ARTICLE11
 
 

mercredi 29 septembre 2010

Le Charançon Libéré

posté à 19h32, par JBB
54 commentaires

Administration du désastre
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Je m’indigne, tu t’indignes, ils s’indignent… Nous passons notre temps à cela, à rebondir sur la dernière saillie d’un séide sarkozyste et nous en offusquer ; avant de passer à autre chose. Inutile : pourquoi s’étonner qu’un régime dégueulasse se comporte comme tel ? Plus que les mots, il faut désormais des actes. Ceux d’une contre-offensive, radicale et vivante.

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Une phrase - intolérable, scandaleuse, hideuse. Une réaction - concert de protestations, scandale. Et le reflux : l’écume médiatique s’évapore, la vague indignée se retire. Retour au calme - le morne et sourd silence d’un pays apathique, moche et aigri, ça sent la marée, ça pue la vase.

Il est des choses que nous ne pouvons plus nous permettre. Rebondir - pour s’en effaroucher et s’en scandaliser - sur le dernier commentaire abject de l’un des séides du sarkozysme en fait partie. Luxe inutile. Non qu’il n’y ait matière à indignation ; il n’y a jamais eu autant « matière à », et il en sera ainsi jusqu’à 2012, et sans doute au-delà.
Non qu’il n’y ait matière à indignation, donc. Juste que celle-ci n’est qu’une énième forme de cette administration du désastre devenue l’ordinaire de notre vie publique. Les justes s’indignent, mais les indignes politiques passent. Elles passent même d’autant mieux, peut-être, que les protestations sont - au fond - une insidieuse façon de nier la réalité des choses.

Dit autrement : c’est déjà pire. S’en étonner - encore et toujours - n’est qu’un moyen de le camoufler. Comme si chaque déclaration abjecte, la dernière en date venant effacer la précédente, ne s’intégrait pas pleinement dans leur logique, ne décrivait pas exactement la politique menée depuis qu’ils se sont promulgués maître des forges patriotiques… Faut-il s’indigner de cette saillie d’Éric Besson - « Si la conclusion de cet entretien est que mon ministère doit être une fabrique à bons Français, j’y souscris bien volontiers …Qu’est ce qui serait gênant à ce que le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale soit une usine à production de bons Français ? C’est très bien ! » ? Pourquoi ? Le ministre fait-il là montre d’un projet nouveau, d’une inflexion radicale de sa politique ? Grimpe t-il d’un ton dans l’abjection ? Donne t-il à voir quelque chose de neuf, porte entrouverte sur une surprenante dégueulasserie ?
Non. Trois fois : non.
Éric Besson dit juste tout haut ce que les siens font - tout haut aussi. Les institutions de ce pays, mouvement initié de longue date mais accéléré depuis les élections de mai 2007 - tellement accéléré… - , n’ont plus d’autre fonction que de « produire » « de bons Français », et d’exclure ceux qui ne sont pas jugés tels. Texto. Depuis la création du ministère de l’Immigration et de l’identité nationale, les choses sont claires, évidentes, et trois ans de politique sarkozyste n’ont fait que le confirmer : ce gouvernement n’a d’autre ambition que de définir puis trier les « bons français » des mauvais. Il est sans doute temps de cesser de s’en offusquer pour en prendre acte, d’abandonner l’indignation et la sidération pour une lutte plus frontale.

Il y a un mensonge profond dans la façon dont ceux de notre camp (au sens large) mènent le prétendu combat. Soit cette référence permanente à de prétendus idéaux républicains - « Liberté, égalité, bla-bla… », France, pays des droits de l’homme", etc - , grands principes ayant ceci de commode qu’ils peuvent être foulés aux pieds pendant des jours, des semaines, des mois et des années sans que leur fiction mobilisatrice ne perde de sa force. C’est absurde. Naïf. Comme si les passions et haines morbides pouvaient s’évacuer aussi rapidement qu’elles ont été convoquées… Comme si on allait tirer - par exemple, à la prochaine élection présidentielle - un grand drap blanc sur ce triste cadavre qu’on appelle France pour en voir naître une autre mouture, sans pestilence ni mauvaise haleine…
De tel, il n’y aura rien. Ce ne sont pas là choses qui se balayent d’un revers de main, disparaissent en quelques jours, chasse d’eau tirée pour dire au-revoir la haine, au-revoir les passions morbides, prétendre que nous serions désormais un pays tout beau tout neuf. S’il y a bien quelque chose à retenir de l’opuscule à gros tirage d’Alain Badiou2, c’est cette idée que le locataire de l’Élysée est d’abord le reflet, la traduction d’un phénomène national plus profond. Nous pourrons toujours évacuer le premier, le second n’en disparaîtra pas pour autant.

C’est difficile d’être conséquent. Si nous devions l’être, notre première responsabilité serait de prendre acte de l’ampleur du désastre - il est radical. La deuxième en découle, qui nous éloignerait de toute vaine agitation - s’indigner des propos d’Éric Besson (lui ou un autre) a autant de sens que d’aller arpenter les rues sur convocation des syndicats. Compréhensible et louable. Gentillet. Et tout-à fait inutile. Nos mots ne les arrêteront pas, non plus que de sages manifestations en rangs gentiment serrés. Il n’y aura rien pour les stopper, d’ailleurs, hors une opposition violente et de masse, ou une profonde révolution des consciences - celle de l’insurrection de la vie et de la beauté contre l’ordre mortifère des choses3. Ni l’un ni l’autre ne pointent à l’horizon.



1 Le titre de ce billet est en partie emprunté à celui d’un ouvrage de René Riesel et Jaime Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, publié à L’Encyclopédie des nuisances.

2 De quoi Sarkozy est-il le nom, est-il nécessaire de le citer ?

3 « Ce que nous devons redécouvrir c’est notre propre inventivité, c’est la conscience de notre richesse créative. Il faut cesser de geindre sur ce qui nous déconstruit et rebâtir notre vie individuellement et collectivement », posait Raoul Vaneigem, en un entretien accordé voilà deux ans à A11. On ne saurait mieux dire.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 29 septembre 2010 à 20h21, par Guy M.

    Je ne peux pas croire que la grisaille automnale te conduise à cette apparence d’aquoibonnisme devant l’ampleur du désastre en cours, dont, j’en suis bien d’accord, nous mettrons très longtemps à nous relever (du moins par les voies de l’alternance démocratique...)

    Même si, au regard de l’insurrection et de l’explosion de la vie, s’indigner, manifester, pétitionner, revient à pisser dans un violon, comme disait ma grand-mère, je crois qu’il faut continuer à le faire.

    En essayant d’être parfois un peu plus inventifs...

    Tiens, par exemple, on peut essayer avec une trompette.

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • vendredi 1er octobre 2010 à 08h45, par JBB

      J’avoue, la crève que je me traîne n’est peut-être pas étrangère à cette sombre vision.… :-)

      Mais il n’y a pas que ça. Et je ne crois pas que ce soit (seulement) de l’aquabonisme - pour te dire, il y a même des chances que j’aille faire un tour à la manif samedi. Mais plutôt ce sentiment que nous ne nous donnons pas les moyens de nos protestations (et je m’inclus dans le tas, hein), que pas une fois depuis un bail nous n’avons remporté une victoire. Nous crions, ils avancent.
      Ils progressent dans leur pratique politique. Et même dans leurs mots : chaque saillie est l’occasion de repousser les limites de la précédentes (ce que me faisait remarquer l’amie Juliette, hier).

