ARTICLE11
 
 

mercredi 30 mai 2012

Textes et traductions

posté à 11h26, par Alain Brossat
23 commentaires

« Pas n’importe qui... »

Au lendemain de l’élection de François Hollande, le philosophe Alain Brossat a envoyé ce texte au quotidien « L’Humanité » en vue d’une publication. Mais si la rédaction du journal publiait jusqu’ici ses tribunes sans faire des difficultés, celle-ci n’a pas eu l’heur de leur plaire, son courrier restant sans réponse. Comme on trouve ce texte éclairant, on a pris la relève...

Le lendemain de la victoire de François Hollande, dans son édition datée du 8 mai 2012, Le Monde publiait de larges extraits du discours prononcé par celui-ci, quelques heures après l’annonce de sa victoire, en son fief de Tulle (Corrèze). Mais le quotidien du soir omettait, de manière bien regrettable, d’y faire figurer ces mots qui, pourtant, ont bien été prononcés : « Nous ne sommes pas n’importe quel pays de la planète, n’importe quelle nation du monde – nous sommes la France », avant d’enchaîner, avec l’emphase de circonstance, sur les valeurs universelles de la République qu’il (le nouvel élu) s’engageait à promouvoir partout dans le monde, face aux dictatures et à la corruption ; ceci avant de conclure ainsi cette tirade : le 6 mai, c’est «  une nouvelle espérance pour le monde » - ni plus, ni moins.

Quelques jours auparavant, commentant le débat télévisé qui, deux heures et demie durant, avait opposé François Hollande à Nicolas Sarkozy, un quotidien gratuit titrait : « D’accord sur rien ». Un jugement hâtif et superficiel que font voler en éclat les quelques sentences qui viennent d’être citées : s’il est en effet une conviction sur le fond, un axiome et une inspiration que partagent les deux principaux concurrents à la Présidentielle et qu’ils ont en commun avec la très grande majorité de leurs pairs, hommes d’État et politiciens de partis (mais aussi intellectuels de pouvoir), de droite comme de gauche, c’est bien cela, qui se condense dans cette maxime : La France, ce n’est pas l’ordinaire des peuples, des nations et des États, ce n’est pas le tout venant des puissances, des cultures, des territoires et des histoires – la France, c’est l’exception exemplaire, c’est l’universel (« les valeurs ») en tant que particulier (« françaises  »).

Cette rhétorique qui nous vient du plus immémorial du discours de l’État, du discours « républicain  » appelle quelques commentaires. Elle a comme particularité de faire référence à la singularité d’une histoire et surtout d’un événement (la Révolution française) dont elle se garde bien ailleurs d’expliciter la portée pour nous et l’actualité – et pour cause, le jacobinisme, la passion de l’égalité d’un Robespierre ou d’un Saint-Just ne sont pas davantage la tasse de thé de François Hollande que de Nicolas Sarkozy. Elle suppose constamment cette sorte de miracle de la transsubstantiation de l’héritage qui ferait qu’à chaque instant la singularité de ce dont l’État (et les « élites  ») français s’estime gardiens aurait également vocation à instruire et éclairer les peuples du monde et leurs gouvernants. C’est cette croyance indéracinable, aussi puérile que présomptueuse, qui produit cet effet : tout naturellement, aux yeux du nouvel élu, la péripétie électorale du 6 mai se métamorphose en événement mondial doté d’un éclat d’exemplarité pour ainsi dire impérissable - « une nouvelle espérance pour le monde  ».

Ce que cette rhétorique suppose aussi, sans jamais l’expliciter, c’est qu’il est deux sortes de peuples, d’États, de destins nationaux : les ordinaires et les « pas n’importe qui  » - la France au premier chef. Au rang des premiers, on placerait aisément ces puissances moyennes, discrètes, sans génie propre – incapables de prêcher d’exemple de par l’éclat de leurs grands hommes et du sillon glorieux que trace leur Histoire – disons, au hasard, la Finlande, Taïwan, la Gambie, le Paraguay... Pauvres peuples sans destin, et qui traînent à la remorque de ces rares nations et États d’exception (on remarquera en passant que l’adjectif « exceptionnel  » revenait en boucle dans la bouche du sortant, Sarkozy - « vous avez été exceptionnels  », répétait-il inlassablement aux militants de l’UMP lors de son dernier discours de campagne) qui jalonnent l’Historia mundi.

