ARTICLE11
 
 

lundi 26 mars 2012

Sur le terrain

posté à 10h28, par Lémi
7 commentaires

Louvre-Lens : Ubu au charbon

L’urbanisme contemporain, c’est magique : une décision made in gouvernement Raffarin, un maire surexcité par l’opportunité d’imprimer sa marque sur la région, quelques champions de la rénovation urbaine, et paf : une ville en devient une autre. Lens, aux forceps, accueille une antenne du Louvre, qui ouvrira fin 2012. Et tout doit s’y plier. Un simple musée ? Nope. Un bulldozer. Visite guidée.

Cet article a été publié dans le numéro 8 de la version papier d’Article11. Pour sa mise en ligne sur le site, on a choisi de lui adjoindre un entretien avec l’ami Jean-Pierre Garnier, géographe radical qui participe régulièrement à Article11 : « Aujourd’hui, on attend d’un maire qu’il gère sa ville comme une entreprise », à lire ICI.

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« Le radeau de la méduse » - Théodore Géricault, 1819

La cause est entendue – enfin, il paraît. Lens serait une ville morte. Et à parcourir son centre-ville un matin de janvier, bruine saumâtre et rues désertes en arrière-fond, le naufrage semble avéré. Sortie de gare, le premier coup d’œil est pour l’Apollo, joli bâtiment art-déco qui tombe en ruine : le dernier cinéma de la ville a fermé en 2000. 36 000 habitants et pas un endroit où voir une toile ? Bigre. Le reste est à l’avenant : rues commerçantes fantomatiques où les agences bancaires règnent en maître, bistrots désertés, commerces fermés... Médusé, j’écoute quelques vieux de la vieille expliquer devant leur premier ballon du jour que le centre-ville s’est « déplacé  » dans la zone commerciale : Cora, Auchan, Leroy-Merlin et tout le tralala périphérique. « Ça s’est fait progressivement, on n’a pas vu venir le coup. Aujourd’hui, il faut prendre la bagnole dès que tu as besoin de quelque chose d’autre que d’une baguette. » Les Pages Jaunes confirment, qui répertorient 31 banques et 20 sociétés d’assurance en centre-ville, contre 16 boulangeries et 2 boucheries. Ici, plus facile d’ouvrir un PEL que de trouver un beefsteak...

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Côté chiffres ? Enlisement confirmé. En 2008, le taux de chômage dépassait les 23 % à Lens, soit largement plus que la moyenne départementale (14,9 %) ou nationale (11,1 %)1. Peu de travail, guère plus d’argent : le revenu moyen par foyer fiscal plafonnait la même année à 15 253 euros – peu ou prou 5 000 euros de moins que pour la région Nord-Pas-de-Calais et 8 000 en-dessous de la moyenne nationale. Grand écart. Cerise sur le terril, le FN s’est révélé plutôt costaud aux dernières élections – 25,42 % aux régionales de 2010 pour la candidate Le Pen2.

Un militant local a beau s’insurger (à raison) lorsque j’évoque une ville « sinistrée  » – « Faut faire gaffe aux mots ; vous trouvez qu’on a l’air sinistres ? » –, la grisaille ambiante colle aux basques. Attablé au comptoir d’un rade un peu fréquenté, le Tout va bien, Raymond, ex-chauffeur routier à la voix rocailleuse, s’échauffe en pointant la rue : « Tu vois l’avenue, là ? Il y a quinze ans, il y avait de l’animation, des gens partout, des commerces, des marchés. Aujourd’hui, il n’y a plus rien, c’est triste à mourir, une cité dortoir. Moi je m’en fous, j’ai vécu des jours meilleurs. C’est pour les jeunes que c’est triste.  »

« La naissance de Vénus » - Sandro Botticelli, 1485

Difficile de le nier : Lens a la gueule de bois. Les dernières mines ont fermé en 1990 ; pas grand-chose, depuis, pour combler le vide. Un temps, le foot a donné le sourire à la ville, avec un surprenant titre de champion de France en 1998. Las, le club est désormais moribond, cantonné à la ligue 2. Et son ancien président emblématique, l’ « enfant du pays » Gervais Martel, vient d’être mis en examen pour « corruption privée et recel d’abus de biens sociaux ». Tout un symbole3.

