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lundi 7 décembre 2009

Entretiens

posté à 23h34, par JBB
34 commentaires

Entretien avec Annie Gonzalez & Pierre Carles, deux tricards du petit écran
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Tricards à la télé, Annie Gonzalez et Pierre Carles ? Carrément : en onze ans, le réalisateur de « Pas vu Pas pris » ou de « Ni vieux Ni traîtres » (entre autres) et sa productrice fétiche n’ont pas vu un seul de leurs films diffusé sur le petit écran. Faut avouer - aussi - qu’ils n’ont jamais été spécialement tendres avec les médias, non plus qu’avec la société en général. La preuve en paroles.

Il s’en trouvera - tu verras - pour hurler qu’il ne respecte pas les règles. Déplorer qu’il avance masqué. S’offusquer - encore - qu’il n’adopte pas des façons de gentleman. Comme si le monde des médias était un sympathique club de gens élégants discutant sereinement autour d’un thé, et non ce marigot très malhonnête où les renvois d’ascenseur, compromissions et copinages tiennent lieu de déontologie. Quelle rigolade…

Un exemple, juste. Imagine Étienne Mougeotte, désormais grand ponte du Figaro et ancien vice-président du groupe TF1, Charles Villeneuve, ancien directeur des sports de la même chaîne et ex-présentateur du Droit de Savoir, et Patrick Le Lay, longtemps président-directeur général de TF1, tous assis à la même table. Ils semblent patienter, comme s’il leur manquait quelque chose : un quatrième pour faire une belote. Imagine - toujours - que se radine un grand mec barbu. Qu’il se présente comme novice à la belote mais désireux d’apprendre. Que les trois l’accueillent avec des sourires carnassiers et lui expliquent rapidement les règles. Que la partie débute, tranquille. Et que très vite, le barbu dépouille les trois zigotos, trichant autant qu’eux mais beaucoup mieux. Bref, ils se prennent une branlée d’anthologie.

Figure-toi : cette partie a été filmée. Si la belote n’est que symbolique, la branlée est - elle - bien réelle. Ça s’appelle Fin de concession, film de Pierre Carles à paraître en juin prochain, et le réalisateur s’y fait notamment passer pour un innocent journaliste uruguayen réalisant un documentaire sur la mort de la télé. Un sujet bateau, un nom inconnu - Carlos Pedro - , et hop : accès garanti aux bureaux des anciens grands pontes de TF1. Une fois dans la place, ne reste plus qu’à en venir au vrai sujet de l’interview, à savoir les conditions d’attribution de l’ancienne chaîne publique à l’un des plus gros groupes de BTP du monde. Et à attaquer bille en tête.
Que je te dise : Mougeotte en reste comme deux ronds de flan. Muet. Interloqué que ce prétendu journaliste uruguayen ose le prendre à partie sur l’orientation droitière de la première chaîne privée, sur sa prévenance pour les pouvoirs et sur le traitement partisan des conflits sociaux dans le journal de Jean-Pierre Pernault… Carlos Pedro a fait le tour de l’immense bureau, surplombant un Mougeotte désarçonné, engoncé dans son fauteuil. Pour un peu, tu t’attends à ce que l’intervieweur aille au bout, lui saute sur le râble et le corrige d’importance. Mais non : l’ancien vice-président se lève et s’enfuit. Uruguay 1 / TF1 0.
C’est ça, le truc : pris à son propre jeu, le ponte n’est plus grand chose. Hors les conventions, sans le respect dû à son prétendu rang, la baudruche se dégonfle. Ne reste, à l’écran, qu’un costume bégayant, un brin pathétique. Pas impressionnant pour un sou.

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Tu te demandes pourquoi je te parle de ça ? Simple, j’ai rencontré Pierre Carles (sans sa barbe d’Uruguayen) la semaine passée. Dans un petit studio de montage de Montgallet, le réalisateur recevait, en compagnie de la productrice Annie Gonzalez, quelques rares journalistes ; grâce à l’amicale Samantha, A11 y était. L’occasion de regarder deux brefs extraits de Fin de Concession. Et de récolter des « fragments » d’interview, avec de vrais morceaux de Pierre Carles et d’Annie Gonzalez dedans.

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Censure télévisée

Il y a toutes les chances pour que tu connaisses déjà Pierre Carles et que tu aies vu au moins l’un de ses films (sinon tous). On est entre gens sympathiques, n’est-ce pas ? Tu as donc sans doute visionné Pas vu Pas pris, joyeuse dénonciation du corporatisme médiatique, regardé l’un des deux opus que Pierre Carles a consacré au travail (Volem rien foutre al païs et Attention danger travail, tous deux coréalisés avec Christophe Coello et Stéphane Goxe) ou scruté avec attention son documentaire autour de Pierre Bourdieu.
Une chose de sûre, pourtant : ces films, tu ne les as pas vus à la télévision française. Depuis la sortie de Pas vu Pas pris, en 1998, et malgré de très respectables chiffres de fréquentation dans les cinémas, Pierre Carles n’y a jamais été programmé. Non qu’il s’en plaigne, hein. Mais pour une fois que la télévision pouvait nous rendre moins cons, c’est dommage.
Faut avouer - enfin - que Pierre Carles n’a pas spécialement cherché à se faire des amis dans les milieux de la télé. En l’un de ses textes, Radicale mauvaise humeur, publié dans un quotidien belge en 1999, le réalisateur (avec Georges Minangoy) de Ni vieux Ni traîtres1 rappelait que le groupe Action Directe avait, au début des années 1980, fait placarder des affiches listant des « personnes à qui s’intéresser de près » : « On pouvait y lire : « S’ils habitent dans votre quartier, faite-les déménager. Si vous les croisez, faites les changer de trottoir. Si en général ils vous font chier, rendez leur la vie impossible. » Suivaient le nom et l’adresse d’hommes d’affaires, de patrons d’industrie, de ministres, de journalistes, de vedettes des médias. On savait encore bien s’amuser, en ce temps-là. » Et Pierre Carles d’expliquer comment trouver les adresses d’Étienne Mougeotte, Alain de Greef, Thierry Ardisson, Michel Field, Laurent Ruquier, Michel Denisot… Avant de conclure : « Les bonnes idées ne manquent pas. Les occasions non plus. À vous de jouer. » Oui : couillu.