Marx et Engels se moquaient de ces peuples « sans histoire » qui encombraient l’Europe centrale et orientale à l’heure du Printemps des peuples de 1848 (Tchèques, Ruthènes et autres Moldo-Valaques...). Hollande, lui, en bon disciple de Mitterrand, voit la France comme si rien n’avait changé depuis que Hegel vit passer sous ses yeux l’Esprit du monde juché sur un cheval blanc : en vecteur providentiel et à tous égards unique, exceptionnel, de l’espérance des peuples du monde. Curieux paradoxe, si l’on garde à l’esprit l’insistance avec laquelle cet homme au demeurant très ordinaire a placé sa présidence annoncée sous le signe du « normal  » - un président archi-normal pour un pays au destin unique, incomparable...

On aurait bien tort de voir dans cette envolée un dérapage incontrôlé ou la séquelle d’un vieux discours patriotique débranché. Il faut au contraire y identifier le noyau d’une présomption impériale et impérialiste qui ne s’est jamais démentie. Dans sa dimension pratique, en tant que discours destiné à informer l’action, ce propos est destiné au fond, aujourd’hui comme hier, à doter la puissance de l’État d’un crédit illimité d’ « actions impériales » de toutes sortes et toutes pourvues (dans l’esprit de ceux qui les profèrent) d’un crédit de légitimité morale et politique illimité – puisque toutes seront placées sous le signe des droits qu’ouvrent l’exemplaire exceptionnalité de ce que nous sommes en tant que nous sommes ce que nous sommes – la France. Le dernier exemple en date est tout récent – l’intervention « humanitaire  » en Libye, avec BHL dans le rôle du porteur non pas de valises, mais de « valeurs  », du croisé axiologique. Et l’on voit bien, dans ce cas, ce qu’il en est du bon usage de ce crédit auto-attribué au nom du «  pas n’importe qui  » : intervenant pour liquider Khadafi au nom des valeurs universelles (et néanmoins made in France), Sarkozy en profitera pour tenter, par la grâce de cette action sublime, d’effacer les traces de ses récentes collusions avec le dictateur - les « valeurs universelles » dans le caniveau de la très petite politique impériale.

D’une manière générale, le petit gimmick du « pas n’importe qui » remis en selle démonstrativement et inexorablement par Hollande à l’occasion de sa première expression publique a cette propriété : il rend inséparable, dans le discours public, étatique, tout ce qui couramment se subsume sous le nom des Lumières (l’héritage de...) et ce qui relève de la dimension impériale (coloniale et impérialiste) de notre Histoire. Sa mobilisation peut, en l’occurrence, être analysée comme un discret avertissement à adressé à ceux qui, en France, sont tombés du « mauvais  » côté de l’histoire coloniale : ce n’est pas demain, leur est-il signifié par le nouveau président « de gauche », que nous renoncerons à agir en toutes choses, avec vous comme avec vos pays d’origine et tous les autres « ordinaires  », en puissance impériale, en donneurs de leçons, en maîtres et énonciateurs inexorables du Droit.

Tout ceci étant énoncé d’un ton d’assurance imperturbable sur la place de la Cathédrale de Tulle, préfecture de la Corrèze, centre du Monde, capitale de l’Univers...


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 30 mai 2012 à 12h35, par thé

    En même temps, ça m’étonne pas qu’ils aient pas passé ; pourquoi ils l’auraient fait ? en vertu de quoi ?
    parce que cet universitaire s’insurge ?
    qu’il s’insurge où ça le porte.
    Moi, j’ai pas voté au 2° tour, maisme semble normal que l’Huma laisse pas passer ça

    après, sur le bien fondé de son analyse, oui, mais, pourquoi l’Huma ? ils ont soutenu Hollande, pieds et poings liés

    pourquoi s’étonner d’une évidence ?



  • mercredi 30 mai 2012 à 15h18, par gerard Leblond

    Censure ou rejet simple ? A la lecture du texte, il me semble plutôt qu’il s’agit de la deuxième solution. Etant donné que ce texte ne me semble pas d’une fulgurance intellectuelle faisant de son auteur un Ravachol de l’analyse politique.