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C’est dans ce paysage un tantinet morose que le projet Louvre-Lens a été lancé en 2004. Il y avait d’autres villes au portillon, Calais ou Arras notamment, mais Chirac et Raffarin ont tranché : à Lens, la timbale. Depuis, les élus locaux n’ont que le musée à la bouche ; parlent Louvre, rêvent Louvre, pontifient Louvre. Tout doit s’effacer pour qu’enfin la Vénus urbaine sorte de son vilain coquillage. Même le passé minier est mis à contribution : l’office du tourisme, dans les starting-blocks, évoque ainsi avec enthousiasme le ticket gagnant Louvre/corons4. Et Daniel Percheron, président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, ose carrément : « Ainsi, les mineurs qui remontaient chaque jour vers la lumière obtiennent justice. Et quelle justice !  »5. L’antenne du Louvre ouvrira d’ailleurs ses portes le 4 décembre 2012, pour la Sainte Barbe, la fête des mineurs. Germinal et La Joconde sont dans un bateau ; qui tombe à l’eau ?

« La liberté guidant le peuple » - Eugène Delacroix, 1830

Difficile de faire un pas dans Lens sans tomber sur une reproduction du fameux tableau de Delacroix célébrant la révolution de 1830, transformé en affiche promotionnelle pour vanter le futur musée. Le peuple guidé par la Liberté franchit les barricades ; à ses côtés, le Crédit Agricole, Véolia, Orange et les autres sponsors du projet... Le tableau est même reproduit, format XXL, dans l’enceinte du stade Bollaert, patrie des footeux du coin. Pas loin du centre, une horloge numérique tient le décompte des jours restants avant l’ouverture en fanfare – «  J - 314  » lors de mon dernier passage –, juste au-dessus de la Liberté triomphante : tic-tac, la révolution (urbaine) approche.

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L’intronisation du tableau de Delacroix au rang d’outil marketing omniprésent n’a rien d’innocent. Il symbolise à la perfection cette « marque  » Louvre censée amener la prospérité sur Lens ; après La Joconde, c’est sans doute le tableau le plus connu du musée parisien. Surtout, il porte un message subliminal fort : l’équipe municipale vous guide vers le bonheur, ralliez-vous à sa bannière. Une fuite en avant qui n’admet pas la remise en cause : quel genre de salaud oserait stopper la course de la Liberté ? Le Lens-rocket est chargé à la poudre républicaine, pas question de critiquer un projet chiffré à 150 millions d’euros6. « À Lens, on Louvre pas, on la ferme  », rigolent certains.

Pourtant, rares les convaincus dans les rues de Lens. Certains sont fatalistes, comme ce patron de bar bientôt exproprié pour cause d’aménagement urbain : «  C’est sans doute la seule chose qui peut nous sauver. Bien sûr que ça a l’air absurde. Mais quelle autre solution ? » D’autres, moins conciliants, prédisent un raté d’envergure. «  Ça va faire un flop du tonnerre : tu pourrais ramener la Grande Pyramide et les Champs-Élysées, ce serait pareil. Il s’agit de Lens, les touristes ne sont pas stupides  », balance Raymond, rigolard. Bref, hors décideurs, l’enthousiasme n’est pas vraiment au rendez-vous. Mais voilà : la machine est lancée. Et tant pis si la Marianne républicaine a de faux airs de Louis XIV...

« Louis XIV en costume de sacre » - Hyacinthe Rigaud, 1701

Ce tableau-ci a également les honneurs du stade de Lens, en mode poster géant. Perché sur la façade extérieure, un Louis XIV gigantesque (23 mètres de haut) et majestueux jette un regard dédaigneux sur les grappes de supporters sang et or qui défilent à ses pieds les soirs de match. Les esprits chagrins n’ont pas tardé à faire le rapprochement entre le Roi Soleil et l’astre politique majeur de Lens, Guy Delcourt, maire PS de la ville depuis 1998. De l’avis de tous, sympathisants comme opposants, l’homme n’est pas du genre commode. « C’est un sanguin, il vaut mieux ne pas aller au contact avec lui, soupire un habitué des conseils municipaux. Il flatte beaucoup son ego, ne se remet jamais en question.  » Un autre le décrit en « Brejnev du Nord », régnant sur le Conseil d’une main de maître. Et le maître sait ce qu’il veut : imprimer sa marque sur la ville, comme a pu le faire Martine Aubry, voisine jalousée pour avoir su transformer la plus prospère Lille en bobo-land cultureux. Un mélange de complexe régional mal géré et de syndrome Napoléon – option campagne de Russie. Car Guy Delcourt est catégorique : « Lens va figurer sur la carte d’Europe grâce au Louvre.  »7 Pas moins. Il faut donc mettre la main à la pâte, dresser un plan de bataille ambitieux, qui ne se cantonne pas aux 20 hectares dévolus au seul projet Louvre-Lens. Bref : sortir le bulldozer.