Pierre Carles : « C’est évident qu’un texte comme ça n’aurait pas pu être publié en France. Même en Belgique, c’est plutôt étonnant… Le Matin était un journal marginal (aujourd’hui disparu) et il avait donné carte blanche à quelques mauvais esprits - dont Noël Godin, Benoît Delépine ou moi - pour une chronique « mauvaise humeur ». »
« De façon générale, la Belgique a toujours été accueillante envers mon travail. Pas vu pas pris y a même été diffusé à la télévision ! Pour moi, c’est presque une terre d’accueil. Les Belges m’ont d’ailleurs invité à une émission style Dossiers de l’écran il y a quelques années, comme si j’étais une sommité de la critique des médias… J’avais accepté parce qu’ils passaient Pas vu pas pris avant et que le débat se tenait en direct. À l’inverse, pas un seul de mes films n’a été diffusé à la télévision française. Pas un seul en onze ans ! »

Annie Gonzalez : « Je ne produis pas tous les films de Pierre, parce que je n’en ai pas les moyens et que la façon dont on travaille ne le permet pas. Mais j’en ai produit une bonne partie, dont Pas vu Pas pris, Enfin Pris ?, La sociologie est un sport de combat, Volem rien foutre al païs et Attention danger travail ; je suis aussi la productrice de Fin de concession qui, d’une certaine façon, se place dans la continuité de Pas vu Pas pris. En moyenne, ces films ont fait 100 000 entrées au cinéma. Les mêmes, pourtant, n’ont jamais été achetés par le petit écran ! C’est quand même un cas unique… »

Pierre  : « Ce n’est pas que j’en souffre personnellement… Mais c’est totalement anormal que des films ayant un tel succès ne soient pas diffusés sur le réseau hertzien. D’autant que le blocage ne vient pas de nous : avec Annie, on propose toujours nos films à la télévision. Fin de concession, par exemple, a été proposé à Planète ; La Sociologie est un sport de combat l’avait été à Arte. »
« Dans la pratique, on ne rejette donc pas le financement de la télévision. Juste : on ne veut pas en dépendre. Je pense que nos films sont refusés parce qu’on renvoie les gens de télé à leur propre incompétence. Et aussi parce qu’il s’agit de sujets sensibles. Prends Attention danger travail : en 2002, quand il est sorti, personne ne voulait donner la parole aux déserteurs du travail… »
« C’est possible que ma personnalité et mes rapports au monde de la télé jouent aussi dans ce refus constant. Mais tout autant que notre façon de faire : nous sommes autonomes, nous n’avons pas besoin d’eux. Qu’ils nous suivent ou pas, le film sortira. »

Annie : « C’est d’ailleurs la première chose que j’entends, quand je décroche mon téléphone pour proposer un film de Pierre Carles aux chaînes : « De toute façon, vous le ferez quand même… » »
« C’est clair qu’il y a aussi dans ces refus une volonté de punition, de sanction. Au moins pour Pas vu Pas pris. »

Pierre : « C’est finalement très paradoxal. On se retrouve dans une situation où les chaînes de télévision refusent de faire de l’argent avec mes films… »
« Ils ne m’ont pas pardonné d’avoir transgressé les règles, la loi du milieu. Puisque je ne joue pas le jeu, c’est logique que j’en sois banni. Ça renvoie à leurs contradictions ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de censure à la télévision française ; de fait, il y en a une, j’en suis la preuve. Je ne doute pas que si demain je proposais un portrait complaisant de Nicolas Sarkozy aux chaînes de télé, je n’aurais plus aucun problème pour être diffusé sur le réseau hertzien. »

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Fin de Concession

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De Fin de Concession, Pierre Carle et Annie Gonzalez nous ont montré deux scènes emblématiques, aussi jouissives l’une que l’autre. La première, je t’en ai parlé en introduction. Dans la seconde, Pierre Carles - alias Carlos Pedro, toujours - rencontre Charles Villeneuve. L’interroge sur le lien entre la télévision française et le pouvoir. Et lui met peu à peu la puce à l’oreille : « Vous êtes sûr que vous travaillez pour une chaîne généraliste ? », demande l’ancien présentateur du Droit de Savoir. Subodorant une entourloupe, Villeneuve interrompt finalement l’entretien sur ces mots : « Je me suis déjà fait piéger une fois sur TF1, ça n’arrivera pas deux fois. »
Finalement : si. Charles Villeneuve a été piégé, derechef. Et par le même réalisateur : quand il dit s’être fait « piéger une fois », c’est à Pas vu pas pris qu’il pense… Comment dit-on ? Ah oui : dommage…