    Surtout, qu’après « l’affaire » jules ferry et ce « pays exdraordinaire », le président « normal » a accepté de reconnaitre les crimes de Setif et du 17 octobre 1961. Certes, c’est peu de chose, presque rien, et d’ailleurs il n’y a rien a en attendre. Ce qui n’empêche que même dans l’esprit de celui-là il y a l’idée que cette « grande nation impérialiste » est faillible.

    • mercredi 30 mai 2012 à 17h31, par B

      L’Humanité a dû voir dans Brossat, l’ombre de Johnny Rockfort et des étoiles noires.

      Non, c’est pas parce que c’est un universitaire qui s’insurge mais le journal L’Humanité a déjà oublié que il n’y a pas si longtemps, son directeur a appelé à l’aide pour sauver son journal. Et bien, à la prochaine initiative stérile de ce genre, je ne lèverai plus le petit doigt.



  • mercredi 30 mai 2012 à 19h12, par wuwei

    Mais Hollande lui-même, n’est-il pas un de ces « n’importe quel pays » au service d’une idéologie bien trop commune ?



  • jeudi 31 mai 2012 à 11h13, par vrac provisoire

    Ça passe pas dans l’Huma parce que (?) cela reviendrait à déglinguer Mélanchon (qui à l’appui du P« C »F). Ce dernier, « mitterrandien », n’hésite jamais à invoquer « l’universalité de la France », comme ce fut le cas lors de son meeting de Toulouse où la présence de la France dans les 5 océans fut avancée comme preuve de cette universalité. Une « évidence » pour ces gens, et qui contrairement à ce que dit Brossat provient en droite ligne de l’héritage jacobin (celui-ci étant amputé de toute portée révolutionnaire, c’est à dire de toute conception offensive de l’égalité, nous en sommes d’accord).

    Mais rien ne « passe » dans la presse. Et quelque chose de bien plus « universel » que « la France » exerce depuis bien longtemps une forte emprise sur « nos » sociétés, définit un supposé « intérêt général » dont le gouvernement des populations tire légitimité et ressources, l’emploi, le « besoin » d’emploi, la lutte pour l’emploi, la croissance qu’il nous faut pour l’emploi, etc. La « grandeur de la France », c’est aussi comme le revendiquait Aubry, de ne pas avoir ouvert doit au RMI aux moins de 25 ans pour « leur éviter l’indignité de l’assistance » (ce faisant on a dressé de générations d’entrants dans le salariat à la précarité).
    Actuellement le PS s’évertue à ne pas nous décourager de voter aux législatives. Faut pas nous effrayer, les choses sérieuses commenceront après (par exemple avec la remise du rapport de la cour des comptes par un socialiste qui y siège, Migaud, sur l« état des finances publiques »).
    Il y a bien des signes avant coureurs... Cela peut apparaître comme des questions « techniques », spécialisées, ni les syndicats, ni les journalistes n’en font une lecture et nous serions portés à les dédaigner depuis que le « refus des revendications » fait figure de précepte pour qui s’attache à rompre avec la subjectivité capitaliste, mais la mini réforme socialiste des retraites en cache une autre. Personne ne le relève mais le gouvernement se prépare à déroger au droit commun en ne prenant pas en compte les périodes de chômage indemnisé pour l’ouverture des droits à pension de retraite lors de la modification annoncée qui vise à autoriser le départ à la retraite à 60 ans de qui a travaillé jeune. Cela passe totalement inaperçu, mais ce gouvernement est prêt à aggraver l’existant en la matière, à la marge pour cette fois mais qu’en sera-t-il demain lorsque le comité d’orientation des retraites, crée par Jospin, reprendra du service lorsqu’il faudra à nouveau « sauver le régime » ?
    Déjà, les périodes de chômage non indemnisées ou de (RMI)RSA ne sont pas prises en compte parmi les trimestres ouvrant doit à pension de retraite, or la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés.
    Comme dit l’OCDE : « Les réformes structurelles qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés ».
    C’est ce que le PS avait fait dès 1982 -avant même le blocage des salaires et la rigueur de 1983, avant même que des ex LCR fabrique l’OPA SOS race pour casser le mouvement autonome des jeunes issus de l’immigration, avant même qu’un gouvernement socialiste dénonce les grévistes de l’automobile en tant que « intégristes sabotant la production nationale ». En 1982, sous prétexte de « sauver le régime » d’assurance-chômage« , Notat(CFDT) et le gouvernement avait fait basculer une majorité de chômeurs dans la non-indmenisation en liant plus étroitement l’ouverture de droit à la durée d’emploi. amputant les droits des chômeurs (mais c’est le genre de choses dont un Brosssat se fout éperdument, comme tout un tas de gauchards et de »radicaux", aussi précaires soient-ils en fait, etqui pourraient tout aussi bien être rédacs chef à l’huma ou à TF1 de ce point de vue).
    La rigueur qui vient sera socialiste (et quoi de mieux qu’un ex-HEC pour ce faire ?).
    Et l’idéologie du travail sera, comme de coutume, son principe directeur.
    Pour mémoire, au moment ou un paquet de responsables ayant exercé sous Jospin sont de retour aux manettes, un tract chômeurs et précaires écrit lorsque celui-ci était premier ministre, en 1998 : ’à gauche poubelle, précaires rebelles.