      « on peut essayer avec une trompette. »

      Ou avec un tuba. Comme ça, je refilerai pas mes miasmes à tout le monde.



  • mercredi 29 septembre 2010 à 21h24, par Monsieur Isque

    Moi je me retrouve dans cet article car cela fait quelques temps que je réfléchis, justement, à l’indignation quotidienne que nous inflige la junte. Il arrive des moments, c’est-à-dire tous les jours, où je me sens paralysé par l’indignation devant la nouvelle vomissure umpienne du moment. Nul n’aurait imaginé tant de nauséabonderie dans le pire de ses cauchemars. Alors, que faire quand on vit dans une société devenue un réel cauchemar ? Trop d’indignation trouble la lucidité, nous enlève nos moyens, au bout d’un moment on ferme les vannes de l’info car on sent qu’on va finir par perdre la boule et perdre sa santé et/ou abréger son espérance de vie face à tant d’horreur dont on se demande bien comment on arriverait à sortir. Il faut donc arrêter de s’indigner stérilement, et lutter, pour ne pas devenir aigri et marmonner futilement « un jour ils paieront très cher leurs crimes » et imaginer le soir en se couchant une vengeance terrible contre les salauds aux commandes.

    • mercredi 29 septembre 2010 à 23h21, par ZeroS

      Je ne sais pas trop quoi répondre à la question d’Alain Badiou, en revanche si on la reformule de la manière suivante : De quoi Sarkozy est-il le prénom ? Je réponds sans coup férir : Nicolas.

      • vendredi 1er octobre 2010 à 08h48, par JBB

        @ Monsieur Isque : pas mieux, c’est tout à fait ça. Et même :

        « et imaginer le soir en se couchant une vengeance terrible contre les salauds aux commandes. »

        On sent le vécu… :-)
        (Perso, j’en ai fantasmé un max, de ces vengeances)

        @ ZéroS : joli, je m’incline.

        (Total respect)



  • jeudi 30 septembre 2010 à 00h21, par cedric7693

    « « « Ce que nous devons redécouvrir c’est notre propre inventivité, c’est la conscience de notre richesse créative. Il faut cesser de geindre sur ce qui nous déconstruit et rebâtir notre vie individuellement et collectivement », posait Raoul Vaneigem, en un entretien accordé voilà deux ans à A11. On ne saurait mieux dire. » »

    c’est beau comme un slogan publicitaire... comme une promesse électorale. Le management ne dit pas mieux... « Soyez inventifs, soyez créatifs, soyez ce que je vous ordonne d’être ou ne soyez plus ! »

    J’ironise mais permettez moi de citer un passage d’un entretien entre Russell Banks et Jean-Michel Meurice, publié sous le titre « Amérique, notre histoire » (Actes Sud/Arte Editions 2006) et dont je vous recommande vivement la lecture.

    Russell Banks répond à la question posée par jean Michel Meurice :

    "Que penser du rôle de la télévision et de la place de plus en plus grande qu’elle occupe dans la vie sociale et culturelle ?

    [...] Nous avons fait quelque chose qui n’avait encore jamais été fait. En tant qu’espèce, il nous incombait de protéger nos enfant parce qu’il faut longtemps -plus que tout autre espèce- à un petit d’homme pour devenir adulte, pour apprendre à se socialiser de manière humaine. Jadis, lorsque nous étions en évolution, nous avons d’abord protéger les petits des intempéries, des tigres à dents de sabre, des forces amorales de l’univers ; nous les protégions jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de prendre soin d’eux-mêmes. A notre époque, les forces amorales de l’univers sont avant tout économiques. [...] Mais aujourd’hui nous avons introduit le tigre à dents de sabre dans la caverne...
    C’est une situation très dangereuse. Nous avons colonisés nos propres enfants. Comme il ne nous reste plus de peuples à coloniser sur la planète, comme il ne reste plus de gens incapable de faire la distinction entre de la verroterie ou des babioles et des objets de valeur [...] nous en sommes venus à coloniser nos propres enfants. C’est un processus d’autocolonisation. La vieille truie dévore sa portée.
    [...] Il est très possible que nous soyons arrivés à la fin de la République. Nous voyons quelque chose d’autre la remplacer à présent, quelque chose qui n’est pas tout à fait nouveau sur cette planète : une ploutocratie fasciste. Nous nous approchons à grand pas de cet état de chose, et à un rythme qui s’est encore accéléré au cours de la dernière décennie. Tout cela remonte aux années 1980 au moins, mais les graines ont été semées encore plus tôt.

    Peut être le temps de la clandestinité est-il (re)venue ? A moins d’être complètement stupide ou insouciant, celles et ceux qui, par le passé, ont résisté à toute forme d’oppression ne s’affichaient pas en tant que tel au grand jour, ils agissaient dans la clandestinité, dans l’ombre ! Internet ne me semble pas le meilleur endroit pour cela... La rue non plus (je vous renvoie à votre article sur David Dufresne).

    • jeudi 30 septembre 2010 à 09h55, par un-e anonyme

      Aveuglée par la lumière , je demande : où est l’ombre ?

    • jeudi 30 septembre 2010 à 21h16, par fnh

      « c’est beau comme un slogan publicitaire... » Malheureusement, ce n’est pas faux ; Vaneigem a bien moins vieilli que Debord : il serait beaucoup plus difficile d’extraire de l’œuvre de celui-ci des slogans publicitaires. Cependant, je comprends qu’article XI ne boude pas son plaisir : on peut bien, comme de juste, critiquer Vaneigem, mais il faut reconnaître que si davantage de gens lui ressemblaient, le monde se porterait mieux.

      Comme les situs, après tout, viennent des surréalistes, je ne résiste pas à reproduire, contre toute résignation, cette citation de Breton (premier manifeste du surréalisme), que Vaneigem ne renierait certainement pas :

      "Le seul mot de liberté est tout ce qui m’exalte encore. Je le crois
      propre à entretenir, indéfiniment, le vieux fanatisme humain. Il répond
      sans doute à ma seule aspiration légitime. Parmi tant de disgrâces dont
      nous héritons, il faut bien reconnaitre que la plus grande liberté d’esprit
      nous est laissée. A nous de ne pas en mésuser gravement. Réduire
      l’imagination à l’esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on
      appelle grossièrement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on
      trouve, au fond de soi, de justice suprême. La seule imagination me
      rend compte de ce qui peut être, et c’est assez pour lever un peu le
      terrible interdit ; assez aussi pour que je m’abandonne à elle sans
      crainte de me tromper (comme si l’on pouvait se tromper davantage).« Et cette autre, un peu plus amère apparemment (je parle d’expérience ; mais nombre d’entre vous, sinon tous, comprendront bien qu’au contraire, cela signifie qu’on (c’est-à-dire moi, et toi, et toi...) ne renoncera jamais), mais en fait simplement incendiaire (c’est dans Arcane 17 je crois, je cite de mémoire) : » La liberté ne consent à caresser un peu la terre qu’eu égard à ceux qui n’ont pas su, ou ont mal su vivre, pour l’avoir aimée à la folie."

