A l’époque, Claude avait miraculeusement décroché un poste auprès de son ami Lionel, paraît qu’il se débrouillait pas trop mal en science (la chose a été démentie depuis), pourquoi pas l’éducation ? L’éducation, donc.

Claude A. avait pleins d’idées, il voulait réformer à tout va, il trouvait qu’il y en avait marre des pesanteurs du système français, qu’il était temps de s’inspirer d’autres modèles, LMD à tout va, blablabla, refrain connu. Mais là où d’autres, tristes précautionneux, se seraient enlisés dans les banalités et les déclarations lénifiantes, Claude a mis le pieds dans les plats et la langue dans la soupière, s’est lancé dans l’injure caractérisée. Une fois. Deux fois. Trois fois. A lui tout seul, il a crée des grèves, augmenté le mécontentement. Un agitateur patenté. Un as du piquet de grève.

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La date restée la plus célèbre, c’est bien sûr ce jour béni des syndicats enseignants où Claude est entré dans l’histoire du faux-pas communicationnel en déclarant que l’éducation nationale était un « mammouth » à « dégraisser ». Outre un sens incontestable de la formule, voire de la poésie, la chose dénotait un tempérament punk pas piqué des vers. Très vite, Claude a réitéré, pratiquant allègrement la diffamation caractérisée, n’hésitant pas à claironner un taux d’absentéisme des profs de 12 % largement supérieur à la réalité (entre 5 et 8 % à l’époque). Les syndicats se braquèrent comme un seul homme, la profession s’étouffa d’indignation. Allègre, serein, prit le parti de s’en foutre, balançant derechef, grandiose : « Les enseignants ont quatre mois de vacances et, en plus, ils prennent leurs congés formation sur la scolarité ». Passons sur la polémique ridicule qui le vit, à la même époque, se faire mettre minable par Le Canard Enchaîné et Georges Charpak sur une question de physique élémentaire genre TF1 après avoir raconté des conneries sur un plateau télé, pour aboutir directement à la conclusion qui nous intéresse : mars 2000, Allègre, unanimement haï, démissionne. Il a tout fait pour y être acculé, montrant de solides inaptitudes à la politique qui, dès cette époque, achevèrent de me le rendre sympathique. Sa croix, déjà, semblait ne jamais devoir quitter cette épaule accueillante.

Le déguisement était presque parfait

C’est une image dont il ne pourra jamais se défaire. Elle le rend presque sympathique tant elle trahit derrière l’homme traître, la buse en matière de communication, celui qui s’empêtre les pédales dès lors qu’il s’agit de vendre son image. À mille lieues des experts en com qui trustent les plus hauts postes. Une représentation de soi pataude et maladroite, la honte de tout communiquant qui se respecte, une sale journée pour Claude A.

À l’époque, le deuxième tour des présidentielles approche à grands pas. On commence juste à parler d’ouverture, concept neuf pour l’UMP, pas encore estampillé stratégie parfaite. Sarkozy se tâte, il cherche qui pourrait bien convenir dans le rôle du traître à Royal, il lui faut un autre Brutus pour signer sa victoire. Il convoque à son QG de campagne ceux qui pourraient convenir. Allègre en fait partie, of course, et frétille d’aise, évidemment. D’autant qu’il en a reçu l’assurance : personne ne sera au courant de cette petite entrevue, rien à craindre, il suffit d’être discret. Il vient donc courtiser en haut lieu, naïf comme Harpagon, les yeux brillants devant le pouvoir suprême. Enfin, il touche au but, il la tient sa revanche, ils vont voir ses contempteurs, ces mesquins…

C’était mal connaître Sarkozy. Lequel s’empresse de faire prévenir les journalistes de la sortie par une porte dérobée du pauvre Claude, en lunettes d’espion pour l’occasion (« Je suis ici incognito… »). L’occasion d’un moment de télévision absolument tragique (et puissamment fendard), les vautours se ruant sur le busard, le stoppant dans sa fuite pour lui faire rendre gorge médiatique au milieu de ses déclarations embarrassées, genre gosse pris la main dans le placard à confiotte : « Mais non, je suis venu voir François Fillon, qui n’est pas… qui n’est pas… avec qui on fait un interview. » Un must dont on ne se lasse pas.

