ARTICLE11
 
 

samedi 31 mai 2014

Sur le terrain

posté à 18h10, par Alèssi DELL’UMBRIA
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Jours de baston à Alváro Obregón

« ¡Domingo va haber acción ! », nous disaient d’un air gourmand les gens d’Alváro Obregón tout au long de la semaine. « Dimanche il va y avoir de l’action »... Ce 2 mars était aussi pour nous le tout dernier jour de tournage. Une journée qui a tenu toutes ses promesses...

Le pueblo d’Alváro Obregón, rattaché à la municipalité de Juchitán, se trouve dans une région sacrifiée au capitalisme vert. Un millier d’éoliennes occupent déjà le territoire, et l’objectif global des investisseurs est d’en implanter 5 000 – ce qui ferait de l’Isthme le plus grand site éolien de tout le continent américain, de l’Alaska à la Patagonie. Devant les conséquences désastreuses de cette occupation, l’opposition grandit, se cristallisant contre le projet démentiel de Mareña Renovables qui prévoit d’installer 132 aérogénérateurs sur la barre Santa Teresa, au beau milieu des zones de reproduction des espèces aquatiques.

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En janvier 2012, la communauté ikots de San Dionisio del Mar, à qui appartient cette cette bande de terre séparant deux lagunes, rejette ce projet et chasse son président municipal PRI qui a bradé en cachette la barre Santa Teresa.

Fin octobre 2012, après huit mois de mobilisation, la lutte piétine. Au début du mois, la caravane de soutien à San Dionisio n’a même pas pu entrer, bloquée sur la route par des gros bras du PRI. Dix jours plus tard le président de la République, Felipe Calderón, vient inaugurer un nouveau parc éolien à Unión Hidalgo ; nous sommes bloqués toute la journée, cette fois par la Policia Estatal, à crier des slogans que seuls les casqués entendent. Au même moment, à Oaxaca, capitale de l’État, un colloque est organisé par le gouverneur, Gabino Cué, et par le PDG de Mareña Renovables, Jonathan Arzac, pour vanter les mérites du projet. La presse relaie élogieusement l’événement et les calomnies sont quotidiennes envers les opposants. Le moral est au plus bas. Si personne ne le dit, nous pensons tous que le chantier va commencer et que la barre Santa Teresa va bientôt disparaître sous le béton et l’acier.

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Le municipe de Juchitan

Mais la seule voie d’accès terrestre à la barre passe par Alváro Obregón, à quarante kilomètres à vol d’oiseau de San Dionisio, de l’autre côté de la lagune supérieure. Dans les derniers jours d’octobre, l’entreprise, encouragée par les rodomontades des chefs locaux du PRI, entre sur la barre Santa Teresa, profitant de ce que les gens sont occupés à la Fête des Morts. Mauvaise surprise pour les pêcheurs qui se rendent sur place au lendemain du 2 novembre et trouvent l’accès bloqué par des vigiles. Lesquels leur signifient qu’ils ont trois jours pour enlever leurs barques et leurs filets, et qu’il leur faudra dorénavant présenter une carte d’électeur attestant de leur lieu de résidence pour pouvoir passer, l’accès étant en plus limité à quatre heures par jour, à heures fixes : « La barre appartient dorénavant à l’entreprise ».

Les gens d’Alváro Obregón, qui vont pêcher, chasser et couper du bois sur la barre en toute liberté depuis trois générations, sont fort contrariés et décident donc de bloquer le chemin d’accès dès le lendemain. Mais une autre surprise les attend ce jour-là. La Policia Estatal. Qui débarque en force, les noie sous un nuage de gaz lacrymogène et embarque une dizaine de personnes. Les gens d’Alváro Obregón sont encore plus contrariés.

Autour des lagunes, l’information circule et des pick-up surchargés amènent des renforts, principalement de San Dionisio del Mar, de San Mateo del Mar et de la 7º Section de Juchitán. Il y a aussi des gens de Unión Hidalgo, Huamuxil, San Francisco del Mar, La Venta, La Ventosa, Santa Maria Xadani, Santa Rosa de Lima, San Blas Atempa (un pueblo combatif qui a réussi à étouffer dans l’oeuf un projet éolien sur ses terres), qui viennent renforcer le blocage de la route. Deux pick-up de Mareña Renovables renversés et fracassés servent de barricade. Des tas de pierres jalonnent l’emplacement. Chacun tient sa machette ou son gourdin. « Aqui hay gente valiente », répètent les anciens. Ici, il y a des gens courageux... Entre temps, les manifestants arrêtés ont été libérés.

