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jeudi 11 mars 2010

Le Cri du Gonze

posté à 23h57, par Lémi
15 commentaires

Variations motorisées : des voitures, de la mécanique et des fluides
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Manger des voitures, les aimer, les détester. Ça va te surprendre, mais ces trois choses vont ensemble. En notre étrange monde motorisé, le rapport à l’automobile peut prendre de si étonnants chemins de traverse que ceux-ci en deviennent des autoroutes. Si tu n’as pas peur du tête-à-queue littéraire, de l’indigestion de carrosserie et de la pornographie contre-moteur : grimpe à bord !

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« Dis à ma copine qu’il faut que je l’oublie,
que je préfère m’acheter un nouveau carburateur
1. »
Queen, « I’m in love with my car »

« Des voitures, partout des voitures, et nulle part la moindre issue. » Ce pauvre crétin d’Herman, personnage principal de Car2 - livre dément du non moins dément Harry Crews, auteur notamment du jouissif Body - rêve, et ce n’est pas folichon. Des bolides parcourent son corps et déroulent leurs courses le long de ses membres, klaxonnent au carrefour de ses poumons, s’introduisent dans chaque partie de son anatomie ; «  jusqu’au moment où, des pieds à la tête  », il n’est plus « qu’un énorme embouteillage  ». Le périph aux heures de pointe s’invitant dans ton organisme, vision d’horreur. Certes, lui ne va pas tarder à se réveiller, en sueur, cerveau troublé par l’invasion motorisée. Mais ce rêve-là n’est pas anodin pour Herman, cinglé puissance 100 (chevaux-moteur). Depuis sa plus tendre enfance, sa vie se déroule à l’ombre de la chose carrossée, baigne dans l’agressive odeur des pots d’échappement et dans le culte de la mécanique bien huilée. Un enfant des pistons et des carburateurs. Comme nous, en pire.

Herman, grassouillet rejeton de l’american way of life, finit donc par se rebeller. D’une manière étrange, indigeste : « «  Pourquoi faut-il que je… mange… une… voiture ? » Herman articulait avec une extrême lenteur, comme s’il eût voulu savourer les mots. « Je peux te le dire. Partout où il y a des Américains, il y a des voitures. » Il s’interrompit de nouveau. « Et parce qu’il y a des voitures partout, je vais en manger une. » »

Vroum-Vroum, Crunch Crunch

Manger… une… voiture ? Mmmhhh… C’est peu de dire qu’il ne fait pas les choses à moitié, Herman. D’autres se seraient contentés de se défouler à coups de battes sur une Cadillac. Ou de poser une bombe aux 24 heures de Daytona. Trop facile, trop évident. Sans panache. Pour se rebeller dans les formes, Herman, enfant né dans la plus vaste casse automobile de son État, n’a qu’une seule solution, il le sait : grignoter son obsession. Manger une voiture. Une Ford Maverick. Entièrement. Pour la posséder, qu’elle ne le possède plus. Pour que ce tas de métal rende gorge (en entrant dans la sienne), des pistons à l’allumage. Rude, mais juste.

Comment est-ce possible, tu demandes ? Facile : chaque jour, Herman doit avaler un petit bout de métal ou de plastique. Une infime part de la voiture, bout d’automobile dont les bords ont préalablement été polis par un technicien muni d’une meuleuse. Les choses sont faites dans les règles, avec un minimum de précaution et - même - sous le contrôle d’un médecin. Pour une bonne raison : l’ingestion se veut spectaculaire, exhibition quotidienne organisée par un publicitaire qui pense faire fortune avec ce show mitonné aux petits oignons. Le public paye pour assister à l’ingestion de cette fraction de voiture, il paye aussi pour assister à sa déjection. Mieux : la télévision finance le tout, qui a allongé des biftons pour retransmettre la chose. Herman mange voiture, il chie voiture ; pour les deux, un organisateur vend des tickets et monnaie l’exclusivité télévisuelle. Du spectacle, encore du spectacle.

