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lundi 22 décembre 2008

Entretiens

posté à 12h46, par JBB
22 commentaires

Nadia, de l’Envolée : « Notre monde ressemble de plus en plus à la prison. »
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Ils sont le cauchemar de l’administration pénitentiaire qui, avec une sombre régularité, interdit aux prisonniers de lire le journal qu’ils rédigent. Pas grave (enfin… pas trop) : les membres de « L’Envolée » animent aussi une émission de radio sur FPP et personne ne peut censurer la bande FM… Au micro, ceux qui militent sans relâche contre tous les enfermements s’adressent aux taulards et leur donnent la parole. Présentation.

« Quoi d’étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux, qui tous ressemblent aux prisons ? »
Michel Foucault, dans Surveiller et punir.
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Autour de la table, il y a Nadia, Jean-Luc, Hugo, Abdel-Hafed, Pierre, Sophie, d’autres encore. L’un a passé 29 ans en prison, une autre milite depuis presque aussi longtemps contre toutes les prisons, un troisième s’était fait une spécialité des braquages conduits sans armes et l’a payé de 14 ans d’emprisonnement… S’ils ont des itinéraires différents, tous partagent un même combat contre l’enfermement. Contre la société, aussi, puisqu’ils sont bien décidés à changer le monde pour en voir un nouveau se lever, qui ne mettrait personne derrière les barreaux. Ils le disent chaque vendredi, au micro de L’Envolée, émission destinée aux taulards de la région parisienne et à ceux qui les soutiennent. Et ils l’écrivent aussi dans le journal trimestriel du même nom1, sans doute l’une des publications les plus censurées de France.2

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Des extrémistes ? Que nenni. Des jusqu’aux boutistes ? Même pas. Juste des hommes et des femmes qui ont compris - certains pour l’avoir vécu - combien la société faisait fausse route en enfermant, emprisonnant et embastillant, pis-aller répressif qui n’a d’autre effet que d’aggraver la souffrance et d’accroître les haines. Qui ont saisi, aussi, l’urgence d’une prise de conscience, celle que tout mouvement ou idéologie prétendant remettre en cause le monde tel qu’il va ne peut faire l’impasse d’une profonde réflexion sur la question des prisons.

« S’attaquer à l’enfermement, c’est forcément s’en prendre aussi à tout ce qui fabrique, réforme, perfectionne le contrôle social hors des murs des prisons : le formatage des ’citoyens’ dès le plus jeune âge, le salariat précarisé ou à perpète, l’urbanisme qui flique les villes et quadrille les espaces sont bien le pendant de la construction des prisons », peut-on lire sur sur Combat en Ligne, site de Jean-Luc, membre de l’équipe de L’Envolée qui reprend ici la présentation du journal.

« L’enfermement carcéral joue un rôle social de repoussoir, il produit une peur nécessaire au maintien de cette société. En ce sens, c’est bien plus qu’une simple répression, qu’un moment de contrôle, de sanction des actes ’délictueux’ : c’est un ciment nécessaire à l’État pour permettre au capitalisme de continuer à se développer dans ses nouvelles formes. »

Depuis plus de sept ans, donc, les membres de L’Envolée prennent chaque semaine la parole sur les ondes de la radio libre Fréquence paris Plurielle3, s’adressant d’abord aux prisonniers de la région parisienne - la radio n’est pas captée au-delà -, incarcérés dans les maisons d’arrêt du Bois d’Arcy, de Nanterre, de Fresnes, de Fleury-Mérogis, de la Santé, de Villepinte, de Versailles et d’Osny, ainsi qu’à la centrale de Poissy. En une heure trente, ils passent en revue l’actualité pénitentiaire, transmettent des messages aux prisonniers et reviennent utilement sur des points de droit. Avec en tête, cette double ambition de créer du lien social et d’informer réellement leurs auditeurs.

