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mercredi 30 septembre 2009

Médias

posté à 08h50, par Lémi
24 commentaires

« Green-business » sauvera la planète : l’écologie bobo branchouille enfin en magazine !
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Si la crise nous a appris quelque chose, c’est bien qu’il y a des thunes à se faire dans l’escroquerie écolo-durable. Simple comme bonjour : pour sauver la planète, il faut en faire quelque chose de rentable. Les mecs qui viennent de lancer le nauséabond « Green Business », magazine pour entrepreneurs écolos, l’ont bien compris. Plongée dans un green world très capitaliste…

« Pour le développement durable, penser le futur ne signifie pas ouvrir un espace de transformations radicales possibles, mais naturaliser le système actuel, voir proposer une espèce de “fin de l’histoire”. »

Romain Felli, Les Deux âmes de l’écologie1.
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D’abord ton œil de badaud fatigué tombe sur l’affiche publicitaire présentant l’opus n°2. L’esprit embrumé, il te faut une ou deux secondes pour tilter, débloquer tes méninges et illico rebrousser chemin. Tu te places face à l’immondice, l’œil perplexe, les neurones hésitantes, et détailles la couverture du magazine en question. Green Business, ça s’appelle, et ça semble tout dire. En grand, la ganache à Cohn-Bendit, le menton dans la main genre penseur de Rodin en goguette, coquet (le green business lui va si bien). Une interview exclusive est annoncée, tu frémis. En haut de couverture, ce titre surréaliste : « PME : sept leçons pour réussir son business durable. » Et la petite accroche bobo des familles, plus bas : « Le tour d’Europe de l’urbanisme durable ».

Un instant, tu restes interdit. Green Business. Bordel, pas à dire, c’est alléchant question infamie bobo vomitive. Mais voilà : c’est plus que tu ne peux le supporter en ce matin nauséeux. Tu décides de faire le mec qui n’a rien vu, tes neurones sont déjà suffisamment tourneboulées par l’idée de VGE forniquant avec Lady Dy (tu as appris ça le matin même), pas moyen de rempiler pour l’horreur. Tu fuis comme un lâche.

Cette nuit là, la chose revient te hanter dans ton sommeil. Ivan Illich t’apparaît en rêve, il te somme de te coltiner l’infamie ou alors il reviendra personnellement te botter le train. Puis Theodor te menace : si tu fuis, tu es le prochain sur la liste d’Unabomber… Au réveil, tu comprends que tu n’as pas le choix, une mission t’a été confiée, tu ne peux reculer. Tu diriges tes pas vers une échoppe adéquate, tu déniches l’engin, il a l’air chic et toc, et tu l’empoignes de la main moite de l’adolescent achetant son premier Playboy. La vendeuse te regarde comme un pervers et glisse sybilline : « Ça se vend très bien en ce moment, le premier numéro a fait un carton. M’en direz des nouvelles. » Radasse.

Rentré chez toi, tu t’attaques à la chose. Et… ta journée s’illumine. Rien de maso là-dedans. Simplement, ces gens-là sont tellement minables et prévisibles que tu as le choix entre deux attitudes face à leur torchon : te lamenter sur l’inanité d’un système qui voit de telles bouses prendre leur aise en librairie et des lecteurs les lire en masse, ou bien te fendre la poire en déposant au passage quelques saillies fielleuses. En ces temps de disette humoristique, la deuxième solution s’impose. Facile, d’ailleurs, car ici, tout est invitation au rire. Les rubriques portent des intitulés genre sabir écolo-branchouillard pour neuneus durables : « Green buzz », « Briefing-attitudes », « Briefing-néo », « Grand green », « Porte nawak » (???) et ma préférée, consacrée à la bourse : «  Green 40 » (gnniiihh)… Ça sent ses heures de brainstorming pubard bas de gamme – « et si on mettait green tous les deux mots pour faire plus crédiblo-saxon » ? Ce green là, éponyme, annonce la couleur : il s’agit de réconcilier fric et écologie, business et développement durable. En résumé : capitalistes de tous les pays, unissez-vous dans la mise au green, c’est fun et ça grouille de pognon.

Quelques articles valent leur pesant de CO2 détaxé. Piochés au hasard d’une lecture fulminante : un petit aperçu sur la tente du future, toute de technologie vêtue, celle qui s’illumine quand tu lui envoies un SMS (« pratique pour la retrouver dans la pénombre » : je ne sais pas comment j’ai pu vivre sans…). Un genre de roman-photo hagiographique sur Jean Noël Debroise, « patron de choc écolo » chez Alstom (et accessoirement huile de « Génération écologie ») ; on le voit réparer lui-même ses trains, délaisser son bureau pour squatter l’usine de trams, pointer comme tout le monde avec un sourire d’une telle humanité qu’on pense illico à Gandhi… ce gars-là met les mains dans le cambouis (ceci dit, son costume reste irréprochable) pour sauver la planète. Un autre article porte bien son titre « Décroissance au Medef, un tabou levé ? » (arrgghhh) : la réponse est oui, les patrons tournent au green foncé. Un peu plus loin, une investigation de haute volée : « Biodiversité à l’armée : Tabou levé ? » (mhhhgnnhh), la réponse est oui, du kaki au green, le pas est vite franchi. Cohn-bendit, lui, nous parle d’un développement industriel «  tourné vers les énormes chantiers d’une industrie verte » et place « green tech » tous les deux mots. On est entre gens de même langage…

Au fil des pages, la lassitude gagne. Des éco-tartuffes se tripotent inlassablement la nouille pour te prouver – maladroitement – que l’écologie politique n’a pas de sens, que ce n’est pas le système qu’il faut changer mais plutôt ses courroies de transmission. Cohn-Bendit est ainsi félicité dans l’accroche de son entretien, il n’est pas comme ces ploucs adeptes de la décroissance, il vit avec son temps : « Il incarne désormais l’écologie comme on veut la comprendre. Pas celle des Verts de la décroissance qui continuent à rejeter le dogme libéral. » On annonce Arthus-Bertrand en guest-star pour un prochain numéro…

En dernière page, point d’orgue adapté, un certain Philippe-Henri Lartimer, bien connu des cercles militants (il est, comme le claironne l’accroche, « consultant international en réforme des marchés des capitaux et professeur d’ingénierie financière » ; mazette, ça change des babos mous ; sa photo, genre je reviens direct des maldives bronzé et carnassier, quasi berlusconien, confirme la bonne impression donnée par l’intitulé) pond une chronique écolo-radicale intitulé : « Pour un consortium bancaire du durable. » Son développement est limpide, guidé par cette idée simple : «  Il est temps que le Grand Capital s’invite dans la pensée écologique. »

« Que le grand capital s’invite dans la pensée écologique ? » Mon cher Philippe-Henri, tu en rêvais, Green Business l’a fait.

