ARTICLE11
 
 

jeudi 14 mai 2009

Le Charançon Libéré

posté à 15h04, par JBB
37 commentaires

Laurent Joffrin et Karl Marx sont dans un bateau…
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La crise ? Elle n’a rien changé. Comme si l’écroulement de l’économie financiarisée et l’indécence des cosmocrates n’invalidaient pas le discours d’une certaine gauche, qui prône l’acceptation du marché et de ses lois néo-libérales… Pour Laurent Joffrin, éternel chantre de la « modernisation » de la gauche, il est toujours aussi urgent de dénoncer la gauche « dogmatique ». Ridicule.

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La radio libre FPP m’a gentiment proposé de faire une petite chronique hebdomadaire, le jeudi à 12 h 30. Comme je ne recule devant rien, je vous la copie-colle ici. Hop !


Il m’est arrivé un drôle de truc ce matin, il faut que je vous le raconte.

Je me lève, l’esprit embrumé, encore un brin alcoolisé.

Je baille à répétition.

Je me dirige vers la cuisine.

J’ouvre la porte.

Je rentre dans la pièce sans trop faire attention.

Je sens une présence.

Je tourne le regard, étonné et surpris.

Et je vois un mec, installé dans ma poubelle.

Un gars portant une redingote et une grande barbe blanche, affichant un visage qui me dit quelque chose et l’air pas trop content d’être là, avec les genoux dépassant à moitié de la poubelle et assis sur un fond d’épluchure de pommes de terre.

Je me frotte les yeux.

Me dis qu’il faut vraiment que j’arrête de boire, il est encore temps.

Détourne le regard avant de le ramener sur ce coin de la pièce.

Mais rien à faire : le mec est toujours là, barbe blanche, poubelle, redingote, allure mécontente, genoux en carafe.

On se regarde sans rien dire.

Et puis, il me sort : tu veux pas m’aider, camarade  ?

Je lui tends la main, l’aide à sortir de là.

Et lui fait comme si de rien n’était, comme si c’était normal de débarquer dans la cuisine de quelqu’un et de s’installer dans sa poubelle, faut pas s’étonner, ce sont des choses qui arrivent…


J’ai fini par retrouver l’usage de la parole et il m’a tout expliqué autour d’un café, pourquoi la poubelle, comment ma cuisine, etc.

Accrochez-vous, parce que ça ne va pas vraiment être facile à suivre.

De un, le gus n’en est pas un. C’est un grand monsieur. Enfin… c’était. Pour être clair, même si ça va pas l’être tout à fait, c’est l’esprit de Karl Marx, son ectoplasme. Un revenant, quoi, et pas n’importe lequel : l’auteur du Capital et du Manifeste du Parti communiste. Dans ma poubelle à moi ! J’étais flatté.

De deux, ce bon vieux Karl a débarqué chez moi par inadvertance, après avoir été sorti de son grand sommeil réparateur et bien mérité par une main funeste venu lui chatouiller les petons et le tirer par les pieds. En clair : une force invisible l’a contraint à venir passer quelques heures sur terre. Il m’a confié que ça arrivait souvent.

De trois, il y a eu une erreur d’aiguillage quelque part, les forces occultes qui président ce monde peuvent aussi se tromper. Ce n’est pas dans ma poubelle que le barbu communiste devait atterrir, mais dans celle d’un autre grand barbu devant l’éternel, Laurent Joffrin, le grand chef ridicule et si imbus de lui-même de Libération.

De quatre, le plan a raté pour cette fois, mais ce n’est que partie remise. Le plan ? C’était que Laurent Joffrin, social-traître d’élite qui ne cesse de vanter les mérites du marché et de fustiger tout ce qui ne relève pas de la gauche molle et de la droite réformiste, débarque dans sa cuisine au petit matin, tombe sur Marx assis dans sa poubelle, ne résiste pas à cette vision dont l’horreur pour lui serait encore accrue par quelques mots négligemment lâchés par ce bon vieux Karl, Prolétaires de tous les pays, unissez-vous, et en fasse une attaque.

De cinq, l’idée n’était pas que Laurent Joffrin en meure, mais simplement que sa santé mentale s’en trouve encore plus entamée qu’aujourd’hui.

