ARTICLE11
 
 

vendredi 4 juin 2010

Vers le papier ?

posté à 23h06, par Lémi & JBB
27 commentaires

CQFD : « Ne pas stagner, ne pas s’emmerder, ne pas ronronner »
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C’était il y a deux mois, à Marseille, une très sympathique rencontre avec trois membres de l’équipe de CQFD, François, Nicolas et Juliette. Eux participent à la rédaction du « Chien Rouge », féroce mensuel de critique sociale et canard autogestionnaire. Ils mènent un travail essentiel, sans céder aux facilités ou aux compromissions, les crocs toujours affûtés et l’esprit ouvert. La preuve en paroles.

Bonne pioche. Il n’est finalement pas si courant (même dans les milieux dits alternatifs) de tomber sur des gens réellement cohérents, chez qui discours et pratique, façade et cuisine sont en parfaite adéquation. Pour te dire, il nous est parfois arrivé de revenir déçus d’un entretien, de déplorer certains comportements ou réactions. Mais là : nada. Partis il y a (environ) deux mois à la rencontre d’une partie de l’équipe de CQFD, nous en sommes revenus avec le sourire. Motivés comme jamais. Un peu, c’est vrai, à cause du soleil marseillais et du rosé local… Mais surtout parce que ceux du Chien Rouge ne trichent pas, à l’image de leur journal.

À l’image de leur local aussi, petite rédaction, bordélique et chaleureuse. Des chiens rouges qui montrent les dents à tous les coins de murs (mordre et tenir !) ; une table commune encombrée de boutanches, de papiers divers et de cendriers ; un local sis dans une petite rue paumée, loin du bruit. Bref, une tanière sur mesure. C’est là que nous avons rencontré trois des membres de la rédaction du journal, François Maliet, Nicolas Arraitz et l’amie Juliette Volcler, pour évoquer la situation et les horizons du mensuel. Ni grands discours ni grandiloquence, juste la présentation d’une démarche sans concession et de la mise en pratique quotidienne des idéaux qui animent le journal depuis son lancement, en 2003. En clair : autogestion et indépendance, sans hiérarchie ni rédac-chef.

Un modèle, donc. Financièrement parlant, pourtant, CQFD a connu des jours meilleurs. Voire, se serre un tantinet la ceinture (la faute, notamment, à un hors-série photo qui a fait flop dans les kiosques). Qu’importe : la lassitude ne l’emportera pas, les crocs sont toujours prêts à mordre et la mâchoire à tenir.
On hasarderait même un pari : dans dix ans, le mensuel sera toujours là, réjouissant franc-tireur de la presse alternative. Nous, on continuera à l’acheter. Et on espère bien que tu feras de même1.

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Après une période plus florissante, CQFD renoue avec la galère. Ça doit être usant…

François Maliet : Oui, c’est pénible.

En septembre 2008, quand on a lancé l’opération « l’abonnement ou l’abandon »2 pour décrocher 2 000 abonnements supplémentaires, on était un peu à bout. On fatiguait vraiment, ça faisait six ans qu’on faisait ce canard et on commençait à en avoir marre d’être dans la mouise. Bref : on avait vraiment besoin de ce soutien.
Et ça a marché. Bien marché, même : on a eu à peu près ces 2 000 abonnements supplémentaires qu’on demandait. En trois mois ! Le copain qui gère le courriers devenait fou… Il se retrouvait avec de gros tas d’enveloppes chaque matin…

À l’époque, ça nous a regonflé. Financièrement, bien entendu. Mais aussi parce que nous avons reçu pleins de mots de soutien, d’encouragements. Et de gestes sympas : une nana nous a proposé de venir passer gratuitement une semaine dans son gîte du Massif Central, des gens passant devant notre local, tapaient à la porte et déposaient un pack de bières, un mec de Limoges nous a envoyé un colis rempli de gâteaux, etc. Il y a même un lecteur qui a payé son abonnement avec du calva artisanal… Ce soutien moral a été essentiel.

Nicolas Arraitz : Sauf que… Le problème, c’est qu’un peu plus d’un an plus tard, une fois les abonnements arrivés à échéance, on s’est retrouvé peu ou prou au point de départ. La galère, à nouveau.

François : Jusque-là, on se débrouillait en jonglant entre les emplois aidés et les droits Assedics. Mais là, il n’y a plus rien : on n’a plus d’emplois aidés, on n’a plus de droits chômedus. On se débrouille, hein : le maquettiste passe son temps à faire des chantiers, à poser du placo ; moi, je pige un petit peu à droite, à gauche ; etc. Au fond, nous avons l’habitude de la galère financière, c’est juste qu’on fatigue sur la longueur.

Nicolas : Et nous avons une impression de recul (même si dans l’absolu, ce n’en est pas un), parce que tous ceux qui se sont abonnés en avalanche quand nous avons poussé ce cri d’alarme ne se réabonnent pas. Et de loin.

François  : Nous n’avons pas regardé précisément, mais nous perdons à peu près la moitié de ceux qui se sont manifestés après la campagne « l’abonnement ou l’abandon » : 50 % d’entre eux ne se réabonnent pas. Comme le PS après les élections, en fait, les gens ne reprennent pas leur carte…
Aujourd’hui, CQFD fait à peu près à 3 000 ventes en kiosques et autant d’abonnés. C’est-à-dire 6 000 ventes. Mais, paradoxalement, le titre semble plus connu que ça…

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Vous allez relancer une campagne ?

