ARTICLE11
 
 

lundi 27 octobre 2008

Le Charançon Libéré

posté à 15h07, par JBB
17 commentaires

Quand les ministres se prétendent blogueurs : d’Amara à Boutin, revue de web.
JPEG - 29.1 ko

Il y a les blogueurs de seconde zone et… il y a les autres. D’un côté, vous, moi et tous les clampins anonymes se piquant d’alimenter le web de leurs réflexions bien senties. De l’autre, des privilégiés qui bloguent à compte public, figues ministérielles s’essayant à la communication moderne. En tête, Christine Boutin, avec un blog au coût pharamineux et à l’audience ridicule.

Il me semble…

(Mais arrêtez-moi si je me trompe.)

Il me semble que certains d’entre vous, lecteurs assidus ou occasionnels, sont aussi blogueurs.

Qu’ils entretiennent sur le vaste réseau leur propre espace de liberté.

Et qu’ils y lâchent périodiquement quelques réflexions bien senties et billets itou.

N’est-ce pas ?

Oui…

(Je le savais.)

__3__

Il me semble aussi que nous sommes plus ou moins logés à la même enseignes.

Passionnés qui ont résolu de se saisir de l’incroyable opportunité de s’adresser à leurs semblables, facilement et directement.

Et qui profitent de cette tribune disponible à moindre kopeck.

Soit, selon que vous bloguez sur une plate-forme gratuite ou que vous passez par un hébergeur, pour une facture annuelle comprise entre zéros pépètes et quelques dizaines d’euros.

Un luxe accessible.

Et le même privilège pour tous, celui de pouvoir devenir son propre média pour presque rien.

__3__

Cette tortueuse introduction (preuve que moi aussi je sais enfiler les lapalissades comme à la parade) avant de constater qu’il est quelques privilégiés à bloguer à compte public.

Membres du gouvernement qui usent des blogs comme d’un outil de communication ministérielle et imaginent trouver sur le web la légitimité qui leur manque par ailleurs.

Des noms ?

Vous les connaissez :

 × Il y a avait Fadela Amara, blogueuse d’élite devenue la coqueluche des skyblogs avec Pour ma Ville.

Ephémère coup de pub médiatique, soi-disant destiné à recueillir les doléances des jeunes des quartiers, qui a depuis rejoint le grand cimetière des skyblogs.

Où il repose pour l’éternité avec cette épitaphe : « La secrétaire d’Etat s’en bat la race mais… lâche ton comm quand même ».

 × Il y a Rachida Dati, blogueuse à temps perdu, sans doute connectée entre deux défilés en prison, un passage chez Drucker et trois dîners en viller.

Garde des Sceaux qui se sert de son blog vidéo comme d’une (abominablement chiante et mortifère) vitrine de communication.

Lieu où rien ne bouge ni ne dépasse et où les commentaires trépassent : ceux-ci ont été désactivés, comme un parfait résumé de la conduite de la ministre face à la contestation ou à la critique.

 × Il y a aussi Roger Karoutchi, skyblogueur au service de l’intérêt général.

Secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement qui a ouvert son espace sur la plate-forme « kikou-lol » pour célébrer les cinquante ans de la Constitution.

Et pour dire aux jeunes, en un langage simple et direct : « Joyeux anniversaire à qui ? Et bien à toi. Car de la même manière que la République t’appartient, cette Constitution est la tienne. Elle parle de nous tous, car elle détermine la façon dont nous concevons la République. »

Une initiative qui part sans doute d’un beau sentiment, justement salué en commentaires par Toons du 62 : « Coucou si ta le ten, passe ecouteii mon nouvo son en ziik persoo et di moi step kess ten pense, mercii. »

 × Il y a (enfin) la ministre du Logement et de la ville, grenouille qui veut changer de bénitier.

Et s’est payé un très luxueux blog à son nom, audacieusement appelé Le blog de Christine Boutin.

Un lieu au design sobre et efficace, bien loin des gamineries cheap d’Amara et de Karoutchi.

Mais qui ne peut se vanter d’attirer les foules : postée il y a cinq jours, la dernière note de la ministre, Ma vie la nuit…, n’a pour l’instant été lue que par 145 visiteurs.

Autant dire pas grand monde…

__3__

On pourrait se gausser de ces pathétiques efforts ministériels pour se montrer sur le web.

Echecs répétés et obligatoires, tant ces gens n’ont rien compris à la magie des blogs.

Et ne s’en servent que comme des relais institutionnels ou des vitrines de communication.

On pourrait s’en moquer, donc, à condition de n’avoir pas lu ce papier du Canard qui, la semaine passée, faisait état du contrat passé entre le ministère de la Ville et la boîte de production Elephant at Work (propriété du sourcilleux Emmanuel Chain), laquelle a monté le site de Christine Boutin et l’alimente en vidéos.

Montant du contrat ?

228 917 €.

Soit beaucoup de pépètes pour pas grand chose, si l’on ramène la facture au nombre de visiteurs.