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Une défaite, tu dis ? C’est tout l’inverse, justement. Réfléchis : quelle meilleure manière, pour se défaire d’une quelconque emprise, que de manger le-ou-la responsable de celle-ci ? Ce n’est pas Alain de Monèys, noble grignoté par une foule à Hautefaye le 16 aout 1870 qui s’inscrira en faux (Cf. le dernier livre de Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez). Ce ne sont pas non plus les cohortes de bâfreurs de hamburger/hot dogs agglutinés dans ces compétitions intestinales qui diront le contraire. Infliger à ses viscères une violence volontaire pour - symboliquement - s’insurger est tout sauf anodin. Il s’agit de lutter contre deux limites : la finitude biologique (cet estomac devrait s’étendre à l’infini, bordel… voir ICI, le combat épique entre le champion du monde de l’avalage de la saucisse et… un ours affamé) et la finitude civilisationnelle (les objets prennent de plus en plus d’importance dans nos vies ; il est temps de se rebeller avant qu’ils ne prennent le contrôle). Contre celles-ci, une seule solution, donc : engloutir l’objet du délit. Ça se tient.

Ça peut te surprendre, mais le choix du plat principal est évident. Un Eskimo mangerait un phoque (ou une motoneige) ; moindre mal. Un Italien engloutirait sa Vespa ; déjà plus difficile. Mais lui, Américain élevé à l’huile de moteur, il n’a d’autre choix que de s’attaquer au monstre suprême, au symbole de son bout de monde : la grosse bagnole. Logique, c’est tout ce qu’il aime, comme s’en rend rapidement compte son père : « Easy, lentement gagné par l’horreur, se rendit compte qu’Herman aimait tout cela. Qu’il aimait les voitures agglutinées pare-chocs contre pare-chocs dans la rue, qu’il aimait ces émanations qui piquaient le nez et irritaient les yeux, vomies par des centaines de pots d’échappement brûlant. »

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Si notre héros est un peu benêt3, il n’en a pas moins une intuition du tonnerre. Profondément, il le sent, il ne peut mettre en scène son obsession qu’en la faisant passer par pertes et viscères. En ça, il réconcilie deux pulsions américaines (et, par extension logique, occidentales) : la pulsion « bagnolesque » (vroum-vroum) et la pulsion « intestinesque » (crunch-crunch)4. Mêler les deux et recracher l’ensemble à la face de l’Amérique toute entière (son exploit est retransmis sur les télés nationales), voilà l’exploit d’Herman, entre manipulation du spectacle (post-Debord), dénonciation de la fétichisation de la marchandise (post-Marx) et happening total (post-Fluxus). Un maelström médiatique parfait, auquel tout le monde peut s’identifier5 et dans lequel je commence à me perdre (de quoi je parle ?). Il est temps d’embrayer…

Vroum-Vroum, Han-Han

« Je la kiffe, elle est trop belle. C’est une grande histoire d’amour entre ma voiture et moi. C’est plus qu’un mariage, c’est à vie, c’est un contrat à vie. Je la lâcherai jamais. »
Christelle, fan de tuning

Allons plus loin dans l’analyse, veux-tu ? Je crois que le geste d’Herman est geste d’amour. En avalant ce qu’il aime le plus au monde, en s’hypertrophiant les viscères pour l’accueillir en son sein, il l’honore plus qu’il n’aurait jamais pu le faire autrement. Et surtout, il parvient à posséder ce qu’il adule, à faire entrer de plein fouet son obsession dans une dimension sexuelle.

La voiture, si elle a toujours été érotisée (pour ses formes, pour sa sensualité, cf. toutes les pubs de merde où la voiture est féminisée), n’est pas non plus le parfait réceptacle à la sexualité qu’elle dégage, techniquement parlant en tout cas6. Comment passer à l’acte avec une voiture ? Comment faire pour concrétiser ce que la pub nous serine depuis si longtemps ?

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On trouvera une parcelle de réponse dans My Car is my Lover, « documentaire » déjanté (extrait ci-dessous ; les images de ce billet en sont toutes extraites) explorant les arcanes de la mécaphilie  : l’art de la sexualité avec la chose carrossée. Se taper sa bagnole ? Une gageure tant la chose semble déviante, too much. Et pourtant, quelle meilleure réaction à l’emprise de l’automobile sur nos vies ? Pourquoi se priver quand tout y encourage ? De la vogue du tuning au film Crash de Cronenberg, d’Un Amour de coccinelle à K 2000, l’imaginaire occidental contemporain n’a cessé de représenter la voiture comme amie, compagne et partenaire. Freddie Mercury l’a chanté dans « I’m in love with my car » : « Les voitures ne te contredisent pas, C’est juste des amies à quatre roues7. » Il n’avait pas tort : rarement relation n’aura été si simple que celle entretenue avec la gente à pistons : pas de récriminations, pas d’embrouilles, une mécanique relationnelle bien huilée.