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La culture n’a jamais été le dada de Monsieur Delcourt. Il aime la « marque  » Louvre, ce qu’elle annonce et permet en matière de développement urbain et de modernisation aux forceps, pas les vieilles pierres. En août 2010, il lançait ainsi la démolition d’un bâtiment classé au patrimoine historique, n’hésitant pas à vilipender « le diktat des fonctionnaires de l’État qui s’autorisent à décider à la place des élus locaux  ». Hélas ! Une mise en demeure de la préfecture a stoppé les pelleteuses à mi-chemin. Déclenchant les protestations de l’intéressé, « sidéré par la promptitude avec laquelle les services de l’État ont réagi  ». On ne peut plus démolir en paix.

Mais les ennemis du modernisme ont beau entraver ses beaux projets destructeurs – il a lui été interdit de s’en prendre à la façade art-déco de l’ancien cinéma Apollo ou de lancer la construction d’un hôtel cinq étoiles dans les jardins des Grands Bureaux8 –, lui ne se laissera pas si facilement stopper. Louis XIV a eu son Versailles, Guy Delcourt aura son Louvre. Massif et clinquant.

« L’enlèvement des Sabines » - Nicolas Poussin, 1637

Qui dit projet pharaonique dit populations sacrifiées. Romulus lança ses troupes en manque de compagnes sur les naïves Sabines, Guy Delcourt, plus modeste, lâche ses architectes, paysagistes, chefs de projets et autres aménageurs sur les populations vivant aux abords du futur musée. L’écrin doit être à la hauteur du public attendu, et notamment de ces Japonais fantasmés comme Graal touristique suprême (« Où logera-t-on les Japonais ?  », s’angoisse ainsi un entrepreneur du coin dans La Voix du Nord9). Pour les accueillir comme il se doit, les établissements de luxe ne suffisent pas, non plus que la rénovation annoncée des 1 000 hectares environnant le musée ; il convient d’également construire un sas entre le musée et la ville, d’éviter les interactions avec les zones moins « reluisantes  ». D’où le projet d’une sorte de « coulée verte » menant directement de la gare au musée, corridor végétal qui encadrerait les déambulations. « Dans ce projet, tout est fait pour que le touriste ne sorte pas des sentiers balisés, explique Ahmed, amer, rencontré au coin d’une rue. Ça se comprend, il vaut mieux qu’ils ne voient pas le vrai Lens... »

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Aux alentours du site, pas franchement bobo, tout doit changer. L’ancien centre culturel Albert Camus, qui offrait un embryon de vie associative populaire, a cédé la place à la Maison du projet, grand cube blanc qui propagande le barnum à venir. Emblématique. Le vélodrome qui lui faisait face a été démoli ; ici sera érigé un hôtel de luxe. Quant aux cités environnantes, elles ne feront sans doute pas long feu. L’exemple du 104 à Paris, lieu censé « réconcilier  » les classes populaires parisiennes du XIXe arrondissement avec l’art, fait office de jurisprudence : à court terme et dans les abords proches, les prix montent et la population change. Exit les prolos. Dans le cas du Louvre-Lens, il suffit de lire la prose de Dominique Soyer, directeur général de la Soginorpa10, pour deviner le tour que prendront les événements : «  On commence à travailler sur les cités autour du Louvre pour effectuer du relookage tout en traitant la population sur place.  »11 « Relookage  », « traitement  » de la population, le registre de langage ne trompe pas : les indésirables (comprendre : les pauvres) seront vite délogés.

Les premiers travaux d’aménagement impliquent de raser quelques bâtiments, d’exproprier des commerces et des habitants. Fatalistes, les concernés protestent peu. Le bar Le Calamity sera bientôt livré aux pelleteuses, mais son patron n’en fait pas une montagne - « C’est devenu tellement désert dans les environs que j’aurais fermé de toute manière.  » Par contre, il livre l’adresse d’un voisin qui refuse de se faire évacuer. Après quelques coups de sonnettes, la porte s’entrebâille et un visage méfiant s’encadre dans l’ouverture. Dialogue lapidaire : « Vous voulez quoi ? » ; « J’ai rien à dire » ; « Ils m’auront pas. Je bougerai pas ! » ; « Au revoir ».