Sarkozy, pas la moitié d’un Machiavel sur cette affaire, ne fera pas appel à lui à l’heure de former son gouvernement. Une leçon de real-politique qui semble avoir assez peu porté ses fruits.

Déclarations malheureuses, bis.

Après en avoir tellement bavé, on le pensait enfin sur la voie royale, Claude A., prêt à bondir. Tant de veulerie et pas un seul maroquin à se mettre sous la dent ? Ça ne pouvait durer, ça allait changer, d’ailleurs, il l’avait confié à Moscovici, l’affaire était dans le sac. 2009 serait son année. On le pressentait dans un ministère regroupant industrie et recherche, là où son expérience de scientifique devait lui permettre de briller. Il avait tout fait pour ça, déclarant même à l’AFP le 26 mai 2009 qu’il allait voter « sans état d’âme et sans hésitation » pour la liste UMP aux européennes du 7 juin, clamant qu’il était « bluffé » par Sarko. Ce n’était même plus un appel du pied, mais bien un front-kick surpuissant dans la talonnette du teneur de manettes.

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Las ! Cela n’a servi à rien, le poste lui a glissé sous le nez. La faute à quelques déclarations scientifiques malheureuses qui en firent la risée du public et la cible (facile) des écolos de 7 à 77 ans, ainsi que de la quasi intégralité de la communauté scientifique. En deux/trois jours, tous les médias ressortaient ses théories fantasques sur le réchauffement climatique. Hallali, curée médiatique, Nicolas Hulot montant au front et tout le toutim. Bien sûr, il était pour le moins maladroit, voire stupide en ces périodes de mise en scène de l’écologie gentillette, de clamer partout que l’homme n’avait sûrement rien à voir avec le réchauffement climatique, qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que le progrès nous sauverait de tout ça, et que d’ailleurs, c’était comme les OGM, pourquoi est-ce qu’on en faisait tant de foin ? Mais bon, Claude a des convictions, il s’y accroche, contre vents et marées, c’est louable… Comme il le claironnait dans son célèbre opus « Ma Vérité sur la planète » : « Le principe de précaution, c’est l’arme ultime contre le progrès. »

Une chose est sûre : plus je le vois évoluer et plus je me rends compte que l’Allègre est un personnage politique étrange à vocation suicidaire (d’où, évidemment, «  le refus du principe de précaution ») qui n’aime rien tant que courir au désastre. Ses mœurs singulières, comme celles du Kiwi ou du lemming à l’échelle animale, le condamnent, c’est évident, à une disparition prématurée. Triste et beau à la fois, cette inclination pour l’extinction…

Pour l’observateur, reste cette interrogation lancinante : est-ce parce qu’il a étudié la géologie dans sa jeunesse que Claude Allègre reste toujours à terre ? Est-ce parce que ses zèles de géant servile l’empêchent de voler ? Nul ne sait. Toujours est-il que d’autres prennent le chemin des cieux politiques et que lui s’enfonce. Si bien que j’en appelle solenellement à l’Élysée, main sur le palpitant, au terme de ce billet. Que ces gens-là fassent un geste, un effort : même un sous-sous-secrétariat ferait l’affaire. N’ont-ils donc pas de cœur ?



1 Certains s’étonneront de trouver dans cette série consacrée aux caïds oubliés de la majorité le nom de Claude Allègre, qui n’a pas encore officiellement son diplôme UMP. A titre officieux, par contre, il semble évident que l’intéressé ne peut être considéré comme autre chose qu’un valet, particulièrement servile, du pouvoir en place. Tout à fait à sa place, donc.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 22 juillet 2009 à 13h12, par Etiam Rides

    Parmi les inepties d’Allègre, je me rappelle aussi le fait que les OGM ne sont pas dangereux, vu qu’on modifie le patrimoine génétique des plantes depuis des siècles en pratiquant des greffes... sauf que dans une greffe, le greffon et le greffés gardent leur patrimoine génétique intact.