      C’est la guerre, on ne déposera jamais les armes...

      • vendredi 1er octobre 2010 à 09h06, par JBB

        @ cedric7693 : l’ironie est bienvenue, il y a en effet quelque chose de prêt-à-penser un peu facile dans cette courte citation mentionnée en passant. Mais je ne crois pas que ce soit forcément un mal : les jolies phrases et formules valent aussi pour l’usage qu’on en fait ; dans l’effort de reconstruction (idéologique, notamment) en cours, elles ne sont pas à jeter avec l’eau de la pub.

        Pour Russel Banks : le passage est aussi aérien que convaincant, tu m’as donné envie d’acheter ce bouquin. Merci.

        « Peut être le temps de la clandestinité est-il (re)venue ? »

        C’est une bonne question, chacun aura sa réponse. Personnellement, je gage que oui, si ce n’est que celle-ci doit s’accompagner d’un travail mené en pleine lumière : celui de la reconstruction idéologique - nous devons penser le monde futur pour donner sens au combat présent.

        @ anonyme de 09:55 : eheh… dans ton cul !

        (J’ai essayé de me retenir. Mais impossible : c’était trop tentant)

        @ fnh : c’est exactement cela, ne pas bouder son plaisir. Et c’est encore exactement cela, si davantage de gens lui ressemblaient, le monde se porterait mieux.

        Cette phrase que tu cites, d’Arcane 17, est magnifique. Je ne connaissais pas ce texte de Breton, alors j’ai eu recours à Wikipedia. Et il y avait cet autre bref extrait :

        « On voit comme, en ce qu’elle pouvait encore avoir d’incertain, l’image se précise : c’est la révolte même, la révolte seule qui est créatrice de lumière. Et cette lumière ne peut se connaître que trois voies : la poésie, la liberté et l’amour qui doivent inspirer le même zèle et converger, à en faire la coupe même de la jeunesse éternelle, sur le point moins découvert et le plus illuminable du cœur humain. »

        Je m’incline.



  • jeudi 30 septembre 2010 à 02h40, par Docteur Ska

    D’accord, encore...

    C’est à dire qu’il est un temps où s’indigner ne sert plus à rien, voire sert les intérêts de ce(ux) qui nous indigne(nt).
    Voilà la liberté de penser : liberté totale, absolue, jusqu’au nihilisme et au suicide.
    Depuis 200 ans, combien d’universitaires engagés, de révoltés de la pensée, de philosophes brillants et de penseurs radicaux de tout poil ? On pourrait faire une liste de plusieurs pages avec que du top-moumoute intellectuel, de la bandaison subversive...

    Des idées magnifiques partout, la poésie de Vaneighem entre (beaucoup d’) autres.
    Et pourtant...

    A vivre trop dans sa tête, à trop aimer la radicalité des concepts, on en oublie de mettre la main à la pâte.
    C’est que c’est beaucoup moins agréable. Ca colle, et souvent y’a pas grand monde pour applaudir.
    Mais pourtant, c’est tellement nécessaire !

    Je vois deux pièges. Le premier, le plus évident, c’est la passivité totale, la peur, ou la pensée critique sans prise sur le réel. Et le deuxième, peut être le pire, c’est la réaction radicale irréfléchie, inutilement violente, déraisonnablement nihiliste, du genre Emile Henry et son café Terminus.

    Ce qu’il faut, plutôt que de fantasmer des attentats morbides (et c’est pas l’envie qui manque) tous les soirs avant de s’endormir, c’est de s’attacher chaque jour à insuffler, vivre, défendre, le plus de liberté possible.

    Le plus de liberté possible.

    Ca passe par l’associatif, l’humain, tout ça, mais évidemment aussi par le sabotage et la résistance sous toutes ses formes (y compris les plus anodines).
    L’esprit de révolte, quoi : s’entraîner à ne plus rien accepter, et entraîner les autres avec.

    Un truc à avoir bien en tête. On fait pas une révolution sans cohérence, mais cohérence des deux côtés :
     × mettre ses actes en accord avec ses pensées, agir.
     × refuser toute idée que « la fin justifie les moyens ». La fin doit être présente à l’intérieur des moyens.

    • vendredi 1er octobre 2010 à 10h09, par JBB

      C’est un peu chiant d’avoir des commentateurs de grande classe (gentil faillotage inside), on se retrouve à approuver comme un benêt.

       :-)

      Donc voilà, j’approuve. A à peu près tout. Sauf les deux cent ans d’intellectualisme inutile : je pense que le mal est plus récent, qui voit le développement de la critique universitaire - le très bon livre de Razmig Keucheyan, Hémisphère Gauche (Zones, livre à télécharger gratuitement ici pour ceux qui n’ont pas les moyens de l’acheter) évoque largement ce problème. (On y reviendra, un entretien avec l’auteur sera publié d’ici peu)

      Et j’approuve particulièrement là : « La fin doit être présente à l’intérieur des moyens. » Hors cela, point de salut ; c’est la leçon principale à retenir des deux derniers siècles d’activisme politique, de théorie et de pratiques.

      • vendredi 1er octobre 2010 à 17h30, par ko

        Cool, un entretien avec Keucheyan ! :hâte :

        C’est que je le lis en ce moment et c’est effectivement un très bon livre à tout plein d’égards ; et ce n’est pas la moindre de ses qualités que de donner au lecteur/trice le sentiment d’être intelligent (c’est évidemment du à la clarté de l’exposition, à la fluidité de l’expression, aux liens qui sont établis, et donc au plaisir qu’on prend à retrouver et découvrir des pensées critiques, et toute une histoire, aussi, même si elle est marquée par la défaite, ces temps derniers...). Une très bonne boîte à outils !



  • jeudi 30 septembre 2010 à 07h14, par Olivier Bonnet

    Résumons-nous : il ne sert à rien de dénoncer leurs saloperies, ni de manifester, et les temps pour une opposition radicale ne sont pas mûrs. Alors quoi ? Est-ce plus efficace de ne pas dénoncer ni manifester ?

    Voir en ligne : plumedepresse

    • jeudi 30 septembre 2010 à 10h47, par un-e anonyme

      ça te convient pas de faire du bateau

      je t’explique JBB :
      c’est pas obligé de voir quelque chose à l’horizon
      faut juste regarder un point à l’horizon pour pas dégueler.

      une tartine au camembert ?

      • jeudi 30 septembre 2010 à 17h52, par fred

        à poète anonyme de 10:47

        Il faudrait joindre un verre de rosé avec la tartine.

        • vendredi 1er octobre 2010 à 09h14, par JBB

          @ Olivier Bonnet : c’est une bonne question, j’avoue ne pas avoir de réponse. Je sais une chose, seulement : je ne crois pas que l’indignation soit futile, pour peu qu’elle s’appuie sur autre chose - cet autre chose peut être très large, pour peu que ce soit inventif, radical et ambitieux.
          Je crois que nous faisons face à un ennemi particulièrement dangereux, en un époque toute aussi particulière. Et là, j’ai l’impression que les vieilles recettes ne fonctionnent pas, qu’elles brassent un vent dont eux-mêmes arrivent à tirer profit. Dans l’absolu… des bombes, du sexe, de la joie et des idées, beaucoup de brillantes idées : je ne vois plus que ça pour nous sauver.