Lui est l’exception. Il n’est finalement pas si simple de rejeter en bloc l’installation de cette antenne du Louvre. Parce que la ville a clairement besoin de trouver « quelque chose  » pour renaître de ses cendres. Et que l’idée de base agitée en trompe-l’œil dans les discours dominants est généreuse – rapprocher classes populaires et « grande  » culture. Sur le papier, ça semble tentant. Mais il importe d’aborder le sujet avec les bonnes questions, à l’instar du militant précédemment cité : « Je n’oppose pas culture et social ; pour moi, les deux vont ensemble. Et l’idée d’avoir un grand musée à Lens me plaît. Par contre, il faut questionner la manière de mener ce projet et le public visé.  »

« Luxe, calme et volupté » - Henri Matisse, 1904

C’est un cabinet d’architectes japonais, Sanaa, qui a décroché le contrat du Louvre-Lens. Jackpot. À voir la maquette, ils ont fait du beau boulot. Sur les 22 hectares du site seront disséminés une dizaine de bâtiments aussi imposants qu’apaisants, tout en légèreté, avec jardins zen de-ci de-là. Au cœur du projet, la Galerie du temps – qui accueillera 250 œuvres prêtées par le musée parisien –, gigantesque rectangle de verre et de métal, symbolise l’orientation architecturale choisie, entre Starck et Jean Nouvel. Frais et aérien. Branché. Du verre partout, du vert ailleurs. Sur un mur de la Maison du projet, ces quelques mots pour résumer l’approche : « Harmonie ; reflet ; transparence ; fluidité ; lumière ; légèreté.  » L’heure est au rhabillage pseudo-écologique12, quasi new age. Luxe, calme, volupté. Et pouvoir d’achat.

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Lens, pour les touristes, se vitrifie, change de couleur : du rouge des corons au vert des « cordons boisés  », des « espaces végétaux » et des « rideaux de plantations », le tout en « mode doux »13. Maintenus hors de la « vraie  » ville, les visiteurs trouveront leur bonheur en suivant le parcours fléché proposé. Dans et hors du Louvre. À la manœuvre, une génération d’architectes, d’aménageurs, d’urbanistes, qui appliquent la même recette à chaque nouveau projet – de Bilbao14 à Lille –, pure optique de carrière. Lens avec les loups. « L’urbanisme moderne, c’est du ’copier-coller , écrivait A. D. dans le numéro de mars-avril 2011 du journal lillois de contre-informations La Brique15. Si une technique fonctionne à un bout de l’Europe, elle refera surface, ailleurs, sous une forme à peine retouchée. » Le Louvre-Lens s’inscrit dans cette veine porteuse, l’habillage verdâtre – green washing – suffisant à justifier un projet absurde et mégalo.

« Mickey Mouse » - Andy Warhol, 1981

Tirant comme un furieux sur sa roulée, José, la quarantaine désœuvrée, chemise à carreaux et yeux roulant comme des billes, tente d’expliquer ce qui le dérange dans ce projet. Soit, il déteste le maire, qu’il gratifie d’imprécations savoureuses. Mais il a surtout vu Lens péricliter, le centre se vider et les inégalités se creuser ; le Louvre parachèvera le processus, dit-il. José parle à cent à l’heure, parfois confus, mais une phrase revient souvent - « Ça va juste accentuer le fossé entre pauvres et riches. » Et puis, foin de musée : il s’agit juste d’un « parc d’attraction pour les gogos friqués ».

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Bien vu. Ce qui se met ici en place relève davantage du Mickey démultiplié en mode Warhol que de l’éducation populaire. Il s’agit de créer un monde artificiel, faussement ouvert, pour évacuer la population actuelle, la repousser hors des limites du lieu fantasmé. Le public visé – les décideurs tablent sur 700 000 visiteurs la première année – est propre sur lui, doté d’un portefeuille conséquent. Il présente bien, dépense bien. Et aime cette reproduction d’un univers culturel qu’on lui présentera aussi bien à Bilbao qu’à Metz16, Paris, Lille, Bruxelles ou Madrid. Son attente ? Un cadre uniforme et rassurant, bordé de symboles fédérateurs, piliers de la culture globale. C’est ainsi que le Louvre, à Lens comme à Abou Dhabi17, accomplit son devenir « marque  » et devient l’équivalent de Disney : un vecteur d’uniformisation.

