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mardi 24 mars 2009

Entretiens

posté à 12h25, par JBB
27 commentaires

François Ruffin : Fakir, d’une anti-campagne l’autre
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Ce pauvre de Robien doit en faire des cauchemars… Début 2008, le maire d’Amiens s’est pris une déculottée aux municipales. Une défaite surprise qui doit beaucoup à l’équipe de Fakir, journal ayant conduit une vive « contre-campagne » contre lui. Décidé à remettre ça pour les européennes, Fakir relance une « contre-campagne », nationale et sous forme d’un magazine. J’en suis, mais vous propose quand même cet entretien avec François Ruffin.

Fakir, ils n’aiment pas.

Ils détestent, même.

Il faut les comprendre : ce journal alternatif régional, lancé en 1999 à Amiens par le journaliste François Ruffin, n’a pas été conçu pour complaire aux notables ronflants et aux édiles pompeux.

Et il est finalement normal que ceux-ci voient dans cette publication un « torchon de petits bourgeois », assimilant ses rédacteurs à « des talibans de l’information, des terroristes du journalisme, des parasites sociaux qui n’ont jamais rien fait de leur vie ».

Deux maximes expéditives1 comme un joli résumé du parcours de Fakir.

Journal poil-à-gratter qui n’a cessé - il n’y a pas d’autre mot - d’emmerder tout le monde à Amiens, dénonçant les petites baronnies, les compromissions des élites locales, le journalisme dévoyé du Courrier Picard, la politique droitière d’une municipalité échue comme de droit divin à Gilles de Robien2, entre autres cibles de choix.

Oui : de quoi se faire des amis…

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Au rang des ennemis éternels de la publication, Fakir peut donc s’enorgueillir de la détestation du seigneur local, le sieur de Robien.

Edile qui n’a cessé d’avoir les fouineurs du journal dans les pattes, plumitifs acharnés à dire la réalité de sa politique municipale et les errements de ses prises de position ministérielles4

Et qui peut mettre en partie au crédit de François Ruffin et de sa bande sa défaite surprise aux municipales de 2008, favori se retrouvant bec dans l’eau après une épique « contre-campagne » conduite par Fakir

Autant dire que l’ancien maire d’Amiens ne devrait pas être très heureux d’apprendre que le journaliste, qui exerce depuis un moment son mauvais esprit au Monde Diplomatique et à Là-bas si j’y suis, a finalement mis le conseil qu’il lui avait amicalement donné en 2000, « Aller exercer (son) métier ailleurs », à exécution.

Délocalisant Fakir de Picardie pour en faire une édition nationale.

Et le transformant en un magazine de 44 pages, qui sera tiré à 40 000 exemplaires à l’occasion des élections européennes et qui affiche pour chouette ambition de s’en prendre à ces dévoyés de la fausse gauche et à ces salauds de la vraie droite qui se sont mis au service de l’Union.

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Fakir prend un nouvel envol, donc.

Rebondit sur les élections européenne.

Revient sur la profonde fracture opposant tenants de l’ordre néo-libéral européen et partisans d’une autre Europe, celle du référendum sur le Traité constitutionnel en 2005.

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Et affiche pour principal objectif de « punir » - ainsi que l’affirme son édito du 15 mars - ces « médias aux ordres, qui jetaient du ’populiste’ à la figure des opposants », ces « patrons, avec leur ’appel des cent’ », ces « partis comme il faut, socialistes, Verts, Modem, UMP, qui nous vendaient leur ’concurrence libre et non faussée’ aujourd’hui contre des promesses d’ ’Europe sociale’ pour demain », bref tous ces tartuffes qui prétendent nous dicter ce qu’on doit penser de l’Europe des marchés qu’ils ont patiemment créée.

Au fond, Fakir va faire du Fakir, mais à l’échelle du pays.

Et je suis mal placé pour en parler puisque je fais (modestement, mais quand même…) partie de l’équipe qui a préparé ce numéro.

Basta !