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HS : (Lémi étant - une fois encore (mais il est toujours partis par monts et par vaux, cet animal…) - loin de toute connexion internet, il ne pourra participer à un éventuel débat sous ce billet.)



1 Editions l’Harmattan, 2008.


COMMENTAIRES

 


  • « Chic et toc », tout ce que j’aime !



  • mercredi 30 septembre 2009 à 14h25, par Le Monte-en-l’air

    A lire aux (excellentes) éditions Terre Noire : « Si tu ne manges pas bio, c’est parce que tu es pour la destruction de la planète ».



  • je suis déçu que tu ne mettes pas un lien en fin d’article pour pouvoir s’abonner.



  • C’est intéressant tout ça !

    Mais le style un tantinet vulgaire, ce n’est pas aussi un peu branchouille sur le Toile ?



  • Je suppse que les messages ils sont en secon degré. hector



  • J’aime vraiment ce papier, bien écrit, presque sans faute d’orthographe, entier, insulteur et au final d’une grande vérité : oui, le journaliste que je suis depuis 30 ans croit vraiment que le système libéral capitaliste et son dogme de la croissance jusqu’à l’absurde portent en eux leur rédemption : si les processus industriels adoptent des technologies propres, si l’énergie renouvelable devient rentable, alors le greenbusiness et son torchon de référence, GreenBusiness, seront bel et bien les clés d’un avenir potable, comme l’eau. Oh, certes, l’humanité n’en sera pas venue à un eden démilitarisé. Mais quand un patron comme Jean-Noël Debroise, président de Génération écologie, pense les transports du futur, oui, il les pense en écologiste au sens scientifique du terme, rentables, dans un contexte, dans un procesus, face à une demande réelle. Et son impact sera plus décisif qu’une banderole sur une usine polluante... Notre tente à panneaux voltaïques cible les « bobos » ? Et alors ? Autant de campeurs de luxe qui useront moins de piles que les militants désargentés... C’est tout le parti-pris de GreenBusiness, conçu et rédigé non pas par des militants du Medef mais par des gens de terrain* conscients que les élus et les cleantechs ne sont pas tous des écolos de choc : simplement, beaucoup prennent conscience que leur avenir se joue sur un biotope humain demandeur - vous vous souvenez, la loi de l’offre et de la demande...
    Du coup, passer de Jean-Louis Borloo à Daniel Cohn-Bendit montre notre ouverture sans a priori. Cet a priori si sensible dans cette critique salutaire et militante, un rien haineuse, qui évoque des tribunes utiles mais dont on attend toujours l’efficacité. Mieux vaut un patron mort que vert ? Hmmm, la planète sera jonchée d’autres morts avant... Un mouvement est enclenché, et c’est ce mouvement qui m’intéresse : sociétés « développées » ou émergentes prennent conscience que le futur sera... durable si les industriels et les producteurs réalisent des profits (un gros mot ?) en produisant et en recyclant. C’est la clé. Tout le reste est littérature, polémique et utopie. Et tant mieux : c’est par le coup de gueule et le spectaculaire que l’opinion s’est en partie réveillée. C’est par le réalisme des chefs d’entreprise et leur goût du risque - et du profit, re-gros mot, gage de la durée - que l’utopie se concrétise. Lentement. Durement. Mais qui croit aux lendemains qui chantent instantanés ?
    Donc merci à notre insulteur qui nous confirme que notre message éditorial passe bien. Et d’ailleurs, pourquoi ne tiendrait-il pas chronique dans le torchon ? L’invitation est lancée...

    Olivier Magnan, rédacteur en chef de GreenBusiness.

    * Les créateurs de GB – une TPE qui s’étoffe – sont des hybrides : ils roulent pour créer un magazine qui aide les nouveaux entrepreneurs du greentech à comprendre leurs marchés et leurs clients, pour aider les élus à verdir leur commune, à améliorer la vie sociale (accessoirement à se faire réélire). Pire : ils veulent même vivre de leur travail... Ils sont plutôt de gauche ou plutôt de droite selon les uns et les autres, mais ils s’en foutent. Leur militance : que « ça marche ». Leur magazine comme la gestion durable. Qui passe par l’entreprise.

    • Bonjour

      Lémi ne pourra malheureusement pas vous répondre avant un petit moment : ce décroissant (à la petite semaine) est parti s’enterrer au fin fond des Ardennes, en un endroit si paumé que le net y est encore chose inconnue. Il vous répondra dès son retour. Lundi, donc.

      Sur la forme - et sans déflorer sa réponse - , je pense qu’il ne manquera pas de noter le caractère sympathique et « bon joueur » de votre commentaire. Sur le fond, il prendra sans doute acte des profondes divergences qui vous séparent. Quant à la proposition-invitation… euh…

      (Perso, ça me fait bien marrer, et j’attends avec impatience de voir ce qu’il vous répondra lundi)

      • bonjour,

        j’aime ces propos décapants, jusqu’à la tentative de féminiser le mot neurone (d’où le « presque sans faute d’orthographe » du vertueux rédac chef de GB).
        Le capitalisme libéral porte en lui sa propre rédemption ! Admirable exercice de casuistique, je parie volontiers que ce type a affuté ses premières armes rhétoriques sur les bancs des jésuites !
        Le merveilleux mariage du profit et de l’écologie, l’âpreté au gain paré des atours de la vertu... Ce rêve et là ! vite il faut s’en saisir....

    • Quand il ne reste que l’orthographe pour contredire ses détracteurs... La connaissance empirique de l’orthographe n’a jamais fait que de vieux académiciens (où des vainqueurs à « question pour un champion ») mais ne porte en elle aucune contestation, bien au contraire...