    Par ailleurs, c’est dommage que, quand il était ministre de l’EN, personne ne l’ait prévenu avant ses diatribes anti-profs que ces derniers ne sont pas payés pendant les vacances (comparer le traitement annuel d’un prof certifié avec le traitement d’un autre fonctionnaire de catégorie A : différence = 2/12). A moins qu’il n’ai voulu s’adonner à la démagogie, mais je refuse d’y croire.

    Pour finir, je ne résiste pas à une petite remarque de linguiste psychorigide : la formule « ses compères ès « pragmatisme socialiste » » n’est pas très heureuse dans la mesure où « ès » est la contraction de « en les » et ne s’emploie donc en toute logique que devant un pluriel : « docteur ès lettres » mais « docteur en économie ».

    Voir en ligne : http://www.etiamrides.blogspot.com/

    • mercredi 22 juillet 2009 à 20h36, par lémi

      J’ai eu la flemme de lister toutes ses sorties fracassantes, c’est donc très bien que tu t’y colles. En fait, il ressemble un peu aux frères Bogdanov au niveau de la cohérence scientifique. Serait-ce une troisième frère qui aurait fui le giron familial ?

      « Je ne résiste pas à une petite remarque de linguiste psychorigide » : remarque acceptée et prise en compte, cher maniaque... Le ferais plus, promis.



  • mercredi 22 juillet 2009 à 14h10, par CCAAFMAUF - Comité de correction de l’anglais approximatif, du franglais et (...)

    Bonjour,

    Si c’est bien la mission d’Article 11 de corriger les injustices, se tramassent-elles dans le giron même de la majorité du petit Timonier, c’est celle du CCAAFMAUF (le Comité de correction de l’anglais approximatif, du franglais et des mots anglais d’usage français) que d’inlassablement sillonner Internet à la recherche des fautes (grammaticales, orthographiques et syntaxiques) d’anglais imputables aux personnes d’expression française.

    Par la présente, nous nous faisons donc notre devoir de vous informer que la phrase « Trois humiliations politiques piochées subjectivement mais qui permettent de cerner tout particulièrement sa condition de looser opportuniste. » contenue dans le cinquième paragraphe de votre article (fort drolatique au demeurant) recèle une erreur des plus communes parmi les natifs du français s’essayant aux délices de l’anglais.

    En effet, il est intéressant de noter qu’une proportion considérable de Français s’imagine que le mot « loser » s’orthographie « looser », avec un double « o ». À ce propos, le CCAAFMAUF se félicite, malgré la faute, de votre emploi de l’italique, qui dénote un effort typographique certain et apprécié des connaisseurs.

    Voyons ce que dit le Larousse :
    loser : [luzœr] n.m. (mot angl.) Fam. Perdant, minable, raté.

    De prime abord, il est évident que le mot est extrêmement bien choisi pour décrire M. Allègre.

    Voici ce qu’en dit le Merriam-Webster :
    loser : [ˈlüzər] noun, date : 1548
    1 : a person or thing that loses especially consistently
    2 : a person who is incompetent or unable to succeed ; also : something doomed to fail or disappoint

    Cette définition s’accorde globalement, chacun en conviendra, à celle de l’usage français.