Au temps pour la déontologie et l’éthique journalistique, voici une interview de François Ruffin. L’occasion pour l’auteur des Petits Soldats du journalisme, de Quartier Nord et de La Guerre des classes6 de revenir sur l’anti-campagne conduite par Fakir en 2008 contre de Robien, d’annoncer celle qui va être menée lors des élections européennes et de faire part de la naissance d’une nouvelle version de Fakir, mensuel national qui poursuivra - si tout va bien - son petit bonhomme de chemin après le rendez-vous électoral.


D’où vient cette idée d’ « anti-campagne » ?

Elle est née en 2008, une année particulièrement pourrie pour Fakir. On n’avait plus de salarié, notre équipe s’était réduite à un petit noyau. En plus je me coltinais un procès, de Robien témoignait contre moi, et lors de l’audience, l’avocat de la partie adverse, également adjoint à la mairie d’Amiens, avait lancé aux juges : « Il faut taper Monsieur Ruffin au portefeuille. Pour l’empêcher d’écrire.  » On se sentait cernés. Donc, on s’est dit : soit on ferme la boutique, soit on mène un baroud d’honneur. On a choisi la seconde option : contre la chronique de notre mort annoncée, on s’est cabrés, un sursaut d’orgueil.

Les municipales approchaient : puisque de Robien voulait notre peau, on lui ferait la sienne. On essaierait, du moins. Au départ, on n’y croyait pas. Dégagé le ministre Robien, installé à Amiens depuis 89, alors qu’y avait que des mous en face, personne n’y croyait. On a lancé notre « anti-campagne » plus comme un geste de bravoure que comme un acte politique, au fond.

Et c’est ça qui est beau : on sait ce qu’on sème, on ignore ce qu’on va récolter.
Le point de départ, c’était donc le 12 janvier 2008, avec un débat qui réunissait Gérard Filoche et Serge Halimi. La soirée s’est déroulée dans une super ambiance, 400 personnes dans la salle, une fanfare, le meilleur punch de Picardie, il y avait vraiment quelque chose dans l’air… Alors, à la fin, on a demandé des volontaires pour tracter contre de Robien.
Il y a des gens qui attendaient ça : non pas se mobiliser pour la gauche gestionnaire - ou pour la gauche révolutionnaire -, mais juste « contre ». Contre la droite. D’ailleurs, lors de cette anti-campagne, on a écrit des articles intitulés « Gauche, la victoire en ronflant » ou « La mollesse tranquille », et bien sûr une charge contre Vincent Peillon – notre bête noire préférée (au passage, maintenant qu’il a fui hors de Picardie, on est prêts à aider les camarades du Rhône-Alpes qui voudraient le chasser plus loin encore avant les catastrophes électorales : l’Île d’Elbe me paraît, dans un premier temps, une sage destination).

Mais la cible principale restait de Robien ?

Evidemment. On a sorti en février 2008 un numéro spécial, Le Livre noir du robiénisme, qui revenait sur ses vingt ans de règne, sur son bilan comme maire et comme ministre. C’était un travail sérieux, fouillé, détaillé. Et en même temps, on a édité une lettre d’information, beaucoup plus courte, quatre pages A4, dans un style moins ironique, accessible à tous.
Dans ce mini-journal, on se présentait comme des journalistes indépendants et des citoyens ordinaires – ce que nous sommes. Nous apportions tout bêtement de l’information. Un tableau a particulièrement fait mouche : d’un côté, nous listions toutes les dépenses de Robien pour ses grands travaux : 4,5 millions d’euros, par exemple, pour la réfection de l’Hôtel de Ville. Et de l’autre, nous indiquions combien il dépensait pour le social : 450 000 € pour les HLM, dix fois moins. Il n’y avait même pas besoin de commentaires : les chiffres suffisaient.
Ce document, on l’a tiré à 40 000 exemplaires. Amiens compte 60 000 foyers, donc avec 40 000 tracts, on a couvert la ville aux deux tiers. On s’est répartis les quartiers. Il faudrait citer ici Violaine, Jérôme, Jicé, Fabian, Pierre, Antoine, Liévin, Aline, Séb, et une cinquantaine d’autres volontaires. Des étudiants de l’Unef et des policiers municipaux ont distribué le même tract ! Réunis dans la même salle ! Autant de gens à la marge des partis de gauche, des citoyens de bonne volonté, de l’énergie disponible, que notre initiative est venue canaliser à un moment.