8

De là à tomber aussi que bas qu’Edward Smith, le personnage principal de My Car is my Lover, il y a un pas que je ne franchirais pas. « Il y a des moments, au milieu de nulle part, où je vois une petite voiture stationnée et je sais qu’elle a besoin d’être aimée. Certaines voitures m’ont attiré tant que j’attendais la nuit pour m’approcher d’elles, les étreindre et les embrasser. », nous dit ce très étrange mécaphile, confit d’amour pour ses compagnes calandrées.

Bon… Je sais bien que ce documentaire est une blague9. Que ce billet s’étire en longueur dans des territoires étranges. Et que tu commences à salement te demander où je veux en venir. Normal. Ceci dit, il me semble que de tous les éléments abordés ici se dégage une évidence : celle de la puissance d’un mythe fabriqué de toute pièce et qui en vient à s’imposer comme raison de vivre et d’aimer, unique horizon.

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Dans Car, Herman n’est que le rejeton d’une époque : sa rébellion a tellement peu d’imagination qu’elle ne peut que se confondre avec ce qu’il rejette. Il hait ce qui a bercé sa vie, l’empire bagnolesque. Pourtant, dans le même temps, il n’a d’autre moyen de l’affirmer que de se couler dans ce moule motorisé. Il ne fuit pas la voiture, il la mange. Ainsi, elle pénètre dans ses entrailles, fait totalement partie de lui.

Le récit d’Harry Crews charrie une vérité aussi évidente que vaporeuse. Pas question de le penser comme un rejet frontal de la société de consommation. C’est plus subtil. Herman affronte le monde moderne en l’exagérant, en le poussant à son paroxysme. En le mangeant. Démarche finalement assez proche de celle que Morgan Spurlock a réalisé avec Super Size Me, récit d’un mois d’agapes glauques chez Ronnie McDonald. Dans une société hypertrophiée, obèse, la seule manière de se rebeller serait de pousser la chose plus loin, de trouver le point de rupture stomacal. Là où le roi se retrouve nu, toutes entrailles sorties :

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Manger, manger, manger. Toujours plus. Des voitures, des hot-dogs, peu importe. Ingurgiter, maladivement. Jusqu’à implosion. Une métaphore plutôt adaptée à l’époque. S’écharper pour un t-shirt pourri siglé Sonyia Rykiel ou avaler une voiture pièce à pièce, dépenser l’ensemble de son salaire pour rajouter un aileron à sa Subaru Impreza ou commander un triple menu « bouchage d’artères » chez Ronnie McDonald, tout cela relève finalement de la même chose, d’une obsession consumériste poussée à son paroxysme boulimique. Maladie contemporaine incurable11.



1 Told my girl I’ll have to forget her Rather buy me a new carburetor

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3 Pour tous les détails, je te renvoie au livre d’Harry Crews, réellement merveilleux.

4 Ça en jette, hein, quand je commence à échafauder des théories.

5 Ainsi sa meilleure amie : «  Mais toi s’écria-t-elle d’une voix soudain triomphante, toi, tu vas la manger cette saloperie ! » Elle était secouée d’un tremblement frénétique. « Seigneur Dieu, que je voudrais pouvoir la manger moi aussi, l’avaler toute entière. »

6 Non non, je ne m’étendrai pas...

7 Cars don’t talk back They’re just four wheeled friends now.

8 La suite de ce documentaire en six parties est aisément dégottable sur YouTube. Je te le conseille : de quoi choper le sourire pour quelques jours…

9 N’en déplaise à certains esprits crédules que je ne nommerai pas. Ben, je te dédie ce billet...

10 Extrait du Sens de la vie, des merveilleux Monthy Pytons.

11 Quoique, il y a incurable et incurable. Ouvrant le dernier numéro de La Décroissance, je lis : « pour la première fois depuis 1945, le parc automobile des EU a diminué ; dix millions de voitures vendues pour 14 millions à la casse.  » Lueur d’espoir.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 12 mars 2010 à 18h05, par Soisic

    Jamais lu Harry Crews. Son univers - et sa trogne - sont prometteurs ! A priori, je serais plus tentée par « Le joueur de Gospel » ou « Des mules et des Hommes ». Mais je pense que toute son œuvre est à explorer ! Merci pour ces bonnes idées de lecture !