      Il est assez symptomatique de constater que cette réaction commence par là... à défaut d’idées...

      Alors, puisque le journaliste que vous êtes depuis 30 ans lance le débat, allons-y (et non, je ne m’excuserai pas pour les fautes d’orthographe) !

      Qu’apporte réellement ce mouvement capitalistico-écolo-bobo, si ce n’est une caution au système que vous vous refusez de condamner, préférant le renforcer en y participant ???

      La sauvegarde de la planète ??? Belle histoire, merci de nous la servir à toutes les sauces ! Mais pensez vous réellement que le Chinois (Thaïlandais, Vietnamien, etc...) qui fabrique vos tentes « écolocertifiée » dans des usines sans sécurité, sans protection, sans écologie et surtout avec beaucoup d’esclavagisme s’interesse à votre morale de dame patronesse ???

      Pensez-vous vraiment que l’argent peut être « responsable » ???

      Bein voyons !!! Désolé de constater que 30 ans de « journalisme professionnel » n’ont pas réussi à vous ouvrir les yeux sur une simple constatation que, pourtant, et sans expérience de journalisme professionnel (sans doute parce que nous sommes, ici, en contact avec la réalité et n’avons que faire de la masturbation intellectuelle consistant à nous congratuler pour les bonnes actions que nous aurions menées) nous faisons tous ici : sans remise en cause de la société de consommation débridée, occupée à nous vendre de toutes les façons possible du vent et de l’inutile, sans remise en cause du capitalisme, aucune écologie n’est possible !!!

      Alors, j’entends votre réponse : on va faire fabriquer nos tentes à SMS par des entreprises responsables !

      Et oui, rien à foutre, du niakoué ! Peut crever, tant que c’est loin et qu’on peut continuer à faire pleurer dans les chaumières...

      Bah oui, allez-y... Vrai quoi, il y a une vrai demande sur la tente écolo ! Surtout au canal Saint-Martin... Dites, pensez pas que les personnes qui ont vécu ça ne préfèreraient pas un appart’ pas écolo à une tente SMS ??? Même écolo ???

      Le marché du cretifié est rentable, sûr ! Il n’est qu’à voir les discounters alimentaires qui, eux aussi, se font livrer par camions entiers (et sans ferroutage) des produits « Bio » cultivés en Amérique du Sud (coucou le bateau où l’avion « écolo ») emballés dans des sachet plastiques (pas moins de deux, sinon, la présentation ne vaut rien commercialement parlant)... Mais bon, c’est écolo, donc tout va bien !

      Ne nous prendrait-on pas pour de parfait couillons (vous y compris) ???

      Alors votre morale à deux balles, vous pouvez vous l’emballer dans un sac réutilisable, pour notre part, nous préférons lutter réellement contre un monde qui asservit l’homme et la nature et les met au service de la machine et du profit. Et si nous pensons encore aujourd’hui que le capitalisme n’est pas humain, ni responsable, désolé de vous l’apprendre puisque vous êtes passé au travers durant 30 ans, c’est sur l’expérience du passé, sur les luttes violentes qui ont été nécessaire pour imposer un semblant d’humanisme à cette société qui, il y a à peine plus d’un siècle, faisait bosser les mômes. Et la survie de la terre (comme vous dites, même si c’est un peu présomptueux puisque la terre, elle, a de forte chances de nous survivre, par contre, nous...) ne passera surement pas par une participation à l’économie !

      Va falloir rapidement redescendre de votre nuage, si vraiment vous voulez sauver notre espèce... Parce que ceux qui, d’après vous, finiraient pas prendre le virage de l’écologie n’en feront rien et continueront à s’en mettre plein la gueule, en se précipitant même pour le faire tant qu’ils le peuvent encore, et quel qu’en soit le prix !!!

      Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

      • Bon, une ultime tentative, mais vraiment je crains que tant d’agressivité ne cache une incapacité radicale à nous comprendre. Je ne me place pas sur le plan de l’idéologie. Ni de la « morale ». Ni de la caution. Ni des engagements politiques. Je ne « juge » pas tel ou tel système. Je ne doute pas de vos aigreurs d’estomac devant tout ce qui ressemble de près ou de loin à une entreprise, de l’unipersonnelle à la multinationale, et je respecte votre sentiment. Mais ce n’est pas le propos, que ça vous plaise ou non. Je tiens seulement un raisonnement réaliste. Version ras des pâquerettes bio, il peut s’exprimer ainsi : le mode de production à échelle de planète est ce qu’il est. Les habitudes de vie des hommes sont ce qu’elles sont. Apparemment, ni l’un ni l’autre ne sont « durables ». Mais si demain - c’est du reste bien engagé aujourd’hui - les entreprises conçoivent, manufacturent, suscitent des biens et des services dont l’impact sera moindre ou nul sur l’écosystème, qu’elles vendront à des « consommateurs » (les publicitaires disent « consomm’acteurs ») parce qu’ils en veulent, alors un processus durable sera à l’oeuvre. A échelle de planète.

        Un processus fondé sur la libre entreprise, oui.

        C’est déjà considérable et la seule voie possible à court terme. Sans doute insuffisante.
        Le reste, les profiteurs, les capitalistes, les idéologues, les accapareurs, les escrocs, les pourris, les dictateurs, je vous les laisse en pâture, ce n’est pas l’objet de GreenBusiness (il n’est donc pas même utile que vous nous le reprochiez). Les écologistes militants qui mettent leur mode de vie en accord avec leurs idées sont courageux et respectables, mais ils ne feront jamais bouger toute une humanité d’un iota. Les incitations politiques et économiques, si. Les choix industriels, si.

        Quand un jeune consultant laisse tomber son monde de chiffres pour monter, seul, à Lille, une entreprise de lavage d’autos sans eau, et qu’il recrute des accidentés de la vie pour leur donner un job, c’est aussi dans GreenBusiness. Carlos Ghosn qui, le premier, choisit la voie périlleuse du « non-termique » pour ses modèles de voitures, c’est dans GreenBusiness. Vous vous rendez compte ? Abandonner à terme le moteur à essence ! Vous devriez prendre conscience de ce qu’il est en train de faire. Ce sont des hommes de rupture (et que le tout-électrique ne soit pas la panacée, c’est aussi dans GreenBusiness). Pour rompre avec le thermique, ce capitaine d’industrie a absolument besoin que « le marché » – les acheteurs de voitures – réponde « oui ». Que Renault réalise des profits. Sinon, il reviendra au diesel. C’est mieux ?