Ces jours-là, nous sentons tous que la lutte est en train de basculer du bon côté. L’extrême résolution des habitants de Alváro Obregón est contagieuse et tous ces gens de l’Isthme rassemblés, discutant en groupe, réfugiés sous les arbres aux heures les plus chaudes, éprouvent leur force commune. Il est désormais clair que l’entreprise ne passera plus qu’au prix du sang. Au cinquième jour, un accord est signé, en public, avec des représentants du gouvernement : l’entreprise pourra récupérer ses bulldozers restés sur la barre Santa Teresa tandis que les barricadiers s’engagent à ne pas agresser les conducteurs d’engins pendant l’évacuation. À l’heure dite, les bulls roulent au pas, traversant une haie d’hommes et de femmes attentifs, dans un silence exceptionnel pour l’Isthme. Et enfin la joie : c’est une victoire ! Malgré les intimidations, les menaces, les agressions, les campagnes de presse, tant à Juchitán que dans la capitale, malgré tout l’argent déversé par Mareña pour acheter la résignation, malgré tout cela les techniciens et les gros bras chargés de leur protection, qui se permettaient de répondre quelques jours avant avec arrogance aux pêcheurs interloqués, sont repartis. Qui faisait le coq doit faire le canard.

La mobilisation s’organise pour durer. L’ancienne hacienda du général Charis, qui se trouve précisément devant la barricade, est investie. Elle sera le centre névralgique de la résistance. On y palabre et on y tient assemblée, on y cuisine, on y dort, on y répare des filets pour tuer le temps. C’est également de là que partent les rondes communautaires, chargées de détecter toute tentative d’intrusion.

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Casa Charis, février 2013

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Les gens d’Alváro Obregón sont d’autant moins enclins à baisser la garde après la victoire de novembre que l’ennemi tente de reprendre la main dans les communautés voisines.

À San Mateo, il réussit. Le président municipal a été désavoué par les habitants après s’être laissé acheter par Mareña Renovables, et ceux-ci occupent le palais municipal depuis le mois de juin 2012. Mais dans les premiers jours de décembre, un groupe important de PRIstes attaque et s’empare du palais, profitant de ce que seule une garde symbolique assure désormais la veille. Des équipes recrutées et rétribuées contrôlent dès lors le bâtiment et les accès de la place centrale. Un soupçon plane : Mareña profiterait de cette situation pour passer par la barre du Pacifique, contournant Alváro Obregón. En fait, il existe un gué entre les deux barres, dans la partie la plus étroite de la lagune inférieure où l’on passe à pied, l’eau arrivant à mi-corps. En remblayant pour faire passer une route à cet endroit, quitte à couper la lagune en deux, Mareña pourrait passer. Mais les gens de San Mateo, s’ils ont perdu le contrôle du palais municipal, n’ont pas perdu celui des chemins...

À San Dionisio, une semaine après, un autre groupe PRIiste s’empare du palais municipal durant la nuit. Depuis janvier 2012, l’assemblée des opposants au projet éolien tient le lieu cadenassé – les deux véhicules de la police municipale sont immobilisés, pneus dégonflés. Le groupe en question force les portes et s’installe. Les deux ou trois personnes de garde courent sonner le tocsin. Les gens affluent, les mains pleines de pierres. Il ne leur faut pas plus de quelques minutes de caillassage pour expulser les importuns du palais, deux d’entre eux restant prisonniers. En fait, le PRI a envoyé l’essentiel de ses troupes à San Mateo, et seuls une trentaine d’affiliés a pu se risquer à San Dionisio...

Donc, guerre de position autour des lagunes. La position-clé, celle de Alváro Obregón, tient bon. Mais le 31 janvier 2013 au soir, un message tombe : la communauté est encerclée par plusieurs centaines d’éléments de la Policia Estatal. Le lendemain matin, rassemblement général devant la casa Charis. De nouveau, les renforts sont accourus en hâte. La journée passe, et les Estatales ne se font pas voir. Nous regagnons nos pénates. Une heure plus tard, des SMS arrivent : à la nuit tombée, la police est entrée dans Alváro Obregón, tirant des grenades lacrymogènes. Cette fois ils sont attendus et doivent refluer sous une averse de pierres. Le lendemain matin, les Estatales reviennent à la charge et s’approchent de la casa Charis. La foule gronde, et la soldatesque essuie un nouveau caillassage en règle. Jeunes et vieux, hommes et femmes, gros et maigres, petits et grands, chacun envoie les siennes. À l’entrée du pueblo, du côté de Xadani, les pick-ups de la Policia Estatal attendent. Un groupe a l’heureuse idée de couper la voie de communication en attaquant par là... Les chauffeurs démarrent sur les chapeaux de roue, abandonnant l’un des véhicules à la vindicte populaire. Du coup, les flics repoussés devant la casa Charis se retrouvent à pied, livrés à eux-mêmes dans une zone inconnue. Ils refluent en désordre vers la lagune. Là, deux jeunes ikots qui pêchaient à l’atarayo, ignorant tout des incidents en cours, sont arrêtés et roués de coup1. Un témoin donne l’alerte, la foule rassemblée devant la casa Charis accourt et donne la chasse aux flics sur la plage. Dans leur fuite, certains abandonnent bouclier de plexiglas et tonfas.

