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vendredi 12 septembre 2008

Le Charançon Libéré

posté à 11h25, par JBB
8 commentaires

Histoires de logement : on ne va pas en faire des gorges chaudes, hein…
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C’est de pire en pire ! Après cette mère de famille qui, la semaine passée, s’est précipitée dans le vide pour échapper à l’huissier réclamant des loyers impayés, c’est au tour d’un autre locataire HLM de recourir à un expédient tortueux pour ne pas assumer ses obligations. L’homme a tranché dans le vif, se coupant la gorge. Un comportement très dommageable pour l’image du logement social.

Je sais que vous êtes gens cultivés.

Et ce n’est pas le moindre des plaisirs que j’éprouve à tenir ce blog que de pouvoir faire référence, sans craindre de n’être pas suivi ou compris, aux plus éminents penseurs et aux plus augustes intellectuels.

C’est vrai : nous partageons les mêmes références et fulgurances.

Qu’il s’agisse d’en appeler aux mânes de Marx, de Proudhon, de Bakounine, de Vallès ou de James Wilson et de Georges Kelling.

Tenez…

Au hasard…

Prenons ces derniers : inoubliables auteurs de Broken Window, Wilson et Kelling sont à l’origine d’une doctrine tarte à la crème et ressassée à toutes les sauces sécuritaires, la théorie de la vitre cassée.

Basée sur l’idée que "dans le cas ou une vitre brisée n’est pas remplacée, toute les autres vitres connaîtront bientôt le même sort”, cette théorie postule qu’il ne faut pas, dans les quartiers déshérités, tolérer la moindre incivilité.

Et qu’il s’agit de combattre avec vigueur toute dégradation ou laissez-aller pour éviter de beaucoup grands désordres et actes de délinquance.

Une heureuse vision des choses qui a fait des émules des deux côtés de l’Atlantique, aux Etats-Unis comme en France où elle a été indirectement reprise sous la notion de « tolérance zéro ».

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Plus de vingt ans après cet ouvrage fondateur, on aurait pu penser que la leçon de Wilson et Kelling avait définitivement porté ses fruits.

Et que nulle « vitre brisée » n’était plus tolérée.

Mais il faut bien se rendre à l’évidence : il reste des poches de résistance, ici et là.

Des îlots de contestations où certains continuent à se comporter comme si on pouvait casser les carreaux à l’envie.

Et briser les fenêtres au petit bonheur la chance.

Ainsi d’une partie de Drancy, la cité Gaston Roulaud, dont un habitant, débiteur de 30 000 € envers l’office HLM, n’a rien trouvé de mieux, hier au petit matin, que de se trancher la gorge à l’arrivée de la police et de l’huissier.

Le problème ?

Le pauvre bougre a opéré d’une façon qui ne pourrait que faire frémir Wilson et Kelling : il « a cassé un carreau et s’est tranché la gorge », rapporte Le Parisien.

Qui ne précise pas, mais on le comprend à demi-mot, que c’est là la preuve d’un odieux manque de respect pour la fenêtre.

Et d’un très fort mépris pour la moquette, propriété de l’office HLM. 

Bref : un scandale.

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Après de tels débordements, il ne faut pas s’étonner si Jacques Fromentin, maire de Neuilly, traîne un brin des pattes pour accueillir sur sa commune des gens aussi mal-élevés et irrespectueux des plus élémentaires règles de vie.

S’il revendique haut et fort son non-respect de la loi de Solidarité et renouvellement urbains, qui impose un quota de HLM de 20 % par commune quand Neuilly en compte péniblement 3,5%.

S’il refuse de payer l’amende de 123 00 € à laquelle sa ville vient d’être condamnée.

Et s’il annonce d’ore et déjà, façon cow-boy qui tient bon la barre, sa volonté de ne pas respecter la loi pour la période triennale à venir : « On sait, dès aujourd’hui, qu’on ne les réalisera pas : soit on accepte cet objectif et on se retrouvera dans la même situation dans trois ans, avec un retard qui s’accumule et des pénalités à payer, soit on est honnête et réaliste et on dit qu’on ne pourra pas l’atteindre. C’est pourquoi on demande à l’Etat une révision de nos objectifs triennaux. »

Logique.

Tant Neuilly-la-riche n’est pas prête à accepter le triste comportement de pauvres prêts à tout pour ne pas payer leurs loyers.

Et tant Neuilly-la-sécuritaire n’entend pas tolérer la moindre vitre cassée.

Car enfin… ce serait la porte ouverte à toutes les fenêtres…


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 12 septembre 2008 à 15h06, par littlehorn

    C’est amusant cette philosophie : on pourra pas y arriver, alors vous allez devoir nous laisser du mou. Mais par contre, si un locataire est dans la mouise, expulsion.

    • vendredi 12 septembre 2008 à 15h38, par JBB

      Exactement.

      Certains n’oublient jamais d’être durs avec les faibles, mous avec les forts. C’est tellement plus facile.



  • vendredi 12 septembre 2008 à 20h33, par furax

    Et puis, à Neuilly, on ne va quand même pas faire payer des impôts locaux à nos élites pour ces indigents de la plèbe, quand même ! Ce serait une vraie révolution !

    • samedi 13 septembre 2008 à 08h39, par JBB

      Et une injustice profonde : à chacun ses sous et les vaches seront bien gardées. Sans déconner…

      • samedi 13 septembre 2008 à 09h26, par Dominique

        Pas du tout ! C’est l’argent privé qui finance les logements sociaux : loges de concierge, chambres de domestiques dans les combles, cabanes pour les jardiniers.

        • samedi 13 septembre 2008 à 11h37, par JBB

          Et la piscine ? Qui c’est qui va s’occuper de la piscine, hein ?

          • samedi 13 septembre 2008 à 17h06, par dominique

            Plexiglas, barreaux aux fenêtres et couverts en plastique pour les pauvres des hlm !
            Merde alors, vont arrêter de nous faire chier avec leur hystérie à la fin !

            Voir en ligne : http://uneepoqueformidable.unblog.fr/

            • samedi 13 septembre 2008 à 18h45, par JBB

              Et encore…

              Je vous trouve trop doux sur ce coup. Un peu de vigueur, que diable !

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