ARTICLE11
 
 

mercredi 17 décembre 2008

Le Cri du Gonze

posté à 08h36, par Lémi
16 commentaires

Courrier de l’au-delà. M. Goebbels, de Munich, nous écrit à propos de l’instrumentalisation de la “menace” anarcho-autonome.
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Ça va faire jaser, c’est sûr. Et on va encore nous accuser de rapprochements foireux, tant le « point Godwin » se retrouve pour le coup pulvérisé. Il n’empêche : quand on reçoit un courrier de ce genre à Article11, on tergiverse un moment, mais on finit par le publier. Parce que certaines pratiques de manipulation ne sont pas neuves et que remonter à leur source ne fait jamais de mal...


Mes conseils à Messieurs et Mesdames du gouvernement français.

Tout d’abord, je souhaite vous féliciter.
De ces limbes éloignées que mon âme damnée habite désormais, là où des rôtissoires infernales tannent ce cuir teuton que je croyais à toute épreuve, Lucifer m’admonestant régulièrement une double portion de supplices aussi fourchus que tarabiscotés (je prends ça pour un compliment), j’ai suivi avec intérêt l’affaire qui agite votre contrée depuis quelques temps.
Je tiens à vous le dire, j’ai été très favorablement impressionné par la manière dont vous avez exploité la chose. Mon avis sur vos agissements ? Un travail d’artiste, de virtuose de la propagande. D’un rien abyssal (quelques barbus sympathiques de retour à l’état de nature), faire une affaire d’état, un risque majeur pour la sécurité du territoire ? Je n’aurais pas fait mieux.
Si tout n’était pas parfait, s’il vous reste encore à apprendre pour atteindre les cimes désinformationnesques que nous atteignîmes en notre glorieuse époque, ce que vous avez réalisé dans un petit village paumé de Corrèze, n’était pas loin d’être une manœuvre magistrale. Des coupables sortis de nulle part, des médias aux ordres, un climat réactionnaire...
Ah, l’épouvantail de l’anarcho-autonomie, quelle splendide réactualisation de notre coupable parfait à nous, le coco Rouge et machiavélique, couteau entre les dents.

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Et je dois avouer - j’ai toujours été un brin mégalo - qu’à vous voir vous escrimer à construire de toutes pièces une figure de terroriste intérieur, j’y ai vu une forme d’hommage à ma personne. Cela fait toujours plaisir de voir que le chemin que vous avez tracé durant votre vie est ensuite repris par d’autres. Que vous n’avez pas œuvré en vain. Vanité, quand tu nous tiens...

En mon temps, c’est vrai, nous avons poussé les choses plus loin. Et, si je sens en votre gouvernement certaines évolutions prometteuses, certains flirts avec ce régime de Vichy qui de collaborer avec nous gagna en considération ce qu’il perdit en indépendance, il vous reste des progrès à faire pour atteindre ce qui fit notre grandeur. Nous ne partageons évidemment pas la même « Wetltanschaaung », Messieurs du gouvernement français. Ce serait trop beau. Je ne vois point poindre en vous de grands desseins de purification de la race. Ni de volonté avouée de pousser le contrôle jusqu’au meurtre collectif.
Reste que cette route que vous empruntez, celle qui fait son beurre de la peur, du recours au sécuritaire à tout-va, de l’hystérie collective contre un ennemi dont on amplifie démesurément la menace, n’est pas loin de mener à un totalitarisme dont j’ai toujours admiré la rectitude, la grandeur morale. Votre Etat, chaque jour davantage, se nourrit de contrôle, de propagande. C’est là une chose nécessaire pour la grandeur d’une nation.
Je vous vois mettre en scène des preuves inexistantes (une lampe frontale, des horaires SNCF), hurler au terrorisme dans un grand vide judiciaire, et je m’y retrouve totalement. L’absence de preuves ferait l’innocence ? Non, elle souligne la culpabilité. Comme je l’avais déclaré il y a longtemps, pour une autre cause il est vrai : « Le complot juif est d’autant plus évident qu’il est impossible d’en apporter la preuve. » Il me semble que ce raisonnement, dans votre position, est plus que jamais d’actualité. Vous pataugez sans preuves, voire, on vous apporte des démentis à vos allégations ? Qu’importe, ces coupables sont parfaits, ils resteront en prison, la sécurité du bon peuple, celui qui avale la lavasse médiatique à grandes goulées avides, est à ce prix.