De six, le plan ne reposait pas seulement sur les épaules de Marx. Après Karl dans la poubelle de sa cuisine, Laurent aurait dû tomber sur Bakounine dans ses chiottes demain, Jaurès dans son débarras samedi et Kropotkine sous son paillasson dimanche.

De sept, il s’agissait de faire payer à Joffrin vingt ans de braillements en faveur du marché, et autant de temps passés à vagir pour que la gauche se modernise, abdiquant ses pseudos archaïsme façon lutte des classes ou nécessité de la révolution.

De huit, c’est un énième papier du sieur Joffrin, article intitulé « La grande intox de la gauche doctrinaire » et paru il y a quelques jours, recension d’un livre tout juste publié, La Gauche devant l’histoire, qui a mis le feu aux poudres.

De neuf, ce papier commençait sur ces mots très inspirés - « Saint Jaurès, délivrez-nous de la gauche doctrinaire ! » - et prenait prétexte du livre pour dévider sur une demi-page les hantises du barbichu Joffrin, celles d’une politique réellement ancrée à gauche qui ne reconnaisse pas le pouvoir des actionnaires, n’accepte pas la richesse exubérante de quelques privilégiés et ne souhaite pas libérer l’entreprise pour la mettre au cœur de la société.

De dix, il faut insister sur le contexte : l’économie financiarisée s’écroule, le système néo-libéral se casse la binette à force d’avidité et d’irresponsabilité, les grands patrons se comportent comme des loufiats de bas-étage pressés d’engranger encore davantage de menu monnaie avant que les ruines ne s’enflamment définitivement, et surtout - surtout - l’échec absolu d’un marché qui a été porté aux nues pendant trente ans est désormais évident aux yeux de tous.

De onze, on en est là, une économie en ruine et une lutte des classes qui n’a jamais été autant d’actualité, et Laurent Joffrin, big boss d’un journal qui se prétend de gauche mais porte ses testicules à droite, Laurent Joffrin, donc, commet une demi-page d’insanité pour dire combien il est important de ne pas tomber dans la tentation de la gauche dure ou radicale : on croit rêver…


Voilà toute l’histoire.

Je ne sais pas si vous avez suivi, moi-même j’ai eu un peu de mal au début1.

Mais une fois que ça s’est éclairci, j’ai souri à Karl.

Je lui ai donné une tape sur l’épaule.

Et je lui ai filé l’adresse de Laurent Joffrin.

La bonne.



1 A ma décharge, Lémi me signale que« je ne suis pas le seul à m’embarquer dans des histoires bizarres prenant pour thème la résurrection de Marx ». Et m’indique que le grand Howard Zinn en personne l’a fait - avec cent mille fois plus de classe, bien entendu - en publiant une pièce de théâtre, Marx in Soho (Traduite et publiée en français, sous le nom de Karl Marx le retour aux éditions Agone). Voici ce que Zinn en disait : « Je voulais montrer Marx furieux que ses conceptions eussent été déformées jusqu’à s’identifier aux cruautés staliniennes. Je pensais nécessaire de sauver Marx non seulement de ces pseudo-communistes qui avaient installé l’empire de la répression, mais aussi de ces écrivains et politiciens de l’Ouest qui s’extasiaient désormais sur le triomphe du capitalisme. Je souhaite que cette pièce n’éclaire pas seulement Marx et son temps, mais également notre époque et la place que nous y tenons. »


COMMENTAIRES

 


  • jeudi 14 mai 2009 à 15h28, par yelrah

    L’esprit d’un grand homme peut il percevoir cet ectoplasme de journaliste ?

    Ou...

    Cet ectoplasme de journaliste peut il percevoir l’esprit d’un grand homme ?



  • jeudi 14 mai 2009 à 16h23, par tgb

    remarque il n’est pas exclu qu’ Adam Smith lui tire la barbiche toutes les nuits et que l’insomnie faisant la journée il soit quelque peu dans lle coltard enfin c’est ce que je plaiderai le jour du procès devant le tribunal révolutionnaire

    cela dit

    c’est quand même moche que les adeptes du poil ne soient pas plus solidaires

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

    • jeudi 14 mai 2009 à 18h31, par JBB

      Adam Smith, en attendant Thatcher et Hayek. Ses nuits vont devenir vraiment difficiles…

      « c’est quand même moche que les adeptes du poil ne soient pas plus solidaires »

      Oui. Et d’autant plus que j’en suis un autre…



  • jeudi 14 mai 2009 à 17h22, par Moh

    La barbichu grotesque nous fait son auto-psychanalyse, il tente de justifier la trahison de ses idéaux de jeunesse. J’ai toujours pensé qu’il a lancé Libé sur une ligne anti-sarkozyste dans l’espoir de vendre plus, et non par conviction.