        Est-il si difficile de comprendre que rien n’est univoque, qu’il existe des dynamiques, des choix, de bonnes idées partout, y compris et d’abord au coeur des entreprises qui ne sont pas seulement des usines à chômage ?
        Nous ne parlons donc pas de la même chose.
        Parler le langage de l’entreprise, ce n’est pas cautionner une idéologie, c’est encourager à modifier des processus de production en démontrant qu’ils restent rentables, donc utiles à mettre en oeuvre.

        Vous ne voyez pas, à force de cécité idéologique, que vos aspirations à une planète et une humanité sauvegardée passent par un « green deal » tel qu’un Cohn-Bendit le décrit dans son dernier livre. Vous préférez disqualifier tout ce qui ressemble à une transformation sous prétexte qu’il ne s’agit pas de la grande transformation à laquelle vous aspirez.

        Nous ne sommes effectivement que des journalistes « écolonomistes ».
        Merci à nouveau d’avoir montré à quel point GreenBusiness a sa place dans le « système » des choses.
        OM

        • Qui fait preuve de cécité ? Moi qui affirme que l’économie, quelle qu’en soit la forme, EST le problème où vous, qui êtes oublieux du passé ?

          Il existe pourtant de nombreux témoignages montrant, démontrant même, le mensonge constament porté au nom d’un soi-disant mieux être.

          Auriez-vous oublié les paroles de ceux qui mettaient en place l’industrialisation et le « fordisme », pour, soi-disant, le bien de l’humanité et une baisse du travail ? Effectivement, la baisse du travail, nous l’avons bien ressentie...

          Même vos discours sont identiques à ceux des industriels que vous prétendez dénoncer ! Il n’y a qu’à voir la justification, il y a quelques années, du surproductivisme agricole pour « sauver la planête, que plus personne n’ai jamais faim »... Où sont ces belles promesses ? Les même promesses, d’ailleurs, que celles qui sont tenues à propos des OGM... Vos paroles ont, dans une quasi majorité, la même saveur...

          Constament, des hommes se prétendant « de gauche », « humanistes » se sont élevés contre la réaction nécessaire du peuple ! En 36, contrairement à ce qui est enseigné dans les écoles, ce n’est pas le gouvernement de gauche qui a décidé d’instaurer les congés payés, c’est la rue !!!

          Systématiquement, il se trouve de bonnes et charitables âmes pour s’élever contre la nécessaire réaction ! Au nom d’une humanité dont ils n’ont, d’ailleurs, qu’une conception assez rudimentaire, voir un esprit judéo/chretien estimant qu’une obole est bien suffisante, et qu’il est abherrant que le manant puisse réclamer autre chose qu’une condition d’esclave servile...

          Et pourtant, comme je l’ai dis avant, ce ne sont pas ceux là, ceux qui ont accepté de baisser la tête et, ma foi, d’en profiter un peu au passage, qui ont réussit à obtenir quoi que ce soit pour le peuple ! Bien au contraire !

          Et, dans votre volonté de participer, de décourager même ceux qui voient autre chose qu’un esprit d’abandon, refusant totalement, d’ailleurs, au passage, de reconnaitre la réalité d’un monde capitaliste et lui attribuant des considérations humanistes qu’il n’a pas, il suffit de regarder un peu hors de nos frontières pour s’en convaincre, vous vous faites traitre à la cause que vous prétendez défendre !!!

          Et comme la « gauche » officielle de 1871, vous voilà près à vous ranger derrière ceux qui sont responsables de la décrépitude du monde parce qu’ils vous ont affirmé, main sur le coeur, qu’ils avaient changé, et près à soutenir la mise en place d’un nouveau Thiers...

          Ne serais-ce pas ça, la définition de la crédulité ???

          Pour illustrer mes propos, revenons sur votre idée de la voiture « propre » et « écologiste »... Une vraie écologie ne consisterait-elle pas, d’ailleurs, à préferer à l’auto la marche à pied où les transports ferrovières ? Mais passons...

          Donc, la voiture « propre », comme vous le prétendez, qui a une durée de vie CALCULEE et volontairement ramenée à 5 ans, que ferez vous donc de ses batteries ? De ses pièces plastique (pour alléger son poids) ? De son moteur ? Y a t’il un moyen de se débarasser de tels encombrants où le fait que ce ne soit pas une pollution par le gaz, dont tous parlent, mais par d’autres phénomènes beaucoup moins mis en avant est-il plus acceptable ?

          Et même, en quoi votre tente SMS où votre voiture « écolo » se justifient-ils ? Quel réel besoin la population a-t’elle de ça ??? Si ce n’est un besoin artificiellement fabriqué par une campagne de désinformation publicitaire... et un besoin mis en place et savament maintenu par le capitalisme lui-même...

          Ce n’est pas être ras les paquerettes que d’affirmer que seule une réaction globale peut encore changer quelques chose (et encore) et qu’une acceptation servile ne fera que conforter ceux qui maintiennent cette société en place. Par contre, c’est une traitrise et un mensonge historiquement prouvé que d’affirmer qu’aucune autre réaction n’est possible ! Alors chacun sa morale, soit...

          Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

        • L’article, et la réponse d’Olivier Magnan illustrent à merveille une discussion récurrente dans mon salon (où l’on cause) : Réformisme ou révolution ? On casse tout et on repart sur des bases saines (?) ou on retape tranquillement la bicoque (qui prend l’eau) ? Utopie irréaliste ou réalisme inopérant ?

          Faut-il condamner un petit pas dans le bon sens, sous prétexte que le pas n’est pas assez grand ? Si le petit pas consiste à faire croire qu’on va éviter le mur énergétique avec des tentes SMS et des bagnoles hybrides, oui.

          Alors bien sur, les requins sont de la partie. Le capitalisme a toujours su reprendre à son compte ce qui aurait pu (et du) le tuer.