François  : Nous l’avons déjà fait un petit peu. Nous avons relancé par mail puis par lettres les anciens abonnés qui ne s’étaient pas réabonnés. Mais nous n’allons pas non faire tous les ans le coup de « on arrête », ça deviendrait lassant… Ça me rappelle Politis quand j’étais gamin : à une époque, tous les six mois, ils lançaient un appel en disant « Politis va mourir »

Le truc, c’est qu’on pense faire un canard qui n’est pas trop mal - enfin, on le voit comme ça. Et que ça a un côté désolant de constater, bon an mal an (ou bon numéro mal numéro), que nous plafonnons au mieux à 6 000 exemplaires. Ce n’est pas une question de pognon, mais plutôt d’intérêt suscité. Au fond, la vraie question est celle-ci : pourquoi n’y a t-il pas plus de gens qui s’intéressent à notre journal ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à toucher davantage de gens ? A un moment, cela aussi fait partie de la fatigue, du malaise.

Juliette Volcler : Ce n’est d’ailleurs pas propre à CQFD. Allez discuter avec les gens des radios libres, associatives, vous vous rendrez compte que la même fatigue frappe ceux qui portent la machine, ceux qui sont au cœur. Parce que c’est très lourd de porter une structure. Il y a sans cesse besoin d’un renouvellement, et celui-ci n’est pas évident à trouver.

Nicolas : Pour nous, c’est d’autant plus dur que le canard a bien évolué. On est loin de l’esthétique du premier numéro et le journal s’est étoffé, au niveau de la forme et du ton. Il s’est enrichi même, avec un éventail de sujets abordés, de gens qui contribuent avec des tons différents. Pourtant, on a parfois l’impression que les gens ne nous voient, sous la carapace du chien rouge, que comme un pamphlet ultra-gauche ou comme un truc anar au sens étroit du terme. Et il faut bien constater - même si nous n’avons aucune envie de renier cet héritage - que ça joue contre nous.

François : Et on se dit aussi - c’est une idée, hein, nous n’avons jamais fait d’étude de marché - qu’on pâtit peut-être d’une forme radicale dans la présentation du canard. L’impression rouge et noire, le chien, le « Ce qu’il faut détruire »… ce genre de trucs.

Pour revenir à cette idée : ne pas réussir à parler à plus de gens nous pèse un peu, c’est sûr.

Le supplément photo était une tentative d’en sortir ?3

François : En partie. Sa publication répondait d’abord à une envie de faire autre chose ; c’est d’ailleurs qu’on expliquait dans l’édito4. Mais il y avait aussi cette idée de taper ailleurs, de s’adresser à d’autres personnes que nos lecteurs habituels. De toucher tous ceux qui auraient pu être intéressées par un tel projet.

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Et ça n’a pas fonctionné ?

Nicolas : Pire… Les ventes ont été en-dessous de tout ce qu’on imaginait. On savait que c’était risqué - ce n’est jamais gagné de faire quelque chose de totalement différent sans avoir de force de frappe, de force d’artillerie au niveau de la communication, de la pub, etc. Donc, on savait bien qu’on pouvait perdre du fric. Mais pas autant… En fait, ça a été pire que les pires prévisions… Si on se retrouve tous au chômage aujourd’hui, c’est en grande partie à cause de ce hors-série.

François : Pour résumer, disons que ça ne s’est pas bien passé…

Nicolas : Et le lectorat qui nous est d’habitude acquis ne nous a pas suivi. On a même eu droit à des engueulades de la part des lecteurs : « Mais qu’est-ce que vous vous foutez ? Vous voulez péter plus haut que votre cul ? C’est quoi cette quadri en papier couché ? »

François : C’est important pour nous de comprendre pourquoi les gens n’ont pas suivi. C’est peut-être juste une histoire de fric, un manque d’argent. Peut-être aussi qu’on aurait pu mieux mettre en valeur les photographies sur ce coup ; moins en mettre mais leur donner plus de place. Ou alors, c’est que le projet était trop décalé par rapport à l’idée qu’ils se font de CQFD, un canard plutôt pamphlétaire et avec une esthétique un peu punk.

Si on résume : un, vous n’avez pas été suivis par vos lecteurs ; deux, vous n’avez pas réussi à en trouver d’autres…

François : Ben voilà…

Si on se retrouve dans la merde aujourd’hui, c’est qu’on a quand même tiré ce hors-série à 15 000 exemplaires. On avait été ambitieux… Et on en avait placé beaucoup en kiosques, davantage que ce qu’on fait d’habitude. Avec dans l’idée d’élargir notre lectorat.

Vous allez continuez à expérimenter de nouvelles formes, ou ça vous a complétement dégoûtés ?

Nicolas : Attention, on n’a pas envie d’évoluer pour évoluer. On est très loin de cette pensée marketing, on ne cherche pas à attirer de nouveaux lecteurs, à lancer des formules à la Libé ou à chercher de nouveaux segments. Ce n’est pas du tout notre optique.

Mais il y a cette envie d’essayer, d’inventer de nouveaux trucs, pour ne pas stagner, ne pas s’emmerder, ne pas ronronner. Et puis, cette frustration qu’on évoquait un peu avant. Cette question : « Quand est-ce qu’on va réussir à se faire connaître de nouveaux lecteurs ? »

Juliette : Le truc aussi, c’est que ce journal s’est coupé de pas mal de soutiens ou d’appuis dans le monde dit alternatif par son choix de publier une rubrique « faux-amis » ou de pratiquer une critique des médias assez radicale. C’est un isolement assumé, issu d’une intransigeance dans le sens positif du terme. CQFD n’est pas un média alternatif qui tombe dans la complaisance ou n’est pas cohérent avec lui-même – il y en a…

François : C’est sûr qu’on se paye le luxe d’être un journal qui tape sur le taulier des Désobéissants, lors des événements de Strasbourg, ou qui épingle un animateur radio reconnu… Ça a toujours un prix : on paye clairement ces choix éditoriaux.
Après l’article sur Les Désobéissants5, on a reçu quelques échos du genre : « CQFD, je les ai soutenus quand ils étaient en galère. Ce n’est pas pour qu’ils me crachent dessus à la première occasion… » Et les articles mettant en cause Daniel Mermet, d’abord fin 2003 puis en 20046, nous ont valu d’être ostracisé à Là-Bas si J’y suis.