Ça a marché ?

Tu sais, on est habitués à diffuser des tracts dans l’indifférence, voire l’hostilité des passants. Eh bien là, sur la place Gambetta, au centre d’Amiens, on s’arrachait nos documents : « Ah, si c’est Fakir, j’en veux bien.  » L’impact de cette anti-campagne, comme moteur, ne faisait aucun doute.
Pourtant, quand, au soir du premier tour, Gilles de Robien s’est retrouvé en ballottage défavorable, je n’y croyais toujours pas. Je suis d’un naturel pessimiste. D’autant que, dans l’entre-deux tours, il a durci sa campagne. Il s’en prenait sans arrêt à Fakir dans des débats, presque plus qu’au candidat PS. Son équipe a même fabriqué un faux Fakir – qui s’intitulait «  Ça f’ra pire  ». Dans des courriers aux habitants, il prétendait que je deviendrais directeur de cabinet du maire socialiste – ce qui constitue une insulte à ma personne, je pense… Dans la rue, bien sûr, des sbires à lui nous empêchaient de diffuser.

Vous ne vous êtes pas laissé faire ?

Bien sûr que non. On a réagi en faisant ce qu’on maîtrise le mieux : un nouveau tract. Imprimé cette fois à 30 000 exemplaires, on en a diffusé 28 000 en vingt quatre heures. Punaise, quand la volonté collective se réveille, on peut vraiment soulever des montagnes. Ça été une belle performance sportive…
Et le vendredi soir, à la fin de la campagne, à deux jours du deuxième tour, on a tracté dans les boîtes à lettres jusqu’à minuit, quatre voitures tournaient dans la nuit. Et puis on a picolé un peu beaucoup, avec le sentiment d’avoir mené une belle bataille - quel que soit le résultat de l’élection.

Même si elle profitait au PS ?

Oui, même si… Mais, dès le samedi, veille du scrutin, le lendemain de notre picole, nous avons immédiatement préparé un nouveau tract, histoire de prévenir le PS qu’on le tenait à l’œil. Le soir de la victoire de Gilles Demailly, le candidat socialiste, et alors que toute son équipe nous accueillait en héros, nous l’avons distribué au milieu des fonflons et des flûtes de champagne. En voici un extrait :

Les méchants ont perdu. Pour autant, avons-nous gagné ? Quel électeur ferait encore, aujourd’hui, une confiance aveugle dans le Parti Socialiste ? On se souvient de 1981, avec un François Mitterrand élu pour « changer la vie » et qui deux ans plus tard justifiait la casse sociale. On se souvient de Lionel Jospin, qui allait rompre avec le libéralisme, et qui finalement privatisa à un rythme deux fois plus élevé que les gouvernements Balladur ou Juppé. On se souvient, plus près de nous, du Traité Constitutionnel Européen – que les Français ont rejeté à 54 %, mais dont les parlementaires PS ont finalement accepté le retour masqué. Sans faire injure aux militants socialistes, nous vivons tous avec cette histoire dans nos têtes.

Nous félicitons donc chaleureusement Gilles Demailly et ses colistiers pour leur victoire. Mais il faut veiller, dès maintenant, à ce que cette victoire soit aussi la nôtre, et qu’elle le reste. Il nous faut maintenir un contre-pouvoir, pour que les promesses ne soient pas oubliées, pour que demain le clientélisme de la gauche ne remplace pas le népotisme de la droite.

Evidemment, dès le lendemain, on essayait de nous effacer de la photo. D’occulter les troublions de cette petite page d’histoire.

Ça, c’était donc l’anti-campagne amiénoise de Fakir. Quel rapport avec l’Europe ?

