ARTICLE11
 
 

mardi 5 août 2008

Le Charançon Libéré

posté à 11h41, par JBB
13 commentaires

Vampirella et Cruella sont de sortie…
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Ça n’a pas traîné… Sitôt connue l’identité du principal suspect du meurtre du petit Valentin, Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie se sont empressées de se rendre à Lagnieu, histoire de se faire bien voir devant les caméras. C’est la règle des mois d’été : il ne faut jamais se priver d’instrumentaliser un macabre faits divers… Une recette que les deux ministres maîtrisent à la perfection.

Dites ?

Vous sentez ?

Oui : il flotte quelque chose dans l’air.

Un goût rance et un peu écœurant.

Comme…

Comme une odeur de sang.

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Bon : moi, je suis comme vous.

Ça ne me plaît pas plus que ça.

Plutôt moins, même.

Beaucoup moins…

Mais certains politiques n’éprouvent pas les mêmes réticences devant cette funeste fragrance.

Et accourent au triple galop quand ils en hument le parfum.

Alléchés et émoustillés.

Enfin… je dis « certains politiques »…

Je devrais écrire : certaines ministres.

En l’occurrence, Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie.

Si vite débarquées à Lagnieu, là où a été poignardé le petit Valentin, qu’elles font davantage penser à deux vampires en maraude, pressées de se pourlécher les babines devant les caméras, qu’à deux membres du gouvernement.

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Hier donc, à l’heure où ne blanchit plus la campagne, Vampirella et Cruella se sont payées un tour d’honneur dans le village de l’Ain.

Se poussant du coude pour se mettre en valeur.

Sans que l’on sache s’il s’agissait surtout de réconforter la famille, rencontrée l’espace d’une demi-heure.

De parader devant les caméras, occasion inespérée de se faire voir en un début de mois d’août peu propice aux gros titres des journaux télévisés.

Ou de surfer sur ce macabre faits divers pour titiller la fibre répressive de nos concitoyens, encouragés à pousser la chansonnette en chœur sur une vieille mélodie bien connue, « Ces salauds on les aura, la peine de mort elle reviendra… »

Euh…

Ça ne vous rappelle rien ?

Non ?

Cherchez bien…

Un certain 15 août de l’an passé, même période médiatiquement creuse.

Un petit garçon enlevé et abusé par un vieux monsieur sans âme ni conscience.

Souvenez-vous : Rachida Dati, déjà, était partie à la rencontre de la famille.

Avant de promettre un durcissement de la loi envers les délinquants sexuels récidivistes.

Et ?

La promesse avait été tenue.

Et la loi, mettant à bas le principe de légalité des peines et instituant la rétention de sûreté pour les criminels multirécidivistes promulguée.

Malgré l’opposition de quelques voix éclairées.

Dont Robert Badinter : « Priver quelqu’un de sa liberté sans infraction, au nom de sa dangerosité supposée, c’est une idée qui remet en question les fondements même de notre justice pour se rapprocher des régimes totalitaires. »

Et Patrick Marest, délégué national de l’Observatoire international des prisons : « La rétention de sûreté, parce qu’elle ouvre la possibilité d’une relégation éternelle et assujettit la liberté individuelle à l’arbitraire d’un pronostic, constitue un renoncement aux valeurs qui fondent notre tradition humaniste. »

Ce qui n’avait pas empêché Rachida Dati d’user des fondements de notre justice comme d’un paillasson.

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Tout ça pour dire…

Les faits divers en plein mois d’août sont souvenu néfastes à la démocratie.

Et celui-ci ne devrait pas déroger à la règle.

Que voulez-vous ?

Vampirella et Cruella ne se déplacent pas pour rien…


COMMENTAIRES

 


  • Mais où ont-elles pris ce goût du sang, n’y aurait-il pas un maître vampire par là ?, un qui passe son temps à se repaître des « autres ».....bon, j’arrête car ce n’est pas vraiment une devinette mais une évidence.
    Continuez, article 11 a de l’avenir si le gros loup ne le mange pas.

    • mardi 5 août 2008 à 19h32, par JBB

      Le loup ? On va se la dévorer tout cru, oui… Nous aussi, on a le goût du sang.

      (Je sais, je m’emballe un peu…)

      Pour l’avenir, ce n’est pas gagné. Mais pour le plaisir à faire vivre ce site, oui.