Nicolas : L’article n’était pourtant pas outrancier. Il reconnaissait la valeur de l’émission, l’importance qu’elle avait dans le paysage français, la qualité du travail effectué : ce n’était pas du rentre-dedans. Juste, nous avions fait le choix de dire : « Ben oui, c’est critiquable. »

Vous regrettez d’avoir publié ce papier ?

François : Non, aucun regret.

Et vous le republieriez exactement de la même façon ?

François : Il faudrait organiser un comité de rédaction. Mais pour ma part : oui.

Justement : vous discutez toujours du contenu du journal ?

François : Bien sûr. Nous sommes sept au comité de rédaction et tout s’y discute.

Nicolas : Toutes les décisions importantes sont mises en discussion : ce qu’on publie, quelle orientation prend le canard, etc… Les désaccords sont rares, les décisions se prennent en général sur un consensus discuté.

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Il n’y a pas de chef ?

François : Absolument pas. La loi nous oblige à avoir un directeur de la publication, mais le titre n’a aucune incidence chez nous. Il est même censé tourner tous les ans ; comme c’est pénible, qu’il faut refaire les papiers à chaque fois et que tu es convoqué par les flics, on ne le fait plus. Mais l’esprit est là : la direction est tournante et personne n’a un avis plus important.

C’est d’ailleurs ce mode de fonctionnement le plus horizontal possible qui nous donne envie de continuer. Ici, on sait qu’on est chez nous, que chacun est écouté quand il a un avis à donner, qu’on arrive à fonctionner collectivement. Ce n’est pas toujours facile, on s’engueule parfois, mais c’est un vrai plaisir.

Nicolas : On n’arriverait plus à fonctionner autrement.

François : Et tant pis si les choses prennent du temps, si ça complique parfois notre fonctionnement. De toute façon, au bout d’un moment, une certaine forme d’habitude, de routine se met en place : on connaît les préférences de chacun, les réactions des uns et des autres…. On sait aussi que tout ça est super-fragile ; on fait donc vachement gaffe les uns aux autres.

Ce n’est pas qu’une question d’amitié. Aujourd’hui, nous nous entendons tous très bien, mais je ne crois pas que ça tienne uniquement sur l’amitié. Ça aide à fluidifier les choses, bien entendu, mais ce n’est pas ça qui nous permet de décider collectivement.

Juliette : Produire un canard, c’est aussi inventer ensemble une organisation du travail, une gestion du collectif, voire même un mode de vie. Il n’y a pas seulement la production d’un journal, mais aussi d’une manière de s’organiser différemment. C’est sans doute aussi l’un des enjeux des canards alternatifs, de créer les conditions de leur existence. Pour moi, faire un média alternatif, c’est aussi inventer une autre manière de vivre. C’est une expérimentation sociale.

Et dans la pratique ? Comment vous vous organisez pour relire et valider les textes ?

François : Pour la relecture, les textes circulent au sein de la rédaction : tout le monde peut les lire et commenter par mail. Une fois qu’ils sont validés collectivement, il y a un éventuel travail de correction et de réécriture : celui-ci est conduit par trois membres de la rédaction, mandatés pour cela. Une fois relu, le texte revient à l’auteur, qui peut éventuellement refaire des corrections. Et quand tout le monde est d’accord, le texte part à la maquette.

Parfois, il faut calibrer, d’autre fois réécrire, notamment parce qu’une bonne part de ceux qui nous envoient des papiers ne sont pas plus journalistes que nous et que tout le monde n’a pas les mêmes facilités. Comme ce sont des gens qui travaillent bénévolement – seraient-ils payés qu’il en irait de même – tu ne peux pas te permettre de mettre les mains dans un papier, de l’envoyer à la maquette et que les gens découvrent leur article dans le journal avec les modifications. C’est pour ça qu’on a mis en place ce système. C’est un peu long et compliqué, mais nécessaire.

Aujourd’hui, on s’organise mieux, on est plus carrés. Mais ça ne nous empêche pas d’encore terminer à 4 h du matin les jours de bouclage. Comme dans les films… Ça fume, il y a des canettes partout, il est trois heures du matin, tout le monde est à la bourre, et là t’as l’écran qui fait : pschiiitt

C’est le côté rebelle, chien rouge, ça… D’ailleurs : si vous deviez définir votre ligne éditoriale ?

François : Je crois qu’on est différent de la plupart des canards de la presse alternative, qui ont des domaines bien particuliers : c’est le cas de La Décroissance, du Plan B avec la critique des médias – même s’ils ne font pas que ça7 - , du Tigre… En terme éditorial, nous tapons plus large, sans avoir une ligne très précise. Disons que nous nous régalons à chaque fois qu’il y a un pet dans les rouages, qu’il se joue une opposition, qu’il y a des gens se bougeant pour lutter dans une usine ou s’organisant pour vivre différemment. Nous avons l’impression d’être sur quelque chose de plus large que la presse indépendante existante. Et on se régale d’être hétéroclite. De toucher à plein de choses et de ne pas être sectaire. De parler d’ouvriers en grève comme des gens qui vivent dans des yourtes.
Notre idée, c’est de relayer les luttes et les alternatives. Tout en évitant tout dogmatisme : nous n’avons pas, à la différence d’autres titres, d’idées absolument arrêtées sur ce que doit être la lutte, la façon de renverser la société actuelle.