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Manif à Juchitan, février 2013

Ce 2 février 2013 confirme sans appel la victoire du 7 novembre 2012. Quelques jours après, les gens de Alváro Obregón publient une déclaration dans laquelle ils réitèrent leur opposition totale et définitive au projet de Mareña Renovables. Le document est adressé « A los Pueblos Indígenas de México y del Mundo, a los medios de comunicación, a los Organismos de Derechos Humanos, a la Sociedad Civil Nacional e Internacional, a los hermanos del EZLN. »2 La déclaration commence par rappeler : « Nous qui participons à la résistance dans la communauté indigène binnizá de Gui’xhi’ro’ sommes filles et fils, petits-fils et petites-filles des soldats du Général Charis. »3 Les rebelles qui revendiquent leur hérédité guerrière signent leur déclaration : ASAMBLEA COMUNITARIA DE GUI’XHI’RO’.

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Le huitième et dernier point de la déclaration annonce : « Dans le plein exercice de notre droit à la Libre détermination et Autonomie comme Peuple Indigène Binnizá de l’Isthme de Tehuantepec, et devant les violations à nos droits territoriaux de la part du gouvernement de l’État et des entreprises, nous avons résolu à partir de demain d’entamer l’organisation d’un premier détachement de Binni Guia’ Guidxi’ (notre police communautaire) en défense de la terre et du territoire, qui sera intégré par des gens de nos communautés. Pour cette raison nous ne tolérerons plus dans nos communautés la présence de la police de l’État et de la police ministérielle, ni de la Police Fédérale, ni de l’Armée Fédérale vu qu’ils attentent à notre droit à la Libre détermination et à l’Autonomie comme peuples indigènes ». Cette policia comunitaria prendra vite son rythme de croisière : la participation relève du tequio, contribution non rétribuée aux besoins la communauté. Deux pick-ups, quelques talkies-walkies, de gros bâtons et des machettes pour équipement. Des hamacs pour s’étendre dans la casa Charis, tout l’attirail de cuisine, et même un four à tortillas construit exprès. Aux murs, des bâches ornées de slogans, et les boucliers pris à la Policia Estatal en guise de décoration.

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Emblème de la Policia Comunitaria de Alvaro Obregon

La déclaration du 10 février appelait à une caravane de soutien une semaine plus tard. Le 17 février fut une belle journée, qui nous fit oublier le triste souvenir de la caravane de San Dionisio quatre mois plus tôt. Du centre de Juchitán jusqu’à Alváro Obregón, entraînés par un groupe de son jarocho et par des percussions indigènes, précédés par un groupe de cavaliers masqués venus de la 7º Section, les communautés en lutte autour de la lagune, mais aussi des gens de l’Isthme veracruzano, de Oaxaca, de la UCIZONI (organisation indigène du centre de l’Isthme), s’acheminent d’abord à pied puis en pick-ups vers la communauté rebelle4. À l’entrée de Alváro Obregón, la foule nous accueille. Instant grandiose : les uns et les autre se fondent dans une marche qui aboutit dans une casa Charis remplie de couleurs et de bruits. Des sacs de riz, de maïs et de café sont débarqués – il faut bien nourrir les barricadiers, beaucoup ont du délaisser une partie de leurs activités pour assurer le plantón... Le caldo de poisson qui nous est offert dégage la saveur épicée d’une vaste communauté qui se constitue dans la lutte.

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Le septième et avant-dernier point de la déclaration du 10 février 2014 disait également ceci : « Nous refusons la participation et la présence des partis politiques et de leurs leaders et opérateurs comme Héctor Sánchez, Gloria Sánchez, Mariano Santana, Leopoldo De Gyves, Roberto López Rosado, Alberto Reyna Figueroa, Emilio de Gyves, Francisco Elías Cortés, Paco Pisa, entre autres. Nous refusons tout type de propagande électorale partidiste, nous ne permettrons jamais la réalisation d’élections par partis politiques et à partir de maintenant dans cette communauté nous élirons nos autorités par us et coutumes en accord avec la Loi Électorale de l’État. »5 L’assemblée avait donc décidé à l’unanimité de boycotter les élections municipales de juillet 2013. Jusque là, Alváro Obregón était une agence municipale de Juchitán. Un agent municipal était censé gérer les affaires de la localité, en liaison avec la présidence municipale. Celui-ci était invariablement un homme de la COCEI.