Pierre : « Fin de Concession part de deux constats. De un, il n’existe aucun documentaire de fond sur les rapports entre Nicolas Sarkozy et les médias. De deux, il n’existe pas non plus de documentaire sur la façon dont un immense groupe de BTP a pu faire main basse sur la première chaîne publique française. C’est quand même quelque chose d’incroyable : en 1987, le groupe Bouygues a littéralement acheté l’accès à un téléspectateur français sur deux ! Mais il n’a respecté aucune des promesses faites lors de l’octroi de cette concession. À tel point que celle-ci aurait pu être annulée, en 1994, si la loi Carignon n’avait pas rendu son renouvellement à peu près automatique. »
« Il faut quand même rappeler que les représentants du groupe Bouygues avaient raconté n’importe quoi lors de leur audition par la CNCL, ancêtre du CSA. Ils promettaient par exemple la diffusion d’opéra et de pelote basque, et osaient parler de « mieux-disant culturel ». Ils n’avaient d’ailleurs pas davantage respecté les engagements pris dans leur cahier des charges. »

« Pour moi, l’histoire entre Sarkozy et TF1 commence réellement en 1993. La chaîne venait d’être mise à l’amende par le CSA, pour ne pas avoir respecté ses obligations en matière de diffusion des œuvres françaises. Un jeune député avait été invité au journal pour dire combien cette amende était un scandale. Ce jeune député était Nicolas Sarkozy et c’était le début d’une étroite relation. »

« Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a jamais eu de fiction ou de documentaire audiovisuel sur le rachat de TF1. Il y a bien un très bon bouquin, TF1 un pouvoir, une enquête de Pierre Péan et Christophe Nick parue en 1997, mais ce livre n’est pas du tout centré sur Nicolas Sarkozy. On y voit par contre énormément son favori du moment, Edouard Balladur, lequel a bénéficié d’une incroyable ouverture médiatique lors de la présidentielle de 1995. Avec notamment ce discours de remerciement, lors des vœux de Balladur à la presse : « Je suis très content de vous, vous avez fait du très bon travail. » »

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Questions de forme

Qu’il prenne à partie Étienne Mougeotte en lui reprochant vertement l’orientation droitière de TF1, piège joliment Karl Zéro dans Pas vu Pas pris ou envoie un de ses amis à la rencontre du directeur de la rédaction de Charlie Hebdo pour l’interroger sur l’héritage (nié) de Choron2, il y a une façon de mener (tambour battant) les choses qui n’appartient qu’à Pierre Carles. Un très efficace mélange de naïveté, de culot et de machiavélisme, pour mettre à nu les compromissions et contradictions de ses interlocuteurs. « Ce n’est pas gentil », lui sort un Karl Zéro faussement compréhensif. « Pas gentil », peut-être. Mais ça fonctionne tellement bien…

Pierre : « L’aspect le plus intéressant de Pas vu Pas pris est qu’il a été un déclencheur : les réactions qu’il a soulevées illustraient parfaitement le corporatisme des journalistes. »
« Au fond, le document sur lequel était centré le film3 n’était qu’un prétexte, le révélateur des lois du milieu. Tous ceux qui se sont indignés ont fait mine de croire que l’intérêt éventuel de Pas vu Pas pris résidait dans la valeur de cette séquence montrant Mougeotte et Léotard. Alors qu’il n’était bien évidemment pas là. »

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Annie : « C’est d’ailleurs toute l’originalité du travail de Pierre : il écrit réellement un récit. Il joue, prend position, se met en scène, et ces éléments deviennent des dispositifs de l’action. »

Pierre : « Il faut dire que j’ai été bien aidé par les intéressés. Jacques Chancel, Karl Zéro, Charles Villeneuve… tous se sont ingéniés à se montrer sous un jour intemporel, à réagir en hommes de pouvoir. On peut même dire qu’ils ont écrit en partie le scénario et qu’ils ont été très bons dans leurs rôles respectifs… »
« Pas vu Pas pris est d’abord un film sur le pouvoir. Il montre comment réagissent les hommes de pouvoir quand on tente de fissurer leur image, et donc quand on attaque leur porte-monnaie. Cette réaction-réflexe face à la menace est universelle. »

Annie : « Pas vu Pas pris a finalement très bien marché. C’est moins le cas d’Enfin Pris, sorti quatre ans plus tard et qui n’a fait « que » 55 000 entrées. Je pense qu’il est quand même devenu un classique du cinéma de réflexion, à l’image du documentaire sur Pierre Bourdieu. »
« Ce qui m’intéresse vraiment dans les films de Pierre, c’est qu’ils ne ressemblent à aucun autre. À la présence physique de Pierre Carles s’ajoutent un long travail de montage et un travail spécifique sur les archives, des éléments historiques existant déjà mais qu’il décide de sortir du flux et de mettre en perspectives. Ses films sont constitués de paliers, avec un lot d’informations supplémentaires à chaque étape. Je trouve ça très excitant. »

Pierre : « Ce qui m’a plu dans le travail de Michael Moore, c’est sa capacité à faire des films drôles sur des sujets graves. Dans Roger et moi, il réussissait à conter l’effondrement de Flint de manière très drôle. À l’époque, il faisait en outre confiance au spectateur, il ne le prenait pas totalement en main. Aujourd’hui, c’est différent… »
« Aller voir les représentants du pouvoir est finalement un ressort scénaristique assez classique, façon David contre Goliath. Tout son intérêt réside dans le fait qu’il peut provoquer la surprise et se révéler très inattendu. Et puis, il y a un plaisir assez narcissique à aller provoquer les puissants… »
« Mais s’il y a un film qui m’a vraiment inspiré, c’est Hôtel Terminus de Marcel Ophuls. On sent dans cette œuvre une conception du cinéma et du documentaire très pure, quelque chose qui a vraiment fait avancer le schmilblick. On est à des lieux d’un personnage comme Ardisson, qui a pourtant l’incroyable prétention d’avoir inventé quelque chose à la télévision. »

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Système et dépendance

En questionnant la lutte armée, en donnant longuement la parole à des gens se plaçant d’eux-mêmes dans la marge ou en pointant les dérives de ceux qui détiennent le pouvoir médiatique, c’est finalement l’étonnante longévité d’un système qui aurait dû depuis longtemps s’écrouler que Pierre Carles interroge. Pourquoi et comment tient-il ?