Nicolas : Contrairement à de nombreux autres canards, nous ne sommes pas des observateurs de la vie politique. A sa manière – et ce n’est pas une façon de le déprécier – Le Plan B est en permanence dans un travail de décryptage, de compilation, d’archivage des dérapages des médias et des grandes stars de la presse. Quant à La Décroissance, elle épingle systématiquement les tartuffes de l’écologie et les grands prêtres de la croissance. Nous, on a la rubrique Faux Amis, notre camarade Sébastien Fontenelle dégomme les politiques et les médias dans ses chroniques, etc, mais nous ne faisons pas que de la dénonciation : nous regardons la réalité à notre niveau, celui de la rue. Nous axons prioritairement notre travail sur les rapports sociaux, sur la réalité vécue par les gens, sur leur vie.

François : On a reçu un courrier d’un lecteur nous expliquant qu’il a tout de suite adoré Le Plan B mais qu’il a eu beaucoup plus de mal à apprécier CQFD, parce qu’il lui a fallu du temps pour comprendre notre façon de faire. Et il termine à peu près ainsi : « Au bout d’un moment, j’ai saisi que vous regardez par le petit bout de la lorgnette, sans donner de grandes règles, et que c’est ensuite à nous lecteurs de nous façonner notre vision du monde. » Au début, ce terme de « petit bout de la lorgnette » nous a vexés. Mais finalement, ça nous va bien.

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Et comment CQFD se projette dans l’avenir ? Il y a des choses que vous voudriez changer ?

François : Déjà, on va continuer. Et puis, on pense à des changements, sans que ce soit forcément à court terme. Nous avons déjà songé à accélérer le rythme de parution, ça nous titille. Arthur, un vieux de la vieille de la presse alternative, un ancien de La Gueule Ouverte qui écrit chez nous et pige à Siné Hebdo8, assure que c’est la formule hebdomadaire qui fonctionne réellement dans les kiosques. Que sortir une fois par semaine à jour fixe « fidélise » beaucoup plus le lecteur que sortir chaque 15 du mois. Et que ça permet aussi de travailler avec davantage de constance, de garder la flamme toujours allumée. Nous, on commence à s’exciter à la fin du mois, pour un bouclage qui tombe le 10… Si on pouvait changer ça, ce serait bien.

Ça nous titille, mais c’est sans doute hors de portée pour l’instant. Et donc, si la fréquence reste la même, on se dit qu’on pourrait augmenter la pagination. En aérant plus, en laissant plus de place aux dessins, en proposant des articles plus longs, des enquêtes et de vraies pages cultures.

Un peu avant, vous évoquiez les autres titres… Il y a justement une certaine vitalité de la presse alternative en ce moment, ça bouge pas mal…

François : Oui, c’est un milieu plutôt vivant ; on le voit avec Z, avec Le Tigre.

Mais j’ai tendance à croire - je m’avance peut-être un peu - que c’est au final plutôt un constat de l’échec de l’action politique. Il y a eu un bon papier là-dessus dans la revue Offensive : l’auteur rappelait en gros que la politique, ce n’est pas seulement faire vivre des titres de la presse alternative, parce qu’on a de toute façon accès à l’information aujourd’hui, mais surtout d’être militant, d’être actif dans sa fac, dans son usine, dans sa boîte, dans sa rue. Je trouve qu’il n’a pas tort : si les gens se mettent à écrire et à participer à des journaux alternatifs, c’est peut-être parce qu’ils ont le sentiment qu’il est impossible d’arriver à quelque chose par l’action politique, par le militantisme classique.

Vous croyez que les journaux alternatifs devraient unir leurs forces ?

François : Je crois davantage à une coopération entre les différents médias indépendants : il faut réussir à trouver un moyen pour fonctionner de manière plus proche. Il y a des choses qui ne se font pas, mais ne seraient pas si difficiles à mettre en place : savoir ce qu’il va y avoir à l’intérieur de tel journal, proposer des échanges d’articles, mettre des entretiens en commun…

Nicolas : Le paysage de la presse indépendante est composé de petits canards morcelés, plus ou moins en difficultés permanentes pour survivre. Et c’est vrai que ces titres pourraient peut-être, s’ils mettaient leurs forces en commun, vendre autant que - par exemple - Siné Hebdo9. Réunir les qualités de Z, de Fakir, du Plan B, de CQFD, ça fait évidemment gamberger…

Personnellement, c’est une idée qui ne me fait pas peur. Mais je suis un peu isolé, les réticences sont nombreuses. Pour deux raisons…

D’abord, il y a de vraies divergences politiques entre ces titres, même s’ils se retrouvent sur la critique de cette société qu’on nous impose. Une partie de cette presse alternative – disons Le Plan B et Fakir, en y englobant Le Monde Diplomatique – semble nostalgique de certains combats du passé - ce qui apparaît bien avec la remise en avant du programme du CNR. Et j’ai un peu l’impression qu’elle se trouve en partie incapable de penser les enjeux contemporains. Ces titres croient encore aux vertus d’un État bénéfique, humaniste, habillé en rose et qui nous tirerait les marrons du feu… Tandis que nous pensons qu’il faut chercher de nouvelles pistes, alternatives, graines à semer pour une autre société. C’est bien pour ça que CQFD fait à la fois de la critique et de l’expérimentation sociale.

