ARTICLE11
 
 

dimanche 19 octobre 2008

Sur le terrain

posté à 15h04, par Lémi & JBB
12 commentaires

André Schiffrin / L’uniformisation du monde du livre : autopsie d’un désastre culturel
JPEG - 4.3 ko

Ça fait un moment qu’il tire la sonnette d’alarme. Qu’il prévient, fort de son expérience américaine, que l’édition française est en danger et que les voix discordantes seront bientôt bâillonnées, parce que privées de tout canal d’expression. Une catastrophe qu’André Schiffrin a vu se produire aux États-Unis. Et qu’il annonce imminente en France, déjà engagée et plus guère évitable. Constat.

Curieux phénomène. Ça ne rate jamais : chaque année ou presque, les médias et pseudo-intellectuels s’emparent d’un événement touchant la sphère éditoriale – rachat d’un éditeur essentiel, gabegies ridicules des prix littéraires, concentration éditoriale, menaces pesant sur la loi sur le prix unique du livre, Harry Potterisation des esprits… – et s’émeuvent d’une évolution dangereuse. Quelques jours, quelques semaines au mieux, tous ont les mêmes mots à la bouche, vantant l’indépendance intellectuelle et la nécessité d’une diversité culturelle. Sonnez hautbois, soufflez trompettes, ils débattent et s’enflamment, écrivent des tribunes dans Libé et pontifient dans quelques émissions culturelles ! Et puis… De ce grand ramdam à date fixe, il ne résulte pas grand chose. Peu d’effets. Ni de changements. Comme si, à l’image de la Journée international de la faim , un jour suffisait à se donner bonne conscience. Puis hop : on n’y pense plus !

C’est ainsi qu’on a vu passer le rachat du Seuil, maison phare des sciences humaines, par le très industriel la Martinière : passées les premières réactions indignées, le soufflé est vite retombé. C’est ainsi que deux grands groupes aux motivations tout sauf intellectuelles, Hachette (propriété de Lagardère) et Éditis (anciennement propriété de Wendel Investement, entre les mains du groupe de communication Planeta depuis avril 2008), possèdent désormais plus de deux tiers de l’édition française. Que les libraires indépendants souffrent de plus en plus de la concurrence déloyale de la grande distribution. Et que l’uniformité culturelle progressivement s’impose partout, édition et médias main dans la main. Un processus que pas grand monde ne prend la peine de combattre.

JPEG - 13.7 ko

Voila pourquoi il est essentiel de relayer le discours de l’une des seules voix à aborder le problème de front, sans se cantonner à quelques pleurnicheries épisodiques. L’éditeur et auteur André Schiffrin, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a accepté de répondre entre deux avions à quelques questions pour Article 11. L’occasion de porter un regard acéré sur les rouages d’un monde du livre moribond.

L’anti exemple Anglo-saxon

En 1999, André Schiffrin sort son premier livre à La Fabrique : l’Édition sans éditeurs. Un pavé dans la mare du monde des livres. L’auteur y décrit son expérience d’éditeur américain, confronté au rachat de sa maison, Panthéon Books, par un grand groupe de communication. Un traumatisme pour l’auteur, contraint de prendre la porte pour ne pas cautionner le délitement commercial d’une maison jusqu’ici réputée pour son intégrité et sa rigueur intellectuelle.
Ce que démontre l’auteur de l’Édition sans éditeurs, c’est qu’il est impossible de défendre une politique d’auteur ambitieuse sous la houlette d’un grand groupe. Faute à des contrôleurs de gestion qui prennent les commandes et imposent des objectifs de rentabilité à court terme. Une obsession du bénéfice à court terme incompatible avec une politique éditoriale ambitieuse, écrit André Schiffrin :

« Les nouveaux propriétaires des maisons absorbées par les conglomérats exigent que la rentabilité de l’édition de livres soit identique à celle de leurs autres branches d’activité, journaux, télévision, cinéma, etc. - tous secteurs notoirement très rémunérateurs. Les nouveaux taux de profit escomptés se situent donc dans une zone comprise entre 12 et 15%, soit trois ou quatre fois plus que le niveau traditionnel de l’édition. »

Le même souligne le rôle toujours plus développé des financiers et des commerciaux dans les décisions éditoriales : La décision de publier ou non tel ou tel livre n’est plus prise par les éditeurs mais par ce qu’on appelle le « comité éditorial » (« publishing board ») où le rôle essentiel est tenu par les financiers et les commerciaux.