Tout bête. Je pense qu’on a trouvé là un mode d’intervention efficace, qu’on peut d’ailleurs recommander à tous ceux qui ont en marre de leurs édiles : jouer les francs-tireurs pour virer son maire, ça marche ! Faudrait éditer un manuel, tiens.
Surtout, l’opération « anti-campagne » peut être reproduite. C’est malheureux, mais on en est là : on n’est pas d’accord sur le « pour » (pour Mélenchon, ou pour le NPA, pour changer l’Europe, ou pour en sortir, etc.), on reste juste d’accord sur le « contre ». Contre les médias, patrons, partis qui, il y a quatre ans, nous vendaient « la libre circulation des capitaux » comme panacée universelle. Sur ce « contre »-là, y a de l’énergie disponible.

En gros, il s’agit de proposer une anti-campagne européenne ?

Entre une ville de 130 000 âmes et un pays de 60 millions d’habitants, l’impact sera légèrement différent...
Au départ, l’équipe de Fakir voulait juste sortir un document, qu’on diffuserait dans notre coin, de l’information que les autres groupes, ailleurs, pourraient télécharger, reprendre, diffuser, etc. Histoire, quand même, de punir un peu les partisans du Traité de Lisbonne, qui croient que la démocratie c’est pour faire joli. Et puis, nous est venu de l’appétit. L’envie d’un vrai gros journal. Parce que la « crise » économique, il faut la transformer, avant tout, en crise intellectuelle. C’est-à-dire en une remise à plat du libéralisme, en une remise en cause de ses fondements. Dont l’Europe est un pilier.
Si on ne profite pas de cette occasion pour ça, on aura perdu sur toute la ligne : pas seulement des emplois, mais aussi une bataille idéologique. Notre canard, modestement, parmi d’autres initiatives, doit œuvrer au réarmement des esprits.

Et Fakir s’arrêtera là ?

Non. On casse notre tirelire, là. Si on ne boit pas la tasse, il y aura d’autres numéros nationaux : depuis le temps que ça nous démange, on ne va pas attendre d’avoir 80 ans pour sortir « Fakir hebdo »… L’idée – mais la marque est peut-être déposée, donc je vais me faire enguirlander par Daniel [Mermet] – l’idée, c’est de faire un « Là-bas si j’y suis » version papier, avec un reportage social, et derrière un portrait marrant, et plus loin un entretien avec un intello, et puis une nouvelle érotique – parce qu’y a tout ça dans la vie, et souvent tout ça qui se mêle, même. Bref, de l’information militante, mais pas chiante. Enfin, le moins possible…


Le journal sortira le 20 avril.
Mais il est déjà possible de commander des numéros à l’avance, un exemplaire au prix de 2,80 € ou dix pour 20 € (en envoyant un chèque à l’ordre de Fakir, 21, rue Eloi Morel, 80000 Amiens). Soyons fous, il est même possible de s’abonner : abonnement simple pour 25 € ou de soutien pour 40 €.

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1 La première est de Roger Mézin, premier adjoint d’Amiens, la seconde de Pascal Pouillot, avocat du précédent.

2 Gilles de Robien a été maire d’Amiens pendant 14 ans et adjoint au maire (quand il était ministre) pendant cinq années

3 Dessin de Fabian.

4 Gilles de Robien a été ministre de l’Équipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer de 2002 à 2005, puis ministre de l’Education de 2005 à 2007.

5 Dessin de Mathieu Colloghan, de même que celui qui suit.

6 François Ruffin en avait parlé ICI.


COMMENTAIRES

 


  • mardi 24 mars 2009 à 13h03, par wuwei

    ...qui affiche pour chouette ambition de s’en prendre à ces dévoyés de la fausse gauche et à ces salauds de la vraie droite qui se sont mis au service de l’Union.

    Tu veux que je te dise ? j’adoooooore ... et en plus « tu en es » donc c’est une raison supplémentaire pour se fendre de quelques euros qui seront bien investis à n’en pas douter.