Et puis, il y a une deuxième profonde divergence avec ces titres, c’est celle du fonctionnement. Nous aurions du mal à lâcher notre façon de fonctionner. S’il s’agit de trouver de nouveaux complices, de mettre en place des échanges, ok. Mais CQFD ne lâchera jamais sa manière horizontale de fonctionner, ni son refus des hiérarchies.

François : Par contre, ça pourrait être intéressant de se retrouver avec des journaux laissant la place à des voix dissonantes et donnant naissance à des débats. C’est quelque chose dont nous manquons.

Nicolas : C’est l’une de nos plus grosses frustrations : ne pas avoir de débat, de polémique. Ce n’est pas que je rêve des pages Rebonds de Libération, hein… Mais alors que nous avons la réputation d’une certaine virulence, d’un certain ton polémique, il y a relativement peu de réactions constructives façon : « Je ne suis pas d’accord sur ce point, pour telle et telle raison. D’ailleurs, je vous propose de publier ce texte. » J’aimerais bien que ça arrive plus souvent, qu’on sente qu’on a touché quelqu’un, qu’il y a quelque chose en face.

Heureusement, nous avons les rencontres avec les lecteurs pour nous souvenir que nous avons un lectorat varié, chaleureux, sympa, pour ne pas avoir le sentiment de nous époumoner dans le désert… Et puis, on se dit que c’est sans doute l’époque qui veut ça. Que c’est d’elle que vient ce sentiment que les idées ne servent plus à rien, que rien ne sert de s’escrimer.

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Petit rappel : cet entretien s’inscrit dans une démarche plus large consistant à interroger des projets de presse alternative qui nous bottent et à dégager les problématiques liées à ce type de publication. En filigrane, nos propres interrogations quant à un passage papier.
Premier épisode : Le Tigre, à lire ici.
Deuxième épisode : Revue Z, à lire ici.
Troisième épisode : Le Postillon, à lire ici.



1 En passant, on te signale que si tu souhaites t’abonner, c’est ici que ça se passe. Ce serait dommage de laisser passer l’occasion.

2 Cet article de la rédaction de CQFD est à consulter ICI.

3 Publié fin novembre 2009 et vendu 6 €, ce hors-série photo de CQFD rassemblait 24 photographes sur 48 pages, dont Mat Jacob, Yohanne Lamoulère, Antoine d’Agata, Gilles Favier, Denis Bourges, Pierre-Yves Marzin, Damien Fellous, Martin Barzilai, Bernard Plossu, Françoise Nuñez. Ainsi que des auteurs tels que Jean-Bernard Pouy, Bruno Le Dantec ou Iffik Le Guen.

4 La rédaction présentait ainsi le projet, dans l’édito du Hors-Série : « Le fruit du plaisir que nous avons à explorer de nouvelles pistes, à tenter une percée dans des territoires où ni les amis, ni les ennemis ne nous attendaient. Un jeu — non dénué de sérieux —, une expérience. Et tout ça pour persister dans l’expression de notre fragile position dans le monde, dans cette existence contemporaine dont nous ne nous satisferons décidément jamais. D’où ce numéro spécial, sans grand discours ni épais concept, mais qui tombe à pic quasiment par hasard, comme une belle erreur dans le paysage. »

5 Soit ce papier-ci.

6 Il s’agit de deux articles, celui-ci puis celui-là.

7 Cet entretien a été réalisé avant que Le Plan B n’annonce sa fermeture.

8 Cet entretien a aussi été réalisé avant que Siné Hebdo ne mette la clé sous la porte.

9 Pour la dernière fois, cet entretien a été réalisé avant que Siné Hebdo et Le Plan B ne ferment boutique.


COMMENTAIRES

 


  • samedi 5 juin 2010 à 00h27, par #FF0000

    « Le truc, c’est qu’on pense faire un canard qui n’est pas trop mal - enfin, on le voit comme ça. Et que ça a un côté désolant de constater, bon an mal an (ou bon numéro mal numéro), que nous plafonnons au mieux à 6 000 exemplaires. Ce n’est pas une question de pognon, mais plutôt d’intérêt suscité. Au fond, la vraie question est celle-ci : pourquoi n’y a t-il pas plus de gens qui s’intéressent à notre journal ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à toucher davantage de gens ? A un moment, cela aussi fait partie de la fatigue, du malaise. »

    Faut prendre la question plus largement aussi comme un symptôme de l’état actuel de la société. De la même façon que le NPA est incapable de vendre leur canard (« Tout est à nous », qui se vend beaucoup moins que « Rouge », qui lui même se vendait pas des masses). C’est pas (pas uniquement) lié à la question du canard en tant que tel ou du groupe qui le soutient (même si pour « Tout est à nous » c’est assez révélateur pour le NPA, ça doit bien les emmerder ; et plus que les élections, du moins pour ceux qu’ont encore un semblant de culture politique). C’est aussi lié au recul actuel général que vit la société : c’est un symptôme de plus, comme l’est le retour du religieux (beaucoup plus de filles voilées aujourd’hui qu’il y a quinze ans, les témoins de jehovah qui n’ont jamais autant cartonnés, les cathos intégristes qui renaissent, etc.), la faiblesse (relative ...) de nos manifestations ou l’apathie générale de la population résignée. Mais tout ça peut changer, très vite (quelques petites victoires, ça fout le moral, ça peut aller loin) ; c’est pour ça qu’on (certains d’entre nous ...) est révolutionnaire, c’est pour ça aussi qu’il faut pas trop se focaliser sur des chiffres qui stagnent, jusqu’à un certain point c’est pas le canard qui est en cause (bon si c’était une daube, ça serait différent, mais c’est pas le cas). Bravo à CQFD sinon, moi suis toujours abonné. :-P