          @ Anonyme de 10 h 47 : sans doute. Mais ça tangue sévère quand même.

          @ fred : ben voilà ! Là, ça change tout !

           :-)

    • jeudi 30 septembre 2010 à 11h00, par lol auster

      les temps pour une opposition radicale ne sont pas mûrs

      il est au moins temps :

      - de la penser

      - de la prototyper

      - de la tester

      - de la construire

      - de la propager

      des comités d’insurrection, partout

      • vendredi 1er octobre 2010 à 09h16, par JBB

        Oh que oui !

        • vendredi 8 octobre 2010 à 22h39, par Enfoiros

          En ayant à l’esprit le traitement policier et judiciaire qui fut administré à l’un des rares « comités » qui à défaut d’être insurrectionnel, a évoque « l’insurrection » qui vient dans un petit livre ! :)



  • jeudi 30 septembre 2010 à 10h57, par AffreuxSale

    « Il est sans doute temps de cesser de s’en offusquer pour en prendre acte, d’abandonner l’indignation et la sidération pour une lutte plus frontale. »

    Ok là-dessus, ’videmment.

    Toutefois, il y a un truc qui m’étonne, en ce moment, c’est la position un peu en retrait que prennent nombre de « contestants radicaux », consistant à dire, en gros, hein, « A quoi bon manifester, à quoi bon suivre les syndicats, à quoi bon continuer de dénoncer cette politique de m..., etc...? »

    Curieux.

    Manifester est le minimum (syndical, warf, warf) à faire en ce moment.
    Et la gentille promenade ne va pas se dérouter toute seule...

    Peu de gens autour de moi parlent de suivre les syndicats. Il est plutôt question de les contraindre à Nous suivre. Enfin !

    Continuer à dénoncer, avec une véhémence à la hauteur des saloperies qu’on nous oblige à se manger en pleine gueule, est aussi un minimum.
    Pas incompatible avec un rappel aux débats essentiels, d’ailleurs.
    Pas incompatible avec des actions dans la vraie vie, non plus.

    Je ne doute pas, en fait, que chez « Article XI » vous appliquiez tous ces principes, et bien plus encore.
    Je ne me permettrais pas de donner des leçons, ’videmment, non plus.

    Je sens par contre comme un découragement chez beaucoup qui lutte de longue date.
    Pas le moment de flancher, même si cela ne va pas assez vite et assez loin, encore.

    Plutôt le moment de rentrer dans le bazar et de justement, faire en sorte que ça accélère, et que ce soit aussi brutal que ce qu’ « ils » nous font subir.

    « Pour un oeil, les deux yeux, pour une dent, toute la gueule ! »

    Y’a jamais eu autant moyen qu’en ce moment !

    Voir en ligne : http://affreuxsalebeteetmechant.20m...

    • jeudi 30 septembre 2010 à 11h18, par Vince

      Tout à fait d’accord.
      Je ne m’attendais pas à lire tant de découragement ici, je pense que beaucoup sont découragés mais il ne faut pas pour autant lacher les réponses ’traditionnelles’.
      Je pense aller manifester samedi, parce que il faut bien commencer quelque part.

      • jeudi 30 septembre 2010 à 13h08, par karib

        Comme le vieux Karl Marx, JBB a raison. Pourquoi comme le vieux Karl ? Parce que déjà, à l’époque, ce dernier disait : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, il s’agit maintenant de le transformer. »
        Certains activistes en ont déduit, commodément, que cela les dispensait de réfléchir et que seule valait l’action. C’est aller un peu vite en besogne, bien sûr, car, comme Vince, je pense qu’il ne faut pas pour autant lâcher les « réponses traditionnelles. » Avec droit d’inventaire, bien sûr. Et dans cet inventaire, la conception léniniste d’un parti dépositaire de la conscience de classe et chargé de l’introduire dans le fondement des exploités et de diriger ensuite l’Etat prolétarien né de l’intromission, cette conception a révélé toute sa fausseté.
        Pour ma part, j’ai choisi de me bagarrer sur le double front du combat quotidien, syndical, pour la défense des acquis et l’amélioration du salaire et des conditions de travail, et de la préparation de la lointaine abolition du capital.
        A la différence des ultra-gauche qui théorisent la « communisation », c’est à dire, au fond, la croyance toute religieuse au spontanéisme universel, je crois que l’Histoire humaine est aussi tissée d’expériences et de transmissions, et que le rôle de l’organisation révolutionnaire (le « parti » du travail, disait Emile Pouget) est de tendre ce fil entre les époques, les générations, les sous-ensembles professionnels, ethniques, nationaux, culturels qui fragmentent le prolétariat. Cela s’appelle le syndicalisme révolutionnaire.

        • vendredi 1er octobre 2010 à 09h59, par JBB

          @ AffreuxSale : tu as mille fois raison.

          Ce (modeste) billet de ma part ne se veut pas un appel au découragement ; au contraire, à la limite, il est plutôt une invite à l’ambition. Ce qui me frappe, c’est la collusion de deux mouvements essentiels : d’un côté leur inexorable montée en puissance, celle de la haine et de la mise-à-sac sociale, de l’autre notre questionnement théorique et pratique, conséquence de la véritable tabula rasa des années 80-90. Eux se sont trouvés, nous nous cherchons. Mais ce n’est pas signe qu’il faut se décourager ; mais plutôt qu’il est temps d’empoigner le monde, de le penser et de le contraindre.
          Je crois, au fond, que nous sentons tous que nous sommes à un tournant, à un moment décisif pour ce qu’il portera de poids sur notre futur. Et je gage que c’est un sentiment largement partagé : les gens cherchent, attendent, espèrent.

          « Je ne doute pas, en fait, que chez »Article XI« vous appliquiez tous ces principes, et bien plus encore. Je ne me permettrais pas de donner des leçons, ’videmment, non plus. »

          C’est gentil. Mais les leçons sont plus que bienvenues : nous sommes très loin d’être des révolutionnaires exemplaires :-)
          Et comme tout le monde, en effet, nous allons aux manifs (pas toutes, quand même). Comme tout le monde, aussi, nous y allons en traînant des pieds, en espérant l’étincelle, en guettant ce quelque chose qui nous redonnerait un peu de joie.

          « Pour un oeil, les deux yeux, pour une dent, toute la gueule ! »

           :-)

          @ Vince : n’y vois pas du découragement. Juste un désir, une envie, une volonté de trouver. C’est très motivant, au fond, cela.

          @ Karib : moi et Karl dans la même phrase, tu vas me faire rougir :-)

          Il y a un moment où j’ai cru à ce spontanéisme que tu évoques - c’est commode, au fond. C’est de moins en moins le cas. Même la révolte et l’insurrection ne donnent rien si elles ne sont drainées par une profonde conscientisation politique - je crois que c’est cette dernière qui nous manque.