Sauf à établir le palmarès des blogs les plus coûteux et les moins consultés.

__3__

Du blog de Christine Boutin, dont on connaît le prix, et de ceux de Fadela Amara, Roger Karoutchi et Rachida Dati, dont on ignore le coût, je ne retiens qu’une chose.

Le blog est affaire trop sérieuse pour qu’on laisse des ministres faire joujou avec.

Alors : du balai, bande de dispendieux incompétents !

La blogosphère n’y perdra rien.

Et les finances publiques ont tout à y gagner.


COMMENTAIRES

 


  • Chacun veut faire pire que le précédent,... Et puis pendant qu’on regarde les images on oublie de lire « le texte »... (Sait-on le coût du « blog officiel présidentiel » ? Il est pas mal non plus...). _ 

    (Hors-sujet, avec toutes mes excuses : le lien vers Repvblicæ ne mène plus nulle part).

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com/



  • Je n’étais jamais encore allé me fourvoyer en ses sites ministérielles, le voyage fut saisissant. J’ai enfin pu contempler ce qu’était la vacuité la plus totale (mention spécial à celui de Fadéla).

    • lundi 27 octobre 2008 à 17h40, par JBB

      Fadela Amara était la princesse des skyblogs, la reine des blougs ministériels ! Tous les autres ne sont que de pâles imitateurs, sans âme ni originalité ! A tel point que je n’attends plus qu’une chose : qu’elle réactive enfin Pour ma Ville…

       :-)

      • lundi 27 octobre 2008 à 18h59, par Dominique

        Fadela Amara n’a fait que suivre la démarche de Julien Dray qui avait été le premier politique à se rendre sur Skyblog afin de s’adresser à un public supposé de cités qui ne se trouverait pas ailleurs - mais il a dû passer par une modération sévère après les dérapages de commentaires. Amara était d’ailleurs proche de Dray, quand elle se situait encore à gauche. Comme si toute adresse à la jeunesse des banlieues passait automatiquement par cette plateforme plus que limitée. Je trouve cela un peu consternant comme présupposé. Est-ce ici ou ailleurs (peut-être chez Gilles Klein ou chez Narvic) ? mais il me souvient d’une discussion au sujet du faible nombre de commentaires qu’elle avait obtenus et puis de la dégringolade des chiffres après un premier mouvement de curiosité, tout comme de l’enlisement d’un blogue ayant de moins en moins de billets et ayant été conçu avant tout pour sembler exister quelque part à un moment donné.

        Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

        • lundi 27 octobre 2008 à 20h22, par JBB

          « Est-ce ici ou ailleurs (peut-être chez Gilles Klein ou chez Narvic) ? mais il me souvient d’une discussion au sujet du faible nombre de commentaires qu’elle avait obtenus et puis de la dégringolade des chiffres après un premier mouvement de curiosité »

          J’ai souvenir d’une même conversation, mais je n’ai réussi à en retrouver trace. Mais c’est sûr que, passées les deux premières semaines d’emballement, ses stats de visites et nombre de commentaires postés s’étaient considérablement amoindris. C’était un coup (de comm) d’un soir, ou quasi…



  • Le blogue de Dati n’en est pas un : c’est juste un site d’hébergement de ses vidéos publiées sur Dailymotion, mais on n’y trouve ni permalien, ni flux RSS ou Atom, ni possibilité de commentaire (heureusement pour elle). Il n’y a que la forme antéchronologique qui permet de rattacher cela à un blogue. On se demande à quoi on a affaire, mis à part la mise en scène d’une personne dans un joyeux mélange entre la fonction officielle et l’image personnelle. Mais cela aurait pu être fait sous une forme qui ne serait pas apparemment celle du blogue et cela reste fort « top-down » comme mode de communication, « blogue » c’est juste un habillage pour sembler à la mode.

    Il faut dire que les politiques qui s’essayent au blogue ont beaucoup de mal à comprendre le fonctionnement de ce type d’échanges. Un qui a compris que cet exercice était incompatible avec sa fonction, c’est Darcos
    http://desideesdabord.typepad.com/
    http://xavierdarcos.blogspirit.com/
    Il avait commencé le blogage durant sa traversée du bac à sable à la fin de l’ère chiraquienne. afin de se remettre en selle. Mais ses textes (souvent des allocutions officielles anciennes, des articles érudits anciens ou des communiqués officiels récents et de rares prises de position récentes) étaient d’une longueur kilométrique hors de toutes les habitudes et il obtenait presque tout le temps zéro commentaire pour ses copier-coller de fonds de tiroir. C’était seulement un instrument pour montrer qu’il existait encore, pas d’un outil pour recueillir des idées ou s’exprimer réellement. Il l’a arrêté à temps, car non seulement il n’aurait pu l’animer personnellement*, mais en outre il aurait fallu engager toute une équipe pour le modérer. Nous ne sommes que dans de la communication à court terme, pour un but limité.