          Alors oui, il faut un green deal planétaire pour espérer une planète viable dans un siècle. Mais est-ce trop demander, en même temps, de remettre en cause la cause fondamental du problème, la course au profit (oui, c’est un gros mot quand en face c’est la course à la survie) ?

          Repeindre en vert les vieilles institutions, les vieux réflexes, ça donne bonne conscience à madame dans son Lexus (hybride), mais c’est pas ça qui va réparer la baraque...

          Voir en ligne : http://jide.romandie.com

          • dans ton salon (ou l’on cause), les légumes maison cotoient le dernier Ipod : nous portons tous en nous nos propres contradictions, et c’est probablement ce qui nous rend intéressant et (un peu moins) prévisibles.
            Il en va de meme pour ce débat : la position de Mr Joshua est belle idéologiquement, celle de Mr Magnan est judicieusement pragmatique, et à mon avis l’une ne va pas sans l’autre.

            Mr Magnan, puisque vous jouez la carte de l’homme compréhensif, produisez donc aussi un magazine au même tirage, en parallèle, avec des propos idéologiquement propres tels qu’ils vous ont été opposés ici, vendez en autant, et les choses iront mieux...

        • Cher Monsieur Magnan,

          Je souhaite vous répondre en adoptant un point de vue purement pratique.

          J’ai lu avec attention vos arguments, et ils ne sont pas sans me rappeler une rencontre récente (semaine dernière à Mexico) au cours de laquelle j’ai eu le malheur de travailler en tant qu’interprète. Il s’agissait du XXIIIe Congrès de l’UNIAPAC (Union Internationale Chrétienne des Dirigeants d’Entreprise), dont le thème était « la rentabilité des valeurs » (valeurs morales, pas celles de la bourse ! pas mal, non ?), et, bien entendu, tarte à la crème habituelle, « la responsabilité sociale de l’entreprise ».

          L’inconvénient, quand on est interprète, c’est qu’au contraire des participants, on ne peut pas somnoler ou aller faire un tour sur la terrasse de l’hôtel de méga-luxe où cette rencontre était organisée, et qu’on est bien obligé d’écouter et de retenir tout ce qui se dit afin de le restituer dans la langue cible.

          Sous couvert de morale de l’Église catholique (plein de curés/chefs d’entreprise présents), avec moultes citations de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI (encyclique caritas in veritate, vous voyez, j’ai écouté attentivement), de quoi était-il vraiment question ? Il ne faut plus de sécurité sociale, plus de services publics, rien de toutes ces conneries car la responsabilité sociale de l’entreprise, inspirée de la doctrine sociale de l’Église, remplacera avantageusement tout cela, car la doctrine de l’Église remet l’homme au centre de l’Économie. Oui. Et même que ouais.
          Bref, comme vous semblez le penser, l’entreprise règlera tous les problèmes. Que ne l’a-t-elle pas fait avant ? Mystère.

          La présence de notre ami M. Camdessus suffit à mon avis à elle seule à démontrer la tartufferie de ce non-événement, mais allons plus loin. Le sujet était la responsabilité sociale de l’entreprise, les tables rondes étaient organisées autour de thèmes tels que « responsabilité vis-à-vis des collaborateurs » (on ne dit plus travailleurs, car, vous l’aurez compris, on les considère comme des égaux) et des « fournisseurs » (ceux-là peuvent conserver ce nom, mais on préfèrera « parties prenantes »). Passons sur l’anglicisme qui fait que maintenant une entreprise cotée en bourse se dit entreprise publique... Pratique.

          Et maintenant les faits observés uniquement pendant la durée de la rencontre :

          1) : les interprètes d’anglais (fournisseurs de service, donc) ont dû travailler plus de 8h/jour seuls en cabine au contraire de toutes les normes de la profession, et sans contrepartie, car il n’y avait que 3 ou 4 personnes qui les écoutaient (comme si ça changeait quelque chose au boulot qu’on doit faire) : non-respect des conditions du fournisseur.

          Et de 2) les serveurs de cet hôtel de luxe sont payés 10 dollars US par jour, ça ne semble aucunement déranger ces sympathiques et chrétiens messieurs qui n’ont même pas laissé de pourboire (seuls les interprètes et les gens du staff l’ont fait), alors qu’au Mexique, le service n’est jamais compris. Non-respect des règles du service.

          Et de 3) On nous a reproché, après nous avoir posé la question, de n’être pas catholiques ni même croyants et on s’est même demandé comment il était possible que nos services aient été retenus (voilà pour la tolérance - une valeur pas rentable).

          Et de 4) M. Camdessus a eu le culot d’expliquer que si le FMI n’avait pas régulé, c’est parce que les gouvernements des pays ne l’avaient pas laissé faire (est-ce vraiment responsable de déclarer de pareilles contre-vérités pour employer cet euphémisme tellement à la mode quand on sait le rôle qu’a joué ce vilain bonhomme dans la crise argentine ?).

          Et de 5) Les ouvriers (oups, collaborateurs, pardon) de Bimbo (cherchez sur le Net) gagnent 350 dollars/mois et doivent s’estimer heureux parce que l’entreprise organise des journées « famille » où femmes et enfants peuvent venir « s’amuser » à l’usine.

          Et de 6) L’un de ces chefs d’entreprise socialement responsables a expliqué qu’il avait restauré l’église et l’école du bled où il possède une résidence secondaire, ce qui lui a permis d’imposer (à grands renforts de pots de vin, je n’en doute pas, l’enseignement catholique à l’école publique et laïque - vous n’êtes pas sans savoir que le Mexique, la Turquie et la France partagent la même conception de la laïcité), la première communion faisant désormais partie du cursus primaire, la confirmation du cursus secondaire dans ce malheureux établissement. Non-respect de la loi, non-respect de l’autorité de l’État, manquement à la liberté de culte et j’en passe.

          Je pourrais encore vous en tartiner sur le sujet, et je n’ai bossé avec ces sales connards (et pourtant, à les entendre, on aurait cru qu’ils dirigeaient des phalanstères) que pendant 4 jours, mais j’ai compris.