Dans ces conditions, ni originalité ni pari éditorial sur le long terme : il faut du chiffre immédiat, instantané, du produit qui rapporte vite et disparait vite (à mettre en rapport, évidemment, avec la surproduction généralisée de titres rapidement oubliés : la rentrée littéraire, avec ses cargaisons de livres si nombreux et insipides, en est l’illustration parfaite). Le niveau de la production littéraire s’en ressent lourdement. Logique1.

Une conclusion dressée aussi par Éric Hazan, l’éditeur de la Fabrique, rencontré il y a environ un an et qui contait le rachat de sa première maison d’édition par Hachette : « Ils font un autre métier, en fait. Les gens comme moi ne peuvent pas travailler à l’intérieur d’un grand groupe. C’est simplement impossible, contrairement à ce qu’ils racontent. Non pas qu’il y ait une véritable censure, il n’y a pas besoin de censure. Tout le monde est tellement convaincu, tout le monde a tellement les mêmes idées, qu’il n’y a aucun besoin de censure à l’intérieur d’un grand groupe2. »

Aux États-Unis, ce phénomène de concentration éditoriale a atteint son apogée. Il y reste très peu d’éditeurs indépendants et le système culturel s’est adapté à la nouvelle donne : désormais, le fric gouverne le monde des livres, la rentabilité est devenue un viatique indépassable. Une évolution qui touche l’ensemble du circuit du livre. Dont les librairies : quiconque à mis les pieds en Angleterre ou aux États-Unis sait que le concept de librairie indépendante y est mort et enterré. Seules les grandes chaines survivent, qui vendent en gros des livres aux couleurs criardes. « Il y avait 350 libraires à New-York quand j’étais jeune. Aujourd’hui, il n’y en a plus que trente », résume André Schiffrin. « Et attention : je compte les succursales de grandes chaînes dans ce chiffre… Seulement trente pour huit millions d’habitants, vous vous rendez compte ? »

Pour la chaîne éditoriale prise dans son ensemble, l’irruption des majors et des grands conglomérats signifie le règne de la doctrine libérale. « Nous avons tous sous-estimé l’importance et la puissance des forces économiques. Quand les financiers rachetaient les maisons, ils assuraient que tout irait bien, qu’il n’y avait aucune raison de changer le catalogue », souligne André Schiffrin. « Mais en fait, l’uniformité était en marche… Il y a peu, les salariés d’Éditis ont par exemple compris combien ils faisaient partie d’une enjeu financier qui les dépassait : ils avaient fait grève pour obtenir un peu plus d’argent et n’ont obtenu qu’une augmentation symbolique de leurs salaires. Tandis que les gens de Wendel ont multiplié par deux leur investissement quand ils ont revendu le groupe ! »

Contagion transatlantique : prémices hexagonaux du désert culturel.

Dans l’Édition sans éditeurs, André Schiffrin porte ainsi un regard très critique sur le monde de l’édition américaine, terre fertile devenue désert culturel. Il tire aussi la sonnette d’alarme : la France connaitra bientôt la même situation si personne n’intervient. Seule caractéristique à avoir limité les dégâts : le maintien de la loi Lang de 1982 sur le prix unique du livre. En interdisant aux grandes chaines culturelles de pratiquer des politiques de discount et de rabais à grande échelle, cette loi, régulièrement remise en cause par les tenants de l’ultra-libéralisme, permet aux petites librairies de subsister. Et donc, à des résistants culturels de se faire entendre.