    Juste une petite suggestion pour finir. Comme je "navigue entre deux résidence (Paris et Bordeaux) et que je ne sais pas encore où je serais le 20 avril, il me serait agréable que tu veuilles bien laisser quelque part sur la page d’accueil, et bien visible, l’adresse de souscription.

    • mardi 24 mars 2009 à 15h27, par JBB

      « Tu veux que je te dise ? j’adoooooore ... »

      Eheh… c’est cool.

      « il me serait agréable que tu veuilles bien laisser quelque part sur la page d’accueil, »

      Je vais y songer (diantre : quelle jolie formulation). Mais sinon, le tirage de Fakir est théoriquement prévu pour qu’il soit trouvable un peu partout. Et il devrait y avoir une piqûre de rappel le 20 (à peu près) céant, avec une itw ou un billet pour présenter un peu plus le contenu du journal.



  • mardi 24 mars 2009 à 14h17, par jide

    Voila qui est singulièrement alléchant !!!
    Je signe ou ???

    Voir en ligne : http://jide.romandie.com



  • mardi 24 mars 2009 à 14h56, par Isatis

    « Revient sur la profonde fracture opposant tenants de l’ordre néo-libéral européen et partisans d’une autre Europe, celle du référendum sur le Traité de Lisbonne en 2005. »

    Euh.... il est bien sûr de çà le monsieur ?
    En 2005, c’était le TCE soumis à referendum ; pour le traité de Lisbonne, pas besoin de s’emmerder avec la voix du populo, on a fait ça entre grands prédateurs néo-cons sauf pour l’Irlande encombrée d’une constitution génante. On m’objectera que je chipote puisque Lisbonne c’est un bout du TCE qu’on n’a pas voulu.

    Le JBB qui débute comme fakir s’est gourré de planche à clous :-))))

    Trève de blague, j’en commande des « Fakir », je vais distribuer un peu dans ma cambrousse , héhéhé ça donne des ailes des publications comme çà, youpi !!

    • mardi 24 mars 2009 à 15h08, par JBB

      Aïe, aïe, aïe… il y a des jours comme ça.

      C’est bien entendu le TCE (l’erreur est corrigée, merci à toi), pour la peine je relirai 15 fois le texte du Traité et j’apprendrai son préambule par coeur.

      Heureusement que j’avais précisé que ma participation reste modeste : « je fais (modestement, mais quand même…) partie de l’équipe ». Ça évitera à Fakir de prendre un trop mauvais départ.

      Pour le reste (trêve de plaisanterie) : c’est cool :-)



  • mardi 24 mars 2009 à 17h13, par BOURRICOT

    Scusez moi,je suis le bourricot de service,pas tout compris :
     × 1er c’est pour savoir si Fakir sortira sur la France juste pour les élections Européennes ?
     × 2e Hebdo,mensuel ?

    Ah oui,moi j’ai gardé le bulletin de vote avec le majeur dressé,j’ai fait des photocopies pour donner autour de moi.J’attends avec impatience de le glisser dans l’enveloppe, de voter et de faire un grand sourire à nos fiers élus.

    • mardi 24 mars 2009 à 17h32, par JBB

      Désolé si je n’ai pas été assez clair. Donc, dans l’ordre :

      1er : si tout va bien et que le premier numéro n’est pas un énorme bide, il y aura d’autres numéros nationaux.

      2e : mensuel.

      Pour le bulletin de vote… j’ai le même. L’avantage, c’est qu’il peut resservir à chaque élection :-)

      • mercredi 25 mars 2009 à 19h18, par Zgur

        Ouais, il est bien joli le bulletin avec le doigt bien dressé.

        Mais ce n’est pas avec celui-là que les amienois se sont débarrassés de de Robien.

        Et ce n’est surement pas avec celui là qu’on empêche(ra) l’élection au parlement (européen) de connards de droite ou qui se prétendent de gauche.

        Je vous accorde cependant que c’est mieux que de rester chez soi un jour d’élections (piège à cons, je sais, mais parfois utile pour se débarrasser de fâcheux).

        Alors, évitons de les inviter.