C’est un détail, mais il dit beaucoup. Norbert Crozier, l’actuel chef de projet de Mission Louvre-Lens Tourisme, est trop jeune pour avoir un CV gonflé aux hormones. Mais il affiche fièrement dans son «  parcours en trois points » une étape éloquente : « Mise en place d’une offre de tourisme culturel pour Disneyland Paris18. » Interviewé dans le supplément Louvre-Lens de L’Avenir de L’Artois, le même livre sa philosophie : « Notre travail est d’écrire un scénario pour développer le tourisme. Nous sommes les metteurs en scènes, les acteurs sont les touristes et les décors sont les lieux. » Comment ils disent, déjà, chez Disney ? Ah oui : «  Bienvenue dans un monde de magie ! »



1 Il s’agit des chiffres de l’Insee pour les 15-64 ans.

2 Pire, le seul canton de la ville renouvelable aux élections cantonales de 2011, celui de Lens-Nord-Est, propulsa le candidat FN au deuxième tour, où il engrangea 43,45 % des voix.

3 Autre figure de la région, Jean-Pierre Kucheida, maire de la ville limitrophe de Liévin, batifole lui-aussi dans le pétrin judiciaire sauce PS Ch’ti.

4 Les mêmes se prennent à rêver de lui adjoindre une troisième entité : les nécropoles de l’Artois, souvenir d’une Première Guerre mondiale qui n’épargna pas Lens. Veinards de touristes.

5 Les 1 099 morts de la catastrophe de Courrières – 10 mars 1906, grisou – et les dizaines de milliers de mineurs qui se sont tués à la tâche dans les mines des environs sont ravis.

6 La majeure partie du Louvre-Lens est financée par l’État, l’Europe et la région Nord-Pas-de-Calais. Ce chiffre de 150 M€, qui n’a cessé d’augmenter depuis l’annonce du projet en 2004, ne concerne pas les nombreux aménagements urbains qui accompagneront l’installation du Louvre à Lens.

7 Lens info métropole, novembre 2011.

8 Bâtiments qui accueillaient par le passé les bureaux somptueux de la Compagnie des mines de Lens et qui sont aujourd’hui occupés en partie par l’Université.

9 Édition du 18 novembre 2011.

10 Société gérant un immense parc de logement issu des compagnies minières du Nord-Pas-de-Calais. Détail piquant : Jean-Pierre Kucheida, maire de Liévin récemment mis en examen pour diverses malversations financières, était jusqu’ici le président de cette société, dont il aurait utilisé la carte bleue avec une certaine prodigalité... Le monde est petit.

11 La Voix du Nord, 18 novembre 2011.

12 Lire à ce sujet l’ouvrage de Tomjo, intitulé L’Enfer vert, qui souligne l’influence néfaste des écolo-technocrates lillois, anciens opposants virulents désormais meilleurs alliés du système. À commander sur le site de La Brique.

13 Prose piochée dans Lens Info Métropole, janvier 2012.

14 Le gigantesque musée Guggenheim de Bilbao a ouvert en 1997. Son implantation « réussie  » – les chercheurs parlent d’un « effet Guggenheim » – est souvent citée par les décideurs lensois.

15 Article à lire ICI.

16 Qui accueille aussi son musée délocalisé, avec une antenne du Centre Pompidou.

17 Une franchise du musée du Louvre y ouvrira en 2013.

18 Lens info métropole, janvier 2012.


COMMENTAIRES

 


  • jeudi 29 mars 2012 à 10h25, par Alain Korkos

    Très bel article. Qui serait absolument parfait si vous corrigiez vos orthographes fautives dans le nom des peintres :
    on écrit Hyacinthe Rigaud et non Rigaut, Henri Matisse et non Henry.

    Et vive Lens, et ses futures boutiques de boules neigeuses avec la Joconde dedans.

    • jeudi 29 mars 2012 à 11h23, par Lémi

      Merci pour les corrections ; j’ai effacé ces scories, le rouge au front. Pour les « boules neigeuses avec la Joconde dedans », j’attends itou avec impatience de pouvoir m’en procurer une. D’autant que, symboliquement, ce sera la juste continuation des pistes de ski sur terril...