    • samedi 5 juin 2010 à 00h39, par #FF0000

      Ah ouais et j’oubliais, je ne sais pas trop comment dire à quel point je suis d’accord avec ça :

      « Mais j’ai tendance à croire - je m’avance peut-être un peu - que c’est au final plutôt un constat de l’échec de l’action politique. Il y a eu un bon papier là-dessus dans la revue Offensive : l’auteur rappelait en gros que la politique, ce n’est pas seulement faire vivre des titres de la presse alternative, parce qu’on a de toute façon accès à l’information aujourd’hui, mais surtout d’être militant, d’être actif dans sa fac, dans son usine, dans sa boîte, dans sa rue. »

      Et ça :

      « Une partie de cette presse alternative – disons Le Plan B et Fakir, en y englobant Le Monde Diplomatique – semble nostalgique de certains combats du passé – ce qui apparaît bien avec la remise en avant du programme du CNR. Et j’ai un peu l’impression qu’elle se trouve en partie incapable de penser les enjeux contemporains. Ces titres croient encore aux vertus d’un État bénéfique, humaniste, habillé en rose et qui nous tirerait les marrons du feu… »

      Sinon ça m’arrive souvent de pas être d’accord avec tel ou tel article ; un jour je verrai si j’y répondrai, puisqu’ils veulent de la polémique. ;-)

      • Tout d’accord. Et :

        « la faiblesse (relative ...) de nos manifestations ou l’apathie générale de la population résignée. »

        C’est surtout ça qui me frappe, davantage que le retour du religieux. La résignation, le manque d’envie de se battre et jusqu’au refus à envisager quoi que ce soit d’autre que le système actuel, d’imaginer qu’il puisse être bousculé ou renversé. La contestation ne se vit plus, et elle ne se pense plus. Elle ne se lit plus non plus, comme tu le soulignes, et CQFD en fait forcément un peu les frais.

        • dimanche 6 juin 2010 à 13h59, par #FF0000

          Disons que l’apathie générale c’est la manifestation à grande échelle d’un certain mal-être alors que le retour du religieux c’est une des traductions, une des conséquences aussi. Dans les deux cas, ça a une cause principale, qui est l’absence de perspectives que pourraient proposer des militants (révolutionnaires, tant qu’à faire), l’absence de réseaux, de solidarité ouvrière.

          Maintenant, il suffit d’un mec un peu plus avancé (là on va me traiter d’avant-gardiste autoritaire bla bla, mais c’est juste une réalité : le mec qui a déjà vécu et gagner une grève, il en sait plus que le mec qui ne l’a jamais fait) et volontaire dans une boîte, pour en entraîner des centaines d’autres. Et de petites victoires, on passe vite à autre chose ; on réapprend vite l’autonomie. Continental, un an avant leur belle lutte, ils (la CFTC...) signaient les 40 heures. Á la dernière fête de LO y a eu un petit débat (cf. lien en dessous) sur la situation dans l’automobile, je crois que les gars expliquent bien comment de petites victoires peuvent refoutre le moral, redonner des perspectives, etc. Même si pour le moment c’est vraiment pas grand chose. Bref, la résignation, c’est pas une fatalité.

          Le jour où il se passera qqch de plus grande ampleur (et c’est pas du millénarisme que de dire ça, on y va sans aucun doute, c’est pas comme si les contradictions de la société étaient en train de se réduire !), je suis sur que CQFD trouvera une audience comme jamais ils n’auraient imaginés.

          Sinon oui, évidemment on est plus frappé ici par une sorte de résignation, un repli sur soit (superbement produit par l’évolution du salariat depuis 30 ans, avec la multiplication de la sous-traitance, de l’intérim, etc.), que par « le retour du religieux » (c’est le titre d’un film d’horreur irlandais, non ?) ; mais à l’échelle de la planète c’est pas forcément la même chose : suffit de regarder la Palestine, ou comment on est passé de l’OLP (avec tous ses défauts, notamment son nationalisme), au Hamas ... et c’est pareil en Égypte, en Algérie, et dans bien d’autres coins.

          NB : en dessous je fous le lien vers le truc sur l’automobile (si vous avez la flemme de tout mater, on peut ressortir notamment les deux dernières minutes, le mec de Renault Le Mans) ; je vous conseille vivement d’écouter le truc sur Haïti aussi.

          Voir en ligne : Forum sur la situation dans l’industrie automobile

          • Eheh, espèce « d’avant-gardiste autoritaire bla bla » !

             :-)

            Plus sérieusement, ton argumentaire me semble frappé au coin du bon sens. Une victoire - même symbolique - en entraîne d’autres, ouvre le champ des possibles, donne conscience de la puissance commune. Mais à l’inverse, aussi : une multitude de défaites, plus ou moins minimes, cadenassent l’envie et bloquent tout mouvement. Et là, on est en plein dedans.

            Je veux croire aussi qu’un rien suffira à renverser la vapeur. Mais même un rien, en ce moment…

            (Pas encore eu le temps de mater la vidéo. Mais je m’y colle au plus vite. Hop !)