Mais si la loi Lang est toujours là, beaucoup de choses ont changé depuis le premier cri d’alarme d’André Schiffrin. Ce que lui-même explique dans son deuxième ouvrage, Le contrôle de la parole, publié en 2005 aux éditions La Fabrique. Un livre contant combien ses pires prédictions sur le marché éditorial français se sont confirmées. En résumé ? « Quand j’ai écrit mon premier livre, l’Édition sans éditeurs, il y avait encore une réelle différence entre l’édition à l’anglo-saxonne et l’édition à la française. Depuis, la situation française a évolué, » insiste l’auteur. « Et aujourd’hui cette différence n’existe plus : les deux tiers de l’édition française appartiennent à deux grands groupes. C’est la même chose dans la presse, d’ailleurs. D’où : quand le groupe Lagardère sort un livre, la presse du même groupe aura plutôt tendance à en parler en bien… »

Dans le Contrôle de la parole, Schiffrin élargit son approche et son regard, plus seulement centrés sur le monde de l’édition. Les grands groupes de la presse et de l’édition ne sont finalement que des financiers comme les autres, entreprises pour qui la culture est subsidiaire. C’est que la France « est le seul pays au monde où l’essentiel des organes de presse [70 %, NDLR] est la propriété de marchands d’armes et d’avions militaires », écrit l’éditeur.

JPEG - 17.6 ko

Un sombre constat qui ne peut se comprendre sans revenir sur le véritable coup de tonnerre qui a frappé le monde éditorial français, le rachat du Seuil, vénérable maison indispensable en matière de sciences humaines, par la Martinière3. Comme beaucoup d’autres, Schiffrin estime que ce fut une véritable catastrophe, prélude à bien d’autres :

"Je crois que le rachat du Seuil a été un désastre total. La Martinière impose désormais que chaque livre soit rentable, ce qui est un véritable drame s’agissant d’un éditeur qui a été la plus importante maison de sciences humaines en France. _ Je n’explique pas vraiment que ce rachat ait été accepté. Je pense qu’il y entre une part de collusion des médias, que beaucoup d’observateurs ont fait preuve d’aveuglement et que d’autres y ont trouvé leur intérêt."

C’est vrai : le monde intellectuel s’est généralement peu intéressé à la question. A tel point que l’éditeur Éric Hazan, évoquant la question, parle de « McCarthysme soft » et pointe le rôle désastreux d’intellectuels de pacotille :


Dans « faire mouvement4 », vous estimez que la démission d’intellectuels n’ayant aucun intérêt à dénoncer un système les rémunérant grassement explique l’absence de résistance à la concentration éditoriale.

Oui. Les intellectuels de réseau font partie de cette concentration. Ils en sont à la fois les agents, les promoteurs et les bénéficiaires. Entre l’oligarchie dont je parlais et les intellectuels de pouvoir, il y a une relation consubstantielle.

Ça apparaît évident pour Bernard Henry Lévy, Alain Finkielkraut ou Luc Ferry, figures de l’intellectuel sans l’être. Il n’y a plus de place pour des discours indépendants ?

En fait c’est un problème de place. Ces gens monopolisent le terrain. Ils se constituent des réseaux et travaillent tout le temps à ça. Un pied au Point, un pied chez Grasset, un pied au Goncourt… Et ils contaminent d’autres personnes à des niveaux moins élevés. Ils consacrent toute leur énergie à tisser cette toile, ce réseau étendu. C’est le paradoxe de l’intellectuel d’aujourd’hui : pour l’être, il faut consacrer une énergie folle à constituer des réseaux.
C’est pour ça que ce sont des gens qui, au-delà de leurs positions et même s’ils sont intelligents, ont des discours de merde, des pensées de tête de gondole. Des pensées intelligentes de droite, il y en a eu dans l’histoire. Il n’y en a pas maintenant. Ceux qui restent sont des intellectuels du maintien de l’ordre. Ils font des bouquins qui incitent à rester tranquille, à ne rien remettre en cause.