La Coordinacion Obrera Campesina y Estudiantil del Istmo fut fondée dans les années 1970 par des étudiants de formation marxiste & léniniste. Initialement liée au PCM6, elle suivit ensuite sa propre trajectoire. À l’époque, certains militants de la COCEI militaient pour la reconstitution des biens communaux de Juchitán, usurpés par de grands propriétaires proches du PRI. En juillet 1978, Victor Pineda Henestrosa, plus connu comme Victor Yodo, qui menait ce combat, était enlevé en plein jour dans le centre de Juchitán par des soldats. Nul ne le revit jamais. Sa disparition marqua un tournant, la COCEI abandonnant la lutte pour la terre au profit de la lutte électorale. En 1981, elle réussit ce qui, dans le Mexique d’alors, semblait à peine croyable : remporter les élections municipales de Juchitán, première municipalité du Mexique à échapper ainsi au PRI. Alliée au PRD à partir de 1988, ce qui lui permettra de participer aux élections de l’État, la COCEI exercera vingt années de gouvernement municipal ininterrompu jusqu’à 2002, puis de nouveau de 2005 à 2008.

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Victor Yodo, enlevé par l’armée le 11 juillet 1978

La compétition avec le PRI se poursuivant sans pitié, la conservation du pouvoir municipal devint très vite une fin en soi. Renonçant à lutter pour la reconstitution des terres communales, les leaders de la COCEI s’engagèrent dans une tout autre voie. Une politique de redistribution personnalisée se développa, fidélisant ses électeurs mais anesthésiant tout sens politique dans la population. Dans les années 1990, la COCEI était d’ores et déjà devenue un parangon d’institution clientéliste. Ses leaders avaient mis en place une tactique qui fonctionne encore, consistant à organiser des invasions de terre en périphérie de la ville, pour installer des indigènes venus des montagnes y édifier leur maison. Les élus se chargeant ensuite de faire légaliser l’occupation les occupants deviennent les obligés de la COCEI. Il est notable que celle-ci ne se risque jamais à envahir les terrains de grands propriétaires, qui possèdent leur garde blanche. Les occupations se font sur des terrains fédéraux, voire sur des terrains déjà occupés – au printemps 2013, le député COCEIste Mariano Santana a ainsi fait envahir un terrain en bordure de la voie de chemin de fer, jusque là exploité sous forme de jardins individuels par des employés ou retraités des Chemins de fer... C’est de cette manière qu’en une quinzaine d’années Juchitán a doublé sa population et la COCEI sa clientèle.

Autre aspect de cette prise de contrôle, les compagnies de moto-taxis qui desservent ces colonias prolifèrent. Elles offrent un boulot à beaucoup de jeunes, redevables de leur licence et tenus par le crédit à rembourser sur leur engin. Les lotissements et les licences assurent à la COCEI l’obéissance de sa clientèle : déroger aux consignes de votes ou de manifestation, c’est risquer de se voir retirer sa licence ou de se faire éjecter du lotissement. De même, des coopératives de pêcheurs sont organisées par la COCEI dans la 7º Section, qui auront permis à celle-ci de neutraliser une partie de la révolte née en février 2013 contre le projet éolien de Unión Fenosa sur le territoire communal de la ville.

Tous les présidents municipaux COCEIstes sont au fil du temps devenus députés ou sénateurs. Ils profitent de confortables rentes de situation, se sont constitué de véritables patrimoines fonciers en privatisant des terres communales et continuent de surfer sur l’image de défenseurs des pauvres qu’ils avaient voici trente ans. Ce sont eux qui sont dénoncés dans la déclaration de Alváro Obregón du 10 février 2013. La COCEI est à présent subdivisée en cinq ou six tendances qui se font concurrence, en fonction des alliances que leurs leaders nouent7. Les étudiants marxeux léninistes des années 1970 sont devenus des caciques, et dans leur bouche la dialectique, déjà dégradée en déterminisme mécaniste, s’est achevée en pure casuistique. En combinant les procédés staliniens avec la corruption systématique, la COCEI a fait le vide social et politique dans la capitale istmeña.

La COCEI a toujours été une organisation totalement verticale. Inutile d’y chercher la moindre pratique d’assemblée communautaire, la moindre référence aux traditions politiques du monde indigène. Les leaders parlent, les affiliés applaudissent et tout est dit. Sur le plan social, l’idéologie du progrès et du développement, dogme commun à tout le marxisme léninisme, tient lieu de programme – comme tout dogme, il ne supporte pas la discussion et c’est effectivement sans discussion aucune que les leaders COCEIstes ont signé des contrats avec les multinationales de l’éolien concernant le territoire juchitèque. Selon une vision typiquement occidentale les dirigeants ne ressaisissent le monde indigène que sur un plan culturel. Un tel plan est constitué en valorisant divers aspects créatifs et festifs, isolés des dimensions politiques et sociales de ce monde.

Dans les années 1980, sous l’égide de la COCEI toute une animation culturelle se développe ainsi à Juchitán – des musiciens, des peintres comme Francisco Toledo seront emblématiques de cette période, avant de s’en aller pour la plupart, dégoutés à jamais des COCEIstes et de leurs magouilles sans fin. À présent, les compagnies éoliennes sponsorisent les divers festivals qui scandent la vie culturelle juchitèque...