            • mardi 8 juin 2010 à 15h48, par colloghan (impatient)

              On fait l’malin, mais ... Tu ferais mieux de te secouer la couenne et d’avancer sur la version papier d’A11 (« La A11 permet de relier Paris à Nantes depuis le Péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines jusqu’à Nantes via Le Mans et Angers. Elle est appelée L’Océane. » dit wikiblah). Au rythme où ça va, j’vais m’faire offrir un abonnement à partir du n°1 pour noel !
              Allez ! au boulot !



  • samedi 5 juin 2010 à 09h29, par Jean Calman

    Comme disait José Arthur le mardi soir,il y a les indispensables :
    Le Canard enchainé et Charlie (de la bonne époque).
    Après :Siné,CQFD,Plan B,Fakir,Décroissance,le diplo,Sortir du nucléaire,le monde libertaire,etc....
     × Comment choisir ?Un coup l’un,un coup l’autre.
     × Tu es dans la rue,des gens font la manche,tu passes et tu ne donnes rien:tu es un enfoiré et tu te sens un enfoiré.Tu donnes un peu à tous,il te faut de l’argent et du temps pour t’arrêter à chaque personne.
     × CQFD:c’est trop Marseille.Fakir:trop Amiens.

    • samedi 5 juin 2010 à 09h41, par CaptainObvious

      Parce que quand CQFD fait un article sur le Chiapas c’est trop marseillais ? Quand Fakir fait un dossier sur la casse des avancées du CNR c’est trop amiènois ?

      C’est marrant que dès que quelque chose n’est pas centré sur Paris, elle devient trop provinciale au yeux de certains.

    • samedi 5 juin 2010 à 12h38, par #FF0000

      D’indispensable à très dispensable, il n’y a qu’un pas (Charlie, Siné, Décroissance) ; question de point de vue j’imagine. Enfin bon, tu poses la question comme s’il s’agissait d’un geste politique fort : bah non, raté, c’en n’est pas un ; surtout si tu nous présentes ça comme de la charité.

      Sinon, pour rappel, il n’y a pas que la presse « alternative » (y aurait bien des choses à rajouter d’ailleurs, entre Z, l’oppressoir, barricata, la lettre à lulu, l’envolée, etc.) : on a aussi une presse politique (Offensive de l’OLS, Courant Alternatif de l’OCL, Lutte Ouvrière de LO, Tout est à nous du NPA, Échanges qui est lié à des conseillistes, Convergences révolutionnaires de L’étincelle, etc.), plus théorique (Temps critique, Actuel Marx, Contretemps, Conjonctures, Dissidences, Divergences, Krisis, Mortibus, Multitudes, Réfractions, Théorie communiste, etc.) ou mêmes historique (Gavroche, Le mouvement social, etc.). (Je cite assez largement, y a du très bon et du très mauvais, mais ça changera pour chacun)

      Et y a aussi les daubes immondes (Rebetiko). :-)



  • samedi 5 juin 2010 à 09h46, par CaptainObvious

    Vous croyez que les journaux alternatifs devraient unir leurs forces ?

    Je me suis toujours dis que plus qu’un parti, ce qu’il manque pour les idées de gauche c’est clairement un media de masse (un journal vu que c’est le plus facile). Après je ne crois pas que la réunion de petits médias alternatif puisse y réussir, à cause justement de leur nature même d’équipe alternative et indépendante (et non, je n’ai pas de solution).

    • samedi 5 juin 2010 à 11h34, par anonyme

      A mon avis, les journaux indépendants (on est obligés a utiliser le terme alternative ?) doivent unir leur forces pour créer un nouvel système de distribution.
      Pour le reste, je pense que chaque publication est une diversité, et que son mystère réside la bas et c’est bien comme ça. Le probleme est la distribution, elle décide a la place du lecteur et empêche que cette diversité indépendant, alternative ou comme on veut l’appeler, soit connu par un publique plus large.

      Et en tout cas, longue vie au CQFD.

      • @ CaptainObvious : c’est clair, la réunion des titres ne semble pas vraiment possible. Ni même souhaitable, d’ailleurs.

        @ anonyme : pour le terme « alternatif », tu n’as pas tort : je sais que pas mal de gens parmi les concernés se refusent à l’utiliser, parce qu’il porte validation du système existant. En ce qui me concerne, il ne me dérange pas plus que ça. Mais je comprends tout à fait qu’on préfère « indépendant » à « alternatif ».

        « unir leur forces pour créer un nouvel système de distribution »

        Tu as tout à fait raison, c’est là le noeud du problème. Il y a des gens qui connaissent beaucoup mieux le sujet que moi - et confirmeront ou infirmeront - mais il me semble bien qu’il y a déjà eu des tentatives de distribution parallèle, sans que ça ne dure très longtemps.

        • mercredi 9 juin 2010 à 11h45, par anonyme II

          Un autre probleme du terme alternative (la même chose pour indépendant, finalement) est que petit a petit on tombe dans la dichotomie : les bons et les méchants. Et on est bons (bonnes) par défaut. On est alternative car on n’a pas de choix... en fait. Mais bon, il ne faut pas non plus philosopher a l’éternité. Indépendants, alternatives, c’est aussi un parti pris.

          Pour le système de distribution. Certes, pas mal des gens on essayé. Le Plan B par exemple, mais le Plan B a fait un réseau pour sa publication uniquement. L’idée, a mon avis, sera de créer une coopérative de distribution. Comment on faire. Aucune idée. Mais, si les autres, les non alter, ont réussi a faire son NMPP, pour quoi nous, les bons et sympas on n’arrivera pas ?

          Il faut des voitures, j’imagine. Il faut s’organiser. Il faut convoquer a une assemblée générale. Les amis de l’imprimerie de Ravin Bleu, par exemple, ils font livraison de ce qu’impriment. C’est le début de la distribution. Il faudra parler avec eu.