JPEG - 27.1 ko

A l’arrivée, des intellectuels creux qui profitent des dévoiements d’un système où copinage et arrivisme passent avant toute rigueur théorique ou idéal intellectuel. Pour Eric Hazan comme pour André Schiffrin, cette Trahison des clercs, que dénonçait déjà Serge Halimi en 1997 dans l’indispensable les Nouveaux chiens de garde5 a grandement contribué à la dégradation du monde éditorial. Édition et épicerie en gros même combat : triste constat.

Édition indépendante : ceux qu’il faut défendre

Bon… Ceci dit, le tableau n’est pas si noir. Le monde éditorial français se conforme pour l’instant à un modèle que les universitaires appellent « Oligopole à Frange » : deux grands groupes se partagent les deux tiers du marché, quatre ou cinq maisons intermédiaires (Gallimard, Albin Michel…) et une foultitude de petites maisons indépendantes (la frange) se répartissant le reste. Ces dernières, qui souvent survivent plus qu’elles ne vivent, parviennent encore à défendre une autre approche, incarnée par la règle d’or des éditions Agone : « Ne jamais publier un livre pour le seul motif de sa rentabilité. »

Des éditions Allia aux éditions Amsterdam, de La Fabrique à Agone en passant par les Prairies Ordinaires, le Temps des Cerises, les Fondeurs de Briques, Raisons d’Agir, Libertalia etc… nombre d’éditeurs indépendants continuent à subsister, voire se multiplient. Même si, rappelle Schiffrin, leurs conditions d’existence se font de plus en plus dures : « Ce n’est pas un système totalitaire. Il y a toujours des petites failles dans tout édifice, aussi important soit-il. Mais c’est invivable à long terme : les petites maisons ne font pas de bénéfices, payent leurs employés au Smic et ont très peu de ressources. Et puis, c’est vrai qu’il y a une floraison de petites maisons indépendantes qui sortent les livres que les grandes maisons ne font plus. Mais au final, c’est très très marginal. Ça représente tout au plus 1% des ventes. »

Au sombre constat dressé répond finalement cette survivance de maisons dynamiques et indépendantes, pied de nez aux lois du marché. Si Schiffrin décrit les États-Unis comme une terre maudite pour l’édition et le monde du livre, il a pu néanmoins y monter une maison d’édition totalement indépendante, The new Press. Créée il y a vingt ans, celle-ci affiche une insolente bonne santé : « Ma maison se porte relativement bien. Nous survivons depuis vingt ans, nous sortons des ouvrages de qualité et nous venons de publier notre 1 000e livres. Surtout, nous n’avons pas fait faillite alors que c’est ce que tout le monde nous annonçait à la création de New Press. »

JPEG - 26.2 ko

L’exemple d’André Schiffrin, son parcours tel qu’il le décrit dans son dernier ouvrage, Aller-Retours6, inciterait presque à l’optimisme. Quand le conformisme se fait oppression et règle généralisée, il en est toujours pour briser les tabous et s’insurger contre la mollesse des esprits. Quitte à se remettre en cause. Ainsi d’André Schiffrin confiant :

« Ma pensée a évolué, c’est d’ailleurs ce que je décris dans mon dernier ouvrage. Je suis passé du libéralisme - j’ai été un jeune homme très naïf… - à des convictions beaucoup plus ancrées à gauche. La crise va peut-être pousser davantage de gens à suivre le même parcours… Aux États-Unis, la situation s’est tellement dégradée qu’il y a davantage d’audience pour des discours critiques, pour des réflexions alternatives. »