    En revanche, pas d’entrée dans le Merriam-Webster pour le mot « looser », si ce n’est pour indiquer la forme comparative fléchie de l’adjectif « loose » qui, lui, existe bel et bien.

    loose : [ˈlüs] adjective, inflected form(s) : looser ; loosest
    Etymology : Middle English lous, from Old Norse lauss ; akin to Old High German lōs loose
    Date : 13th century
    1 a : not rigidly fastened or securely attached b (1) : having worked partly free from attachments (2) : having relative freedom of movement c : produced freely and accompanied by raising of mucus d : not tight-fitting
    2 a : free from a state of confinement, restraint, or obligation
    b : not brought together in a bundle, container, or binding carchaic : disconnected, detached
    3 a : not dense, close, or compact in structure or arrangement b : not solid : watery
    4 a : lacking in restraint or power of restraint
    b : lacking moral restraint : unchaste c : overactive ; specifically : marked by frequent voiding especially of watery stools
    5 a : not tightly drawn or stretched : slack b : being flexible or relaxed
    6 a : lacking in precision, exactness, or care b : permitting freedom of interpretation
    7 : not in the possession of either of two competing teams

    Les dictionnaires bilingues traduisent le plus généralement « loose » par les notions de desserré, flottant, lâche, dénoué, détaché, en liberté, etc.

    Espérant que cette brève démonstration vous aura convaincu, le CCAAFMAUF vous remercie par avance de corriger, dans votre article, le terme évoqué dans le présent message.

    Il apparaît que la rééducation des (nombreux) locuteurs francophones qui orthographient mal le terme « loser » sera longue et difficile, tant l’usage incorrect s’est insidieusement répandu chez les francophones, même parmi les plus aguerris, mais gageons que les efforts du Comité en ce sens porteront un jour leurs fruits.

    Salutations syntaxiques et cordiales,

    le Secrétariat général du CCAAFMAUF - Comité de correction de l’anglais approximatif, du franglais et des mots anglais d’usage français

    • mercredi 22 juillet 2009 à 20h49, par lémi

      Eh bien eh bien.
      Autant je suis épaté par la démonstration opérée (fond comme forme), autant je ne céderais pas d’un pouce. Loser, c’est moche, c’est tout. « Loupser », encore, je voudrais bien, il y a « loup » dedans. Mais « Loser » ? Il y a presque « Closer » dedans, et ça c’est mauvais. Comme le disait mon oncle Raymond : « les acamédiciens, moi, je leur claque le beignet. Y’a que ça qu’ils comprennent. » (et ça ne l’a pas empêche de remporter les Dicos d’or du Tarn, millésime 62).

      D’ailleurs, j’ai trois liens qui devraient achever de te convaincre de la justesse de mes décisions : ici, ici et ici. Convaincu ?

      « Il apparaît que la rééducation des (nombreux) locuteurs francophones qui orthographient mal le terme « loser » sera longue et difficile » : Tu l’as dit, l’ami. Mais je respecte ton combat...



  • mercredi 22 juillet 2009 à 16h24, par Guy M.

    Sous-sous-sous-secrétaire d’Etat ?

    Quelle pathétique fin de carrière lui proposes-tu, à ce grand scientifique...

    Je regrette beaucoup que les vrais scientifiques soient si discrets sur leurs confrères. La carrière de C. A., qui fut honorée, à l’en croire, de l’équivalent (sic) d’un prix Nobel*, a été construite en grande partie grâce à son goût de la provocation et de l’esclandre, qui s’accompagne d’un certain talent pour retomber sur ses pattes. Qu’il ait pu faire croire au grand public qu’il était un grand scientifique, ce n’est pas un exploit... Ce qui est plus mystérieux, c’est que la communauté scientifique elle-même ait pu lui accorder du crédit jusqu’à son entrée en politique.

    *Nobel n’avait pas prévu de récompenser un domaine créé par, et pour, Claude A.

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • mercredi 22 juillet 2009 à 20h55, par lémi

      J’ai bien peur que ton commentaire ne tourne à l’aigre (hinhin). C’est comme pour les Bogdanov, les vrais génies scientifiques sont toujours moqués en France. Un jour, je te le prédis, il y aura un prix Allègre, prestigieux et recherché, peut-être plus que le Nobelm. Tu verras, alors, comme tes petites médisances tomberont à l’eau de son indifférence (d’avoir tant compati sur son sort, je ne peux plus m’empêcher de le défendre dès qu’il est en difficulté, ça fait un peu peur...).