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Ce vendredi 19 décembre, l’actualité pénitentiaire est riche. Au micro, les militants évoquent ce film réalisé en cachette par des prisonniers de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, lequel met en images les conditions de détention :

Nadia : « Ce qui est intéressant, c’est le courage de ces mecs qui ont réussi à faire entrer une caméra, à filmer puis à faire sortir les bandes. (…) Je voudrais juste dire chapeau à ces mecs-là : je ne sais pas si vous nous entendez, mais c’est vraiment du super boulot ! »

Hugo : « Je me souviens : quand je suis arrivé à Fleury-Mérogis, un gendarme m’a dit : ’bienvenue dans la plus grande poubelle d’Europe’. Ça n’a pas changé… »

Jean-Claude : « On le sait pourtant : un lieu d’enfermement est toujours dégueulasse. Ce n’est pas tant qu’une prison soit sale, mais qu’il s’agit toujours d’un sale endroit. De bonnes conditions de vie ne peuvent pas exister en un lieu d’enfermement. »

Abdel-Hafed : « A ceux qui ont fait sortir ce film : protégez-vous, la chasse va commencer ! »

Au micro, les membres de L’Envolée reviennent aussi sur les peines planchers, résumant un récent rapport parlementaire qui confirme ce qu’ils savaient déjà : « Moins le délit est grave, plus les peines-planchers sont prononcés : elles le sont surtout pour les vols ou les atteintes aux biens quand le dispositif était censé empêcher la récidive des actes les plus graves ». Font état de ce supposé suicide d’un détenu de Clairveaux, décès sur lequel les médias n’ont pas dit grand chose quand - selon le témoignage d’autres prisonniers - l’homme aurait été tabassé à mort par des matons. Commentent cette lettre ouverte d’un psychiatre s’insurgeant de la volonté de Nicolas Sarkozy de réformer l’hospitalisation en psychiatrie. Evoquent rapidement le deuxième opus que le cinéma consacre à Mesrine - « C’est de la merde ! » - avant que de regretterle déroulement et l’issue du procès Ferrara : « Le verdict est à l’image du procès. Ce sont des ânes bâtés qui ont prononcé un tel jugement à partir d’un dossier complètement vide ! » Enfin, ils abordent longuement la question des fichiers génétiques, dossier enrichi d’interventions pointues et précises.

Bref : ils parlent aux prisonniers et ils parlent des prisonniers. Ils le font avec autant de tendresse que de rage, soucieux de faire passer de la chaleur humaine comme de dire leur révolte. Et ils apportent aux embastillés un joli parfum de liberté, ouverture sur l’extérieur autant que solidarité à l’intérieur. Une belle Envolée, celle d’un journal que vous devriez lire4 et d’une émission que vous devriez écouter5.

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Militante acharnée de la question pénitentiaire et membre de L’Envolée, Nadia a accepté de répondre à quelques questions :

Qui écoute L’Envolée ?

L’émission de radio est très écoutée par les prisonniers. Notamment parce que la radio est un espace d’expression non censuré en prison, ce qui n’est pas le cas de la presse - le journal L’Envolée est souvent interdit - ou des lettres écrites par les détenus, où ils n’ont pas le droit d’évoquer leurs conditions de détention. L’émission leur permet de s’informer, de se détendre - puisqu’il s’agit avant tout d’un moment chaleureux, on n’est pas là pour pleurer ni pour les juger - et de passer des messages. Pour nous, c’est un outil incontournable. C’est pour cela que nous redoutons énormément la réforme de la radio numérique : si la radio analogique disparaît, notre lien avec les prisons aussi.

Comment s’est composée l’équipe ?

A la base, il s’agissait de gens sortant de prison ou de proches de prisonniers. Ensuite s’y sont greffés des personnes sensibles à la question de l’emprisonnement et engagées politiquement. L’équipe de L’Envolée n’est pas constituée que de gens ayant connu la prison. Par contre, nous partageons tous cette idée que la prison ne doit pas être coupée du monde et que la lutte contre l’emprisonnement est un combat contre la société capitaliste. Et tous ceux qui veulent changer le monde devraient s’approprier cette question.

Ce n’est pas le cas ?