          Alors de grâce, ne faites pas semblant de croire à ce que font ces boîtes qui se prétendent « green » et reconnaissez qu’il ne s’agit que de marketing pur et dur. La responsabilité sociale de l’entreprise et le greenbusiness c’est du pareil au même : du flan !

          Croyez bien que je regrette sincèrement de vous donner tort sur ce coup-là, moi aussi j’aimerais vivre dans un autre monde, où les entreprises seraient ce qu’elles prétendent être et ce que vous feignez vous-même de croire. C’est pas demain la veille pour la simple et bonne raison que les impératifs que les chefs d’entreprises se fixent sont incompatibles avec les bonnes intentions, dont l’enfer est pavé comme chacun le sait.

          Bien à vous

          • merci d’amener un tel exemple à ce que je dis plus haut... domage, juste, que le débat soit arrété faute de participant, par un jet d’éponge... Il faut croire qu’OM soit plus à même de conspuer (parce que, entre nous, c’est lui qui, contrairement à ce qu’il affirme après, commence par porter l’insulte...), il faut croire que 30 ans de journalisme n’ont pas amené OM a intégrer le fait qu’on puisse ne pas être en total accord avec lui (démarche surprennante de la part de quelqu’un qui a eu, lui-même, à la subir...), et préfère ne pas entrer dans ce type de débat qui risque fort de démontrer un certain opportunisme de sa part... (là pour le coup, c’est moi qui vait me montrer insultant, mais j’ai horreur de ceux qui lancent un débat par des idées tronquées et fuient dès que l’imposture est démontrée)

            Alors, que penser, quelle posture prendre ? Celle d’OM qui consiste à attendre l’intervention divine d’une main extérieure qui ramènerait le capitalisme à plus de raison, dieu-écolo qui, auparavant, et sous la férule d’un certain Friedman, s’appelait dieu-libéralisme, le patron de l’auto-régulation des marchés qui devait, si on en croyait les bonnes âmes, empêcher tout abus, et qui montre ces derniers temps son éfficacité toute relative (autant dire qu’aucune régulation n’existe, quoi) ? La main divine qui empêche le système de venir déréguler écologiquement, socialement, économiquement, votre jardin, parce que cette posture implique un constat très simple : tant qu’on ne touche pas mon jardin, qu’importe celui du voisin... Qu’importe l’écologie ailleurs que dans notre bonne France, qu’importe le social, qu’importe l’exploitation, la misère, le malheur ailleurs, tant qu’il n’est pas visible ici...

            Instaurer par la douceur de l’écologie dans l’économie imposera un changement... bein voyons ! Et la marmotte, pendant ce temps, elle fait quoi ??? Etrange de constater qu’un tel économiste ne se souvienne déjà plus des préceptes de ce bon Milton !!!

            Cela veut-il pour autant dire plus de progrès ? Seul un imbécile pourrait prétendre vouloir tirer un trait sur le progrès, mais quel progrès OM voit-il dans l’extortion financière qui est menée, imposant une surconsommation quotidienne sur des invention ne répondant qu’à un mot : VENDRE ? Que je sache, toutes les vraies invention n’ont pas été faites dans une optique commerciale... Et l’écologie, la vraie, celle qui consiste à ne plus tenter de tirer profit d’une destruction systématique, ne viendra pas non plus de l’économie ! Un exemple tout simple, tout trieur de déchet se voit remettre son diplôme d’écologiste, ainsi, un voisin à moi trie bien ses déchets, de plus, en bon « ecoloresponsable », il ne consomme que bio ! Mais, chose étrange, sa poubelle est systématiquement pleine sur les trottoirs, emplie d’emballages de plats tout prêts bio alors que moi, qui suit pourtant beaucoup moins soucieux de toute médaille de « bon citoyen », ne la sort que toutes les deux semaines, préférant cuisiner mes plats moi-même (et pas forcément bio), et utiliser les épluchures et rejets alimentaire (quand il y en a, parce que, franchement, côté cuisine, je me vante pas mais je me touche quand même un peu...) au compost qui sert à mon jardin...

            Et pourtant, pourtant... et oui, j’ai une voiture, j’ai un ordi (deux, même) et, comble de tout, j’ai la tv et le gaz à tous les étages !!! Bref, je me sers du progrès !!! Incroyable non ?

            Bah, avec un peu de chance, je me trompe, nos économistes sont tous de braves gars et le père noël apportera avec lui cette année tout plein de cadeaux écolo-certifiés qui changeront le monde (jouet en métal fabriqués par des Nenfants du tiers monde qui crevent de faim -tiens, j’avais pas pensé, mais vrai que sans l’exploitation sociale immonde, ça, et les autres jouets aussi, d’ailleurs, n’existeraient pas... mince alors !- et autres joyeusetées indispensables tel un merveilleux IPhone, voire même une tente SMS à nos SDF)... Le problème c’est qu’avec un tel pari, qui risque fort d’être perdu, la défaite signifierait la destruction pure et simple de notre monde, non ? Alors, votre pari, monsieur Magnan, assez risqué doit-on dire, mérite-t’il un tel enjeu ??? Ne pensez vous pas qu’il serait préférable de se bouger le cul plutôt que d’attendre encore pour voir ? Voir se battre pour pouvoir tenir la barre sans songer à changer de cap ?

            Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

            • Dommage en effet pour le débat... Désolée d’être un peu tombée dans le TL ;DR, mais j’étais moi aussi assez remontée de lire ici le même genre de salades que celles que je me suis farcies la semaine dernière... Il y a quand même des limites à la dose de tartufferie qu’un être normalement constitué peut supporter !

              Raconter que l’économie capitaliste est compatible avec les droits de l’homme et avec la préservation de la planète n’a tout simplement aucun sens.

              Ça rappelle les Inconnus et les bons et les mauvais chasseurs. Y’a pas de « bons capitalistes », les films genre La Vie est Belle de Frank Capra où on voit un banquier qui paye ses clients de sa poche, c’est du (très bon) cinéma (de propagande pour le New Deal) ! C’est d’ailleurs quand on revoit ce film qu’on comprend que dans la vraie vie, c’est le méchant Potter qui a gagné.