        Votons (et PAS nul, ni blanc).

        Arf !

        Zgur

        Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr/arch...

        • mercredi 25 mars 2009 à 21h28, par JBB

          « Votons (et PAS nul, ni blanc). »

          Eheh… je te reconnais bien là. :-)

          Inutile de préciser (j’imagine) que je n’ai guère changé d’opinion sur la question du vote (plus jamais la théorie du moindre mal, avec trois points d’exclamation).

          Mais, n’empêche : je trouve ta tirade très percutante. Insuffisante à me convaincre, âne bâté que je suis, mais percutante quand même. C’est déjà pas mal, non ?

          • mercredi 25 mars 2009 à 22h35, par Zgur

            Et comment tu vires de Robien de sa mairie, alors ?

            Et comment virer Balkany (mon exemple préféré) s’il continue à y avoir à Levallois deux fois plus d’abstentionnistes que de votants pour lui ?

            A la baïonnette ?
            (je sais, ça fait fait envie mais faut pas (encore) être trop gourmand)

            Tu devrais en discuter avec François Ruffin, tiens.

            Arf !

            Zgur

            Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr

            • mercredi 25 mars 2009 à 23h08, par JBB

              « A la baïonnette ? »

              Si seulement… :-)

              Je sais combien ma position peut sembler contestable. Mais : je ne me ferai plus avoir, pas moyen. Le truc, c’est qu’il m’est arrivé (beaucoup trop souvent…) de mettre un bulletin dans l’urne, malgré ma sympathie certaine pour les doctrines anarchistes. Trois bulletins. Trois votes que j’ai regrettés, avec cette sensation profonde de m’être fait entuber.

              La première fois, c’était pour Chirac. J’ai défilé contre le borgne et voté d’un même élan. Résultat ? Chirac à plus de 80 % des voix, élu comme dans un fauteuil sans tenir compte une seconde - ensuite - des conditions particulières du scrutin. Pire : sept ans après, c’est comme si Le Pen arrivait au pouvoir, Sarko élu en récupérant son fond de commerce.

              La deuxième fois, c’était lors du référendum sur la Constitution européenne. J’ai voté non et constaté - comme plein d’autres - que c’était comme si j’avais pissé dans un violon. Je serais allé à la pêche, c’était tout pareil, sauf que j’aurais au moins pas eu l’impression d’être pris pour un abruti.

              La troisième fois - celle dont j’ai le plus honte et qui me demande un réel effort pour l’avouer ici - , c’était au deuxième tour de l’élection présidentielle. Horrifié par l’élection programmée de Sarko, j’ai décidé que tout était préférable à son arrivée au pouvoir. Et j’ai voté Ségolène, vraiment à contrecoeur.
              Et ? Le dimanche soir, alors que j’étais pas loin de chialer en regardant les électeurs de l’UMP pisser un peu partout de joie, j’ai assisté à ce spectacle incroyable, indigne et infâme de la candidate du PS s’affichant tout sourire, heureuse et satisfaite, faisant des sourires un peu partout en promettant que c’était le début de la rénovation de la gauche. Depuis, je la hais. Littéralement.

              Voilà. De ces trois scrutins, j’ai gardé une très profonde conviction : il ne m’arrivera plus jamais de mettre un bulletin dans l’urne. Plus jamais, jamais, jamais.

              « Tu devrais en discuter avec François Ruffin, tiens. »

              C’est déjà fait, il est d’accord avec toi.

              • jeudi 26 mars 2009 à 07h19, par Zgur

                Je sais bien que nous ne sommes pas d’accord sur ce point.

                Mais paradoxalement, j’ai l’impression que c’est toi qui sacralise le plus le vote dans notre société qui en dévoie si souvent le sens.

                Mon choix est de d’abord virer les plus nocifs ou de les empêcher d’arriver au pouvoir, qu’il soit local, régional ou national. « Primus non nocere », comme dit le serment d’Hippocrate, « D’abord ne pas nuire ».