Pas du tout : le sujet n’est quasiment jamais abordé, comme si la loi, la justice et le droit étaient des institutions immuables. C’était déjà le cas lors des pourtant très actives années 1970, avec des intellectuels ou militants minoritaires à réfléchir à la question de l’emprisonnement. Aujourd’hui, c’est encore pire…

Pourtant, il y a périodiquement des gens qui entretiennent le débat. Cette lettre de psychiatre, par exemple…

Je suis toujours un peu sceptique vis-à-vis de ceux qui ont fermé leur gueule pendant 20 ans et qui commencent à l’ouvrir parce que Sarkozy a poussé l’ignominie un peu plus loin. C’est avant qu’il fallait s’insurger… Le vrai problème, c’est que les questions sociales et politiques sont prises en charge par des membres de la classe moyenne, par des gens intégrés, qui laissent complètement de côté les rejetés, les étrangers ou les précaires et qui n’ont pas compris combien la question de la prison fait partie de la vie. Pour reprendre l’exemple de cette lettre, elle émane de quelqu’un qui a cautionné par son silence le démantèlement du secteur psychiatrique depuis quinze ans : pourquoi se manifester seulement maintenant ?

Ça fait 20 ans que tu milites contre l’emprisonnement : la situation n’a fait qu’empirer ?

Malheureusement. Aujourd’hui, les mecs se retrouvent avec des peines infaisables, incroyablement longues. Dans les années 1970, quinze ans était déjà une peine très dure. Aujourd’hui, on va beaucoup plus loin…
Mais il n’y a pas que la longueur des peines : les autorités ont réussi à isoler les prisonniers, à casser une certaine solidarité qui régnait en prison. Il y a une dynamique qui est morte. C’est la même chose à l’extérieur d’ailleurs : les communautés d’intérêt disparaissent et les gens ont de plus en plus de mal à agir ensemble.

Et le regard de la société sur les prisonniers ?

C’est simple : le prisonnier a toujours suscité le rejet. Il y a un espèce de délire construit par la propagande d’état pour en faire des monstres, incarné un temps par le violeur, un autre par le jeune de banlieue, un autre encore par le toxicomane. Les gens ont l’impression que la prison ne compte que des monstres, que c’est un monde étranger où il ne faut surtout pas mettre le nez.

Tu ne sens pas venir d’amélioration ?

Je ne vois pas trop comment… Si tu prends l’exemple de ces dernières années, de toutes les lois liberticides qui ont été adoptées, tu te rends compte qu’il n’y a pas eu de vraie résistance, de mots à la hauteur de ce qui s’est passé. Et puis, tout va extrêmement vite, comme si les lois essayaient de suivre le rythme effréné de l’économie : un produit est obsolète en quelques années, une loi aussi désormais…
Tu sais, la prison n’est que l’aboutissement de la la logique de fichage et de contrôle qui est à l’œuvre dans la société. Elle vient en bout de course, réservée à ceux qui n’ont pas compris comment fonctionne l’ordre social, mais elle est à l’image de la vie elle-même. Au fond, notre monde ressemble de plus en plus à la prison.



1 L’Envolée a un site, ICI.

2 Le journal L’Envolée ne passe que rarement la censure des autorités pénitentiaires, qui la plupart du temps en interdisent la lecture aux prisonniers.

3 Radio libre toujours en lutte contre la réforme de la radio numérique : voir cet article.

4 Le journal L’Envolée est en vente, au prix de 2 €, dans un certain nombre de librairies : en voir la liste ICI. Pour s’abonner, écrire au 43, rue de Stalingrad, 93100 Montreuil, en joignant un chèque de 15 euros annuels. Le journal est gratuit pour les prisonniers et les plus démunis.

5 Chaque vendredi, de 19 h à 20 h 30 sur Fréquence Paris Plurielle, 106.3.


COMMENTAIRES

 


  • C’est peu de dire que Nadia a malheureusement raison et que nous n’en sommes qu’au début. A moins qu’avant qu’il ne soit trop tard...

    • « A moins qu’avant qu’il ne soit trop tard... »

      Marx sait si je na baigne pas dans l’optimisme en ce moment. Mais pourtant, j’ai l’impression de n’avoir jamais autant entendu de gens différents commencer à parler d’alternatives, d’autre système, de solidarité, de nécessaire défense des libertés publiques… Ça fait un peu oui-oui comme ça, mais j’ai vraiment l’impression qu’une prise de conscience se fait et qu’elle va accompagner la chute annoncée du capitalisme, cette lente décrépitude jusqu’à l’extinction définitive des feux. Et puis, autre chose.



  • Voir aussi Vu de prison - Laurent Jacqua,seropo,détenu depuis 1984.
    http://laurent-jacqua.blogs.nouvelo...