    Excusez l’invasion, ou passez à autre chose, mais l’enjeu du contrôle, par le travail et par le chômage exige d’être creusé, à nouveau un bref détour donc sur ce qui se joue avec la politique néolibérale (PS CAC 40 HEC inclut), et non pas « libérale », où il ne s’agit pas de postuler le « moins d’état », mais que l’état, les experts, les journalistes, organisent, produisent le marché comme institution et la concurrence comme rapport social dominant :

    « Revenons à présent à Nietzsche, pour qui « le rapport social le plus ancien et le plus primitif qui soit entre personnes » est le rapport entre créancier et débiteur. C’est dans ce rapport que « pour la première fois, la personne affronte la personne [c’est là que] la personne se mesure avec la personne pour la première fois ». Dans La Généalogie de la morale, Friedrich Nietzsche affirme que la possibilité d’extraire de l’ « homme-fauve » un « homme civilisé », c’est-à-dire un homme « prévisible, régulier, calculable », passe par la production d’un homme capable de promettre. La tâche d’une communauté ou d’une société est d’abord d’élever un homme à même de « se porter garant de soi », de façon qu’il puisse s’acquitter de la dette envers ses différents créanciers (la communauté, les ancêtres ou la divinité). Pour honorer la promesse de rembourser la dette qu’il a contractée avec son créancier, il faut fabriquer, à cet « oubli incarné qu’est l’homme », une mémoire, une conscience, une intériorité qui le rende à la fois coupable et responsable de ce à quoi il s’est engagé. La dette implique ce que Nietzsche appelle un « travail sur soi, une torture de soi », un « travail de l’homme sur lui-même ».

    L’implication de la subjectivité dans l’économie néolibérale, la fabrication du « capital humain » s’expliquent précisément par l’économie de la dette.
    Le capitalisme contemporain, d’une part, encourage les gouvernés à s’endetter (aux États-Unis, où l’épargne est négative, on contracte tous genres de crédits à la consommation, pour acheter une maison, pour poursuivre ses études, etc.) en ôtant à l’endettement en général toute charge culpabilisante ; d’autre part, il culpabilise individuellement les citoyens en les rendant responsables des déficits publics (de la Sécurité sociale, de l’Assurance-maladie, de l’Assurance-chômage, etc.), qu’ils sont invités à combler en sacrifiant leurs droits sociaux. Cette incitation à contracter des crédits et cette obligation de faire des sacrifices pour réduire le déficit des dépenses sociales ne sont pas contradictoires, puisqu’il s’agit d’installer les gouvernés dans un système de dette infinie : on n’en a jamais fini avec la dette dans le capitalisme financier, tout simplement parce qu’elle n’est pas remboursable.