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Permettez-moi juste, chers confrères, quelques conseils pour la bonne marche de vos affaires. Sur la longueur, ce but que vous semblez viser, ce « sarkozysme de mille ans », vous ne pourrez l’atteindre qu’en multipliant les actions de ce type, en recourant à la frousse populaire, au grand barouf de l’ennemi intérieur agité inlassablement. Comme vous l’avez fait en déterrant Action Directe, en tirant à Boulets Rouges sur un ancien terroriste qui avait eu le tort de s’ouvrir un peu trop à un plumitif insistant. Comme vous saurez, je l’espère, le faire avec ces pains d’explosifs opportuns trouvés au Printemps. En matière de propagande, on n’en fait jamais assez.
Rappelez-vous l’incendie du Reichstag le 28 février 1933, cet événement si opportun et si habilement mis en scène, qu’il nous permit dès notre accession au trône démocratique de grapiller les pleins pouvoirs. Rappelez-vous ce coupable idéal que nous trouvâmes, un simple d’esprit hollandais nommé Marinus van der Lubbe1 que nous catapultâmes illico comme fer de lance de la canaille intérieure assoiffée du sang des bons allemands de souche. Souvenez-vous en bien : de ce seul événement, nous sûmes conquérir l’Allemagne.
Je vous sens capable de telles choses, Messieurs du gouvernement. Avec un peu d’imagination, vous pourriez redonner ses lettres de noblesse à ce sport dont je fus le champion ultime, la propagande. Encore un effort, vous y êtes presque…


Ps : par la présente, je m’auto-administre un point Godwin de taille respectable. Il est donc inutile de venir en rajouter sur le sujet, je plaide coupable...

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1 Suite à l’intervention de Véritophile, commentateur émérite, la rédaction tient à modérer ce propos de Goebbels (« simple d’esprit ») visant celui qui après tout fut peut être le tout premier résistant, et n’eut que le tort d’être aisément manipulable. Le déluge de calomnies et fausses accusations s’étant abattu sur ce jeune idéaliste hollandais est finalement un exemple parfait de propagande, et ceci aussi bien de la part des nazis que des staliniens.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 17 décembre 2008 à 09h31, par Véritophile

    Cher vous

    Une erreur tout de même dans votre article, oh très légère, je vous rassure. Marinus van der Lubbe n’avait rien d’un simple d’esprit et son geste de protestation contre la capitulation des partis parlementaires, communistes y compris, face au monstre national-socialiste n’a rien d’une manipulation. Son geste, exploité par les nazis pour accélérer leur politique de mise au pas de l’Allemagne, et qui lui a coûté la vie, a ensuite été honteusement calomnié par la propagande stalinienne à travers un livre blanc entièrement mensonger. Il s’agissait absolument de salir Marinus, d’en faire un imbécile (ce n’était pas un imbécile, au contraire) et, pire encore aux yeux des staliniens de l’époque, un homosexuel (ce n’était pas un homosexuel et, l’eût-il été, ce n’aurait pas dû être un grief aux yeux des véritables révolutionnaires). Bref il serait peut-être temps presque quatre vingt ans après la mort de ce martyre et de ce grand révolutionnaire de cesser de salir sa mémoire et de l’insulter post mortem.

    Un peu de documentation : http://www.editionsantisociales.com...
    http://www.editions-verticales.com/...