          « A la différence des ultra-gauche qui théorisent la »communisation« , c’est à dire, au fond, la croyance toute religieuse au spontanéisme universel, je crois que l’Histoire humaine est aussi tissée d’expériences et de transmissions, et que le rôle de l’organisation révolutionnaire (le »parti« du travail, disait Emile Pouget) est de tendre ce fil entre les époques, les générations, les sous-ensembles professionnels, ethniques, nationaux, culturels qui fragmentent le prolétariat. »

          Pas mieux (je dirais presque : malheureusement…). Je viens de relire L’histoire populaire de Zinn : difficile de refuser cet évident constat, que le fil est essentiel, qu’il est fruit de durs combats et de luttes impitoyables, de sacrifices magnifiques et d’une obstination sans faille.

          • vendredi 8 octobre 2010 à 23h34, par Enfoiros

            « A la différence des ultra-gauche qui théorisent la »communisation« , c’est à dire, au fond, la croyance toute religieuse au spontanéisme universel, je crois que l’Histoire humaine est aussi tissée d’expériences et de transmissions, et que le rôle de l’organisation révolutionnaire (le »parti« du travail, disait Emile Pouget) est de tendre ce fil entre les époques, les générations, les sous-ensembles professionnels, ethniques, nationaux, culturels qui fragmentent le prolétariat. »

            Ne pas minorer non plus le petit degré de complexité complémentaire : la relativité et la volatilité des notions ici évoquées (qu’il s’agisse du Sécuritarisme clientéliste des contre-révolutionnaires au pouvoir, ou de l’idée même de Révolution). Ce sont des tendances lourdes, oui ! Mais ni cohérentes, ni réellement homogènes (à ceci près que l’offensive réactionnaire et ultralibérale est bien plus structurée, pour l’heure, que l’idée révolutionnaire - malade des crimes staliniens ou polpotiens,et concurrencée par la sociale-démocratie).

            Pas de spontanéisme universel, mais peut-être la connexion d’un maillage d’actions concrètes, de la plus classique à la plus exotique, avec une série de théoriciens ou disons de catalyseurs. il faudrait pouvoir acquérir autant de substance et d’épaisseur que l’oligarchie qui nous écrase... En commençant par éviter le manichéisme et comprendre que la « totalité » techno-marchande n’est pas pleinement consciente d’elle-même, ignorée ou niée par un grand nombre de ses propres agents (vous parliez plus haut de la question de la « conscientisation », évidemment nécessaire au renversement des oligarques qui veulent « vendre du temps de cerveau disponible » ou « fabriquer de bons français »). On sait à quel point les volontés individuelles se crispent facilement sur le strict intérêt personnel, qu’il soit réflexe de survie ou avidité prédatrice. Combien de mouvements intellectuels ou artistiques ont achoppé à cause de ça ? La société est plus proche d’une gigantesque termitière grouillante de trajectoires personnelles et d’accidents chaotiques que d’un matériau sensé et cohérent. Il faut parvenir à destituer ceux qui s’en sont proclamés les architectes, justement ceux qui renforcent drastiquement leur pouvoir ces temps-ci - renforcement qui réjouit l’ultra-gauche que vous évoquiez, puisqu’ils y voient le signe avant-coureur d’un effondrement inéluctable.

            Une idée humaniste comporte une petite part d’utopie qui la rend abstraite et facilement contestable, parce que réductrice. La tare de ce « spontanéisme ». D’autres -ismes en ont déjà souffert.. Et c’est par contre la grande force du capitalisme que de revendiquer la meilleure interprétation de la complexité du monde, son fameux « langage du réel » - ce vernis commun à toutes les propagandes.



  • jeudi 30 septembre 2010 à 17h48, par fred

    Hello JBB

    Merci pour cet article qui met les pieds dans le plat.

    la traduction d’un phénomène national plus profond

    Je pense même quelque fois que le “phénomène” est propre à la nature humaine.

    Lebonheur est un combat

    amitiés

    • vendredi 1er octobre 2010 à 09h27, par JBB

      Raoul Vaneigem ne déçoit pas, décidément.

      Ce que tu évoques, la traduction d’un phénomène national plus profond, renvoie à ce passage du texte que tu mets en lien :

      "Tout est bon entretenir le rideau de fumée qui masque les vrais problèmes. Alors qu’en Belgique Wallons et Flamands sont pareillement victimes des malversations d’un Etat à la botte des puissances financières, un nationalisme mafieux tente de les dresser les uns contre les autres. Une xénophobie sournoisement entretenue s’attache à identifier Arabes et terroristes islamistes, elle tourne en antisémitisme la juste opposition à la politique anti-palestinienne du gouvernement israélien, elle travaille à opposer les chômeurs et les sans-papiers, elle ne craint pas d’exhaler des relents nazis dans le mépris et les mauvais traitements réservés aux Tziganes.

      Nous devons prendre conscience que l’Etat corrompu fait tout pour empêcher qu’une véritable solidarité s’établisse entre les défavorisé, frappés aujourd’hui par la précarité, et ceux qui, jouissant encore d’une certaine sécurité d’existence, la perdront demain s’ils continuent à se résigner au sort qui les attend."

      (Et puis, merci)



  • jeudi 30 septembre 2010 à 18h20, par SL
    • jeudi 30 septembre 2010 à 19h45, par un-e anonyme

      à force de lire des trucs sur vos écrans, vous allez tous devenir des bigleux

      il est urgent de méditer cette phrase de
      Raul Castro :
      Cuba est le seul pays au monde où on peut vivre sans travailler.

      • jeudi 30 septembre 2010 à 21h59, par Patrick

        Il reste des places ? :-)

        • vendredi 1er octobre 2010 à 09h35, par JBB

          @ SL : c’est un très beau texte. Puissant mais réaliste, motivant et pragmatique, concret et théorique. Rien à ajouter, sinon souscrire à sa très belle conclusion :

          « Mais si nous voulons être des anarchistes, on va devoir embrasser la possibilité que nos rêves peuvent devenir réalité – et se battre selon. On va devoir choisir la vie par dessus la mort pour une fois, le plaisir par dessus la douleur. On va devoir commencer. »

          @ Anonyme de 19 h 45 : devenir bigleux sur un texte aussi classe, c’est un moindre mal.

          @ Patrick : eheh, je me suis demandé la même chose.



  • jeudi 30 septembre 2010 à 22h45, par ELLEJO

    Bonsoir JBB,

    Un jour dit une vieille légende amérindienne,il y eut un immense incendie de forêt.Tous les animaux terrifiés,atterrés observaient impuissants le désastre.
    Seul le petit colibri s’activait,allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour le jeter sur le feu.
    Apres un moment ,le toucan agacé par cette agitation lui dit :« colibri,tu n’es pas fou ?Tu crois que c’est avec ces goutte d’eau que tu vas éteindre le feu ?¨ » et le colibri lui repondit :« non,mais je fais pas part »

    (d’apres Pierre RABHI)

    Soyons tous des colibris....

    Et le devoir de ceux parmi nous,qui ne dorment pas est de tout mettre en oeuvre pour maintenir debout les plus fragiles ,
    Ceux qui ont perdu tout espoir .
    Nous devons rester UNIS afin de redresser la barre,d’amortir le choc pour ne pas sombrer corps et âmes.

    Et la seule solution semble une Nouvelle REVOLUTION.

    • vendredi 1er octobre 2010 à 10h12, par JBB

      L’histoire est jolie, je me sens colibri.