          Il faut penser peut être aussi des points de vente alternatives. Les AMAP ont arrivé a faire ça.

          Il y a des choses a réfléchir. En tout cas, je trouve que cet série d’interviews sur la presse écrite alter-sympa est un bon espace pour reprendre la discussion de comment résoudre le probleme de la distribution, la diffusion et la vente. Merci a l’Article 11.

      • dimanche 6 juin 2010 à 19h13, par CaptainObvious

        Je dirais que dans le cas de CQFD ou du plan B cela les définis bien.



  • samedi 5 juin 2010 à 15h00, par PPellicer, varan des khlongs

    ça donne envie d’acheter CQFD plus souvent !

    J’étais pas au courant de « l’affaire Mermet » tiens ! Ça fait un peu peur. On se demande ce qu’ils foutent à la rédac’ de LBSJS. A cinquante-neuf contre un le problème devrait déjà être résolu.
    Je rallumerai la radio quand LBSJS sera « autogérée ».

    Bon après cette petite digression, merci à l’équipe d’article XI pour ce nouvel article. La fréquentation de votre site est un vrai plaisir, devenu quotidien.

    • Tout d’accord : il faut acheter CQFD.

      « Je rallumerai la radio quand LBSJS sera »autogérée« . »

       :-)

      Et on appellera ça la Commune de France Inter.

      (Et encore : merci à toi)

    • dimanche 6 juin 2010 à 12h20, par les amis du négatif à l’oeuvre

      Salut,
      Pour notre part nous avons relayé l’article de ARTICLE XI sur nos pages.
      Nous l’avons dit aux gens de CQFD avec ce petit message :

       × "Salut à vous,

      Vous êtes présents dans nos « liens » depuis longtemps sur nos pages.
      Nous avons relayé ce matin le dernier billet de « Article XI » à votre propos.
      On se serait bien abonné aussi, mais question thunes pour nous c’est « just » aussi , un peu beaucoup, dinguement même....

      Alors pour se serrer chaleureusement les pattes et acérer nos crocs...on a fait ce que nous pouvions et vous assurons de toute notre sympathie hargneuse.

      Bien amicalement,
      Steph.
      http://nosotros.incontrolados.over-blog.com/article-cqfd-ne-pas-stagner-ne-pas-s-emmerder-ne-pas-ronronner-51745404.html "

      Bien le bonjour à celles et ceux de Article XI.Voila qui donnent du cœur à l’ouvrage pour la démolition de tout ce qui existe !

      Steph.

      Voir en ligne : CQFD : ne pas stagner....

      • lundi 7 juin 2010 à 00h20, par H2

        Salut à tout le monde ...

        Je ne sais pas si je serais lu- Tant pis. J’ai préféré poster ici avec « le chien rouge ».

        Voici un article pas piqué des vers :

        « Crise : Scénario pour 2010, par Jean Claude Werrebrouck »
        http://contreinfo.info/article.php3...

        EXTRAIT :

        « Il sera - malgré le technicisme des discours et l’opacité des bilans - de moins en moins difficile en 2010 de faire comprendre aux victimes déboussolées de la crise, qu’ils paient 2 fois : une fois comme victime de la crise économique, une autre fois comme contribuable devant payer « la valeur ajoutée des banques ».

        Dans l’article de Jean Claude Werrebrouck on parle d’une réforme en 1976 à la Jamaïque qui a contribué à la toute puissance des marchés financiers. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour me souvenir des émeutes et de la chute du gouvernement issu du courant du socialisme Démocratique " étranglé par les USA, la Grande Bretagne et ......le FMI ! Déjà !

        Un peu comme en Grèce aujourd’hui.

        J’ai passé pas mal de temps à trouver un article potable.
        J’en ai trouvé un vraiment remarquable ; Sur le site de Lutte Ouvrière et je ne résiste pas à vous en donner le lien :
        Jamaïque - Au bout de l’impasse nationaliste : la loi des gangs et la pauvreté
        http://www.lutte-ouvriere.org/docum...

        Il est étonnant de s’apercevoir que la réalité était autrement plus complexe qu’on ne pouvait l’imaginer. Les bras vous en tombe à la lecture de cet article sur la Jamaïque et son histoire.
        Le « film » n’était pas tout à fait celui que j’avais cru voir...ou cru comprendre. c’est plus clair
        maintenant. Et comment !

        Quel rapport avec l’article de Jean Claude Werrebrouck et celui du site de Lutte Ouvrière ?
        Je ne doute pas que vous saurez le faire. A bientôt et merci pour l’article sur le CQFD. Très bien.
        Il faut s’abonner. Un très bon canard.

        • lundi 7 juin 2010 à 11h04, par JBB

          @ les amis du négatif à l’oeuvre : je ne peux guère ajouter grand chose, sinon merci pour eux (et pour nous, aussi).

          Ne reste plus qu’à tout démolir, comme tu dis. Et là, on a encore du boulot :-)

          @ H2 : pour la Jamaïque, je ne sais pas. Mais pour la conclusion, j’adhère : « Il faut s’abonner. » Pas mieux.

          • mercredi 9 juin 2010 à 16h50, par un passant tres ordinaire

            « Il faut s’abonner. » Pas mieux.

            Si tu me permets, mieux encore est l’acheter régulièrement dans le kiosque. Comme ça on fait que le kiosque s’intéresse aussi. Et on évite les camarades de galérer avec les paquets...



  • mercredi 18 mai 2011 à 04h48, par un-e anonyme

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