  • mercredi 17 décembre 2008 à 10h42, par Dominique

    Je tiens à vous féliciter pour la conception du point Godwin qui, pour une fois, n’a pas été rédigé par un amateur qui en aurait entendu parler la semaine précédente (tout comme il a pu découvrir l’existence du mot « troll » la veille et le sens de « lol » il y a un mois). C’est fait avec soin, de manière artistique, en respectant la tradition puisque la référence du découpage au burin sur l’écran s’y trouve et que c’est joliment encadré comme il se doit par des pointillés. Voilà du solide travail à l’ancienne comme sur Usenet ! C’est grâce à des artisans soucieux du travail bien fait que ce savoir-faire ancestral peut se perpétuer et je vous proposerais bien pour un reportage du journal de Jean-Pierre Pernaut : les authentiques confectionneurs de Points Godwin.

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • Oui, tel Obélix avec ses menhirs ou ma tante Adélaide avec ses quatres quarts aux oeufs de dinde, nous apportons un soin tout particulier à la conception de nos points Godwin. C’est en celà (entre autres) qu’Article 11, encore et toujours, perpétue cette image d’excellence qui lui colle aux basques. Et ce n’est que justice.
      J’attends J.P. Pernaut de pied ferme, j’ai enfin trouvé lequel de mes profils passait le mieux à la télé...

      • Je ne sais pas si vous avez payé ce Dominique pour vanter votre marchandise. Mais j’ai le regret de vous dire qu’en voulant découper mon point Godwin, je me suis retrouvé avec des éclats de verre partout. Manifestement, votre pré-découpe n’est pas au point, vous devriez réduire l’espace entre chaque pointillé.
        J’exige que vous m’expédiez par la poste un point Godwin de meilleure facture, accompagné bien entendu d’un mode d’emploi traduit en bon français. Faute de quoi je me plaindrais à 60 millions de consommateurs.

        • Faites donc, cher monsieur, faites donc. Si plainte vous portez, jamais vous ne l’emporterez. D’abord ce point Godwin était irréprochable, fabrication Auvergnate et tracabilité de facto. Et puis, j’ai mes entrées à 60 millions de consommateurs (j ai été pour untemps militant poujadiste...).
          cela se réglera donc à l’ancienne : au prétoire...



  • mercredi 17 décembre 2008 à 10h56, par Pseudopseudo

    « HiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii »

    Bucéphale, c’était le cheval d’Alexandre prétendu le Grand.
    Y aurait-y pas comme de la con fusion, Docteur G. ?

    • mercredi 17 décembre 2008 à 12h23, par jide

      C’est également le nom du cheval du baron de Münchhausen...
      Que rien n’empêche, au demeurant, de tarabuster Joseph G, de Munich...

      Voir en ligne : http://jide.romandie.com

      • mercredi 17 décembre 2008 à 19h42, par lémi

        Bien bien, je crois qu’il y a eu méprise de ma part (j’ai également possédé un ordinateur surnommé Bucéphale, qui par ses sautes d’humeur se montrait véritablement infernal. D’ou méprise...). Ceci dit, le potentiel poétique de la chose vaut également son pesant de picotins : Goebbels brouté par le cheval du Baron de M., j’aime bien l’image...
        Adoncques je corrige, mais à contre-coeur.



  • Ton facteur fait une drôle de tournée !

    Si je comprend bien tu insinues qu’il y aurait un rapport même lointain entre la propagande du III Reich et l’information décomplexée de Sarko the First ? Voyons si quelques indices pourraient venir étayer ton propos.
    Il me souvient que le bon Doctor aurait déclaré que : Plus le mensonge est gros, et plus les gens y croient.. Un autre grand humaniste, tonton Adolf ,aurait également dit : « Un mensonge répété dix fois reste un mensonge ; répété dix mille fois il devient une vérité. » Cela peut en effet rappeler, entre autres, une certaine affaire corrézienne récente. Mais bon pas d’emballement, nos gouvernants sont trop épris de vérité pour se laisser aller à de telles manipulations. Donc, Point Godwin, mérité !