      Je crois qu’on sera tous d’accord sur la nécessité de faire notre part. Toute la question est de savoir ce que nous devons transporter dans notre bec pour que cela puisse avoir un effet - même minime, même si léger que ça en confine à l’absurde. Pour éteindre l’incendie, clair qu’il n’y a que l’eau. Mais pour éteindre un Sarkozy ? On met quoi dans notre bec ?

      • samedi 2 octobre 2010 à 01h40, par Docteur Ska

        Ah, non là c’est trop gros, face à cette hyène de Sarkozy un colibri ne suffira pas.
        Il faudrait carrément un Dobermann !



  • jeudi 30 septembre 2010 à 22h51, par ELLEJO

    et le colibri lui repondit :« non,mais je fais ma part »

    • vendredi 1er octobre 2010 à 01h33, par Patrick

      ... et mourût dans l’incendie, son petit corps réduit à l’état de combustible.

      • vendredi 1er octobre 2010 à 08h39, par ko

        ce qui lui serait arrivé de toute façon s’il était resté comme les copains assis sur son cul à regarder l’incendie...

        Comme ça a été dit par d’autres commentateurs, même si je partage l’analyse et parfois le découragement, je pense que c’est pas le moment du tout de lâcher : on veut déborder les bureaucraties ? va falloir être nombreux-ses... on veut convaincre de la gravité de la situation et de la nécessité de réponses radicales ? faut être sur le terrain, faut partager l’indignation et la colère, proposer, écouter ce que les autres ont envie / besoin de faire
        ça sera long, forcément, mais faut pas laisser le flambeau s’éteindre

        • vendredi 1er octobre 2010 à 10h18, par JBB

          @ Patrick : rhôôôô…

          @ ko : je vois bien que mon billet n’en donne pas le sentiment. Mais je partage pleinement ton constat.

          • vendredi 8 octobre 2010 à 23h46, par Enfoiros

            Individualisme (parvenu à maturité, depuis le temps qu’il est promu par le capitalisme), peurs diverses, et apathie consumériste, ruinent trop facilement la possibilité d’un élan collectif classique.

            Ici, c’est le Spectacle qui divertit, là, c’est la propagande qui terrorise, plus loin, la télévision et le crédit à la consommation qui hypnotisent et paralysent, et au milieu, quelques leaders syndicaux plombent l’idée d’action collective avec leurs gueules de cockers battus et leurs archaïsmes politiciens.

            Comment propager une onde dans un milieu atomisé ?



  • vendredi 1er octobre 2010 à 05h06, par tueursnet

    Qui a dit que la peur a changé de camp ?
    C’est comme si les enfants d’immigrés voulaient à tout prix nous faire payer les pots cassés du passé décomposé.
    L’un d’entre eux, Malek Boutih parle de contre-culture pour nous signifier que les petits caïds de banlieue n’accepteront jamais la moindre identification. Ils ne se sentent ni immigrés, ni intégrés, ni assimilés… Points de suspension !
    En vérité, ils ne partagent avec nous, pas le moindre sentiment… c’est le ressentiment qui les caractérise ou les stigmatise.
    Déni de culture. Non ! ce serait plutôt la culture du déni : déni de nos valeurs, de nos institutions et de notre mode de fonctionnement. A tort ou à raison
    C’est toujours non… même pour dire oui.
    Est-ce un délit ? Est-ce un crime ?
    De voir des jeunes gens brûler ce qu’ils sont censés adorer ? Et de haïr le sol sur lequel ils sont nés ? Nous y sommes peut-être pour quelque chose ? Un peu… beaucoup… malheureusement.
    Et s’ils ne sont pas contents d’être français, c’est peut-être parce que nous n’avons pas encore trouvé les mots pour leur parler.
    Le seul qu’il faudrait commencer par éliminer : c’est l’identité. Sinon nous ne leur ferons jamais avaler le miel ou le fiel de la citoyenneté.

    http://www.tueursnet.com/index.php?journal=Balle%20de%20Identite

    Voir en ligne : une déchéance sans échéance

    • vendredi 1er octobre 2010 à 13h31, par un-e anonyme

      bon alors, les killers du net là
      pour commencer, votre site, vous pouvez vous le foutre où je pense.
      bande de branques.

      • vendredi 1er octobre 2010 à 13h49, par ZeroS

        Putain ! Vous avez fait couler trop de pixels en si peu de temps, je suis indigné !



  • vendredi 1er octobre 2010 à 14h04, par Isatis

    J’aurais p’tête pas dû m’envoyer d’un coup tout le retard que j’avais sur la lecture de vos articles toujours bons voire passionnants....... Et hop, deux trois chevilles qui font péter les chaussettes :-)

    Je suis lessivée, rincée.......... et demain faut que j’aille à la manif. dire bonjour à quelques potes qui font l’effort, pas voulu les laisser en plan, arf.....

    Un peu de musique, un joli post d’Ubi ? Pour me remonter un poil la cerise qu’est au fond du fond là, siouplait..............



  • vendredi 1er octobre 2010 à 17h03, par An Anonymous figure

    Je suis un triste sire de la famille des ursidés et je m’inscris totalement dans votre amer constat.
    Contrairement à un bon nombre qui ici sont encore emplis d’allant, d’enthousiasme et ne sont pas prêts à baisser les bras... Et bien moi je ne les ai encore jamais levés à part pour grogner sur quelques proches dont les propos outrageusement formatés, me provoquent régulièrement des ulcères à la pensée.

    Bien sûr, comme chacun d’entre vous, je fantasme sur des attentats et des manifestations sanglantes qui ne viendront pas.

    Je ne vote pas, pour des raisons assez semblables à celles qui ont été maintes fois évoquées en ces lieux.
    Je ne manifeste pas pour plusieurs raison :
    a)) Les manifestations organisées par les syndicats (tendance jaune) qui ressemblent à des kermesses gentillettes, me semblent d’une inutilité patente... Pire, je crois qu’elles servent la ploutocratie en place, tout comme le pseudo-vote démocratique.

    b)) Les manifestations sauvages servent à remplir les fichiers de police... Je préfère encore garder toute la puissance de mon anonymat.

    c)) J’attends que se déroulent des manifestations plus violentes, minimum comme en Grèce... Mais hélas on voit bien que cela ne leur a pas servi à grand chose... La présence policière là-bas est encore plus oppressante qu’en France. Et les policiers Grecs se pavanent dans la rue comme des Cowboys en manque d’indiens à oblitérer. En outre, le dernier article en date sur les manifestations laissent à penser qu’il faudrait bien plus que cela pour espérer qu’une manifestation apporte un changement conséquent.

    J’avoue ne pas goûter follement aux réunions associatives de gauche (pas le PS, on s’entend bien). Disons que la dernière fois que j’y ai été cela ressemblait assez tristement à des partis plus traditionnels, avec plus de jeunesse et d’insouciance, sans doute. Néanmoins on y voyait les mêmes postures de futurs rastignacs atteints de ce que je qualifierai du syndrome « délégué de classe »... A ce titre, comment ne pas penser au fiasco d’ATTAC...
    Dans les milieux politisés en général (et c’est aussi valable pour les milieux de gauche), il est inévitable de trouver moult querelles de clocher, batailles d’égo ou autres... Et les leaders ou porte-paroles de ces mouvements sont clairement mus à part égale ou supérieure par leur propre narcissisme que par les idées qu’ils défendent (certains avec conviction, malgré tout). Du coup, je ne pense pas que l’action politisée caractérisée par l’appartenance à un groupe politique soit de mon goût.