    • Ouaip, l’univers va avec la trogne, en fait, c’est interchangeable. C’est fou comme une bonne vieille trogne de psychopathe te pose tout de suite en écrivain crédible...
      J’ai pas lu Le Joueur de Gospel mais Des Mules et des hommes m’a été chaudement (voire bouillament) recommandé, terrible autobiographie d’après ce qu’on m’en a dit.



  • Quelle tristesse ce japonais qui n’arrive même pas au tiers de son plat de hot dogs, alors qu’il y met tellement de bonne volonté...

    • vendredi 12 mars 2010 à 23h55, par Lémi

      Force reste à l’ours, comme on dit dans les Vosges.
      Et sache, pour ta gouverne, Luc B (quel pseudo débile), que ce Japonais que tu plains est le champion mondial toute catégorie de l’avalage de hots dogs : Takeru Kobayashi (小林尊) , surnommé « The Tsunami »


      Quelques éléments chipés sur sa fiche Wikipedia, pour édification personnelle :

      Pourtant d’un poids raisonnable ( 173cm 75kg [site officiel] ), il s’est montré capable d’avaler :

      * 97 hamburgers en 8 minutes (record du monde, le 28 octobre 2006)
      _ * 63 hot-dogs en 12 minutes (2007)
      _ * 58 saucisses Johnsonville brat en 10 minutes (record du monde, le 5 août 2006)
      _ * 8 kilos de cervelle de bœuf en 15 minutes
      _ * 9 kilos d’onigiri (des boules de riz japonaises) en 30 minutes
      _ * 83 raviolis chinois aux légumes en 8 minutes (août 2005)
      _ * 100 « bouchées de porc à la vapeur » (baozi) en 12 minutes (août 2005)

      Les concours de « plus gros mangeur » étaient très populaires à la télévision japonaise jusqu’à ce qu’un adolescent de 14 ans ne meure d’excès alimentaire à la cantine de son école en 2002.

      En outre, Takeru Kobayashi a gagné le concours télévisé « Glutton Bowl #1 » en 2002. A l’occasion d’un concours de hot-dogs en 2003, il fut en revanche largement battu par un ours brun à l’émission « Man vs. Beast », l’animal ingurgitant pas moins de 50 sauccisses en 2 minutes 36 secondes contre seulement 31 pour Tsunami.

      En 2006, il a amélioré son record du monde de 2004 (53,5) en mangeant 53,75 hotdogs en douze minutes au concours Nathan se tenant tous les 4 juillet à New York.

      C’était la 6e année consécutive (2001-2006) que Takeru Kobayashi remportait ce concours. Néanmoins, c’était la première année que Joey Chestnut, un californien de 22 ans devenu le champion américain, le talonnait en seconde place avec 52 sandwichs.

      Début 2007, il avait souffert d’une arthrite de la mâchoire survenue lors d’un entraînement et avait dû se faire extraire des dents de sagesse.

      Au concours du 4 juillet 2007, il a amélioré son propre score en avalant 63 sandwichs, mais a tout de même été battu par Joey Chestnut, qui est donc le nouveau recordman avec 66 hot-dogs avalés en 12 minutes. Chestnut conserve la première place en 2008 et 2009, portant lors de cette dernière édition le record à 68 hot-dogs, Kobayashi atteignant quant à lui un honorable score de 64½.

      À noter : sa méthode pour ingurgiter les hot-dogs - consistant à couper le sandwich en deux parts égales pour les ingurgiter ensuite simultanément - a été appelée la « méthode de Salomon ».

      • samedi 13 mars 2010 à 08h05, par JBB

        « 8 kilos de cervelle de bœuf en 15 minutes »

        J’adore cette idée, sérieux. Rhâââââ…
        (Râle de satisfaction digestive)

        • dimanche 14 mars 2010 à 20h58, par Luc B

          « No human being can beat you » lui disait le présentateur après sa défaite cuisante face à l’ours alaskien.

          Je devrais passer mon temps libre à m’entrainer maintenant que je me rend compte que c’est même pas vrai.
          Je suis sur qu’à la technique de Salomon, je pourrais opposer la technique flamby dans la catégorie cervelle..