    • Oui, mon facteur est un genre de héros en son genre. Le seul que je connaisse à savoir passer le Styx sans sombrer dans la lave. Je le garde pour moi.
      Quand à ces insinuations concernant nos braves et dignes dirigeants, je les regrette déjà. Je ne sais pas ce qui m’a pris... Je m’en vas me laver la bouche au savon Godwin et ne reviendrais qu’une fois que j’aurais les idées claires et le patriotisme bien ancré dans la caboche...



  • mercredi 17 décembre 2008 à 22h13, par khaanthos

    Si vous ne voulez pas aller à cette adresse pitoyable :
    http://www.boutiquelingeriesexy.com/acheter pn ensemble_2_pieces_goldwin affid 8440 prodid 11816.htm

    vous pouvez vous contenter de ce qui suit :

    Goldwin Smith (1823-1910) était un historien et un journaliste britannique et canadien.

    Né à Reading, dans le Berkshire, il fut éduqué au collège Eton et au collège de la Madeleine d’Oxford. Avec Arthur Penrhyn Stanley, il exigea des réformes universitaires puis participa à la pleine libéralisation des facultés.

    Régent d’histoire moderne à Oxford, il croyait fortement aux valeurs éducatives de l’histoire, dont l’histoire de l’antiquité. Auteur d’un essai sur l’histoire politique du Royaume-Uni, il prit parti en faveur du Nord lors de la guerre civile américaine, alléguant les abus esclavagistes commis par les sudistes.

    En 1871, il s’établit à Toronto et s’intéressa bientôt aux puissances du domaine colonial britannique. Favorable à un accroissement d’autonomie pour l’Irlande, il s’opposait toutefois au projet d’indépendance souhaité par William Gladstone.

    Ses réflexions diverses sur l’autonomie du Canada, le suffrage féminin, l’État-providence et la prohibition révèlent ses opinions libérales, patriotiques, et parfois même réactionnaires. Vers la fin de sa vie, il était définitivement acquis à la libre-pensée.

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    Maintenant, si ça ne vous convient pas, vous pouvez toujours demander au Char en Cri du Gonze de vous en(...) avec son goldwin...

    Sur ce : allégorie géniale au sujet de Goebbels ! Vous aurez dix soutiens gorge...! Pour rire !



  • jeudi 18 décembre 2008 à 19h46, par littlehorn

    Je trouve ça hypocrite de parler de point Godwin. L’idée que l’on devrait se retenir de faire des comparaisons avec Hitler.

    Ce monde est l’enfant de Hitler.

    Alors quoi, les Amérloques envahissent pays après pays, en invoquant constamment Hitler ; mais nous de notre côté, on ne peut pas établir les liaisons de fait entre la France actuelle et l’Allemagne Nazie ??

    On ne peut pas faire autrement que d’invoquer Hitler à tout bout de champ. Hitler est le traumatisme qui nous définit. Ce sera ainsi jusqu’au prochain traumatisme.



  • Oh ! vous avez réussi à dénicher une photo de F. Lefebvre avec une casquette ?! ;-)



  • jeudi 19 février 2009 à 19h47, par Crapaud froid

    Cette comparaison avec la propagande nazie me semble tout à fait justifiée, même si les conséquences sont pour l’instant d’une portée bien moindre. J’apprécie aussi avec quel humour le point Godwin est auto-attribué. Mais les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. En principe, un point Godwin est discerné à qui introduit une référence au nazisme dans une conversation qui parle de toute autre chose, mais ici l’auteur s’en attribue un d’emblée par dérision. Une fois ça va mais, à la longue, c’est le point Godwin qui se fera maltraité alors qu’il a son petit rôle à jouer. Faut donc le respecter.

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