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samedi 16 août 2008

Le Charançon Libéré

posté à 13h03, par JBB
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Crise économique : Lagarde ne meurt pas, mais se rend (aux évidences)
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A lui seul, son discours faisait obstacle à la crise. A force de marteler sa confiance dans les fondamentaux de l’économie française et de répéter en toutes circonstances son optimisme, Christine Lagarde avait fini par y croire elle-même. Las, la ministre de l’Economie et des Finances vient de se rendre à l’évidence. Signe que l’avenir s’annonce noir, très noir.

Je ne sais pas si vous avez remarqué.

Mais il vient de se passer un truc essentiel.

Incroyable.

Enorme !

Je vous le livre tel quel, sans fioritures inutiles : « Il ne faut pas s’attendre à un bon troisième trimestre car les facteurs ayant pesé au deuxième trimestre sont restés présents en juin et sur une partie du mois de juillet », a prévenu Christine Lagarde, ministre de l’Economie (positive, évidemment) et des Finances (florissantes, forcément).

Je vous le re-livre, même : “Il ne faut pas s’attendre à un bon troisième trimestre."

Et je reproduirais bien une troisième fois cette citation tant il s’agit d’une rupture sémantique fondamentale, sans doute annonciatrice de lendemains qui déchantent grave.

Car enfin…

Pour ceux qui l’auraient oublié…

Je rappelle que Christine Lagarde est cette ministre que le monde des bisounours nous envie pour sa capacité, à nulle autre pareille, à voir l’avenir en rose et à présenter les plus mauvaises nouvelles comme d’immenses motifs de réjouissance.

Héroïque combattante contre les évidences qui n’a cessé, depuis sa nomination au gouvernement, de nous assurer que tout allait pour le mieux et que la crise ne nous concernerait pas.

A tel point qu’un petit retour en arrière, en forme de récapitulatif des élans optimistes de dame Lagarde, s’impose.

Septembre 2007 ?

En dépit des mauvaises prévisions de l’OCDE, Christine se réjouit avec vigueur, constatant qu’un « certain nombre de clignotants de confiance sont allumés au vert (…), on attend un troisième et un quatrième trimestres forts. »

Joie…

Novembre 2007 ?

Contre les Cassandre de tous poils, convaincus que la France allait subir les conséquences de la crise des subprimes, Christine pavoise avec entrain : « Quand je vois des créations d’emploi en quantité très importante au mois de septembre, une consommation qui est solide, des exportations qui se redressent, je suis plutôt optimiste. »

Bonheur…

Janvier 2008 ?

Malgré une inflation entêtée à repartir de plus belle, Christine martèle son optimisme, assurant qu’il n’y avait nulle raison de s’inquiéter : « Je pense qu’on finira à 1,5 sur l’année 2007 et notre prévisionnel pour l’année 2008, c’est 1,6. On a un écart de 0,1 point, c’est-à-dire un peu plus mais un écart qui est extrêmement minime. »

Sérénité…

Mai 2008 ?

Nonobstant des prévisions de croissance revues à la baisse, Christine répète toute sa confiance dans nos fondamentaux et dans la politique gouvernementale : “Pour 2008 on a une estimation entre 1,7 et 2. Je suis convaincue, aujourd’hui, je vous le dis, que nous serons dans nos prévisions.

Pétulance…

Mi-juin 2008 ?

Contre les évaluations livrées par l’INSEE, lesquelles révisent à la baisse les prévisions de croissance du PIB pour l’année, Christine s’insurge et tempête : « Ces prévisions me paraissent exagérément pessimistes surtout si je compare avec d’autres prévisions d’autres organismes comme le Fonds monétaire international ou l’OCDE ou nos propres prévisions. »

Enthousiasme…

Fin juin 2008 ?

Face à la multiplications des mauvais signaux, Christine ne se laisse pas abattre et remarque qu’on “peut raisonnablement penser que l’ensemble des mesures prises par le gouvernement en faveur du pouvoir d’achat augmentera la croissance de 0,3 % en 2008."

Zénitude…

Mi juillet 2008 ?

Malgré un ciel de plus en plus sombre, Christine le répète sur tous les tons : « Nous tiendrons nos prévisions de croissance. »

Soulagement…

__3__

C’est simple : Christine Lagarde en a tellement rajouté dans la confiance et l’espérance que son nom même est devenu synonyme d’optimisme.

Et que l’usage de son patronyme s’est répandu dans toutes les couches de la société.

Aussi bien dans le sport : « Je sais que je ne suis pas parmi les meilleurs, mais je reste Lagarde sur mes chances de m’améliorer. J’ai le potentiel ! »

Que dans la politique : « Le PS peut apparaître divisé. Mais il faut se montrer Lagarde sur ses chances de retrouver l’unité. »

Ou même dans les cités : « Zyva, tu me prends pour une baltringue ? T’as pas confiance ? Sois un peu plus Lagarde sur le genre humain, cousin ! »

Bref : partout !

Alors…

Mieux vaut voir les choses en face.

Si Christine change son fusil d’épaule et lâche là son légendaire optimisme pour nous prévenir que ça craint sérieusement.

C’est qu’on va se retrouver sérieusement dans la panade.

Grave…

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