Pierre : « Je suis finalement très étonné que notre société ne connaisse pas davantage de violences. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus d’émeutes, plus d’habitants de banlieues brûlant écoles et bibliothèques et s’en prenant aux symboles de l’État ? Pourquoi n’y a t-il pas plus de violences ? C’est une très bonne question. Elle mériterait un film, mais personne ne le financerait… »

Annie : « Dans Volem rien foutre al païs, on voit des gens qui proposent des réponses collectives, trouvent des façons de se débrouiller pour devenir autonomes. »

Pierre : « Ce film se termine sur la question que je pose à Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense : à l’occasion d’un exercice militaire, je lui demande si l’armée pourrait intervenir pour mettre au pas ceux qui décident de se couper de la société de consommation. En réponse, elle m’avait regardé d’un air interloqué… »
« Quelques années plus tard, c’est pourtant bien l’armée - c’est à dire la gendarmerie - qui est intervenue à Tarnac parce qu’il est reproché à certains de ses habitants de ne pas respecter les normes en matière de mode de vie. La question finale du film avait quelque chose de prémonitoire, finalement. »

Pierre : « Prends notre exemple. Si on voulait être indépendant jusqu’au bout, il faudrait qu’on trouve un moyen d’être diffusé et projeté dans des lieux où on n’est pas censé exister. Parce qu’il faut voir les choses en face : notre public est sociologiquement très connoté, avec un certain niveau de revenu et d’étude. C’est particulièrement vrai pour les gens qui vont voir nos films dans le réseau des salles de cinéma d’art et d’essai. »
« Dans La sociologie est un sport de combat, il y a une séquence tournée au Val-Fourré, avec des jeunes qui bousculent un peu Pierre Bourdieu. Après sa sortie, on est retourné au Val-Fourré pour projeter le film : dans le public, il n’y avait à peu près que des profs et des membres de la classe moyenne… Il ne faut pas mésestimer les barrières de classe. »



1 Ni Vieux Ni traîtres est un (excellent) documentaire de Pierre Carles et Georges Minangoy, dans lequel il part à la rencontre d’anciens des Groupes d’action révolutionnaires internationalistes (GARI) et d’Action Directe. En filigrane, la question de la légitimité de la violence et de la fidélité à ses idéaux.

2 Tu noteras que Choron Dernière, documentaire de Pierre Carles et Martin sur ce personnage extraordinaire qu’était le professeur Choron, vient de sortir en DVD. Je dis ça, je dis rien…

3 Soit l’enregistrement de quelques minutes de discussion entre François Léotard, alors ministre de la Défense, et Etienne Mougeotte, directeur des programmes de TF1. Une conversation tenue juste avant l’ouverture du journal et illustrant la complicité régnant entre les deux hommes. D’abord publiée, sous forme d’extraits, par Le Canard Enchaîné, la séquence est ensuite devenue le point de départ d’un reportage réalisé par Pierre Carles sur commande de Canal + et portant sur la « télé, le pouvoir et la morale ». La chaîne ayant, sur décision d’Alain de Greef, refusé de le diffuser, Pierre Carles l’a étoffé. Il est devenu Pas vu Pas pris, documentaire indépendant.


COMMENTAIRES

 


  • le plus drôle de l’affaire c’est que si tous ces abrutis du Paf n’avaient pas ostracisés Pierre Carles ils l’auraient reconnus aussi sec et ne se seraient pas faits piégés deux fois. Comme quoi on peut se demander si la censure n’est pas le meilleur allié de la créativité et qu’après tout le meilleur moyen de se débarrasser d’un sujet est de le diffuser - en tout cas merci à Pierre Carles pour ses films irrévérencieux qui font tomber les masques de ces tristes clowns.

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

    • « si tous ces abrutis du Paf n’avaient pas ostracisés Pierre Carles ils l’auraient reconnus aussi sec et ne se seraient pas faits piégés deux fois. »

      Y a de ça.

      Mais même en le reconnaissant, ils se font quand même dégommer. Ainsi d’Alain de Greef se rendant à la première de Choron Dernière lors du festival du film grolandais. Et se faisant allumer dans les grandes largeurs par Pierre Carles : la vidéo est ICI, c’est poilant.



  • mardi 8 décembre 2009 à 10h33, par joshuadu34

    L’autocensure du milieu médiatique est bien présente, malheureusement ! Une autocensure de classe, par un choix délibéré de ses sujets (dans les deux sens du terme)... Presque énarques, ils se choisissent une carrière là où ils voudraient se reconnaitre dans l’image d’Épinal du baroudeur de cinéma, un peu Bogart sur les bords...

    Et ceux qui se voudraient n’être qu’une élite pensante au service d’un pouvoir sont dérangés par les trublions qui, eux, veulent garder leur liberté de réflexion...

    Ainsi, nous avons une censure, comme celle que subit Carles, où d’autres qui croyaient, il y a peu encore, à la liberté de la presse, un peu partout dans le monde (lire, à ce sujet, l’excellent « Black List » de Kristina Borjesson aux éditions Les Arènes), censure qui, souvent, est même tellement installée dans les esprits qu’elle n’en est même plus consciente... et censure, de toutes façon, logique quand la totalité des médias (enfin, leur très grande majorité) est à la solde des décideurs (par le rachat, où même par leur dépendance financière)...