    La dette infinie n’est pas d’abord un dispositif économique, mais une technique sécuritaire pour réduire les risques des comportements dangereux des gouvernés. En dressant les gouvernés à « promettre » (à honorer leur crédit), le capitalisme « dispose à l’avance de l’avenir », puisque les obligations de la dette permettent de prévoir, de calculer, de mesurer, d’établir des équivalences entre les comportements actuels et les comportements à venir. Ce sont les effets de pouvoir de la dette sur la subjectivité (culpabilité et responsabilité) qui permettent au capitalisme de jeter un pont entre le présent et le futur.

    Dans la logique néolibérale, les allocations que le chômeur ou le bénéficiaires de RSA reçoivent ne sont pas tant des droits que des dettes. Les allocations chômage ne sont pas un droit acquis par les cotisations, mais une dette qui doit être remboursée avec intérêts. La conscience de cette transformation lente, mais qui progresse depuis les années1980, commence à émerger chez les usagers de Pôle emploi. (…) » (extrait de Dette objective et dette subjective, des droits sociaux à la dette).

    J’en finis. Rompre avec la « fierté française », ok. Mais aussi devenir en quelque sorte étrangers à nos expériences de la précarité, se les approprier de manière critique plutôt que de s’y montrer indifférents, ce qui contribue à naturaliser les rapports sociaux et à autoriser qui gouverne.



  • vendredi 1er juin 2012 à 00h17, par non

    Cet article est débile, il mélange tout, l’argumentation n’a aucun sens.

    • vendredi 1er juin 2012 à 00h34, par el mexicano

      C’est pour dire ça que tu encombres l’espace dévolu aux commentaires ? mais va te faire une soupe d’esques !

    • mercredi 20 juin 2012 à 20h09, par denis

      merci pour cet argumentaire très convaincant



  • vendredi 1er juin 2012 à 09h10, par Karib

    Merci à celui qui signe « Vrac provisoire » (joli pseudo) d’avoir rappelé quelques arrêtes difficiles à déglutir pour la gauche officielle. On peut être en désaccord avec la perspective garantiste souvent défendue par la cip-idf (c’est mon cas) et se réjouir de cette analyse.
    A part ça, Anastasie ne devait-elle pas reprendre du service sur Article XI ? Cela nous éviterait d’avoir à subir le crétin répétitif qui signe B.



  • vendredi 1er juin 2012 à 23h19, par Quadru

    La prétention française fait rire partout ailleurs qu’en France. Brossat a écrit des choses bien plus radicales et profondes que ça, que l’Huma décide de le censurer là-dessus montre seulement qu’effectivement il touche une corde sensible : le patriotisme, par où le FDG tente de piquer (avec les meilleures intentions antiracistes) son électorat à la dynastie Le Pen.
    Sinon, la faiblesse de la rhétorique de l’exception française c’est que la France n’a plus du tout les moyens de ses ambitions éventuelles, tout le monde s’en fout de la France et c’est tant mieux. Ça permet à ceux qui parlent français, qui ont une histoire personnelle plus ou moins liée à ce sol (qu’ils y soient nés, qu’ils y soient de passage ou qu’ils aient envie d’y rester) d’y prendre ce qui leur chante (par exemple, moi, les fromages, l’athéïsme, l’antipuritanisme, la gréviculture, etc : mais la liste de ce qui me fait gerber dans les particularités françaises pourrait être aussi longue… )sans se sentir partie prenante d’un impérialisme qui n’a plus les moyens d’exister.

    • samedi 2 juin 2012 à 09h38, par B

      Les gens du Front de gauche sont obligés de devenir fachos.
      C’est ça qui est triste comme disait Bourvil dans les crayons.
      C’est triste quand même de pas reconnaître son enfant.

      • samedi 2 juin 2012 à 13h20, par alex.

        On ne peut pas dire que les « gens du front de gauche » vont fatalement devenir « fachos ». Et on entend quoi par « gens du front de gauche » ? les membres des partis composant le front ou les électeurs ou les deux ? Je me fiche des turpitudes d’un PCF mais parmi les électeurs, beaucoup de ceux qui ont voté fg avaient une réelle bonne volonté, qui étaient tout à fait hostile aux idées du FN. Dire d’eux qu’ils sont des fachos en puissance, c’est juste jouer avec les mots. Et c’est méprisant.