A ce rapide tour d’horizon, il faudrait ajouter de nombreuses autres considérations. Le monde du livre contemporain, entre montée en puissance du livre électronique et de l’édition numérique, crise des bibliothèques, croissance des inégalités de traitement dans les circuits de diffusion et distribution (en gros, il faut vendre beaucoup pour être présent en librairie), est infiniment complexe. L’analyse proposée ici ne peut qu’avouer sa non-exhaustivité.
Reste, et c’est là l’essentiel, que le monde du livre est en danger. Et que les problématiques soulevées par André Schiffrin, sont fondamentales. A ne pas interroger notre vision de l’édition, on condamne progressivement la société à manquer d’oxygène et d’air frais, à barboter dans une triste uniformité culturelle. Si quelques garde-fous subsistent (notamment la loi Lang, et les lois anti-monopole), ils ne seront pas suffisants pour enrayer la vague libérale qui progressivement transforme le champ éditorial en annexe du grand capital. La solution ? Pour Schiffrin, elle passe (en gros) par un interventionnisme plus marqué de l’État pour défendre l’édition de qualité et les voix divergentes. Par un regard critique sur les médias et les phénomènes de concentration. Et par le développement de fondations à but non lucratif à la tête de maisons d’édition menacées.
Mais, avant tout, une prise de conscience serait souhaitable. Et fissa...


Ps : A lire pour approfondir, également publié aux éditions La Fabrique, le très instructif : Le Livre : que faire ?, rédigé par un collectif comprenant, entre autres, André Schiffrin, Eric Hazan, Jérome Vidal (l’éditeur d’Amsterdam), Francis Combes (l’éditeur du Temps des Cerises)... On en parlera sur Article 11 d’ici peu, promis.

GIF - 30.9 ko


1 Dans un tel monde, Kafka ne ferait pas de vieux os littéraires : ses premiers livres ne se vendaient pas à plus de 500 exemplaires…

2 Entretien de juin 2007 mis en ligne sur le blog ZAPA, à lire ici.

3 Ce n’est évidemment pas le seul événement de cet acabit à avoir frappé le monde de l’édition, seulement le plus représentatif. Citons également le rachat de Flammarion par le groupe italien Rizzoli en 2001.

4 Livre d’entretien publié aux Prairies Ordinaires

5 Editions Raisons d’Agir, à lire et relire.

6 Publié aux éditions Liana Lévy en 2007, et que, honte à nous, nous n’avons pas encore lu.


COMMENTAIRES

 


  • Les livres... Mais voyons, il faut que ça se vende comme des paquets de lessive. D’ailleurs, plus ça va et moins on peut faire la différence...

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com

    • Oui, d’ailleurs, je n’échangerais pas cinq barils de rentrée littéraire contre un baril d’Agone ou de La Fabrique. Mais il paraît que Hachette, aka Lagardère books team, lave plus blanc que blanc, il faudra que je m’y mette...

    • des chiffres ! d’abord évaluer ce que retient des aides à la création littéraire la traduction introduction d’une nébuleuse pseudo mondiale qui ressemble fort à un étouffoir , juste là pour entretenir un bon lectorat hexagonal sur le modele du gavage de l’oie ; au bout du compte le nobel est un os à ronger pour la vanité chauvine .... ;
      une mesure : tout auteur traduit devrait traduire ou faire traduire dans sa langue quelqu’un d’ICI .
      ON NOUS ETOUFFE JE VOUS DIS !

      • Pas sûr de bien comprendre.
        La littérature mondiale nous étoufferait ? Il y aurait trop de traductions ? La littérature à la française, celle qui sent bon le rouge qui tâche serait en danger, malmenée par des hordes d’écrivaillons bronzés ou bridés ? Mazette, en voilà de l’analyse fine et racée. Y’à qu’à de fixer des quotas, dans ce cas, comme pour les immigrés. Et pourquoi pas, aussi, renvoyer dans leurs pays tous les traducteurs aux papiers douteux ?
        (Si ironie, il y avait, vous m’en voyez sorry. Sinon, je vous dis Crotte.)