Aux yeux des gens pauvres habitant Alváro Obregón, la COCEI sembla longtemps plus attirante que le PRI. Pendant trente ans, cette communauté fut pour elle un réservoir électoral. C’est là qu’elle venait chercher des votes quand la compétition avec le PRI s’annonçait serrée. Le député COCEIste Hector Sanchez distribuait quelques aides par-ci par-là. L’ami des pauvres... qui avait assuré, lors d’une réunion tenue dans son fief de Ejido Zapata que le chantier ne changerait strictement rien pour les pêcheurs. À Ejido Zapata, petite communauté de quelques centaines de paysans, l’entreprise avait fait distribuer auparavant des enveloppes via les hommes de Sanchez : la ligne à haute tension transportant l’électricité de la sous-station électrique prévue sur la barre Santa Teresa jusqu’à la station de Ixtepec devant passer sur leurs terres, ils percevaient un dédommagement et tout semblait dit. Les gens d’Alváro Obregón eux se méfiaient, sachant que ceux de San Dionisio rejetaient ce projet.

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En appuyant de toutes leurs forces l’intrusion de Mareña Renovables sur la barre Santa Teresa, en mentant effrontément aux habitants inquiets d’Alváro Obregón, puis en cautionnant de fait l’intervention de la Policia Estatale contre eux, les caciques de la COCEI se sont grillés. Du PRI, qui représente les intérêts de quelques familles d’entrepreneurs juchitèques (comme les Gurríon) et soutient tous les projets éoliens, les gens de Alváro Obregón n’attendaient rien. Mais la trahison COCEIste a réveillé les soupçons nourris depuis des années envers ces dirigeants aux discours si bien huilés et aux voitures si luxueuses.

En juillet 2013, le candidat du PRD soutenu par la COCEI, Saul Vicente Vasquez, est élu président municipal de Juchitán, succédant au PRIste Daniel Gurríon. Il entre en fonction en décembre. L’usage, jusque-là, était que les dirigeants de la COCEI débarquent ensuite à Alváro Obregón, « proposent » leur agent municipal et, sachant que nul ne peut refuser les propositions de ces gens-là, la communauté se trouve soumise au bon vouloir de l’appareil. Cela a duré des décennies. Mais en mai 2013 Saul Vicente Vasquez, venu faire sa campagne électorale à Alvaró Obregón, en avait été chassé par la foule qui lui cracha littéralement à la figure la complicité de toute la classe politique avec Mareña Renovables. En juillet, l’Institut Fédéral Électoral n’avait pu installer les urnes pour procéder au scrutin. En décembre, l’agent municipal en place depuis trois ans ayant achevé son mandat, l’agence se retrouvait vacante. L’Assemblée communautaire décida aussitôt de l’occuper, le centre du mouvement se transférant dès lors de la casa Charis à la place centrale du pueblo.

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Graf sur la place de Alvaro Obregon, mars 2014

Le bâtiment à un étage de l’agence, au rez-de-chaussée duquel se trouvent diverses installations, dont le marché, aura été sans doute l’unique réalisation effectuée à Alváro Obregón par la municipalité de Juchitán. Pour le reste... Si la COCEI savait ramasser des votes, elle savait aussi ramasser l’argent. Ce pueblo de 4 000 habitants est censé recevoir 4% du budget annuel de la municipalité de Juchitán, soit 7 millions de pesos. Comme le demande un court texte diffusé par affiche et sur la radio communautaire le 2 mars : « Où donc est passé tout cet argent ? » Alváro Obregón ne dispose d’aucun drainage, d’aucun service de ramassage des ordures. Elle n’a pas de réseau d’eau potable et à deux exceptions près les rues sont toutes en terre battue, boueuses à souhait pendant la saison des pluies. L’argent sert en fait à entretenir le réseau complexe d’obligations qui fait le pouvoir des leaders de la COCEI. S’ils veulent continuer à le percevoir, ils doivent impérativement procéder à une élection, quelles qu’en soient les modalités. Voilà qui explique en grande partie l’acharnement de Saul Vicente à vouloir imposer une élection par partis politiques dans une communauté qui a pourtant clairement signifié qu’elle n’en voulait plus.

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La défense du territoire commun a ainsi conduit à la redéfinition radicale du régime politique municipal à Alvaró Obregón, qui a réussi là où San Dionisio a échoué et où San Mateo a sérieusement vacillé. À San Dionisio, l’affiliation partidiste a eu pour conséquence qu’un groupe important, proche du PRD, a quitté l’assemblée durant l’été 2012, tout en continuant de rejeter le projet Mareña Renovables. Ce groupe a délibérément ignoré la consigne de l’assemblée de boycotter les élections municipales de juillet 2013 pour soutenir la candidature d’un des leurs. Le résultat est celui que l’assemblée avait pressenti : corruption aidant, le candidat du PRI prétend à la victoire, le groupe concurrent étant à présent absorbé par la dénonciation d’une fraude électorale si prévisible. Du coup, San Dionisio est actuellement sous contrôle d’un administrateur provisoire envoyé par le gouvernement... À San Mateo, si les compañeros ont réussi à reprendre le palais municipal et à maintenir leur opposition ferme et résolue au projet Mareña, les élections se sont achevées dans la confusion. La preuve que le système de « usos y costumbres » ne suffit certainement pas à garantir la communalité : des groupes affiliés à un parti peuvent toujours prendre le pouvoir. Cela s’est produit suffisamment de fois dans diverses municipalités oaxaqueñas pour indiquer les limites du système en question. Les gens de San Mateo avaient commis l’erreur de ne pas organiser une police communautaire, ceux de Alvaró Obregón en ont tiré la leçon...