    Il existe même un autre phénomène, face à un nouveau support qu’ils ne contrôlent pas (internet) qui consiste à instaurer un doute dans les esprits sur le contenu des sites contestataires. Ainsi, c’est une vraie campagne de dénigrement qui est menée actuellement, campagne de déni face à ceux qui sont présentés comme « conspirationnistes », comme on peut annoncer, ailleurs, qu’ils sont « pédophiles »...

    Et oui, internet gène ! Vous trouvez, heureusement, de tout sur internet, de l’imbécile heureux gavé de campagne millénariste persuadé que la fin du monde approche (encore) à celui qui se pose des questions et les pose aussi aux autres, créant un doute quand à la liberté d’un système et, bien entendu, de la voix de ce système ! Et ce dernier gène, on cherche alors à le museler, pour cacher la servitude médiatique...

    Tout ça, et cette campagne de dénigrement médiatique à l’encontre d’internet est assez effrayante ! Écoutez : internet, nid de terroristes islamistes (TF1, le 2 décembre), internet, nid à pédophiles (ça, c’est quasi quotidiennement), et, maintenant, internet, nid des imbéciles croyant à une « théorie du complot », théorie forcément orchestrée par des méchants tout plein (nazillons, où, pire, terroristes)...

    Et le plus hallucinant est encore de voir certains médias qui hurlent leur totale indépendance (et je ne citerais pas Politis, ici, parce que, pour le coup, il ne le mérite pas... Ah ben tiens, si, c’est fait...) et qui ressemblent encore un peu à un média indépendant, reprendre en chœurs la propagande lancée par l’état en vue de museler internet, non pas contre ses dérives (ils n’en ont rien à foutre des dérives genre pédophile où copieur, d’ailleurs, tous le monde a remarqué que les mesures misent en place où en train de l’être n’empêcheront ni la pédophilie, ni la copie, par contre, elles permettent un contrôle et, plus grave, une censure envers les gêneurs), mais pour empêcher toute liberté de parole !

    Heureusement, il nous reste Article XI, Pierre Carles (même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui, j’avoue) et super JBB...

    Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

    • « lire, à ce sujet, l’excellent »Black List« de Kristina Borjesson aux éditions Les Arènes »

      Oui : ce livre est vachement bien. Il a d’ailleurs été réédité chez 10/18 pour ceux que ça intéresseraient.

      « Écoutez : internet, nid de terroristes islamistes (TF1, le 2 décembre), internet, nid à pédophiles (ça, c’est quasi quotidiennement), et, maintenant, internet, nid des imbéciles croyant à une »théorie du complot«  »

      Bbbrrrrr… tu me fais frémir. Je crois que je vais résilier immédiatement mon abonnement internet… :-)

      (Pour la fin, c’est trop : en ce moment, je suis plutôt super-pourri pour être franc. Mais : merci.)

    • mercredi 9 décembre 2009 à 01h44, par folavril

      Merci pour cet entretien, ça fait plaisir d’avoir des nouvelles de Pierre Carles ! JBB a raison, la plupart des gens qui passent par ici ont probablement tout vu de Pierre Carles. Je suis fan depuis la séquence sur le système d’alarme de Pierre-Loup Sulitzer, ça ne date pas d’hier !

      Joshua a bien raison de rappeler que c’est sur le net que ça se joue maintenant et que c’est là qu’il va falloir éviter que ne se reproduise l’affaire TF1. Et c’est pas gagné d’avance. Pirates, libristes et autres mal-pensants, il est temps (peut-être même est-il déjà trop tard ?) de réagir avant qu’Internet ne devienne un gigantesque centre commercial ou, comme le craint Benjamin Bayart, un minitel 2.0. Renseignez-vous sur l’ACTA, par exemple (voir numerama.com, la Ligue Odebi (odebi.org), la Quadrature du net, PCinpact.com, etc). Aux armes !

      Pour en revenir à Pierre Carles, il faudrait une diffusion sur le net de ses films (certes, on les trouve sur les réseaux p2p, mais ce n’est pas suffisant). Je pense à un site où les gens qui visionnent (pourquoi pas en streaming) pourraient aussi discuter sur des forums, chatter, que sais-je encore...

      Cela pourrait en partie contribuer à compenser cette question de « projection réservée aux bac + 4 et + si affinités ». Des films comme Pas vu pas pris qui commencent quand même à dater pourraient même cartonner. Qui peut le plus, peut le moins, et une diffusion sur Internet n’empêchera pas les gens de se retrouver dans les salles d’art et d’essai, ne serait-ce que pour se sentir moins seuls au monde.

      Et un grand merci à Petitswiss, je vais de ce pas aller visionner les émissions d’Henri Guillemin !

      PS à JBB : moi non plus, je n’ai pas trop aimé Choron dernière (et pourtant, Dieu sait que je l’attendais celui-là, mais à Mexico, il m’a fallu attendre qu’il sorte enfin sur les réseaux pour le voir)... Mais c’est sans doute parce que je suis trop sensible et j’ai pas aimé le coup du lapin à la fin (et pas compris ce que ça venait foutre là, d’ailleurs).

      Je dois avouer que je me suis aussi un peu ennuyée avec Ni vieux ni traitres et avec Enfin pris (rien à faire, la séance avec le psy m’horripile, c’est beaucoup trop long et la voix est très difficile à supporter). Mais Attention danger travail et Volem rien foutre al païs sont des monuments. Et le Désarroi esthétique (passé dans le cadre de Strip-tease) aussi.