  • vendredi 30 mars 2012 à 16h08, par Seb

    J’invite l’auteur à faire une petite visite sur le site www.conisme.com , même si le réel parvient à dépasser la parodie.
    (Je ne demande pas à ce que ce commentaire soit publié car je ne veux pas faire d’auto-promotion, mais je ne sais pas comment contacter l’auteur autrement.)



  • dimanche 1er avril 2012 à 10h49, par Antoine

    Ben sans le Louvre t’y serais jamais venu à Lens, mon gros !
    Qu’est-ce que t’aurais préféré ? Que rien ne soit tenté ? Pour que la misère soit plus authentique ?
    C’est TOI le bobo, mdr !!

    • dimanche 1er avril 2012 à 22h40, par Tonio

      Message assez représentatif de ce qui est renvoyé à la gueule de ceux qui s’attaque au développement urbain capitaliste. En gros : c’est ça ou c’est rien. Ça, ou la « misère ».

      Le problème est plus que ce qui est « tenté » - et c’est vraiment le mot - ne l’est pas pour ceux qui vivent sur place. La majorité des habitants de Lens est définitivement vue comme un problème, en soi, et pas comme pouvant fournir une once de solution à la situation effectivement problématique (la faute à qui ?) du bassin minier. Les solutions viendront de Paris et des grandes vedettes internationales de l’architecture.

      Alors, oui, on a devant nous à recréer un discours (face au puissant lexique techno-métropolitain), des pratiques (mais elles sont déjà là), des solidarités (idem).

      Mais c’est pas pour ça qu’on s’empêchera de critiquer leurs merdes marchandes et élitistes.



  • vendredi 6 avril 2012 à 17h43, par Louis

    Avec toutes les (excellentes) références culturelles de cet article tu creuses un fossé scandaleux avec tous les gens du peuple, les ouvriers, les chômeurs, les pauvres, les « pouilleux » comme dirait ce tocard de Mélenchon, qui savent à peine lire. ;)
    Le Louvre (celui de Paris) n’attire pas que des japonnais richissimes, des bourgeois de bonne famille, ou des gens de l’ump...non, il attire aussi tous ceux qui éteignent leur télé-poubelle quelques heures pour le plaisir de se cultiver réellement, de voir de près des oeuvres ayant traversées l’histoire de notre pays. Il attire aussi de très nombreux groupes de jeunes, ceux-la même qui n’apprennent plus l’histoire de Clovis, de Louis XIV ou de Napoléon Bonaparta à l’école.
    Nul doute donc qu’il en sera de même avec ce Louvre lensois, que toutes sortes de gens y viendront, et en ressortiront en ayant appris un tas de choses. C’est mieux que de se souvenir de la dernière gagnante de Secret Story non ?
    Et si les gens du coin font l’effort de s’y déplacer aussi, ce que je crois, ils auront enfin des arguments en béton pour contredire ceux qui les qualifient d’alcooliques stupides et violeurs d’enfants...sortons de notre pauvreté, au moins au niveau spirituel et culturel !
    Enfin, cet empaffé de Guy Delcourt quittera probablement très vite la mairie de la ville, soit par les urnes soit par démission, je ne suis donc pas certain qu’il conserve une gloire éternelle de l’implantation du musée ici.

    Vive le Louvre à Lens !



  • vendredi 18 mai 2012 à 01h00, par Gunter62

    Il y a une grande part de réalité dans cet article et dans l’heure où l’on parle de « parachutés » , il y en a pas mal dans la délégation Louvre-Lens qui pourraient, voir devraient, se poser des questions...

    Le bassin est triste mes camarades, laissé à l’abandon, dépourvu d’un semblant d’espoir de solidarité qui a fait son émulsion. Entendre un maire qui veut faire de Lens une ville de cadre...
    Les seules boutiques qui survivent sont celles des produits de luxe, pour la création d’un bassin qui gloutonne de force la grande distribution, la peur de l’autre et l’individualisme. Il y a de l’indignation dans l’air, faisons en sorte de le faire respirer par chacun, cet air, mais positivement, pas dans la haine, le mépris et le racisme, ou je ne sais quel machin truc inventé pour fabriquer la différence entre les peuples.

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