  • J’ai vu Rachida qui disait que grâce à la loi qu’elle venait de faire passer les irresponsables pouvaient être jugé. Sur l’air effectivement ces salauds on les aura. Parce que c’est bien connu les fous ils font exprès d’être fous ils faut les juger ces salauds. Ils viendraient à l’idée de personne que si on les soignaient avant qu’ils passent à l’acte on éviterait bien des drames. Evidement c’est beaucoup moins visible comme action et puis ça fait pas la une du 20h

    Thalès

    Voir en ligne : http://chezthales.spaces.live.com/

    • mardi 5 août 2008 à 19h35, par JBB

      Tout d’accord avec vous, à tel point que je peux qu’approuver sans rien ajouter.

      Donc acte.

    • mardi 5 août 2008 à 23h08, par Zgur

      « Il viendrait à l’idée de personne que si on les soignaient avant qu’ils passent à l’acte on éviterait bien des drames. »

      Et bien si, c’est venu à l’idée d’un député de l’UMP qui déclarait au Parisien d’aujourd’hui (papier, pas trouvé l’itw sur leur site) que beaucoup de SDF devraient être aidés et soignés dans des unités psychiatrique plutôt que d’être laissés à l’abandon dans les rues, et que cela éviterait de nombreux drames.

      C’est pourtant son parti et la politique de son gouvernement qui prônent et appliquent une gestion « raisonnable », strictement comptable du système de santé et hospitalier français, et non en fonction des besoins sanitaires réels.
      Ce sont les rois des contorsionnistes à l’UMP.

      Arf !

      Zgur

      Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr

      • mercredi 6 août 2008 à 19h00, par JBB

        Là, je dois avouer que ce n’est pas bête. On pourrait même élargir le truc et balancer aussi les marginaux, les gauchistes et les déviants de toutes natures dans des unités psy. Quelques pilules régulièrement avalées, et hop : la France d’après serait bien calme…



  • Ce qui m’étonne c’est qu’elles n’étaient pas accompagnées par notre Grand Guide bien aimé. J’ai pensé en te lisant qu’il nous avaient abandonnés, qu’il ne veillait plus sur notre sécurité... Mais non :

    Les gendarmes vont pouvoir souffler. Après une semaine d’enquête, ils ont remis hier à la justice le principal suspect du meurtre de Valentin. La pression va retomber pour eux. Elle venait de haut. Le général Roland Gilles, nouveau directeur général de la gendarmerie, confie en effet que Nicolas Sarkozy lui avait demandé, au premier jour de l’investigation, de l’appeler tous les soirs pour lui raconter l’enquête.

    http://libelyon.blogs.liberation.fr/info/2008/08/lagresseur-prsu.html

    (Le lien que tu as mis sur LibéLyon ne fonctionne pas).

    Voir en ligne : http://repvblicae.wordpress.com/

    • Le lien que j’ai mis non plus... :(

      • mercredi 6 août 2008 à 19h03, par JBB

        On doit être aussi handicapé l’un que l’autre… Je n’arrive plus à retrouver cet article. :-)

        Il avait Sarko chaque soir au téléphone ? J’ai aussi lu que la chancellerie appelait toutes les quatre heures… Heureusement que nos fiers politiques connaissent les vraies priorités…



  • Juste une question, y a-t-il eu des aveux ?
    Sinon et la présomption d’innocence, on en fait quoi ?

    • mercredi 6 août 2008 à 18h40, par Zgur

      Auriez vous comme beaucoup en France la religion de l’aveu, ce trouble symptôme de la permanence de l’empreinte laissée dans les esprits par l’application de la justice « divine ».

      « Au Moyen-Age, une ordalie vérifiait l’aveu : l’accusé était torturé au fer rouge et, s’il disait la vérité, Dieu devait le guérir rapidement de ses blessures. A l’époque moderne, l’aveu, même passé dans des conditions douteuses, s’est imposé dans les prétoires comme vérité. »

      http://www.domainepublic.ch/files/a...

      Or, on en a connu qui avait avoué et qui pourtant étaient innocents de ce dont on les accusait.

      Arf !

      Zgur

      Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr

      • mercredi 6 août 2008 à 19h09, par JBB

        Pour ce cas précis, des aveux indirects, ceux de la compagne : « Elle a rapporté aux enquêteurs les aveux de Moitoiret, qui était parti »armé d’un couteau le soir du crime puis était rentré blessé à la main gauche et couvert de sang« , en lui déclarant avoir »tué un petit garçon"’, rapporte Ouest-France.

        @ Zgur : en ces temps-là, on savait faire parler les gens rapidement. Pas question de traînasser. Quelle riche époque…

      • jeudi 7 août 2008 à 18h29, par Zgur

        Et Dieu venait rarement contester les décisions de justice.

        (Normal, il n’existe pas)

        Arf !

        Zgur

        Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr

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