          • dimanche 14 mars 2010 à 22h17, par lémi

            @ JBB

            Ouaip, et encore je suis sûr que la fiche wikipedia n’est pas complète. Il a dû se coltiner des tonnes et des tonnes de trucs monstrueux.
            En même temps, pour un type comme moi qui a déjà bu de la Chicha (maïs fermenté) au hamster, ou du lao lao (alcool de boue laotien), c’est pas si impressionnant... Qu’il vienne nous défier sur notre terrain (La Villageoise, Pelure d’oignon) et on en reparle.

            @ Luc B

            Je suis sur qu’à la technique de Salomon, je pourrais opposer la technique flamby dans la catégorie cervelle.. : j’insiste. Si tu passes à l’acte, je veux être témoin. On fera une vidéo et on la mettra sur you tube, tu te feras inviter à l’émission des records. Tu vas te faire des couilles en or (par contre, Kreutzfeld Jakob te pend au nez...).



  • dimanche 14 mars 2010 à 16h50, par pièce détachée

    « Ce n’est pas Alain de Monéys, noble grignoté par une foule à Hautefaye le 16 aout 1780 qui s’inscrira en faux (Cf. le dernier livre de Jean Teulé, Mangez qui vous voulez). »

    Harry Crews, sors de ce corps ! C’était en 1870, et le livre de J. Teulé s’appelle Mangez-le si vous voulez (Julliard, 2009).

    Ce beau billet mérite tout de même un bon point à coller dans son cahier (dommage, je ne sais pas comment importer l’image ici).

    @ JBB : tiens, moi aussi j’aime bien le concept de cervelle-party.

    • Argh, dans l’urgence du moment (à 23h58 que je l’ai posté, la trotteuse grignotait mes neurones), j’ai caviardé la relecture pointilleuse. Tu m’accorderas le bénéfice du doute coquillesque, plutôt que la vindicte Pièce détachesque. Inverser le 7 et le 8 en tapant, ça arrive même aux meilleurs. Et pour le titre, eh ben, sincèrement, je préfère le mien, plus universel (ceci dit, je corrige, merci).

      L’image m’était connue, elle m’inspire énormément (te dire ce qu’elle m’inspire, après, c’est plus dur). J’ai préféré ne pas la mettre dans mon billet parce que je voulais laisser la primeur à mon héros du moment, si lumineux avec son bonnet à oreilles (ah, si j’avais le même, ce serait le printemps tous les jours...) et ses faux airs bonhommes. L’autre fait trop teuton frigide, si tu veux mon avis, trop glauque (mais sa nuisette est pas mal). Ceci dit, je la colle quand même dans mon cahier spécial, à côté de ma vignette Dindon de la mort.

      • lundi 15 mars 2010 à 15h01, par pièce détachée

        Meu non allez, je sors pas ma vindicte de maniaque chieuse (et Mangez qui vous voulez, ça m’a bien plu aussi).

        C’est vrai que l’image-bon point a quelque chose qui euh... coince : est-ce l’anatomie de poulet plumé du personnage ? Son air... empoté ?

        • Oulah, que serais-je devenu avec ce genre de bon point en primaire.. Je suis jaloux. Lémi, je ne te passerai pas la pommade cette fois ci, trop c’est trop. Pièce d., je tenais à te remercier d’avoir glisser, l’air de rien, le nom de Chris Marker dans un précédant billet.

          PS Argh, je ne peux pas envisager d’être mal compris : J’ai beaucoup aimé ton papier. Lémi, pardonne moi, je gouterai ton truc au maïs s’il le faut !

          • mardi 16 mars 2010 à 23h34, par pièce détachée

            @ Arnak :

            C’est plutôt Chris Marker qu’il convient de remercier d’avoir un jour glissé l’air de rien un éclair parmi d’autres dans l’obscurité foutraque de mes neurones ;-)

            @ Lémi :

            L’image-bon point, c’était juste pour mettre une pincée de poil-à-gratter, mais après ta réponse à mon commentaire, je me suis demandé ce qui, en elle, coince tellement. En vrac :

            Cette image — indépendamment du fait qu’elle est sans doute truquée et a peut-être, j’ignore son contexte, été créée juste pour le buzz, mais pourquoi pas —, cette image est figée. Il ne s’agit pas, bien sûr, de l’opposition photo (du bon point) / vidéo (de ton héros). Dans cette image il n’y a pas d’air, pas d’ailleurs, et on se demande même si on peut la regarder comme on veut : le regard du personnage, braqué sur nous — eh, m’as-tu vu, toi qui regardes plus bas ? —, semble l’interdire, et nous emprisonne. L’imaginaire est dicté : pas de jeu pour faire bouger les pièces, rien qui rebique, pas de distance. Le choix du véhicule n’est pas rien non plus : gros, qui va partout, mais tout propre, il ne revient que du centre commercial (promo sur les nuisettes trash).