    Quant à internet... C’est un outil démocratique formidable, grâce auquel nous pouvons partager nos idées et s’abreuver aux pensées créatrices d’autrui. Pensées qui apportent des ombres nouvelles sur notre façon d’envisager la société et notre rapport à celle-ci. Cependant, ne nous leurrons pas, c’est un espace qui se clôt de plus en plus que ce soit par des politiques affichées (révocation de la neutralité du net) ou par des habitudes sociales (web 2.0 à la con, facebook, myspace et autres étalages de linge mondain et espaces de non-pensée Orwellienne) qui tendent sévèrement à restreindre cette liberté qui nous est si chère. Y a t’il encore quelques forums valables de débats d’idées ?

    Je suis assez tenté par un mouvement comme « Anonymous », même si je n’adhère pas à toutes leurs fins. Par contre le concept est génial et ce peut-être là une forme de protestation redoutable, si jamais elle se développe vers quelque chose de plus substantiel. Là, je pourrai sans doute y apporter quelque chose de plus ravageur que les quelques gouttes du colibri de la fable ! :-
    En attendant, le mouvement, même s’il est alléchant, ne m’intéresse que de loin.

    Et de fait, en terme d’action concrète je me trouve donc bras ballants et museau froncé, faute de trouver une action, un mouvement, où canaliser cette haine mêlée d’ironie pour cette société consumériste, cette scène sociale du paraître et de ses normes contraignantes qui lentement ronge notre devenir.

    Pour conclure sur une note encore plus amère, il me semble que parmi les révolutionnaires d’aujourd’hui, comme ceux de mai 68, beaucoup construiront un foyer agréable hors duquel le prix de la liberté sera chichement vendu au confort matériel dont la sirène permet que l’on ferme les yeux sur un nombre grandissant d’injustices sociales... C’est un cycle sans fin que l’humain.

    Sans doute que la manière de voir de Cossery (cf. « La violence et la dérision » pour ceux qui ne l’ont pas lu) est-elle la plus efficace, car elle nous permet de tourner en dérision ceux qui nous écrasent de leur joug. Et parce qu’il est enfin devenu le bouffon en disgrâce populaire qu’il est naturellement, je doute que Sarkozy survive à ses pitreries.

    N’y a-t-il donc que l’humour du désespoir qui soit à notre portée ?

    An Anonymous figure.

    • vendredi 1er octobre 2010 à 19h01, par un-e anonyme

      Oui, oui, Anonymous Figure, tout cela on se l’est dit, on se l’est macéré, mille fois et mille fois encore. Et sans connaître Lémi, JBB ou Ubifaciunt, je me dis qu’ils ont beau faire les fanfarons, le rosé en excès a dû plus d’une fois leur faire tourner ces bobines de fil triste dans la caboche.
      Tu trouves les militants souvent la proie de leurs ego bibendum ? C’est plutôt vrai, mais... ni plus ni moins que mes collègues de travail ou mes voisins de palier. Ils tâtonnent en prétendant pourtant avoir la ligne juste, infaillible ? Pas tous, heureusement, mais là aussi c’est souvent vrai. Tu attends de belles manifs qui dégénèrent en émeutes, en prise du Palais d’Hiver, en barricades de Barcelone ?
      Moi aussi, nous aussi, forcément. Mais crois-tu qu’elles jailliront toutes armées du cerveau de Mesdames et Messieurs les rapports de production ? Qu’elles sont l’inéluctable produit de la condition même des exploités ? Dans ce cas, tu as raison, et il ne te reste plus, tel le fourreur d’Aragon, qu’à rester chez toi pour mieux « vitupérer l’époque. »
      Mais nous sommes encore quelques dinosaures archaïques à ne pas trouver déshonorante l’épithète de militant, à nous bagarrer, à souffler sur les braises.
      Je vais te faire une confidence (ne l’ébruitez pas, vous autres), je sais bien qu’au jour de ma mort, le capitalisme, ce salopard, aura encore les joues roses et le taux d’exploitation raide comme un braquemard de capucin. Tant pis. Moi, comme tant d’autres, j’aurai semé de l’arsenic dans son champ, distillé le poison dont il finira bien par crever. Un jour. Enfin... si c’est pas sûr, on ne pourra pas dire qu’on n’aura pas essayé !

      • vendredi 1er octobre 2010 à 19h03, par Karib

        Euh...le précédent message aurait dû être signé « Karib. »

      • lundi 4 octobre 2010 à 12h34, par An Anonymous Figure

        Salut,

        Pour lever tout quiproquo, loin de moi l’idée de taper sur les militants en particulier, ou de leur jeter une quelconque pierre.
        Tu dis qu’ils ne sont ni plus ni moins imbus de leur personne que des collègues de travail ou tes voisins de palier, c’est mille fois vrai, mais c’est aussi pour cela qu’à titre personnel je me vois mal m’engager dans un cercle militant quelconque.
        Disons que dans toute la sphère virtuelle (dans son acceptation technologique) de gauche anarchiste, nous partageons tous une certaine soif de révolution d’un ordre établi et nous passons au crible les valeurs que la société nous impose pour en démêler les rouages implicites qui tissent ce qu’on nomme prosaïquement société capitaliste (même si « libérale » est un nom dont elle préfère s’affubler). Bref.
        Forts de cette critique et de cette volonté de changement, j’ai pu néanmoins constater que les militants avec un certain pouvoir tombaient parfois (souvent ?) dans les travers de cette société qui nous nourrit chichement, nous spolie grandement et nous inonde de ses spectacles gluants.
        Et le militantisme souffre plus des retournements de veste et des guerres intestines de ses dirigeants que d’autre chose... ce qui fait que je n’envisage pas sérieusement que de véritables idées de gauche arrivent à percer la chape conséquente des idées prêtes à penser de nos heurs contemporaines.
        D’où, donc, un certain détachement me concernant... Et ce qui en découle c’est également c’est une terrible sensation d’impuissance.
        Donc je ne dis certainement pas que ma situation vaut mieux que celles de militants plus nobles qui s’époumonent malgré la légion d’obstacles de type orwelliens.

        Nos deux situations sont probablement aussi inutiles l’une que l’autre dans le fond. Mais si des barricades se forment (mêmes virtuelles), il n’est pas dit que les ours n’y jouent pas leur part. (Et les grizzlis possèdent quelques arguments assez convaincants :-)).

      • samedi 9 octobre 2010 à 00h08, par Enfoiros

        Un bémol, une fausse note en passant : j’en lis plusieurs, probablement emportés, qui attendent les parties de base-ball de rue avec manches de pioches et grenades lacrymo. Je n’espère pas spécialement les émeutes, les effusions de sang et les batailles rangées... Je les redoute, parce qu’il existe une forme bien particulière d’horreur dans un affrontement civil. Je les attends parce que je les pense inévitables, mais leur survenue ne garantit pas l’avènement d’un après meilleur. Et si au final je les souhaite aussi, parce qu’il est de plus en plus clair qu’elles sont le préalable à toute possibilité d’un après meilleur, si hypothétique soit-il, je suis terrifié et infiniment triste.