  • mercredi 22 juillet 2009 à 17h09, par pièce détachée

    « Est-ce parce que ses zèles de géant servile l’empêchent de voler ? »

    Magnifique !

    Quant au second des détecteurs de grumeaux dans la grammaire, le très impressionnant Comité : « nous nous faisons donc notre devoir de vous informer » est un craignos monster issu de la copulation contre nature entre « nous nous faisons donc un devoir... » et « il est donc de notre devoir... ».

    Ah mais.



  • mercredi 22 juillet 2009 à 21h56, par Pascal

    Super billet bien mérité : franchement !!!

    Toutefois, il y a dans ce passage une incohérence historique et une impossibilité institutionnelle :

    « À l’époque, le deuxième tour des présidentielles approche à grands pas. (...) Il convoque à l’Elysée ceux qui pourraient convenir. »

    Un détail mais qui fait un peu négligé !!

    • mercredi 22 juillet 2009 à 22h04, par Lémi

      Bloody Hell, il est temps que je prenne des vacances...
      Merci pour la correction.



  • mercredi 22 juillet 2009 à 23h36, par Joe Liqueur

    Au fait, il existe bel et bien une controverse scientifique internationale au sujet du réchauffement climatique :

    http://www.pensee-unique.fr/leroux.pdf

    Mais on s’en fout…

    Evidemment, si ce gros naze d’Allègre était le seul à protester, ça me ferait bien marrer ! Le coup de l’amiante qui n’est pas dangereuse, ah ah ah ! Le coup du mammouth, ah ah ah ! Le coup de la boule de pétanque et de la balle de tennis, ah ah ah !

    Oui mais : cette controverse au sujet du réchauffement climatique n’est pas une lubie de Claude Allègre, qui n’y connaît rien. C’est un débat scientifique, dont on fait comme s’il était tranché, vu qu’on a fort bien intégré ledit réchauffement (d’origine in-du-bi-ta-ble-ment anthropique) dans le discours ordo-libéral qui domine aujourd’hui.

    Voir (par exemple) Home.

    http://www.la-bas.org/article.php3?...

    D’ailleurs Mermet reste dans le « consensus » scientifique, mais quand même ça fait du bien.

    Objectif de ce « consensus » : culpabiliser, infantiliser les populations « d’en bas » dans les pays riches, et faire pression sur les probables futures grandes puissances (Russie, Chine, Inde) et sur les pays « en voie de développement » - dont on voudrait bien qu’ils aient la politesse de ne pas trop se développer, c’est quand même un ramassis de nègres, de bougnoules, de jaunes, et de toute façon y sont même pas entrés dans l’histoire, vous savez bien, alors y zont qu’à crever sur place et pis c’est tout, vont pas nous emmerder eux aussi non plus.

    Voir en ligne : http://www.pensee-unique.fr/index.html

    • jeudi 23 juillet 2009 à 00h58, par un-e anonyme

      Ce site cite allègrement Claude Allègre, tout comme l’auteur de ton document en .pdf. On peut se faire l’echo des objections scientifiques sans verser dans le complotisme et le confusionnisme idéologique. Et tu mélanges trois ou quatre débats distincts avec une conclusion ambiguë.

      Ce qui insuportent les think-tank conservateur au point de financer autant de propagandistes anti-écolo (du blogeur au chercheur) c’est la remise en cause du consumérisme, de son populisme industriel et de l’ordre social qu’il impose au nation et à la planète.

      L’écologie agit comme une sorte de marxisme sans Marx, de critique de l’économie politique iophilissée ou de remise en cause radicale de l’ordre établit., de la façon la plus rationnelle à la plus mystique. Voilà pourquoi les industriels et les capitalistes en ont perçu le danger et mettent autant d’ardeur à la récupérer. L’écologie déplie totalement la production, ce qui dé-fétichise la marchandise en la rendant à son processus d’exploitation (c’est tout le travail de vente que de le faire oublier).