    • mardi 6 octobre 2009 à 23h58, par lémi

      @ Olivier Magnan :

      Votre intervention ne manque pas d’une certaine forme de panache, il n’est donc pas question de l’ignorer (malgré cette lassitude pressentie à l’égard d’un éventuel débat qui ne saurait tourner autrement qu’en dialogue de sourds). Vous vous doutez surement que vos arguments m’en touchent une sans bouger l’autre ; je vous sens intelligent, conscient de ce qui nous sépare. Vous savez évidemment qu’il existe un fossé entre votre conception de l’écologie (qui au final s’adapte très bien, voire profite, de l’air du temps) et celle de ceux qui ont en vue une approche plus radicale des choses.

      En lisant votre magasine, j’étais convaincu qu’il ne s’agissait que d’un plan marketing. Je pense désormais que vous êtes de bonne foi, à votre manière. Ce n’est pas forcément un bon point. Je vous préférais stupide profiteur. A lire vos réponses, à vous sentir honnête, je pense que le mal est plus profond. Moins méprisable, peut être, mais...

      Comment dire ? Endosser les habits de l’ennemi, ses poses et ses réflexes intellectuels, c’est directement rejoindre son camp, refuser l’idée de changement au vrai sens du terme. En habillant votre magazine des pires tics de pubard, en ne le destinant qu’à un public privilégié (car qui d’autre le lira ? Outre le prix, votre terminologie est clairement orientée vers les classes aisées, voire plus plus), vous l’ancrez directement dans une position qui n’est plus contestation, qui est acceptation des règles de ce monde. Inutile. Et triste à mourir pour quelqu’un qui se revendique de l’écologie. Le changement ne viendra pas des puissants, des possédants,. Ce n’est pas manichéen, ce n’est même pas marxisant, cela découle juste d’une logique élémentaire. Je ne suis pas optimiste, je ne crois pas vraiment en un dénouement heureux, mais je suis sûr d’une chose : si jamais un jour l’humanité s’amende, d’une manière ou d’une autre, cela ne viendra pas d’une continuation modifiée (qui toujours profite aux mêmes badernes, voyez simplement cette « crise » que l’on nous promettait comme annonciatrice de changements d’envergure – vaste blague), mais d’une rupture. En écologie encore plus qu’ailleurs, et le temps presse. Voilà pourquoi je me permets d’être « insultant ». Et pourquoi je refuse d’envisager votre magasine comme autre chose qu’une erreur fondamentale (à défaut d’être une saloperie pubarde). Vous et vos semblables êtes la meilleure certitude pour le système qu’il saura se perpétuer. Une petite couche de peinture, quelques modestes propositions, et cela vous suffit ? Vous êtes l’équivalent médiatique du Grenelle, une vaste fumisterie. Rien de personnel là dedans, mais une évidence : nos conceptions en la matières sont diamétralement opposées.

      Dans ces conditions, j’ai du mal à saisir les raisons de votre proposition finale. Nous ne faisons pas partie du même camp, voilà tout. Peu de chances que ça évolue (de mon côté, c’est certain, du vôtre, je vous vois mal revenir à une conception radicale de l’écologie...). Si, ayant conscience de cela, vous êtes prêt à accepter l’intrusion d’un « opposant » dans vos colonnes, je serais ravi d’y clamer ma vision des choses. Mais cela implique un tel grand écart que j’en serais plus qu’étonné. Pourquoi laisser libre voix (car, évidemment, la première condition serait une liberté totale et non discutable de parole) dans votre magasine à quelqu’un qui en sabrerait méthodiquement l’esprit ?

      Perplexement,
      Lémi

      • lundi 12 octobre 2009 à 06h16, par un-e anonyme

        @ Lemi.
        Vous confondez (au sens de mélange) l’entreprise et ses règles, ses contraintes, et tout l’arsenal mystico-biblique du « Tu travailleras à la sueur de ton front ». C’est du reste la limite, à mes yeux, de « l’écologie radicale ». Ne croyez pas un seul instant que je trouve dans les entreprises le nec plus ultra de l’humanité et l’idéal salvateur sur Terre. Mais je n’attends pas de l’entreprise un « salut » quelconque, c’est là votre erreur de parallaxe. Quant aux patrons chrétiens, je ne suis pas loin, tant s’en faut, de partager votre critique. Vous verrez dans le prochain numéro de GreenBusiness comment nous analysons l’intention de Carlos Ghosn de décréter l’avènement de la voiture électrique et les limites écologiques de ladite voiture. Mais faut-il pour autant fustiger a priori la seule tentative industrielle d’entrer en rupture avec le sacro-saint moteur thermique ? A force de déqualifier systématiquement toute rupture de ce type, l’écologie radicale s’inscrit dans un « fixisme » incompatible avec la vie même.
        Bref, GB prône une logique de « petits pas » qui peut ne pas vous plaire, mais qui, d’une part, encourage le changement d’axe, et d’autre part ne présume en rien des options politico-sociétales de ses animateurs. A bien y réfléchir, vous offrir une chronique bien entendu libre comporte un risque pour vous : spontanément, j’y ai vu un contrepoint utile et dynamique susceptible d’amorcer des réflexions. A posteriori, et compte tenu des propos agressifs, presque haineux, de certains lecteurs de votre blog, je me demande si je ne vous ferais pas jouer le rôle du « clown de service », du « faire-valoir », sans grand avantage pour vos idées. C’est une question, je ne tiens pas à vous piéger, vous me semblez réfléchi et ouvert au dialogue, parlons-en - mon mail : olivier.magnan@greenbiz.fr. Cordialement.



  • Ha ha ha, trop drôle, l’autre, avec son offre d’emploi !
    Et à son avis, on utilise quoi pour les fabriquer, ses tentes tentes photovoltaïques ? Sûrement des ressources renouvelables et des matériaux écolos...
    Sinon, les gars, vous êtes repris dans la presse dominante : http://www.marianne2.fr/Green-Busin...
    Va falloir penser à vous faire payer...

    La bise et bonne bourre !



  • vendredi 2 octobre 2009 à 12h05, par pièce détachée

    Ah c’est bien la tente qui s’allume par SMS. Fini enfin de folâtrer dans l’herbe obscure à la recherche d’une lune à moitié nue ! Tous à la queue-leu-leu derrière un portable, c’est quand même plus décent. Mais est-ce que ça provient d’élevages de SMS équitables ? Les mineurs de coltan africains, ils sont certifiés AB® ? J’hésite.