        • « La littérature à la française, celle qui sent bon le rouge qui tâche serait en danger, malmenée par des hordes d’écrivaillons bronzés ou bridés ? »
          facile de prendre l’effet pour la cause , ça fait partie de l’étouffoir ! trop de traduction ? surement pas ! meme PAS ASSEZ DE TRADUCTIONS ! ( votre cécité !) pas assez de traduction en arabe , pas assez de traduction en américain ! pas assez de traduction en ce que vous voulez mais vous préférez traduire pour gaver l’oie française qui bien sur manifeste plus que certaines prédispositions .
          La colonisation des esprits n’a pas que des effets adventices .
          Je vois que la compréhension ne vous étouffe pas , vous !



  • Euh... il y a une information qui date un chouïa : Editis n’appartient plus à Wendel, mais à Planeta. Cela a fait un peu jaser, car Wendel avait dit qu’il était là pour au moins dix ou quinze ans, et puis il a bazardé le truc au plus haut avant la baisse des cours.

    • Merci mille fois, c’est corrigé. C’est vrai que j’ai moins suivi l’actualité éditoriale depuis un certain temps et que j’étais passé à côté de ça.
      Et pour la revente par Wendel, c’est vrai qu’il n’y a rien d’étonnant à ça. Derrière les discours du type « notre engagement dans l’édition relève d’une véritable passion intellectuelle, promis, ce secteur nous tient à coeur car nous voulons nous investir dans la culture... », les masques tombent vite et les marchands d’arme, de torchons people ou de lessive se révèlent pour ce qu’ils sont : des marchands d’armes, de torchons people ou de lessive...



  • lundi 20 octobre 2008 à 13h51, par Filaplomb (éditeur de bonnes nouvelles)

    Oui !
    Le problème surtout, à mes yeux d’indépendants, c’est d’exister médiatiquement. Les journalistes oublient d’aller chercher eux-mêmes et répercutent la communication des grands groupes... _ :-)

    J’ai créé les éditions Filaplomb il y a presque un an et malgré un lectoral de pplus en plus fidèle au rendez-vous, toujours pas d’intérêt de lap art des journaleux... _ :-))

    Voir en ligne : http://www.filaplomb.fr

    • lundi 20 octobre 2008 à 15h40, par JBB

      En plus, tu as fait un pari audacieux, celui de l’édition de nouvelles. Dans un monde éditorial sinistré, la place laissée à ce genre littéraire doit être plutôt réduit. Même très réduit.

      Bref : bon courage. :-)



  • vendredi 31 octobre 2008 à 21h24, par pièce détachée

    Revenant par ici, un peu tard, après les travaux du bois et de la terre détrempée (nourrir, chauffer, sécher), j’y vois André Schiffrin.

    C’est drôle, mon ami Fabrice, petit-fils de résistant déporté, vient juste de me prêter son édition de L’Armée des Ombres de Kessel : mars 1944, Jacques Schiffrin, Pantheon Books Inc., New York.

    Le livre est couvert de papier kraft. En page de garde, deux inscriptions au tampon indigo : « Service de L’Information — France Combattante » et « Service de Distribution ».

    Je voulais le lire sur place, de peur de le perdre ou de l’abîmer. Fabrice a dit non, tu l’emportes chez toi, je te le prête, c’est de l’amour.

    De l’autopsie de Sachsenhausen à celle du désastre culturel, les Schiffrin déroulent un fil qui résiste.

    Je dirais bien“ merci”, mais même cela me paraît tellement dérisoire...



  • Je vous invite à vous rendre sur « L’Amour délivre » : www.joelbecam.blog.lemonde.fr. Vous trouverez sur ce blog plusieurs articles qui font écho au vôtre, et notamment « Rentrée littéraire ou ventrée éditoriale ? ». Ou, plus ancien : « Entre ici mon Jacquot, avec ton grand moulin à paroles... », consacré, vous l’aurez compris, à l’entrée de Jacques Prévert dans la Pléiade. Je partage totalement votre analyse.

    Voir en ligne : http://www.joelbecam.blog.lemonde.fr

  • Répondre à cet article