ARTICLE11
 
 

mercredi 18 mars 2009

Le Charançon Libéré

posté à 16h15, par JBB
23 commentaires

Tenir le cap dans la tempête : du pied marin, du capitaine et du mal de mer.
JPEG - 20.1 ko

La France est son radeau, les hommes du parti ses matelots. A la barre, il se fait seul maître à bord, moque ceux de son camp qui souhaitent revenir sur le bouclier fiscal. Contre ses hommes d’équipage, piètres marins en proie au « mal de mer », Nicolas se mue en capitaine Achab. Obstiné et isolé, dédaignant cette tempête sociale qui monte, il ira jusqu’au bout. Quitte à sombrer.

Il est à la barre.

Rit du roulis, du vent et du tangage.

Dresse le menton, casquette de marin en contrepoint, ancre de marine comme un éclair de blanc et de bleu.

Laisse échapper quelques hoquets narquois, sourires moqueurs et autres crachats jetés au vent.

Tend le dos, serre les dents et rigole carrément, méprisant.

Homme qui croit maîtriser les éléments, se pense tout puissant, jusqu’à injurier les nuages, le ciel, les oiseaux et la mer.

Bravache !

JPEG - 37.2 ko

Las, c’est un marin d’eau douce.

Buveur d’eau qui n’a ja-ja-jamais navigué1 que sur de tristes canaux et mornes fleuves.

Capitaine de pacotille, sans autre expérience que celle des hors-bord - quand il éperonnait les barcasses de la presse à Wolfeboro - ou des yachts de grand luxe, soleil couchant et flûtes de champagne à la table du Paloma.

Timonier d’opérette - enfin - dont même les mouettes se moquent, noms d’oiseaux jetés au vent du large et dont bien peu parviennent à ses oreilles, lui qui a tant de matelots assermentés pour faire barrage aux pacifiques.

JPEG - 36.5 ko

C’est vrai : il reste seul maître à bord.

Despote régnant sur un bateau qui prend l’eau de toute part.

Achab en réduction, pas même capable de pêcher le maquereau quand il lui faudrait chasser la baleine.

Commandant qui nie la tempête pour mieux rassurer les passagers, croit pouvoir calmer les éléments déchaînés par la seule force d’un ego aussi massif qu’un super-tanker, pense apaiser la mer par quelques phrases lâchées au vent.

Pleutre - aussi - qui a déjà fait passer sa femme, ses enfants et ses amis d’abord, mais sera le premier à se jeter dans l’unique canot de sauvetage quand il faudra abandonner le navire.

Se sauver.

S’en tirer.

S’échapper.

JPEG - 46.2 ko

En attendant ?

Il plastronne.

Moque ceux qui rament avec lui et sentent monter le souffle puissant d’une telle colère sociale qu’elle arrachera voiles, mats, haubans, pour ne rien laisser debout sur le pont du bateau.

Fait le malin.

Et se pique de métaphores maritimes, pour mieux souligne son dédain.

Ainsi, hier, devant les salariés d’Alstom, vrais souqueurs - pour le coup - à qui il a expliqué combien il méprisait ceux de son bord qui proposaient de revenir sur le bouclier fiscal : « Quand il y a des grosses vagues, ils ont l’impression d’avoir le mal de mer avant d’avoir le mal de mer. »

Évidente façon de dire qu’il entend tenir son cap imbécile, envers et contre tout.

De reconnaître que ça va sévèrement tanguer quand les menaçants nuages noirs laisseront libre cours à leur colère.

Et qu’il y aura un moment - le bon, celui-là - où ses ministres auront de justes raisons d’avoir la cinétose, pour dire les vomissements et les haut-le-cœur provoqués par le roulis social.

Mais qu’importe : il ne peut conjurer le mauvais temps.

Et ces vagues qui montent ne font que confirmer le propos du poète.

Homme libre, toujours, tu chériras la mer.



1 Sur l’air d’une vieille contine de votre enfance…


COMMENTAIRES