    Le moustachu grotesque, Plenel, faisait la même chose avec son concept « penser contre soi même ». En ce moment, il tente de se refaire une virginité dans l’anti-sarkozysme.

    Le prognathe grotesque, Philippe Val, va nous sortir un truc du même tonneau, gageons-le.

    Ces hommes souffrent, ils se détestent intérieurement, ils savent qu’ils seront oubliés 10 minutes après leur mort : alors ils ont décidé de nous en faire baver.

    • jeudi 14 mai 2009 à 19h01, par JBB

      « dans l’espoir de vendre plus »

      Pour lui, Libération est une marque, son journal un produit : il s’agit de se positionner sur le marché. C’est ce qu’a essayé de faire Joffrin (on retombe sur la vidéo que tu citais juste en-dessous), mais il s’est particulièrement planté. Plus personne n’achète Libé et plus personne ne s’y reconnaît.



    • jeudi 14 mai 2009 à 18h26, par JBB

      Pas mal !

      J’aime bien le « Quand j’étais militant… », le « On a le lectorat le plus diplômé de France » et « Si vous allez à l’extrême-gauche, il n’y a plus personne ». Au moins, on voit bien quels critères ont joué pour faire évoluer « la ligne » du journal.



  • jeudi 14 mai 2009 à 17h37, par boycott

    En fait, pour Joffrin, la gauche est vraiment de gauche quand elle est de droite...

    Et quand les gens qui se disent de gauche boycotteront enfin tous ce torchon, Libération, ça ira déjà mieux pour la gauche : elle économisera de l’argent en en donnant moins à ses ennemis.

    Pas d’inquiétudes à avoir pour Marx, par contre, ils ne jouent pas dans la même cour.

    • jeudi 14 mai 2009 à 18h45, par JBB

      « Et quand les gens qui se disent de gauche boycotteront enfin tous ce torchon »

      Quelque part, c’est sans doute ce qui se passe depuis un moment. Au moins vu les chiffres de vente de Libération…

      • jeudi 14 mai 2009 à 19h01, par Crapaud Rouge

        Boycotter ce torchon ? Qui veut mettre tout son personnel au chômage ? Pour ma part, je l’achète de temps en temps pour lire dans le métro. Les pages Rebonds en priorité, le reste, bof, ça dépend des jours. Mais toujours quelques articles intéressants quand même. Dans le métro, faut bien trouver de quoi s’occuper l’esprit pour ne pas voir le trajet.

        • jeudi 14 mai 2009 à 19h10, par boycott

          Un boycott ne se fait pas sans « dégâts collatéraux ». A eux, les « dégâts collatéraux », ça ne leur a jamais posé de problème.

          • jeudi 14 mai 2009 à 20h52, par Crapaud Rouge

            Tsss ! Tsss !

            • vendredi 15 mai 2009 à 12h13, par boycott

              Les Val ou les Joffrin sont des rédacteurs en chef emblématiques de leurs torchons, mais même en les changeant, ça restera des journaux néolibéraux, pour une certaine idée de l’europe (appel au vote oui:2005), pour le 2d tour nain-jobastre (2007) ,le conflit de civilisation, pour la bourse et contre les secteur public : ils ne ratent aucune sale cause. En plus, c’étaient en général des articles très bêtes.
              Boycott, donc.



  • jeudi 14 mai 2009 à 18h54, par Crapaud Rouge

    Et son café, il le prend comment ? Je parle de Marx, pas de Joffrin... Pourquoi du reste t’offusquer de cet intelloïde dont les opinions, désormais archi-connues, sont sans surprise ?

    Il se trouve que je suis tombé par hasard sur un texte de Marx, ici, qui a pris des rides dans la forme, mais dont le fond est toujours d’actualité. Sur le plan des concepts et des types de problèmes, (socio-économiques), nous en sommes au même point qu’en 1848 : prix, salaires, chômage, pauvreté, concurrence, rente,...