    • Merci, je ne connaissais pas le lien. Je ne savais même pas qu’il existait des blogs de prisonniers (j’imagine qu’il fait parvenir ses textes au Nouvel Obs, qui les met en ligne, puisque les prisonniers n’ont pas accès au net).

      • Je l’ai évoqué pourma part, je dois dire que c’est d’une écriture assez dure à supporter et qu’on en prend plein la tronche, mais cela vaut plus que le détour. Je me suis dit après trois ou quatre articles que je n’en pouvais plus et qu’il fallait que j’espace mes lectures. Il n’a pas d’accès internet pour écrire, mais on l’autorise à publier une fois par semaine un billet que l’Obs modère à sa façon (c’est-à-dire fort mal et avec sous-traitance dans le tiers-monde comme la plupart des journaux).

        Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

        • Je viens de voir que tu en avais déjà parlé en 2006 : il tient l’effort sur la durée, c’est impressionnant.

          « mais on l’autorise à publier une fois par semaine un billet que l’Obs modère à sa façon (c’est-à-dire fort mal) »

           :-)

          C’est clair que les blogs de l’Obs sont assez étranges et peu mis en valeur.



  • lundi 22 décembre 2008 à 22h33, par skalpa

    sur un sujet aussi lourd (bien traité comme d’hab’), mais bon...

    Alors comme ça, je suis sur un des 101 sources pour mieux s’informer sur le net, selon vendredi...

    Chapeau haut misters !

    Mais, je comprends pas, chez toi tu n’en parles pas, alors que chez d’autres ce n’est pas forcément le cas...

     ;-)

    ça alors ?!

    Non, ben sinon, toujours en hors-sujet, mais j’assume,

    ce « blog nettement à gauche »... qui va « à contre-courant de la connerie ambiante en alliant les maigres forces de quelques motivés », cité dans un journal qui va être conservé pour ma progéniture, franchement ça assure !

    Pas le temps de te faire une image « especiallly for you », mais le coeur y est et à charge de revanche !

    petit lien pas hors-sujet, et qui devrait sûrement te plaire :

    Par là (lalalalalalalala)

    Voir en ligne : mon blog : Kprodukt, blog actif et militant(?)

    • mardi 23 décembre 2008 à 11h35, par JBB

      Salut à toi, jeune papa !

      Pour Vendredi, je ne dirais pas que ça ne fait pas plaisir d’être retenu, ça serait débile de cracher dans la soupe. Mais je ne vais pas monter au plafond, non plus.
      En fait, je pense que le commentaire très gentil que tu viens de laisser là me fait bien plus plaisir que la sélection de Vendredi. Donc : merci beaucoup :-)

      (Pour les Bérus : c’était exactement ce qu’il fallait. A chaque fois que je les entends, ça me regonfle à bloc !)



  • C’est la deuxième fois que JBB écrit à propos de cette radio et c’est toujours aussi intéressant. Si vous êtes en contact avec l’équipe, ne pourriez-vous pas leur parler d’enregistrer leurs émissions, pour les proposer sous format MP3 par internet ? C’est vraiment frustrant de ne pas pouvoir les écouter.