            Le jeu, le côté bon enfant, l’air bonhomme, il me semble que c’est ce qui nous permet à chacun(e), en toutes circonstances, d’avoir des comportements obsessionnels foldingues sans verser dans le sinistre. Dans l’image-bon point, on ne voit aucun de ces clins-d’œil.

            Ce n’est pas mon Naïxe, vingt-deux ans, double carbu, couverte de boue à cette heure, qui me contredira. Avant d’avoir le permis (inutile qu’il était ici et là), j’y croyais pas, je me moquais. Ben tiens... Maintenant, je lui cause avec des petits noms pour la rassurer, et lui épile ses poils superflus plus souvent que les miens. Même chose avec la machine qui me sert à abattre les arbres pour me chauffer.

            J’ai même un bonnet à doubles oreilles petites et grandes, rabattables et escamotables par conduction électrique, en coton vert ravissant doublé en noir, en poil de pauvre lapin chinois, et en multiples petits boutons sphériques de cuivre (conducteur), dont chacun est gravé d’une fleur de lotus — coiffée duquel je bichonne par grand froid mes machines et mes commentaires sur Article XI.

            Ah non je le prête à personne.

          • mercredi 17 mars 2010 à 03h29, par pièce détachée

            P.S. anticipé pour Arnak :

            Je n’ai pas mentionné Chris Marker dans « un précédent billet », mais dans un commentaire à ce billet-là (je sais lequel mais j’ai la flemme de chercher).

            Ça fait une différence, qui pour moi est importante.

            • @ Arnak

              Tu devras attendre que je retourne en Bolivie pour avoir droit à cette Chica au maïs hamsterisé... Pas forcément demain la vieille. Mais promis, je te fais signe quand j’ai ça sous la main (c’est un excellent testeur d’estomac)

              @ Pièce Détachée

              J’ai même un bonnet à doubles oreilles petites et grandes, rabattables et escamotables par conduction électrique, en coton vert ravissant doublé en noir, en poil de pauvre lapin chinois, et en multiples petits boutons sphériques de cuivre (conducteur), dont chacun est gravé d’une fleur de lotus — coiffée duquel je bichonne par grand froid mes machines et mes commentaires sur Article XI. Tes commentaires s’en ressentent. On sent bien l’influence double oreillette et le parfum des fleurs de lotus, en arrière fond. Par contre, je ne connaissais pas la filière chinoise pour le lapin, je vais me renseigner de ce pas, ta potion magique couvre-chefesque m’a l’air beaucoup trop chargée en yahou pour que je n’en connaisse tous les ingrédients.
              Pour le reste, je croule sous les obligations et je coure en piaillant tel unMike The Headless Chicken et tu pardonneras, je l’espère, mon manque de réactivité quant à tes analyses sur le bon point en question. Ceci dit, j’opine dans les grandes largeurs, furieusement, quasi épileptique.

              • @Pièce détachée Bon, je suis encore à la bourre.. Et bien, que Chris Marker soit remercié pour avoir su se glisser l’air de rien sous ton extravagant bonnet. Et toi d’avoir su en parler inopinément dans l’article sur Peter Watkins, sisi, j’y tiens.

                (Affichage étrange oblige, impossible mettre un lien hypertexte. Inutile de s’alarmer pour rien, si vous pouvez me lire c’est sans doute que ça n’empêche pas de poster des commentaires.)

                @Lémi Et bien j’attend avec impatience ton prochain passage en Bolive. Et pour cause, j’ai toujours adoré la dégaine de Napoléon, à couver son ulcère pendant que « les tripes fumantes de ses compagnons d’armes ruisselaient dans les plaines gelées de la taïga. »

                (Ami, toi qui pense ton érudition prise à mal, ne cherche pas l’origine de cette citation péteuse. Ce n’est qu’un moyen détourné de me faire mousser. Et ce n’ est pas une tentative de singer le style de qui que ce soit, je suis incapable de sortir ça autrement. Et si quelqu’un arrive au moindre malentendu avec ce message, je le condamne illico, pour l’intérêt général, au supplice du triple pal. Je.. je vais aller me coucher, je crois que cela vaut mieux.)

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