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Sous la pression de ses alliés COCEIstes, Saul Vicente annonce donc qu’il va organiser un scrutin à Alváro Obregón le dimanche 2 mars. L’Assemblée se mobilise. Dès le samedi une veille est mise en place autour de l’agence municipale. Le lendemain matin, les partidistas se réunissent dans un local privé à l’entrée de Alváro Obregón. Ils appellent à venir voter en ce lieu au moyen d’un haut-parleur monté sur un pylône. L’Assemblée réplique en diffusant à l’extérieur la radio communautaire. Pendant plusieurs heures, l’affrontement se fait par haut-parleurs. Plusieurs de ces « électeurs » passent à l’agence et témoignent avoir voté en échange de 500 pesos. Sur le coup de midi, l’Assemblée décide de faire une marche pour dénoncer ce simulacre d’élection, auquel participent principalement les gens de Ejido Zapata, fief de Hector Sanchez et quelques dizaines d’habitants d’Alváro Obregón (la communauté compte près de 4 000 habitants). Les opinions divergent, la discussion se poursuit et la marche est renvoyée en fin d’après-midi. Deux heures après, alors que tout le monde semble assoupi, grosse secousse : ils attaquent.

Mouvements furtifs dans les rues, des corps se déplacent rapidement, des cris fusent, des coups de feu claquent – une bonne dizaine. Le temps de se nouer le paliacate sur le museau et de jaillir sur le toit, de se servir dans un tas de pierres et l’ennemi, déjà, s’est replié dans les rues adjacentes face à la vigueur de la riposte. Beaucoup des nôtres tirent au lance-pierre, comme à la chasse au tatou. En bas, d’autres tirent des molotovs à mèche, préparés dans des 33 cl de bière durant la matinée. Les femmes courent mettre les bambins à l’abri, puis reviennent et empoignent des pierres. Vacarme des caillasses qui rebondissent par dizaines sur les toits de tôle, sur les murs de briques. Plusieurs des nôtres sont touchés, des blessures sans gravité au visage, et une infirmière improvisée galope de l’un à l’autre afin de nettoyer les plaies. En face, ils ont reçu davantage : plus nombreux, nous les tenons sous tir nourri de pierres. Un des cadres COCEIste, un certain Andrés Charis, s’est fait dérouiller et gît à terre. Les siens le soulèvent et l’emmènent, poursuivis par l’averse de pierres.

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2 mars 2014, Alvaro Obregon

La consigne est claire : ne pas répéter l’erreur tactique du 2 février 2013, quand tout le monde était parti attaquer les Estatales au bord de la lagune et avait imprudemment laissé la casa Charis sans défenses. Il ne faut pas quitter les abords de l’agence, l’objectif à défendre. À chaque contre-attaque, ponctuée de hurlements guerriers, un responsable de la comunitaria veille à ce que le groupe ne s’avance pas au-delà d’un ou deux pâtés de maisons. Au bout d’une heure de caillassage, les partidistas finissent par se replier. Et laissent place à trois pick-up de la Marine, appelés par le président municipal de Juchitán. Ils stoppent à cent mètres de l’agence. Quelques soldats mettent pied à terre, le fusil d’assaut braqué. La foule les entoure et une discussion s’engage avec le gradé. Au bout de cinq minutes, les pick up vert-kaki repartent en marche arrière... Ils se contenteront de patrouiller dans le pueblo jusqu’à la tombée de la nuit avant de repartir. Rien ne dit qu’ils ne reviendront pas un jour ou l’autre, plus nombreux...

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Qu’espéraient donc les agresseurs du 2 mars ? que l’assemblée se disperse à leur vue ? que des gens qui sont sur le pied de guerre depuis un an et demi leur abandonnent l’agence, renonçant à exercer ce pouvoir d’auto-détermination gagné de si haute lutte ? Pensaient-ils sérieusement faire comme leurs homologues PRIstes à San Mateo en décembre 2012 ? À défaut, ils se posent dans la presse locale du lendemain en victimes d’un « groupe de délinquants qui fait régner la terreur à Alvaró Obregón ».