                S je partage ton avis sur Ségolène Royal, je préfèrerai quand même aujourd’hui être en train de contester sa politique social traître plutôt que d’avoir envie de dégueuler chaque fois que mon oeil se pose sur Sarko dans tous les journaux.

                Et je rappelle que quelque personnes seraient encore en vie plutôt que de s’être (entre autre) jetés par la fenêtre pour éviter les rafles de notre belle police sarkozyste. Pour moi ça fait une grande différence. « Primus non nocere » ...

                C’est vraiment valable au niveau local. Regarde à Levallois et demande toi si un vote, même forcément décevant, ne valait pas de se débarrasser de Balkany comme les asnièrois se sont débarrassés de Aeschliman (condamné depuis en première instance).

                Et pour les élections européennes, ne pas voter c’est rater la seule occasion de voter à la proportionnelle (même faussée par les scrutins régionaux) et de peut-être trouver une liste correspondant mieux à tes idées. Certes, tu n’empêcheras pas Barnier et Dati d’être élus, mais tu limiteras le nombre de leurs amis.

                Bref, la tactique de François Ruffin et ses amis à Amiens (on se débarrasse d’abord de de Robien et ensuite on rappelle aux nouveau élus le lendemain même de la victoire pourquoi on l’a fait et ce qu’on veut vraiment) me semble plus intéressante.

                Mon cauchemar est une France qui se comporterait comme Levallois et qui conforterait ainsi Sarko et sa clique avec plus d’abstentionnistes que de votants pour eux !

                Ça te tente, toi ?
                Moi vraiment pas.
                C’est pour ça que je voterai quand même.

                Paz y Salud !

                Zgur

                Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr/arch...

                • vendredi 27 mars 2009 à 09h30, par FRK

                  C’est vrai que tes arguments sont percutants ( je parle de balkany par exemple ).

                  Mais là où pour moi nous avons une différence, et où il y a une mauvaise interprétation, c’est sur l’abstentionnisme. Il est évident que les bulletins blancs ou nuls ne comptent pas et que donc quand on est inscrit sur les listes électorales ont doit voter ’activement’.
                  Pour ma part, je n’ai JAMAIS été inscrit sur une liste électorale. Purement par idéologie de vieil anarchiste pour qui le système a toujours été une oligarchie . Et il n’est pas question de cautionner ces professionnels du baratin populiste qui cherchent seulement à soulager leur postérieur sur le plus confortable fauteuil disponible.
                  On remarquera d’ailleurs que si maintenant, l’inscription sur les listes électorales est automatique à la majorité, c’est bien parce qu’il y avait des risques ’démocratiques’. Il faut demander à être rayé des listes électorales !

                  Il sera toujours plus facile d’amener la foule contre un balkany que contre un peillon par exemple. Les révolutions ont toujours eu des cibles identifiables ...

                  • vendredi 27 mars 2009 à 15h20, par JBB

                    « C’est vrai que tes arguments sont percutants »

                    Eheh… Les arguments de Zgur sont toujours percutants.

                    en ce qui me concerne, je trouve que les tiens aussi. :-)



  • mardi 24 mars 2009 à 18h36, par Moh

    « Parce que la « crise » économique, il faut la transformer, avant tout, en crise intellectuelle. »

    C’est déjà fait. Nos intellos et notables vivent dans leur bulle, parlent entre eux, se lisent et s’écoutent. Ils sont dans un état masturbatoire assez sidérant et, somme toute, hilarant.

    Bernard Maris peut bien lire le livre de Minc et en parler : http://www.marianne2.fr/Mes-enfants,-ecoutez-bien-mere-grand-Minc_a177250.html

    ça n’intéresse que lui et ses potes riches.

    L’on ne peut que souhaiter que leur impunité cesse et qu’ils comprennent enfin combien ils sont nocifs et violents ( cf. l’interview de Damasio sur votre site ).