  • Comment voulez-vous que notre monde « humain » ne soit pas une prison quand il y a déjà un milliard d’individus qui n’ont droit à rien, que des multitudes ayant un petit peu, un lopin, ne peuvent même pas cultiver de quoi manger eux-mêmes, parce que devant toujours payer des impôts, ils doivent cultiver ce que l’Etat (aux ordres du FMI, de l’OMC et de la Banque Mondiale) leur impose de cultiver... sinon, ils n’ont plus rien. Comment voulez-vous que notre monde ne soit pas une prison quand tout le monde admet que l’activité humaine c’est de faire des profits... et que c’est bien accepté par tous, ... alors que cela veut dire, en réalité, qu’on prend une part du travail des autres en ne leur donnant qu’un salaire de misère, ce qui est du vol légal (Et cela en dit long aussi... sur le sens de toute légalité !) et que l’on prend ensuite une part de leurs revenus quand ils achètent leurs propres produits à des prix prohibitifs, autre vol légal... Tout le monde est coincé de toutes parts... Toutes les lois que l’on met en vigueur sont faites pour les nantis. Mais ces nantis, c’est quoi : rien que des vampires, et ce n’est pas qu’un mot de littérature... Des vampires qui entretiennent le monde humain dans le minimum de mesures de « salubrité » pour continuer indéfiniment et imperturbablement à l’exploiter. Ne croyez pas que la traite des esclaves et des noirs s’est arrêtée, elle n’a fait que se métamorphoser. On a quitté la légalité du code noir mais on pratique de toutes parts le code du « Ferme la ou casse toi pauvre con » quand bien même on te vole tes outils et ta propre survie pour la donner à ceux qui crèvent à côté... C’est cela la réalité quand on a fini de rêver sur les belles automobiles, les voyages à toute vitesse... qui de toutes façons ne pouvaient se faire que sur le pillage des 3/4 de l’humanité... Pensez à la misère proche de la désolation qui fait toute l’Afrique sub-saharienne actuellement alors qu’au 12e siècle, avant qu’on y pose nos sales mains, elle était un continent de prospérité et de paix, sans aucun commerce d’esclaves... PENSEZ à l’enfermement toléré et prôné par tous les pays des nantis au sujet de la Palestine qui, elle, n’a de droit « légal » qu’à se taire alors qu’on lui a volé son pays sans rien lui demander... La Prison est partout, l’humain a été éradiqué de l’humanité ... au point que plus personne n’a osé rien dire quand lors d’une crise financière fabriquée et entretenue... on en a profité universellement pour gaver les plus nantis et promettre au plus démunis un bon serrage de ceinture pour quelques siècles... si ce n’est la mort pure et simple. La Prison est le fait que nous soyons rien qu’un Bouillon de culture bien organisé dont quelques gros prédateurs se repaissent.

    Personne ne parle nulle part du problème de la Prison, aucun parti politique, personne. Et pour cause... Personne, non plus, ne remet en question le statut de prédateur de l’humain... Et pourtant, si l’on veut commencer par les Bases, il le faudrait..., tout le reste, effectivement s’appellerait « réformer », et ce ne serait que : recommencer.
    Personne ne voudrait remonter à la Base, à commencer par les prisonniers enfermés dans nos prisons, j’imagine. Et je suis presque sûr de ne pas me tromper.

    Voir en ligne : http://www.amaranthes.fr/



  • Suis mal à l’aise...
    D’un côté, je sais que les conditions de détention en France sont infamantes et qu’il faut qu’elles changent.
    Mais de l’autre, je ne veux pas non plus céder à l’angélisme ni à l’apologisme.
    La prison est nécessaire dans une société. Parce que l’homme est bel et bien un prédateur.
    Que des cols blancs volent sans être inquiétés, on le sait tous ; est-ce une raison pour ne sanctionner aucun acte ?
    Faut-il un autre contenu à la prison ? Oui, j’en suis persuadé. Mais il ne faut pas oublie que le rôle premier de la prison est de protéger d’éventuelles futures victimes.
    J’ai une pensée pour ceux qui sont en taule suite à des jugements trop sévères, qui vont passer Noël à 7 par cellule, guettant au dehors un appel ami pour parler à l’air libre pendant quelques minutes. Mais d’un autre côté, je pense également aux victimes qui vivent avec la peur au ventre, autre prison quotidienne...
    J’entends l’indignation de cette réalité pour laquelle la France est épinglée tous les ans ; mais n’oublions pas que ceux qui y sont ne sont pas des anges, même si certains peuvent avoir un engagement militant et collectif (comme Mesrine avant eux) ; aussi sincères soient-ils, cela n’efface pas leurs fautes. Quant JBB précise par exemple dans l’article qu’un braqueur agissait sans armes, je trouve cela gênant car un braquage reste un acte violent qui consiste à prendre à l’autre ce que l’on convoite pour soi-même (et aucun braqueur n’est un robin des bois). Et puis était-il réellement sans armes ? Comment il braquait alors ?...
    Qu’il s’exprime aujourd’hui peut sûrement l’aider, je n’en doute pas un instant, mais cela ne change rien à ses actes. Il est là où il doit être.

    Voir en ligne : http://www.politique-jeunesse.com

    • Sur le fond, je suis beaucoup trop à la bourre aujourd’hui pour répondre (je sais, ça fait un peu minable, mais là je peux pas faire autrement : la question de la prison nécessite un commentaire salement argumenté et fouillé, je ne ferais qu’enfiler des généralités à la pelle…).