Le 4 mars, le président municipal Saul Vicente publie un communiqué dans lequel il sollicite « des garanties de protection des autorités de l’État et fédérales pour le nouvel agent municipal, les intégrants de l’agence municipale et ma propre personne, eu égard aux accusations et menaces qu’ont proféré ces groupe de personnes armées contre nous ». Le soir même une manifestation convoquée par les cadres de la COCEI rassemble devant le Palais municipal les militants, le personnel de la mairie ainsi que des habitants de colonies de la COCEI. Drapés dans les apparences de la légalité, bien suffisantes pour légitimer leur action aux yeux d’une clientèle de toute façon captive, les leaders COCEIstes exigent que les autorités gouvernementales chassent « les anti-éoliens » de Alváro Obregón. C’est un véritable appel au lynchage policier et judiciaire qui est publiquement lancé contre les compañeros de l’APIIDTT ce soir-là8.

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Bannière de l’APIIDTT

Avant de devenir président municipal, Saul Vicente occupait une autre planque : il était chargé des Droits indigènes à l’ONU. Nul n’occupe innocemment ce type de fonctions dans ce type d’organisme. Le voici à présent en train de mener une guerre sans pitié contre une communauté indigène qui revendique en acte l’exercice de ses droits politiques. Voilà qui devrait donner à réfléchir à ceux qui sont toujours enclins à en appeler aux organismes internationaux dans l’espoir d’y trouver un soutien aux droits des communautés indigènes. Rappelons aussi que durant les années 1980 des militants COCEIstes furent assassinés par les pistoleros du PRI, lequel pouvait compter sur la complicité des autorités judiciaires. À présent, la COCEI entend recourir aux mêmes procédés contre une communauté qui a osé se rebeller à son autorité, et peut compter sur la même complicité au sein des institutions. Après tout, elle a soutenu l’élection de l’actuel gouvernement de Oaxaca en 2010.

L’appel de Saul Vicente à la répression contre la communauté rebelle a donc toutes les chances d’être entendu par le gouverneur de l’État. Gabino Cué Monteagudo, ancien cadre du PRI élu sur une liste PRD-PAN-PT-Convergencia, suite à l’insurrection de 2006, est avant tout un entrepreneur, dont la famille fait partie de cette oligarchie d’origine européenne qui tient la ville de Oaxaca. Il n’a cessé de monter au créneau pour défendre les projets éoliens dans l’Isthme, et en particulier celui de Mareña Renovables.

En attendant, les petites frappes COCEIstes multiplient les exactions. Ces dernières semaines plusieurs incendies criminels ont été allumés à Alvaró Obregón contre des maisons de compañeros, un membre du Consejo de Ancianos a été agressé à coups de pierre, tandis que des éléments de la Policia Estatal ont arrêté arbitrairement une douzaine membres de la Policia communitaria en patrouille à Ejido Zapata, libérés seulement le lendemain. Pour finir, la municipalité de Juchitán a imposé la fermeture du bureau de santé publique de Alváro Obregón, prétextant que le climat de violence – dont ils sont pourtant les responsables – ne permet plus d’assurer les consultations. Enfin, le 12 avril un intégrant de la communitaria a essuyé un tir nourri (huit impacts de balles sur le mur) depuis une voiture.

De telles provocations ne suffiront sans doute pas à intimider une communauté d’authentiques guerriers, mais le jour où l’un des provocateurs sera tombé entre leurs mains et aura reçu la punition méritée, nous verrons Saul Vicente en appeler à une intervention de la PF ou de la Marine au nom du rétablissement de la paix civile. Le cas s’est déjà produit en d’autres endroit de l’État dans le cadre de conflits municipaux : les soldats débarquent, récupèrent le palais ou l’agence municipale, saccagent et pillent méthodiquement les maisons de ceux qui leur ont été désignés comme rebelles, et puis s’en repartent au bout de quelque temps vers d’autres exactions en d’autres lieux. Mais il est douteux que cela se passe sans réactions dans une communauté comme Alvaró Obregón. Autrement dit, il faudrait que Saul Vicente Vasquez et les capi de la COCEI soient prêts à assumer le coût politique d’une intervention qui pourrait laisser des morts sur le carreau. Cela dépend aussi du soutien que cette exemplaire communauté pourra recevoir non seulement dans l’État d’Oaxaca et dans tout le Mexique, mais aussi d’autres parties du monde, notamment de l’Europe d’où sont issus les projets éoliens.

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Si COCEI et PRI se font concurrence pour le contrôle de la municipalité de Juchitán, ils partagent le même point de vue sur la question des parcs éoliens. Au-delà des gratifications financières directes, leurs dirigeants y trouvent le même intérêt : les contrats de location signés avec les entreprises éoliennes sanctionnent définitivement la privatisation des terres communales réalisée par la classe politique istmeña. Avec l’installation des moulins d’acier sur leurs socles de béton, le crime sera consommé, et l’ombre persistante de Victor Yodo pourra alors disparaitre de la mémoire commune.