    • mercredi 25 mars 2009 à 11h41, par JBB

      « Ils sont dans un état masturbatoire assez sidérant et, somme toute, hilarant. »

      Exactement. Et le meilleur est encore de les voir tous tourner peu à peu casaque, tentant d’infléchir leur discours pour suivre le sens du vent et s’encourageant les uns les autres à bien se mettre sur les rails de ce qu’on est supposé attendre d’eux. Ils ne se sont pas seulement totalement plantés, mais n’ont en sus aucune fierté, tous prêts à dire aujourd’hui le contraire de ce qu’ils affirmaient hier.

      « souhaiter que leur impunité cesse »

      Oh que oui !

    • mercredi 25 mars 2009 à 19h38, par Zgur

      « Parce que la « crise » économique, il faut la transformer, avant tout, en crise intellectuelle. »

      Exact !

      A rapprocher de ce que dit l’italien Luciano Canfora dans « L’imposture démocratique » :

      « Le fondement des révolutions est avant tout la tension morale »

      Arf !

      Zgur

      Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr/arch...



  • mercredi 25 mars 2009 à 06h51, par nonette

    Etant accro de La bas si j’y suis je suis donc une fan de François Ruffin et j’ai dans mes favoris un lien sur le site de Fakir, tout comme j’ai été abonnée à l’Aiguillon, une petite feuille alternative de la région de Chartres et c’est passionnant, car même habitant Marseille, de rencontrer des résistances et des similitudes.

    Bravo JBB de faire partie de l’aventure

    • mercredi 25 mars 2009 à 11h34, par JBB

      « je suis donc une fan de François Ruffin »

      Eheh… tu as très bon goût. :-)

      « c’est passionnant (…) de rencontrer des résistances et des similitudes ».

      Tout d’accord. Que fleurissent les alternatives et résistances, partout, nous ne pourrons que mieux nous en porter.



  • mercredi 25 mars 2009 à 19h34, par Zgur

    Excellente initiative si elle est suivie de votes effectifs et comptabilisés (voir mon commentaire plus haut).

    Et vous pouvez compter sur moi pour de la promotion et de la diffusion au delà des cercles déjà acquis.

    Une question entretemps : j’ai du manquer un épisode entre la fusion annoncée de Fakir avec PLPL pour créer Plan B et la résurrection (?) de l’ascete amienois. Quid ?

    De toutes façons, un Fakir de plus est le bienvenu en sus des Le Plan B, CQFD et Siné Hebdo.

    Banzaï !

    A coup de planche à clous !

    Et avec du Charançon dedans.

    Arf !

    Zgur

    Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr/arch...

    • mercredi 25 mars 2009 à 21h44, par JBB

      « Et vous pouvez compter sur moi pour de la promotion et de la diffusion au delà des cercles déjà acquis. »

      Tu es un petit chou, Zgur, merci beaucoup. :-)

      « j’ai du manquer un épisode entre la fusion annoncée de Fakir avec PLPL pour créer Plan B et la résurrection ( ?) de l’ascete amienois. Quid ? »

      Pour être honnête, je n’en sais absolument rien. Mais je vais me renseigner, promis.

      « A coup de planche à clous ! »

      oh que oui !



  • vendredi 27 mars 2009 à 12h38, par un-e anonyme

    J’ai grandement apprécié le Fakir version picarde.
    Moi aussi je te félicite, JBB, pour apporter ta talentueuse contribution au Fakir national !
    ça fourmille de belles idées au Ch’Fakir...
    « Là-bas si j’y suis » c’est formidable aussi.
    Allez, je vais casser ma tirelire pour m’abonner au Ch’Fakir.

    • vendredi 27 mars 2009 à 12h41, par Pachenka

      Flûte, j’ai oublié de laisser mon empreinte : c’était Pachenka, la future abonnée au Ch’Fakir...

      • vendredi 27 mars 2009 à 15h23, par JBB

        C’est cool, Pachenka :-)

        « Moi aussi je te félicite, JBB, pour apporter ta talentueuse contribution au Fakir national ! »

        Merci, mais c’est surtout François Ruffin qu’il faut féliciter. Lui porte ce projet à bout de bras et travaille d’arrache-pied, je ne suis qu’un modeste contributeur.

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