    • jeudi 14 mai 2009 à 18h58, par JBB

      « Pourquoi du reste t’offusquer de cet intelloïde dont les opinions, désormais archi-connues, sont sans surprise ? »

       :-)

      Pour être honnête, parce que j’avais la gueule de bois et pas d’idée pour la chronique ce matin. Mais tout d’accord avec ton constat : rien de neuf là-dedans, de très très loin.

      Pour le texte sur le libre-échange, on s’y croirait. Surtout cette citation : « Jésus-Christ, c’est le free-trade ; le free-trade, c’est Jésus-Christ ! » rien ne change, en fait.

      • jeudi 14 mai 2009 à 21h07, par Crapaud Rouge

        Ce texte de Marx m’a d’ailleurs suggéré cette petite réflexion (sûrement pas nouvelle) : c’est que le régime stalinien a bougrement servi les intérêts du capitalisme. A cause de lui, Marx est passé pour extrémiste, idéaliste, irréaliste et tout le toutime, ce qui a sérieusement limité la diffusion de sa pensée. C’est pour ça que rien n’a changé depuis son époque, car, pour changer les choses, il faut y réfléchir, mettre le doigt sur les vrais problèmes, les diffuser dans la population, etc.

        Et j’ai la nostalgie pour les canuts de Lyon qui avaient fichtrement raison de se révolter en disant que les machines leur volaient leur savoir-faire. C’est un texte de Pièces et Main-d’oeuvre qui vient de me le rappeler. Les salariés les mieux payés sont encore ceux dont les connaissances sont « en avance », cad pas encore avalées par les machines. Mais ça ne dure jamais. Au final, malgré toute l’éducation et la formation que l’on reçoit, on est toujours aussi ignares, cad dépossédés de son savoir-faire, parce que « le marché » en réduit toujours la valeur à des clopinettes.

        • vendredi 15 mai 2009 à 02h19, par J. de l’E.

          Voir l’excellent ouvrage de Fernand Rude, Les révoltes des canuts (1831 - 1834)...

          ... « Vivre en travaillant ou mourir en combattant »...

          • vendredi 15 mai 2009 à 10h43, par CaptainObvious

            Mmmh, pour ma part je préfererais « vivre en n’en branlant pas une »

            • vendredi 15 mai 2009 à 11h50, par Crapaud Rouge

              « vivre en n’en branlant pas une » : c’est ce que le capitalisme n’a de cesse de nous promettre pour justifier ses sempiternels gains de productivité...

            • vendredi 15 mai 2009 à 11h56, par JBB

              @ Crapaud Rouge : cette bonne vieille fonction de l’épouvantail, il n’y a rien de mieux pour discréditer un corpus de pensée. Et il est aussi clair que le régime stalinien a servi le capitalisme. Et même qu’ils se sont mutuellement servis tous deux : en s’opposant, ils se donnaient corps l’un l’autre, se légitimaient et se renforçaient.

              Pour la dépossession, on retombe sur la définition des prolétaires par les situs, soit « tous ceux qui n’ont aucun pouvoir sur leur vie et qui le savent ». Le texte de Pièces et Main d’Oeuvre montre bien que c’est contre ça que se révoltaient les ouvriers, la perte de leur expertise et qualité.

              @ J de l’E. : mais de mort lente, alors…

              @ CaptainObvious : :-)

              @ Crapaud Rouge : oui, un slogan vide pour faire tout l’inverse, civilisation des loisirs qui les fait peu à peu disparaître.



  • jeudi 14 mai 2009 à 20h41, par ubifaciunt

    A ce propos, on pourra lire avec profit le dernier opus du camarade Jérôme Leroy qui, derrière son stalinisme-femmes à poil de façade est aussi fin et franc-buveur que les auteurs de ce site.

    Un Poulpe, donc (et oui, ça existe encore...) : « A vos Marx, prêts, partez ! »

    Qui raconte justement ça, sortir le Karl de la poubelle, sauver les Manuscrits de 44 et la Guerre civile en France.