      • « Renseignez-vous sur l’ACTA, par exemple (voir numerama.com, la Ligue Odebi (odebi.org), la Quadrature du net, PCinpact.com, etc). Aux armes ! »

        C’est clair, ça fait froid dans le dos. La lecture de ce très bon billet de ReadWriteWeb m’a presque donné envie de prendre les armes… Si ce qu’ils disent est avéré, ça le justifierait.

        « Je pense à un site où les gens qui visionnent (pourquoi pas en streaming) pourraient aussi discuter sur des forums, chatter, que sais-je encore... »

        C’est marrant, c’est aussi ce que propose, plus ou moins, un autre commentateur un peu plus bas. Vous devez être dans le juste :-)

        « Je me suis aussi un peu ennuyée avec Ni vieux ni traitres et avec Enfin pris »

        Je n’ai pas vu Enfin pris (le seul que je n’ai pas maté). Mais j’ai par contre beaucoup aimé Ni vieux Ni traîtres. Mais je suis partial : tout ce qui touche à la lutte armée m’intéresse grandement.

        • jeudi 10 décembre 2009 à 06h27, par Folavril

          Au Mexique, nous ne sommes pas trop mal pourvus en réfugiés/exilés français « durs » dont certains étaient recherchés (et ont été arrêtés) par Interpol encore assez récemment. J’ai eu l’occasion d’en rencontrer quelques-uns lors de la visite d’Alexandre Dumal (son alias d’auteur de polars) qui venait présenter son bouquin (il a quand même fait 15 ans de taule). Ce n’est pas toujours très gai comme ambiance, c’est même plutôt destroy.
          Côté mexicain, les survivants de la guérilla de Lucio Cabañas ne font plus parler d’eux que dans quelques documentaires épars qui mériteraient sans doute plus d’attention. Un bon sujet pour Pierre Carles !

        • jeudi 10 décembre 2009 à 08h19, par joshuadu34

          Sur le billet que tu proposes en lien, JBB, un truc plutôt marrant pourrait être de leur retourner leur loi, notamment en portant plainte contre GOOGLE qui publie, en ligne, des photos satellite de votre habitation sans vous demander d’accord, non ? Tout comme il reprend, en ligne toujours, des extraits de vos écrits sans aucune demande de votre part et sans aucun accord... ça fait déjà deux, on réfléchit un peu, pour trouver le troisième et imposer une coupure du net à GOOGLE ?

          Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

      • http://juralibertaire.over-blog.com...
        Voilà ton rêve est pour partie exaucer



  • « Tu noteras que Choron Dernière, documentaire de Pierre Carles et Martin sur ce personnage extraordinaire qu’était le professeur Choron, vient de sortir en DVD. Je dis ça, je dis rien… »

    Ben si justement t’en dis beaucoup puisqu’il va faire parti de ma dvd-théque dans pas longtemps et même peut être avant. Cool d’avoir permis à Pierre Carles et Annie Gonzalez de s’exprimer ici.



  • La toute dernière intervention de Pierre Carles qui se termine par « (...) Il ne faut pas mésestimer les barrières de classe » est primordiale. L’abrutissement de masse concocté à l’aide les différents média, télévision en tête, permet difficilement de dépasser « l’entre soi » et ceci dans tous les domaines : culturel, médical, éducatif, ...
    Il est peu être utopique de songer que les différents actes de résistance ou de désobéissance qui ont lieu ça et là puissent faire bouger le système... mais il me semble que plus ces actes seront nombreux, plus l’espoir d’un monde nouveau sera palpable.

    • « La toute dernière intervention de Pierre Carles qui se termine par »(...) Il ne faut pas mésestimer les barrières de classe« est primordiale. »

      Oui. C’est le rappel indispensable d’un fait qu’on a tendance à oublier facilement, parfois. Un rappel logique, aussi : on ne réalise pas le documentaire ultime sur Bourdieu sans en garder quelques traces.

      « plus l’espoir d’un monde nouveau sera palpable. »

      Oui. En ce moment, c’est plutôt morne plaine de ce côté-là, faut dire.



  • A la question de Pierre Carles, Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus d’émeutes etc., j’ai une réponse toute simple : parce que la quasi-totalité de la population française a le ventre rempli tous les jours. Ce n’est pas de savoir que les puissants nous mentent ou nous manipulent qui déclencherait une révolte... Mais plutôt de voir un rayon de supermarché vide ! C’est à mon avis une condition nécessaire. Mais pas suffisante : il faudrait aussi que la révolte s’organise, pour avoir l’occasion de peser.

    • Ça se tient. Il est pas mal de (bonnes) raisons politiques pour que la colère et la rage envahissent les rues ces temps-ci, sans qu’il ne se passe rien. Et sans doute que les dégueulasseries successives du régime sarkozyste n’y changeront pas grand chose.

      Sauf que… il y a toujours quelque chose d’imprévisible dans les révoltes et révolutions. Qui sait ? L’une d’entre elles pourraient bien advenir même quand les supermarchés sont pleins. Il faut y croire (un peu)



  • mardi 8 décembre 2009 à 17h50, par fred (l’autre, le coureur des bois...)

    salut

    Encore beaucoup de choses apprises sur article XI...

    Vu ce qu’en dit JBB, j’ai une furieuse envie de voir ces films !!!
    Il n’y aurait pas moyen de se faire graver des dvd « Fin de concession », « Pas vu Pas pris » ou de « Ni vieux Ni traîtres » (entre autres) par Annie Gonzales, la productrice ?
    La boutique en ligne de shellac ne fonctionne pas...