      Sur l’exemple précis de ce braqueur sans arme (par ailleurs romancier), je te renvoie à la très belle interview qu’il a donné à Lémi sur ce site. Ce mec a la grande classe et si tous les braqueurs pouvaient lui ressembler, je me ferais bien banquier… :-)

    • On a pu se méprendre sur mon texte, c’est bien normal, en quelques mots, on est toujours ambigu. Excusez moi.

      Je suis fondamentalement contre les prisons, contre toute incarcération. N’importe qui peut faire une erreur, mais le rôle de l’humain est de rester humain, donc de trouver, d’une part , les moyens pour ré-accueillir ceux qui ne se sentent pas accueillis et qui agissent malheureusement pour le dire... et trouver les moyens pour que l’humain ne cède pas, ne cède plus... à la prédation, d’autre part.
      L’humain n’est pas au terminal de toute évolution, il peut dépasser cet atavisme de prédateur, mais il faut l’y aider.
      Cela, le vrai humain peut le faire.

      La loi Biblique du talion comme certaines lois islamiques et bien d’autres... sont quelque chose de grotesque et d’inhumain, les gens qui pratiquent ces lois, pour moi, sont des monstres aussi monstrueux que les monstruosités qu’ils veulent corriger. On ne corrige jamais par la peur, on ne fait que sidérer quelqu’un, que le paralyser, que l’estropier. Ce n’est plus alors un homme, il n’est pas libre et il est diminué.
      Je suis persuadé qu’il y a de très grandes et riches humanités cachées dans les incarcérés alors qu’il y a une infinie in-humanité parmi ceux qui les enferment ou qui se complaisent dans le fait que cela puisse se faire au point d’être une institution.

      Mais une telle institution signe la perversité de ceux qui se croient au terminal de toutes les évolutions... et se louent eux-mêmes dans leur propre monstruosité de normalité en cataloguant d’autres dans des niches de sainteté à l’envers : les niches de l’aberration comme sont catalogués : les violeurs, les pédophiles, les assassins, les voleurs... etc. alors que jamais rien dans la vie n’est définitif ni immuable... pour personne.

      Oublier la relativité en toutes choses, c’est assurément être in-humain.

      Et Nuremberg, quoi qu’on en dise, faisait partie de notre in-humanité (Et je le dis alors que j’ai été enfant de déporté et acteur à très hauts risques dans la Résistance en 1942-3. On transportait des bombes au fond de mon landau...)

      De plus, qu’est-ce que le vol quand on nourrit d’une façon gigantesque les plus grands voleurs, ceux des Banques et de la finance tout en refusant tout à la multitude démunie et mourant de faim ?

      Qu’est ce qu’un violeur quand tant de maris prennent leur femme pour une machine à sexe ? Et que le sexe a été instauré comme un BIEN de consommation pour sécuriser de la véhémence ceux qui nous encadrent et nous gouvernent ???

      Qu’est ce qu’un pédophile par rapport à ces camps d’enfants envoyés au fond des mines où personne ne veut aller et d’où ils ont peu de chance d’en ressortir... ?

      Qu’est-ce qu’un assassin quand légalement on peut tuer n’importe quelle femme qui est en train de se marier comme on l’a vu en Afghanistan, tout dernièrement ? Et que par représailles, on assassine des milliers de villageois anonymes et innocents...??? Qu’est-ce qu’un assassin face à tout ce qui se passe au Nord-Kivu ?

      Qu’est ce qu’un imposteur quand les plus grands du monde ont organisé les plus grandes impostures des temps..., comme Pearl Harbour, comme le 11/9, comme MumBay ??? Et tant et tant d’autres choses dont Tarnac sera peut-être rien qu’un tout petit maillon de leur chaîne... infinie...
      ...

      • Onoée,

        Pas d’accord du tout.

        Bien sûr j’aimerais que la prison ne fut pas nécessaire,
        Bien sûr que le déterminisme n’existe pas, mais on le fabrique,
        Mais certains d’entres nous sont plus faibles que d’autres et peuvent adhérer à tout, même à l’immonde comme au régime nazi ou à au génocide rwandais... Le bon côté de l’homme est toujours contrebalancé par son côté obscur. Dès lors, la prison DOIT exister.
        Sous la forme actuelle, non, elle est stérile (voire pire). Mais sortir un temps certains d’entre nous pour qu’ils réfléchissent à leurs actes et protéger le plus grand nombre par la même occasion est incontournable.