    D’ailleurs, à propos, cette citation de la Guerre civile (à propos d’un autre barbichu massacreur), qui convient aussi bien au Joffrin qu’au Nabot :

    « Passé maître dans la petite fripouillerie politique, virtuose du parjure et de la trahison, rompu à tous les bas stratagèmes, aux expédients sournois et aux viles perfidies de la lutte des partis au Parlement, toujours prêt à allumer une révolution pour l’étouffer dans le sang une fois qu’il y est revenu avec des préjugés de classe en guise d’idées, de la vanité en guise de coeur menant une vie privée aussi abjecte que sa vie publique est méprisable, - il ne peut s’empêcher, même maintenant où il joue le rôle d’un Sylla français, de rehausser l’abomination de ses actes par le ridicule de ses fanfaronnades. »

    • vendredi 15 mai 2009 à 12h06, par JBB

      « est aussi fin et franc-buveur que les auteurs de ce site »

      Eheh… Je sais pas toi. Mais là, je me repends, côté godets…

      « Un Poulpe, donc (et oui, ça existe encore...) »

      Je vais me le procurer ? En espérant retrouver ce plaisir que j’avais, à 20-22 ans, à les lire à la chaîne, sans lever les yeux ni bouger d’un cil. C’était parfait.

      Très classe citation :-)



  • jeudi 14 mai 2009 à 21h34, par wuwei

    Dès février 1984 notre improbable journaliste barbichu s’était rallié à la nouvelle gauche moderne et libérale, celle d’Alain Minc , via l’émission « Vive la Crise ». A l’époque il n’avait pas de mots assez durs pour railler le trop d’état et l’échec des deux premières années de la gauche au pouvoir et vantait sans réserve les vertus du thatchérisme . Aujourd’hui cet âne bâté vilipende les banquiers et demande la nationalisation des banques. Comme on dit dans le midi il est tout escagassé du citron le pôvre !

    • vendredi 15 mai 2009 à 12h10, par JBB

      « Aujourd’hui cet âne bâté vilipende les banquiers et demande la nationalisation des banques »

      Il fonctionne à la façon d’un Sarkozy. Logique, au fond, tant la fonction d’éditorialiste telle que la conçoit Joffrin ne consiste qu’à écrire ce qu’il pense être la doxa dominante, se prétendre courroie de transmission de l’opinion tout en la faisant rentrer dans ses petites cases préconçues.



  • jeudi 14 mai 2009 à 23h25, par Nassiet

    « ...C’était que Laurent Joffrin, social-traître d’élite qui ne cesse de vanter les mérites du marché... » Joffrin n’est pas un traître. Il fait son « boulot » de social-démocrate. Tout comme le PS le fait. Rassembler les mécontentements pour les stériliser. Ou « changer la vie » pour mieux conserver (voire renforcer) l’exploitation, le capitalisme. Je chicane un peu sur cette expression de « social-traître » : et à propos de bateaux, elle me rappelle la colère des dockers de Lorient qui croyaient insulter le Ministre socialiste de la Mer, Michel Le Drian, qui était alors aussi le Maire de Lorient (aujourd’hui président du Conseil Régional de Bretagne) en le traitant de traître suite à ses décisions bruxelloises de privatiser la gestion des ports... Il n’y a que les camarades ou les amis qui peuvent trahir. Les autres font ce qu’ils croient devoir faire.
    Ceci dit c’est très sympa de lire tes chroniques.

    • vendredi 15 mai 2009 à 12h10, par Crapaud Rouge

      « Il n’y a que les camarades ou les amis qui peuvent trahir. » : excellent petit rappel de la logique profonde des êtres et des choses. C’est d’autant plus intéressant que la grande majorité des gens, qui pourraient se dire opposés au capitalisme quand on leur met le nez sur ses effets désastreux, y consentent malgré tout à cause de leur boulot. Et je me vise en premier. Le capitalisme transforme le monde, nous sommes dans ce monde, donc dans le capitalisme. Tous compromis sans l’avoir voulu. Ni traître ni partisan de quoique ce soit. Dans le fond, on ne sait plus ce que l’on est. Il faut être d’une sacré trempe pour conserver son propre cap, pour ne pas dissoudre ses idéaux dans le nihilisme capitaliste. Mais les gens ordinaires ont une excuse : ils n’écrivent pas d’éditoriaux, pas de livres ni de pamphlets.

