ARTICLE11
 
 

lundi 3 novembre 2008

Le Charançon Libéré

posté à 11h52, par JBB
8 commentaires

Quand la gauche rêve de coller les riches et les profiteurs devant un peloton d’exécution…
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Les salauds ! Les infâmes assassins ! Les bougres d’exécuteurs ! Je m’énerve, mais… Figurez-vous que les députés de gauche n’ont rien trouvé de mieux que de prétendre soumettre stock-options et parachutes dorés à une nouvelle taxe. Une immonde tentative de faire couler le sang que le vigilant Eric Worth a comparé, à juste titre, à l’action d’un « peloton d’exécution ».

C’est plus fort que moi.

Dès que je vois un peloton d’exécution, quelque part, au coin d’une rue ou sur une place du centre-ville, dans un champ ou en bordure de la forêt, je sens monter en moi une envie soudaine.

Forte pulsion d’en prendre le commandement.

De me mettre à la tête de ces hommes, fusils en joue, machoîres serrées et gueules de circonstance.

Et de donner l’ordre fatidique, celui qui verra, après quelques secondes d’attente et de tension, les balles pleuvoir sur le condamné du jour.

Feu !

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J’ai souvent questionné ce goût malsain.

Réfléchissant à cet attrait morbide pour l’ordre, la mise à mort et les hommes en rang.

Et m’interrogeant gravement : suis-je normal ? Y a t-il quelque chose qui cloche chez moi ? Est-ce bien sain de tellement apprécier la sombre mécanique du fusillement d’office ?

Hein ?

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Ce week-end, j’ai enfin eu la réponse.

Tout simple : si j’aime tellement à commander les fusils des exécuteurs, c’est parce que… je suis de gauche.

Bon… je ne l’aurais pas compris seul.

Mais le ministre du Budget m’a mis sur la voie.

Lui qui a accusé vendredi la gauche de vouloir mettre tout le monde face au « peloton d’exécution ».

Eric Woerth a raison : on est comme ça, à gauche.

On ne peut pas s’empêcher…

Dès qu’on voit un exécuté en puissance, hop, tous en rang, fusils armés, en joue, feu, dernier souffle du condamné, la mort qui frappe, toussa-toussa.

__3__

J’ai pris la remarque d’Eric Woerth pour mon compte.

Mais il n’est pas certain que le ministre du Budget pensait à moi en la formulant.

Il semble même avéré qu’il la destinait plutôt aux députés tentant, dans la nuit de vendredi à samedi, de faire passer « une série d’amendements visant notamment à soumettre tous les parachutes dorés, les stock-options et les actions gratuites au nouveau forfait social de 2% à la charge des employeurs ».

Ces salauds de fusilleurs…

Ainsi qu’à ceux qui proposaient « l’application immédiate de la contribution sociale de 2.5% sur les avantages résultant des stock-options et des attributions gratuites d’actions ».

Ces bougres d’assassins…

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__3__

Est-il besoin de préciser qu’Eric Woerth a raison ?

Que l’image de sanguinaires donneurs de mort pour qualifier des députés (y compris de son bord) souhaitant un chouia encadrer les parachutes dorés et autres privilèges injustifiables est exactement celle qu’il convenait d’utiliser ?

Qu’il était urgent de dénoncer le goût sanguinaire et les dérives sanglantes de ceux prétendant moraliser un brin un capitalisme débridé qui ne cesse de prouver combien il a besoin d’être régulé, à défaut d’être anéanti ?

Qu’il n’avait de meilleur moment pour envoyer ce type de signal à l’opinion, rien ne change pour les riches mais les pauvres gens vont s’en prendre deux fois plus dans la gueule ?

Oh non : il n’y a nul besoin de le préciser.

Hein…

__3__

C’est rigolo.

Il ne me semble pas que des députés de gauche aient reproché à la droite de vouloir mettre tout le monde face « au peloton d’exécution » quand ses représentants ont voté, la même nuit, la possibilité de travailler jusqu’à 70 ans pour les salariés qui le souhaiteraient.

Il ne me semble pas non plus que les députés de gauche aient reproché aux soutiers du sarkozysme d’assassiner froidement le modèle social français à force de le grignoter, peu à peu et en se servant de la crise.

Il ne me semble pas, enfin, que les députés de gauche aient accusé le gouvernement de se conduire comme des exécuteurs de basse-extraction.

Logique : ils devaient être trop occupés à fusiller tout le monde…

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COMMENTAIRES

 


  • Une question me vient, là : La gauche, ça existe ?

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com/

    • lundi 3 novembre 2008 à 16h03, par JBB

      Je me suis posé la même question… Mais il faut croire que pour Woerth, le terme signifie encore quelque chose.



  • La presse se fait pourtant l’écho d’une tragique « levée de boucliers » des partis de gauche (contre notamment le travail jusqu’à 70 ans).

    Alors qui croire ?

    Dans quel sens sifflent les balles ?

    La guerre serait commencée et on nous dit rien !

    • lundi 3 novembre 2008 à 16h05, par JBB

      Je dois avouer que j’ai un brin forci le trait pour les besoins du billet.

      Dans l’article de Libération : « L’amendement a été dépecé », a regretté une source UMP, tandis que Patrick Roy (PS) a appelé ses collègues à « une nouvelle nuit du 4 août (ndlr:1789) pour supprimer les privilèges ».

      Il y a bien eu protestations, donc. :-)

      • lundi 3 novembre 2008 à 16h59, par dominique

        Enfin moi itou j’ai forci (on dit forci ?, ça alors) le trait. Quelle rigolade ces Guignols.......

        Oups, attention la balle !



  • « moraliser un brin un capitalisme débridé »
    A propos du capitalisme, je vois là tout à la fois un oxymoron (moraliser) et un pléonasme (débridé) et dans Eric Woerth un médiocre petit laquais d’un monarque qui ballade sa vulgarité et son inculture comme ses maîtres du MEDEF proménent leur morgue de nantis en fin de cycle. Mais comme le chantait BOB il y a quelques années, but the times they are changing...maybe ?

    • lundi 3 novembre 2008 à 16h07, par JBB

      Je suis totalement insensible à la poésie dylanesque.

      Par contre, j’aime beaucoup ce passage de ton commentaire : « dans Eric Woerth un médiocre petit laquais d’un monarque qui ballade sa vulgarité et son inculture comme ses maîtres du MEDEF proménent leur morgue de nantis en fin de cycle. » Quel souffle !

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