        Comparaison n’est pas raison. On ne peut absoudre la faute de quelqu’un au prétexte qu’un autre n’aurait pas été pris... cette théorie qui consiste à dire « tout est dans tout » ne mène nulle part. Sauf à ignorer la souffrance des victimes. Et à justifier l’injustifiable.
        Je pourrais donc aller braquer une banque au prétexte que des actionnaires pillent honteusement les bénéfices obtenus par le travail des autres ? Ce ne serait pas ma faute ? Je ne mériterais pas la prison ?
        Je peux donc violer sous prétexte que la femme mariée serait un objet sexuel ?
        Je peux donc tuer au prétexte... bla, bla, bla...

        NON !

        C’est prétentieux et fallacieux ce type d’argument. C’est nier le libre arbitre de tous, du violeur comme de la femme mariée ; du voleur à sa victime...
        Chacun doit mener sa vie et en assumer les conséquences, c’est cela la responsabilité d’être un humain. Le violeur doit assumer son acte, la victime à le droit de pouvoir surmonter son traumatisme (dans les meilleurs conditions et avec la sécurité de savoir qu’elle est à l’abri).
        Dire personne n’est réellement coupable est une forme de déterminisme, et à ce titre, je refuse ce type d’argument, même teinté de bon sentiment.

        On peut également identifier les religions comme facteur de violence mais il existe une notion importante dans la nôtre : la rédemption. Ce chemin douloureux qui nous force à regarder en face la crudité et la cruauté de nos actes... C’est utile, nécessaire, cela nous grandit. L’absolution sans sacrifice ni contrition n’a aucune valeur et aucune conséquence positive.

        Sommes-nous encore capables d’évolution ? Je ne le crois pas. Si technologiquement nous progressons sans cesse, notre mentalité, elle, n’est ni plus ni moins différente qu’il y a 2000 ans. L’histoire le prouve sans cesse. C’est donc bien notre libre arbitre qui soit la seule chose à cultiver.

        Sur ce, bonnes fêtes à tous ! Kenavo

        Voir en ligne : http://www.politique-jeunesse.com

        • à Mars Hiho

          Merci d’avoir répondu à ma mise au point. Même si on n’est pas d’accord c’est tout de même sympa.

          Non ! Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je ne vais pas en rajouter... Je ne me fais aucune illusion sur ce qu’on a fait de la nature humaine mais c’est hypocrite de déformer des gens pour ensuite leur dire : assumez vos responsabilités.

          Par contre, vous parlez de « notre » religion... C’est plus grave. J’entends bien les cloches du village d’en face sonner à toutes volées, sans jamais se soucier que le pays n’est pas l’évêché et alors que pour mon propre cas, mais je ne suis pas seul, j’ai horreur des religions et tout particulièrement du christianisme. Aussi, parce qu’au clocher je ne peux lui dire de la fermer, à vous, qui m’entendez..., peut-être..., je vous dis que je ne suis pas des vôtres et ne le serai jamais.

        • Sauf à ignorer la souffrance des victimes. Et à justifier l’injustifiable. Je pourrais donc aller braquer une banque au prétexte que des actionnaires pillent honteusement les bénéfices obtenus par le travail des autres ? Ce ne serait pas ma faute ? Je ne mériterais pas la prison ? Je peux donc violer sous prétexte que la femme mariée serait un objet sexuel ? Je peux donc tuer au prétexte... bla, bla, bla...

          NON !

          C’est prétentieux et fallacieux ce type d’argument.

          Fallacieux, aussi, de dire que la seule punition possible est la prison. Et que pour cette raison, ceux qui sont contre la prison sont angéliques, et qu’ils veulent laisser faire. Votre blabla sur la nature mauvaise de l’homme est caractéristique. Ca m’écoeure. L’homme serait parfois profondément mauvais, il n’y a pas de sortie à cela, c’est comme ça, cela tombe du ciel, ah mince alors, quel manque de chance ! D’où la prison.

          Vous êtes un fasciste, et je souhaite ne plus avoir à lire vos conneries sur ce site. Si vous pouviez vite découvrir votre vraie nature et nous laisser tranquille, j’en serais heureux.