      Pour autant le new deal vert sera un prochain moyen de reconduire le règne du capitalisme. Les mesures d’hygiène de masse ne sont pas faites par la bienveillance des bourgeois du 19e, mais par ce que les microbes, les bactéries et les virus - la pollution - ne connaissent pas les barrières de classe. Le fait que les pays émergents sautent deux ou trois stades d’accumulation lié au pétrole ne changera pour eux ni pour la place qu’il leur est faite ou qu’ils prendront.

      • jeudi 23 juillet 2009 à 21h40, par Joe Liqueur

        Je n’avais pas l’impression de « verser dans le complotisme ». Le fait que Marcel Leroux cite Claude Allègre (et vice-versa) est-il un argument en faveur de la thèse du réchauffement climatique d’origine anthropique ? Je ne crois pas.

        Le fait que les thèses contraires au réchauffement climatique d’origine anthropique soient très populaires sur les sites fachos tendance rouge-brun est-il un argument ? Je ne crois pas non plus.

        Pour ce qui est de mes « conclusions » (qui en fait n’avaient pas de prétention à être des conclusions), je reconnais que je me suis un peu laissé emporter. Cependant je voudrais savoir ce que tu entends par « ambiguës ». Dans mon esprit c’était bien du second degré, et à cet égard ce n’était pas ambigu.

      • jeudi 23 juillet 2009 à 21h44, par Joe Liqueur

        J’aurais pu (j’aurais dû) écrire : « Quel pourrait être l’objectif de ce consensus ? Quelques hypothèses : etc ».

        Comme tu le dis très bien, « on peut se faire l’echo des objections scientifiques sans verser dans le complotisme et le confusionnisme idéologique ». C’est exactement ce que je prétends faire. Modestement.

        • jeudi 23 juillet 2009 à 23h40, par Lémi

          @ Joe Liqueur,

          Un type qui te balance en début d’entretien : « je souhaite que la terre se réchauffe. C’est d’ailleurs la position de la Russie, qui considère qu’un réchauffement serait bénéfique. En effet, cela nous ferait faire d’immenses économies de chauffage, et donc de matières premières comme le pétrole. En outre, nous gagnerions de larges étendues de terres cultivables en direction des régions subpolaires », j’ai tout de suite l’impression qu’il peut balancer du steak niveau connerie. N’étant pas spécialisé en ce domaine, je peux difficilement contredire son approche au point de vue scientifique, mais elle semble bien peu convaincante. Gesticulations et posages d’évidences qui sont loin d’en être. Au final, je suis globalement d’accord avec le commentaire anonyme en dessous.
          Je vomis la nouvelle pseudo écologie à la « home » et l’espèce de consensus mou qui se dégage autour du développement durable, forme de capitalisme vert qui ne changera jamais rien à rien, voire l’aggravera en empêchant de véritables remises en question. Mais ce n’est pas une raison pour tomber dans l’excès inverse, à savoir tendre l’oreille vers ceux qui considèrent le débat écologique comme une vaste fumisterie.

          • vendredi 24 juillet 2009 à 19h57, par Joe Liqueur

            @ Lemi

            C’est vrai que Leroux est abrupt, et je pense qu’il le fait exprès. Mais je pense qu’un peu de provocation est parfois utile.

            Personnellement je ne considère pas le débat écologique comme une faste fumisterie ; mais pas du tout. Mais je pense qu’on a bien tort de faire comme si un débat scientifique était tranché, alors que manifestement il ne l’est pas. Et qu’on a bien tort de confondre changement climatique et pollution. Même si on admet que le CO2 anthropique entraîne un réchauffement climatique, ce gaz n’est pas polluant. Heureusement d’ailleurs : il en sort une bonne dose de nos poumons à chaque fois que nous expirons.