  • mardi 8 décembre 2009 à 18h03, par petitswiss

    Sur les barrières de classe.... pauvres et.... cons.... enfin, sans être une fatalité, l’histoire foisonne de tels exemples... quand ils ne sont pas pire que la simple indifférence ou le mépris de la chose intellectuelle (pensées et personnes) très énergiquement repris et montée en mayonnaise par la Droite bête et réactionnaire. Voir l’excellente série d’Henri Guillemin sur la Commune de Paris... l’ignominie des « honnêtes gens » la bourgeoisie dans son immense majorité, l’espoir sincère des communards et le lumpen prolétariat pour lequel les seconds s’étaient battus jusqu’à la mort et qui les ont finalement massacré pour sauver (du moins le croayaient-ils....) leur propre peau. La populace doit être élevée pour son bien, à coup de tricks !! C’est paradoxale, mais c’est comme cela seulement qu’on lui fera admettre ce qui semble évident à toute personne un temps soit peu sensée, à savoir que le changement de société demande des efforts, de l’action, mais avant tout de la réflexion et la nécessité de ne pas abdiquer à la moindre contradiction, à la moindre faiblesse !!

    Pour la série d’émissions (qui semblera à certains terriblement statique... c’est sûr c’est pas la DS ou la PS3....), voir sur le site de la Télévision Suisse romande (tsr.ch) dans la section « Archives » sous « Henri Guillemin »... encore un qui n’est pas passé sur les télévisions françaises... et qu’on étudie pas en classe.... trop atypique !! pensez-donc !! un universitaire catholique qui n’est pas de droite !!! shoking !!!

    Comme il l’indiquait lors d’une interview, c’est aussi l’intelligence de la Suisse, pourtant pays capitaliste de longue date... de donner voie au chapitre à une parole discidente !!

    Magistrale, cette série d’émissions sur la Commune de Paris....dont l’échec manifeste est à trouver dans l’asociation entre « le goupillon, le sabre et le coffre-fort ».... Ce genre de formule est tout simplement impensable de nos jours, impossible de passer à la TV on affichant de tels propos, pourtant d’une terrible actualité !! et d’une si nette évidence !

    C’est ce genre de détails qui nous permettent de saisir la distance nous séparant de ses années « insouciantes » (1960-1970) malgré tout et cette période d’ignominies sociétales qui n’en finissent pas d’assombrir le monde !!....

    Bonne continuation à Pierre Carles !! pour son travail formidable !!

    • Encore une fois, je dois confesser mon ignorance crasse. Je ne connaissais pas Henri Guillemin.

      Je vais faire confiance à ton enthousiasme. Et me plonger dans la première de ses conférences sur la Commune.
      (Même si faut avouer qu’ils ne faisaient pas dans la fioriture à l’époque : six émissions d’une demi-heure constituées des mêmes plans d’un mec parlant (avec talent, je n’en doute pas) d’un sujet historique, ça pose sa chaîne, hein…)

      Pour ceusses qui seraient intéressés : les émissions se trouvent ICI.

      « Ce genre de formule est tout simplement impensable de nos jours, impossible de passer à la TV on affichant de tels propos, pourtant d’une terrible actualité !! et d’une si nette évidence ! »

      C’est aussi ce que déclarait Pierre Carles en une partie de l’entretien qui n’a pas été conservé. Il disait notamment : « Aujourd’hui, on te dit que la télévision est plus libre que sous De Gaulle. C’est du pipeau ! Si c’est vrai pour l’information, ça ne l’est pas du tout pour les programmes. »

    • mercredi 9 décembre 2009 à 04h49, par petitswiss

      A propos d’Henri Guillemin, petites précisions, assez promptes à faire fuir les moins courageux... lol. Les émisssions ne sont pas au nombre de 6, mais de 13 !! Et contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre, la verve et l’enthousiasme de Guillemin relèguent bien vite les craintes d’ennui que le statisme de la réalisation impose. A mon sens en tous les cas. Par ailleurs, c’est aussi un autre rapport au temps, plus mesuré, sans l’être objectivement d’ailleurs, qui nous est ici proposé. Sur H. Guillemin, voir également la notice bien faite sur Wikipedia agrémentée de plusieurs liens.

      Comme je le précisai dans le post, Guillemin est un quasi inconnu en France, même les meilleurs en ignorent jusqu’à l’existence !! lol. Son oeuvre est essentiellement tournée vers la littérature et l’histoire ; Sur le site de la tsr (tsr.ch), il existe bien d’autres émissions de Guillemin : sur Tolstoi, Lénine, Naboléon Ier, Vichy, l’Affaire Dreyfus, les écrivains français, dont certaines sont tout simplement magistrales ! On peut parfois tiquer sur ce caractère emporté, mais les faits et les preuves sont là ! la passion de l’historien aussi !

      Comme dirait l’autre (et c’est plus actuel que jamais) l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs... dixit nos manuels scolaires... dans une autre vie, où je tatais de la documentation, je virais d’office à la poubelle tout ce qui était signé d’un certain Jacques Marseille... (inutile, je pense de préciser en quoi, il est nuisible ce capo du Medef...) Il n’y a pas de petites actions dans la résistance ordinaire contre l’ogre capitaliste ! lol Guillemin et bien d’autres par ailleurs, mais qui n’ont pas choisi de donner à comprendre de manière plus étendue par le biais de la TV les subtilités de notre histoire, apportent un démenti cinglant à cette histoire des vainqueurs, l’histoire des « honnêtes gens », mais c’est toujours la leur qui prévaut, étonnez-vous après qu’on pérpétue des générations de crétins...

      Sur le travail et la carrière de l’homme, voir également 3 autres émissions, dont

      http://archives.tsr.ch/dossier-guil...

      • Juste : merci.