    • mercredi 6 juin 2012 à 12h53, par pièce détachée

      @ Quadru : tout à fait d’accord. Inaugurer un quinquennat avec la “grandeur de la France” paraît d’une futilité aussi ridicule qu’inaugurer des chrysanthèmes devant un aréopage de dames en capeline d’organdi ; ça ne méritait pas tant de zèle dans l’indignation (et merci à vrac provisoire de conduire les regards ailleurs que vers ces buffets de petits fours sous les bougainvillées).



  • dimanche 3 juin 2012 à 20h04, par Malekal

    Pas étonnant.. Rappelez-vous quand l’Huma écrivait que les révoltes des colonisés ayant donné le massacre de Sétif était du fait d’indigènes soutenant le nazisme !

    • dimanche 3 juin 2012 à 21h33, par thé

      Tout à fait.
      L’Huma n’a pas changé.
      On y voit toujours que, depuis la Libération, le Parti n’a pas manqué de continuité et de constance dans l’interprétation très particulière qu’il a donnée du léninisme dans les questions coloniales.
      Tous les militants du PCF, non. certaines voix se sont élevé contre ; mais la ligne de L’Huma est bien toujours la même.



  • mercredi 13 juin 2012 à 22h04, par George Brassens

    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part...



  • mardi 26 juin 2012 à 17h00, par Wroblewski

    Dans le même genre : « Je parlais récemment avec une femme journaliste à la télévision du débat sur l’interdiction du foulard à l’école et du fait que cela pénalisait de jeunes Françaises. Elle en était d’accord mais elle pensait que cette interdiction pouvait aider… les Iraniennes ! Quand je lui ai demandé en quoi, elle m’a répondu que cela pouvait « être un signe ». Mais un signe de quoi et dirigé vers qui ? On ne peut comprendre ce qu’elle voulait dire qu’en s’inscrivant à l’intérieur du mythe national qui voit la France comme phare et guide des nations. Dans ce paradigme, dès que les Français font quelque chose, à l’étranger on se dit : « Ah, les Français font ça ! ! Ça doit être intéressant ! Et si on faisait la même chose ? ». Mais les autres pays ne se disent pas cela, ils sont dans leur propre mythe national, pas dans le nôtre, et ils ne nous voient pas comme un exemple. Il faut qu’on se mette bien cela dans la tête. Je trouve triste que des gens aient cette vision… qu’ils imaginent encore la France comme une espèce de fanal qui inonde de sa lumière les autres pays. Parce que c’est une illusion. (…) En nous croyant un exemple, dans notre rêve franco-français, nous sous-estimons complètement le ressentiment qui continue d’exister en Afrique du Nord, et en Afrique tout court, contre la France, contre toutes les puissances coloniales. On ne veut pas en tenir compte, on se raccroche à notre version du conflit, une version pro-colonialiste, et on refuse de voir ce ressentiment. » Christine Delphy.



  • mercredi 27 juin 2012 à 14h09, par passant

    La liste des politiques dans le monde qui ont flatté leurs peuples avec ce genre de formules est plus que longue.
    Il n’y a pas de quoi en faire des tonnes.
    Si c’était la seule chose à reprocher à Hollande, on ne peut que s’étonner que certains (voir article précédent de M. Brossat) aient décidé de ne pas voter pour lui aux présidentielles...
    Car ils ont ce faisant décidé de laisser repasser Sarkozy.
    Quand on est prêt à laisser repasser Sarkozy, les tartines sur quelques formules malheureuses de Hollande ne pèsent pas lourd, hein...
    Il faudra attendre un peu pour retrouver une crédibilité radicale, si cela arrive.
    Au fait, si ça se trouve, ce n’est pas pour la grandeur de la France que Sarkozy est intervenu en Lybie, c’est pour faire taire quelqu’un qui menaçait de dire qu’il avait financé sa campagne aux présidentielles de 2007 à hauteur de 50 millions d’euros au moins, parait-il.
    Un peu une histoire entre parrains de la mafia quoi.



  • vendredi 27 juillet 2012 à 11h18, par Flowerpower7

    Mais qui peut encore croire que L’HUMANITE est un journal pluraliste ?
    Il y a des jours où on peut se mettre à douter de l’intelligence d’une personne partant d’un tel postulat ?
    On en viendrait ainsi même à relire l’article avec un regard plus critique.

  • Répondre à cet article