            (Accessoirement, quand on parle de « carbone » tout court c’est encore plus grotesque. Le carbone est un élément de base de la vie sur Terre. Les deux éléments les plus présents dans le corps humain ne sont-ils pas... l’oxygène et le carbone ? Ici je ne souligne que le côté grotesque du discours dominant d’aujourd’hui ; je sais bien que le CO est hautement toxique !)

            Autre chose : le réchauffement-climatique-cataclysmique-dû-aux-émissions-anthropiques-de-CO2 est une vraie bénédiction pour l’industrie nucléaire. Les centrales ne rejetteraient que de la vapeur d’eau... (mais au fait celle-ci ne serait-elle pas un gaz à effet de serre ?)

            Et puis une centrale au charbon, ou au pétrole, ou une voiture, ne dégage pas que du CO2 - ce serait trop beau ! Tout cela dégage aussi (surtout ?) un paquet d’autres gaz qui eux sont directement toxiques pour un certain nombre d’êtres vivants dont l’homme. C’est aussi pour ça que cette fixation sur le CO2 me paraît navrante.

            Il y a pas longtemps j’ai trouvé ce texte sur Agora Vox - oui je sais, ce site n’est pas forcément une référence, mais bon, ce prof d’histoire ne prétend pas écrire autre qu’un billet d’humeur et, au moins vu sous cet angle, son discours me paraît très pertinent :

            http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

          • dimanche 2 août 2009 à 16h45, par krop

            « j’ai tout de suite l’impression qu’il peut balancer du steak niveau connerie. » cela est !

            « c’est la remise en cause du consumérisme, de son populisme industriel et de l’ordre social qu’il impose au nation et à la planète » tout est là !

            marxisme sans Marx ! sans nom de famille pas d’appellation !

            « les capitalistes en ont perçu le danger et mettent autant d’ardeur à la récupérer ». Là est l’argents roi .

            « le new deal vert, sera un prochain moyen de reconduire le règne du capitalisme » en espérant que le sac plastique remplacera le chanvre ou l’inverse !

            « mais par ce que les microbes, les bactéries et les virus - la pollution - ne connaissent pas les barrières de classe ». Les hommes non plus ! ...



  • jeudi 23 juillet 2009 à 09h15, par un-e anonyme

    Je poste ici pour info bien que ça n’ait rien à voir avec le sujet, juste pour dire à JBB qu’on parle du blog du Charençon Libéré dans l’article suivant de P. Soula du Nouvel Obs : http://claude-soula.blogs.nouvelobs...

    Le 23.09.2007, le blog du « Charançon libéré » avait noté que le Figaro titrait audacieusement un article : « Les Français plébiscitent le style et l’action de Sarkozy », basé sur une étude OpinionWay. « selon une enquête d’Opinion Way pour Le Figaro, 76 % des Français l’ont trouvé « convaincant » lors de l’entretien accordé à TF1 et à France 2 jeudi soir". Il n’est pas certain que ces 76% soient significatifs de quoi que ce soit.



  • jeudi 23 juillet 2009 à 11h21, par wuwei

    Allegro ma non troppo (vite mais pas trop). En Sarkosie cela ne pardonne pas !



  • jeudi 23 juillet 2009 à 15h51, par Frère Scoliose

    Délicieuses observations... dont on attend avec impatience la déclinaison consacrée au plus chatoyant des busards, au plus zélé des candidats à l’embauche ministérielle, au plus vorace des mangeurs de maroquins, au plus contorsionniste des avaleurs de couleuvres, je parle de Jack Lang bien sûr !

    Bien à vous.

    Voir en ligne : http://consanguin.blogspot.com



  • samedi 1er août 2009 à 18h26, par Olivier

    Pour les rapports difficiles qu’entretient Claude Allègre et le principe de précaution, on se rappellera de l’éruption de la Souffrière en 1976 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Soufrière_(Guadeloupe)

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