        (ça fait un peu naze, comme réponse. Mais tes deux commentaires sont parfaits, je ne vois pas quoi ajouter)

        • mercredi 9 décembre 2009 à 17h17, par petitswiss

          Il n’y a rien à ajouter. S’il afallait à chaque fois relancer, j’imagine le calvaire. je suis déjà content de pouvoir partager ces informations, avec la quasi certitude que pour tout le moins, ils susciteront un brin de curiosité. Sinon, tant pis, libre à chacun d’apprécier ou pas ! Mais la sincérité du bonhomme est encore un élément à ne pas négliger. ça éclaire d’une lumière bien triste et crue, la malhonnêteté intellectuelle qui est devenue le mètre étalon des interventions médiatiques quotidiennes... enfin, je vais pas relancer !! lol bonne continuation et bon courage à toi aussi et à ton blog que je consulte de temps en temps, mais toujours avec intérêt !

          • à petitswiss

            je suis très surpris par les connaissances de H. Guillemin ! Quelle culture et quelles histoires !!!

            « On peut parfois tiquer sur ce caractère emporté, mais les faits et les preuves sont là ! la passion de l« ’historien aussi ! » » C’est tellement vivant, on jurerait qu’il était au milieu des évènements de la Commune...et à côté de Pétain...
            En tout cas, je vais passer encore de bonnes soirées à m’instruire !
            Le site des archives de la tsr va chauffer !

            Allez, j’y retourne !

            Et dire qu’il y a des c... qui veulent supprimer les cours d’histoire-géo quand justement on peut en apprécier le contenu...

            • vendredi 11 décembre 2009 à 11h55, par Petitswiss

              A propos de l’édification des masses (en pure perte de toute manière, mais ici, je sais que ça aura un écho..., mais faisons-nous vraiment parti de la masse ?....lol) , encore un documentaire qui passera pas à la TV celui de Brient (2009) intitulé De la servitude moderne, accessible sur plusieurs sites, dont celui-ci, dont voici le lien

              http://annearchet.wordpress.com/200...

              Dans le ton, on constate une furieuse assimilation à la fois des thèses de G. Debord, mais aussi de sa rhétorique ; à déplorer les quelques minutes à la fin, façon clip post-ado de destruction... J’ai rien contre, seulement ça manque de subtilité ! lol Là, c un peu l’artillerie lourde avec en illustration l’excellent morceau des RATM (Rage Against The Machine) qui a enflammé l’adolescence de tant de rebelles de bazar, mais aussi celle d’authentiques révoltés !



  • J’aime bien le travail de P Carles. J’ai d’ailleurs acheté ses films à une époque où c’était la VHS ou rien.

    Cette fois, je ne le suis pas du tout.
    Pour lutter contre le pouvoir, il propose de brûler les écoles et le bibliothèques !
    Farhenheit 451 ? C’est ça ?
    Dans ces conditions, on aura la révolution, je veux bien le croire, mais laquelle ?

    • Tout pareil : Pas vu Pas pris, c’est sous cette forme que je l’ai choppé.

      Pour les bibliothèques et les écoles, je ne veux pas répondre à sa place. Mais note quand même qu’il n’en fait aucunement un programme de rébellion à suivre, mais s’étonne juste que les derniers symboles de l’État encore présents en banlieue ne soient pas davantage pris pour cible.



  • mercredi 9 décembre 2009 à 00h39, par Olme

    Il faudra tout de même dire à Annie Gonzales qu’il y a pas mal de gens qui aurons vu ces films non pas grâce aux seules salles d’art et d’essais, bien peu nombreuses, mais également grâce au « piratage » ... je ne serais pas étonné que les chiffres soient assez élevés, et que les « djeuns » les voient comme ça plutôt que durant des séances publiques un peu rébarbatives ...

    Ils devraient sérieusement penser à utiliser les canaux digitaux libres pour faire passer leur films (bittorrent p.ex.), il est probable qu’un des modèles de financement existant corresponde à ces productions et à leur public (souscription publique, dons, vente de dvd/blueray etc... ) en sus de ce qui existe déjà. avec une licence libre bien sur, ça aide ;)

    • mercredi 9 décembre 2009 à 15h54, par JBB

      « Il faudra tout de même dire à Annie Gonzales qu’il y a pas mal de gens qui aurons vu ces films (…) grâce au »piratage« …je ne serais pas étonné que les chiffres soient assez élevés »

      Il le sont, à l’évidence. La moitié des films de Pierre Carles se trouvent à la première recherche menée sur Youtube (d’ailleurs, j’en ai moi-même abusé…).
      Annie Gonzalez est bien évidemment au courant : on en a parlé et on ne peut pas dire qu’elle soit vindicative sur la question… Tu noteras d’ailleurs que si ces films sont dispos sur Youtube ou Dailymotion, c’est qu’il n’y a pas d’actions intentées en justice contre. Mais elle galère à boucler ses budgets sans l’argent de la télé, tu ne peux pas lui demander d’encourager le piratage.

      • jeudi 10 décembre 2009 à 06h39, par Folavril

        Voilà une petite piste à explorer pour les financements hors TV, hors subvention, hors avance sur recette, etc : http://vodo.net/usnow

        Avec l’exemple de US Now qui semble plutôt bien marcher. (La sortie du film et le lancement du site avaient été annoncés en grande pompe sur The Pirate Bay, temple du piratage grand public s’il en est).



  • mercredi 9 décembre 2009 à 15h14, par .William

    Mince, bonne interview, je regrette juste de ne toujours pas savoir si « Quit dit mieux ? » va enfin sortir ou pas !

    Voir en ligne : http://quandlesconssontbraves.blogs...

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