      • vendredi 15 mai 2009 à 12h43, par JBB

        @ Nassiet : « Joffrin n’est pas un traître. »

        Correction bienvenue (et tu ne chicanes pas). C’est vrai qu’il n’a guère varié dans sa ligne et qu’il n’a jamais prétendu être autre chose qu’un social-démocrate. Mais l’expression me fait poiler, alors j’ai un peu tendances à la balancer à toutes les sauces.

        « Il n’y a que les camarades ou les amis qui peuvent trahir. »

        Oh que oui. Je m’incline :-)

        @ Crapaud Rouge : « les gens ordinaires ont une excuse »

        C’est là un point essentiel, je trouve. Il est difficile - voire malvenu à mon sens - de reprocher à ceux qui se désintéressent de la question leur choix de ne pas s’investir. Il en va tout autrement pour ceux qui s’affichent en tous lieux et posent aux doctes donneurs de leçon.



  • vendredi 15 mai 2009 à 01h12, par J. de l’E.

    Profitant de la thématique « Hadopi », Joffrin propose l’alternative : des « modes de financement [qui] reposent sur l’abonnement (ou le forfait) prélevé à la source, quand on s’abonne à Internet. »

    Soit. Il continue :

    « C’est une régulation publique destinée à corriger les effets du libéralisme dans la culture. Notons au passage qu’on peut aussi en adopter le principe pour l’information sur le Net, sujette aux mêmes effets pervers. Mais c’est une autre histoire. » (06/05)

    Faut-il y voir son souhait de « réguler » les articles du Web qui l’humilient au quotidien ? Ou plutôt son souhait de faire payer les Internautes pour qu’ils puissent lire ses éditos minables ? Comme toujours, ce « journaliste » ne va pas au détail et reste très vague... héhé

    Mais sinon, JBB... et le sexe dans tout ça ???!!! héhé

    Voir en ligne : http://www.lille43000.com/

    • vendredi 15 mai 2009 à 12h32, par JBB

      « Ou plutôt son souhait de faire payer les Internautes pour qu’ils puissent lire ses éditos minables ? »

      Solution qui me paraît la plus plausible. Après la grande messe des aides à la presse du gouvernement, j’imagine que Joffrin (et tous les autres) se verrait bien décrocher une rente de situation avec un prélèvement sur l’abonnement internet : plus de problème, alors… De plus en plus, on va vers une presse subventionnée, portée à bout de bras et sous perfusion constante ; partant de là, son indépendance et son audace…

      (Pour le sexe, c’est le drame de ma vie : sur les péniches ou dans les manifs, je cherche, je cherche. Mais n’en trouve jamais :-) )



  • vendredi 15 mai 2009 à 07h06, par skalpa

    Allez, laurent

    Et ça repart !

    see ya !

    Voir en ligne : kprodukt, blog actif et militant enfin quand j’ ai le temps(?)



  • samedi 16 mai 2009 à 17h05, par Dominique

    On assisterait à un retour de Marx.J’y crois moyennement, je pense plutôt à un léger retour des classiques de non fiction qui avaient beaucoup chuté dans les années 80 et 90 - d’où le sinistre des éditions de sciences humaines ou de livres universitaires. Le fond de la piscine a été atteint dans ce domaine et on peut revoir les visages qui avaient disparu un long temps faute de ventes suffisantes pour permettre l’offre (ou inversement dont on avait supprimé l’offre afin de tuer la demande). Mais comme tout peut se vendre...

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com



  • mardi 19 mai 2009 à 01h57, par un-e anonyme

    Excellent l’article ! L’écriture est toujours aussi sympa:D

    J.B.B, je ne sais pas si tu l’as déjà visionné (plausible vu qu’elle date de 2006) mais je suis récemment tombé sur une vidéo super intéressante où un ex-flic dénonce énormément d’abus de la police francaise et explique la politique du chiffre et de désinformation. Au quel cas tu ne l’aurait pas vu, je pense qu’il serait bénéfique que tu en parles sur ton site à toi (vu qu’il est quand même bien fréquentée^^) car il faut que ce témoignage soit visionné !

    Voila, j’ai mis la vidéo en ligne sur mon blog hier, c’est le première article.

    Voir en ligne : www.lopezjeremie.blogspot.com

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