    Il me reste bien, lumière dans ma nuit, une vieille brindille de cul-terreuse, sans avoir, qui s’illumine en rose et vert quand on vient la voir (pratique pour la retrouver dans le noir !), mais c’est en liberté qu’elle éclaire le mieux. Que faire pour la rentabiliser en bio-compatible ?

    Si Lémi s’ouvrait au chant des bio-sirènes, il pourrait m’avoir des tuyaux pour le bois de chauffe et de cuisson : chêne et charme, c’est top glamour, mais je sais pas comment faire pour mettre ma tronçonneuse en énergie solaire l’hiver par moins cinq quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle®. Dans la foulée, y a aussi mon Aïxe vingtenaire qui pète la santé en démarrant, et puis sois gentil Lémi, le tracteur-remorque pour débarder, il carbure parfois au « rosé » : c’est illégal pour la pétro-sphère et immoral pour la bio-finance. Tu demandes à Carlos Ghosn de m’arranger ça s’te plaît ?

    @joshua : merci d’être monté au créneau. Quant à l’orthographe : au début de mes éructations sur le Net, je tiquais à la moindre faute. Et puis je me suis souvenue d’une aïeule à perruque de chanvre roux sur tissu de lin, qui écrivait jusque vers 1955 des lettres en français du XVIIe siècle avec quelques fautes d’orthographe. Elle ne parlait que le morvandiau, dont les vestiges dans la bouche des vieux d’aujourd’hui contiennent encore des imparfaits du subjonctif (ceci explique peut-être en partie cela). Trop tard pour me séparer de mes tics de puriste, mais ça m’a appris combien il est vain et mesquin de faire chier les autres avec ça...

    • merci à toi, mais la colère n’est pas difficile à trouver devant de telles conneries ! Tiens, puisqu’il a été question, plus haut, de Coppenhague (et pour reprendre ce que m’en disait l’ami Sinsé), voyons un peu les décisions prises pour ce sommet, et concentrons-nous sur l’écologie vue par nos dirigeants, ceux-là même à qui notre journaliste de 30 ans donne le change...

      " En ce qui concerne l’UE, ces éléments fondamentaux sont les suivants :

      * des réductions contraignantes des émissions de tous les pays industrialisés sur la base d’efforts comparables,
      * des mesures appropriées de la part de pays en développement pour réduire leurs émissions,
      * un cadre d’action concernant l’adaptation au changement climatique,
      * des mesures pour réduire la déforestation et la dégradation des forêts et promouvoir une gestion durable des forêts dans les régions tropicales,
      * des règles comptables actualisées en ce qui concerne l’évolution des émissions liées à l’utilisation des sols, au changement d’affectation des sols et à la foresterie,
      * un marché du carbone international élargi pour générer une aide financière pour les pays en développement et promouvoir des réductions économiquement avantageuses des émissions,
      * la fourniture d’une aide publique internationale aux pays en développement pour compléter les flux financiers du marché du carbone et les investissements intérieurs,
      * un programme complet en matière de coopération technologique et de financement, destiné à accélérer le développement d’une économie mondiale à faible intensité de carbone." (cf http://europa.eu/rapid/pressRelease... )

      Alors, c’est-y pas beau sur le papier, mais que nous disent-ils, en fait ? Quelles sont les décisions prises pour lutter contre l’économie destructrice ?

      Simple, chez nous, c’est aucune, si ce n’est la possibilité, pour les entreprises, d’acheter le droit à polluer (par l’ouverture du marché de la pollution -il y a d’ailleurs déjà un marché, une place boursière de la pollution et des spéculations ont déjà lieu, enrichissant certains, sur la destruction de notre monde), et encore les sempiternelles aides...

      Par contre, pour les pauvres, on va les empêcher d’entrer dans la ronde des pollueurs, à coup de sanctions et de bons points s’ils sont sages. Ouah, ça c’est beau, non ? Un monde rêvé !

      Tiens, sur la spéculation, et pour démontrer la fumisterie de ces salopards, on va se projeter un peu dans l’avenir...

      L’Europe pollue toujours autant, mais l’Afrique est toujours aussi exploitée car, non seulement ce sont toujours les mêmes qui les pillent, qui les dépouillent de toute possibilité de survie, mais, le marché du droit à polluer étant ce qu’il est, c’est à dire juteux, les sommes proposées aux gouvernements de ces pays sont trop tentantes pour qu’ils les refusent et préfèrent garder la capacité de développer leur pays et sortir ainsi leur population de la misère. Ainsi, on a réduit l’industrialisation africaine, donc le taux global de CO2 rejeté alors que, chez nous, rien n’a changé, si ce n’est le fait que les mêmes qui, hier, pariaient sur la misère chez eux et spéculaient sur les prêts pourris spéculent maintenant sur la pollution, et s’en mettent encore plus dans la gueule...

      J’ai comme qui dirais l’impression que l’utopie n’est pas chez moi, mais dans les propos de ceux qui continuent à croire que ces salopards vont changer, non ?

      Tiens, autre truc « marrant », j’aimerai aussi que ceux qui « croient en Coppenhague » m’expliquent pourquoi, si les gouvernements souhaitent sortir du système de pollution, ils soutiennent l’industrie polluante (auto, Total and so on), pourquoi le marché boursier table les négociations financières sur des quantités d’exctraction pétrolières 3 fois plus importantes que ce qu’elles sont réellement, pourquoi alors qu’on veut soi-disant baisser la consommation, on se précipite sur le détroit de Behring, dont l’écosystème est déjà détruit par la pollution, afin d’y installer des extracteurs de pétrole qui polluerons encore bien plus, etc, etc...

      Et c’est moi qui ne verrais rien, selon certains...

      Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/



  • Bravo à Olivier magnan il a l’air de croire à son talent de connaisseur de marché. Bizarrement alors que je dois être le coeur de cible de ce green bidule je suis pourtant lecteur d’article XI. A priori les 2 semblent incompatibles. Choisi ton camp camarade. Et sa remarque sur l’orthographe est petite (c’est très fréquent sur le web)

    Voir en ligne : Coeur de cible

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