      • samedi 9 octobre 2010 à 00h37, par Enfoiros

        Oui, mais que s’agit-il d’essayer : la Résistance ou la Révolution ?

        • samedi 9 octobre 2010 à 00h43, par Folcoche

          Ah, les Anonymous, tentative de cohérence au sein des réseaux hackers... Pourquoi pas. Le niveau d’intensité du conflit peut le justifier - encore faudrait-il affiner les cibles. Mais comme l’illustrent les black blocks, la notion de groupements auto-organisés, anonymes et subreptices, aura sa place dans les luttes à venir.



  • vendredi 1er octobre 2010 à 20h55, par joshuadu34

    fin 67, le Monde titre « Ce qui caractérise notre vie publique, c’est l’ennui. Les Français s’ennuient. Le général de Gaulle s’ennuie... », pendant ce temps, alors que tout semble calme (dormez tranquille, braves gens), sortent « Le Traité du savoir vivre à l’usage des jeunes générations » et « La Société du spectacle »... issus, mais j’apprendrais pas à grand monde ça, d’un mouvement qui se revendiquait non pas en meneur, ni en issue nécessaire et exemple à suivre, mais juste en une « critique radicale tant dans la forme que dans le contenu du système marchand qui aliène les individus dans leur vie quotidienne »...

    Dans la foulée, et toujours dans un quasi anonymat, un autre livre parait : « De la misère en milieu étudiant » qui sera un des fondement du mouvement de 68 et qui, comme par hasard, a été écrit par un des proches des auteurs cités au dessus !

    Nous sommes tous un peu atterrés par le manque de réaction, et surtout par ses formes ! Mais l’histoire nous montre que la critique radicale sait toucher les oreilles et réveiller les consciences, ce que ne savent, à l’évidence, pas faire ceux qui, au fond, ne sont là que pour juguler la colère naissante par des pseudos réactions qui démontrent, de plus en plus, leur attachement au système en place ! À l’extrème limite, je dirai même que, finalement, la réaction syndicale ne fait que servir nos propos par son accompagnement bêlant d’un système en place ! Cette fois ci, le pouvoir n’aura pas cette arme pour détruire le mouvement de colère quand celui-ci s’exprimera réellement, comme ce fût, malheureusement, le cas en 68 ! Ne restera plus que deux solutions, le fascisme où la liberté ! Ne pas participer et ne pas cautionner la position syndicaliste en préférant encore exposer les idées n’est pas lutter contre la révolution, mais, au contraire, se préparer à être présent lorsque cette prochaine phase se mettra en place ! Parce que c’est à ce moment que nos voix et notre présence seront réellement nécessaires pour éviter la mise en place d’autre chose que la liberté !

    Voir en ligne : http://nosotrosincontrolados.wordpr...



  • dimanche 3 octobre 2010 à 11h41, par wuwei

    « l n’y aura rien pour les stopper, d’ailleurs, hors une opposition violente et de masse, ou une profonde révolution des consciences - celle de l’insurrection de la vie et de la beauté contre l’ordre mortifère des choses [3]. Ni l’un ni l’autre ne pointent à l’horizon. »

    Bien d’accord avec toi JBB . La force du capitalisme est d’avoir fait croire au peuple qu’il était un horizon indépassable. En fait il l’a amollit aussi bien physiquement, que psychologiquement. Le seul semblant de remise en cause qu’on lui permette (encore) c’est de défiler une fois par mois, à condition bien sur de le faire sagement. Par contre il continuera de se déplacer pour voter pour Sarko ou DSK et surtout d’alimenter les actionnaires en dépensant le peu de fric qu’on lui concède (encore) dans des achats inutiles.
    Allez, le vent souffle du sud et cela me réjouit car Besson et Hortefeux n’y peuvent rien les cons !



  • vendredi 8 octobre 2010 à 22h05, par Enfoiros

    Bien sombre constat. Que je partage. A ceci près que, face à l’ampleur du désastre et à la profondeur des plaies ouvertes dans le « corps social » - à grands coups de slogans populistes, d’obscénités nihilistes, de réformes liberticides ou rentabilistes, et de compromissions en tous genres - face à ce tombereau de fumier(s), je conçois les quelques plateformes web et organes de presse qui raillent l’engeance ploutocrate et autoritaire au pouvoir ou démontent ses mécanos rhétoriques et juridiques, comme un liant, une corde à noeuds, des points d’ancrage.. et permettent l’entretien d’une langue lucide face à la novlangue des fétides.

    Les divisions sociales exacerbées, les intégrismes flattés, le démolissage programmé des héritages du CNR et de 1968, le flicage techniciste, l’arraisonnement du web, la crispation identitaire, l’inflation sécuritaire, la dérégulation compétitive, le chantage à la crise ou au terrorisme, sont autant de réalités qui dureront plus longtemps en effet que les bouffons et les caporaux du sarkozysme à talonnettes. Le mal est fait. Rédiger de longues tirades sur internet ou flâner dans la rue sous quelques banderoles n’a que peu d’effet, car tous les discours officiels maintiennent l’illusion démocratique.

    Alors oui, manifester notre sidération est sans aucun doute une façon de ne pas encore clairement constater l’étendue des dégâts, ou de piétiner devant les conclusions à en tirer, mais elle présente des vertus exutoires et rassérénantes qu’on ne doit pas négliger, tant la pression est forte et l’éboulis de saloperies est constant. Lire Article 11 et quelques organes du même bois, lire certaines indignations profondes, au milieu des coassements convenus des pro et des anti, permet quelque réconfort. Comme une récréation stimulante entre deux angoissantes questions qui reviennent périodiquement dans les conversations : quelle sera la prochaine surenchère dans l’infamie ? Et surtout, à partir de quel moment l’expérience du passé et la conscience du présent nous enjoignent-elles d’agir ?

    je pense que vous aurez noté la synthèse de Pierre Cornu, « Le discours de Grenoble, point de non-retour du sarkozysme ». D’aucuns le jugent un peu stérile ; je suis gré à cette personne de sa faculté à articuler intelligemment une vision assez large du théâtre des opérations. ça n’a pas l’impact d’un pavé sur la gueule d’un ministre raciste, mais bon.

    • vendredi 8 octobre 2010 à 23h01, par pièce détachée

      Enfoiros, j’abonde !

      Toute méfiante que je sois, le texte serré de Pierre Cornu m’a fait comprendre (je l’ai lu plusieurs fois à des moments très différents) à quel point nous avons changé d’échelle, et comme il est vain de ressasser sans fin, une fois nos cultures construites solidement sur eux, nos classiques révolutionnaires.

      Plus et mieux plus tard (la vie est un précipice urgent, terrible et délicieux).

      • samedi 9 octobre 2010 à 00h31, par Enfoiros

        Pour reprendre un terme qu’affectionnent les « commentateurs politiques » et autres médiacrates (et donc forcément suspect), un « aggiornamento » est nécessaire, entre par exemple la pertinence des concepts de prolétariat, de capital, de biopouvoir ou de spectacle, et l’échelle des menaces qui planent - fondent - sur nos petites têtes.

        Je suis revenu également plusieurs fois sur le texte de Cornu. C’est bel et bon :)

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