          Pour ceux qui lisent encore, et qui ne sont pas membres du FN, le fascisme commence dès la petite enfance enfance, par les bonnes manières et l’inculcation de la violence [réaction devinée du facho du dessus : Quoi on devrait laisser faire les gosses ?]. Tous les tueurs en série, les Hitler, les Staline, se sont fait tabassés étant gosses. Ce sont les mêmes personnes qui tuent les âmes des enfants innocents de cette manière, qui s’étonnent ensuite qu’ils deviennent violents et tuent et violent des femmes. « Je ne comprends pas, disent-ils tous, il était très très calme, bien élevé. » Idem des voisins. Et ils concluent que c’était un mauvais enfant à l’origine, que c’est comme ça.

          Mais bien sûr qu’il était calme, après que vous l’ayez frappé et frappé et après lui avoir interdit de pleurer et de parler, il a bien compris qu’il devait être calme. Mais quand on vous apprend la violence de cette manière, et qu’on ne vous laisse pas même pas vous exprimer, même pas pleurer, cette violence ne disparaît pas, elle reste.

          L’autre facho va dire que ceci est simplificateur, que tous ne sont pas maltraités. Cependant, ce que j’ai dit à propos de Hitler, de Staline et des tueurs en série est vrai. Ca a été prouvé. Est-il donc vraiment invraisemblable que les mêmes gosses qu’on a tabassé étant enfant en leur disant que c’est pour leur bien, que c’est pour leur apprendre à être fort, etc. , que ces mêmes gosses devenant adultes reproduisent cette même logique de violence et de mort !? Pour moi, cela coule de source. Et après vous avez l’autre qui parle de nature mauvaise à laquelle on ne peut rien...Foutaises foutaises foutaises.

          Pour en revenir à la prison, la suppression de la liberté n’a aucune utilité. On reproduit le même mécanisme de répression que les détenus ont connu étant enfants, le même mécanisme qui empêche le criminel d’être humain. Vous savez que vous êtes incapables de faire du mal à quelqu’un. Ce n’est pas dû à la chance, ce n’est pas la vertu non plus. Vous en êtes incapables. Ce sont vos parents qui vous ont permis d’être humain.

          Voir en ligne : Connection

          • « Vous êtes un fasciste, et je souhaite ne plus avoir à lire vos conneries sur ce site. »
            Excellent...
            C’est donc moi le fasciste ?...
            Ne pas être d’accord avec un point de vue c’est donc être fasciste ?
            Belle logique...
            Désolé : je ne vote pas FN, je ne vote même pas centriste.
            Je travaille au contact de victimes et de coupables...
            J’ai simplement une vision du monde assez argumentée, ne vous en déplaise.
            Que mon avis ne vous plaise pas, c’est votre droit inaliénable, que vous m’interdisiez de l’exprimer ressemble fort à ce que vous prétendez combattre...
            A fasciste, fasciste et demi.



  • vendredi 9 janvier 2009 à 00h24, par Jean-Luc

    Tardos, tardos pour apporter une petite précision... mais quand même... non, non, je n’ai pas été faire du ski dans les îles...

    Donc voilà : cher JBB, les propos que tu me prêtes (« S’attaquer à l’enfermement (…) dans ses nouvelles formes ») ne sont pas dus à ma modeste personne, mais sont extraits du texte de présentation du journal L’Envolée, qui se trouve dans chaque n° (p.2), texte collectif donc.

    Sinon, sur Combat en ligne, se trouvent - parmi d’autres - des articles que j’ai signés.

    Pour Laurent Jacqua : lire son bouquin La Guillotine carcérale, Editions Nautilus, 2003.

    Et lisez ceux d’Abdel Hafed Benotman !

    Salut, Article 11 ! Porte-toi bien !

    Voir en ligne : http://www.combatenligne.fr

    • vendredi 9 janvier 2009 à 13h10, par JBB

      Salut Jean-Luc :-)

      Désolé pour la confusion, je corrige de ce pas.

      Pour le bouquin de Jacqua, ignare que je suis, je ne connaissais pas. Pour me ratrapper, je viens de le commander. Et pour Benotman, je suis lourdement d’accord avec toi : il a vraiment la classe !

      Bonne continuation à toi, on devrait se croiser bientôt (je suis censé me pointer à FPP assez souvent, normalement). A plus

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