    * La rédaction personnelle des billets par les politiques est fort douteuse dans la majorité des cas, comme l’a montré l’affaire Jack Lang, bien embarrassé par son assistant parlementaire. Mais on met en avant justement cet aspect personnel présent dans les autres blogues de particuliers afin de montrer que l’on reste accessible. C’est l’image du blogue qui est employée, pas la chose.

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • lundi 27 octobre 2008 à 20h31, par JBB

      « Il faut dire que les politiques qui s’essayent au blogue ont beaucoup de mal à comprendre le fonctionnement de ce type d’échanges. »

      Je trouve ça aussi très frappant. Et je pense que le manque de temps et de disponibilité à accorder à la rédaction et à la gestion d’un blog n’est pas la seule raison à cette incompréhension.
      J’ai beau chercher : à part Mélenchon, je ne vois pas d’exemple de politiques qui donnent l’impression de s’investir réellement et personnellement dans un blog. Devedjian produit une bouse infâme, Raffarin aussi et même Clémentine Autain n’a pas compris l’usage qu’elle pouvait faire d’un blog (le sien, pâle espace dévolu à la reproduction sans vie et intérêt de ses articles et chroniques, ne mérite même pas une halte hebdomadaire. D’ailleurs, j’ai bien l’impression que les seuls à y commenter sont des mecs essayant de la draguer…)

      Au fait, je suis curieux : c’est quoi l’histoire de Lang ?

      • lundi 27 octobre 2008 à 22h01, par Dominique

        Trois fois rien, Lang avait publié un communiqué plein d’éloquence et d’indignation sur son blogue l’an dernier, mais comme cela reposait en fait sur des informations en grande partie fausses, il avait dû présenter un rectificatif car il était asticoté aussi par la blogosphère politique qui rappelait son texte. Ce qui était intéressant alors, c’est qu’il se déchargeait sur un de ses assistants trop empressé et qu’il déballait son fonctionnement : on lui propose des sujets qu’il accepte, il reprend une de ses interventions ou bien il donne une trame sur un thème, et puis ses deux assistants brodent en faisant du Lang bien lyrique car ils sont imprégnés de son style et de son esprit, il relit parfois le texte du billet mais pas toujours, et puis on lui fait régulièrement un résumé des commentaires pour des réponses signées Jack Lang (car Jack répond de temps à autre contrairement à beaucoup de politiques), mais il ne va pas les consulter lui-même ! C’était dit avec une candeur magnifique, il assurait que malgré tout c’était quand même lui qui écrivait malgré cet artifice et que cela restait son blogue à lui. Pourtant, cette fois-là, ce propos imprudent n’était pas tout à fait de lui. Du grand Lang où on se demande si la part de comédie est tout à fait volontaire. En tout cas, il est un des rares à avoir craché le morceau parmi ceux qui ne mettent pas en avant leur équipe et qui prétendent faire un blogue personnel malgré leurs occupations multiples.

        Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com



  • C’est un article très intéressant, qui m’a permis d’aller voir des collègues à peu près aussi nuls que moi.

    J’ai surtout été très soulagé de ne me trouver en lien nulle part.

    Ouf !

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • lundi 27 octobre 2008 à 20h38, par JBB

      « J’ai surtout été très soulagé de ne me trouver en lien nulle part. »

      D’autres ont eu plus de chance (enfin… si on veut…) : « Que l’on trouve exagérées les réactions officielles, comme Partageons mon avis, le blog de Marc Vasseur, ou bien Bondy Blog, qui souligne malicieusement que « si le malade a quarante de fièvre, ce n’est pas la faute du thermomètre », ou que l’on soit réellement indigné, cette Marseillaise sifflée ne laisse personne indifférent. Des sentiments de colère, et même de honte pour certains. Un effort de compréhension de cet ace pour la plupart, tant sur le plan sociologique que sur le plan des valeurs. », dans un billet du 21 octobre et rédigée par la chargé de comm de la ministre.

      Bref, Boutin essaie de se faire des potes, et je ne doute pas que ton tour viendra aussi. :-)

      • lundi 27 octobre 2008 à 22h19, par Guy M.

        Ah ! tu crois que je devrais la mettre en lien... ou alors j’attends qu’elle vienne ?

        C’est bien du souci, tout ça.

        Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

        • mardi 28 octobre 2008 à 11h36, par JBB

          (Le mieux, c’est sans doute de commencer par commenter chez elle. Vu le faible nombre de participants, elle ne pourra que te remarquer… Et hop !)



  • Au moins ça fait du boulot pour ce gars dont on ne parle plus...

    see ya !

    Voir en ligne : blog actif et militant ?

    • mardi 28 octobre 2008 à 11h39, par JBB

      Suffit de le savoir dans le coin, Princen, pour se sentir en sécurité. Son ombre plane sur la blogosphère, figure tutélaire de l’ordre et du respect. Moi, je suis comme toi : de tout coeur avec lui !

       :-)

  • Répondre à cet article