Inversement, la rébellion des gens d’Alváro Obregón sonne le glas des mouvements comme la COCEI. Après plus de trente ans de gestion « sociale » une évidence s’impose : le socialisme, qui se fonde sur la redistribution, s’oppose à la communisation. Cette dernière, nous la rencontrons tant comme pratique effective que comme hypothèse théorique dans la communalité. « Les peuples indigènes du Mexique sont mûrs pour le communisme parce qu’ils en ont déjà l’expérience dans leur propre système communautaire », disait déjà Ricardo Flores Magón voici un siècle. Et le concept de communalité, forgé dans les années 1980 par les activistes indigènes de la Sierra Norte de Oaxaca, rend parfaitement compte de cette réalité. Dans la Sierra Norte il a pu prendre corps notamment lors de la lutte victorieuse pour défendre les forêts contre l’industrie papetière de Tuxtepec. La défense de ces terres communales a constitué un épisode fondateur, qui s’est poursuivi dans diverses expériences municipales qui ont rétabli l’assemblée directe ainsi que la rotation et la gratuité des charges au service de la communauté.

Dans les communautés en lutte de l’Isthme, c’est encore la lutte en défense de la terre et du territoire qui entraîne une remise en cause du système politique. La grandeur des gens d’Alváro Obregón est d’avoir assumé cette lutte jusqu’à ses conséquences ultimes, et d’en avoir tiré les conclusions pratiques devant lesquelles d’autres ont reculé ou ont échoué. Alors que toutes les charges municipales, dans le système d’élection par partis politiques, sont convoitées comme une source de revenus inépuisable et instaurent une relation de dépendance servile, le tequio que l’assemblée communautaire de Alvaró Obregón a remis au centre de la vie publique selon les « usos y costumbres » et qui est fondé sur la rotation de charges bénévoles instaure une relation égalitaire entre tous les membres de la communauté. « C’est aux esclaves, non aux hommes libres, qu’on donne des récompenses pour leur bonne conduite »9.

Alèssi DELL’UMBRIA, avril-mai 2014

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NDLR : L’auteur de ce texte, l’ami Alèssi Dell’Umbria, finalise actuellement un film consacré aux luttes des populations indigènes de l’Isthme de Tehuantepec, au Sud du Mexique, contre l’implantation de gigantesques champs d’éoliennes. Il s’appellera Le vent de la révolte. Article11 l’a interviewé il y a quelques mois afin qu’il décrive ce projet plus en détail - l’entretien est à lire ici. Alèssi a également rédigé un article sur la question, ¡ Qué bronca en san dionisio !, et réalisé un entretien avec Bettina Cruz Velasquez, indigène zapotèque en guerre contre les multinationales de l’éolien : « Ils sont en train de nous briser en morceaux  ».



1 Pesca a l’atarayo : pêche à l’épervier.

2 « Aux Peuples Indigènes du Mexique et du Monde, aux moyens de communication, aux Organismes de Droits Humains, à la Société Civile Nationale et Internationale et aux frères de l’EZLN ».

3 Binniza : zapotèque. En 1930, le général Heliodoro Charis Castro obtient la fondation d’un ejido au lieu dit Gui’xhi’ro’, dans l’Isthme de Tehuantepec, afin d’y installer une partie de ses soldats démobilisés. La communauté, peuplée de zapotèques et de quelques ikots, prendra le nom du général en chef sous lequel Charis et ses troupes ont servi, Colonia Agrícola Alváro Obregón.

4 Le son jarocho, originaire de l’État de Veracruz mais présent aussi dans les États de Oaxaca et de Tabasco, est exécuté par des complexes de guitares de petite taille, renforcées d’une guitare à cinq cordes basses et parfois d’une harpe. Chaque musicien interprète une strophe tour à tour, et le son jarocho se prête particulièrement à la dénonciation sociale et politique. L’exemple le plus connu est le fameux « son de la barricada », né au lendemain des affrontement du 14 juin 2006 à Oaxaca.

5 Référence au régime dit de « usos y costumbres » qui est en vigueur dans presque la moitié des municipalités de Oaxaca depuis 1996. Mais depuis, l’État fait obstacle à ce que d’autres communautés puissent prétendre à ce régime qui affaiblit les partis politiques en leur enlevant tout pouvoir municipal.

6 PCM : Parti Communiste Mexicain ; COCEI : Coordination Ouvrière Paysanne et Étudiante de l’Isthme.

7 Au moment des élections présidentielles de 2006 la COCEI, qui menait campagne pour Manuel Lopez Obrador, candidat du PRD, menaça de ne pas laisser entrer à Juchitan la caravane zapatiste de la Otra Campaña...

8 Assemblée des Peuples Indigènes de l’Isthme de Tehuantepec en Défense de la Terre et du Territoire, à laquelle l’Assemblée communautaire de Alvaró Obregón s’est intégrée depuis novembre 2012.

9 Spinoza, Traité politique, chapitre X, 8.


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